J'indique à ceux qui ne le savent peut-être pas qu'il y a eu un changement de dernière minute. Comme le président du Comité n'a pas pu se présenter ce matin, on m'a demandé d'assumer le rôle de présidente, en tant que vice-présidente du Comité.
Comme vous le savez également, je suis la responsable de l'équipe conservatrice. Étant donné qu'en général, c'est moi qui dirige nos séries de questions, je le ferai aussi, à moins que cela ne pose un problème. Je tiens à mentionner aux membres du Comité que, pendant la séance et ma série de questions, je veillerai au respect des temps de parole et de nos normes.
Bienvenue à la 32e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes. La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 23 juin 2022, le Comité se réunit pour étudier les allégations d'ingérence politique dans l'enquête sur la tuerie en Nouvelle-Écosse de 2020.
Je rappelle à tous que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées par l'intermédiaire de la présidence. Lorsque vous ne vous exprimez pas, veuillez vous assurer que votre microphone est en sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins de notre premier groupe d'experts. Nous accueillons des représentants du ministère de la Justice, notamment François Daigle, sous-ministre de la Justice et sous-procureur général du Canada, et Owen Rees, sous-procureur général adjoint par intérim.
Monsieur le sous-ministre, je vais maintenant vous céder la parole afin de vous permettre de formuler des observations. Veuillez prendre la parole.
Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant votre comité aujourd'hui. Comme cela a été mentionné pendant les présentations, M. Rees, qui se joint à moi aujourd'hui, est le sous-procureur général adjoint par intérim et le responsable du Secteur national du contentieux au sein du ministère.
Avant de commencer, j'aimerais offrir mes plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes de la fusillade qui est survenue en Nouvelle-Écosse en avril 2020. Je tiens à reconnaître leurs pertes et l'incidence que ces événements ont eue sur la collectivité.
Aujourd'hui, mes observations porteront exclusivement sur le processus mené par le ministère de la Justice pour produire des documents à l'intention de la Commission des pertes massives. Le ministère de la Justice et ses avocats n'ont pas participé à la conférence de presse du 28 avril 2020 et n'ont pas été consultés au sujet de la possibilité de divulguer des renseignements sur les armes à feu. Nous n'avons pas non plus participé à la téléconférence avec la commissaire de la GRC qui a suivi ce jour-là.
Par conséquent, je n'ai pas vraiment d'informations pertinentes à vous présenter pour répondre à vos questions concernant les allégations d'ingérence politique en 2020. Je vais donc axer mes observations sur le rôle que le ministère de la Justice joue devant la commission et sur le processus d'examen et de production des documents, y compris la divulgation de quatre pages de notes d'officiers supérieurs liées à la téléconférence du 28 avril 2020.
Étant donné que notre temps est compté et que les processus de production de documents sont complexes et détaillés, vendredi dernier, j'ai envoyé au Comité une lettre qui fournit de plus amples renseignements sur le processus de production de documents et le rôle que nous jouons devant la Commission.
[Français]
Les avocats du ministère de la Justice représentent le gouvernement du Canada dans l'enquête devant la Commission. L'une des responsabilités principales de nos avocats et de nos parajuristes est de divulguer les documents pertinents pour les besoins de l'enquête, ce qui est la norme dans les enquêtes de ce genre, les enquêtes publiques ou même les litiges civils.
La divulgation de documents dans le cadre de toute enquête est une tâche considérable. Le gouvernement a déjà divulgué plus de 75 000 documents à la Commission. L'ampleur du travail est notable, étant donné les défis logistiques que représentent la collecte, l'examen et la divulgation de chacun de ces documents. Il s'agit d'un processus technique et complexe qui exige de grands efforts et qui prend énormément de temps. Je tiens à souligner le dévouement des employés du ministère de la Justice qui ont fait ce travail jusqu'à présent.
Dans le contexte de la présente enquête, la divulgation de documents est un processus continuel. Le gouvernement a commencé à divulguer des documents à la Commission en février 2021 et, au fur et à mesure que la Commission poursuit son enquête, de nouvelles questions sont soulevées et elles donnent lieu à de nouvelles demandes de documents. C'est habituel dans ce genre d'enquête.
Par conséquent, notre équipe d'avocats et de parajuristes reçoit régulièrement de nouvelles demandes de documents de la part de la Commission, et elle reçoit de nouvelles séries de documents à examiner de la part des divers ministères et organismes gouvernementaux. L'équipe du ministère en fait le tri en fonction des besoins immédiats de la Commission et des priorités des audiences à venir.
[Traduction]
L'une des caractéristiques standard de la production de documents dans le cadre de l'enquête qui nous occupe, ainsi que dans le cadre de litiges civils en général, c'est l'examen des documents en vue d'y déceler des renseignements protégés par un privilège en droit. Ce privilège en droit peut s'appliquer à des documents entiers ou à des parties de documents, en vertu de la common law ou d'autres lois — par exemple, la Loi sur la preuve au Canada.
Je tiens à indiquer très clairement au Comité que le processus d'examen et de production de documents à l'intention de la commission est géré par les avocats et les parajuristes du ministère de la Justice. Le et le cabinet du ministre ne participent pas à ce processus.
Dans le cadre du processus de production des documents qui s'est déroulé au début de 2022, nous avons examiné les notes manuscrites de quatre officiers supérieurs de la GRC afin de produire les documents à l'intention de la commission. Il y avait plus de 2 400 pages de notes manuscrites. Comme je l'ai indiqué dans ma lettre, parmi ces 2 400 pages, notre équipe en a repéré 35 pages dont le contenu pourrait être protégé. Sachant qu'il y avait des audiences à venir auxquelles ces officiers allaient participer, nous avons décidé d'autoriser la divulgation des 2 400 pages, à l'exception des 35 pages dont nous étions encore en train d'examiner le caractère potentiellement protégé.
Malheureusement, nous n'avons pas signalé à la commission le fait que nous n'avions pas produit les 35 pages supplémentaires, parce qu'elles étaient en cours d'examen. Toutefois, nous avons échangé des lettres et parlé avec l'avocat de la commission à cet égard, et je pense que cet oubli a été reconnu et compris.
Seules quatre des 35 pages concernent la réunion du 28 avril...
:
Je vais conclure mon exposé en 10 secondes.
Seules quatre des 35 pages concernaient la réunion du 28 avril. Ces quatre pages faisaient partie des notes du surintendant Campbell. Après notre examen, tous ces documents ont été produits sans caviardage. Ils ont été fournis à la commission le 30 mai. Le reste des 35 pages, soit 31 pages, ont aussi été fournies par la suite. Dans certaines de ces pages, des renseignements non pertinents ont été caviardés.
Nous continuons à travailler en étroite collaboration avec la commission.
[Français]
Concernant le processus de divulgation, le gouvernement s'engage à soutenir pleinement l'enquête de la Commission.
[Traduction]
Je fais entièrement confiance au dévouement et au professionnalisme des avocats et des parajuristes du ministère de la Justice, qui représentent le Canada devant cette commission.
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions.
Chers collègues, nous allons commencer notre série d'interventions de six minutes en donnant la parole aux conservateurs. Je vais donc amorcer cette série de questions en notre nom, et mes six minutes commencent maintenant.
Chers collègues, je vous invite, vous aussi, à me faire respecter mon temps de parole.
J'aimerais vous remercier tous les deux de votre présence à la séance d'aujourd'hui, et je remercie également le sous-ministre d'avoir fourni ces renseignements au cours de sa déclaration préliminaire.
Vous savez que la Commission des pertes massives a pour mandat d'assurer l'intérêt public en enquêtant sur la pire tuerie de l'histoire du Canada, en vue de fournir des réponses au public. Est-ce exact?
Pour être clair, je précise qu'au cours de cette enquête, nous avons beaucoup entendu parler de ces malentendus, comme vous le savez, j'en suis sûr. Vous dites que le surintendant Leather a mal compris, mais qu'en fait, votre service lui a conseillé d'être réactif plutôt que préventif, mais c'était précisément au sujet de cette étude sur le bien-être qui avait été entreprise pour le compte de la GRC de la Nouvelle-Écosse. Je crois qu'il avait l'impression que l'approche réactive devait être adoptée en général chaque fois que la commission ou quelqu'un d'autre lui posait des questions. Je dirais qu'il est curieux de constater à quel point ce malentendu est plutôt important, et il en a fait part à la commission.
Savez-vous donc que le directeur juridique de la commission, l'honorable Thomas Cromwell, a écrit à l'avocate du ministère, Lori Ward?
Pouvons-nous nous assurer que tous nos microphones sont en sourdine? Merci beaucoup.
Êtes-vous au courant de cette lettre, envoyée au ministère de la Justice le 6 août par l'honorable Thomas Cromwell, directeur juridique de la commission? Il ne savait pas qu'il s'agissait d'un malentendu. Il a l'impression que votre ministère a en fait demandé à M. Leather d'être réactif dans son témoignage. Êtes-vous au courant de la lettre à laquelle je fais allusion?
:
Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Messieurs Daigle et Rees, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Monsieur Daigle, j'aimerais commencer par une question qui porte sur votre lettre du 12 août. Celle-ci fait état du mécanisme de production de documents à la Commission des pertes massives, ou CPM, des raisons pour lesquelles on peut caviarder un document et du processus de caviardage. Cependant, elle ne fait pas état du processus d'analyse des documents, et c'est exactement ce qui nous intéresse.
Nous nous intéressons au fait que les quatre pages étaient retenues, et non au fait qu'elles étaient caviardées, puisqu'elles ne l'étaient pas. Je suis curieuse de savoir pourquoi votre lettre ne porte pas sur le processus lié aux documents en cours d'analyse en vue d'un caviardage potentiel.
:
Je ne suis pas certain de bien saisir le sens de la question.
Nous recevons des documents de sept ministères, dont la GRC. Nous les recevons habituellement par voie électronique. Ils sont versés dans notre système de gestion de documents et groupés par catégorie.
L'une des catégories avait trait aux demandes provenant des officiers de la GRC. Elle comptait environ 2 414 pages. Nous avons regardé tous ces documents.
Lors du processus, nous avons constaté que certains passages de ces notes soulevaient des questions de privilège potentiel que nous avions besoin d'analyser. Étant donné que la Commission avait besoin de ces documents le plus rapidement possible, nous avons décidé de lui transmettre les quelque 2 400 pages immédiatement et de continuer notre révision de 35 autres pages.
Nos avocats et parajuristes avaient en main les 35 pages en question, et ils consultaient des collègues à ce sujet avant de déterminer si ces documents faisaient l'objet d'un privilège ou non. Si ce n'était pas le cas, nous pouvions les divulguer à la Commission. S'ils faisaient l'objet d'un privilège, partiel ou total, nous procédions au caviardage de ces parties.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie, monsieur le sous-ministre, d'avoir comparu devant notre comité. J'aimerais également vous remercier pour la lettre que vous avez fait parvenir à notre comité afin d'expliquer le processus, avant la tenue de la réunion d'aujourd'hui.
Dans votre lettre, vous avez mentionné les 35 pages qui ont été retenues afin qu'elles fassent l'objet d'un examen plus approfondi. Ces 35 pages contenaient en fait quatre séries de notes. Je pense que certaines notes provenaient du surintendant Campbell. Des notes avaient aussi été consignées par d'autres personnes. Treize des 35 pages étaient des notes du surintendant Campbell qui n'ont pas été divulguées. De plus, quatre des 13 pages écrites par le surintendant Campbell faisaient précisément allusion à la téléconférence du 28 avril avec la commissaire.
Monsieur le sous-ministre, j'aimerais vous interroger pour savoir ce qui suit: lorsque vos fonctionnaires ont examiné les 13 pages écrites par le surintendant Campbell, en particulier, ces 13 pages étaient-elles de nature séquentielle? Ont-elles toutes été écrites de façon séquentielle, ou s'agissait-il de 13 pages distinctes qui ont, en quelque sorte, été triées sur le volet?
:
Merci, madame la présidente. Je vous remercie, monsieur le sous-ministre, de votre présence.
Comme vous le savez peut-être ou non, je suis le député de la circonscription de Cumberland-Colchester, et je représente de nombreuses familles de victimes de ce terrible événement, qui s'est déroulé dans ma circonscription.
Le cœur de cette question est bien sûr lié non seulement à la responsabilité, mais aussi à la transparence et à l'honnêteté. Je suppose que la grande question que les gens veulent vraiment comprendre est... Il y a deux parties à cette question. Premièrement, vous avez dit que vous alliez fournir toutes les informations possibles, ce qui ne me semble pas nécessairement faire preuve de transparence. C'est là le jugement que je porte. Deuxièmement, vous avez parlé du surintendant principal Leather qui a été mal compris.
Commençons par là, monsieur. Ne vous attendriez-vous pas à ce que l'avocat qui met en garde M. Leather veuille s'assurer d'être compris, et faire en sorte que la question de l'approche réactive, par opposition à l'approche préventive, soit très clairement comprise?
:
Comme je l'ai déclaré précédemment, j'ai trois raisons de croire en cette conclusion.
Premièrement, comme nous ne savions pas quelle était la nature du rapport, nous lui avons conseillé de ne pas en parler à moins que la Commission ne le fasse. Tout ce que nous lui avons conseillé, c'est d'être réactif et de ne pas aborder ce sujet de manière préventive. N'oubliez pas que nous étions le 5 juillet et qu'il ne devait comparaître que le 27 juillet. Nous pensions donc que nous aurions le temps d'obtenir le rapport, de l'examiner, de déterminer sa pertinence et de voir s'il pouvait ou non être... À titre de conseils, nous lui avons dit ce qui suit: « C'est la première fois que nous entendons parler de cela, et nous n'avons pas vu le rapport. Par conséquent, ne soulevez pas la question s'ils ne le font pas, mais s'ils le font, vous devrez répondre ».
L'autre raison pour laquelle nous pensons qu'il a mal compris, c'est qu'au cours de son témoignage, il a aussi laissé entendre que nous lui avions également dit de ne pas fournir de renseignements sur la réunion du 28 avril, et cela n'a aucun sens, monsieur, parce que la commission était déjà saisie de tous les renseignements sur la réunion du 28 avril. Il n'y avait donc aucune raison pour nous de suggérer cela.
Il y a aussi son allusion à son appel du 22 avril à la commissaire. Nous l'avons appris l'existence de cet appel quand il a témoigné le 27 juillet. Cette information ne figure pas dans ses notes. Il est donc illogique qu'il laisse entendre que nous lui avions dit de ne pas parler d'une réunion dont nous n'avions jamais entendu parler.
Voilà pourquoi j'en conclus qu'il a mal compris le conseil que nous lui avons donné. Notre conseil ne concernait que le rapport Quintet, car nous ne savions rien à son sujet à ce moment-là, c'est-à-dire le 5 juillet.
:
Merci, madame la présidente.
Ma question est étroitement liée à la précédente.
Monsieur le sous-ministre, à la page 6 de la lettre que vous avez fournie au Comité, vous écrivez, « Le ministère de la Justice reconnaît que c'était une erreur de ne pas informer... la CPM que 35 pages nécessitaient un examen plus approfondi. » Vous ajoutez que les avocats de la justice ont « expliqué comment l'omission s'était produite », que vous avez « fourni un compte rendu complet des 35 pages » et que vous avez « également entamé des discussions approfondies avec les avocats de la CPM concernant... les processus de production de documents ».
Je sais que vous en avez un peu parlé, mais étant donné que vous utilisez le terme « discussions approfondies », notre comité aimerait savoir quels processus tangibles sont maintenant en place pour veiller à ce que ces oublis ne se reproduisent plus. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qui a changé au sein du ministère de la Justice pour garantir que cette situation ne se reproduira pas à l'avenir?
:
Bonjour. Merci de me donner l’occasion de comparaître aujourd’hui devant le Comité sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Avant de commencer, je voudrais d’abord offrir mes sincères condoléances à toutes les personnes qui ont perdu des êtres chers, des voisins et des membres de leur communauté, et à celles qui ont été blessées en Nouvelle‑Écosse les 18 et 19 avril 2020.
Je m’appelle Alison Whelan. Je suis la dirigeante principale des politiques stratégiques et relations extérieures de la GRC à l’administration centrale à Ottawa. J'occupe ce poste depuis la mi‑juillet 2020. Au cours de la période examinée par le Comité, j’étais la directrice exécutive de la sécurité nationale et de la police de protection, qui fait partie du secteur d’activité de la Police fédérale à l'administration centrale de la GRC. Compte tenu du poste que j'occupais à l'époque, je n'étais pas au courant de la réunion interne de la GRC du 28 avril 2020 et je n'y ai pas participé. Je n'ai pas non plus demandé de renseignements à des représentants du gouvernement, ni partagé des renseignements avec eux, et je n'ai pas communiqué avec le public au printemps 2020. Cela dit, je me ferai évidemment un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci, madame la présidente et chers membres du Comité.
Je m'appelle Darren Campbell et je suis un membre actif de la Gendarmerie royale du Canada. Ma carrière dans la police a commencé le 17 septembre 1990, lorsque j’ai été assermenté à la GRC. Ce jour‑là, j'ai juré d'exécuter et de remplir fidèlement, diligemment et impartialement mes fonctions, et d'exécuter tous les ordres légitimes que je recevrai, sans craindre ni favoriser qui que ce soit. C'est un serment que j'ai pris très au sérieux ce jour‑là et que je continue de prendre très au sérieux aujourd'hui.
Mes 32 années de carrière à la GRC m'ont amené à travailler de la côte du Pacifique au Centre du Canada, en passant par les provinces maritimes. La plus grande partie de ma carrière a été axée sur les crimes graves, les enquêtes sur des cas majeurs et les opérations criminelles. Dans le cadre de mes fonctions, j'ai participé à des déploiements opérationnels partout au pays et à l'étranger. J'ai à cœur de servir la population canadienne et les communautés dans lesquelles j'ai travaillé et travaille encore.
Je suis un fier membre de la GRC et je suis actuellement l'officier responsable des enquêtes criminelles par intérim pour la GRC dans la province du Nouveau‑Brunswick.
En avril 2020, je détenais le grade de surintendant et j'étais l'officier des Services de soutien pour la GRC en Nouvelle‑Écosse. À ce titre, j'étais responsable d'un certain nombre de ressources policières spécialisées, notamment l'unité provinciale des crimes graves et le programme des événements critiques.
Comme vous le savez, les 18 et 19 avril 2020, la GRC en Nouvelle‑Écosse est intervenue lors d'un cas de perte massive dans lequel Gabriel Wortman a pris la vie de 22 personnes innocentes et en a blessé beaucoup d'autres. Il s’agit de la pire tuerie de l'histoire du Canada. Les actes de cet individu ont été dévastateurs pour les familles des victimes et les survivants et ont transformé à jamais la vie de nombreuses personnes.
Ce massacre sans précédent a donné lieu à une enquête sur un cas majeur baptisée Opération H‑Strong. Les objectifs de cette opération étaient clairs: mener une enquête approfondie sur les meurtres et les tentatives de meurtre, et rassembler suffisamment de preuves pour déterminer le rôle de Gabriel Wortman dans ces crimes horribles. Elle visait également à déterminer si quelqu'un avait aidé Gabriel Wortman de quelque manière que ce soit avant, pendant ou après les crimes et, dans l'affirmative, à réunir des preuves suffisantes pour poursuivre les personnes soupçonnées d'être impliquées.
Je sais que la GRC fait l'objet de certaines allégations d'ingérence politique dans le cadre de l'enquête sur ce cas de perte massive. Le souvenir d'une réunion à laquelle j'ai été convoqué le 28 avril 2020 est au cœur de cette question. Cette réunion a eu lieu immédiatement après la fin d'une longue conférence de presse nationale, au cours de laquelle j'ai relaté les faits qui pouvaient être divulgués au public à ce moment‑là. À ce stade, j'avais donné plus de deux heures et 15 minutes de conférences de presse nationales en direct sur ce que la police savait et ce que nous pouvions communiquer aux médias et au public.
Cette réunion avait été convoquée par la commissaire de la GRC et des représentants de la GRC d'Ottawa et de la Nouvelle‑Écosse y ont participé. Avant cette réunion, je ne savais pas précisément pourquoi elle avait été convoquée. Cependant, dès le début de l'appel, son but est devenu très clair. La commissaire a exprimé sans ambages sa déception par rapport au fait que je n'aie pas divulgué, lors de ma conférence de presse, des renseignements précis sur les armes à feu utilisées par le tireur. Ce qui m'a été dit, ainsi qu'à d'autres personnes, au cours de cet appel sont en cause aujourd'hui.
J'ai pris des notes, comme c'est mon habitude, portant précisément sur cette réunion. J'ai informé plusieurs de mes collègues que j'avais pris des notes sur ce qui avait été dit lors de cette réunion. J'ai divulgué toutes mes notes comme il se doit au ministère de la Justice pour qu'elles soient diffusées à la Commission sur les pertes massives. Je ne savais pas que mes notes du 28 avril 2020 n'avaient pas été divulguées à la Commission sur les pertes massives jusqu'à récemment.
Je maintiens ce que j'ai écrit dans mes notes du 28 avril 2020. Je me souviens parfaitement du contenu de cette discussion entre la commissaire, mes collègues et moi‑même. Selon moi, l'objectif de l'appel était de permettre à la commissaire d'exprimer sa déception quant au fait que je n'avais pas transmis de renseignements précis ou détaillés sur les armes à feu utilisées par Gabriel Wortman.
À plusieurs reprises au cours de cet appel, la commissaire a déclaré qu'elle avait le sentiment qu'on lui avait manqué de respect, qu'elle était triste et déçue que je n'aie pas divulgué les renseignements sur les armes à feu utilisées, et qu'on lui avait dit que je les divulguerais. La commissaire a également déclaré qu'elle avait promis au ministre et au Cabinet du premier ministre que ces renseignements seraient inclus dans le point de presse.
Comme indiqué dans mes notes, j'ai tenté d'expliquer à la commissaire que je ne pouvais et ne voulais pas divulguer ces renseignements à ce moment‑là, car une divulgation prématurée aurait pu nuire à l'enquête. C'est à ce moment‑là que la commissaire nous a dit, à mes collègues et à moi‑même, que nous ne comprenions pas que cette affaire était liée à une loi en instance qui améliorerait la sécurité des officiers et du public. J'ai quitté cette réunion avec un sentiment de découragement et, pour reprendre les mots de la commissaire, de tristesse et de déception.
Ma position était ferme. Je continuerais de protéger l'intégrité de l'enquête en ne divulguant aucun renseignement qui pourrait nuire aux travaux de l'enquête en cours. Nous le devions aux familles des victimes, aux survivants, au public et aux personnes chargées de mener à bien une enquête impartiale, compétente et professionnelle. Il y a de très bonnes raisons.
L'approche consistant à ne pas divulguer de renseignements précis sur les armes à feu a été maintenue par l'équipe d'enquête jusqu'à ce que des renseignements sur les armes à feu utilisées par Gabriel Wortman soient divulgués en novembre 2020, à la suite d'une demande d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels adressée au Cabinet du premier ministre, et non à la GRC. La divulgation de ces renseignements par l'entremise de l'AIPRP comprenait des renseignements précis sur les armes à feu utilisées par Gabriel Wortman lors de la perpétration de ces crimes. La divulgation de ces renseignements non expurgés allait éventuellement avoir des répercussions négatives sur des personnes et aurait pu nuire à l'enquête en cours à laquelle participaient plusieurs organismes.
En résumé, je n'ai jamais eu l'intention de m'engager dans un désaccord ou une discussion politique ou publique sur ce qui s'est passé lors de cette réunion, et ma réaction à la réunion n'était fondée ni sur des problèmes personnels avec la commissaire ou d'autres personnes, ni sur des considérations politiques. Le cœur du problème était une question de principe et de pratiques d'enquête exemplaires liées à la protection de l'enquête en cours, qui en était alors à ses débuts. Le principe était le serment que j'avais juré de respecter en tant que jeune recrue plus de trois décennies auparavant. Je ne pouvais pas et ne voulais pas briser ce serment, qui est prêté par tous les membres de la GRC.
Madame la présidente, voilà qui conclut mes remarques préliminaires. Je tiens à vous remercier, ainsi que le Comité, de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Je suis prêt à répondre à toute question que les membres du Comité pourraient avoir sur le sujet.
Bonjour, madame la présidente, honorables membres du Comité et chers collègues. Je m'appelle Lia Scanlan. Je suis membre civile de la GRC depuis 14 ans. Depuis janvier 2022, j'occupe le poste de conseillère stratégique auprès du commandant de la Nouvelle-Écosse. En 2020, j'étais directrice de l'unité des communications stratégiques de la GRC de la Nouvelle-Écosse.
Avant de poursuivre, il est important de reconnaître d'emblée que nous devons garder à l'esprit ce qui s'est passé en Nouvelle-Écosse les 18 et 19 avril 2020. Il s'agissait du pire cas de perte massive dans l'histoire de notre pays. Vingt-deux personnes ont perdu la vie, dont l'un de mes collègues. Aucun d'entre nous ne comprendra jamais ce que les victimes et leurs familles ont vécu et continuent de vivre.
Le plus important est d'honorer la vie des victimes et de maintenir leurs enfants et leur famille au premier plan. D'innombrables autres personnes ont subi des blessures physiques et mentales et elles doivent rester dans nos pensées alors qu'elles devront passer leur vie à se rétablir. Ce qui s'est passé a changé à jamais la Nouvelle-Écosse. Cet événement est indescriptible et sa portée a été considérable. La force et la résilience des communautés de la Nouvelle-Écosse ont été évidentes pour tous à la suite de cette tragédie. Les personnes se sont rassemblées d'innombrables façons, ce qui démontre le véritable esprit maritime, et je suis très fière d'être néo‑écossaise.
La tragédie d'avril 2020 et ses conséquences ont été deux années et demie très éprouvantes sur le plan professionnel et personnel. Le 19 avril 2020, j'ai participé à l'intervention opérationnelle. L'unité provinciale des communications stratégiques a dirigé les communications pendant ces événements, ainsi que dans les semaines et les mois qui ont suivi, jusqu'à la fin de l'enquête, en décembre 2020. Nous avons mis l'accent sur les victimes et les familles, le public et notre population. J'ai participé au travail en cours de la Commission sur les pertes massives et je le respecte, ayant pris part avec honnêteté et sans réserve à deux entrevues distinctes, et de nouveau le 9 juin de cette année lors de ma comparution dans le cadre de l'enquête.
Je respecte également le travail du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, et je suis ici en personne, prête à répondre aux questions relatives à mon expérience, et plus particulièrement à ce qui suit: un appel téléphonique et un échange de courriels survenus quelques heures avant la conférence de presse du 28 avril 2020; un appel téléphonique que j'ai reçu après la conférence de presse; une réunion subséquente à laquelle j'ai assisté, convoquée par le député Brennan au nom de la commissaire Lucki le soir du 20 avril 2020; une lettre que j'ai écrite à la commissaire Lucki le 14 avril 2021, quelques jours avant le premier anniversaire de la tragédie; et tout autre courriel ou note pertinente dont je dispose, car j'ai pris beaucoup de temps pour examiner les documents produits pendant cette période.
J'ai hâte de répondre à vos questions. Merci beaucoup de me recevoir.
:
Merci, madame la présidente, et bonjour aux membres du Comité.
Je m'appelle Jolene Bradley. Je suis actuellement directrice générale des communications de la Gendarmerie royale du Canada, ici à Ottawa. Je vous remercie de me donner l’occasion aujourd’hui de vous parler du rôle que j’ai assumé dans le contexte de la pire tuerie de masse de l’histoire du pays. Cette période a été très éprouvante. Mes pensées et mes prières continuent d’accompagner les familles et les amis des disparus, qui tentent toujours de panser leurs plaies.
En avril 2020, j’occupais le poste de directrice des communications stratégiques pour l’équipe des opérations à l'administration centrale de la GRC, à Ottawa. J’ai offert des conseils et du soutien en matière de communications stratégiques à l’équipe des communications en Nouvelle-Écosse pendant les jours et les semaines qui ont suivi la tuerie. Dans le cadre de la collaboration continue et habituelle entre l’administration centrale et nos collègues en Nouvelle-Écosse, nous devions les aider notamment à passer en revue les notes d’allocution et les messages aux médias. J’avais comme objectif de prêter assistance à nos collègues de la Nouvelle-Écosse durant cet événement important.
Notre équipe d’Ottawa aidait également à la coordination de la traduction et à la création de supports visuels pour les conférences de presse. J’avais aussi pour responsabilité de m’assurer que des produits de communication, par exemple des points de discussion et des infocapsules, étaient transmis à nos collègues des communications à Sécurité publique Canada ainsi qu’à l’analyste de la GRC au Bureau du Conseil privé. L’échange de produits de communication avec nos collègues de ces deux organismes constitue une procédure opérationnelle normalisée.
Je tiens à préciser que les documents que nous avons fait parvenir à Sécurité publique et au BCP étaient des versions finales de produits de communication, notamment des notes d’allocution rédigées pour des porte-parole de la GRC en prévision de conférences de presse. Les renseignements opérationnels ne sont jamais diffusés par ces voies de communication. Je tiens par ailleurs à souligner que les documents sont transmis à titre informatif seulement, et non à des fins de commentaires ou de suggestions, puisqu’ils sont liés à une enquête en cours. Cette position est claire et renforcée par des années d’expérience collective.
Je travaille à la GRC depuis 23 ans et j’y ai occupé un éventail de postes dans le domaine des communications. La gestion de la communication et des affaires publiques dans le contexte de la tuerie a été difficile et très exigeante. J’aimerais féliciter l’équipe des communications de la GRC en Nouvelle-Écosse pour leur engagement inébranlable à l’égard de l’organisme et leur désir de communiquer au public autant de renseignements que possible à ce moment. Nous sommes privilégiés de compter sur des gens aussi talentueux en Nouvelle-Écosse, et en fait, dans les services de communication partout au pays qui appuient les activités de la GRC, chaque jour.
Merci.
En ce qui concerne vos interactions avec la commissaire et celles de la commissaire avec le gouvernement, c'est elle... Comme elle est à la tête de la GRC, en fin de compte, c'est elle qui détermine ce qu'elle communique au gouvernement du Canada.
La pandémie de COVID venait de commencer, et je pense que le pays tout entier était sous le choc. Vous avez témoigné que vous veniez de faire deux heures de conférence de presse, ce qui a dû être absolument éreintant pour vous, monsieur. Je ne peux pas imaginer combien cela a été difficile.
Ne serait‑il pas juste de dire que la tension était probablement un peu élevée? Je suppose que ce n'est pas le bon terme. C'était très émouvant pour tout le monde à ce moment‑là et pendant cette conversation téléphonique.
:
Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Tout d'abord, je remercie les témoins d'être avec nous aujourd'hui. J'aimerais aussi souligner la qualité de leurs remarques préliminaires.
J'aimerais que tout le monde garde en tête les éléments suivants au moment de donner leur réponse. Dans le communiqué de presse que la commissaire Lucki a publié en juin 2022, elle mentionnait qu'elle ne prendrait jamais de mesures ou de décisions qui pourraient compromettre une enquête. J'aimerais que vous vous reportiez à la conversation du 28 avril.
Monsieur Campbell, à ce moment-là, aviez-vous l'impression que la commissaire comprenait la portée de sa demande en ce qui a trait au risque que cela pouvait causer à l'enquête?
Selon vous, savait-elle que le fait de communiquer le type d'arme pouvait compromettre une enquête de l'Agence des services frontaliers du Canada ou du FBI, par exemple?
J'aimerais remercier les témoins, et en particulier les agents de la GRC et les employés civils en Nouvelle‑Écosse, d'avoir fait un travail remarquable et d'avoir fait preuve d'une si grande intégrité avec nous tout au long de ce processus.
Ma première question s'adresse au surintendant Campbell.
D'après ce que j'ai compris, le ministre Blair a témoigné devant ce comité qu'il y a eu, le 23 avril, une réunion du Cabinet. Nous savons également, grâce à des courriels, que plus tard ce jour‑là, la commissaire Lucki a envoyé un courriel à l'équipe de la Nouvelle‑Écosse pour demander la liste des armes à feu trouvées dans le véhicule et a dit que le gouvernement avait hâte de l'obtenir. Nous savons également que, plus tard dans la soirée, elle a fourni cette liste à un certain nombre de civils, à la cheffe de cabinet, au ministre et à cinq autres fonctionnaires, dont aucun ne travaille pour la GRC. Je crois également savoir que l'autorisation du CSARS ne permettait de partager cette information qu'au sein de la GRC.
Avez-vous une idée du genre de pression politique que subissait le ministre pour contourner l'exigence du CSARS et fournir cette information, contrairement à la directive, à l'extérieur de la GRC?
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Je ne communique pas directement avec la commissaire. Je communique avec les services de communication nationaux, donc Sharon Tessier, Dan Brien et Jolene Bradley, ma collègue. Je ne peux pas déterminer exactement quelle était la portée de la commissaire.
Je ne peux parler que de mon expérience. Dans les premiers jours, le 19 avril, nous avions fait une conférence de presse au cours de laquelle nous avions indiqué un certain nombre de victimes. Plus tard dans la soirée, la commissaire a publié un autre chiffre, et encore ce soir‑là, elle en a publié un autre lors d'entrevues ponctuelles, à notre insu en Nouvelle‑Écosse. En fait, je l'ai appris par les médias. La GRC de la Nouvelle‑Écosse s'était engagée à tenir une conférence de presse le lendemain, au cours de laquelle le premier point à l'ordre du jour serait la mise à jour d'un certain nombre de choses, notamment le nombre de victimes.
Encore une fois, c'est accessible au public. Pour ce qui est des questions qui suivront, la commissaire... Je fais des suppositions, et Sharon Tessier ou Jolene pourraient en parler de façon plus appropriée, mais en fin de compte, ce sont les personnes avec lesquelles je traite et je présume qu'elles reçoivent plus de directives directement de la commissaire, car ce serait le plus approprié.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais adresser mes questions à Mme Scanlan. En ce qui concerne la dernière série de questions que j'ai posées au surintendant en chef Campbell, vous avez donné beaucoup de détails dans votre lettre et il a mentionné qu'il serait peut-être plus approprié que vous répondiez vous-même, et je suis d'accord avec lui.
Lorsque la commissaire Lucki a fait référence au fait que cette affaire était liée au projet de loi sur le contrôle des armes à feu, pouvez-vous tout d'abord réitérer simplement votre réaction à ce sujet? Deuxièmement, compte tenu de votre expérience au sein de la GRC, j'aimerais également entendre vos observations sur les mesures que les législateurs devraient prendre, en particulier en ce qui concerne le paragraphe 5(1) de la Loi sur la GRC, qui énonce les pouvoirs du commissaire, car nous avons vu, au cours des décennies précédentes, des cas d'ingérence politique et de direction de la GRC. Cela s'est produit sous le gouvernement Chrétien. Cela s'est produit sous le gouvernement Diefenbaker. En tant que législateurs, devons-nous faire un effort pour réformer un article de la Loi sur la GRC afin que ces garde-fous législatifs soient fermement en place?
Je vous remercie.
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Comme je l'ai dit dans la lettre que j'ai écrite... et j'ai aussi des notes de ce jour‑là. J'ai des notes du 20 avril qui ont été divulguées à la Commission des pertes massives et au ministère de la Justice fédéral que je n'ai pas encore vues publiquement, mais j'ai des notes. Comme je l'ai dit, c'était un sentiment de dégoût. J'étais gênée d'en faire partie. J'étais gênée de l'écouter et du message reçu, je comprenais exactement ce qui était dit.
En ce qui concerne la dernière partie de votre question, je ne connais pas précisément la loi, mais je pense simplement qu'il est important, oui, qu'elle soit examinée. Il faut un certain niveau d'indépendance pour que, du processus de sélection jusqu'à la fin, il y ait une lettre de mandat très différente. Tenir nos partenaires informés ou fournir des renseignements au ministre de la Sécurité publique ou au cabinet du ministre, c'est très différent de faire de l'ingérence, d'influencer ou d'exercer des pressions.
Je pense que les mots doivent être examinés attentivement, et si c'est vague, nous devrions être plus précis afin que nous ne soyons plus jamais dans cette situation, surtout ceux qui sont sur le terrain et qui s'occupent de l'enquête.
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Merci, madame la présidente.
Je pense qu'il est tout à fait clair que l'histoire continue d'évoluer. Au nom des familles, qui sont pour la plupart mes électeurs, je dirais qu'à mesure que l'histoire avance, il y a d'autres personnes qui connaissent les réponses à ces questions. Même si, à l'heure actuelle, on s'interroge sur l'intégrité des agents de la GRC qui étaient sur le terrain, qui ont pris des notes et qui les ont fournies très gracieusement au grand public, il est très clair qu'il y a d'autres éléments de cette histoire qui n'ont pas vu le jour.
Je crois également, pour répondre à l'argument de M. MacGregor, qu'il y a d'autres choses qui doivent être élucidées en ce qui concerne l'indépendance de la GRC. Je crois que M. MacGregor a essayé à plusieurs reprises d'aller dans ce sens aujourd'hui. De toute évidence, nous avons besoin de plus d'information pour mieux comprendre ce qui s'est passé exactement et, surtout, pour savoir comment nous allons aller de l'avant et veiller à ce que ce type d'ingérence politique ne se poursuive pas.
Je pense que Mme Scanlan a fait une remarque intéressante concernant le choix du commissaire. À l'heure actuelle, le poste de commissaire est, comme nous le savons, une nomination politique, et le titulaire exerce ses fonctions selon le bon plaisir du ministre. Évidemment, il y a plus à comprendre. Il y a d'autres histoires à raconter. Je pense certainement qu'il est absolument impératif de continuer avec les témoins appropriés, non seulement pour les familles et les électeurs qui sont touchés dans ma circonscription, mais pour tout le Canada, afin que nous puissions maintenir notre confiance dans les systèmes de maintien de l'ordre que nous avons.
Je vous remercie, madame la présidente.
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J'espère pouvoir le faire. J'avais la main levée pour intervenir de toute façon, alors je pense que c'est opportun.
Tout d'abord, en ce qui concerne les témoins, nous avons déjà demandé plusieurs d'entre eux et nous les demandons à nouveau. Il semble y avoir une certaine confusion sur la question de la présentation de la liste des armes à feu dans la sphère politique. D'après les courriels, il semble que cela se soit fait par l'intermédiaire de la cheffe de cabinet du , alors on se demande d'où vient cette directive. Même certains députés libéraux ont mentionné ce problème dans leurs questions aujourd'hui en demandant d'où venait la demande de ces renseignements. Nous savons, d'après le flux de courriels, qu'ils ont été fournis à la cheffe de cabinet du ministre, et d'après le texte de ces courriels, nous savons également qu'il semble s'agir de la réponse à une demande.
Deuxièmement, nous avons entendu divers témoignages, tant ici qu'à la Commission des pertes massives, au sujet du rôle de la SIRT, de ce qu'elle a dit et des règles qu'elle a suivies pour fournir des renseignements aux civils, à la Commission des pertes massives et encore ici aujourd'hui. Les personnes qui ont reçu l'information le 23 n'étaient pas membres de la GRC, et cela semble être contraire à la demande de la SIRT, il est donc important de bien comprendre ce processus et de savoir si les règles ont été enfreintes ou non.
En outre, M. Brien a été mentionné dans le témoignage de la Commission des pertes massives par diverses personnes comme étant intervenu sur des choses comme les messages concernant le nombre de victimes, il a donc participé au processus de prise de décision en matière de communication. De toute évidence, il a des antécédents dans sa vie avant cela, ce qui l'amène à avoir des liens avec le gouvernement sur le plan politique.
Le nom de Mme Bayers a également été mentionné devant la Commission sur les accidents de masse comme ayant demandé si oui ou non, le 28, ils allaient publier l'information; il est donc évident que quelqu'un a communiqué avec elle suggérant que cela devrait être fait. Nous devons faire toute la lumière sur ces questions.
Il y a encore beaucoup de mystère, à mon avis, quant à l'origine de la demande de diffuser cette information à l'extérieur de la GRC. Je sais qu'elle n'a pas été divulguée publiquement, comme certaines personnes l'ont dit, mais essentiellement, lorsque vous la divulguez à des personnes civiles comme la cheffe de cabinet, le et les représentants du gouvernement qui étaient mentionnés dans le courriel de la commissaire Lucki du 23 avril, il est clair que la divulgation dépassait les limites de ce que la SIRT a dit. Nous devons approfondir cela et comprendre pourquoi ces demandes ont été faites, qui les a faites, quand elles ont été faites et pourquoi il a été demandé de contourner les procédures policières normales dans ce terrible incident.
Je pense que nous avons encore besoin de beaucoup de clarté de la part de ces témoins, et c'est pourquoi je les ai mentionnés.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Avec tout le respect que je leur dois, je ne suis pas d'accord avec mes collègues conservateurs qui disent qu'il y a encore beaucoup de questions auxquelles il faut répondre. Je pense que l'information que nous avons reçue au cours des deux réunions que nous avons déjà tenues avec le et la commissaire, qui ont tous deux affirmé très clairement dans leur témoignage qu'il n'y avait pas d'ingérence politique, le témoignage que nous avons entendu aujourd'hui de la part du ministère de la Justice selon lequel il n'y avait pas d'ingérence politique dans ce qui a été communiqué à la Commission des pertes massives, et même dans le témoignage que nous avons entendu du dernier groupe de témoins ici aujourd'hui...
Je tiens également à souligner que dans la nouvelle motion que nous avons reçue, seuls deux des témoins figuraient sur la liste auparavant. Je crois comprendre qu'ils ont été invités par le greffier et qu'ils n'ont pas pu être présents aujourd'hui.
J'aimerais proposer un amendement à la motion qui a été présentée. L'amendement conserverait « Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité », puis tout ce qui suit le mot « Comité » serait supprimé et remplacé par « convoque une réunion du Comité réservée aux travaux du Comité pour déterminer s'il souhaite poursuivre l'étude en cours et, le cas échéant, quels témoins devraient être entendus, et que cette réunion ait lieu après le 19 septembre 2022 ».
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Merci, madame la présidente.
Ce qui me préoccupe avec l'amendement, et peut-être que Mme Damoff pourra l'éclaircir, c'est que si la présidence peut convoquer une réunion après le 19 septembre pour discuter des travaux du Comité, il n'y a pas de calendrier qui l'oblige à convoquer une réunion tout de suite après le 19 septembre. Elle peut la reporter. De plus, je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit dans la motion qui stipule que les travaux du Comité doivent donner la priorité à une discussion sur ce que nous voulons faire à ce sujet. Nous pourrions avoir une réunion sur les travaux du Comité et quelqu'un pourrait lever la main et changer complètement le sujet de notre discussion.
J'aimerais avoir l'assurance que, si nous tenons cette réunion sur les travaux du Comité, ceux‑ci porteront principalement sur cette étude et lui donneront la priorité, et que cette réunion aura lieu en temps opportun, le plus tôt possible — avant le 19 septembre, peut-être, ou juste après le 19 septembre, pas en octobre ou en novembre.
Deuxièmement, étant donné la motion initiale, qui est maintenant modifiée, je pense qu'il est très important d'avoir des preuves par courriel qui montrent que la cheffe de cabinet, Zita Astravas, était en communication avec la commissaire au sujet de la divulgation publique liée à l'événement de pertes massives. Nous avons exploré de nombreux aspects différents de cette question. Nous avons examiné le ministère de la Justice, évidemment, la GRC et le lui-même, mais ce que nous n'avons pas examiné, c'est le lien au sein du cabinet du ministre qui, nous le savons, existe. Je pense qu'il est de notre devoir d'examiner tous les aspects de cette affaire. Il ne s'agit pas d'une recherche à l'aveuglette. Nous avons la preuve qu'il y a eu des discussions entre la cheffe de cabinet et la commissaire, c'est donc un lien important.
J'aimerais que quelque chose de productif ressorte de cette étude afin que nous puissions dire: « Voici où il y a eu erreur », qu'il s'agisse d'une ingérence politique, d'un malentendu ou d'une transgression du protocole, ou d'un grave manque de jugement de la part de quelqu'un, ce qui me semble être le cas ici. Il nous faut entendre ces témoins pour pouvoir produire un rapport complet.
Telles sont mes préoccupations concernant l'amendement. Je vais m'en tenir là. Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente. Je vous remercie de reconnaître ma voix.
Cela dit, je ne saurais trop insister sur la gravité de ces allégations et sur la gravité qu'elles créent dans ma circonscription de Cumberland—Colchester. À l'heure actuelle, les gens n'ont aucune confiance dans la Commission des pertes massives. Continuer à utiliser le témoignage que nous avons déjà entendu, avec les notes écrites d'un membre très réputé de la GRC... et mettre en doute son intégrité est une parodie absolue. Mme Scanlan a également corroboré aujourd'hui ce qu'elle a entendu lors de cette réunion, également avec des notes, auxquelles nous aurons évidemment accès.
Cela étant dit, je pense qu'il nous incombe à tous, en tant que parlementaires, dans le cadre de la pire fusillade de masse de l'histoire du Canada, de prendre cela très au sérieux et, évidemment, de comprendre, dans ce qui est dit, que quelqu'un ne dit pas la vérité. C'est très décevant pour moi et je pense que c'est très décevant pour l'ensemble des Canadiens.
Pour cette raison, je ne suis certainement pas pour cet amendement. Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
L'amendement à ma motion semble retarder ce que nous faisons ici aujourd'hui. La réalité est que nous savons qu'il nous manque des maillons clés dans la chaîne de l'ingérence politique qui aurait pu se produire dans la plus grande fusillade de masse de l'histoire de notre pays. Cela reporterait à après le 19 septembre — pour ceux qui nous regardent, le 19 septembre est la date de reprise de la Chambre — la discussion que nous pouvons avoir aujourd'hui. Nous avons donné suffisamment de temps à ces témoins, qui ont déjà été mentionnés à deux reprises dans des motions présentées devant ce comité, pour qu'ils trouvent le temps de venir ici en septembre. Si nous attendons jusqu'en septembre pour en débattre, compte tenu des travaux du Comité sur d'autres études, les choses seront encore retardées.
C'est assez urgent. La Commission des pertes massives a une date limite cet automne et elle a des dates cibles de rapport. Nous devons poursuivre notre étude dès que possible et faire venir ces personnes, en particulier compte tenu des témoignages qui donnent lieu à de la confusion et de ce que nous avons vu des demandes claires de la cheffe de cabinet les 22 et 23 avril, tout autour de la réunion du Cabinet qui s'est tenue ce jour‑là à ce sujet, demandant des détails auxquels le monde civil n'avait pas droit.
Les seules personnes qui peuvent répondre de cela sont les personnes figurant sur cette liste, et elles n'ont pas été autorisées ou en mesure de comparaître. Nous devons les entendre, sinon les conclusions de l'étude du Comité seront douteuses.