Bonjour à tous, en ce début de vendredi matin. Bienvenue à la 71e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Rappelons tout d'abord que nous nous réunissons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Cette réunion se déroule en format hybride, conformément à l’ordre de la Chambre du 23 juin 2022, ce qui signifie que nous avons des membres dans la salle et d'autres à distance grâce à l’application Zoom.
Conformément à l’ordre de renvoi du vendredi 25 novembre 2022, le Comité poursuit l’étude du projet de loi , Loi constituant la Commission d’examen des plaintes du public et modifiant certaines lois et certains textes réglementaires.
Nous accueillons deux groupes de témoins.
Nous allons passer la première heure en compagnie des représentants de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada, soit Michelaine Lahaie, présidente, et Joanne Gibb, directrice principale, Direction des opérations stratégiques et des politiques.
Madame Lahaie, vous avez maintenant sept minutes pour votre déclaration liminaire. Allez‑y, s’il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour à tous, et merci de m'avoir invitée à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Le projet de loi élargira le mandat de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC, afin d'inclure l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC.
Je suis d'avis que la Commission est bien placée pour assumer un rôle élargi grâce à 35 années d'expérience en examen civil des services de police et à une connaissance spécialisée du processus de traitement des plaintes et d'examen.
Je constate avec plaisir que le projet de loi établissant la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public intègre un certain nombre de recommandations antérieures formulées par la Commission au et au Comité.
[Traduction]
Voici les recommandations en question.
Premièrement, nous recommandons l'adoption d'une loi distincte. Le fait que la loi habilitante de la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public, la CETPP, fasse l’objet d’une loi distincte renforcerait son indépendance.
Deuxièmement, nous recommandons l'adoption d'un échéancier législatif qui soit fonction des rapports de la CETPP. Je suis heureuse de constater que le projet de loi prévoie des délais pour répondre aux rapports de la CETPP, délais que l’ASFC et la GRC devront respecter. Tout système où la responsabilisation est essentielle doit inclure des délais clairement définis qui sont accessibles au public et qui font l’objet de rapports.
Troisièmement, nous recommandons que le projet de loi rend obligatoire la sensibilisation du public. Si la loi est assortie d'un financement adéquat et des ressources appropriées, elle fera en sorte que les personnes qui souhaitent se prévaloir du processus de traitement des plaintes et d’examen savent que celui‑ci existe, comment y accéder et ce à quoi l'on peut s’attendre.
Nous estimons que la mise en œuvre des recommandations de la CETPP devrait faire l'objet de rapports. En exigeant de l’ASFC et de la GRC qu’elles fournissent au ministre un rapport annuel décrivant l’état de la mise en œuvre des recommandations de la CETPP, on augmenterait la transparence et rassurerait les Canadiens que ces organisations sont tenues de respecter une norme élevée de responsabilisation publique.
Cependant, je recommande au Comité d’examiner le calendrier de ces rapports au vu du rapport annuel de la CETPP. Idéalement, la CETPP aurait l’occasion d’analyser le rapport de mise en œuvre et d’inclure des observations ou des préoccupations dans son rapport annuel au Parlement.
[Français]
Je me réjouis de constater que le projet de loi dont le Comité est saisi entraînera la mise sur pied d'un organisme indépendant d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC et à l'ASFC, mais, à mon avis, il est possible de renforcer davantage le régime de surveillance en y apportant quelques modifications.
[Traduction]
Ces amendements portent d'abord sur la diversité et l'inclusion. Afin d’assurer la diversité et l’inclusion relativement aux membres de la CETPP, je recommande de modifier le paragraphe 3(1) pour que le gouvernement tienne dûment compte de la représentation des Autochtones et des personnes racisées. Des dispositions semblables existent dans d’autres lois fédérales.
En deuxième lieu, vient la collecte des données. Je recommande d’élargir la portée du libellé de l’alinéa 13(2)f) pour exiger que la CETPP produise des rapports sur les données démographiques, ce qui comprend, entre autres, les données fondées sur la race. Cela permettra à la CETPP de cerner les tendances sur la composition démographique des plaignants, de les analyser et d’en faire rapport.
Troisièmement, les enquêtes systémiques. Une responsabilisation accrue est favorisée grâce à une surveillance efficace, et pas seulement en ce qui concerne les plaintes du public, mais aussi grâce à l’examen des problèmes systémiques. Voilà pourquoi je demande depuis longtemps la suppression de la condition relative au lancement d’examens d’activités précises, ce que nous appelons les enquêtes systémiques. Des enquêtes de ce genre ont donné lieu à d’importants changements à l’échelle de la GRC. Toutefois, pour que la CETPP entreprenne une enquête systémique, je dois aviser la ministre qu’elle dispose des ressources nécessaires pour mener l’enquête et que le traitement des plaintes du public n’en sera pas compromis. Selon ma propre expérience en tant que présidente, le processus de traitement des plaintes du public et les enquêtes systémiques sont d’importance égale pour la responsabilisation de la GRC.
Vient enfin la question de l'examen d'une plainte du public lancée par le président. À l’heure actuelle, la CETPP doit attendre qu’une personne relance le processus de traitement des plaintes du public si elle n’est pas satisfaite du traitement de sa plainte par la GRC. Si la personne ne présente pas de demande d’examen, le processus s’arrête là. Actuellement, si le président n’est pas satisfait de la façon dont une plainte du public a été traitée par la GRC, la CCETP doit lancer sa propre enquête sur la même plainte. Cela nécessite beaucoup de ressources et peut prendre un an ou plus. Pour des raisons d’efficacité, entre autres, je recommande que le projet de loi comprenne une disposition permettant au président d’entreprendre l’examen d’une plainte du public réglée. Ainsi, la CETPP pourrait examiner une partie ou la totalité des allégations formulées dans une plainte du public.
Tout comme le président peut actuellement déposer une plainte, qu’une plainte du public soit déposée ou non, le pouvoir d’entreprendre un examen accroîtrait la responsabilisation.
[Français]
Pour terminer, le projet de loi établit un mandat important quant à l'examen de l'ASFC et de la GRC. Si les fonds requis sont disponibles, la Commission fournira un mécanisme indépendant de traitement des plaintes du public indispensable à l'ASFC, des enquêtes systémiques sur l'ASFC et un cadre de responsabilisation élargi à la GRC.
Je répondrai avec plaisir à vos questions. Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à vous deux pour votre présence, mesdames.
J'apprécie certaines des recommandations que vous avez formulées en vue de renforcer ce projet de loi.
Tout d’abord, fort de mon expérience, j’appuie entièrement l’idée d’une surveillance publique de l’application de la loi. Il est, selon moi, absolument nécessaire de maintenir la confiance envers cette institution.
J’ai quelques réserves, mais j’y reviendrai dans un instant.
De quels délais moyens disposez-vous actuellement pour régler les plaintes à la CETPP?
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Je peux vous dire qu’à l’heure actuelle, environ 90 % des plaintes du public sont adressées à la Commission. À un moment donné, nous en étions à environ 60 % par la Commission et 40 % par les détachements. Maintenant, la majorité des plaintes du public aboutissent devant la Commission.
Nous examinons chaque plainte déposée. Dans la plupart des cas, nous dirigeons ces plaintes vers la GRC pour enquête, cela pour des questions de ressources. Avant le versement de notre financement au titre de l’intégrité des programmes, mon budget était de 10,5 millions de dollars.
J’ai choisi de me concentrer sur les plaintes qui proviennent de personnes marginalisées et vulnérables. C’est ce sur quoi j’ai mis l’accent.
La majorité des plaintes du public, soit 90 %, vont à la GRC pour enquête.
Je tiens d’abord à vous remercier, vous et votre équipe, pour le travail que vous faites et pour les enquêtes empathiques et approfondies que vous menez. Les changements que nous avons constatés depuis votre arrivée à la tête de la CETPP sont énormes. Je sais que vous n'êtes pas seule. Je sais que vous avez toute une équipe derrière vous, mais le leadership donne le ton pour l’ensemble de la Commission. Je vous remercie sincèrement de votre travail.
Vous avez sûrement suivi nos délibérations et vous savez que j’ai soulevé le cas d’un réserviste dont le dossier ne peut pas faire l’objet d’un examen. Selon vous, son cas pourrait‑il être pris en compte par le biais d'une modification du projet de loi, ou d'une directive du ministre pour combler le vide?
Je sais qu’à l’heure actuelle, vous ne pouvez pas examiner ce genre de cas en tant que commission.
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J'ai aussi regardé le témoignage de M. Sauvé, et je pense que je me situe quelque part au milieu.
J'ai actuellement ce pouvoir. Je peux lancer une enquête en tout temps. J'ai ce pouvoir à titre de présidente. La Commission a besoin de ressources supplémentaires pour pouvoir le faire plus souvent. Je pense qu'il y a une grande force et que, parfois, le fait de demander à l'Agence d'examiner ces choses, parce que pour une question mineure...
Disons qu'un agent de police a insulté quelqu'un en dressant une contravention. Je dirais — et je sais, monsieur Motz, que vous étiez du même avis lorsque j'ai regardé l'une des séances précédentes — que ce genre de cas doit être traité par les organismes eux-mêmes. Mais lorsqu'il s'agit d'incidents graves de recours à la force ou lorsque les libertés individuelles d'une personne ont été violées, alors la Commission doit intervenir. Je suis au milieu de tout cela, mais c'est surtout une question de ressources selon moi.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames, je vous remercie d'être ici aujourd'hui, nous vous en savons gré.
Vous avez parlé de la façon dont fonctionne actuellement la Commission en précisant que vous procédez à un examen lorsqu'un plaignant n'est pas satisfait du règlement de sa plainte. Vous avez dit qu'il serait intéressant que la Commission puisse lancer elle-même l'examen d'une plainte si le plaignant décide de ne pas poursuivre le processus.
J'ai lu dans les médias qu'en janvier 2019, vous aviez rendu une décision sur la disparition et la mort d'Amanda Michayluk, une jeune femme saskatchewanaise. Dans votre rapport, vous remettez en cause le travail des agents de la Gendarmerie royale du Canada. Vous parlez d'un comportement « inadmissible » de la part des agents et d'un « travail policier bâclé », entravé par « une étroitesse d'esprit et des stéréotypes ». Ce rapport mentionne aussi que la recherche au sol effectuée par les policiers était inadéquate.
J'imagine que vous avez pu étudier ce cas particulier parce qu'une plainte a été déposée. Si cela n'avait pas été le cas, vous n'auriez pas pu le faire. Ai-je bien compris?
Vous avez parlé de mener des enquêtes un peu plus systémiques, et c'est ce que nous avons entendu de la part de quelques témoins, notamment du président du syndicat de l'Agence des services frontaliers du Canada. Ce dernier nous a dit que, dans certains cas, c'est un agent qui pose un geste en particulier et que c'est sur cela qu'il faut enquêter. Il a ajouté que, parfois, le syndicat a l'impression que le problème vient d'en haut et que c'est un problème systémique.
Il a proposé l'idée que les agents puissent eux aussi déposer des plaintes contre leurs supérieurs auprès de la Commission. Pour le moment, nous comprenons que la Commission a été créée spécifiquement pour répondre aux plaintes du public. Cependant, que pensez-vous de cette idée? Devrait-on créer une commission à part? Pourrait-on se servir du même processus et, si oui, aurait-on besoin de plus de ressources?
Vous avez mentionné avoir à peu près 90 employés et un budget de 15,2 millions de dollars par année. Pour la création de la nouvelle commission, on parle d'un financement de 112,3 millions de dollars sur six ans, ce qui équivaut à environ 18,7 millions de dollars par année. Après cette période, le financement se chiffrera à environ 19 millions de dollars par année.
Cela vous paraît-il suffisant, dans la perspective où la nouvelle commission ne se penchera plus seulement sur les plaintes à l'endroit de la GRC, mais aussi sur celles contre l'Agence? Je ne sais pas si cela représenterait le double du travail, mais le financement n'a pas l'air d'y correspondre. Qu'en pensez-vous? Le financement semble-t-il suffisant?
Vous avez dit au début de la réunion que l'éducation du public est obligatoire. Vous nous avez soumis des documents. Il s'agit de l'organigramme du fonctionnement de votre système de plaintes. Très franchement, j'ai regardé cet organigramme et il est encore confus. Comment faites-vous pour que le processus...?
S'il s'agit d'un nouveau Canadien ou d'une personne qui ne parle ni l'anglais ni le français, l'une de nos langues officielles, comment peut‑il se confronter à ce système et s'y orienter? J'ai été choqué lorsque vous avez dit que la plupart des plaintes sont remises à votre bureau. Je vais être honnête et dire que jusqu'à ce que nous commencions cette étude, je n'avais jamais entendu parler de votre bureau. Je viens de l'Ontario, alors il n'y a pas autant de membres de la GRC. Ici, nous avons l'Unité des enquêtes spéciales, l'UES.
Pourriez-vous nous dire comment faciliter un peu les choses? Comment les gens vous trouvent-ils aujourd'hui?
Je ne veux pas m'attarder sur la question du financement. Personnellement... Je ne peux pas parler au nom de mes collègues, mais je pense que tous ceux que nous avons entendus jusqu'à présent disent que nous devons faire en sorte que vous soyez en mesure de bien faire les choses. Je pense que c'est une notion importante pour nous.
En ce qui concerne l'ASFC, il y a bien entendu cette responsabilité supplémentaire potentielle qui va s'ajouter à votre travail. Nous avons entendu une certaine résistance et certains points de vue de la part du syndicat. Ses représentants ont exprimé des préoccupations à ce sujet. Vous devez embarquer dans ce processus tout un organisme, son équipe et son personnel. D'après mon expérience, imposer une solution aux gens ne fonctionne pas très bien. Le succès vient souvent du fait qu'on peut faire participer les gens.
Lorsque vous imaginez le premier jour de la mise en œuvre de ce projet de loi, une fois qu'il sera adopté, et j'espère qu'il le sera, avec certains des changements que vous proposez, qui sont excellents, comment prévoyez-vous de vous assurer que les gens de l'ASFC qui se trouvent en première ligne vous accompagnent dans ce parcours pour que les résultats soient positifs?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Lahaie, l'article 38 du projet de loi donne la possibilité à un tiers de déposer une plainte au nom d'une personne. Cela a été reçu assez positivement. Il y a des groupes qui désirent aller un peu plus loin, comme des groupes d'intérêt public et des associations de défense des droits des réfugiés, par exemple. Ils voudraient qu'on permette à un tiers, pour dénoncer un problème de nature systémique, de déposer une plainte de son propre chef ou sans l'approbation de la personne concernée. Je me demande ce que vous en pensez.
Personnellement, je ne trouve pas que c'est une mauvaise idée, mais je crains que cela accroisse le nombre de plaintes qui seront déposées et alourdisse le processus. Si une personne prend le temps de déposer une plainte en son propre nom ou qu'un tiers le fait pour elle, on comprend qu'elle espère avoir une réponse assez rapidement. Or, si plusieurs groupes se mettent à déposer des plaintes sur n'importe quel sujet, cela ne risque-t-il pas de faire attendre ceux qui ont déposé une plainte en leur propre nom?
Je ne me suis pas encore formé d'opinion positive ou négative à ce sujet, mais j'aimerais entendre votre point de vue.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai trouvé cette séance très utile.
Merci beaucoup, madame Lahaie et madame Gibb.
Nous avons parlé un peu des ressources et de la façon de traiter le volume de plaintes. J'aimerais aborder la question des ressources nécessaires pour traiter ce volume et le faire bien, comme vous l'avez mentionné.
Vous avez parlé d'une ressource contractuelle pour traiter les plaintes des personnes autochtones dont la langue maternelle est l'inuktitut. Nous savons que le nombre de plaintes est proportionnellement plus élevé en raison du nombre de cas chez les Canadiens racisés, qui sont souvent d'origines diverses, et chez les personnes autochtones.
Je m'inquiète du sous-financement. Il semble que vous ne disposiez même pas de la moitié de ce qui serait nécessaire pour répondre aux besoins de ces collectivités. Par exemple, si vous n'êtes pas en mesure d'embaucher un enquêteur qui parle l'inuktitut, vous devez compter sur des ressources contractuelles. Quelle incidence cela a‑t‑il sur l'ensemble de votre travail?
Si vous disposiez de ressources suffisantes, n'engageriez-vous pas des enquêteurs qui parlent les langues autochtones et certaines des nombreuses langues parlées par les nouveaux Canadiens?
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être ici.
C'est une discussion très importante. Comme M. Motz l'a dit dans sa déclaration préliminaire, le Parti conservateur, l'opposition officielle, reconnaît la nécessité d'exercer une surveillance très étroite sur ceux qui détiennent des pouvoirs considérables pour faire appliquer nos lois, qu'il s'agisse des agents de première ligne de l'ASFC ou de la GRC.
Je vais m'appuyer sur bon nombre des questions qui ont déjà été posées au sujet des ressources et de la façon dont vous allez pouvoir gérer cette charge de travail plus vaste. Il semble que le financement qui a été annoncé, même s'il est le bienvenu, est loin d'être suffisant pour ce que vous aimeriez faire.
J'ai quelques questions d'ordre logistique. Vous avez déclaré que vos enquêtes prennent en moyenne de 6 à 12 mois. Est‑ce une évaluation exacte?
Je pense que, comme nous sommes dans la salle, nous nous éloignons parfois de nos bureaux, mais nous sommes généralement dans la salle. Cependant, pour avoir le quorum à la Chambre, il faut être à l'écran, et nous sommes censés respecter les mêmes règles ici qu'à la Chambre.
Je ne pense pas que quelqu'un s'inquiétera si vous disparaissez un instant, mais s'il y a une demande de vérification du quorum, par exemple, nous devrons peut-être vous donner un peu de latitude.
Quoi qu'il en soit, merci, monsieur Julian.
Monsieur Chiang, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Nous reprenons nos travaux.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre deuxième groupe de témoins d'aujourd'hui. Trois groupes sont représentés ici.
En personne, de Breaking Barriers Together, nous accueillons Mme Cheryl Jarvis, sergente retraitée, de la Gendarmerie royale du Canada, et Janet Merlo, agente à la retraite de la Gendarmerie royale du Canada. De l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, nous accueillons Aviva Basman, présidente, et Kate Webster, coprésidente du Comité de plaidoyer.
Par vidéoconférence, nous accueillons M. Dan Bellegarde, président du Conseil des commissaires de police, File Hills First Nations Police Service.
Bienvenue à tous. Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui et de nous aider dans nos enquêtes.
Nous allons commencer par une déclaration de cinq minutes de chaque groupe.
Nous allons commencer par Breaking Barriers Together.
Je crois que Mme Jarvis va commencer.
Vous avez cinq minutes, je vous en prie.
Breaking Barriers Together est un groupe d'anciens agents de la GRC et d'employés de la fonction publique. Nous sommes tous retraités de la Gendarmerie royale du Canada. Nous avons créé un groupe parce que nous croyons fermement qu'il faut améliorer la GRC.
Nous estimons qu'il y a quatre aspects du projet de loi qui doivent être abordés. Le projet de loi doit inclure l'inconduite interne et une définition claire de ce qu'est une inconduite. Aucun membre de la GRC à la retraite ou en service, ni aucun membre de sa famille ne devrait participer aux enquêtes de la Commission sur les plaintes. Le recours à des ententes de non-divulgation ne devrait pas être autorisé par la Commission. Toutes les décisions prises par la Commission doivent être exécutoires. Il faut qu'il y ait une forme quelconque pour tenir les gens responsables de ce qui, selon nous, doit être fait.
Breaking Barriers estime que le projet de loi doit inclure l'inconduite interne.
Daniel Touchette a produit un rapport qui montre que 2,68 milliards de dollars ont été dépensés ou sont réputés avoir été dépensés pour s'attaquer à l'inconduite interne au sein de la GRC. Malgré toutes les promesses faites lors de l'accord de règlement de Merlo Davidson, l'enquête cause encore un tort incroyable aux victimes. Le processus est entaché de préjugés personnels, de préjugés culturels, de menaces et d'intimidation.
Il ne faut pas oublier que c'est la GRC qui enquête sur elle-même. Il ne faut pas oublier que des centaines de ces plaintes, dans le cadre de la poursuite de Merlo Davidson, ont fait l'objet d'une enquête initiale de la GRC et ont été jugées non fondées. Dès que ces plaintes ont été envoyées à un service d'enquête indépendant, on a constaté tout à coup qu'elles étaient fondées. Cela cause beaucoup de tort aux victimes.
L'honorable Michel Bastarache, l'évaluateur indépendant du groupe, a identifié trois secteurs clés en matière de discipline qui posaient problème. Ces trois domaines sont une perception de partialité et d'injustice dans le processus, la probabilité de représailles pour avoir déposé une plainte et l'absence de mesures disciplinaires significatives ou de conséquences pour les actes des agents. Des centaines d'agents actifs de la GRC nous ont dit que ce processus est toujours en cours et qu'il pose toujours un problème.
Le problème avec la GRC, c'est la culture. C'est un milieu de travail toxique. Le projet de loi a la capacité de s'attaquer à cette culture et d'essayer d'améliorer ce milieu de travail.
Nous sommes 130 à être identifiées dans le recours collectif Merlo Davison comme étant victimes de viol par d'autres agents de la GRC. Aucun de ces auteurs, même si nous avons déposé des plaintes au criminel, n'a jamais été traduit en justice pour cela. Ils ont pris leur retraite avec une pension, et il n'y a eu aucun problème.
Nous devons nous rappeler que le projet de loi est censé faire en sorte que tous les Canadiens soient égaux, se sentent en sécurité et soient traités équitablement par la GRC et l'ASFC. Par conséquent, nous devons permettre que l'inconduite interne fasse partie de ce projet de loi, afin que cette question puisse être réglée.
Nous croyons qu'aucun agent de la GRC ni aucun membre de la famille d'un agent ne devrait avoir à s'occuper de problèmes de conduite graves au sein de la GRC. Il ne faut pas oublier qu'ils font partie du groupe. Ils sont loyaux envers la GRC, même s'ils sont à la retraite. Nous devons nous assurer que ces problèmes font l'objet d'une enquête par des organismes externes.
Il ne faut pas oublier non plus les ententes de non-divulgation. La GRC est reconnue pour s'assurer, lorsqu'il y a un problème, de camoufler les choses en utilisant des ententes de non-divulgation. Cela permet que la victime soit réduite au silence et que le problème disparaisse, sans que personne ne se rende compte du problème. Il faut les interdire dans le projet de loi pour qu'on ne puisse plus cacher ces problèmes.
Le plus important, c'est que nous puissions dire « pas de membres de la GRC ». On peut également dire « inconduite interne ». Nous pouvons dire toutes ces choses, mais si nous ne rendons pas exécutoires les décisions de la Commission, nous en serons toujours au même point.
Pendant 10, 15 ou 20 ans, on nous a recommandé à maintes reprises de régler ces problèmes, et c'est ce qui doit changer.
Tant que les décisions de la Commission ne seront pas exécutoires et n'obligeront pas la GRC à prendre la décision de suivre les directives qui lui sont données, le problème persistera. Cela ne changera pas, et nous reviendrons au point de départ.
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Merci, monsieur le président, de me donner l'occasion de témoigner devant le Comité aujourd'hui.
Je suis accompagnée de ma collègue, Aviva Basman; nous représentons l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés. Nous sommes une organisation nationale vouée à la défense des droits, aux litiges stratégiques et à l'éducation afin de promouvoir et de défendre les droits des réfugiés et des immigrants au Canada.
Dans l'ensemble, nous appuyons le projet de loi . Cependant, certaines modifications sont nécessaires pour s'assurer que l'organisme de surveillance qui en résultera sera à la fois accessible et efficace. L'absence de surveillance est particulièrement problématique, étant donné que l'ASFC assure un service de police auprès d'une population non canadienne parfois vulnérable qui peut manquer de compétences en anglais, qui peut être traumatisée, notamment par les autorités de l'État, et qui peut ne pas avoir de statut sûr au Canada.
Les enjeux sont élevés. Il y a eu au moins 16 décès dans des centres de détention pour immigrants au cours des 20 dernières années. L'ASFC a fait face à des allégations selon lesquelles elle se livre à du profilage racial dans l'exercice de ses fonctions prévues par la loi, ciblant certains groupes aux fins d'un examen plus approfondi, d'arrestations et de détention.
Notre mémoire écrit met l'accent sur trois modifications à apporter, avec notamment des dispositions corrigées précisant la façon dont elles pourraient être mises en œuvre.
Notre première recommandation concerne la capacité de la Commission de recevoir des plaintes générales ou systémiques. Dans sa forme actuelle, le projet de loi n'oblige pas la Commission à répondre aux plaintes concernant des problèmes systémiques ou des politiques générales, et c'est un problème. Souvent, les abus ou les mauvais traitements, surtout en ce qui concerne des questions comme le profilage racial, ne sont apparents que lorsqu'on regroupe les cas. La Commission doit être en mesure d'examiner les questions au niveau systémique, et non pas seulement au cas par cas.
Bien que l'article 28, qui permet l'examen d'activités précises à l'initiative de la Commission ou sous la direction du ministre, puisse être un outil utile, il ne permet pas de régler le problème. Si l'objectif est que la Commission ait le pouvoir d'enquêter et de régler les problèmes systémiques, elle doit pouvoir recevoir des plaintes concernant les problèmes systémiques. Elle doit également disposer des ressources nécessaires pour mener des enquêtes et y donner suite.
Nous sommes reconnaissants au d'avoir reconnu, au début de ces audiences, l'omniprésence du racisme envers les Noirs et les Autochtones dans les services de police et dans notre système de justice. Nous soutenons l'objectif de donner à la Commission le pouvoir d'aider à combattre cet héritage, mais il faut lui donner les outils nécessaires pour bien le faire.
La question de savoir qui est le mieux placé pour cerner et soulever les problèmes systémiques ou stratégiques nous amène à notre deuxième recommandation. Comme vous le savez, le projet de loi permet à la Commission de refuser une plainte simplement parce qu'elle est déposée par une tierce partie, c'est‑à‑dire si elle n'est pas déposée par une personne directement touchée, par un témoin ou par une personne munie d'un consentement écrit explicite.
Comme je l'ai mentionné, certains problèmes ne sont apparents que lorsqu'on examine conjointement un certain nombre de cas. Ce sont des tierces parties, comme des organisations de défense des droits de la personne, qui sont les mieux placées pour porter de tels problèmes systémiques à l'attention de la Commission. Au cours d'un témoignage convaincant du Conseil canadien pour les réfugiés, vous avez entendu la myriade de vulnérabilités et d'obstacles auxquels sont confrontés les réfugiés et les migrants au Canada lorsqu'ils déposent des plaintes. Nous nous faisons l'écho de ces préoccupations et nous demandons instamment un amendement qui permettra les plaintes de tierces parties. Nous avons proposé un libellé précis dans notre mémoire.
Notre troisième recommandation porte sur les limites trop contraignantes de la compétence de la Commission, avec notamment un libellé détaillé exigeant qu'une plainte soit refusée si elle a été ou aurait pu être traitée adéquatement ou de façon plus appropriée dans le cadre d'un autre processus juridique. Cet article n'exige pas qu'une autre procédure soit en cours avant que l'interdiction s'applique.
Le fait de restreindre la compétence de la Commission d'enquêter sur des allégations d'inconduite en raison de la simple possibilité qu'un autre organisme fasse enquête est profondément problématique. Nous vous exhortons à modifier cet article pour préciser les circonstances dans lesquelles une enquête peut être refusée. Nous recommandons un amendement semblable concernant un libellé ambigu dans une autre partie du même article.
Comme je l'ai indiqué, nous avons proposé un libellé précis dans notre mémoire pour répondre à ces préoccupations.
Enfin, après avoir examiné les mémoires d'autres organisations de la société civile, nous appuyons de nombreuses autres recommandations. Nous sommes heureuses d'avoir l'occasion d'approfondir ces questions en répondant aux questions.
Merci.
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Merci. Bonjour, monsieur le président, et bonjour au Comité et aux autres témoins.
Je suis de la bande de Little Black Bear des Cris d'Assiniboine, dans le territoire visé par le Traité no 4, membre du conseil d'administration de l'Association canadienne de gouvernance de police et président du First Nations Police Governance Council. Je suis également président du Conseil des commissaires de police de File Hills, un service de police des Premières Nations de la Saskatchewan.
Il existe 36 services de police autogérés au Canada. Il y en a 22 au Québec, 9 en Ontario, seulement 6 à l'ouest de l'Ontario et aucun dans le Nord et dans les Maritimes. Cela s'explique principalement parce qu'il y a des ententes fédérales-provinciales-territoriales sur les services de police... Ce sont 20 années au cours desquelles la GRC a accordé un contrat à cette administration.
Il y a 114 détachements de la GRC en Saskatchewan, dont beaucoup se trouvent près des réserves de mon peuple. Certains se trouvent dans de grandes villes comme Yorkton, Battleford, North Battleford, Swift Current et Lloydminster. L'Alberta compte environ 118 détachements. La Colombie-Britannique en a 149. Le Manitoba en a 86. Le Nouveau-Brunswick en a 39. Terre-Neuve-et-Labrador en a 43. Les Territoires du Nord-Ouest en ont 22. La Nouvelle-Écosse en a 55. Le Nunavut en a 26. L'Ontario en a 13. L'Île-du-Prince-Édouard en a sept. Le Québec en a neuf. Le Yukon en a 14. De toute évidence, c'est dans les Prairies que l'interaction entre la GRC et le public, en particulier les membres des Premières Nations, est la plus forte.
J'aimerais mentionner brièvement la plainte concernant une enquête bâclée dans l'affaire Colton Boushie. Nous constatons que dans le cas des plaintes de recours à la force... Récemment, un agent de la GRC a été accusé de violence contre les femmes des Premières Nations. Il y a des photos d'yeux au beurre noir, de contusions et de commotions cérébrales. Malheureusement pour l'agent, l'une des femmes est avocate.
Ma première recommandation à la Commission, c'est qu'elle devrait être très présente dans l'Ouest, en particulier avec un éventuel bureau secondaire dans les Prairies, peut-être à Edmonton.
Le Conseil des commissaires de police, les services de police municipaux et les services de police des Premières Nations de tout le pays sont là pour assurer la gouvernance, pas particulièrement la surveillance en tant que telle, bien que de nombreux conseils mettent l'accent sur le traitement des plaintes du public également. Ils sont le lien entre le service de police et la collectivité.
Les Premières Nations qui ont des ententes communautaires tripartites ont ce qu'on appelle un groupe consultatif communautaire, ce qui est très loin d'un conseil de police.
À ma connaissance, il n'y a pas de commission de police dans les détachements dont la GRC doit rendre compte.
Cela rapproche la police de la collectivité. Les commissions sont la voix du public, et je ne sais pas ce qu'il en est du traitement des plaintes du public, mais elles devraient constituer le premier niveau de règlement des différends.
La protection des plaignants et leurs possibilités d'accès à un système de plainte posent problème dans certains de nos secteurs. Les petites collectivités dotées d'un service de police externe auront une crainte naturelle de représailles en raison d'une intervention policière excessive et d'une sous-protection. Pensez aux « virées sous les étoiles » en Saskatchewan... Dans les années 1970, Neil Stonechild est mort de froid à Saskatoon après avoir été laissé sur le bord de la route.
Cela a mené à l'élaboration de quelque chose qui, à mon avis, est important.
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Une unité des enquêtes spéciales a été mise sur pied en Saskatchewan après l'enquête sur les « virées sous les étoiles », l'enquête Stonechild, comme on l'appelle. Elle est gérée par la fédération des [
Inaudible] autochtones et travaille en étroite collaboration avec la Commission des plaintes du public de la Saskatchewan et la Commission de police de la Saskatchewan. Elles donnent accès aux Premières Nations qui, autrement, ne se tourneraient pas vers un système auquel elles ne font pas confiance, un système auquel elles n'ont peut-être pas accès au départ. Elle offre ce pont, je pense. Cela pourrait être important.
Le projet de loi laisse encore beaucoup de latitude à la GRC quant traitement des plaintes et à la façon de le faire. De plus, une recommandation serait de traiter les plaintes de diverses gravités.
Je pense que la plupart des services de police ont ce que j'appellerais des unités des normes professionnelles et de déontologie qui s'occupent des plaintes administratives ou autres qui peuvent être traitées sans avoir à passer par le long processus d'enquête de la commission, ce qui peut prendre un an ou plus.
Il s'agit de travailler avec les Premières Nations à l'infrastructure d'éducation du public, de renforcer la confiance dans le processus de traitement des plaintes et de faire avancer les choses, la défense des droits que les premiers conseils tribaux, les organisations autochtones provinciales et territoriales, ou OAPT, comme on les appelle, ainsi que les diverses commissions de police du pays peuvent offrir, de même que la formation et l'éducation pour les membres de la Commission. Les enquêteurs et le personnel doivent tenir compte des particularités culturelles et des traumatismes lorsqu'ils traitent avec les membres des Premières Nations dans les collectivités. Il faudrait des discussions à ce sujet.
Je vais m'interrompre ici et je suis prêt à répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être ici. Je vous remercie beaucoup de votre présence et de vos témoignages.
J'ai quelques questions pour Mme Jarvis et Mme Merlo.
Merci beaucoup de votre courage et de nous avoir fait part de vos réflexions et de votre expérience vécue quant à la façon dont ce projet de loi peut être amélioré pour mieux protéger les agents de la GRC eux-mêmes, ainsi que d'autres personnes qui déposent des plaintes.
J'ai quelques questions sur la façon dont nous pouvons répondre à certains des points que vous avez soulevés. Je pense que vous avez des points communs avec d'autres témoins qui ont déjà comparu.
Lorsque Mark Weber, le président national du Syndicat des Douanes et de l'Immigration de l'ASFC, a comparu, il a mentionné qu'il y a des cas. Il a donné l'exemple d'un cadre intermédiaire qui avait ordonné une fouille à nu d'enfants dans un autobus. Il veut que le projet de loi permette aux agents de porter plainte contre leurs supérieurs, certainement lorsqu'ils ont une incidence sur le public ou, dans votre cas, sur d'autres agents.
J'ai l'impression que vous partagez ce point de vue. Pourriez-vous nous donner un peu plus de renseignements sur la façon dont le projet de loi devrait être amélioré à cet égard?
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Je vais essayer de répondre à votre question.
Nous avons constaté au fil des ans que les employés et le personnel de la GRC n'ont nulle part où aller pour signaler ce genre de choses. La GRC a créé un centre indépendant de résolution du harcèlement dans le cadre de notre poursuite, mais il manque cruellement de fonds et de personnel. Le centre s'occupe de plaintes de harcèlement, mais pas de beaucoup d'autres questions.
Oui, pendant des années, même dans mon cas, ils ont fait une enquête de deux ans sur eux-mêmes et sont revenus en disant qu'il ne s'était rien passé, que rien n'était fondé. Plus tard, 3 200 femmes se sont jointes à notre poursuite. J'étais la représentante demanderesse après que la GRC eut dit que rien n'était fondé.
Tant que cette entité enquête sur elle-même pour des cas d'inconduite et des crimes internes, rien ne changera parce qu'elle enquête sur elle-même. « Non fondé » semble être le terme qui en résulte.
C'est une chose après l'autre, année après année. Comme l'a dit ma partenaire ici, nous entendons encore des femmes, presque chaque semaine, nous demander de l'aide et des conseils parce qu'elles sont coincées dans un enfer au sein de la GRC, et qu'elles n'ont nulle part où aller pour porter plainte.
Le premier jour, lorsque a comparu, j'ai vu la réunion. Il a dit que le projet de loi visait à donner à tous les Canadiens un mécanisme équitable, juste et respectueux pour déposer ces plaintes. Mais si vous n'incluez pas l'inconduite interne, vous excluez essentiellement tous les employés, les fonctionnaires, les bénévoles, tous les gens qui travaillent au sein de la police, le personnel de soutien et les membres, qui n'ont toujours nulle part où aller.
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Certes. Non seulement cela a‑t‑il une incidence sur le moral des agents — le fait de devoir enquêter sur un copain ou une copine ou quelque chose du genre —, mais aussi, j'imagine, l'expérience que vit une personne qui porte plainte à l'interne quant à savoir si elle peut faire confiance à l'enquête.
J'entends dire que, dans votre cas précis, vous avez eu l'impression que vous ne pouviez pas vous fier à la conclusion, et que 3 200 femmes sont venues vous dire des choses semblables après qu'on eut dit que votre plainte n'était pas fondée. Je suis vraiment désolée, madame, que vous ayez dû subir cela.
Pour conclure, je tiens à vous féliciter toutes les deux pour ce que vous avez fait. C'est de la bravoure comme celle‑ci — même si cela semble probablement très lent — qui suscite une conversation dont nous avons désespérément besoin. Il faut que ces premières dames se manifestent pour le faire. Personnellement, je peux comprendre à quel point cela a dû être difficile. J'apprécie vraiment votre courage. Merci beaucoup.
Il me reste environ 25 secondes. S'il y a une conclusion à tirer sur l'importance pour les agents de la GRC de ne pas enquêter sur eux-mêmes dans des situations comme celle‑ci et sur le fait que le projet de loi doit prévoir un mécanisme permettant un examen externe non seulement des plaintes du public, mais aussi des plaintes internes, voulez-vous nous faire part de vos dernières réflexions à ce sujet pour conclure?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier tous d'être ici avec nous aujourd'hui, ainsi que M. Bellegarde, qui est ici à distance.
Tout ce que vous nous dites est extrêmement utile et instructif pour nous permettre d'obtenir de bons résultats avec le projet de loi et toute la question de la surveillance.
J'aimerais commencer par vous, madame Webster et madame Basman.
Je vous remercie du travail que vous faites. Vous parlez au nom de beaucoup de gens qui n'ont pas de porte-parole et de gens qui, dans bien des cas, n'ont jamais eu d'endroit où aller pour essayer de régler certains des problèmes qu'ils ont rencontrés, en particulier en ce qui concerne l'ASFC.
Dans le cas de la question de la surveillance concernant l'ASFC, deux choses me viennent à l'esprit. La première est la nécessité d'un changement institutionnel, systémique et culturel au sein de l'organisation. Nous avons tous entendu des histoires. Certains d'entre nous qui portent des noms comme le mien ont vécu ce genre de choses à la frontière. Je pense que nous devons trouver une façon de régler ce problème.
Je suis également très conscient du fait que vous apportez un changement transformateur, par l'entremise du projet de loi, je l'espère, à une organisation qui n'a jamais eu ce genre de surveillance auparavant.
À votre avis, que faudrait‑il faire pour s'assurer que l'organisation, en particulier ceux et celles qui sont en première ligne et qui n'ont peut-être jamais fait l'objet de ce type de surveillance auparavant, évolue de façon positive? Je ne crois pas qu'on puisse obtenir un bon résultat en essayant de frapper sur la tête des gens avec un marteau. Je pense qu'il faut faire en sorte que les gens comprennent leurs obligations et leurs responsabilités et qu'on leur donne les outils nécessaires pour réussir.
Quelles sont certaines des choses que vous aimeriez voir se produire du point de vue de la mise en œuvre à l'avenir?
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Nous convenons bien entendu que la question du changement de culture à l'ASFC est cruciale. Cela se rapporte à nos première et deuxième recommandations, en fait, en ce qui concerne la nécessité pour la commission de pouvoir recevoir des plaintes de nature systémique et pour que ces plaintes proviennent de tierces parties. Il s'agit d'un mécanisme par lequel les problèmes généraux qui surviennent dans un certain nombre de cas et qui touchent peut-être les plus vulnérables, qui ne se sentent peut-être pas à l'aise de déposer une plainte... S'il y a un modèle de comportement qui devient évident pour une tierce partie, je pense que ce mécanisme est essentiel.
Par ailleurs, je dirais que nous pourrions modifier légèrement le projet de loi en ce qui concerne la collecte et la publication des données. Nous sommes bien sûr heureux de voir l'inclusion de la collecte de données ventilées selon la race. Nous remarquons toutefois que la façon dont ces données seront recueillies ne donnera qu'une idée partielle de la situation. Non seulement les données démographiques sont-elles partielles, mais on ne fait que recueillir des données fondées sur la race. Nous avons certainement entendu, au sein de notre organisation et d'organisations partenaires, beaucoup de plaintes concernant la discrimination fondée sur les antécédents religieux, la nationalité, la langue et les personnes ayant des problèmes de santé mentale qui font face à des mesures coercitives disproportionnées de la part de l'ASFC. Nous pensons donc qu'il est important de recueillir un ensemble plus vaste de données démographiques.
De plus, le fait de recueillir des données uniquement auprès des personnes qui déposent des plaintes ne nous dit pas qui n'en dépose pas. Nous passons à côté des personnes les plus vulnérables, qui doivent encore surmonter des obstacles en portant plainte devant la commission. À notre avis, il est important que l'ASFC et la GRC aient le pouvoir de recueillir des données sur les personnes avec lesquelles elles interagissent de façon plus régulière, afin que nous ayons une meilleure idée de ce à quoi ressemble cette population. Qui se plaint et qui ne se plaint pas? Quels sont les problèmes systémiques qui émanent de tierces parties qui nous fournissent les preuves et les faits sur lesquels nous fonder pour formuler des recommandations en matière de politiques afin de voir ce changement?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie également, mesdames Merlo et Jarvis. Je ne vais pas répéter ce que ma collègue Mme Dancho a dit tout à l'heure, mais je suis tout à fait d'accord avec elle. Je vous remercie de votre courage. Vous avez certainement aidé des centaines de femmes. Il est dommage de voir que les changements qu'on aimerait voir ne se produisent pas toujours. Quoi il en soit, je suis certaine que vous contribuez à ce que ces changements se produisent un jour.
Vous avez parlé de l'importance de ne plus avoir d'accords de confidentialité en soulignant qu'ils réduisent les victimes au silence. Cela met aussi en cause des considérations d'ordre économique, comme vous le soulignez sur votre site Web, je crois. Vous dites que des centaines de millions de dollars des contribuables sont utilisés pour indemniser les victimes d'inconduite et de crimes de la Gendarmerie royale du Canada, mais que ni cette dernière ni le gouvernement fédéral ne font quoi que ce soit pour corriger le tir. Imaginons ce qu'on pourrait faire si les communautés canadiennes avaient tout cet argent à réinvestir dans le maintien de l'ordre dans leurs communautés.
J'aimerais vous entendre parler en particulier de l'importance de ne plus avoir d'accords de confidentialité, à la fois pour les victimes et pour le maintien de l'ordre, comme vous l'avez mentionné. Je ne sais pas de quelle façon cela pourrait s'insérer dans le projet de loi . Si vous avez une suggestion à cet égard, je suis prête à l'entendre.
J'imagine que, si une personne dépose une plainte, c'est parce qu'elle a vécu un événement traumatisant. Or, ce traumatisme se perpétue certainement dans le processus de dépôt d'une plainte. Il est donc compréhensible qu'une personne ne veuille pas poursuivre le processus auprès de la Commission.
J'ai entendu Mme Lahaie dire un peu plus tôt que, dans certains cas, la Commission aimerait pouvoir déclencher des enquêtes de son propre chef, sans que le plaignant ait au préalable déposé de plainte ou demandé un nouvel examen de son dossier. Que pensez-vous de cette proposition? Serait-ce une bonne chose que la Commission puisse, de son propre chef, décider d'examiner un dossier?
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Nous estimons qu'aucun agent de la GRC ne peut participer à la commission ou enquêter sur les plaintes qui lui sont soumises. Les plaintes doivent faire l'objet d'une enquête indépendante. Elles ne peuvent pas retourner à la GRC pour que celle‑ci fasse enquête, ce qui est malheureusement ce qui se produit.
De plus, toutes les décisions prises par la commission doivent être exécutoires. Comme on l'a dit tout à l'heure, lorsqu'il est déterminé qu'un agent a enfreint les règles et qu'il y a eu inconduite ou autre chose, la commission envoie ses recommandations à la GRC. Ils n'entendent jamais ce qui se passe. Malheureusement, habituellement, rien ne se produit.
Si la Commission dit qu'un agent doit être congédié, peu importe qu'il s'agisse d'un ami du commissaire ou d'un haut gradé, il est congédié. Malheureusement, ce qui arrive souvent, c'est que si vous avez des amis, il ne se passe rien.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins de leurs témoignages extrêmement convaincants.
Madame Jarvis et madame Merlo, mes collègues ont déjà parlé du courage dont vous avez fait preuve en vous manifestant. Il ne fait aucun doute que vos témoignages... que j'ai trouvés profondément troublants. Bon nombre des faits dont nous étions au courant, mais c'est incroyable quand on pense aux crimes commis en toute impunité au sein de la GRC. Soyez assurées que vos témoignages ont un impact. Tout le monde autour de la table prend cette question très, très au sérieux alors que nous nous préparons à passer à la prochaine étape, c'est‑à‑dire à faire en sorte que le projet de loi réponde aux questions que vous soulevez.
Je voulais vous poser deux questions. Premièrement, un milieu de travail toxique est souvent un symptôme de ce qui peut être une approche très toxique de la part d'une organisation. Autrement dit, nous ne pouvons pas séparer la façon dont le public peut être traité dans certaines situations de ce qui se passe à l'interne. Vous avez parlé de ce milieu de travail toxique. Est‑ce essentiellement votre message, que si nous prenons un processus de traitement des plaintes au sérieux, nous devons nous assurer que l'institution fonctionne au plus haut niveau possible, dans le respect des policiers et du public à tous les niveaux?
J'aimerais passer à Mme Webster et à M. Bellegarde.
Juste avant votre arrivée, nous avons entendu le témoignage de Mme Lahaie, présidente de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes. Elle a soulevé des préoccupations générales au sujet du manque de ressources.
Compte tenu de ce que vous avez dit, madame Webster, au sujet du traitement des nouveaux Canadiens et des non-Canadiens et de la réaction à certains des cas horribles à l'ASFC, et de vos commentaires, monsieur Bellegarde, au sujet du traitement épouvantable des peuples autochtones, n'est‑il pas fondamentalement important que nous vous donnions les ressources nécessaires?
Mme Lahaie a dit que la probabilité la plus raisonnable est que la commission recevrait environ 50 % des sommes dont elle a réellement besoin. Est‑ce que ce sont des préoccupations que vous avez tous les deux?
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Je vous remercie de cette question.
L'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés est tout à fait d'accord pour dire qu'il est important d'avoir les ressources nécessaires. Nous sommes tout à fait d'accord avec le témoignage de Mme Lahaie, à savoir qu'il est tout aussi important d'enquêter sur les plaintes des personnes que sur les problèmes systémiques. Il est donc essentiel que la commission puisse faire les deux et ne soit pas empêchée de mener des examens d'activités précises ou, comme nous le suggérons également, d'enquêter sur des plaintes systémiques, parce que cela pourrait réduire les ressources consacrées aux enquêtes sur les plaintes de personnes.
Nous sommes d'accord avec les divers témoins qui ont comparu devant vous et qui ont souligné l'importance cruciale des problèmes systémiques pour opérer un changement de culture et s'attaquer, par exemple, au racisme systémique. Comme ma collègue l'a dit tout à l'heure, nos membres et nos propres clients nous font régulièrement état d'abus de pouvoir qu'ils constatent dans leurs rapports avec l'ASFC, surtout dans le contexte des renvois et celui de l'entrée au Canada. Il faut enquêter là‑dessus.
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Oui, merci, monsieur le président.
Tout à fait. Je pense qu'il faut examiner les ressources de deux points de vue. Il y a d'abord le fonctionnement de la commission elle-même. Il faut que les ressources soient suffisantes. Je ne sais pas exactement quel sera le niveau de plaintes.
C'est aussi pour les groupes de défense ou les personnes qui se manifestent. Beaucoup des gens qui voudraient que des plaintes du public soient déposées n'ont pas les ressources pour le faire. La question de l'accessibilité est cruciale pour avoir confiance dans le processus et l'accessibilité pour obtenir le soutien dont ils ont besoin pour déposer une plainte du public.
Il n'a pas été facile pour les gens de contester une institution aussi autoritaire que la GRC dans la vie des peuples des Premières Nations de l'Ouest, à commencer par la Police à cheval du Nord-Ouest. Il faudra beaucoup de soutien.
C'est la raison pour laquelle j'ai parlé de l'unité des enquêtes spéciales de la FSIN, qui est financée par la province, mais qui traite des plaintes aux municipalités et à la GRC à la première étape. Elles passent ensuite aux autres institutions de la province.
Nous n'avons jamais eu beaucoup de succès avec la GRC. C'est lourd. Il est difficile d'obtenir une réponse et il faut tout simplement trop de temps pour le faire.
Nous avons absolument besoin des ressources nécessaires pour que cette commission fonctionne — 45 millions de dollars, je crois.
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Merci beaucoup de la question, madame Michaud.
[Traduction]
Dans notre mémoire, nous indiquons une ligne rouge sommaire sur la façon d'aborder la question des plaintes de tiers. Nous sommes heureux de voir que des tiers peuvent, selon la version actuelle du projet de loi, déposer des plaintes avec le consentement écrit exprès d'une personne.
Cependant, nous aimerions que le projet de loi soit modifié de façon à permettre explicitement le dépôt de plaintes liées à des problèmes systémiques ou de politiques. Il suffirait de modifier l'article 52, qui permet actuellement à la commission de refuser de traiter une plainte si elle ne vient pas d'une personne. C'est le genre de situation où la commission a le pouvoir de refuser d'exercer sa compétence. Une simple modification permettrait aux organisations de porter plainte.
Je tiens également à souligner que les tierces parties sont essentielles et qu'elles ne sont vraiment utiles pour déposer ce genre de plaintes que si elles sont bien informées. Cela découle en partie de l'expérience de leurs membres, comme notre organisation, mais aussi en partie de la publication de renseignements par la commission elle-même.
À l'heure actuelle, les types de publications disponibles sont limités. Certains rapports ne sont publiés que sous forme de résumé, par opposition au rapport complet. Nous aimerions qu'il y ait plus de transparence, car cela peut éclairer d'autres plaintes de tierces parties à l'avenir.
Dans le même ordre d'idées, nous aimerions également que la commission dispose de plus de pouvoirs de recours, non seulement pour ce qui est de l'application des recommandations, mais aussi pour ce qui est de la possibilité de suspendre le renvoi ou de prendre des mesures provisoires. Cela permettrait de déposer une plainte pour informer la commission et ses activités sans qu'une personne soit expulsée au beau milieu du processus.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins de leurs témoignages très puissants et très sages qui, à mon avis, nous aideront, nous les membres du Comité, à travailler sur les lacunes du projet de loi, c'est certain, et à améliorer le projet de loi pour qu'il soit le meilleur possible.
Comme Mme Lahaie l'a mentionné dans le groupe de témoins précédent, nous avons aussi un important problème de sous-financement. C'est un problème majeur.
J'ai interrogé Mme Basman et Mme Webster au sujet de l'ASFC. Je n'ai pas vraiment eu le temps de faire un suivi auprès de M. Bellegarde, alors j'aimerais le faire maintenant.
Pour ce qui est des ressources, comme Mme Lahaie l'a dit dans son témoignage, la commission n'a pas les ressources nécessaires pour traiter les plaintes dans les communautés de langue inuktitut du Nord.
Dans quelle mesure est‑il important que la commission dispose de ressources suffisantes? Par exemple, en ce qui concerne les communautés autochtones où il peut y avoir une langue comme l'inuktitut où il serait de beaucoup préférable que l'enquêteur parle cette langue, dans quelle mesure est‑il important d'assurer une représentation autochtone au sein de la nouvelle commission et un appui aux langues autochtones avec des ressources adéquates?
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Je pense que c'est essentiel. Encore une fois, cela soulève la question de l'accessibilité, du respect du processus et de la confiance dans le processus.
Dans le Nord de la Saskatchewan, il y avait ce qu'on appelait un tribunal cri, où le juge s'adressait aux accusés en cri. L'interprète était là pour la GRC et pour les avocats de la défense. Cela a vraiment aidé les collectivités à avoir confiance dans le système, alors je pense que c'est essentiel.
En Saskatchewan, dans le Nord de l'Ontario et de l'Alberta, le cri est l'une des principales langues, de même que le déné. Il y en a d'autres que l'inuktitut.
Il y a des gens dans les collectivités qui travaillent comme agents de la justice ou défenseurs de la justice lorsqu'ils ont des conseils tribaux, qui les soutiennent dans le Nord, alors je pense que l'infrastructure est là. La question pour la commission est de savoir comment utiliser au mieux cette infrastructure pour avoir une façon mutuellement acceptable de traiter les plaintes du public afin que les défenseurs, les plaignants eux-mêmes et la commission, en fin de compte, aient une relation vraiment solide fondée sur la langue, si vous voulez l'appeler ainsi.
Oui, nous devons nous pencher là‑dessus sans l'ombre d'un doute. On compte 68 langues autochtones au pays. Elles ne sont pas toutes nécessaires, bien sûr, mais pour ceux qui en ont besoin, nous allons devoir trouver un moyen de les fournir.