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Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 85e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Conformément au Règlement, la réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride. Les membres du Comité participent à la réunion en personne, dans la salle, ou à distance, avec l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des témoins et des députés.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Un effet larsen pourrait se produire. Ce problème de son peut être très nocif pour les interprètes et leur causer des blessures graves. Le plus souvent, l'effet larsen survient lorsque l'on place une oreillette trop près d'un microphone. Nous demandons donc à tous les participants de faire preuve d'une grande précaution lorsqu'ils manipulent leurs oreillettes, en particulier lorsque leur micro ou celui de leur voisin est allumé.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 23 octobre 2023, le Comité poursuit son étude des droits des victimes, du reclassement et du transfèrement des délinquants fédéraux.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Du Service correctionnel du Canada, ou le SCC, nous accueillons M. Anne Kelly, commissaire; Mme Kirstan Gagnon, commissaire adjointe, Communications et engagement; et Mme France Gratton, commissaire adjointe, Opérations et programmes correctionnels. Du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, nous recevons M. Chad Westmacott, directeur général, Sécurité communautaire, services correctionnels et justice pénale; et M. Shawn Tupper, sous-ministre. Est également des nôtres, du Bureau de l'enquêteur correctionnel du Canada, M. Ivan Zinger, enquêteur correctionnel du Canada.
Bienvenue à tous. Vous avez cinq minutes pour nous présenter vos observations préliminaires au nom de vos organisations respectives, après quoi nous passerons aux questions des députés.
J'invite maintenant Mme Kelly à nous soumettre ses remarques liminaires.
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Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole dans le cadre de votre étude sur le classement par niveau de sécurité et le transfèrement des délinquants, ainsi que sur les droits des victimes d'actes criminels.
Ces questions ont grandement attiré l'attention du public à la suite du transfèrement, l'été dernier, du délinquant Paul Bernardo d'un établissement à sécurité maximale vers un établissement à sécurité moyenne. J'aimerais prendre le temps aujourd'hui d'expliquer plus en détail comment nous procédons au classement par niveau de sécurité ainsi que la façon dont nous nous y prenons pour assurer le respect des droits des victimes.
[Traduction]
Alors que nous sommes réunis ici, mes pensées accompagnent les victimes et les membres de leurs familles. Ce que ces gens‑là ont vécu est inimaginable. Ce délinquant a commis des crimes horribles, et il va de soi que le simple fait d’entendre les détails de cette affaire a suscité de vives émotions. Je déplore la douleur et les inquiétudes que la situation a pu engendrer. La sécurité du public et des victimes demeure un facteur prépondérant dans toutes les décisions que nous prenons.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je travaille au Service correctionnel du Canada depuis 40 ans. J’ai consacré ma carrière au service de la population canadienne et au maintien de la sécurité publique. Je peux vous certifier d'expérience que notre système correctionnel peut uniquement fonctionner si nous exerçons nos fonctions dans le respect de la loi.
Au Canada, la réhabilitation des délinquants constitue l’un des rôles fondamentaux de notre système correctionnel et fait partie intégrante du mandat qui lui est conféré par la loi. Cela vaut pour toutes les personnes dont nous avons la charge et la garde, y compris les délinquants susceptibles de demeurer incarcérés pour le reste de leurs jours.
La loi oblige le SCC à attribuer une cote de sécurité à tous les détenus et à la réévaluer régulièrement. Dans les deux cas, notre approche est très rigoureuse. Elle inclut une composante statistique reposant sur des outils actuariels fondés sur la recherche, et une composante clinique s'appuyant sur l'évaluation d'un ensemble de facteurs par des professionnels spécialement formés à cette fin. L’Échelle de classement par niveau de sécurité et l’Échelle de réévaluation de la cote de sécurité sont deux outils actuariels qui génèrent une cote en fonction des antécédents du détenu, lesquels peuvent inclure les incidents de sécurité, les évasions et la gravité des infractions commises.
L’évaluation comprend en outre la prise en compte par les agents de libération conditionnelle de trois facteurs prévus dans la loi et les politiques, soit le degré de surveillance et de contrôle requis au sein de l’établissement, ce qu’on appelle également l’adaptation au milieu carcéral, le risque d’évasion et le risque pour la sécurité publique.
L'évaluation définitive du risque, qui combine la cote actuarielle et l'évaluation des trois facteurs susmentionnés permet de déterminer la cote de sécurité du détenu. Celui‑ci doit alors être placé dans un établissement qui correspond à sa cote de sécurité.
Il est important de souligner qu’un détenu peut être placé ou renvoyé dans un établissement de niveau de sécurité supérieur à tout moment, si cela est jugé nécessaire pour assurer la sécurité d’un établissement ou du public. Au moment de déterminer l’établissement qui convient le mieux pour gérer un détenu, la loi exige que le SCC tienne compte d’un certain nombre de facteurs, dont la disponibilité des programmes et des services pertinents.
[Français]
Le Service a toujours exigé la prise en compte de l'information relative aux victimes dans la prise de décisions et la formulation de recommandations. À tout moment, au cours de la peine d'un délinquant, une victime peut présenter une nouvelle déclaration au Service ou mettre à jour sa déclaration. Avant la prise de toute décision, l'équipe de gestion de cas est tenue de prendre en compte ces déclarations dans le cadre de l'évaluation globale menée en vue d'un transfèrement.
Au Service, nous nous efforçons de communiquer aux victimes les renseignements dont elles ont besoin pour se faire entendre de manière efficace au sein du système correctionnel. De plus, nous veillons à ce que les victimes soient traitées avec compassion et respect, et de manière équitable.
[Traduction]
J’ai entendu de nombreux points de vue différents après le transfèrement de Paul Bernardo. C’est la raison pour laquelle j’ai cru bon d’ordonner la tenue d’un examen supplémentaire. J’ai ainsi voulu m’assurer que les décisions avaient été prises dans le respect de la loi, des politiques et des procédures qui régissent notre travail. Bien que le comité d’examen ait conclu que le SCC a agi conformément aux lois et politiques pertinentes, il a aussi recommandé que je mette sur pied un comité de travail multidisciplinaire chargé d’améliorer les politiques et les pratiques touchant les victimes. J’ai accueilli cette recommandation et j’y ai donné suite.
Le comité est composé de 11 membres, dont des victimes, des membres de comités consultatifs régionaux sur les victimes dirigés conjointement par le SCC et la Commission des libérations conditionnelles du Canada, des experts du domaine correctionnel et des représentants de l’Ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels. Le Comité multidisciplinaire sur les services aux victimes a entamé ses travaux le 17 novembre. Au cours des prochains mois, il se penchera sur la façon dont nous fournissons des services aux victimes d’actes criminels ainsi que sur d’autres domaines où des améliorations peuvent être apportées.
Nous avons par ailleurs entrepris récemment un examen de nos politiques afin de déterminer comment nous pouvons mieux servir les victimes et leur communiquer plus rapidement de l’information sur les délinquants qui leur ont causé du tort.
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Merci, monsieur le président.
Je suis reconnaissant de l’occasion qui m’est donnée de prononcer quelques mots sur le travail de Sécurité publique Canada dans le cadre de votre étude sur les droits des victimes d’actes criminels, le reclassement et le transfèrement des délinquants fédéraux.
Comme vous l'avez indiqué, je suis accompagné aujourd'hui de M. Chad Westmacott, notre directeur général, Sécurité communautaire, services correctionnels et justice pénale.
Monsieur le président, d’un point de vue législatif, Sécurité publique Canada est responsable de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. À ce titre, je parlerai du travail de mon ministère dans ce contexte. J’aimerais toutefois souligner que nous n'avons pas notre mot à dire dans les décisions opérationnelles du Service correctionnel du Canada, qui relèvent de ma collègue ici présente.
La Loi précise clairement que les pouvoirs décisionnels liés aux activités relèvent uniquement du SCC. Comme vous le savez, cette loi guide le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles dans la façon dont les peines fédérales de deux ans ou plus sont mises en œuvre. Elle constitue également le fondement des droits à l’information, à la protection et à la participation des victimes de délinquants sous responsabilité fédérale, tels qu’ils sont énoncés dans la Charte canadienne des droits des victimes.
[Français]
Le Bureau national pour les victimes d'actes criminels de Sécurité publique Canada est une ressource importante en ce qui concerne la façon dont nous fournissons de l'information. Il aide les victimes à s'orienter dans le système correctionnel et de mise en liberté sous condition fédéral en leur fournissant l'information dont elles ont besoin sur leurs droits et les services fédéraux qui leur sont offerts.
Les commentaires des victimes nous permettent constamment d'ajuster et d'améliorer l'information que nous communiquons. Un exemple serait la façon dont nous contribuons à expliquer les règles de base du calcul des peines pour les délinquants sous responsabilité fédérale, notamment en ce qui concerne la façon dont les dates d'admissibilité pour divers types de mise en liberté sont déterminées.
Depuis 2015, le Bureau national pour les victimes d'actes criminels a distribué plus de 80 000 exemplaires de ses publications.
[Traduction]
Le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles du Canada fournissent aux victimes inscrites des renseignements sur le délinquant sous responsabilité fédérale qui leur a causé un préjudice. Ils aident également les victimes à soumettre des déclarations de la victime, qui peuvent être prises en compte dans la prise de décisions et qui peuvent faciliter la participation des victimes aux audiences de libération conditionnelle.
Le 20 juillet 2023, une directive ministérielle intitulée « Échange de renseignements : Cote de sécurité et transfèrement des délinquants » a été émise à l'intention du Service correctionnel du Canada. On y reconnaît le fait qu’il est possible d’en faire davantage pour veiller à ce que les droits des victimes soient pris en considération plus tôt dans le cadre du processus décisionnel. Cela comprend la mise en œuvre d’une approche qui tient compte des victimes. La directive a pour but d’améliorer le mécanisme de notification des victimes inscrites, notamment quant aux modalités concernant le moment et la façon de communiquer cette notification relative à la cote de sécurité et au transfèrement.
Des efforts sont actuellement déployés, aussi bien à Sécurité publique Canada qu'au SCC, afin de déterminer les changements stratégiques et législatifs à apporter pour la mise en œuvre de la directive. En outre, mon ministère appuie les récentes modifications législatives visant à consolider le Registre national des délinquants sexuels et à mieux habiliter les victimes d’actes criminels.
Pour veiller à ce que les victimes connaissent leur droit à l’information, les juges seront maintenant tenus de demander si les victimes veulent recevoir régulièrement des informations sur leur dossier après la condamnation. Ils seront également tenus de veiller à ce que les souhaits des victimes, s’ils sont connus, soient consignés au dossier de l’instance. En recevant des tribunaux les coordonnées de la victime, le Service correctionnel du Canada pourra inscrire les victimes de façon proactive pour qu’elles puissent recevoir les renseignements, au lieu de leur imposer ce fardeau.
En vertu de la Charte canadienne des droits des victimes, les victimes peuvent également se plaindre directement auprès des ministères et organismes fédéraux si elles estiment que leurs droits ont été bafoués ou violés afin que l'on puisse rapidement trancher sur la question. Qui plus est, si le résultat d’une plainte n’est pas satisfaisant pour la victime, il y a un ombudsman des victimes d’actes criminels prêt à lui venir en aide.
Mon ministère joue également un rôle en vue d’accroître la transparence du processus de traitement des plaintes. Le Bureau national pour les victimes d’actes criminels, en collaboration avec les partenaires au sein du portefeuille, produit un rapport annuel qui compile les renseignements normalisés sur les plaintes et la façon dont elles ont été réglées. Nous et nos partenaires, sommes ainsi mieux à même de surveiller les tendances nouvelles et émergentes, de régler les problèmes systémiques dans l'application des politiques et de trouver des moyens de réduire davantage le fardeau des victimes.
En ce qui concerne la mise en oeuvre de la Charte canadienne des droits des victimes dans le système correctionnel et de mise en liberté sous condition fédéral, le Bureau a tenu jusqu’à présent cinq tables rondes nationales afin que nous puissions tous aborder cette question de la bonne façon.
[Français]
Nous avons parlé de responsabilisation, de la façon dont les délinquants sont réintégrés, de justice réparatrice, de sensibilisation et de mobilisation.
Notre ministère s'engage à mettre en œuvre la Charte canadienne des droits des victimes. Les victimes doivent être traitées avec compassion et respect. Nous demeurons déterminés à leur fournir des renseignements exacts et opportuns, conformément aux lois et aux politiques et de la manière dont elles nous ont dit qu'elles voulaient les recevoir.
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Je vous remercie pour votre question à laquelle je vais devoir répondre à la fois par oui et par non.
Comme vous le savez, nous sommes un organisme indépendant ayant un rôle d'ombudsman. Nous enquêtons sur les plaintes en mettant l'accent sur le respect de la loi.
Généralement, les plaintes que nous recevons concernant les transfèrements font suite à une demande qui a été refusée. Nous enquêtons alors pour déterminer si le refus était justifié. En l'espèce, nous avons effectivement communiqué avec M. Bernardo, comme on le souligne dans le rapport du comité d'examen mis sur pied à l'initiative de la commissaire.
Ce n'est pas M. Bernardo qui nous a demandé de nous pencher sur le refus de sa demande de transfèrement dans un établissement ontarien. Il était de toute évidence…
Je dirais que, dans ce cas‑ci, Paul Bernardo a reçu la peine la plus sévère que nous avons dans le système de justice pénale, soit une peine d'emprisonnement à perpétuité. Il a également été désigné comme étant un délinquant dangereux, et la peine est le châtiment.
En ce qui concerne les différentes classifications de sécurité, dans les établissements à sécurité maximale, l'individu présente un risque élevé lié à l'adaptation en établissement, ce qui signifie qu'il requiert un niveau élevé de contrôle et de supervision, ou présente un risque élevé d'évasion ou un risque élevé pour la sécurité publique. Si vous êtes incarcéré dans un établissement à sécurité minimum, vous devez présenter un risque faible pour l'adaptation en établissement, l'évasion et la sécurité publique. Les établissements à sécurité moyenne incluent d'autres types de classifications.
De toute évidence, les établissements à sécurité maximale et moyenne ont le même contrôle du périmètre. Cependant, dans les établissements à sécurité maximale, c'est strictement contrôlé à l'intérieur, tandis que dans les établissements à sécurité minimum, c'est moins contrôlé, mais c'est quand même contrôlé. C'est la différence entre les niveaux de sécurité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je salue les témoins et les collègues qui sont ici pour notre étude.
Monsieur Zinger, en préambule, je me permets de citer un article de Radio‑Canada:
Après un examen rapide du rapport du Service correctionnel, l'avocat Tim Danson, qui représente les familles French et Mahaffy [...] croit qu'il est inapproprié de s'appuyer sur le principe qui veut qu'un détenu soit emprisonné dans l'environnement qui est le « moins restrictif » en tenant compte de sa classification.
À son avis, cette règle ne peut s'appliquer automatiquement à tous les détenus et la loi devrait conséquemment être modifiée pour tenir compte de la situation des délinquants les plus dangereux.
L'avocat conteste aussi l'argument selon lequel le Service correctionnel est limité dans les informations qu'il peut communiquer pour respecter la vie privée du détenu et la confidentialité.
Tim Danson dit aussi qu'« il est temps pour le gouvernement de réévaluer complètement le besoin de transparence dans le système des services correctionnels et des libérations conditionnelles. »
Monsieur Zinger, en 2018, votre bureau avançait que Service correctionnel Canada manquait de transparence et d'imputabilité. Cela concerne-t-il aussi les transfèrements de détenus et l'examen des décisions les visant? Votre avis a-t-il changé depuis?
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Nous voyons maintenant que la majorité des Canadiens sont d'accord sur les principes sous-jacents relatifs au Service correctionnel du Canada. On parle de mettre l'accent sur la réhabilitation et du fait que la punition est d'envoyer les gens en prison.
[Traduction]
C'est une peine, pas un châtiment.
[Français]
Les gens sont d'accord sur l'idée que les détenus retiennent tous leurs droits, sauf ceux qui ont été restreints. Cela s'applique à la grande majorité des détenus. Le problème, c'est que, lorsqu'on commence à avoir des cas beaucoup plus difficiles ou problématiques, le fait d'appliquer ces mêmes principes devient un vrai défi. Cela teste le système.
Vous avez parlé des droits des victimes. À mon avis, s'il y a une chose que le Comité peut faire, c'est se pencher un peu sur la perception du public. Selon cette perception, il y a un manque de cohérence entre les droits des victimes et ceux des détenus. J'espère que tous les membres du Comité vont pouvoir en arriver à un consensus à cet égard. Je suis d'accord sur le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'une perception; c'est la réalité et des faits s'ajoutent à cela. Je crois que le gouvernement fédéral pourrait en faire beaucoup plus à cet égard. Je suis absolument prêt à vous donner mes avis sur cette question.
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Vous avez parlé de la perception. La perception découle de l'information qui est transmise au public. Le lien de confiance s'établit, ou non, par la suite.
Je vais revenir sur deux mots très importants: « transparence » et « imputabilité ». Ce n'est pas moi qui ai inventé ces mots, puisque c'est votre bureau qui a les a mentionnés en 2018. Aujourd'hui, nous parlons de la perception, de l'information qui a été transmise en lien avec le cas de M. Bernardo.
Ce qui a été évoqué par votre bureau en 2018 concerne-t-il aussi le transfèrement des détenus et l'examen des décisions les visant? Entre 2018 et 2023, est-ce que les choses ont changé? Si les choses n'ont pas changé, qu'est-ce qui pourrait être mis en place pour améliorer la transparence de l'agence, selon vous?
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Il est clair pour moi que cela continue de poser un problème.
Au cours des deux derniers mois, par exemple, j'ai continué d'insister pour que le Canada ratifie le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Mon objectif est d'amener le Canada à améliorer sa structure afin d'ajouter un aspect externe de surveillance non seulement au Service correctionnel du Canada, mais aussi à tout établissement de détention au Canada. Voilà une mesure possible.
Pour revenir à toute la question des victimes, je crois que ce n'est pas juste une question de perception. Au Canada, quand il s'agit des droits des accusés et des prisonniers, il semble y avoir toutes sortes de recours, et j'en suis conscient.
Or, ce n'est pas toujours le cas pour les victimes. Je crois qu'il y a un gros travail à faire. Selon moi, on pourrait revoir le Code criminel et la procédure des cours criminelles pour améliorer le simple fait qu'il y a beaucoup des soi-disant droits des victimes qui ne sont pas vraiment des droits. En effet, il ne peut pas y avoir de droit s'il n'y a pas de recours.
Je pourrais aussi considérer que le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels est chapeauté par le ministère de la Justice. Or, selon moi, il devrait être régi par une loi distincte et être indépendant. Il devrait également bénéficier d'un budget similaire au mien. En ce moment, je crois que le budget de l'ombudsman s'élève à 1,2 million de dollars. Or, le mien s'élèvera l'an prochain à 7,5 millions de dollars. En ce qui concerne les perceptions, cela n'a aucun sens qu'il n'y ait pas de parité sur ce point.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, je suis ici pour remplacer mon collègue, le député Peter Julian. Je tiens à exprimer mes condoléances aux familles et aux victimes de Paul Bernardo, car je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire.
Ma première question s'adresse à vous, madame Kelly.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé de l'importance des droits des victimes dans la prise de décisions, des communications avec les victimes et de l'adoption d'une approche fondée sur la compassion et le respect des victimes.
Pouvez-vous préciser comment vous avez suivi le processus visant à garantir les droits des victimes lors de la prise de décisions concernant le transfert de Paul Bernardo d'un établissement à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne?
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Dans le cadre du processus de transfert, nous devons tenir compte du fait que les victimes ont présenté des déclarations. Ces déclarations sont prises en considération.
Dans le cas du transfert en question, nous avons communiqué avec les victimes, et je me suis entretenue avec l'une d'entre elles avant que l'affaire soit examinée. Après l'examen du dossier, nous avons à nouveau communiqué avec les victimes, et j'ai discuté avec bon nombre d'entre elles pour passer en revue les conclusions et les recommandations. À la suite de cet examen, il a été recommandé, comme je l'ai dit, de créer un comité multidisciplinaire, ce qui a été fait. J'ai mentionné la composition du comité. Jusqu'ici, il y a eu deux réunions.
Nous allons écouter les victimes. Nous allons être à l'écoute de leurs besoins et nous allons améliorer nos politiques et nos pratiques en matière d'échange de renseignements.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, merci à tous les témoins de votre présence aujourd'hui. Je vais commencer avec Mme Kelly.
En 2018, la Commission des libérations conditionnelles du Canada a conclu que M. Bernardo présentait un risque élevé de violence envers un partenaire intime et qu'il était insensible, désinvolte, pompeux, sournois, trompeur, manipulateur et menteur.
En 2021, la Commission des libérations conditionnelles du Canada a fait état que M. Bernardo présentait des traits psychopathes tels que l'arrogance, la mentalité du « tout lui est dû » et un manque d'empathie, qui ne peuvent pas être traités. Le psychiatre de la Couronne chargé de désigner M. Bernardo comme délinquant dangereux a trouvé des preuves de paraphilie, de trouble de la personnalité narcissique, d'abus d'alcool et de psychopathie.
Patrick LeSage, le juge de première instance de M. Bernardo, a déclaré qu'il est un « délinquant dangereux » et un « psychopathe sexuellement sadique » dont la probabilité « d'être soigné est extrêmement faible ».
Estimez-vous que cet homme a sa place dans une prison à sécurité moyenne?
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Monsieur Zinger, je vais vous céder la parole.
Le rapport du Comité d'examen du SCC fait état que le protocole de réévaluation du niveau de sécurité pour M. Bernardo a été appliqué 14 fois entre 1999 et 2022, toujours avec une recommandation de sécurité moyenne, mais qu'il a été remplacé à chaque fois par une recommandation de sécurité maximale, sauf cette fois‑ci. Ce qui est choquant, c'est qu'il s'est vu refuser un transfert et une reclassification à un niveau de sécurité moyenne quatre mois avant d'être enfin approuvé.
Le rapport fait également état que M. Bernardo a soudainement changé d'idée. En fait, le rapport semble indiquer que la réunion de votre bureau avec M. Bernardo a été le catalyseur de la volonté d'intégrer M. Bernardo.
Qui de votre bureau a rencontré M. Bernardo, et quelle était la nature de cette activité?
Comme vous l'avez mentionné, M. Bernardo s'est vu refuser la reclassification à plusieurs reprises. Nous n'avons jamais enquêté à ce sujet et nous n'avons jamais fait de recommandation pour qu'il soit transféré dans la catégorie de sécurité moyenne.
En fait, nous sommes intervenus assez tard dans le processus parce que le Service correctionnel du Canada n'a pas respecté son obligation de traiter une demande dans un délai donné, soit de 60 jours. Nous sommes intervenus en raison de cette allégation de non-respect de la politique en matière de traitement des demandes.
Nous avons rencontré le...
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Merci, monsieur Zinger.
Je n'ai que cinq minutes moi aussi, et il me reste environ une minute, alors je vous remercie. Je suis désolé de vous interrompre.
Madame Kelly, je vais revenir à vous pour vous poser rapidement une dernière question.
Pendant son incarcération, M. Bernardo a été l'instigateur de neuf incidents différents, dont la possession d'un objet non autorisé et la possession d'un objet de contrebande. Ses audiences de libération conditionnelle ont également confirmé qu'il n'éprouvait aucun remords pour ses crimes. Pourquoi ses antécédents derrière les barreaux et l'absence de remords pour ses crimes n'ont-ils pas joué un rôle plus important dans la révision de sa classification de sécurité?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être ici aujourd'hui.
Commissaire Kelly, je me réjouis que vous ayez parlé de la nécessité d'en faire plus pour ce qui est d'informer les victimes. Nous sommes tout à fait d'accord. Nous pensons qu'il est tout à fait inacceptable de penser que les victimes, en particulier dans ce cas, apprennent l'existence d'un transfert dans les médias. J'espère que votre équipe et vous examinez cette question de très près. C'est inacceptable. Je pense que ce comité attend avec impatience les futures recommandations et les changements que vous mettrez en oeuvre.
Nous avons reçu des témoins du syndicat des services correctionnels et des représentants de la Commission des libérations conditionnelles. Ils ont parlé de mieux informer les gens, mais je peux certainement voir l'équilibre entre la volonté de ne pas interférer dans un transfert et la notification publique, afin d'éviter ce type d'incidents. Il n'en est pas question ici, mais je pense qu'il s'agit d'une menace très réelle. Vous ne voudriez pas que quelqu'un essaie d'aider un détenu à s'échapper, par exemple, pendant un transfert. Je pense que c'est crucial, mais le fait de compter sur cela et celui de ne pas informer les familles des victimes ne constituent pas le bon équilibre.
Je vais m'arrêter là, car je crois savoir, comme vous l'avez déjà mentionné, que vous y travaillez.
Je veux parler de la suggestion que les députés d'en face ont faite à plusieurs reprises au sujet du projet de loi , qui est le catalyseur qui a permis que cela se produise. Selon une citation du Globe and Mail, le libellé original le « moins restrictif » a été présenté par Brian Mulroney dans les années 1990 et a été remplacé par le terme « nécessaire », qui a été défini par Stephen Harper. La citation provient de la Sécurité publique, alors peut-être que M. Tupper peut s'exprimer à ce sujet. Il a été suggéré que, peu importe si l'on utilise « moins restrictif » ou « nécessaire », le processus de l'échelle de classement par niveau de sécurité dans l'exemple de M. Bernardo n'aurait fait aucune différence. Connaissez-vous cette citation? C'est Magali Deussing qui l'a citée.
Pouvez-vous confirmer si vous estimez que l'échelle de classement par niveau de sécurité aurait été mise en oeuvre de la même manière, que le libellé soit le « moins restrictif » ou « nécessaire »?
Je dois admettre que, pour la population et même pour moi, surtout avant d'occuper ce poste, la compréhension de la différence entre un établissement à sécurité maximale et un établissement à sécurité moyenne... Ils semblent différents, mais ils ne sont pas un prolongement de la peine pour les crimes odieux ou les crimes en général. Même si des délinquants qui ont commis, disons, des crimes moins odieux sont dans un établissement à sécurité maximale, la cote de sécurité dépend vraiment de la sécurité, de la mobilité des travailleurs correctionnels à l'intérieur de l'établissement ou du risque d'évasion. Lors de notre dernière réunion, on nous a décrit la différence entre un établissement à sécurité maximale et un établissement à sécurité moyenne. Dans les établissements à sécurité moyenne, on trouve le même périmètre, mais pas les armes pour assurer le contrôle à l'intérieur de l'établissement. Cela permet un peu plus de mobilité pour les programmes.
Il y a un volet des programmes dont nous ne parlons pas. Nous avons entendu parler de la nature haineuse de Paul Bernardo, mais comment veille-t‑on à ce qu'il comprenne les conséquences de ses crimes et de ses actes et à ce que les victimes adoptent cette approche? On s'assurera ainsi qu'il ne pourra pas vivre sans comprendre le tort qu'il a causé aux victimes et, bien honnêtement, aux femmes partout au pays.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Kelly, je me permets de citer l'ancien ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, selon lequel la population canadienne mérite de savoir pour quelle raison le délinquant a été transféré d'une prison à sécurité maximale à une prison à sécurité moyenne. Il a déclaré: « Le système aurait dû faire mieux. [...] Il faut en faire davantage pour que les victimes soient au premier plan des décisions — et je suis déterminé à faire en sorte que ce soit accompli ». C'est tiré d'un communiqué paru en juillet dernier.
Nous connaissons le mandat de Service correctionnel Canada, le protocole relatif au transfèrement, et le droit à la vie privée des délinquants. Est-ce que, selon vous, le ministre est allé trop loin dans ses propos?
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Merci, monsieur le président.
Je vais continuer à vous poser des questions, madame Kelly.
M. Wilkins, qui a comparu ici avant ma participation au Comité et qui est le président du Syndicat des agents correctionnels du Canada, a dit dans son témoignage la semaine dernière que les agents correctionnels ne participent souvent pas, de concert avec les équipes de gestion de cas, à la prise de décisions concernant le transfèrement des détenus.
Est‑ce vrai? Pouvez-vous faire des commentaires à ce sujet?
:
Mon argument demeure valide. M. Bernardo a su qu'il allait être transféré avant que les familles des victimes en soient informées. Cela souligne encore une fois qu'on a accordé plus d'importance à l'agresseur qu'aux familles des victimes — les victimes, essentiellement.
Je pense que la situation met en lumière un élément qui ne va pas du tout dans notre système de justice. Nous avons d'innombrables exemples de revictimisation de personnes touchées par de tels scénarios. Je pense à Terri-Lynne McClintic, qui, nous le savons, a brutalement agressé, violé et assassiné une fillette de huit ans et qui a été transférée d'une prison à un pavillon de ressourcement. Ce n'est que par la suite que la famille en a soudainement été informée. Le père a parlé de l'incidence traumatisante que le transfert a eue sur lui.
Je pense à Nicholas Baig. En 2017, il était à Pickering, en Ontario — dans la circonscription de Mme O'Connell —, et il a assassiné sa femme. Elle était enceinte de neuf mois. Il l'a poignardée 17 fois, et il a été transféré d'un établissement à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne. Ce n'est que par la suite que la famille a été mise au courant. La mère a parlé de la situation, de la revictimisation et des répercussions que la décision a eues sur elle.
Je pense à Mark Smich. Il a brutalement tué deux personnes simplement parce qu'il était fasciné par la mort. Il a été condamné à deux peines d'emprisonnement à perpétuité, et lui aussi a été transféré d'un établissement à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne. Les familles ne l'ont su qu'après coup. Elles ont parlé des répercussions de cette revictimisation.
Je dois vous demander ceci, madame Kelly: croyez-vous vraiment que les victimes passent en premier?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence. Je pense que nous pouvons tous compatir pleinement avec les victimes et leurs proches. Je crois que c'est la raison pour laquelle nous sommes tous ici aujourd'hui. Nous tentons de comprendre les décisions qui ont été prises et qui ont mené au transfèrement dans un établissement à sécurité moyenne d'une personne aussi odieuse que Paul Bernardo.
Madame Kelly, j'aimerais commencer par vous. Le 20 juillet, soit la date à laquelle vous et le Service correctionnel du Canada avez publié l'examen sur le transfèrement de Paul Bernardo, la Presse canadienne vous a citée: « Sa présence dans un établissement à sécurité moyenne n'enlève rien au fait qu'il est psychopathe et qu'il a commis des crimes horribles et innommables. »
Comment se fait‑il, alors, que vous ayez pu qualifier Paul Bernardo de psychopathe ce jour‑là — ce que vous avez répété aujourd'hui — et que vous soyez quand même à l'aise avec votre décision?
:
Madame Kelly, permettez-moi de poursuivre sur cette lancée, alors, si vous pensez qu'il peut être réadapté d'une certaine façon ou qu'on peut le gérer.
J'ai reçu un courriel qui vous a été envoyé le 8 juin par ma concitoyenne, Marcia Penner, pour vous faire part de son opposition ferme à la décision prise par le SCC. Mme Penner était l'une des meilleures amies de Kristen French, qui a été violée et assassinée par M. Bernardo.
Dans sa lettre, elle écrit:
Cet « homme » est un monstre qui ne peut être réhabilité. C'est un pédophile violeur, kidnappeur et meurtrier en série. Il a été déclaré délinquant dangereux. Il fait partie des pires parmi les pires. S'il ne satisfait pas aux exigences obligatoires pour purger l'intégralité de sa peine dans un établissement de sécurité maximale, je vous prie de me dire qui les satisfait.
Dans votre réponse par courriel, vous avez fourni un lien vers la déclaration que vous avez publiée à ce sujet le 5 juin. Cependant, ce que je trouve plus intéressant, c'est votre bloc-signature, qui contient cette citation: « Le travail est un autoportrait de la personne qui l’a accompli. Marquez votre travail au sceau de l’excellence. » Je me demande sérieusement si cette décision de transfert était excellente.
Si Paul Bernardo n'a pas besoin d'être dans un établissement à sécurité maximale, quel délinquant dangereux, violeur ou tueur en série doit s'y trouver? Si Paul Bernardo — le pire des pires — n'a pas besoin d'y être, quel genre de délinquant doit y purger sa peine?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'avoir pris le temps de comparaître devant le Comité.
Mes questions s'adressent à Mme Kelly.
J'aimerais parler de l'Échelle de classement par niveau de sécurité. Lors de notre dernière réunion, j'ai cité le rapport de 2022 de la vérificatrice générale qui portait sur les obstacles systémiques dans les services correctionnels. Dans ce rapport, la vérificatrice générale indique ce qui suit:
Le personnel correctionnel doit évaluer les résultats de l’Échelle de classement par niveau de sécurité de chaque délinquant admis dans un établissement correctionnel afin de déterminer son niveau de sécurité.
La vérificatrice générale a constaté que le personnel correctionnel avait modifié la recommandation de l’Échelle dans 30 % des évaluations de sécurité, en octroyant un niveau de sécurité plus élevé dans près de la moitié des cas. Pourquoi a‑t‑on apporté des modifications dans 30 % des cas?
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais que vous m'aidiez à mieux comprendre la situation. Jusqu'à présent, au cours de cette réunion, on a beaucoup parlé du fait que Paul Bernardo a passé 30 ans dans un établissement à sécurité maximale. Vous avez discuté des facteurs qui sont pris en compte dans la décision liée à son transfert d'un établissement à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne, y compris l'adaptation au milieu carcéral, le risque d'évasion et le risque pour le public en cas d'évasion.
La justification que j'ai entendue jusqu'à présent concerne le fait que ce détenu a apparemment montré certains signes d'adaptation au milieu carcéral. Ne tient‑on pas compte d'une combinaison de facteurs? Pourquoi un facteur l'emporterait‑il sur les autres, y compris les risques connus en cas d'évasion ou le risque pour les autres détenus qui se trouveraient dans le même établissement à sécurité moyenne?
Il semble qu'on ait favorisé un facteur au détriment des autres. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet?
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D'accord. Je pourrais peut-être apporter une petite précision.
De l'extérieur — et je ne suis pas à l'intérieur de cette affaire —, nous entendons dire qu'un psychologue a indiqué dans son rapport que Paul Bernardo a participé à des programmes liés aux infractions commises, mais qu'il continue de manifester des attitudes et des comportements problématiques liés à ces infractions, et qu'il éprouve plusieurs problèmes liés à la réceptivité. Le psychologue a également formulé un avertissement selon lequel les améliorations manifestées par le détenu restaient « intermittentes ».
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je suis très inquiète lorsque je vois des rapports indiquant que Paul Bernardo affiche les mêmes comportements qu'auparavant, qu'il n'éprouve pas de remords et qu'il présente un risque élevé de — je n'arrive pas à trouver le mot exact pour l'instant — commettre à nouveau le même type d'infraction. Cela m'inquiète.
Comment est‑il possible que ce détenu soit passé d'une cote de sécurité maximale à une cote de sécurité moyenne, compte tenu des renseignements dont nous disposons et qui sont accessibles au public, ainsi que des inquiétudes qu'il suscite?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Aujourd'hui, nous avons entendu quelques questions sur les différences entre un établissement à sécurité maximale et un établissement à sécurité moyenne.
Madame Kelly, plus tôt aujourd'hui, vous avez mentionné qu'il y a plus d'occasions pour les délinquants dans les établissements à sécurité moyenne. Je ne m'excuse aucunement pour ce que je vais dire ensuite. Je m'attends à ce que Paul Bernardo n'ait aucune occasion et je tiens à ce qu'il n'en ait aucune.
Vous avez également mentionné qu'il a été incarcéré dans un établissement à sécurité maximale pendant 30 ans et qu'il s'est intégré au milieu carcéral, ce qui explique en partie qu'il ait reçu la cote de sécurité moyenne. Cependant, il ne s'était intégré que depuis quatre mois. Comment pourrait‑il changer autant en seulement quatre mois d'intégration, après avoir passé 30 ans dans un établissement à sécurité maximale?
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Merci pour votre réponse. Vous avez indiqué qu'il avait été suivi pendant cette période. J'espère que cet horrible criminel a été suivi tout au long de ses 30 années.
Madame Kelly, lors de notre dernière réunion, Jeff Wilkins, le président du syndicat des agents correctionnels, a exprimé de sérieuses inquiétudes quant au fait que la haute direction du Service correctionnel du Canada attribue régulièrement aux détenus une cote de sécurité différente ou plus faible que celle recommandée. Il a déclaré qu'il ne voyait pas d'inconvénient à ce que les détenus reçoivent une cote de sécurité plus élevée, mais que le fait de leur octroyer un niveau de sécurité inférieur pouvait entraîner de graves problèmes de sécurité publique. Nous avons appris que cette pratique avait contribué à l'évasion de deux détenus qui ont brutalement assassiné un homme de 60 ans en Colombie-Britannique.
Au cours de l'année dernière, dans combien de cas a‑t‑on remplacé la cote de sécurité d'un délinquant pour lui octroyer un niveau de sécurité inférieur?
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La question des « restrictions les moins privatives de liberté » ont fait l'objet de nombreux débats. J'espère donc que vous pourrez éclairer ce comité.
J'aimerais obtenir des précisions sur le nombre total de détenus qui ont été transférés d'un établissement à sécurité maximale à un établissement à sécurité minimale depuis le 1er janvier 2012. Je ne vous demande pas de me donner ce chiffre aujourd'hui, mais si vous pouviez me communiquer ces renseignements, ce serait formidable.
Mme Anne Kelly: D'accord.
M. Dane Lloyd: Deuxièmement, pouvez-vous fournir une justification pour le transfèrement de chacun de ces détenus? Je ne demande pas que vous me communiquiez de renseignement personnel... mais une justification générale des raisons de ces transfèrements au cours de cette même période.
Pour mon dernier tour, je note qu'à la page iv du rapport d'examen du transfèrement de M. Bernardo, le quatrième paragraphe indique qu'après le rejet de sa demande, en juin 2022, il a présenté une autre demande, en juillet 2022, après s'être intégré dans son unité.
À l'époque, le rapport indiquait ce qui suit:
Selon les renseignements fournis au comité d’examen, après que le délinquant eut présenté une demande de transfèrement...
Il y a là une partie caviardée.
..., le Bureau de l’enquêteur correctionnel (BEC) a entamé des discussions informelles concernant la cote de sécurité du délinquant, afin d’assurer le respect du principe des « restrictions les moins privatives de liberté » et autres exigences prévues par la loi, conformément à la LSCMLC.
Que savez-vous au sujet de l'intervention du Bureau de l'enquêteur correctionnel en ce qui concerne le reclassement de sécurité de Paul Bernardo et ses droits en vertu du principe des « restrictions les moins privatives de liberté »?
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Jusqu'à maintenant, vous avez fait... Nous avons constaté une réduction considérable du nombre de détenus qui se sont évadés, et je vous en félicite, vous et votre équipe. En 2006‑2007, nous avons atteint le nombre record de 38 détenus évadés, mais en 2016‑2017, leur nombre a atteint le niveau le plus bas en 20 ans, soit neuf évasions. Puis il y en a eu 13 en 2018‑2019, 12 en 2019‑2020 et 11 en 2020‑2021. Ce chiffre diminue régulièrement. C'est le résultat du bon travail que vous et votre équipe accomplissez, et je tiens à vous en féliciter.
Ce que je veux faire pendant mon intervention — et c'est le message que j'aimerais vous transmettre, à vous et à votre équipe, dont j'ai dit qu'elle avait fait du bon travail pour assurer la sécurité des Canadiens —, c'est de mentionner qu'à mon avis, quelque chose a, malheureusement, été fait incorrectement dans ce cas‑là, et j'espère que c'est ce sur quoi porte le travail que vous et votre équipe réalisez en collaboration avec le comité multidisciplinaire. Le problème, c'est la manière dont les familles des victimes ont été traitées dans ce cas‑là. Elles ont été informées du transfert, le matin où il avait lieu, sans avoir reçu le moindre conseil qui pouvait s'imposer après avoir entendu cette nouvelle et l'avoir vue dans les médias. L'effet que cela a dû avoir sur eux... Je dis cela en tant que père, en tant que frère, en tant que fils et en tant que député représentant ma collectivité, Vaudreuil-Soulanges. Je ne peux pas imaginer l'effet que cela a dû avoir sur eux, et la journée qu'ils ont vécue.
Il y a eu une omission dans ce cas‑là. Je suis heureux que vous le reconnaissiez, et j'espère vraiment — et je vous transmets ce message — que cette omission sera au cœur des travaux que ce comité réalise et qu'une diligence raisonnable sera mise en place pour garantir que les familles et les victimes seront traitées avec plus de diligence et d'attention à l'avenir.
C'est ainsi que je souhaitais utiliser ma série de questions aujourd'hui. Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Madame Kelly, le comité d'examen qui s'est penché sur le cas de Paul Bernardo a formulé deux recommandations. La première était que Service correctionnel Canada communique les conclusions de cet examen et les recommandations formulées aux victimes inscrites, et ce, avant toute divulgation d'information aux médias ou d'autres membres du public. Vous avez mentionné l'avoir fait.
La seconde recommandation était que Service correctionnel Canada renforce la notification aux victimes et l'engagement de ces dernières en mettant sur pied un comité qui se consacrera à ces efforts. Vous avez mentionné l'avoir fait également.
Concrètement, qu'est-ce qui a été mis en place au sein de votre organisation depuis la formulation de ces deux recommandations?
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Je vous remercie. Ces remerciements sont très appropriés.
La question posée par l'un de mes collègues conservateurs à propos de l'électeur qui disait, « Si Paul Bernardo n'est pas incarcéré dans un établissement à sécurité maximale, alors qui devrait l'être? », m'a vraiment interpellée. Je nous entends parler des différences qui existent entre l'expérience qu'aurait vécue Paul Bernardo dans un établissement à sécurité maximale comparativement à celle qu'il aurait vécue dans un établissement à sécurité moyenne. Pourquoi y a‑t‑il des établissements à sécurité maximale si l'expérience dans ces établissements n'est pas différente? Je ne comprends pas cela.
Un établissement à sécurité maximale semble être l'endroit idéal pour quelqu'un comme Paul Bernardo, qui ne montre aucun remords. Il représente un risque pour le public. Il représente un risque pour les autres détenus. Pourquoi n'est‑il pas incarcéré dans un établissement à sécurité maximale? Pour réitérer la question de mon collègue conservateur, s'il n'est pas incarcéré dans un établissement à sécurité maximale, alors qui l'est?
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Je trouve intéressant que vous reveniez sans cesse sur les conclusions du comité multidisciplinaire, mais en même temps, vous semblez adopter une attitude très défensive lorsque la terminologie relative à l'équilibre est évoquée.
Selon la formulation de la décision de la Cour suprême en 2012, il y aurait « un équilibre juste et proportionnel […] eu égard à l’affaire particulière dont la cour est saisie ».
Elle utilise les mots « juste et proportionnel ». Le mot « proportionnalité » ne laisse pas entendre que la balance fonctionne comme cela, mais plutôt qu'il faut prendre en compte les facteurs qui pourraient faire pencher légèrement la balance. Voilà l'équilibre dont traite la décision que la Cour suprême a prise en 2012.
Dans le cas qui nous occupe, la balance a penché du côté de Paul Bernardo et non du côté des familles des victimes. Pourquoi est‑ce le cas?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie encore une fois de répondre à toutes nos questions. Je pense que ces réponses sont très utiles.
Je souhaite donner suite à la dernière question que Mme Barron vous a posée et à laquelle vous répondiez lorsque vous avez été interrompue.
Au début des témoignages, nous avons parlé du fait que l'incarcération dans un établissement à sécurité maximale ou un établissement à sécurité moyenne n'est pas une extension de la peine infligée à un délinquant donné. Vous avez commencé à expliquer ce concept. Je ne crois pas que les Canadiens fassent nécessairement preuve de méfiance à votre égard. Ils ont juste une mauvaise compréhension du fonctionnement interne des services correctionnels.
Vous parliez des types de détenus qui seraient soumis à un régime de sécurité maximale. Pouvez-vous poursuivre cette réponse? Je l'ai trouvée très utile.
Nous travaillons avec les délinquants au moyen de programmes, d'interventions et de services. L'objectif est toujours de leur permettre d'acquérir certaines compétences et de passer à un niveau de sécurité, disons, moyen.
De nombreux délinquants détenus dans des établissements à sécurité maximale purgent des peines d'une durée déterminée et seront mis en liberté un jour. Nous voulons nous assurer que, lorsqu'ils le seront, ils seront dans un meilleur état que lorsqu'ils sont entrés dans ces établissements, afin de garantir la sécurité du public.
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Je vous remercie, madame O'Connell.
Je vous remercie également, madame Kelly, de votre coopération et de vos réponses.
De plus, nous remercions tous les gens assis au bout de la table.
Pour l'instant, cela met fin à la séance. Je vais chercher à obtenir votre accord pour lever la séance.
Des députés: D'accord.
Le président: La séance est levée.