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Merci, monsieur le président.
Je tiens également, au nom de tous, à adresser mes condoléances à la famille de Jim Carr. Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais raconter une anecdote au Comité.
J'ai eu l'occasion de parler à Jim Carr le jeudi, après que son projet de loi eut été renvoyé pour la troisième lecture. Il m'a confié quelque chose que je voudrais transmettre à tous, car c'est de nous qu'il s'agit. Il m'a dit que, parmi ses expériences parlementaires, son travail avec le Comité avait été l'une de ses plus grandes joies. Il a ajouté que c'était parce que nous avions réussi à trouver comment nous attaquer ensemble à des problèmes complexes.
Dans cet esprit, je transmets ce que Jim Carr m'a dit: « Je sais que c'est difficile, mais vous allez venir à bout de cette tâche ensemble. » Je voulais simplement le dire à tout le monde. Cela a été un principe directeur pour bon nombre des membres du Comité. Nous avons eu des divergences d'opinions sur la façon de nous y prendre et de débrouiller les problèmes, mais c'est là un message important auquel nous devons réfléchir à l'approche des Fêtes.
Je tiens à remercier mes collègues du Bloc et du NPD d'avoir appuyé le recours au paragraphe 106(4) de sorte que nous puissions tous ensemble nous attaquer à ce travail. C'est une étape importante. Cela doit correspondre un peu à ce que Jim Carr aurait souhaité.
Nous avons dit dès le départ que les Canadiens ont le droit de se sentir en sécurité dans leurs collectivités. Nous avons également exprimé notre volonté d'éviter que les chasseurs, les agriculteurs et les communautés autochtones ne soient touchés par les mesures prises. Ces dernières semaines, il y a eu beaucoup de discussions au sujet des meilleurs moyens à prendre pour protéger les Canadiens contre la violence liée aux armes à feu. C'est une question chargée et compliquée. Bien des gens comptent sur nous pour agir de façon judicieuse afin de prévenir cette forme de violence et de retirer les armes dangereuses de nos rues.
On a beaucoup discuté des amendements à apporter au projet de loi et à juste titre. Il y aurait là, bien sûr, une définition juridique normalisée de ce qui constitue une arme à feu de type arme d'assaut. Définir ce type d'arme est une entreprise complexe et technique. Cela ne se prête pas vraiment à de grandes généralisations, alors que, par les temps qui courent, on semble vouloir faire de la politique à coup de généralisations. Les propriétaires d'armes à feu, les défenseurs du contrôle des armes à feu et les Canadiens de toutes les allégeances politiques ont demandé une définition claire pour que tout le monde sache à quoi s'en tenir.
Il y a eu beaucoup de désinformation et de confusion au sujet de cet amendement présenté au Comité. Bien des gens ont profité de l'ignorance des autres pour attiser l'indignation. Il y a aussi beaucoup de désinformation venant de gens qui ne sont pas renseignés, carrément. Quelques personnes se sont adressées à moi: « Je suis propriétaire de telle arme, et je crains qu'elle ne soit maintenant interdite. » J'ai fait quelques vérifications et il m'a été possible de les rassurer: elle n'était pas interdite. Mais tous n'ont pas la chance d'avoir quelqu'un pour les renseigner. Il nous faut trouver un moyen de rassurer les propriétaires d'armes et de leur dire si elles figureront ou non sur la liste.
Le plus important, c'est d'écouter le point de vue de ceux qui ont l'impression de ne pas avoir été entendus. Nous connaîtrons ainsi les différentes opinions, ce qui nous aidera à améliorer le projet de loi et à dissiper certains mythes — et aussi, franchement, à bien faire notre travail et, si possible, à bonifier le texte, à le rendre encore meilleur. Quant aux armes qui figurent sur la liste et qui n'auraient peut-être pas dû s'y retrouver, nous devrions en discuter.
La motion à l'étude nous donne la possibilité de faire précisément ce travail. Si elle est adoptée, nous pourrons entendre de nouveaux témoins, ce qui me paraît essentiel. Nous pourrons mener de larges consultations et prendre le pouls de l'opinion. C'est ce que nous souhaitons tous. Nous pourrons écouter les différents points de vue et avoir une saine discussion qui repose sur des faits.
Cela dit, nous avons déjà entendu beaucoup de témoins. Nous avons eu droit à des heures de témoignages de fonctionnaires. Ils ont cherché à dissiper la désinformation ou les préoccupations au sujet de certaines armes en nous faisant profiter de leur expertise technique. Nous n'avons peut-être pas aimé leur style, mais ils ont fait un excellent travail en passant en revue les armes qui, croyait‑on à tort, figuraient sur la liste. Ils ont apporté ces précisions pour que les Canadiens sachent que leurs armes à feu ne sont pas visées.
Je propose humblement que nous profitions de la motion pour vraiment circonscrire nos discussions et nous y retrouver dans les détails de l'amendement. Faisons appel à des témoins qui savent quelles seront les répercussions de l'amendement G‑4 sur le public. Essayons de ne pas laisser l'esprit de parti nous égarer. Renseignons les Canadiens sur les faits qu'ils ont besoin de connaître. Faisons en sorte que les voix qui n'ont pas été entendues puissent l'être. C'est vraiment important.
Tous mes collègues et moi-même sommes déterminés à collaborer pour éviter que les armes à feu utilisées couramment pour la chasse ne soient visées par l'amendement proposé. Nous avons toujours dit que l'objectif était de cibler les armes d'assaut et non les fusils de chasse.
Il faudra du travail. Nous devons trouver le moyen de rapprocher les deux camps, mais nous sommes déterminés à le faire ensemble. Nous tenons à adopter un bon projet de loi pour protéger les Canadiens et retirer des rues les armes à feu qui n'y ont pas leur place tout en évitant que les chasseurs, les agriculteurs et les communautés autochtones ne soient indûment touchés par cette mesure.
Nous pouvons y arriver. Le Comité a toujours su venir à bout de son travail. Je suis convaincu que, si la motion est adoptée et si nous travaillons ensuite à élaborer un projet de loi correct, les Canadiens nous respecteront et accepteront... Ils respecteront le fait que nous avons eu un débat sain et que nous avons surmonté les désaccords pour en arriver à une mesure capable de protéger les Canadiens contre les crimes commis avec des armes à feu et aussi de protéger les chasseurs, les agriculteurs et les communautés autochtones et leur capacité de chasser.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux de pouvoir commenter la motion de ma collègue du Bloc. Malheureusement, la semaine dernière, les conservateurs n'ont pas été en mesure d'intervenir le moindrement. J'ai cependant été très impressionné du fait que M. Noormohamed ait pu parler pendant deux bonnes heures, jeudi dernier. De l'avis général en milieu parlementaire, c'est plutôt impressionnant. Bravo.
Toutefois, cela a limité notre capacité d'intervenir et de poser d'autres questions à des experts. J'espérais leur poser un certain nombre de questions. J'espère que nous aurons de nouveau l'occasion de le faire.
Je remercie Mme Michaud d'essayer de trouver un moyen de poursuivre notre travail.
Je reviens sur certaines de ses affirmations de la dernière séance, au moment où elle a fait son premier effort en ce sens. Mon principal problème est que nous aurions dû siéger à huis clos. Les délibérations se seraient donc déroulées en secret, à l'abri du regard de la population. En fin de compte, nous aurions émergé de cette séance secrète avec un plan portant sur une question qui a des conséquences pour 2,3 millions de propriétaires d'armes à feu. Ce n'est pas l'idéal.
Je suis très heureux que nous ayons l'occasion aujourd'hui de parler de cette question en public. J'aurais aimé pouvoir prendre connaissance de la lettre. Il n'est pas impossible que l'équipe conservatrice ait pu la signer. Nous ne nous opposons pas à l'audition d'autres témoins. En fait, ce que nous souhaitons, c'est une vaste consultation sur cette interdiction historique des armes d'épaule qui touche des centaines, voire des milliers de modèles de fusils de chasse d'usage courant.
Il est très important que le Comité garde à l'esprit que la seule consultation que le gouvernement libéral peut actuellement revendiquer à cet égard remonte à 2018. Il s'est alors rendu à Toronto, à Vancouver, à Montréal et à Fredericton, qui sont autant de villes phénoménales où habitent des Canadiens extraordinaires. Vous conviendrez néanmoins, monsieur le président, qu'il ne s'y trouve pas beaucoup d'agriculteurs. La proportion des chasseurs n'y est probablement pas aussi élevée que, disons, dans les régions rurales du Québec et du Manitoba, au Nunavut ou dans les Territoires du Nord-Ouest. À mon avis, la principale consultation qu'il a menée sur le contrôle des armes à feu est loin d'avoir accordé une place suffisante aux circonscriptions rurales et du Nord qui devraient avoir voix au chapitre.
Le National Post, CBC/Radio-Canada et CTV ont largement établi qu'il y a dans la liste des armes interdites de nombreuses armes d'épaule d'usage courant utilisées par les chasseurs et dont les agriculteurs et d'autres se servent pour protéger le bétail. Il ne faut pas négliger non plus la conservation. Cela a été largement reconnu et établi. Les exemples sont innombrables.
En fait, le National Post a publié aujourd'hui un article portant sur l'importante désinformation diffusée par le gouvernement. L'article propose une ventilation de cette désinformation. Je conviens avec M. Noormohamed qu'il y a eu de la désinformation. Je crois, contrairement à lui, qu'une bonne partie de cette désinformation vient du gouvernement libéral. Pendant des semaines, il a prétendu qu'il ne s'agissait pas d'interdire les fusils de chasse et que les armes d'épaule d'usage courant ne seraient pas touchées. Bien entendu, nous savons maintenant qu'il en va tout autrement.
La SKS en est un parfait exemple. C'est l'un des fusils de chasse les plus populaires au Canada. Elle a été utilisée dès les années 1940. Il y a environ 70 ou 80 ans, on s'en servait dans l'armée, et elle est maintenant couramment reconnue comme arme de chasse. Je suppose que le gouvernement essaie de dire que tout ce qui a été utilisé dans l'armée, peut-être même depuis l'époque des mousquets et la guerre de Sécession, devrait être interdit au Canada.
Beaucoup de chasseurs... Comme on l'a montré, un très grand nombre d'armes d'épaule sont d'usage très courant. Les fusils de chasse classiques, les fusils de chasse à monture de bois seront interdits par le projet de loi. Voilà le problème. Je ne vois pas nécessairement d'issue.
Le a déclaré la semaine dernière — je paraphrase; ce n'est pas une citation textuelle — qu'il ne rajustera absolument pas la définition dans le contexte des armes semi-automatiques. C'est l'un des plus gros problèmes.
Une chose a peut-être échappé au Comité. Il est tout à l'honneur de M. Noormohamed d'avoir posé la question: les fonctionnaires qui ont comparu ont dit très clairement que la liste, qui compte environ 300 pages, comprend des armes à feu visées par le décret de mai 2020 et ses critères d'interdiction. Leur puissance est de 10 000 joules et elles ont une âme de 20 millimètres. C'est ce qui se trouve dans ces quelque 300 pages, avec plusieurs centaines d'armes à feu. Il y en a 480 qui sont tout à fait neuves. Voilà ce qui provoque tout un tollé.
Ce qu'on ne comprend pas, et cela a été confirmé lors de la dernière séance du Comité, c'est que la liste contiendra en fait des milliers de modèles d'armes à feu, parce que la définition d'arme semi-automatique... Le fonctionnaire qui a témoigné à la dernière séance a confirmé qu'il n'y avait pas de liste indiquant le nombre d'armes à feu. Cela ne figure pas dans les centaines de pages que les chasseurs ont pu consulter.
Les Canadiens qui sont touchés par la mesure proposée ne se rendent même pas compte que, outre les armes à feu clairement interdites, des milliers d'autres modèles seront aussi interdits. Il y a une foule de fusils de chasse semi-automatiques dotés de chargeurs qui ne répondent pas aux critères de10 000 joules et d'âme de 20 millimètres. Ce sont d'innombrables autres fusils de chasse dont nous n'avons même pas encore la liste.
C'est renversant. Une liste déjà interminable sera probablement encore plus longue. Selon nous, ce n'est en fait qu'un début. Le gouvernement entrouvre la porte.
Bien sûr, bon nombre des armes à feu de la liste sont des armes à levier, à bascule ou à verrou. Un certain nombre d'entre elles sont visées. Il y a évidemment des fusils de chasse classiques aussi.
Nous estimons simplement que l'approche adoptée jusqu'à maintenant a donné lieu à de la désinformation. Bien sûr, nous estimons que c'est le gouvernement qui a le plus à se reprocher à cet égard. Même les partisans du contrôle des armes à feu se disent très déçus des communications du gouvernement.
À propos des nouveaux témoignages, je suis sensible à l'effort qui est fait, mais si on se contente de deux séances, autant ne pas en avoir du tout. Deux séances ne permettraient même pas d'entendre les communautés autochtones qui devraient pouvoir s'exprimer. N'oubliez pas que nous avons des Métis, des Premières Nations et des Inuits et qu'il existe des différences régionales à l'intérieur des diverses cultures autochtones. Il y a des enjeux très différents d'une région à l'autre. Si nous voulons tenir compte adéquatement des communautés autochtones, il nous faudrait plus de deux séances pour elles seules. Et il y a aussi les associations intéressées par la chasse, la faune, la pêche sportive et la conservation.
Les armuriers ont été durement frappés. Ce serait la troisième fois en deux ans et demi qu'ils sont touchés par une interdiction d'armes à feu. Dans la plupart des cas, il s'agit de petites entreprises familiales. À l'exception de Cabela's, ce sont des entreprises familiales, surtout dans les localités rurales et éloignées. Elles ont été durement frappées. Il faut aussi que les armuriers puissent se faire entendre. Bien sûr, il y a aussi les salles de tir qui sont largement utilisées par la police dans les divers secteurs également. Ce sont des entreprises privées. Elles sont durement touchées par cette mesure.
Il y a aussi des collectionneurs d'armes anciennes et des passionnés de la Seconde Guerre mondiale qui recueillent des souvenirs des diverses guerres mondiales. Nous devrions les faire témoigner. Nous avons vu les reportages de la CBC portant sur l'aspect patrimonial du jour du Souvenir. Un certain nombre de canons et de fusils anciens de la Première Guerre mondiale seront interdits par la mesure proposée. Il y a beaucoup de cérémonies du jour du Souvenir et des reconstitutions qui ont lieu dans notre pays et qui sont très importantes pour cultiver le souvenir et rendre hommage aux sacrifices des Canadiens, à ce qu'ils ont vécu, afin de donner aux Canadiens un aperçu de ce que ce fut. Elles sont également visées par cette mesure. Leurs représentants devraient donc participer aux discussions. Nous devrions peut-être accueillir diverses filiales de la Légion canadienne ou au moins une.
La première ministre des Territoires du Nord-Ouest a également déclaré que, si le projet de loi est adopté, des habitants de son territoire mourront de faim parce qu'ils utilisent pour nourrir leur famille des armes légales qui seront désormais interdites. Voilà donc une première ministre qui soutient que, si le projet de loi est adopté, des habitants du Nord vont mourir de faim. Il faudrait absolument qu'elle témoigne, tout comme des représentants d'autres communautés inuites ou des Premières Nations du Nord.
Les gouvernements du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta sont consternés. Nous devrions peut-être inviter des représentants des divers ordres de gouvernement à témoigner.
Je pense avoir aussi parlé de conservation. Quel est l'impact sur les droits versés pour obtenir des permis de chasse ou autres? Quelle sera la diminution de ces rentrées? Bon nombre des efforts de conservation déployés au Canada sont financés par ces droits. Quelle incidence cela aura-t‑il?
En outre, les collectivités rurales et du Nord dépendent vraiment, dans de nombreuses régions, en particulier les collectivités autochtones... Souvent, il s'y trouve des guides pour les chasseurs, qui sont souvent des Américains. Il y a un tourisme de chasse au Canada, un tourisme surtout américain, et ces chasseurs ont souvent des carabines semi-automatiques, ce qui sera maintenant interdit. Les Américains paient des dizaines de milliers de dollars pour venir ici, enrichissant les communautés locales, rurales et du Nord et les guides autochtones. Qu'adviendra-t‑il de cette source de revenus? Les Américains vont-ils se rendre compte qu'il s'agit de la troisième interdiction et éviteront-ils tout simplement de se donner la peine de venir chez nous?
Qu'est‑ce que cela signifiera pour des régions comme celle de Timmins, en Ontario, pour le Nord du Manitoba et d'autres collectivités où il y a des pavillons de chasse et des pourvoiries accessibles uniquement par avion qui permettent vraiment de donner des ressources et de soutenir l'économie dans des régions où les autres industries ne sont pas florissantes?
Je viens d'énumérer quelques témoins, monsieur le président, mais la liste n'est certainement pas exhaustive. Impossible de caser ne fût‑ce que la moitié d'entre eux dans deux séances.
Ce qui est vraiment contrariant pour nous, conservateurs, c'est que ce travail aurait dû être fait par le gouvernement libéral, qui a de considérables ressources. Comme vous le savez, monsieur le président, le Comité en est à la quatrième semaine consacrée à cette étude. Nous allons devoir revenir en arrière parce que le gouvernement n'a pas fait son boulot.
Maintenant, le gouvernement fait volte-face et prétend faire le travail en deux séances. Deux séances qui permettront à peine d'effleurer le sujet avec tous ceux qui seront touchés par cette interdiction. Je le répète, c'est la plus importante interdiction d'armes de chasse de l'histoire du Canada. Nous ne faisons qu'effleurer la question.
Je signale à ceux qui ne le sauraient pas que deux séances, comme vous le savez, monsieur le président, permettent d'entendre une douzaine de témoins. C'est loin d'être suffisant.
Toute affirmation voulant que deux séances suffisent... À mon sens, c'est faire injure à ceux qui seront touchés par cette mesure, c'est leur refuser la dignité d'une participation aux échanges. Et, je le répète, cela ne permet même pas d'entendre les communautés autochtones qui doivent avoir leur mot à dire, ni tous les autres groupes.
Nous ne pouvons en aucune circonstance accepter qu'il y ait seulement deux séances. Nous n'appuierons pas la proposition.
Consciente du fait que tous les partis n'accepteraient pas le nombre de séances souhaitées par les conservateurs, je dirai qu'une cinquantaine de séances suffiraient, étant donné qu'elles remplaceraient les consultations qu'il aurait fallu mener d'un bout à l'autre du Canada. Il aurait fallu se rendre au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest, dans le Nord de la Colombie-Britannique, etc. Je voudrais bien qu'on se rende à Churchill.
Je vais proposer une solution, ce qui élargira peut-être un peu la discussion.
L'un des derniers points que je ferai valoir au préalable, c'est que j'ai déjà parlé de l'utilité des armes semi-automatiques. C'était sans doute à la première séance du Comité, lorsque les libéraux ont proposé cet amendement. Bien d'autres ont dit la même chose. Mon opinion n'est donc pas isolée, monsieur le président.
Lors de la période des questions, la députée néo-démocrate de Nunavut — et je lui en reconnais tout le mérite — a parlé de la menace que représente l'ours blanc au Nunavut et des conséquences qu'aura l'interdiction de ces armes pour la sécurité des habitants du Nunavut qui sont exposés à ce risque. J'ai soulevé le problème au début des débats, mais on n'y a pas fait beaucoup attention.
Tout récemment, quelqu'un m'a envoyé... Vous souvenez-vous que j'ai parlé de sangliers sauvages? Les membres du Comité des autres partis ne sont peut-être pas au courant, mais on vient de m'envoyer une vidéo. Une trentaine de sangliers ont attaqué un groupe de chasseurs. Ces bêtes sont très rapides et sont dotées de défenses. Elles peuvent être très meurtrières et elles attaquent avec férocité. Devant les sangliers, c'est le sauve-qui-peut parmi les chasseurs.
Selon moi, nous devons entendre des témoins experts expliquer l'utilité brute du fusil de chasse semi-automatique, parce qu'il en a une, monsieur le président. Je le sais. Les chasseurs le savent. Les agriculteurs et les Canadiens du Nord le savent.
Je ne veux pas m'éterniser, mais j'ai tellement de choses à dire, et nous avons été empêchés de parler la semaine dernière. Je vais tout de même conclure.
Je vais proposer un sous-amendement, monsieur le président.
Au préalable, je tiens à faire ce que j'aurais dû faire au départ. On m'en excusera. J'ai beaucoup pensé à Jim Carr. Il a présidé le Comité pendant presque un an. Lorsque je suis arrivée là à titre de vice-présidente, il en était le président. C'était la première fois qu'il présidait, et il a fait un travail vraiment phénoménal. Je dois dire qu'il était agréable de venir travailler et de siéger au Comité.
Nous avons travaillé ensemble pour la première fois dans le domaine de la sécurité publique. Nous avons tous été en mesure de participer à une étude sur les armes à feu et les gangs, et il était inouï que tous les partis s'entendent sur une politique sur les armes à feu et les gangs. Nous avons également étudié l'extrémisme violent à caractère idéologique. Nous nous sommes attaqués aux problèmes tous ensemble. Il n'y a eu aucun rapport dissident. C'est assez impressionnant, et j'en attribue le mérite en grande partie à Jim Carr.
Monsieur le président, je sais que vous ferez aussi un travail phénoménal. Je vous fais pleinement confiance, mais il va me manquer beaucoup. Ces 24 heures ont été bouleversantes pour nous tous.
Dans cet esprit, à l'instar de M. Noormohamed, j'essaie de proposer un amendement de bonne foi à la motion afin que nous puissions ouvrir la discussion à quelque chose de plus raisonnable, et je signale simplement que nous ne nous contenterons jamais de seulement deux séances. L'enjeu mérite mieux, et c'est pourquoi je vais faire une proposition. Tous sont invités à faire des contre-propositions, mais c'est ce que nous proposons pour discussion.
Monsieur le président, en rédigeant l'amendement, nous avons pensé aux Canadiens des régions rurales et du Nord qui doivent être entendus et au fait que le Comité ne s'est jamais déplacé au cours de l'année où j'ai été vice-présidente. Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour faire le travail que le gouvernement libéral aurait dû faire? J'espère que nous pourrons nous entendre.
Je n'ai pas l'amendement sous les yeux, monsieur le président. Je ne sais donc pas où il s'insère exactement, mais il est probable que ce serait à « deux réunions consécutives », et il dirait...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais, tout comme mes collègues, évoquer la mémoire du regretté Jim Carr.
Il est étrange de voir comment peuvent évoluer les relations interpersonnelles au cours d'une carrière parlementaire. Jim Carr et moi avons tous les deux été élus pour la première fois en 2015. Au cours de la première législature où j'ai servi avec lui, la 42e, je l'affrontais souvent, puisqu'il était ministre des Ressources naturelles, au sujet des projets de pipeline qui étaient préjudiciables pour les habitants de la côte de la Colombie-Britannique que j'ai l'honneur de représenter.
J'ai appris à connaître un côté plus personnel de l'homme lorsqu'il est devenu président du Comité. On peut résumer son attitude en disant qu'il savait allier la fermeté et le sens de la justice, et qu'il avait un grand cœur. Les électeurs de Winnipeg-Centre-Sud ont eu beaucoup de chance de l'avoir comme représentant. Je sais qu'il manquera à ses collègues des Prairies, quel que soit leur parti. Si sa famille regarde les délibérations, tout ce que je peux dire, c'est que je lui offre mes sincères condoléances. Il va manquer à la famille parlementaire.
Reposez en paix, Jim. Vous avez été un excellent président.
Monsieur le président, succéder à Jim Carr est un défi de taille, mais vous avez notre confiance. Ce n'est pas un comité facile à gérer. Vous serez le premier à l'admettre.
Chers collègues, le Comité a consacré six séances à l'étude article par article, et il en est toujours à l'article 1. Six séances plus tard, nous en sommes toujours à étudier le même amendement. On peut difficilement parler d'efficacité parlementaire ou d'utilisation efficace de l'argent des contribuables. Les Canadiens le comprennent bien, et ils ont raison.
Comme je n'ai pas encore eu l'occasion d'exprimer mon point de vue, je vais faire appel à la patience de mes collègues, car j'ai quelques points que je tiens à faire valoir.
Je dirai pour commencer que, en politique comme dans la vie, il est facile de rompre les liens de confiance, mais qu'il est extrêmement difficile de les renouer. Si nous sommes saisis de l'amendement à l'étude, c'est à cause d'une utilisation complètement abusive de la procédure. Si nous sommes bloqués là, c'est parce que nous, membres du Comité, avec les maigres ressources qui sont les nôtres, surtout du côté de l'opposition, sommes maintenant appelés à faire un travail supplémentaire énorme dont le gouvernement aurait dû se charger.
Déposer l'amendement à la onzième heure, après l'audition des témoins... Je n'ai eu aucune chance d'adapter ma stratégie à appliquer au Comité en fonction d'un amendement qui porte sur les armes d'épaule. Je vais vous dire ceci. Le paradoxe — car je sais à quel point le projet de loi est important pour le gouvernement —, c'est que, si l'amendement n'avait pas été proposé à la onzième heure, nous aurions un débat d'une tout autre nature en ce moment.
Nous discuterions probablement de la façon dont le projet de loi a été renvoyé au Sénat, et nous nous consacrerions à un travail important, soit l'étude du projet de loi . C'est ce gâchis créé par le gouvernement lui-même qui nous retarde. Le projet de loi C‑20 est une mesure législative importante qui instaurera une surveillance, une transparence et une reddition de comptes dont la GRC et l'ASFC ont grand besoin. Il en est question depuis maintenant sept ans.
Je sais qu'il y a de l'exaspération de toutes parts, mais c'est la faute du gouvernement. C'était à prévoir, car c'est une simple application en politique de la physique de Newton: à toute action s'oppose une réaction égale en sens inverse.
À propos de la correspondance... J'ai discuté avec des collègues de tous les partis, mais certains membres de mon caucus n'avaient pas reçu un seul message au sujet du projet de loi avant que cet amendement ne soit proposé. Maintenant, ces messages constituent la moitié de leur correspondance. Cette façon de faire restera pour les générations à venir le plus bel exemple de ce qu'il faut éviter lorsqu'on amende son propre projet de loi, de ce dont il faut se garder dans la stratégie de communication, etc. La liste est longue.
Je tiens à dire à quel point je suis mécontent, car je pense qu'on a fait peu de cas de l'important travail que le Comité a pu accomplir.
Monsieur le président, pour bien montrer à quel point c'est scandaleux, dès que l'amendement a été porté à notre attention, j'ai demandé à mon adjoint législatif de communiquer avec la Bibliothèque du Parlement, parce que nous voulions avoir une idée de l'incidence de l'amendement G‑4 sur les divers modèles d'arme à feu. Nous voulions également avoir une idée de la façon dont la liste qui figurerait en annexe se comparerait au décret de mai 2020. Nos analystes, et c'est tout à leur honneur, ont produit un document assez étonnant, une très longue feuille de calcul Excel. Ils nous ont toutefois avertis que le document était incomplet. En effet, ils ont vérifié tout de suite auprès du ministère de la Justice et ils ont confirmé qu'il n'avait pas d'analyse à communiquer à la Bibliothèque du Parlement.
Voici donc un gouvernement qui propose un amendement alors que son propre ministère n'a pas fait d'analyse d'impact. Et nous nous trouvons soudain obligés de faire ce travail en comptant sur les ressources limitées de l'opposition. C'est tout simplement impossible.
En fait, monsieur le président, je tiens à signaler ceci, car lorsque le projet de loi a été présenté, le 30 mai, le — je crois que c'était à l'occasion d'un échange avec les journalistes — a parlé d'un amendement qu'il envisageait d'apporter au projet de loi. La question s'impose: pourquoi fallait‑il présenter le projet de loi le 30 mai si, déjà à ce moment‑là, il songeait à un amendement.
Lors de notre première séance, nous avons entendu le ministre pendant la première heure et des représentants de son ministère pendant la deuxième. J'ai le texte sous les yeux, monsieur le président. J'ai posé la question au sous-ministre adjoint, Talal Dakalbab, au cours de ma dernière minute de temps de parole, au sujet de l'amendement annoncé le 30 mai. J'ai demandé:
Pouvez-vous dire au Comité quel article précis du projet de loi C‑21 vous voulez modifier et à quoi son libellé ressemblera, pour nous en donner une petite idée?
Voici sa réponse:
Je peux seulement vous répéter ce que le ministre a dit à la télévision. Je ne peux rien dire de plus à ce sujet. Je suis désolé.
Un sous-ministre adjoint, à la case départ, à la toute première séance, n'a pas été en mesure de dire quoi que ce soit de ce qui allait être un énorme amendement.
Ensuite, comme le sous-ministre adjoint, un haut fonctionnaire assez haut placé du ministère, n'était pas en mesure de fournir des détails au membre du Comité que je suis — et je suis censé faire preuve de diligence raisonnable dans l'étude des projets de loi — j'ai laissé tomber. C'est qu'il y avait d'autres éléments du projet de loi — des éléments accessoires que je pouvais voir et commenter — dont j'avais eu l'occasion de discuter avec mes électeurs au cours de l'été passé.
J'ai fait l'effort cet été de rendre visite à la Victoria Fish and Game Protective Association. J'ai eu des échanges très francs avec ces gens au sujet du gel des armes de poing et de ce que cela signifierait, et j'ai rapporté les réflexions ainsi recueillies pour proposer des correctifs en conséquence. Ce sont des citoyens respectueux des lois qui veulent simplement pratiquer leur sport.
Monsieur le président, je n'ai jamais parlé avec quiconque des carabines ou des fusils de chasse, parce que le projet de loi n'en disait pas un mot. Le n'en a pas parlé dans son discours à l'étape de la deuxième lecture. Je n'ai pas eu l'occasion, pendant la période des questions et observations, d'interroger le ministre à ce sujet. Je n'ai pas eu l'occasion, au cours de ma propre intervention du débat de deuxième lecture, de parler de ces choses‑là, parce que le projet de loi n'en disait rien. C'est un abus de procédure total.
Je dois dire que je siège à trois comités, et j'ai vu la même chose se produire dans d'autres comités, surtout dans le cas de lois importantes. Prenons le projet de loi de la dernière législature. Il s'agissait, bien sûr, des modifications du régime d'aide médicale à mourir, qui ajoutaient la deuxième voie pour les personnes dont la mort n'était pas raisonnablement prévisible.
Dans les débats à ce sujet, la première version du projet de loi prévoyait le maintien de l'interdiction pour les personnes qui avaient une maladie mentale comme unique condition sous-jacente. Le gouvernement a même présenté un énoncé concernant la Charte avec le projet de loi, expliquant pourquoi cette interdiction devrait être maintenue, étant donné qu'il n'y avait pas suffisamment de connaissances et qu'il y avait encore des lacunes dans les données sur l'efficacité des traitements.
Monsieur le président, le Sénat a modifié le projet de loi C‑7. Les sénateurs ont écarté cette interdiction et ajouté une disposition de caducité, ce que le gouvernement a accepté. Il a accepté ces amendements, les a intégrés au projet de loi C‑7, puis il a mis un comité sur pied. Encore une fois, il a mis la charrue avant les bœufs pour que nous, membres du Comité, puissions étudier des dispositions qui faisaient déjà partie de la loi.
C'est exactement ce qu'on demande au Comité de faire. Il s'agit d'un amendement proposé à un projet de loi très conséquent et on nous demande maintenant de faire le travail après coup, alors que nous n'avons pas eu la possibilité de discuter avec les Canadiens, nos électeurs, ni aucun des groupes touchés. Vous comprendrez pourquoi la réaction au projet de loi est vive. La façon dont la mesure a été proposée... Honnêtement, je pense en avoir assez dit à ce sujet.
J'ajouterai que nous avons entendu des témoignages très utiles de la part des fonctionnaires. Ils ont fait de leur mieux — et je tiens à les saluer — pour expliquer au Comité bon nombre de questions techniques. Ce qui est exaspérant, c'est qu'ils se limitent à des détails techniques du libellé du projet de loi. Si je veux obtenir des réponses à des questions de fond sur les répercussions, sur l'élaboration de la mesure ou l'existence d'autres possibilités, ils ne peuvent pas en parler.
Il y a certainement eu beaucoup de désinformation, et je reconnais que, comme l'a dit M. Noormohamed, des préoccupations ont été exprimées au sujet de l'inscription de telle marque ou de tel modèle sur la liste. Là encore, c'est un problème de communication et de déploiement. Le gouvernement aurait dû tout dire dès le départ, de façon que la population canadienne puisse comprendre exactement ses intentions.
Autre chose, monsieur le président. Certaines marques et certains modèles, après l'annonce du décret de mai 2020... Il faut bien admettre, au passage, que l'article du Code criminel qui autorise ces décrets a été utilisé par les libéraux et les conservateurs, et il y a eu des dérapages politiques extrêmes d'un côté comme de l'autre. Des propriétaires d'armes à feu non visées par le décret de mai 2020 se sont probablement dit: « Mon arme à feu est en sécurité. Le gouvernement ne l'a pas interdite. » Voici qu'on s'apprête à interdire beaucoup d'armes à feu qui ne sont visées par aucune restriction. Une étape est donc sautée. Elles ne sont pas mises dans la catégorie des armes à autorisation restreinte, mais passent directement dans celle des armes prohibées.
Le gouvernement n'a jamais étudié d'autres options. C'est l'approche massue, en quelque sorte. On n'a jamais songé à d'autres possibilités. C'est peut-être là le travail qu'il fallait faire avant de proposer l'amendement. Aurions-nous pu explorer des mesures comme le resserrement des exigences en matière de permis pour les armes à feu semi-automatiques? Je comprends qu'on s'inquiète. Une arme à feu semi-automatique peut tirer beaucoup plus rapidement qu'une arme à levier ou à verrou. Je comprends qu'il y a des préoccupations et, oui, il y a des marques et des modèles qui ont été utilisés pour commettre des crimes horribles. On pourrait en dire autant de beaucoup d'armes à feu sans restriction.
Il y a une exigence à respecter, monsieur le président, pour les armes à feu à autorisation restreinte. Toutes les armes de poing doivent être enregistrées. Le gouvernement a‑t‑il envisagé cette option, compte tenu des préoccupations que suscitent certaines armes à feu semi-automatiques? Encore une fois, nous n'avons jamais eu l'occasion de chercher un compromis, et c'est ce que le Comité est maintenant obligé de faire.
Je tiens à dire autre chose, car l'annonce faite la semaine dernière par l'Assemblée des Premières Nations a changé la donne. Pour un gouvernement qui, depuis sept ans que je siège, soutient qu'aucune relation n'est plus importante que celle que nous entretenons avec les Premières Nations, la résolution unanime de l'APN devrait être un signal d'alarme.
Je rappelle aux membres du Comité que, au cours de la législature précédente, nous avons enfin adopté une loi visant à harmoniser les lois fédérales du Canada avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Voyons certains articles de cette déclaration:
Les peuples autochtones ont le droit de conserver et de renforcer leurs liens spirituels particuliers avec les terres, territoires, eaux et zones maritimes côtières et autres ressources qu'ils possèdent ou occupent et utilisent traditionnellement, et d'assumer leurs responsabilités en la matière à l'égard des générations futures.
Cet article porte sur leur relation avec la terre, les ressources qui s'y trouvent, et le fait que la chasse n'est pas seulement un loisir. Les armes à feu sont des outils et servent à subvenir aux besoins de la famille.
De nombreux autres articles disposent que les États, comme l'État canadien, ont l'obligation de mener des consultations chaque fois qu'ils mettent en œuvre des changements qui touchent cette relation et la façon dont les peuples autochtones peuvent observer leurs traditions sur leurs terres. Or, on nous demande de tenir des consultations après coup.
La loi adoptée au cours de la législature précédente dispose que le gouvernement du Canada, « en consultation et en collaboration avec les peuples autochtones, prend toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce que les lois fédérales soient compatibles avec la Déclaration », « élabore et met en œuvre [...] un plan d'action afin d'atteindre les objectifs de la Déclaration », et prépare des rapports annuels sur les progrès réalisés et les soumet au Parlement.
Je dirais au Comité que, compte tenu de la réaction extrêmement négative des groupes autochtones, cela n'a pas été fait. À la Chambre, aujourd'hui, lorsqu'on a posé une question précise au au sujet de la résolution prise par l'APN la semaine dernière, il a dit qu'il avait parlé à ses représentants. Ce n'est pas une vraie consultation des peuples autochtones. Je suis désolé, mais ce n'est pas le cas. On n'annonce pas une politique — un amendement à un projet de loi — pour mener ensuite des consultations. Ce doit être l'inverse. De toute évidence, ce n'est pas ce qui s'est passé.
Je tiens aussi à rappeler que le Canada, en tant qu'État, a une obligation en vertu de la déclaration des Nations unies. Je ne pense pas qu'il l'ait honorée dans ce cas‑ci. Aucun énoncé concernant la Charte n'a été publié. Le gouvernement en a pourtant produit un au sujet du projet de loi , qui a été présenté au cours de la 43e législature.
Étant donné l'ampleur de l'amendement proposé au projet de loi — le fait qu'il en élargit le champ d'application —, je dirais, monsieur le président, qu'un énoncé concernant la Charte est également nécessaire pour cet article supplémentaire. Je ne pense pas qu'on ait satisfait à l'exigence d'un énoncé de la Charte pour cet amendement ni respecté la déclaration.
On a parlé du nombre de témoins dont nous avons besoin. Il est absolument certain que deux séances ne suffisent pas, mais 20, c'est peut-être trop.
Avant la séance, je me demandais ce qui se serait passé s'il s'était agi d'un projet de loi distinct. Si le était tellement convaincu de la valeur de cet amendement qu'il avait pris le temps d'expliquer sa position dans une intervention de 20 minutes à l'étape de la deuxième lecture, suivie d'une période de 10 minutes permettant de lui poser des questions et de formuler des observations, s'il avait pris la parole à la Chambre pour expliquer pourquoi il s'agit d'une proposition solide et pourquoi elle devrait être adoptée en principe et renvoyée au Comité, si cela avait été le cas, je présume que nous aurions consacré à l'étude d'une proposition qui élargit de façon aussi conséquente le champ d'application de la Loi sur les armes à feu autant de séances qu'à l'examen des projets de loi et .
J'arriverais à un minimum de huit séances, ce qui permettrait d'entendre une soixantaine de témoins. Il faudrait vérifier mes calculs.
Nous aimerions entendre bon nombre des témoins que nous avons déjà entendus au cours de l'étude du projet de loi , parce que nous n'avons jamais eu l'occasion de leur poser des questions sur les répercussions de cette mesure sur les armes d'épaule. Nous aimerions entendre le plus grand nombre possible de groupes autochtones. Il y aurait à tout le moins l'Assemblée des Premières Nations, le Ralliement national des Métis et l'ITK, c'est‑à‑dire l'Inuit Tapiriit Kanatami, qui représente les Inuits. Je sais qu'il a été question d'une première ministre. Nous voulons aussi entendre de nombreux groupes autochtones des provinces.
Nous n'avons jamais eu l'occasion de parler aux divers corps policiers qui ont comparu pour connaître leur opinion à ce sujet. D'après leur expérience de l'application de la loi, s'agit‑il d'un problème de taille? L'amendement tel qu'il est conçu va‑t‑il les aider à faire leur travail, par exemple? La réponse est peut-être affirmative, mais nous n'avons jamais eu l'occasion de le leur demander.
Je voudrais entendre des représentants de ma circonscription. J'ai discuté avec un électeur au téléphone aujourd'hui. Il a possédé une arme à feu pendant la majeure partie de sa vie. Il est tout simplement déconcerté par le fait que son arme se retrouve soudainement sur cette liste. Tout ce qu'il veut, c'est avoir son arme à feu pour aller chasser. C'est un ancien militaire. Il sait manipuler les armes à feu.
Nous n'avons jamais eu l'occasion, en tant que représentants — dans nos propres circonscriptions et partout au Canada — de discuter de cette mesure avec les gens. Je comprends l'intention qui sous-tend l'amendement, mais c'est un abus de procédure que de s'y prendre de cette façon. Si vous avez une proposition aussi importante que celle‑ci et si vous êtes certains que c'est la bonne façon de faire, vous devez vous y prendre correctement. Soumettez cette proposition au processus parlementaire. Elle doit franchir l'étape de la deuxième lecture, faire l'objet de séances du Comité afin que nous ayons la possibilité de l'étudier adéquatement, avec la latitude voulue: nous pourrions consulter le conseiller législatif, après avoir entendu les témoins, pour savoir s'il est possible d'apporter des sous-amendements recevables.
Monsieur le président, je voudrais proposer un tout petit sous-amendement.
Je suis d'accord avec les conservateurs pour dire que des déplacements s'imposent. Le Comité a beaucoup à retirer des nombreuses connaissances pratiques qu'il peut glaner sur le terrain. Je garderais donc tout ce qui concerne les déplacements. Mon seul changement, monsieur le président, porterait sur le nombre de séances, qui passerait de 20 à 8. Ce serait le strict minimum, parce que la proposition accorde à cet amendement de fond les mêmes égards que nous avons eus pour le projet de loi précédent, le , et le projet de loi à l'étude, le .
Je vais m'arrêter là. Je pense avoir tout dit ce qu'il importait de signaler. Honnêtement, nous sommes enlisés en ce moment, à notre septième séance, précisément à cause de la façon dont la proposition a été présentée. Désolé pour mes collègues libéraux, mais c'est sur leurs épaules que repose le blâme. Ils sont la cause de ce gâchis et ils doivent trouver une solution. Ce n'est pas la responsabilité de l'opposition. Nous faisons de notre mieux avec nos ressources limitées, mais nous n'avons pas les vastes et puissantes ressources de deux ministères d'un gouvernement national, ceux de la Sécurité publique et de la Justice. Nous n'avons pas la capacité de faire de vastes enquêtes nationales ou d'aller parler aux gens. Je n'ai que mon adjoint législatif; nous sommes deux. Mon caucus compte moins de 10 % des sièges, et nous faisons de notre mieux pour trouver une solution.
Vous devez comprendre que la réaction que vous constatez, non seulement de la part des députés de l'opposition, mais aussi de la part du public, est précisément attribuable à la façon dont les choses se sont déroulées. Mes collègues libéraux doivent en assumer la responsabilité.
Je termine là‑dessus, monsieur le président. Je veux simplement m'assurer que mon sous-amendement a bel et bien été proposé.