La séance est ouverte. Bienvenue à la 52e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Soulignons pour commencer que nous nous réunissons sur le territoire traditionnel et non cédé du peuple algonquin.
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride. Conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 novembre 2021, les membres assistent à la réunion en personne dans la salle, ou à distance au moyen de l'application Zoom.
Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 23 juin 2022, le Comité reprend l'étude du projet de loi , Loi modifiant certaines lois et d'autres textes en conséquence (armes à feu). Le Comité reprend l'étude article par article, et nous allons sous peu poursuivre avec la liste des intervenants que nous avions hier.
Avant la reprise du débat, je souhaite la bienvenue aux fonctionnaires qui sont de nouveau avec nous aujourd'hui. Nous accueillons les avocates Paula Clarke et Phaedra Glushek, de la Section de la politique en matière de droit pénal, au ministère de la Justice; Rachel Mainville-Dale, directrice générale par intérim, Politiques des armes à feu, au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile; et Rob Daly, directeur, Politique stratégique, et Murray Smith, spécialiste technique, au Programme canadien des armes à feu de la Gendarmerie royale du Canada.
Bienvenue à tous. Merci de vous joindre à nous une fois de plus.
Sur la liste des intervenants pour la suite du débat sur l'amendement G‑4, nous avons Mme Michaud, M. Noormohamed, Mme Dancho, Mme Damoff et M. Motz, ainsi que d'autres intervenants. Nous allons suivre la liste.
Je pense que cela va nous mener à la fin de la journée, mais n'hésitez pas à lever la main si vous voulez figurer sur la liste.
Sur ce, je cède la parole à Mme Michaud.
[Français]
Madame Michaud, la parole est à vous.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, chers collègues. Je suis très contente de vous retrouver.
Avant de commencer, j'aimerais prendre un moment pour souligner le fait que nous sommes le 6 décembre 2022. Il y a 33 ans, il y a eu une tragique tuerie à l'École polytechnique. Au nom de ma formation politique, je veux réitérer toutes mes condoléances aux proches, aux familles des victimes et aux victimes qui ont été blessées ce jour-là.
L'arme utilisée ce jour-là était un Ruger Mini‑14, une carabine semi-automatique, comme mes collègues le savent très bien. Le tueur avait un chargeur de 30 cartouches, ce qui lui a permis de tuer rapidement 14 femmes et d'en blesser 13 autres. Jusqu'en 2020, cette arme était toujours légale au Canada, parce qu'elle était classée dans la catégorie des armes de chasse, ce qui est une absurdité selon certains chercheurs.
Je me permets de mentionner cela et d'inviter mes collègues à être respectueux dans leurs propos aujourd'hui, parce que c'est quand même une journée de commémoration. Il y a des gens qui se battent depuis 33 ans pour que le gouvernement fédéral en fasse plus pour interdire les armes d'assaut. C'est d'ailleurs le but de l'amendement G‑4 que nous allons étudier aujourd'hui, et j'inviterais mes collègues à être respectueux.
J'aimerais aussi prendre le temps de dénoncer l'intimidation qui a eu cours dans les derniers jours à l'endroit des fonctionnaires qui sont ici pour nous aider et pour répondre à nos questions. Ce n'est pas facile pour eux, pas plus que pour nous. Nous recevons beaucoup de questions de citoyens qui sont parfois fâchés, parce qu'il y a énormément de désinformation qui circule. C'est peut-être aussi parce que le gouvernement a omis de bien expliquer l'amendement qu'il nous a présenté.
J'invite encore une fois mes collègues à être respectueux envers les gens qui sont ici pour nous aider aujourd'hui et pour répondre à nos questions. Cela s'adresse également aux personnes qui suivent nos travaux et qui seraient prises d'une envie de leur écrire. Je les invite à faire attention à leur propos.
Finalement, avant de commencer, je veux prendre le temps aussi de dénoncer le code promotionnel « poly » qui a été utilisé et publicisé par la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu pour inciter les gens à acheter sa marchandise sur son site Web. Faire du marketing sur le dos des victimes, c'est tout simplement dégueulasse. J'invite mes collègues à dénoncer ce geste et à se dissocier de cette association.
Pour revenir à l'amendement G‑4, je pense que le gouvernement a une intention légitime. Ce qui est déplorable, c'est qu'il fait tout à l'envers. Il omet d'expliquer sa démarche, comme je l'ai mentionné. À la base, le projet de loi portait majoritairement sur les armes de poing, les armes de tir à microbilles, ainsi que les mesures de type « drapeau jaune » et « drapeau rouge ».
Au dépôt du projet de loi, le gouvernement a promis qu'il l'amenderait, devant déjà juger la version initiale imparfaite. Nous comprenons que le gouvernement, en échange de l'appui de certains groupes favorables au contrôle des armes à feu, leur a promis d'amender le projet de loi C‑21 pour y interdire les armes d'assaut de type militaire. Le projet de loi C‑21 portant majoritairement sur les armes de poing, cet amendement risquait cependant d'être jugé irrecevable puisque, comme vous le savez très bien, monsieur le président, il dépasserait peut-être la portée du projet de loi.
Depuis mai 2022, selon ce que je comprends, le gouvernement préparait cet amendement en catimini, sans consulter les groupes concernés. En effet, c'est ce que les groupes nous disent depuis quelques semaines: ils n'ont pas été consultés. La situation est la même pour l'industrie du tir à microbilles, qui ne semble pas avoir été consultée par le gouvernement, malheureusement. Nous y reviendrons un peu plus tard dans l'étude du projet de loi.
Le gouvernement a donc laissé le projet de loi suivre son cours. Il a écouté les députés débattre à la Chambre des armes de poing, des armes de tir à microbilles et des mesures de type « drapeau jaune » et « drapeau rouge », entre autres. Il a laissé les membres du Comité inviter des experts pour entendre leur opinion sur les répercussions que pourrait avoir le projet de loi, notamment sur les éléments que je viens de mentionner.
Il faut se rappeler que, lors de la campagne électorale de 2015, les libéraux s'étaient engagés à prendre des mesures pour débarrasser les rues des armes de poing et des armes d'assaut, comme on pouvait le lire dans leur plateforme électorale de l'époque.
Le 1er mai 2020, le gouvernement a adopté un décret interdisant 1 500 armes d'assaut, qui est entré en vigueur immédiatement. Il interdisait d'emblée neuf types d'armes à feu et leurs variantes, dont les fusils M16, AR‑10 et AR‑15, la carabine M4 et le fusil Ruger Mini‑14. Le décret interdisait aussi les armes à feu possédant les deux caractéristiques suivantes: la capacité de tirer un projectile avec une énergie initiale de plus de 10 000 joules, et une âme d'un diamètre de 20 millimètres ou plus. Ce sont les deux critères que l'on retrouve aux points e) et f) de l'amendement G‑4.
Nous pouvons donc comprendre que ces deux points de l'amendement n'apportent rien de nouveau, puisque les armes qui présentent ces critères sont déjà prohibées. Je demanderais aux experts de confirmer si c'est bien ce que nous devons comprendre des points e) et f) de l'amendement G‑4.
À elle seule, cette réponse clarifie bien des choses. On voit des gens s'insurger par rapport à certains éléments qui se trouvent dans l'amendement G‑4, mais c'est parce que le gouvernement n'a jamais pris le temps de présenter convenablement son amendement, d'expliquer sa démarche et de tout clarifier.
C'est principalement ce que le Bloc québécois lui reproche à ce stade-ci: le gouvernement a tout fait à l'envers et a embrouillé la situation pour tout le monde. Il est très difficile de s'y retrouver quand on a un cartable comme cela et d'expliquer aux citoyens ce qu'il en ressort. Je suis reconnaissante aux experts qui sont ici pour répondre à nos questions, car le Parti libéral n'est manifestement pas capable d'expliquer sa propre démarche. Il y a tellement de questions que nous ne savons pas par où commencer.
Revenons à l'amendement G‑4 au projet de loi C‑21. Nous comprenons qu'il concrétise la promesse du Parti libéral. Je comprends que le gouvernement veut interdire les armes d'assaut, ce avec quoi le Bloc québécois est d'accord. Pendant les audiences sur le projet de loi C‑21, j'ai même promis aux témoins que nous avons reçus que si le gouvernement ne tenait pas sa promesse d'interdire les armes d'assaut, le Bloc québécois présenterait un amendement à cette fin.
C'est exactement ce que nous avons fait avec l'amendement BQ‑1, qui a pourtant été défait dans le temps de le dire, tous les partis ayant voté contre. Nous proposions que la définition d'arme à feu prohibée contenue dans le Code criminel soit modifiée par ce qui suit: « arme d'assaut de type militaire désignée comme telle par règlement ».
Ce que nous proposions était assez simple: il s'agissait de laisser à des experts le soin de définir ce qu'est une arme d'assaut, et notamment de différencier une arme d'assaut d'une arme raisonnablement utilisée pour la chasse. Nous n'avons jamais voulu nous attaquer à la chasse et empêcher les chasseurs de chasser. Cela n'a jamais été notre intention. Je veux que ce soit bien clair.
À mon sens, procéder par définition plutôt que par liste aurait été beaucoup plus clair pour tout le monde, contrairement à ce que vient faire le point i) de l'amendement G‑4, qui propose que toute arme à feu figurant « à l'annexe » devienne prohibée. Cette fameuse annexe est une autre des choses qui ne sont pas claires dans la façon de faire du gouvernement. Jamais les libéraux n'ont pris le temps d'expliquer ce qui s'y trouve.
Il est donc difficile pour nous de traiter de l'amendement G‑4 sans parler de cette annexe. J'aimerais notamment savoir sur quels critères on s'est basé pour créer cette annexe. Puisque tout devient de plus en plus clair quand nous posons des questions, je vais me permettre de poser des questions aux experts qui sont avec nous.
Je comprends que la première partie de l'annexe fait référence à des modèles d'armes qui sont déjà prohibées. Est-ce bien le cas?
:
Une grande part des craintes des chasseurs vient de cette confusion, laquelle aurait pu être évitée si cet amendement avait été incorporé à la version initiale du projet de loi, si on avait eu accès à des communiqués de presse et à des fiches techniques et si on avait tenu des consultations, entre autres.
Comme le diraient mes collègues, le fait d'avoir le résumé législatif et la fiche technique d'un projet de loi nous aide beaucoup à poser les bonnes questions aux experts qui viennent témoigner devant le Comité. Or, dans ce cas-ci, nous n'avons pas de fiche technique ou de résumé du processus en lien avec l'amendement G‑4. Cela complique un peu les choses lorsque vient le temps de poser nos questions. De plus, c'est plus compliqué d'expliquer tout cela au grand public, au commun des mortels.
Je trouve un peu dommage que le gouvernement compte sur nous pour régler l'impasse actuelle relative à l'amendement G‑4. Tant et aussi longtemps que les parlementaires qui siègent au Comité n'auront pas les outils nécessaires pour expliquer clairement, en moins de 15 secondes, ce que cet amendement vient faire, je pense que nous ne nous entendrons jamais.
Pour ajouter à tout cela, le et le ont laissé entendre dans les derniers jours que certaines armes raisonnablement utilisées pour la chasse se retrouvaient dans cette liste. Qu'il y en ait une ou mille, comment fait-on pour la trouver ou la répertorier? Nous ne sommes évidemment pas des experts en la matière, bien que nous en apprenions de plus en plus sur le sujet. Comment le public est-il censé les identifier?
Selon moi, la solution, c'est d'établir une définition claire des armes d'assaut qui vont être prohibées. Au lieu de procéder par liste, on pourrait dire que si une telle arme correspond aux critères fournis ou à la définition, elle est prohibée. Au besoin, on pourrait inclure une liste des exceptions. Je comprends qu'il existe présentement des centaines, voire des milliers de modèles d'armes à feu et qu'il est difficile de s'y retrouver.
Or, il est tout aussi difficile de s'y retrouver quand on fonctionne par listes. Grâce aux réponses fournies par les fonctionnaires, je comprends de plus en plus la raison pour laquelle on a choisi de procéder de la sorte. Cependant, à mon avis, ce n'était peut-être pas la meilleure façon de procéder.
Si l'amendement G‑4 est adopté dans sa forme actuelle, y compris avec la référence à l'annexe contenue au point i), doit-on comprendre qu'il va falloir amender le Code criminel chaque fois qu'un nouveau modèle d'arme arrivera sur le marché? Comment cela va-t-il fonctionner pour la suite?
:
En principe, n'importe qui peut déterminer la classification d'une arme à feu. Personne n'a l'exclusivité de cela. Tout le monde peut consulter les critères énoncés dans le Code criminel, comparer les caractéristiques de l'arme à feu à ces critères et déterminer si c'est une arme à feu sans restriction, à autorisation restreinte ou prohibée.
Toutefois, par souci de clarté et d'uniformité à l'échelle du pays, la GRC tient une base de données — le Tableau de référence des armes à feu — qui répertorie les armes à feu et détermine leur classification selon la grille du Code criminel. Cette base de données est mise à la disposition des policiers, des fonctionnaires et du grand public à des fins de référence.
Pour répondre à l'autre partie de votre question, l'évaluation proprement dite est faite en fonction des critères exacts. Si vous regardez les éléments — aux articles 1 à 94, par exemple, ou aux articles 97 et suivants de l'annexe proposée —, ils sont fonction du modèle principal de l'arme à feu nommée, et toute variante ou version modifiée de celle‑ci est également incluse. L'exercice de classification consisterait à déterminer si l'arme à feu en question est liée ou non à l'arme à feu originale de sorte qu'elle soit incluse dans la définition d'une variante ou d'une version modifiée.
Dans le cas des articles 95 et 96, il existe des critères matériels explicites, et il s'agirait de déterminer avec précision le diamètre de l'âme ou l'énergie du projectile, selon le cas. L'arme à feu est ensuite classée selon qu'elle dépasse ou non ces seuils.
Cela m'amène à soulever une autre question. Je ne sais plus si j'en ai parlé la dernière fois, mais, dans la version française de la définition que l'on retrouve au point g) proposé par l'amendement, on parle de fusils de chasse, alors que, dans la version anglaise, on ne mentionne pas de termes comme « hunting ».
Je comprends que le texte de l'amendement a été rédigé en anglais et en français et que le français n'est donc pas une traduction, ce qui peut expliquer la chose. Cependant, on me disait que c'était l'expression communément utilisée en français pour faire référence à ce type d'armes. Par contre, il est difficile d'expliquer aux gens qu'aucun fusil de chasse ne sera interdit quand il est écrit noir sur blanc dans le projet de loi qu'on parle de fusils de chasse semi-automatiques.
Comment pourrait-on interpréter cela en français?
:
Si je comprends bien la question, vous demandez si nous pouvons rendre l'idée qu'il s'agit ou non d'un fusil de chasse...
Une voix: L'idée que ce n'en est pas un.
Mme Phaedra Glushek: L'idée que ce n'en est pas un. C'est un exercice que nous pourrions envisager, mais par exemple, dans la version française,
[Français]
une « arme à feu à âme lisse »
[Traduction]
correspond à l'anglais « smooth-barrelled firearm », et cela peut inclure certains fusils. Cela dépend du terme et de la façon dont nous pouvons le définir.
Je pourrais demander à mes collègues de la Sécurité publique de me dire s'ils souhaitent ajouter quelque chose.
:
Oui. Les critères se trouvent à l'article 84 du Code criminel. Il y a une variété de critères qui influencent de diverses façons la classification des armes à feu.
Chaque partie de l'article 84 traite de façon particulière des armes à feu utilisées à certaines fins. Il n'y a pas de façon uniforme de traiter cette question. Dans certains cas, une arme à feu pourrait être prohibée parce que le canon est coupé, par exemple. Dans d'autres cas, l'arme à feu pourrait être prohibée parce qu'elle est entièrement automatique.
Dans le cas de l'annexe dont nous parlons aujourd'hui, une arme à feu pourrait être prohibée parce qu'elle est une variante d'une arme à feu mentionnée dans la réglementation. Une arme à feu pourrait également être prohibée si la chambre est conçue pour un calibre qui produit une énergie initiale supérieure à 10 000 joules. Une arme à feu peut être prohibée si le diamètre de son âme est supérieur à 20 millimètres, et ainsi de suite. Il existe de nombreux critères différents qui s'appliquent de diverses manières.
Le processus consisterait à examiner les caractéristiques de l'arme à feu et à déterminer si elles correspondent ou non à l'un ou l'autre des critères qui émaillent le Code criminel et les règlements connexes.
Je vais maintenant revenir aux associations de chasseurs qui ont communiqué avec nous. Ces gens ont confirmé qu'ils n'avaient pas été consultés par le gouvernement au sujet de l'amendement ou de son libellé. Ils expriment des craintes qu'on peut qualifier de légitimes.
L'arme à feu Weatherby MARK V, qui est conçue pour une cartouche et qui est généralement utilisée ici pour la chasse, est permise. Elle ne serait pas prohibée en vertu du point i) de l'amendement G‑4, qui renvoie à l'annexe proposée à l'amendement G‑46. Par contre, le 460 Weatherby Magnum, qui comporte des variantes et qui est conçu notamment pour chasser les éléphants, serait interdit.
Est-ce ce que nous devons comprendre?
:
Je vous remercie énormément de vos réponses ainsi que de votre patience. Cela répond à certaines questions, pour le moment, mais, plus nous avançons, plus il semble que des questions émergent. Il devient donc difficile de s'y retrouver.
Monsieur le président, je suis certaine que mes collègues ont encore un très grand nombre de questions à poser. J'aimerais donc faire une proposition qui pourrait, je l'espère, satisfaire tout le monde à ce point-ci.
J'aimerais qu'on invite des experts indépendants du gouvernement pour qu'ils nous expliquent les effets de cet amendement sur leur industrie ou sur leur vie en général. Ce serait un peu à l'image de ce qu'on fait dans le cadre du processus parlementaire habituel, quand on invite des gens à venir témoigner au début de l'étude d'un projet de loi. Les gens n'ont pas eu la chance de s'exprimer publiquement sur cet amendement massif présenté par le gouvernement, et je pense qu'il serait tout à fait légitime de leur permettre de le faire ici, devant le Comité.
Je demande donc que des séances supplémentaires soient tenues pour entendre des témoins qui n'ont pas encore été entendus par le Comité. Je suis consciente que cette demande requiert le consentement unanime de mes collègues du Comité. Je leur propose donc à ce stade-ci que le sous-comité du programme et de la procédure du Comité se réunisse pour discuter du nombre de séances qui pourraient être tenues et des experts que le Comité voudrait recevoir. Si celui-ci obtenait des réponses à ses questions et que les témoins qu'il veut entendre pouvaient être entendus publiquement, spécifiquement au sujet de l'amendement G‑4, cela pourrait contribuer à faire avancer le processus, à mon avis. Cet amendement est assez substantiel, vous en conviendrez.
J'invite donc mes collègues à se prononcer en faveur de ma proposition, qui nécessite un consentement unanime. C'est ce que je propose aujourd'hui pour que nous puissions avancer sur l'amendement G‑4.
:
C'est exactement cela, monsieur le président.
Je demande le consentement unanime de mes collègues pour que le sous-comité du programme et de la procédure du Comité permanent de la sécurité publique et nationale se rencontre pour déterminer le nombre de réunions à tenir et le nombre de témoins à recevoir au Comité afin de permettre aux gens qui n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer sur le projet de loi et l'amendement G‑4 de pouvoir le faire.
Il est assez évident qu'il y a une frustration au sein de tous les partis sur le fait que tout le monde n'a pas pu se faire entendre. Une fois que les témoins auront été entendus, cela pourrait nous permettre d'avancer sur l'amendement G‑4. C'est ce que je propose.
Je sais que si je suggérais un nombre de réunions à ce stade-ci, je risquerais de ne pas avoir l'unanimité de mes collègues. C'est pourquoi je propose de laisser le soin au sous-comité de prendre les décisions relatives aux détails de ces réunions.
Je demande donc le consentement de mes collègues afin de résoudre cette impasse et aller de l'avant avec ce projet de loi.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais seulement que nous interrompions un moment l'étude article par article du projet de loi . Nos débats sont fructueux et sereins aujourd'hui, mais je voudrais faire une pause pour nous ramener aux raisons profondes de ce que nous faisons ici. Comme madame Michaud l'a fait remarquer, c'est aujourd'hui la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. Cette journée permet de commémorer la mort insensée de 14 femmes à la suite d'une attaque perpétrée à l'École polytechnique il y a 33 ans.
[Français]
Nous devons nous assurer de ne jamais oublier leurs noms. Nous devons aussi nous assurer qu'elles ne sont pas mortes en vain. Nous parlons de Geneviève Bergeron, Maryse Laganière, Hélène Colgan, Maryse Leclair, Nathalie Croteau, Anne‑Marie Lemay, Barbara Daigneault, Sonia Pelletier, Anne‑Marie Edward, Michèle Richard, Maud Haviernick, Annie St‑Arneault, Barbara Klucznik‑Widajewicz et Annie Turcotte.
Ces 14 femmes ont été tuées simplement parce qu'elles étaient des femmes.
[Traduction]
Je vous ai lu ces noms, car il ne faut pas les oublier. Il est important que nous renouvelions notre engagement envers les efforts visant à mettre fin à la violence fondée sur le sexe. Comme nous le savons, beaucoup trop de femmes au Canada subissent ce type de violence. Nous autres, membres du Comité, avons la responsabilité, dans le cadre de nos discussions et de nos débats fructueux, de poursuivre ensemble le travail afin d'éradiquer une fois pour toutes la violence fondée sur le sexe.
Nous sommes tous ici parce que nous voulons assurer la sécurité des communautés, protéger nos voisines et nos amies et faire disparaître les armes à feu des rues.
J'aimerais prendre un moment pour reconnaître le travail exceptionnel de PolySeSouvient et des groupes qui servent la même cause, qui militent avec acharnement pour le contrôle plus strict des armes à feu. Je ne fais pas cette déclaration à des fins partisanes, mais bien pour reconnaître les efforts des personnes qui veulent mettre en place des rues plus sûres sans porter atteinte aux droits et aux privilèges des chasseurs, des agriculteurs et des communautés autochtones au Canada.
Nous devons comprendre que l'accès aux armes à feu est un des principaux facteurs de risque de violence armée. La simple présence d'une arme à feu dans une maison accroît le risque que des actes de violence et d'intimidation soient perpétrés contre les femmes et les enfants qui vivent dans cette maison. Nous savons que la violence commise contre un partenaire intime — une des formes de violence conjugale — impliquant une arme à feu risque 12 fois plus de se solder par la mort que le même incident n'impliquant pas d'arme à feu. Nous savons que l'accès aux armes à feu multiplie par trois le risque d'homicide et par cinq le risque de suicide.
Des données ont été publiées au Canada. Des rapports publics montrent qu'une proportion allant de 37 % à 42 % des femmes et des filles tuées en 2019 et en 2020 l'a été avec une arme à feu. Les données sur les meurtres commis avec une arme à feu enregistrée appartenant à un détenteur de permis ou avec une arme à feu ayant déjà été saisie ne sont pas recueillies ou ne sont pas accessibles. Par conséquent, il n'est pas possible d'estimer les effets de la politique d'enregistrement des armes sur les féminicides. La présence d'une arme à feu dans la maison multiplie par cinq la mortalité causée par la violence commise contre un partenaire intime.
Les données sur la présence d'armes à feu dans les maisons peuvent aider les médecins au Canada à mettre au point un plan de sécurité pour les personnes à risque. Le projet de loi fera grandement progresser la lutte contre la violence fondée sur le sexe dans toutes les communautés au Canada. Je sais que toutes les personnes dans cette salle, tous partis confondus, se sont engagées à atteindre cet objectif.
Nous avons l'obligation et l'occasion de rédiger de façon intelligente des lois efficaces sur les armes à feu. J'ai demandé à mes collègues conservateurs entre autres de nous donner de la rétroaction et des conseils sur la manière dont nous devrions améliorer le projet de loi et remanier la liste. Je dois admettre que la seule rétroaction que j'ai reçue — peut-être que d'autres en ont reçu — est la condamnation en bloc du projet de loi.
De dire que tout est mauvais ne constitue pas une réponse satisfaisante aux familles des victimes. Les agriculteurs, les chasseurs et les communautés autochtones qui souhaitent le resserrement du contrôle des armes à feu ne seront pas satisfaits non plus. La Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu sera peut-être satisfaite, mais nous ne sommes pas là pour servir ses intérêts.
Toutes les lois sont perfectibles. Notre comité, tout comme les autres, apporte des améliorations aux mesures législatives. Personne n'a le monopole des bonnes idées. Je suis résolu à titre personnel, comme je l'ai dit à mes collègues, de faire tout ce que je peux, comme le sont d'ailleurs mes collègues, pour améliorer le projet de loi. Ce n'est pas en l'abolissant, mais plutôt en travaillant en concertation pour le bonifier que je compte y arriver. Nous avons l'obligation envers nous-mêmes et envers le Canada de mener à bien ce travail.
Je veux dire quelque chose avant de poser mes questions aux témoins. Je trouve extrêmement problématique de voir des organisations tirer des avantages financiers d'une tragédie. Je trouve cela ahurissant. J'aimerais que mes amis conservateurs condamnent ce qu'a fait la Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu, qui a accordé un rabais sur son site Web avec le code « POLY ». C'est inacceptable. C'est dégoûtant. Chacun d'entre nous doit s'insurger contre ce type de comportement répréhensible.
Que ce soit les conservateurs, les libéraux, les néo-démocrates, les bloquistes ou les verts, personne ne devrait agir de cette manière. Les Canadiens méritent mieux. Les résidants de nos circonscriptions méritent mieux. Je sais que des propriétaires d'armes à feu sont profondément scandalisés par ce comportement répugnant.
Je veux que lorsque nous quitterons cette salle, aucun membre du public qui nous regarde ne puisse s'imaginer qu'un seul d'entre nous agit dans le but de renforcer, de promouvoir ou d'amplifier ce comportement abject. J'espère que mes collègues m'épauleront dans cette démarche.
Passons maintenant au cœur des questions dont nous voulons discuter.
Je demanderais peut-être à madame Clarke de vulgariser pour nous ce que vise la définition.
Pour les personnes qui nous regardent, pourriez-vous, s'il vous plaît, encapsuler en termes simples ce que vise la définition?
:
Selon moi, la meilleure manière d'expliquer l'amendement G‑4 est de prendre un peu de recul et d'examiner la prohibition des armes à feu au titre du Code criminel.
L'article 84 du Code criminel établit la définition d'arme à feu prohibée et énumère un certain nombre de caractéristiques physiques. Elle énonce également le pouvoir de désigner les armes prohibées par règlement. Parmi les armes dotées de ces caractéristiques physiques, on compte les armes de poing à canon court, les armes automatiques et les fusils de chasse dont le canon a été scié.
Des dispositions réglementaires sont prises depuis le début des années 1990. De 1990 à 2000, environ 13 familles d'armes à feu ont été prohibées par voie réglementaire. Le 1er mai 2020, un décret a prohibé 1 500 marques et modèles supplémentaires d'armes à feu. Cela fait 109 familles. Le décret a également prohibé deux catégories d'armes à feu en fonction de caractéristiques physiques, en l'occurrence les armes à feu permettant de tirer des projectiles avec une énergie de plus de 10 000 joules et les armes à feu ayant une âme dont le calibre est de 20 mm et plus.
Lorsque le projet de loi a été déposé, le gouvernement s'est engagé à bannir complètement les armes d'assaut dans le cadre d'une stratégie composée de plusieurs étapes. La première étape était de modifier la définition d'arme à feu prohibée afin de codifier les armes interdites par voie réglementaire. La deuxième étape était d'inscrire des armes d'assaut qui ne figuraient pas dans le décret du 1er mai, et la troisième, d'ajouter la définition évolutive.
En parcourant l'amendement G‑4 en commençant par l'alinéa e) proposé, vous aurez le libellé suivant:
arme à feu pouvant tirer un projectile avec une énergie initiale de plus de 10 000 joules, sauf celle conçue exclusivement pour neutraliser des engins explosifs;
Ce sont des diffuseurs de bombes. L'alinéa e) proposé porte sur les armes à feu déjà prohibées dans le règlement. Ces armes ont été importées du règlement et transférées dans la définition d'arme à feu prohibée.
Le contenu de l'alinéa f) proposé se trouvait déjà lui aussi dans le règlement. Il vise des armes à feu qui sont déjà prohibées. Cet alinéa propose de faire passer ces armes du règlement à la définition d'arme à feu prohibée afin d'en codifier l'interdiction.
L'alinéa g) conférerait un caractère évolutif à la définition, tandis que l'alinéa h) proposé est lié à une motion qui n'a pas encore été présentée.
L'alinéa i) est l'annexe composée de trois volets. Le premier volet énumère les armes à feu prohibées dans les années 1990 et les armes à feu figurant dans le décret du 1er mai 2020. Il ajoute également des variants qui ont attiré l'attention du Programme canadien des armes à feu depuis que le règlement a été pris le 1er mai 2020. Des armes à feu semblent avoir été ajoutées, mais ce sont des armes qui étaient déjà prohibées.
Voilà le contenu de l'annexe 1. Toutes les armes à feu qui s'y trouvent sont déjà prohibées. Elles ont seulement été tirées du règlement pour être codifiées dans une annexe du Code criminel.
Le deuxième volet se compose de tous les éléments qui suivent l'article 97 de l'annexe proposée. Ces armes à feu ne sont pas encore prohibées. Elles sont incluses dans l'annexe parce qu'elles sont dotées des mêmes capacités que les armes à feu visées initialement par le décret du 1er mai. Leur capacité d'exécuter un tir rapide et soutenu prouve qu'elles sont de conception militaire et tactique et qu'elles peuvent recevoir un chargeur à cartouches de grande dimension.
Voilà ce que ferait l'annexe. Toutes les armes y sont classées par marque et par modèle. De nouveaux variants sont ajoutés. On propose qu'elle soit codifiée. Le classement par marque et par modèle est proposé pour des raisons de transparence et de clarté et permettra aux Canadiens de consulter facilement l'annexe pour voir si une arme donnée est inscrite sur la liste.
L'alinéa 84(1)g) proposé est une disposition prospective qui ajouterait à la définition d'arme à feu prohibée certaines caractéristiques afin d'englober les armes à feu qui correspondent aux paramètres associés aux armes d'assaut. Toutefois, la définition serait plus restrictive que les caractéristiques prévues dans le décret du 1er mai, car elle viserait seulement les armes permettant de tirer des munitions à percussion centrale, les fusils de chasse et les carabines.
Avez-vous d'autres questions?
La liste à l'amendement G‑46 est une source de grande consternation, comme vous avez pu le constater. Pouvez-vous en donner une version simplifiée et ventilée en fonction du moment où ces choses ont été interdites, pour que les gens puissent comprendre si elles se trouvent sur la liste d'armes interdites depuis les années 1990, 2000, 2010 et ainsi de suite?
La dernière chose que nous voulons... Je pense que nous sommes tous pris dans ce tourbillon avec nos concitoyens alors que tout le monde pense que tout ce qui se trouve sur la liste est nouveau, et vous avez clairement dit que ce n'est pas le cas. Si nous avions ce genre de liste, je pense que nous pourrions cibler nos discussions de manière beaucoup plus concrète.
Est‑ce une chose que vous pourriez nous fournir?
J'aimerais parler de certains détails. Comme beaucoup de personnes — chacun de nous, je pense —, j'ai reçu des messages de concitoyens et d'autres personnes d'un bout à l'autre du pays qui sont préoccupés. Je veux que nous fassions tout notre possible pour clarifier ce qui doit l'être.
J'aimerais vous poser des questions sur une série d'armes dont il a été question dans les messages que d'autres personnes et moi-même avons reçus. Il y a tout d'abord le Ruger No. 1. C'est un fusil à un coup pour la chasse. Il est sur la liste.
Est‑ce que cela signifie, d'après vous, que le gouvernement propose d'interdire tous les Ruger No. 1, ou la liste vise‑t‑elle seulement ceux qui peuvent tirer certains calibres de munition?