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Bienvenue à la 37
e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Nous commencerons par reconnaître que nous nous réunissons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 novembre 2021, la séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, c'est-à-dire que des députés sont présents dans la salle alors que d'autres participent à distance au moyen de l'application Zoom.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et des motions adoptées par le Comité le jeudi 3 mars 2022, le Comité poursuit son évaluation de la posture de sécurité du Canada par rapport à la Russie.
Ce matin, nous accueillons, du ministère de la Défense nationale, le général Wayne Eyre, chef d'état-major des Forces armées canadiennes; le vice-amiral Auchterlonie, commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada; et le major-général Michael Wright, commandant du Commandement du renseignement des Forces canadiennes et chef du renseignement de défense. Du Centre de la sécurité des télécommunications, nous accueillons Mme Caroline Xavier, chef, et M. Sami Khoury, dirigeant principal du Centre canadien pour la cybersécurité.
Merci à tous de vous joindre à nous aujourd'hui. Nous avons hâte d'entendre vos observations.
Général Eyre, je vous invite maintenant à faire votre déclaration liminaire. Vous aurez plus ou moins cinq minutes. Nous ne serons pas trop durs avec vous.
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Monsieur le président, je vous remercie de me donner l'occasion de discuter de notre environnement de sécurité géopolitique, en particulier, de la menace que la Russie représente pour le Canada.
Je suis heureux d'être accompagné du vice-amiral Auchterlonie, commandant opérationnel de nos opérations internationales et nationales, ainsi que du major-général Wright, commandant du Commandement du renseignement. Je suis également très heureux d'être ici avec mes collègues du CST, Caroline Xavier et Sami Khoury, que vous avez présentés.
Nous nous trouvons de nouveau dans un monde chaotique et dangereux où de grandes puissances, notamment la Russie et la Chine, sont déterminées à refaire l'ordre mondial pour parvenir à leurs fins et où les droits et libertés des États plus petits et moins puissants sont éliminés. Nous sommes également témoins de violations du caractère sacré de la souveraineté territoriale et du dialogue responsable sur l'utilisation des armes nucléaires.
La Russie et la Chine ne font pas la distinction entre la paix et la guerre.
[Français]
En cherchant à atteindre leurs objectifs nationaux, elles utiliseront tous les éléments de leur puissance nationale, agissant souvent juste sous le seuil d'un conflit violent à grande échelle. Cela dit, d'après ce que nous voyons en Ukraine, elles sont bien disposées à franchir ce seuil.
La Russie et la Chine visent non seulement la survie du régime, mais aussi son expansion.
[Traduction]
Dans ce contexte, ces pays se considèrent comme étant en guerre avec l'Occident.
Leur plus grande menace ne vient pas d'adversaires extérieurs, mais de leur propre population. Ils s'efforcent donc de miner la cohésion sociale des démocraties libérales et la crédibilité de nos institutions, pour que notre modèle de gouvernement soit perçu comme un échec.
Nous observons un exemple de cette guerre de l'information en temps réel, où les Ukrainiens gagnent la bataille entre la vérité et le mensonge en Occident, tandis que le discours russe domine dans beaucoup d'autres régions du monde.
Aurons-nous un ordre international fondé sur des règles ou un ordre fondé sur la puissance? Ce concours, à savoir quel ordre l'emportera, définira certainement le reste de notre temps en uniforme et, en fait, le reste de nos vies.
[Français]
Beaucoup de nos alliés et partenaires sont lucides à l'égard de ce qui menace notre avenir.
Nous devons l'être nous aussi.
L'enjeu est de taille.
Nous ne pouvons pas permettre à des puissances autoritaires de changer l'ordre mondial pour arriver à leurs fins.
[Traduction]
Nous devons être forts. Nous devons travailler avec nos partenaires et alliés et faire front commun pour éviter un mauvais calcul, tout en décourageant l'aventurisme et une guerre entre les grandes puissances.
En ce qui concerne notre propre sécurité nationale, la distance et l'isolement géographique dont le Canada bénéficie depuis longtemps ne constituent plus une stratégie défensive viable. En 2021, le Canada et les États-Unis ont convenu d'investir dans la modernisation du NORAD, qui est nécessaire depuis longtemps. Cependant, la Russie a elle aussi fait des investissements importants, y compris dans l'aviation à long rayon d'action et dans la capacité des missiles de croisière que transportent ses avions.
La Russie peut également représenter une menace pour le Canada dans d'autres domaines, non seulement le domaine maritime, mais aussi dans les domaines cybernétique et spatial, où elle a la capacité de menacer nos réseaux, notre infrastructure critique, nos communications et notre économie.
[Français]
Enfin, il y a la menace nucléaire, répétée de façon à peine voilée à de nombreuses reprises ces derniers temps.
À l'heure actuelle, nous ne pensons pas que la Russie compte utiliser des armes nucléaires stratégiques contre le Canada. Le déroulement de la crise en Ukraine et l'escalade possible nous obligent toutefois à la vigilance.
[Traduction]
La menace russe est très claire. Heureusement, les mesures qu'il faut prendre pour contrer cette menace sont également claires. En plus de nous préparer à la possibilité d'un conflit ouvert dans les domaines traditionnels, il faut développer notre capacité de gérer des affrontements dans les domaines cybernétique, spatial et cognitif.
Nous devons intégrer nos capacités dans tous les domaines. En matière de sécurité nationale, il faut élaborer une approche intégrée combinant des interventions militaires, des actions diplomatiques, ainsi que des mesures économiques et d'information à l'échelle locale, régionale, nationale et multinationale.
[Français]
Nous devons maintenir un avantage sur le plan intellectuel en générant diverses options et idées stratégiques au moyen d'un dialogue continu entre les alliés, les organisations, les industries, le milieu universitaire et les gouvernements. Ce sera crucial pour maintenir notre avantage stratégique.
[Traduction]
Nous ne devons pas être naïfs en ce qui concerne les menaces dans le monde. D'après nos adversaires, un compromis constitue une faiblesse devant être exploitée. Ils ne respectent que la force et ne réagissent qu'à cela.
L'ordre international fondé sur des règles, qui sous-tend depuis des générations la stabilité mondiale et, en effet, notre prospérité nationale, est maintenant incertain. Il doit être défendu. Nous devons tous être conscients de la gravité de ce moment.
Merci. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Bonjour. Je vous remercie, monsieur le président et membres du Comité, de m'avoir invitée à vous parler de la posture de sécurité du Canada par rapport à la Russie.
Je suis Caroline Xavier, et mon pronom est elle. Je suis la nouvelle chef du Centre de la sécurité des télécommunications, appelé le CST.
Je suis accompagnée aujourd'hui par Sami Khoury, dirigeant principal du Centre canadien pour la cybersécurité du CST, ou le cybercentre, comme vous l'avez déjà entendu.
Je suis heureuse de me joindre à vous. J'aimerais moi aussi prendre un moment pour reconnaître que la terre d'où je me joins à vous aujourd'hui est un territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine Anishinabe.
[Français]
Je vais vous présenter une brève mise à jour sur le rôle du CST pour assurer la posture de cybersécurité du Canada par rapport à la Russie, et je vais vous donner de l'information sur les récentes activités du CST pour protéger les Canadiens de ces menaces.
[Traduction]
Le CST, qui relève de la , est l'un des principaux organismes canadiens de sécurité et de renseignement. La Loi sur le Centre de la sécurité des télécommunications, ou Loi sur le CST, énonce cinq aspects de notre mandat, soit la cybersécurité et l'assurance de l'information, le renseignement étranger, les cyberopérations défensives, les cyberopérations actives et l'assistance technique et opérationnelle. Dans le cadre de ce mandat, le CST est l'autorité technique nationale du Canada en matière de cybersécurité.
[Français]
Le Centre canadien pour la cybersécurité est un secteur au sein du CST et un centre d'expertise unique pour toutes les questions techniques et opérationnelles en matière de cybersécurité.
[Traduction]
Permettez-moi de vous donner un aperçu des principales conclusions sur le contexte actuel des cybermenaces, particulièrement en ce qui concerne la Russie. Je tiens à souligner que cette année le CST a publié quatre bulletins sur des activités de cybermenaces et de désinformation parrainées par la Russie.
[Français]
Tout d'abord, voici quelques cybermenaces auxquelles le Canada doit faire face à l'heure actuelle. Nous présentons ces menaces plus en détail dans notre Évaluation des cybermenaces nationales, que je vous encourage à consulter pour avoir une meilleure compréhension du contexte des menaces.
[Traduction]
Dans cette évaluation, nous concluons que le cybercrime est la menace la plus courante et la plus répandue contre les Canadiens et les entreprises canadiennes. Des cybercriminels cherchent à s'infiltrer dans les systèmes canadiens. Ils proviennent, entre autres, de la Russie, de la Chine et de l'Iran. Ces auteurs de menace s'appuient sur diverses techniques, comme le rançongiciel, le vol de données personnelles et la fraude en ligne. Les exploitants d'infrastructures essentielles et les grandes entreprises constituent les cibles les plus profitables.
Bien que la cybercriminalité soit la menace la plus susceptible de toucher le Canadien moyen, les programmes de cyberopérations parrainés par des États, notamment la Chine, la Corée du Nord, l'Iran et la Russie, représentent les menaces stratégiques les plus importantes pour le Canada. Les activités de cybermenaces perpétrées par des États étrangers, dont la Russie, ciblent les exploitants de réseaux de l'infrastructure essentielle du Canada, de même que leurs technologies opérationnelles et technologies de l'information.
[Français]
La Russie possède d'importantes cybercapacités et a montré dans le passé qu'elle pouvait les utiliser à mauvais escient. On pense notamment à la cybercompromission de SolarWinds, aux perturbations visant les efforts d'élaboration de vaccins contre la COVID‑19, aux menaces contre le processus démocratique en Géorgie et au maliciel NotPetya.
[Traduction]
En plus des défis à la cybersécurité canadienne soutenus par la Russie, comme je l'ai mentionné, les campagnes de désinformation russes menacent également le Canada et les Canadiens. En juillet de cette année, le Centre de la sécurité des télécommunications, CST, a fait savoir qu'il avait continué d'observer de nombreuses campagnes de désinformation en ligne soutenues par la Russie visant à appuyer l'invasion brutale et injustifiable de l'Ukraine par la Russie.
[Français]
Maintenant que je vous ai présenté les principales tendances et menaces, je vais vous donner un aperçu des façons dont le mandat du CST nous aide à résoudre ces problèmes.
Le CST possède des capacités techniques et opérationnelles uniques qui lui permettent d'intervenir lorsque surviennent divers types de menaces contre le Canada, notamment les auteurs de menaces d'États hostiles.
[Traduction]
Le programme de renseignement électromagnétique étranger du CST fournit des capacités perfectionnées qui nous permettent d'accéder aux cybermenaces actuelles et émergentes, de les traiter, de les décrypter et de rendre des comptes sur ces cybermenaces. Nous utilisons ensuite ces renseignements pour informer le gouvernement et les diffuser.
[Français]
Le renseignement étranger que le CST recueille nous permet de transmettre cette information non seulement aux propriétaires et aux exploitants de l'infrastructure essentielle au Canada, mais aussi à nos alliés, à nos partenaires de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, ou OTAN, et à l'Ukraine.
[Traduction]
Le fait de disposer de ces renseignements avant qu'une menace se matérialise leur permet de protéger et de défendre leurs systèmes de manière proactive. La Loi sur le CST nous permet en outre de fournir une assistance technique et opérationnelle aux partenaires fédéraux en matière d'application de la loi, de sécurité et de défense, notamment le ministère de la Défense nationale, les Forces armées canadiennes, la GRC et le Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS. Cela signifie que le CST est autorisé à aider les FAC à soutenir les missions militaires autorisées par le gouvernement, comme l'opération Unifier. Cela comprend l'échange de renseignements et la cybersécurité.
[Français]
L'un des principaux rôles du CST est d'informer le gouvernement au sujet d'activités d'entités étrangères qui menacent le Canada ou ses alliés. Parmi ces menaces, il y a les cybermenaces étrangères, l'espionnage, le terrorisme, et même les campagnes de désinformation.
[Traduction]
Par exemple, depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, nous avons observé de nombreuses campagnes de désinformation en ligne soutenues par les Russes, qui visent à discréditer et à diffuser des renseignements erronés sur les alliés de l'OTAN, ainsi que de faux récits sur la participation du Canada dans le conflit russo-ukrainien.
[Français]
Par exemple, les médias contrôlés ont reçu l'ordre d'inclure des images trafiquées de membres des Forces canadiennes en première ligne et de fausses allégations selon lesquelles les Forces canadiennes commettent des crimes de guerre.
[Traduction]
Nous avons diffusé ces renseignements sur Twitter dans le cadre des efforts du gouvernement du Canada pour aider à informer les Canadiens sur la façon d'arrêter la propagation de la désinformation et de s'en protéger.
Nous continuerons de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires du Groupe des cinq, de même que de mettre à contribution notre expertise pour assurer en toute confiance la résilience du Canada face aux menaces en termes de cybersécurité ou de désinformation.
[Français]
Malgré le niveau de sophistication toujours plus élevé de la désinformation et des auteurs de cybermenaces de la Russie, je peux vous assurer que nous travaillons sans relâche pour relever la barre en matière de cybersécurité au Canada et pour protéger tous les Canadiens contre les menaces émergentes.
[Traduction]
Nous disposons de l'expertise nécessaire pour surveiller, détecter et enquêter sur les menaces potentielles. Nous renforçons les capacités et les moyens supplémentaires pour prendre des mesures actives de protection, de dissuasion et de défense contre ces menaces.
[Français]
Nous continuons également à publier des avis et des conseils qui permettent aux Canadiens et aux entreprises canadiennes d'améliorer leurs pratiques en matière de cybersécurité.
[Traduction]
Nous continuerons de collaborer étroitement avec nos alliés du Groupe des cinq et de l'OTAN pour protéger l'infrastructure essentielle, les économies et les systèmes démocratiques de notre pays.
Sur ce, je serai ravi de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup aux témoins d'être ici. C'est un honneur de les avoir ici.
Général Eyre, c'est un honneur de vous rencontrer en personne. Merci de tout ce que vos collègues et vous faites pour assurer la sécurité des Canadiens. J'ai quelques questions à vous poser.
J'ai passé en revue certains des médias que vous avez utilisés au cours des derniers mois. Je suis assez préoccupée par certaines des choses que vous avez racontées aux Canadiens sur l'état de nos forces armées et notre préparation militaire.
En mai 2022, vous avez mentionné, « Compte tenu de la détérioration de la situation mondiale, nous avons besoin que l'industrie de la défense se place sur un pied de guerre et augmente ses lignes de production ». Vous avez poursuivi en disant: « Nous sommes confrontés à une situation de sécurité dans le monde qui est aussi dangereuse, voire plus dangereuse, que la fin de la guerre froide. » Vous avez également déclaré: « Le Canada est loin d'être aussi en sécurité qu'il l'était autrefois. »
Tout au long de l'étude que nous avons menées, nous avons compris que depuis la fin de la guerre froide, notre infrastructure et les capacités de défense qui accompagnaient notre infrastructure du NORAD ont été négligées, tout comme notre armée canadienne, peut-être.
Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez, compte tenu du contexte de ce que vous dites sur la façon dont nous sommes peut-être dans une situation plus dangereuse que durant la guerre froide?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous aujourd'hui. Je leur en suis reconnaissante.
Ma première question s'adresse à Mme Xavier.
Madame Xavier, j'ai pris connaissance d'un article publié dans le Journal de Montréal en mai 2022. On y retrouve plusieurs chiffres concernant le Centre de la sécurité des télécommunications. Selon cet article, depuis l'invasion russe, le nombre de cyberattaques a grimpé de 16 % dans le monde entier. En 2021, le nombre d'attaques par rançongiciel a bondi de 151 % par rapport à 2020, également dans le monde entier. À lui seul, le Canada a essuyé 235 attaques connues.
Au bénéfice des membres du Comité, pourriez-vous nous expliquer pourquoi ces données ne sont pas toutes connues?
Vous disiez que cela représentait la pointe de l'iceberg, mais que les attaques ne sont pas toutes déclarées. Pourquoi ne le sont-elles pas toutes ? Devrions-nous davantage encourager les organisations victimes d'une attaque à le signaler?
Selon ce que je comprends, il n'y a rien de contraignant pour le moment. Toutefois, cela pourrait certainement être utile pour toutes les organisations susceptibles d'être victimes d'une attaque.
Qu'en pensez-vous?
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Je vous remercie de la question.
Nous aimerions, bien sûr, que le Canada soit immunisé contre les cybermenaces, et notre organisation a pour but d'essayer de s'assurer que toutes les organisations et tous les Canadiens sont sensibilisés à la nécessité de prêter attention à la manière dont ils gèrent leurs données.
Comme vous l'avez mentionné, nous observons une augmentation des attaques par rançongiciel. C'est pourquoi nous travaillons de manière très étroite avec les industries, avec les différents paliers de gouvernement et avec les Canadiens. Nous cherchons à les informer et à les sensibiliser.
Nous travaillons également de façon étroite avec des organisations qui nous rapportent avoir été victimes de cyberattaques. Cependant, comme vous l'avez dit, plusieurs organisations ne le signalent pas. Nous continuons tout de même à en discuter ouvertement avec les industries.
Nous organisons beaucoup de séances d'information et de sensibilisation visant à les informer du fait que nous sommes là pour leur offrir le soutien nécessaire. Nous publions aussi beaucoup de bulletins d'information pour leur expliquer les risques, afin qu'elles se protègent et qu'elles préviennent les attaques possibles.
Cela nous inquiète, évidemment. Or, le Canada n'est pas le seul pays à souffrir du fait que plusieurs organisations ne veulent pas divulguer les attaques dont elles sont victimes. Nous en discutons avec tous nos alliés dans le monde, et nous continuons à mentionner aux organisations qu'il est important de nous contacter. Nous savons comment être discrets, en plus de savoir comment travailler avec elles pour les aider à trouver la solution à leur problème.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici. Je sais à quel point votre temps est précieux, et notre comité vous remercie sincèrement d'être ici aujourd'hui.
Général Eyre, j'aimerais commencer par vous.
Nous avons pu observer, en Ukraine, ce qu'il est possible d'accomplir lorsqu'une force de combat déterminée bénéficie d'une formation occidentale et d'un arsenal occidental. Je pense que nous avons tous été assez ébahis par les capacités de l'armée ukrainienne.
En même temps, je pense que cela nous donne l'occasion d'en apprendre davantage sur les capacités militaires russes, la doctrine de combat de l'armée russe, le moral de ses troupes, etc. Nous savons, de sources d'information publiques, que les Russes ont essuyé de sérieux revers au cours du dernier mois.
Je sais que le Canada et tous ses alliés de l'OTAN prêtent attention à ce conflit. De manière générale, qu'avons-nous appris de ce conflit sur la capacité militaire russe, et comment la doctrine de l'OTAN évolue‑t‑elle à partir de cette évaluation?
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Monsieur le président, je remercie le député de sa question.
Je vais dire quelques mots et ensuite donner au vice-amiral Auchterlonie, qui surveille cela au quotidien, la chance de faire quelques observations.
Je dirais que la volonté de vaincre que nous observons au sein des forces ukrainiennes est probablement le facteur déterminant de leur succès.
Nous avons été très heureux de voir les forces ukrainiennes prendre pleinement ce que nous appelons le commandement des missions, c'est‑à‑dire prendre le leadership sur le terrain, pour pouvoir improviser, tirer parti de la situation locale et créer le succès. Nous ne voyons pas cela du côté russe. Les Russes sont très attachés à la vieille mentalité soviétique, au style de commandement descendant et centralisé. C'est l'un des grands constats que nous faisons.
Nous avons remarqué des failles du côté russe, sur le plan stratégique, pour aligner les fins, les moyens et les ressources. Leurs moyens et leurs ressources militaires ne sont pas à la hauteur de leurs objectifs politiques. Nous constatons une déconnexion, en ce sens qu'ils sont constamment en train de réviser leurs objectifs. Encore aujourd'hui, nous doutons que leurs objectifs maximalistes soient réalisables.
Nous avons également constaté des problèmes systématiques dans leurs forces, notamment pour ce qui est de l'entraînement et de la capacité à intégrer des ressources interarmes, c'est‑à‑dire que l'artillerie, le génie et les forces aériennes travaillent ensemble. Ce n'est tout simplement pas le cas. Leurs lacunes logistiques sont assez importantes.
Nous avons appris, au sein de nos forces, à quel point l'autonomisation d'une force très motivée et le fait de lui donner les pouvoirs et les ressources nécessaires pour agir sur le terrain peuvent être puissants. Nous insistons là‑dessus.
Je suis très fier de l'entraînement que nos forces ont reçu depuis 2015 et de la façon dont elles arrivent à transmettre ce style de leadership jusque sur le terrain. Cet entraînement se poursuit aujourd'hui dans le cadre de l'opération Unifier.
Sur ce, je cède la parole au vice-amiral Auchterlonie.
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Merci, monsieur le président.
Merci, chef.
Comme le chef l'a souligné, nous menons l'opération Unifier depuis 2015, dans le cadre de laquelle nous formons nos partenaires des forces armées ukrainiennes en collaboration avec nos alliés (les États-Unis, le Royaume-Uni, la Lituanie et d'autres pays) pour faire en sorte qu'ils aient cette capacité et la formation nécessaire pour tirer le maximum de leurs capacités sur le terrain.
Je me fais vraiment l'écho des commentaires de mes collègues. Les forces armées ukrainiennes sont exceptionnellement impressionnantes, elles sont déterminées à se battre pour leur pays. C'est très impressionnant.
Vous avez parlé des leçons essentielles qu'on tire de tout cela. Il est évident que nous tirons des leçons de ce conflit. Nous avons appris des Ukrainiens en 2015. Dans le Donbass, nous avons tiré beaucoup d'enseignements de 2015 et modifié nos tactiques et procédures au sein de l'OTAN, du Canada et avec nos alliés. Nous apprenons aujourd'hui bien des choses contre les forces russes.
Il y a toutefois une chose sur laquelle je dois vous mettre en garde, c'est que nous apprenons des choses, mais les Russes et les Chinois en apprennent aussi. Le Comité doit être attentif à cela. Le fait est que nous ne sommes pas les seuls à apprendre de ces événements.
On voit qu'il y a une grande cohésion au sein de l'Occident, c'est phénoménal, et la cohésion au sein de l'OTAN est fantastique. Je pense que nos adversaires dans le monde entier le voient et qu'ils vont y réagir. Donc nous allons apprendre au fur et à mesure. Nous sommes une institution qui apprend. Les autres organisations vont également en tirer des enseignements.
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Monsieur le président, c'est une autre question qui nous tient à cœur dans l'examen de notre capacité d'intervention.
Permettez-moi d'abord de dire que notre priorité absolue est de protéger les Canadiens ici, au pays. Lorsque nous recevons un appel, nous mettons tout le reste de côté pour nous assurer d'être en mesure d'intervenir rapidement. Cela dit, compte tenu de la fréquence et de l'intensité croissantes des catastrophes naturelles, on nous demande de plus en plus d'intervenir pas nécessairement en dernier recours, mais parfois, comme force de premier recours.
De quoi aurions-nous besoin? De ressources supplémentaires. Celles-ci pourraient venir des services municipaux ou provinciaux. Cela dit — et je l'ai déjà dit publiquement —, étant donné l'ampleur des catastrophes auxquelles nous sommes confrontés, nous devons toujours demeurer cette force de dernier recours. Les Forces canadiennes doivent toujours être là, être la police d'assurance ultime pour le Canada lorsque les ressources manquent.
Ce que nous fournissons, et que toute autre organisation devrait pouvoir fournir, c'est un bassin de main-d'œuvre qualifiée et organisée, pleinement autonome pour s'approvisionner lui-même, se déplacer par ses propres moyens, assurer son propre commandement et contrôle et s'occuper de lui-même. C'est là toute la véritable valeur de ce que nous avons à offrir. Toute organisation similaire, toute organisation supplémentaire, devrait avoir les mêmes attributs.
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Je vous remercie, monsieur le président, de cette question.
Comme il a déjà été mentionné, nous ne pouvons pas parler des détails, mais ce que nous pouvons divulguer, c'est que lorsque nous prenons connaissance des caractéristiques d'un cybercriminel ou de son profil et que nous sommes en mesure de déclassifier ces renseignements, nous voulons certainement les communiquer à l'industrie.
C'est ce qui est arrivé dans le communiqué que nous avons publié en janvier dernier. Nous avons informé le secteur privé de ce que la Russie pouvait être en mesure de faire dans le domaine des infrastructures essentielles, juste pour donner un avertissement général sur ce dont il faudrait s'inquiéter, car nous savons que ce pays peut opérer de manière sophistiquée.
En ce qui concerne les États hostiles en général et pas seulement la Russie en particulier, lorsque nous comprenons un profil, comme celui que nous avons observé pour la Russie, nous fournissons aux intervenants de l'industrie les conseils nécessaires pour qu'ils puissent corriger leurs systèmes afin d'éliminer toute vulnérabilité et pour qu'ils exercent une surveillance accrue à cet égard. C'est l'autre élément qui est réellement important, c'est‑à‑dire qu'il faut toujours vérifier si les choses se déroulent comme prévu.
Nous proposons régulièrement des séances d'information, ainsi que des communiqués dans lesquels nous formulons des conseils. Dès que nous sommes en mesure de fournir des renseignements qui sont transparents au public, nous le faisons.
Cela revient à la question posée plus tôt sur la façon dont nous n'épargnons aucun effort pour trouver des moyens de déclassifier les renseignements et de les rendre publics, afin que les gens soient informés de ce que les Russes sont potentiellement capables de faire.
Malheureusement, c'est à peu près tout ce que je peux dire.