Bienvenue à la 118e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Avant de commencer, j'invite les participants dans la salle à consulter les fiches sur la table pour prendre connaissance des directives qui ont été mises à jour. Ces mesures sont en place pour prévenir les incidents acoustiques et les retours de son et pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris des interprètes. Vous remarquerez sur la fiche un code QR qui renferme un lien vers une courte vidéo de sensibilisation.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride. J'aimerais rappeler les points suivants aux participants. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Tous vos commentaires doivent être adressés à la présidence. Je rappelle également aux collègues qu'ils doivent lever la main pour demander la parole, que ce soit en personne ou sur Zoom. Le greffier et moi-même gérerons de notre mieux l'ordre des interventions.
Je vous signale que le poste de vice-président est vacant. Le député Doug Shipley m'a annoncé sa démission le lundi 16 septembre.
Merci, monsieur Shipley, de vos services.
Je vais céder la parole au greffier pour que nous procédions à l'élection d'un nouveau vice-président. Allez‑y, monsieur le greffier.
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Qui est en faveur de la motion? Qui est contre?
(La motion est adoptée.)
Le président: Il semble y avoir consentement unanime.
Bon retour, madame Dancho. Nous sommes heureux de vous revoir au Comité.
Revenons à notre programme d'aujourd'hui. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 13 août, le Comité se réunit pour étudier l'examen du complot terroriste déjoué à Toronto et du processus de sécurité pour les demandes de résidence permanente et de citoyenneté.
J'aimerais rappeler aux membres du Comité qu'une ordonnance de non-publication au titre de l'article 517 est en vigueur. Il est donc interdit de publier toute information, preuve ou déclaration faite lors d'une audience de mise en liberté sous caution ou en prévision d'une telle audience. Il est interdit de divulguer les conditions de mise en liberté sous caution, les motifs du tribunal chargé de la mise en liberté sous caution et les preuves ou documents utilisés lors de l'audience de mise en liberté sous caution.
J'aimerais à présent accueillir les témoins pour la première heure de la réunion. Nous recevons l'honorable Marc Miller, c.p., député et ministre d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté.
Bienvenue.
Du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, nous avons M. Harpreet S. Kochhar, sous-ministre; Mme Pemi Gill, sous-ministre adjointe; Mme Soyoung Park, sous-ministre adjointe, Octroi de l'asile et réinstallation des réfugiés; Mme Aiesha Zafar, sous-ministre adjointe, Intégrité des mouvements migratoires.
J'invite le ministre Miller à prononcer sa déclaration liminaire.
La parole est à vous.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je veux d'abord féliciter Mme Dancho pour sa nomination à titre de première vice-présidente. Je voudrais aussi souligner le consentement unanime. C'est probablement l'une des rares fois où le Comité vote de façon unanime sur quelque chose.
Bon retour à la Chambre des communes. C'est un plaisir de vous voir.
Je suis heureux de vous voir tous dans le cadre de cette étude.
Pour faire suite aux propos du , je veux saluer le travail de nos partenaires de la sécurité et de l'application de la loi qui ont arrêté les individus en question. Ils ont prouvé une fois de plus que la collaboration continuelle entre les organismes d'application de la loi, de la sécurité et des services frontaliers est essentielle pour assurer la sécurité de la population.
En même temps, tout comme vous, l'arrestation de deux individus accusés de terrorisme à Toronto, Ahmed Eldidi et Mostafa Eldidi, a suscité chez moi de vives inquiétudes. Je suis préoccupé également de l'arrestation il y a quelques semaines du ressortissant pakistanais Muhammad Khan soupçonné d'avoir fomenté une attaque à New York.
Je vais m'efforcer de fournir le plus d'informations possible aujourd'hui. Cela dit, conformément aux instructions données par le président concernant le procès en cours, je veillerai à ce que mes interventions ne nuisent pas à la capacité de la Couronne de poursuivre les individus — les accusés — et ne portent pas atteinte au droit de ces derniers à un procès équitable.
[Français]
Le 28 août, nous avons fourni à ce comité une chronologie des événements. J'ai également demandé à mon sous-ministre de procéder à un examen approfondi de la manière dont ces deux personnes sont entrées au Canada, et nous effectuons un examen de nos procédures internes de contrôle de sécurité.
La première étape consiste à rassembler tous les faits. Une fois ces éléments mis en place, le et moi procéderons rapidement aux changements nécessaires pour renforcer le système, s'il y a lieu. L'examen interne sera terminé dans les semaines à venir, et les conclusions et recommandations seront rendues publiques.
Avant de souligner le rôle de mon ministère dans le renforcement des procédures de contrôle de sécurité au Canada, je voudrais vous donner un aperçu de la manière dont mon ministère travaille avec d'autres organismes pour protéger le pays.
[Traduction]
Les Canadiens méritent d'obtenir des réponses et de la transparence. C'est en plein l'objectif que nous voulons tous atteindre aujourd'hui. Voilà pourquoi mon ministère a remis au Comité une chronologie des événements liés à Muhammad Khan, qui s'ajoute à la chronologie des événements fournie en août.
Comprenez-moi bien. Tous les individus qui veulent entrer au Canada font l'objet d'une vérification. Immigration, Réfugiés et Citoyenne Canada, ou IRCC, travaille étroitement avec l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, le Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, et la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC. Nous échangeons avec ces organismes des informations afin de repérer les individus qui pourraient poser une menace pour la sécurité nationale.
Ce contrôle se divise en trois stades: avant l'arrivée de la personne au Canada, au port d'entrée et une fois la personne arrivée au pays. Mon collègue vous a décrit ce processus il y a quelques semaines.
IRCC dirige le premier stade en collaboration avec l'ASFC et le SCRS. Les demandes de résidence temporaire ou de résidence permanente sont soumises à un contrôle de sécurité initial. Nous évaluons les renseignements personnels et les antécédents en fonction d'un ensemble d'indicateurs de risque qui permettent de déterminer si les demandeurs constituent une menace possible.
En nous appuyant sur les indicateurs de risque, nous relevons les demandes qui nécessitent un filtrage de sécurité plus poussé par l'ASFC ou le SCRS. Nous confirmons également l'identité des personnes concernées et nous évaluons leur admissibilité en vérifiant les correspondances entre, d'une part, les données biométriques telles que les empreintes digitales et les renseignements biographiques, et d'autre part, les bases de données de la GRC et les données sur l'immigration détenues par nos partenaires internationaux, notamment les États-Unis, notre partenaire le plus important.
[Français]
Les agents d'immigration évaluent systématiquement les demandes en fonction des critères de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Ils peuvent juger qu'une personne est inadmissible en raison d'activités criminelles, de violation des droits de la personne, de problèmes de sécurité nationale ou de fausses déclarations. Les membres d'une organisation terroriste sont interdits de territoire.
Les agents de l'ASFC, soit l'Agence des services frontaliers du Canada, effectuent un autre niveau de contrôle lors de l'entrée au Canada. Les personnes qui font une fausse déclaration, utilisent des documents frauduleux ou sont signalées dans notre système peuvent se voir refuser l'entrée. Tous les adultes qui demandent l'asile au Canada font l'objet d'un contrôle de sécurité approfondi effectué par l'ASFC et le SCRS, soit le Service canadien du renseignement de sécurité.
Une fois que les personnes sont admises au Canada, les partenaires en matière de sécurité et d'exécution de la loi collaborent pour gérer les menaces à l'intérieur de nos frontières.
[Traduction]
Les demandeurs qui enfreignent la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés risquent de perdre leur statut. Ils sont également passibles d'expulsion et d'accusations au criminel. Comme ministre, j'ai le pouvoir de révoquer la citoyenneté canadienne d'individus qui l'ont obtenue en commettant des actes malhonnêtes ou frauduleux ou en dissimulant des informations importantes.
Quant à Ahmed Eldidi, sa demande initiale de visa de résident temporaire a été refusée, non pas pour des motifs liés à la sécurité puisqu'aucun indicateur de risque n'avait été relevé au cours du contrôle initial, mais plutôt parce que l'individu a été considéré comme un visiteur de mauvaise foi en raison de doutes sur son intention de quitter le Canada à la fin de sa période de séjour autorisée. M. Eldidi a par la suite présenté une deuxième demande, qui a été approuvée, l'agent ayant trouvé plausible cette fois‑ci l'intention du demandeur de quitter le Canada au terme de son séjour.
Les indicateurs de risque soulevés lors de son parcours d'immigration allant de sa demande d'asile jusqu'à ses demandes de résidence permanente et de citoyenneté ont été transmis aux partenaires de la sécurité nationale. Comme on vous l'a dit il y a quelques semaines, une recommandation favorable a été formulée à chaque fois. Les agents n'ont rien relevé qui aurait mis en péril son admissibilité.
[Français]
Je prends cette situation très au sérieux. J'appuie pleinement l'examen de mon ministère et la discussion d'aujourd'hui. Nous nous engageons à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de tous.
La sécurité des Canadiens est la priorité absolue du gouvernement et de tous les membres du Cabinet. Ensemble, nous continuerons à prévenir, à détecter et à perturber toute menace ou activité terroriste présumée. Nous nous engageons aussi à continuellement réexaminer et améliorer notre appareil de sécurité.
[Traduction]
Merci, monsieur le président.
Je vais répondre avec plaisir aux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, de votre présence parmi nous et des bons mots que vous avez prononcés au début de votre déclaration.
Nous sommes aux prises avec une situation très grave, monsieur le ministre, d'où votre présence devant le Comité. Le gouvernement a permis à trois présumés terroristes d'entrer au pays en passant par les programmes d'immigration.
Cette histoire a fini par faire surface lorsque des faits révélés par la GRC ont paru dans un article du Globe and Mail. L'arrestation a eu lieu quelques heures avant une attaque qui aurait tué un nombre indéterminé de personnes innocentes — des Canadiens et des Américains. Nous avons également appris l'existence de récents terroristes présumés qui étaient parvenus à entrer au Canada au moyen des programmes d'immigration d'IRCC.
Malheureusement, même s'il s'est écoulé plusieurs semaines depuis l'arrestation des deux premiers terroristes et quelques semaines depuis la seconde arrestation, nous essayons encore de comprendre comment cela est arrivé. À ma connaissance, vous n'avez pas précisé comment vous comptez corriger le système ni les mesures que vous allez prendre pour empêcher d'autres événements similaires de se produire.
Ce que nous avons compris, par contre, c'est que votre gouvernement a demandé dans le passé aux fonctionnaires d'accélérer les procédures d'immigration. Vous les avez forcés à couper les coins ronds pour faire entrer des gens au pays le plus rapidement possible. Nous sommes à présent aux prises avec trois terroristes présumés. Il n'est pas farfelu de penser qu'il pourrait y en avoir plus.
Quelles mesures avez-vous prises au cours des dernières semaines pour empêcher d'autres terroristes présumés d'entrer au Canada au moyen des programmes d'immigration?
:
Merci de votre réponse.
Selon ce que je sais sur l'immigration, les procédures ont déjà été diffusées. En fait, IRCC a fourni une liste qui décrit les détails de leur mise en œuvre.
À mon avis, ce serait possible, en prenant à rebours l'évolution du dossier jusqu'à quelques années en arrière, de déterminer comment, par exemple, nous n'avons pas été en mesure de découvrir l'existence d'une vidéo du groupe État islamique datant de 2015 montrant un des terroristes présumés en train de démembrer un prisonnier. En 2015, cette vidéo circulait sur Internet et trois ans plus tard, l'individu réussissait à entrer au Canada pour ensuite obtenir sa citoyenneté canadienne en passant par six voies d'immigration différentes. À l'époque, quatre drapeaux rouges étaient levés concernant cet individu, dont trois étaient des indicateurs de risque. Force est de constater qu'aucun de ces signaux n'a été pris au sérieux au point d'évincer l'individu des programmes d'immigration.
Ce que j'ai trouvé intéressant, par contre, monsieur le ministre, c'est qu'en 2018, le gouvernement a éliminé l'exigence de vérification des antécédents par la police — les certificats de police — émise par le pays d'origine pour les demandeurs provenant par exemple du Pakistan — pays dont nous pouvons dire sans exagérer qu'il présente un risque élevé. Étonnamment, cette procédure a été jetée aux orties en 2018. Le contrôle de sécurité a été éliminé, et nous constatons aujourd'hui qu'un titulaire de visa étudiant du Pakistan a réussi à entrer au Canada.
Avez-vous réinstauré cette exigence de sécurité, par exemple? Voilà une mesure qui aurait facilement pu être mise en place.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être venu nous parler de cette question importante.
Avant de poser mes questions, je tiens à dire que je suis fort préoccupée par le discours que nous avons entendu de la part de certains de mes collègues conservateurs à la dernière réunion que nous avons tenue sur cette question.
C'est une question très sérieuse, et tous les Canadiens veulent que nous obtenions des réponses sur les processus de sécurité qui sont en place pour les personnes qui cherchent à venir au Canada, mais en tant que dirigeants, nous avons aussi la responsabilité de choisir soigneusement nos mots. Dans le cadre de notre travail, il faut faire attention de ne pas jeter le discrédit sur tous les immigrants ou tous les Canadiens issus de communautés en situation minoritaire. Les députés conservateurs ont même tenté d'établir un lien entre ces affaires et le programme des réfugiés syriens, alors qu'ils savent que c'est faux. Il ne faut pas alimenter la haine en ligne, qui devient trop souvent de la violence dans le monde réel.
Je suis arrivée au Canada en tant qu'immigrante pour bâtir une vie meilleure pour mes enfants. Dans quelques jours, cela fera 25 ans que je suis ici. Parce que le Canada est un pays accueillant et une terre de possibilités, de nombreuses autres personnes ont fait comme moi. Or, les Canadiens appartenant à des groupes minoritaires sont trop souvent la cible de racisme et de discrimination.
Je demande que nous gardions cela à l'esprit au cours de cette étude.
Pour en venir aux questions, monsieur le ministre, pourriez-vous, s'il vous plaît, décrire les mesures de contrôle précises qui sont actuellement en place pour empêcher les personnes ayant des liens avec des extrémistes d'entrer au Canada?
Pouvez-vous nous en dire plus sur la partie de ces contrôles de sécurité dont IRCC est responsable? Que se passe‑t‑il si IRCC détecte des indicateurs de risque dans une demande?
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Je vous remercie de la question.
Le programme de contrôle de sécurité est trilatéral. IRCC est certainement en première ligne, où nous examinons le dossier des personnes avant qu'elles n'entrent au Canada. Nous sélectionnons tous les demandeurs qui viennent au Canada. Nous avons les ensembles d'indicateurs de risque dont il a été question plus tôt, dont je me ferai un plaisir de vous parler plus en détail.
Ces ensembles d'indicateurs de risque ne sont pas seulement pour les personnes susceptibles de se livrer à des activités terroristes. Ils englobent tous les motifs d'interdiction de territoire graves prévus dans la LIPR, notamment ceux liés à la sécurité, comme le terrorisme et le fait de représenter un danger pour la sécurité du Canada, ou les personnes qui pourraient avoir commis des actes de violence qui menaceraient les Canadiens. Sont également inclus l'espionnage et la subversion d'un gouvernement, par exemple. Parmi les autres motifs d'interdiction de territoire graves figurent les violations des droits de la personne ou des droits internationaux, les crimes de guerre, les activités de crime organisé ou la grande criminalité. Les indicateurs de risque couvrent tous les « motifs d'interdiction de territoire graves », dont le terrorisme pourrait faire partie.
Nos agents reçoivent une formation sur ces ensembles d'indicateurs de risque. S'ils remarquent un indicateur de risque dans une demande — je le répète, cet indicateur de risque est comme un indice qui leur montre qu'une enquête plus approfondie pourrait être nécessaire —, ils renvoient le dossier à l'ASFC et au SCRS pour un contrôle de sécurité exhaustif.
Une fois que ces derniers auront terminé leur contrôle, ils présenteront à IRCC une recommandation du point de vue du contrôle de sécurité. Cette recommandation pourrait être favorable — ce qui signifie qu'ils n'ont pas trouvé de motif d'interdiction de territoire grave —, défavorable — ce qui signifie qu'ils en ont trouvé un — ou non concluante — auquel cas l'agent devra recueillir plus de renseignements jusqu'à ce qu'il soit satisfait et qu'il rende une décision finale.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie de votre présence.
J'aimerais souhaiter la bienvenue de nouveau à notre collègue Mme Dancho.
Malheureusement, j'ai manqué quelques réunions du Comité à ce sujet. Je ne sais donc pas si on a déjà parlé des sujets que je veux aborder. Quoi qu'il en soit, ce sera la première fois qu'ils seront abordés en votre présence, monsieur le ministre.
Vous avez dit que la discussion d'aujourd'hui servait à déterminer s'il y avait eu des manquements au sein de votre ministère tout au long du processus. Si on se penche sur la chronologie des événements, on voit qu'il y a eu des indicateurs de risque à certains moments en ce qui a trait au père. À mon avis, il s'agit du genre de drapeau rouge qui peut être soulevé dans un processus d'immigration. Dans certains cas, aucune enquête plus approfondie n'a été menée, même si un indicateur de risque avait été soulevé. Tout à l'heure, Mme Zafar disait que, normalement, quand il y a un indicateur de risque, on mène une enquête plus approfondie, mais cela ne semble pas avoir été le cas à quelques reprises dans ce dossier.
Quand vous examinez la chronologie des événements, estimez-vous qu'il y a eu un manquement à l'égard de ces éléments? Aurait-on dû mener des enquêtes plus approfondies à certains moments du processus? Il y avait quand même plus d'un indicateur de risque, et ce, à plus d'une reprise. Cela aurait pu soulever des drapeaux rouges.
Quel est votre constat, aujourd'hui, quand vous regardez la chronologie des événements?
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Il s'agit d'une question fort pertinente.
Premièrement, vous allez connaître dans quelques semaines les conclusions de notre examen interne. S'il y a eu des manquements, vous saurez alors s'ils étaient de nature systémique et quelles rectifications doivent être apportées, s'il y a lieu.
Deuxièmement, il est très important de préciser qu'un drapeau rouge n'est pas automatiquement un indicateur de terrorisme. En effet, il peut s'agir de quelque chose qu'on peut pallier ou d'une question à laquelle on peut obtenir une réponse. Il se peut que cela ne constitue pas un risque à proprement parler.
Ce que je sais, c'est qu'au moment de la prise de décision, les agents n'avaient pas reçu d'information indiquant que cette personne ne pouvait être admise au Canada. Loin de moi l'idée de mettre en doute cette conclusion. Évidemment, nous sommes ici pour une raison, aujourd'hui. Il faut faire des vérifications, et c'est la raison pour laquelle le sous-ministre, M. Harpreet S. Kochhar, procède à un examen interne. Nous prenons cette tâche très au sérieux.
:
Sur le plan mathématique, la norme, vous vous en doutez, est que la vaste majorité des gens qui viennent ici le font de façon légitime, conformément aux motifs qu'ils ont soumis aux agents et à notre gouvernement.
Certaines pratiques sont de plus en plus courantes parmi les demandeurs d'asile, qu'ils en fassent la demande à l'aéroport ou par la suite. Ces jours-ci, les gens qui demandent l'asile à l'aéroport le font surtout à l'aéroport international Montréal‑Trudeau ou à l'aéroport Pearson.
Cela dit, il ne s'agit pas exclusivement de cas où les gens viennent ici et demandent immédiatement l'asile. Un exemple qui a été médiatisé est celui où des étudiants viennent étudier ici pendant un an et font ensuite une demande d'asile. Ils peuvent le faire après quelques mois de réflexion. L'échéancier est parfois douteux, surtout quand la personne est bien établie ici et dépose soudainement une demande d'asile. Malgré tout, selon le système de droit actuel, ces personnes ont droit à un processus juste, et c'est ce qu'on fait.
La tendance que nous voyons ces jours-ci, c'est que des gens qui sont ici grâce à un visa, peu importe lequel, font une demande d'asile à partir du Canada. Cela arrive de plus en plus. C'est peut-être parce qu'ils sont dans une situation précaire, parce que leur visa vient à échéance ou pour d'autres raisons.
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Je vous remercie de témoigner, monsieur le ministre.
Depuis notre dernière réunion, un autre terroriste de l'État islamique a été arrêté et un complot a été déjoué. Vous y avez d'ailleurs fait allusion dans votre déclaration préliminaire au sujet de M. Khan.
Vous avez déjà dit aux Canadiens qu'il s'effectue des vérifications des antécédents criminels pour les résidents temporaires. De fait, il n'est pas nécessaire d'obtenir un certificat de police. J'y reviendrai, car vous avez été très imprécis.
En 2018, le gouvernement a éliminé une exigence, de sorte qu'il n'est plus nécessaire de vérifier les antécédents judiciaires et d'obtenir des certificats de police délivrés par certains pays d'origine. Dans l'affaire qui nous occupe ici, le Pakistan est touché, et il se trouve que l'étudiant à qui votre prédécesseur incompétent a accordé un visa a profité de l'élimination de cette exigence. Vous avez supprimé les vérifications de sécurité. Votre gouvernement a supprimé les vérifications de sécurité.
Vous savez que cet individu a été arrêté. Vous savez qu'un complot terroriste a été déjoué, avec l'aide des services de renseignement américains. Vous savez que cet homme était parti à Brooklyn pour tuer des juifs. Avez-vous rétabli cette exigence de vérification de sécurité dont vous aviez dit aux Canadiens qu'elle était en place?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie de vous joindre au Comité.
Au cours de la dernière année, il a beaucoup été question de l'immigration dans l'actualité. Je pense que dans l'ensemble, nous avons un très bon système d'immigration, qui nécessite parfois de petites modifications. Vous êtes en train d'y apporter des modifications, et elles sont les bienvenues.
J'ai une question au sujet du cas qui nous intéresse. Je tiens à mentionner, du point de vue d'un bureau qui traite un nombre élevé de dossiers d'immigration, que pour chaque demande de séjour temporaire au Canada qui est acceptée, beaucoup d'autres sont refusées en fonction des renseignements contenus dans le dossier.
Dans les cas où les données fournies par le pays d'origine sont limitées ou peu fiables, comment votre ministère procède‑t‑il?
:
Je serai heureux de le faire.
Comme l'a dit ma collègue, il y a plusieurs compléments d'information que nous pouvons demander. Un élément qui n'a pas été dit dans sa réponse en anglais et que j'ajouterais, c'est que nous pouvons aussi demander des entrevues. S'il y a des indicateurs de risque, nous pouvons demander des certificats de police. Je ne voulais pas minimiser leur importance, mais je ne voulais pas non plus faire de grandes digressions comme vos collègues conservateurs l'ont fait. Si des compléments d'information sont nécessaires, il y a plusieurs façons de procéder.
La biométrie est aussi un élément très important. C'est une pratique plutôt nouvelle, d'un point de vue historique, pour faire le triage des gens qui viennent ici, au Canada. C'est très fiable. Ce n'est pas parfait, mais nous vérifions ces données en les comparant avec celles des bases de données d'IRCC et de nos partenaires du domaine de la sécurité, que ce soit au Canada ou à l'étranger.
Ce n'est peut-être pas l'interprétation la plus fiable de la réponse de ma collègue, mais j'ai fait de mon mieux.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je sais que vous avez dit que vos conclusions seraient bientôt rendues publiques et qu'on allait savoir s'il y a eu des manquements et, si oui, quelles améliorations doivent être apportées. Je suis plutôt d'accord sur ce qui a été dit auparavant, c'est-à-dire que, s'il y a eu trois exemples, il y en a peut-être d'autres. Cela montre qu'il y a peut-être une faille dans le système, en effet, et qu'il y a peut-être lieu d'améliorer les processus, le filtrage de sécurité et le programme trilatéral dont vous avez parlé.
Je ne peux pas m'empêcher de remarquer qu'il y a de plus en plus de résidents permanents au Canada et de demandes d'immigration. Le système est surchargé. Comme le disait mon collègue du NPD, nous le vivons tous les jours à nos bureaux de circonscription. Nous travaillons avec des citoyens qui attendent depuis des années que leur dossier soit réglé. Comme c'est un processus extrêmement long, il est difficile d'imaginer qu'on prend des raccourcis pour faire le travail plus rapidement. On a plutôt tendance à croire qu'il s'agit d'un processus complexe et rigoureux. Toutefois, quand on voit des cas comme celui-ci, on se dit que ce n'est peut-être pas si rigoureux, finalement, et qu'on est peut-être allé trop vite dans certains cas.
Alors, quel est votre constat, aujourd'hui? Avez-vous l'intention d'améliorer le système de sécurité?
Heureusement, la catastrophe a été évitée grâce au SCRS et aux services policiers. Par contre, je ne pense pas qu'il faille attendre une autre catastrophe pour améliorer ou resserrer le processus d'immigration, si c'est là qu'il y a eu une faille.
J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
Merci à toutes et à tous. Nous reprenons la séance.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux fonctionnaires qui se joignent aux responsables d'IRCC.
Nous recevons M. Ted Gallivan, premier vice-président, de l'Agence des services frontaliers du Canada; Mme Vanessa Lloyd, directrice intérimaire, du Service canadien du renseignement de sécurité; et M. Michael Duheme, commissaire, de la Gendarmerie royale du Canada.
Bienvenue à toutes et à tous. Merci d'être des nôtres.
Nous allons passer directement aux questions. Les témoins n'ont pas de déclaration préliminaire.
Nous allons commencer par Mme Dancho. La parole est à vous.
:
Merci. Je voulais juste m'assurer que tout le monde suivait.
La justification, monsieur le président, c'est que tout au long de la présente séance, dans le contexte de la motion originale, le a été interrogé au sujet de ce troisième complot terroriste allégué. Il a répondu à ces questions. Les conservateurs ont eu deux tours de questions. Tous les partis ont eu l'occasion de poser des questions à ce sujet. Nous n'avons pas soulevé d'objections, même si, techniquement, cela sortait du cadre du sujet à l'étude pour la réunion. Toutefois, ce sont des questions importantes auxquelles les Canadiens veulent des réponses. Des représentants de tous les ministères et organismes mentionnés dans la motion initiale sont présents. Si le député n'avait pas interrompu la réunion, ils auraient eu l'occasion de poser ces questions.
Élargir la portée ne nous pose absolument pas problème, mais toutes ces questions peuvent être posées aux personnes qui sont sur la liste et aux organismes responsables. Voilà pourquoi j'espère que cet amendement aura l'appui des membres du Comité afin que l'on puisse élargir la portée. Toutefois, si les conservateurs veulent simplement prendre le contrôle du Comité et nous empêcher de mener nos travaux et de donner à tous les partis l'occasion de poser les questions appropriées, s'ils veulent seulement faire de l'obstruction pour le reste de la réunion, c'est à eux de décider, mais nous sommes certainement favorables à l'élargissement de la portée, comme nous l'avons fait pour le groupe de témoins précédent.
Merci, monsieur le président. Je demande un vote par appel nominal sur mon amendement.
:
C'est vrai. Vous avez raison. Je vous remercie beaucoup tous les deux de l'avoir confirmé. Cela fait environ un an, je suis donc un peu rouillée.
Je voudrais donc proposer un sous-amendement, je suppose, mais je vais d'abord en discuter. Ensuite, je proposerai le sous-amendement.
Je suis consciente que les fonctionnaires ont pris le temps de venir, et nous leur en sommes très reconnaissants. En outre, le a clairement indiqué — et le a aussi fait allusion à cela, évidemment, et c'est public — que le ministère de l'Immigration, le SCRS et la GRC font enquête, enquêtes auxquelles l'ASFC participe. Les propos du ministre aujourd'hui donnent l'impression que les enquêtes seront bientôt terminées, soit d'ici quelques semaines, si j'ai bien compris. Il a indiqué à maintes reprises que nous pourrons avoir des réponses d'ici là. Je suis consciente qu'il y a une enquête, et les Canadiens s'attendent à ce qu'il y en ait une.
Pour donner du temps pour l'enquête — puisque le Comité a déjà convenu de tenir trois réunions supplémentaires outre celle‑ci, donc trois séances déjà prévues —, nous proposerions, au lieu de demander plus de séances, de modifier la motion originale, ou celle‑ci, selon ce qui convient le mieux, pour demander que le et le comparaissent pendant deux heures chacun, avec les fonctionnaires. Voilà ce qui serait inclus dans les trois réunions qui restent. Les ministres comparaîtraient pendant deux heures chacun, avec les fonctionnaires. Cela nous permettrait de leur poser des questions par rapport à l'enquête.
On a l'impression de frapper un mur, et je pense que la communauté juive, notamment, mérite des réponses à ce sujet. Nous nous sommes butés au mur de « l'enquête est en cours ». J'aimerais donner au une occasion de répondre, lorsqu'il pourra en dire davantage au sujet des conclusions, et j'aimerais que le — je crois qu'il serait d'accord — revienne et réponde aux questions lorsqu'il aura plus d'informations lui aussi.
Voilà notre proposition. Je pourrais proposer un amendement à cette motion ou à la motion initiale, selon ce que vous jugerez préférable.
:
Merci, monsieur le président.
Je sais qu'il ne nous reste pas beaucoup de temps, mais je veux en parler.
La Russie est connue pour recourir à des commentateurs de droite dans divers pays, en particulier en Occident, pour diffuser de la désinformation dans le cadre de ses opérations d'influence plus générales. Ces commentateurs, qui ont souvent beaucoup d'adeptes et de crédibilité au sein de la droite conservatrice, servent d'intermédiaires pour diffuser des discours prorusses ou du contenu qui divise et pour fomenter des enjeux comme le nationalisme, le sentiment anti-immigrant, le scepticisme à l'égard des médias grand public et la méfiance à l'égard des institutions démocratiques.
La Russie cherche à déstabiliser ses adversaires de l'intérieur et à faire régner le chaos. Cette stratégie consiste à semer de la désinformation ou des demi-vérités que les influenceurs répètent dans les médias sociaux et les plateformes alternatives. Cette tactique aide la Russie à atteindre ses objectifs géopolitiques en favorisant la division et la polarisation et en minant la confiance dans le processus démocratique.
Cette question me préoccupe depuis un certain temps, et j'ai été très bouleversée lorsque j'ai vu les accusations portées par les États-Unis dans ce dossier.
Je pense que nous devons tous nous pencher sur cette question et j'espère que nous pourrons voter pour adopter cette motion aujourd'hui.
Je sais qu'il ne nous reste pas beaucoup de temps, monsieur le président, alors je vais peut-être m'arrêter ici pour que nous puissions adopter la motion.
:
Merci, monsieur le président.
La motion ne me pose aucun problème.
Il y a des témoins que j'aimerais ajouter. Je demanderais probablement un très petit amendement concernant la liste. J'ajouterais: « sans toutefois se limiter à la liste suivante: ».
J'aimerais convoquer des témoins comme Rachel Curran, la directrice des politiques publiques de Meta; Steve de Eyre, directeur des politiques publiques et des affaires gouvernementales pour TikTok Canada; et Lindsay Doyle, directrice des affaires et des politiques gouvernementales de YouTube.
Ce sont les plateformes sur lesquelles bon nombre d'influenceurs diffusent leur contenu. Des études que le Comité a menées nous ont appris que bon nombre de géants des médias sociaux ne tiennent même pas compte de leurs propres conditions de service, alors j'aimerais que ces personnes figurent dans la liste.
Je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'on les énumère. Or, pour donner à chacun l'occasion de présenter ses propres témoins, nous pourrions peut-être simplement ajouter le libellé suivant: la liste « comprend » ces noms, « sans s'y limiter. » Les deux options me conviennent.