:
Le budget est donc adopté.
Ensuite, on vous avait demandé de suggérer des témoins à la greffière en vue de l'étude préalable du projet de loi , mais, jusqu'à présent, elle n'en a reçu qu'un seul, si ma mémoire est bonne. Je vous rappelle donc de lui envoyer vos suggestions.
Troisièmement, avant la pause du temps des Fêtes, nous allons devoir donner aux analystes des indications et des suggestions pour les guider dans la préparation de l'ébauche du rapport sur la finance durable. Nous allons en discuter en personne, mais, en attendant, je vous demande d'envoyer le plus tôt possible aux analystes et à la greffière vos suggestions relativement à ce que vous aimeriez voir reflété dans ce rapport. Cela va leur donner un peu d'assurance si, pour une raison quelconque, le Comité n'a pas le temps d'en discuter en personne.
Enfin, le ministre ne pourra malheureusement pas être ici le 4 décembre. Que pensez-vous de l'idée suivante: au lieu de nous pencher sur le budget supplémentaire des dépenses ce jour-là, nous pourrions tenir une réunion sur le fonds Accélérateur net zéro, que nous devions étudier le 16 décembre. Êtes-vous d'accord pour devancer cette réunion au 4 décembre?
Puisqu'il semble que personne ne s'y oppose, c'est parfait, nous tiendrons cette réunion le 4 décembre.
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Merci beaucoup, monsieur le président, pour l'occasion que vous m'avez donnée de comparaître devant le Comité aujourd'hui. Je suis très heureuse d'être en compagnie de collègues du ministère de l'Environnement et du Changement climatique du Canada.
Je vais commencer par vous parler de mon rôle afin de mieux cadrer la discussion.
En août 2022, j'ai été nommée par le afin de représenter le Canada à titre d'ambassadrice du Canada pour les changements climatiques. Je suis parmi les six envoyés spéciaux pour les changements climatiques du G7. De plus, un grand nombre de nos partenaires animés par des préoccupations semblables ont nommé des ambassadeurs pour le climat, notamment le Danemark, la Norvège, l'Union européenne, Singapour et la République de Corée.
Je travaille à l'échelle internationale pour promouvoir et défendre nos intérêts en matière de changements climatiques et fournir des conseils au et à la .
Je parle des répercussions des changements climatiques, en soulignant que le Canada n'est pas à l'abri de leurs effets dévastateurs, notamment sur la santé et la sécurité, et des coûts économiques associés aux événements météorologiques extrêmes, aux catastrophes naturelles et à la hausse des températures. Je parle également des investissements et du travail importants du Canada pour s'attaquer aux changements climatiques et tirer profit des possibilités économiques générées par un programme de croissance propre.
Pour m'acquitter de mon mandat, je travaille en étroite collaboration avec plusieurs ministères, mais plus particulièrement avec Environnement et Changement climatique Canada, Affaires mondiales Canada et nos ambassades et représentants à l'étranger. En matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mon message est clair: le Canada prend des mesures dans notre pays et il a de nombreuses solutions à offrir.
Je vais vous donner quelques exemples des activités que je mène:
J'agis à titre de championne de l'Engagement mondial sur le méthane, une initiative lancée par les États-Unis et l'Union européenne dans le but de réduire les émissions mondiales de méthane de 30 % d'ici 2030. En tant que championne, je cherche des occasions significatives pour souligner le leadership du Canada en matière de réduction du méthane. Je fais la promotion de la stratégie du gouvernement fédéral et souligne l'expertise importante que nous avons à offrir, notamment des entreprises qui se spécialisent dans les technologies de détection et de réduction du méthane.
Je continue de préconiser l'élimination progressive du charbon dans le secteur de l'énergie, en partageant l'expérience du Canada en matière de transition juste, notamment dans le cadre de l'Alliance: Énergiser au‑delà du charbon.
J'ai été chargée de la conception et de la promotion du Défi mondial sur la tarification du carbone, lancé par le en 2021. Grâce à mes efforts, 18 pays, dont ceux de l'Union européenne, font maintenant partie de cette initiative.
Pour appuyer les secteurs où la réduction des émissions est difficile, le Canada copréside l'initiative Breakthrough sur le ciment et le béton, qui réunit le gouvernement et le secteur privé afin d'accélérer les investissements dans la décarbonation de ce secteur, compte tenu de la demande pour des solutions plus propres. À plusieurs occasions, j'ai représenté le Canada pour souligner la façon dont ces partenariats contribuent à faire progresser les technologies cruciales de réduction des émissions.
[Français]
Le Canada a également des intérêts importants dans la transition vers l'énergie propre qui a lieu présentement. Nous avons mis en place des stratégies, notamment sur la gestion du carbone, l'hydrogène et les minéraux critiques, pour saisir les possibilités économiques qui s'offrent à nous alors que les pays s'orientent vers des solutions énergétiques plus propres et une sécurité énergétique accrue. Encore une fois, je recherche des occasions pour que le Canada soit invité à participer aux discussions internationales de haut niveau sur ces sujets importants.
Mon expérience m'a permis de constater qu'il y a un intérêt sincère à l'égard des mesures prises par notre pays pour lutter contre les changements climatiques. On ne s'intéresse pas seulement aux mesures que nous prenons, mais aussi à la façon dont nous les déployons et à la manière dont nous travaillons à l'échelle de la société, ainsi qu'avec les provinces, les territoires et les peuples autochtones, pour élaborer et mettre en œuvre nos plans de lutte contre les changements climatiques.
[Traduction]
Toutes ces activités contribuent à accroître l'ambition à l'échelle internationale.
Au cours des Conférences des Nations unies sur le climat, ou « COP sur le climat », l'élan que nous donnons tout au long de l'année se manifeste dans un contexte multilatéral clé. On peut en constater l'ampleur, par exemple à la COP28 de Dubaï l'an dernier, où plus de 190 pays ont pu s'entendre sur des engagements cruciaux en matière d'atténuation pour éclairer nos prochains objectifs et plans climatiques, dont la réduction du méthane, l'élimination progressive du charbon et l'abandon progressif des combustibles fossiles dans le secteur de l'énergie.
Pour ce qui est des COP sur le climat, je reviens tout juste de Bakou, en Azerbaïdjan, pour la COP29 où j'étais cheffe de la délégation du Canada en remplacement du qui ne pouvait pas être à l'événement.
Parmi mes activités, j'ai joué un rôle clé en aidant à conclure des négociations difficiles sur le climat, notamment en établissant un nouvel objectif collectif de 300 milliards de dollars par année d'ici 2035 pour les pays en développement. Le financement climatique visant à aider les pays en développement continue d'être un élément clé de l'approche du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques. Dans le cadre de mes fonctions, je souligne nos priorités et les initiatives que nous mettons de l'avant grâce à notre contribution actuelle de 5,3 milliards de dollars sur cinq ans. Depuis 2017, le financement climatique du Canada a permis de réduire ou d'éviter plus de 230 mégatonnes d'émissions de gaz à effet de serre et d'accroître la résilience de 10,5 millions de personnes aux changements climatiques. Notre engagement financier contribue à renforcer la confiance entre les nations alors que nous travaillons ensemble pour relever ce défi mondial.
Aucun pays ne peut à lui seul lutter contre les changements climatiques. C'est pourquoi, dans mon rôle, je cherche à établir des partenariats et des possibilités de coopération. J'aide à mettre de l'avant les solutions canadiennes et je souligne les possibilités économiques qui peuvent être générées par la lutte contre les changements climatiques et les transitions écologiques. Ce travail n'est pas facile, mais il est important pour stimuler l'action mondiale tout en démontrant l'innovation et le leadership du Canada.
Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup à notre ambassadrice d'être ici aujourd'hui.
Je suis désolé de ce que vous avez déjà dû supporter, et j'espère que les membres du Comité pourront se comporter un peu plus respectueusement en s'adressant à vous. Le travail que vous faites est important et précieux, et pour ma part, je vous remercie de ce que vous faites pour lutter contre les changements climatiques à l'échelle mondiale.
Nous entendons souvent dire que le Canada ne peut pas régler seul le problème des changements climatiques et nous en sommes conscients. Nous devons travailler avec nos pays partenaires. Le Canada est un petit pays. Notre niveau d'émission est démesuré par rapport à notre population et il est appréciable. Nous sommes également un pays producteur de pétrole, nous avons donc un important rôle de leadership à jouer. Je vous remercie de jouer ce rôle de chef de file sur la scène mondiale.
Nous savons qu'il existe d'énormes possibilités d'affaires à l'échelle mondiale pour le Canada, et inversement, pour l'investissement direct étranger ici au pays. Pouvez-vous nous renseigner sur le travail de votre bureau avec les entreprises canadiennes exerçant leurs activités à l'étranger?
J'aimerais avoir une idée du contexte dans lequel vous avez contribué à recruter 17 pays membres dans une optique de réduction des émissions. J'aimerais également en savoir un peu plus sur les trois pays que vous avez recrutés à la dernière COP.
Madame l'ambassadrice Stewart, de notre côté, merci encore pour votre travail et vos efforts extraordinaires.
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Concernant votre premier point, en raison de la production pétrolière et gazière au Canada, il est important d'obtenir la coopération des autres pays du monde et de parler de la contribution du Canada à la découverte de solutions propres. Nous voulons que les travailleurs et les entreprises du Canada profitent de la transition énergétique en cours. Un grand nombre d'investisseurs et de particuliers cherchent des solutions plus propres, alors notre présence à la table est essentielle pour expliquer les mesures ambitieuses que nous prenons.
Voici quelques exemples concernant le méthane: en qualité de pays producteur de pétrole et de gaz, nous travaillons à la réduction des émissions de méthane dans le secteur pétrolier et gazier, aux sites d'enfouissement et dans le secteur agricole. D'autres pays s'intéressent à notre réglementation, que nous leur avons présentée sous forme d'ébauche, visant à réduire de 75 % d'ici 2030 les émissions de méthane dans le secteur pétrolier et gazier.
Les entreprises canadiennes sont dans une excellente posture, car elles réduisent déjà leurs émissions et mettent de l'avant des technologies novatrices pour y arriver. Nous devons promouvoir la façon dont nous réduisons nos émissions et mettons en place des règlements pour favoriser l'innovation et la mise en place d'une tarification du carbone, qui favorise elle aussi l'innovation.
Certaines entreprises — GHGSat, par exemple —, sont reconnues à l'échelle mondiale, pour leur capacité de détecter le méthane, ce qui aide les entreprises à réduire leurs émissions et à favoriser sa captation, car il a une valeur économique.
L'énergie nucléaire constitue un autre exemple. Le Canada doit participer aux pourparlers internationaux sur l'énergie nucléaire, qui représente près de 85 % de l'énergie non émettrice au Canada. Elle constitue un attrait important pour nombre d'entreprises, dont les investisseurs sont à la recherche de solutions plus propres. Le Canada constituera désormais pour eux un partenaire possible. Notre énergie nucléaire suscite beaucoup d'occasions d'affaires, au moment même où d'autres pays aspirent à offrir des solutions plus propres. Nous avons des décennies d'expérience dans la production d'énergie nucléaire sécuritaire.
Ce ne sont là que quelques domaines où l'innovation canadienne gagne à être mise en valeur.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tout le monde d'être des nôtres.
Bonjour, madame Stewart. Il y a longtemps que nous nous sommes croisées. Cela me fait plaisir de vous voir.
Je vais commencer mon intervention en parlant des médiocres performances du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques. Mon collègue M. Mazier a dit tantôt que, selon l'association environnementale Germanwatch, le Canada se place au 62e rang d'un palmarès comprenant 67 pays. Le Canada ne peut donc pas s'en vanter.
Vous avez des connaissances sur le plan international. Vous savez qu'au Royaume‑Uni, le comité consultatif sur les changements climatiques produit un rapport tous les mois. Il recommande des modifications, le rapport est publié, le travail est publicisé et on fait preuve de transparence. Ce comité ne serait-il pas un exemple à suivre pour que le Canada s'améliore?
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Je vais peut-être poursuivre dans la même veine.
Chaque secteur a un contexte qui lui est propre. Ce qui distingue le secteur pétrolier et gazier, c'est qu'il réalise des profits records. Il génère des milliards de dollars et ce gouvernement semble encore à l'aise de lui verser de l'argent, tout en l'astreignant à moins de contraintes que les autres. C'est préoccupant.
Madame Stewart, je ne vous en tiens pas responsable. Vous ne rédigez pas la politique climatique. Vous êtes notre ambassadrice. Comme mes collègues avant moi, je suis préoccupée par le fait que le Canada se soit maintenu au 62e rang sur l'indice de rendement de la lutte contre les changements climatiques de cette année. Nous avons une cote très faible sur le plan des émissions de GES, des énergies renouvelables et des catégories d'utilisation d'énergie. Encore une fois, je ne vous en tiens pas personnellement responsable, mais je souhaite que le gouvernement intervienne et modifie ses politiques à cet égard.
Aujourd'hui, mes questions portent sur le nouveau contexte dans lequel nous évoluons. Les Canadiens s'inquiètent, à juste titre, de la récente victoire électorale de M. Trump et de ce qu'elle signifie pour la politique climatique à venir. Le projet 2025 établit un plan clair pour affaiblir la loi sur la protection de l'environnement. Je m'inquiète du fait que ce plan pourrait miner les dispositions de l'Inflation Reduction Act et avoir des effets sur l'Accord de Paris.
De votre point de vue, vu les menaces tarifaires de Trump et son rejet de la science du climat, et vu la grande importance des États‑Unis comme partenaire commercial du Canada, que peut faire le gouvernement canadien pour réduire les émissions avec l'urgence nécessaire tout en demeurant concurrentiel sur le plan économique dans le contexte de la présidence de Trump?
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Merci, monsieur le président.
Madame l'ambassadrice Stewart, c'est un plaisir de vous accueillir à notre comité pour parler de choses plus importantes que la microgestion de vos allocations de dépenses — ce qui n'est peut-être pas la meilleure utilisation de notre temps.
Vendredi, j'étais au port de Hamilton avec la , Mme Anand, et le président du Comité de l'agriculture, M. . Nous avons rencontré les sociétés de transport du port de Hamilton ainsi que des représentants de P & H Milling. Ils nous parlaient des récoltes de blé record qui arrivaient au port. C'est une excellente nouvelle pour nos agriculteurs: leur travail pour alimenter le monde est remarquable.
Nous avons discuté de l'utilisation de biocarburant dans les cargos. Il est rare que nous nous attardions au trafic de cargos: il est plus habituel de discuter de camions et de voitures. Ils ont raconté que le biodiesel constituait une véritable occasion pour eux. J'ai poursuivi en leur demandant: « pourquoi pas l'azote? Avez-vous songé à l'azote? » J'ai déjà travaillé, à une certaine époque, avec des groupes électrogènes fixes à l'azote.
Où en sommes-nous en matière d'aide aux sociétés de transport maritime? Elles se rendaient en Afrique et dans l'Union européenne et elles avaient des clients en Belgique. Ces navires font le tour du monde. Quelle est la situation quant à la promotion du biodiesel?
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Oui. Merci beaucoup de votre question.
J'ai rencontré certains membres du monde agricole: ils adoptent effectivement de nombreuses méthodes novatrices pour réduire leurs émissions, y compris la fermentation entérique, différentes méthodes de récolte, de gestion du bétail, de travail du sol et ainsi de suite. Il y a une vague d'innovation dans tout le secteur.
Le gouvernement a lancé le Défi de réduction du méthane agricole pour inciter les agriculteurs à se prévaloir de méthodes novatrices, susceptibles d'être mises en œuvre à plus grande échelle. Il reste beaucoup à faire dans le secteur agricole sur la question du méthane, mais les agriculteurs canadiens innovent et s'efforcent de réduire leur empreinte carbone.
Le Défi de réduction du méthane agricole n'est pas le seul programme mis de l'avant par le gouvernement pour améliorer cet aspect. Nous pouvons faire un suivi à ce sujet également.
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Merci, monsieur le président, et merci encore, madame Stewart.
J'aimerais souligner, en passant, l'hypocrisie des députés conservateurs qui se permettent d'attaquer les réunions en présentiel plutôt qu'en mode virtuel, alors même qu'ils ont voté contre les options virtuelles pour les députés. Bon nombre de leurs membres ont ridiculisé les préoccupations associées au climat lorsqu'elles ont été soulevées.
Je comprends, madame Stewart, que vous participez virtuellement à ce débat et j'apprécie que vous fassiez chaque fois des choix éclairés, qui tiennent compte des émissions en jeu, je pense que cette série de questions avait de forts relents d'hypocrisie.
J'aimerais vous poser une question précise au sujet des émissions provenant des exportations de pétrole et de gaz canadiens. Nous savons que ces émissions ont monté en flèche. De 2012 à 2023, elles ont augmenté de 58 %. Les rapports de la commissaire à l'environnement montrent que le Canada n'est pas en voie d'atteindre sa cible de 40 à 45 %, mais ces émissions minent les efforts mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les émissions de gaz à effet de serre ne connaissent pas de frontières, comme vous le savez.
Pouvez-vous nous parler de ces émissions qui reviendront nous hanter au moment de l'exportation? N'est‑il pas dans notre intérêt de réduire les émissions provenant de nos exportations?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Stewart, en 2024, les investissements mondiaux en matière d'énergie devraient atteindre un record de 3 000 milliards de dollars. Plusieurs ont démontré la corrélation directe positive entre la performance environnementale d'une entreprise et son attractivité pour ces investissements. Une réduction des gaz à effet de serre par une entreprise est souvent perçue comme un signal positif pour les investisseurs.
Plus tôt, j'entendais mes collègues conservateurs dire qu'on ne devrait plus parler de la tarification du carbone à l'échelle mondiale. J'ai une mauvaise nouvelle pour eux. Le monde en fait une priorité pour des raisons économiques et des occasions d'affaires. En mars 2024, plus de 300 économistes canadiens ont signé une lettre ouverte en faveur d'une politique de tarification du carbone au Canada. Ils ont souligné que la tarification du carbone réduit les émissions « à un coût inférieur à celui des autres approches ». Les conservateurs n'ont peut-être aucun intérêt à attirer des investissements étrangers au Canada, ce qui serait terrible pour notre économie.
Expliquez-nous les occasions d'affaires énormes qui s'offrent à nos entreprises canadiennes grâce à nos politiques climatiques.
:
Merci beaucoup de votre question.
Il est clair qu'il existe de nombreuses possibilités économiques pour les entreprises canadiennes qui innovent dans le domaine des technologies et solutions propres. Il est vrai que les investisseurs souhaitent investir dans des solutions plus propres, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes un chef de file en innovation dans la production de ciment et de béton. C'est ainsi que les gouvernements et les entreprises arrivent à travailler ensemble pour trouver des façons de faire progresser les technologies de réduction des émissions, parce qu'il y a là d'énormes possibilités économiques. En alliant les deux — gouvernement et entreprise —, nous pouvons nous assurer de promouvoir les bonnes politiques. La tarification du carbone en fait partie.
À titre d'exemple, lorsqu'elle a participé à un événement récent à New York, Heidelberg Materials a souligné l'importance de la tarification du carbone et de la prévisibilité qu'elle offre pour les investissements consentis par le secteur du ciment et du béton.
Je pourrais vous donner d'autres exemples, mais je vais m'arrêter là.
:
Bienvenue au deuxième groupe de témoins.
M. Normand Mousseau est en ligne.
[Français]
Il est professeur à l'Institut de l'énergie Trottier et à l'Université de Montréal. Je vous informe également que les tests de son ont été effectués avec succès.
[Traduction]
De l'Institut climatique du Canada, nous accueillons Dale Beugin, vice-président directeur.
Ensuite, de la Fédération canadienne des contribuables, nous accueillons Devin Drover, directeur de l'Atlantique et avocat général, qui est accompagné d'un avocat ou d'un membre du personnel de soutien.
De Environmental Defence Canada, nous recevons Julia Levin, directrice associée, Climat national.
Nous allons commencer par M. Mousseau, qui est en ligne. Cinq minutes.
Monsieur Mousseau, je vous en prie.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
Les rapports du commissaire à l'environnement et au développement durable sur les progrès du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre montrent que, si des progrès réels ont été réalisés au cours des dernières années, ils ne permettent pas pour autant d'atteindre les cibles légiférées pour 2030 et 2050.
De plus, ces analyses concordent avec les résultats des modélisations technico-économiques que nous avons présentées dans la 3e édition de nos « Perspectives énergétiques canadiennes ». Ces perspectives, publiées tous les trois ans, évaluent l'incidence des mesures en place dans le cadre d'un scénario de référence et comparent ces résultats avec les transformations nécessaires pour atteindre la carboneutralité en 2050.
Les résultats de nos travaux sont les suivants.
D'abord, si on tient compte de la réglementation sur l'électricité propre et de celle sur les véhicules à zéro émission, qui sont avancées, mais pas encore adoptées, nos modélisations montrent que, pour la première fois, un scénario de référence où les émissions de gaz à effet de serre seraient en décroissance au Canada par rapport à 2005 est possible. En effet, plutôt que l'augmentation de 3 % qu'on avait projetée il y a trois ans, on observe une réduction de 14 % des émissions d'ici 2030 par rapport à 2005, et de 25 % d'ici 2040, toujours par rapport à 2005.
Malgré tout, quand on constate l'écart entre nos scénarios de carboneutralité et celui du scénario de référence pour 2030, on arrive à la conclusion qu'il sera, dans les faits, impossible d'atteindre les objectifs du Canada pour 2030.
Si on veut vraiment atteindre la carboneutralité en 2050 et apporter des transformations en profondeur, on doit dès maintenant prendre des mesures à plus long terme.
Un autre aspect important doit être pris en compte. Même si les efforts du fédéral en matière de réglementation sur les véhicules à zéro émission recoupent ceux des provinces, l'essentiel des efforts structurants fournis en vue de la décarbonation vient du fédéral. Les provinces ne fournissent que très peu d'efforts structurants dans ce domaine. Or, étant donné que l'énergie est de compétence provinciale, il sera impossible pour le Canada d'aller beaucoup plus loin, à moins que les provinces s'engagent réellement.
Enfin, nous ne voyons pas comment le marché du carbone industriel tel qu'il est monté présentement pourrait mener à des réductions importantes des émissions dans le secteur industriel. Il va falloir d'autres mesures réglementaires, entre autres.
Nos conseils rejoignent donc ceux du commissaire au développement durable.
Un aspect n'est pas traité, selon nous. Une partie du problème qui ralentit la mise en œuvre des mesures est liée au manque de coopération des provinces, ainsi qu'à un manque de collaboration entre les partis politiques fédéraux, ce qui force le gouvernement fédéral à travailler beaucoup plus fort pour élaborer des règlements qui seront à l'épreuve des contestations judiciaires, ou qui pourraient survivre à des changements de gouvernement. Quand on regarde ce qui se fait à l'étranger, là où cela fonctionne, c'est quand tous les partis politiques s'alignent au moins sur les grands objectifs, ce qui permet de faire avancer la décarbonation.
Un aspect que j'estime important et que je tiens à souligner, c'est que, à la suite des recommandations du commissaire au développement durable publiées dans un rapport précédent, des efforts ont été fournis en vue d'améliorer la modélisation. On a assisté entre autres, à des collaborations entre le ministère fédéral de l'Environnement et le Carrefour de modélisation énergétique, organisme dirigé par l'Institut de l'énergie Trottier de Polytechnique Montréal, l'Institute for Integrated Energy Systems de l'Université de Victoria, et la School of Social Studies de l'Université de Calgary. On travaille donc pour mieux comprendre les modèles et améliorer la qualité des modélisations. Les choses avancent de ce côté.
Si on veut accélérer la transition, à moins que les provinces n'emboîtent le pas et s'engagent dans une vraie collaboration, le fédéral doit vraiment travailler du côté environnemental, notamment en resserrant des normes environnementales importantes. Il doit aussi s'employer à concevoir des stratégies de réduction chiffrées par secteur, et prévoir un genre de budget carbone, lequel peut être défini de plusieurs façons. Il peut aussi soutenir des projets pilotes à l'échelle pour tester des technologies transformatrices dans le transport lourd, le captage et la séquestration du carbone, et d'autres procédés industriels. Selon nous, c'est la seule voie qui nous permettra d'avancer dans ce domaine.
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Merci beaucoup, mesdames et messieurs les membres du Comité. Merci de m'accorder du temps.
Je voudrais aborder quatre points.
Premièrement, les politiques actuelles, tant provinciales que fédérales, fonctionnent. L'analyse indépendante de l'Institut climatique du Canada utilise des modèles économiques pour montrer que, en l'absence des politiques fédérales, provinciales et territoriales en matière climatique appliquées depuis 2015, les émissions nationales seraient de 41 % plus élevées en 2030 qu'elles ne le seraient par ailleurs.
Les tendances actuelles des émissions confirment ces constatations. Les nouvelles estimations préliminaires des émissions nationales de l'Institut montrent que les émissions actuelles sont d'environ 7 % inférieures aux niveaux de 2005. Depuis 2017, le passage à des sources d'énergie à faibles émissions de carbone a permis de réduire les émissions annuelles de 50 mégatonnes. L'amélioration de l'efficacité énergétique a apporté une réduction de 62 mégatonnes. Ces réductions sont supérieures aux augmentations découlant de la croissance de l'économie, ce qui montre que le Canada dissocie la croissance de l'économie de celle des émissions.
Deuxièmement, la mise en œuvre rapide des politiques est une priorité, tant pour la compétitivité que pour la réduction des émissions.
Pour réaliser le plein potentiel des politiques qui n'ont pas encore leur forme définitive, il faut passer rapidement à leur mise en œuvre. Il faut du temps pour que les politiques influent sur les émissions. Comme l'a fait remarquer le commissaire à l'environnement et au développement durable, une mise en œuvre plus lente des politiques prévues se traduira par une réduction moindre des émissions en 2030.
La mise en œuvre est également importante pour la compétitivité. Lorsqu'on sait à quoi s'en tenir sur les politiques — par exemple, sur les détails des crédits d'impôt à l'investissement —, les investissements augmentent. Il semble probable qu'au moins certains éléments de l'Inflation Reduction Act seront maintenus aux États-Unis. La politique canadienne sur le climat peut aider le Canada à attirer des investissements afin de stimuler de nouvelles sources de croissance économique.
Troisièmement, il est essentiel de s'assurer que les politiques existantes fonctionnent, en particulier la tarification du carbone dans le secteur industriel.
L'analyse de l'Institut climatique révèle que les systèmes d'échange de droits d'émission des grands émetteurs, aussi connus sous le nom de tarification du carbone dans l'industrie, constituent la politique climatique la plus importante du Canada, puisqu'ils pourraient assurer la moitié des réductions que les principales politiques du plan fédéral devraient permettre d'ici 2030. C'est environ trois fois plus que la réduction des émissions qu'on s'attendait à obtenir, par exemple, grâce à la taxe sur le carbone imposée aux consommateurs. Le programme TIER de l'Alberta, le système de plafonnement et d'échange du Québec et le filet de sécurité fédéral en sont des exemples.
Lorsqu'ils sont bien conçus, ces systèmes d'échange favorisent à la fois la réduction des émissions et la compétitivité. Ils protègent la compétitivité des industries existantes tout en maintenant les incitations à réduire les émissions. Les crédits de carbone fournissent également des revenus essentiels pour les projets à faibles émissions de carbone, comme le captage et le stockage du carbone, l'électricité propre ou l'acier propre, ce qui les aide à attirer des investissements privés.
Ces systèmes n'apporteront ces avantages que s'ils fonctionnent comme prévu. Notre analyse donne à penser que certains marchés des crédits sont actuellement déséquilibrés. L'offre excédentaire de crédits peut dévaluer les crédits de carbone, ce qui nuit à leur capacité d'attirer des investissements privés et de réduire les émissions. Des normes de rendement insuffisamment rigoureuses sont l'une des causes de l'augmentation de l'offre et de la diminution de la demande de crédits de carbone. La surveillance et la mise à jour des politiques au fil du temps peuvent garantir que les systèmes produisent des avantages en matière d'émissions et de compétitivité.
Quatrièmement, il faut tenir compte des interactions entre les politiques en ce qui concerne l'efficacité, la rentabilité et la compétitivité.
Dans certains cas, il y a des chevauchements entre les émissions visées par les différentes politiques. Les gouvernements devraient évaluer et gérer ces interactions avec soin. À cause d'elles, l'ajout de nouvelles politiques ne mène pas nécessairement à des réductions aussi importantes que celles qu'elles donneraient si elles étaient prises isolément.
Par exemple, des politiques comme les crédits d'impôt à l'investissement peuvent rendre possibles de nouveaux projets à faibles émissions de carbone, mais en même temps, elles facilitent la production de crédits dans ces systèmes d'échange à fortes émissions, augmentant l'offre de crédits et diminuant la demande, ce qui fait baisser le prix effectif du carbone et amenuise la réduction des émissions découlant de la tarification du carbone dans le secteur industriel.
Ces interactions entre les politiques risquent également d'augmenter les coûts globaux, ce qui pourrait entraîner une augmentation des réductions des émissions plus coûteuses, mais un recul des réductions des émissions à moindre coût.
Les interactions entre politiques peuvent également nuire à la compétitivité en créant de l'incertitude au sujet des prix futurs du crédit. Attirer des investissements pour de grands projets à faibles émissions de carbone ne dépend pas seulement du prix des crédits de carbone au moment présent, mais aussi du prix futur prévu. Les interactions augmentent le risque que les futurs crédits de carbone aient moins de valeur.
Les gouvernements peuvent aborder le problème des interactions soit en rationalisant les ensembles de politiques, soit en tenant explicitement compte des interactions et en rajustant les politiques pour compenser.
En conclusion, je dirai que dans l'ensemble, les résultats de la réduction des émissions au Canada ne peuvent être considérés comme une réussite totale ou un échec total. Les politiques actuelles fonctionnent, mais nous restons à court des objectifs. Des politiques plus strictes et plus cohérentes, avec une plus grande rigueur, entraîneront davantage de réductions des émissions et d'investissements privés.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître.
Je m'appelle Devin Drover. Je suis avocat général et directeur de la région de l'Atlantique pour la Fédération canadienne des contribuables. Je suis là au nom de milliers de contribuables canadiens qui réclament l'abolition de la taxe sur le carbone.
Trois raisons principales sont invoquées. Premièrement, la taxe sur le carbone rend la vie trop chère. Deuxièmement, les Canadiens ne devraient pas être punis à cause des nécessités de la vie, comme se rendre au travail en voiture ou faire l'épicerie. Troisièmement, la taxe sur le carbone est une mesure stérile.
Parlons d'abord de ce qu'il en coûte aux Canadiens.
La taxe s'élève actuellement à 80 $ la tonne, ce qui ajoute 18 ¢ au prix du litre d'essence, 21 ¢ à celui du litre de diésel et 15 ¢ à celui du mètre cube de gaz naturel. En somme, il en coûte environ 13 $ de plus pour remplir le réservoir d'une minifourgonnette, 20 $ de plus pour celui d'une camionnette et environ 200 $ de plus pour faire le plein de diésel d'un gros camion.
Parlons des camionneurs. Presque tout ce dont nous avons besoin est transporté par camion. C'est particulièrement vrai dans ma province, Terre‑Neuve‑et‑Labrador, où la nourriture est livrée par bateau jusqu'à la côte Ouest de l'île, puis transportée par camion sur 900 kilomètres jusqu'à la côte Est de l'île, où se concentre la majeure partie de la population. Imposer une taxe sur le carbone de 21 ¢ le litre sur le diésel, c'est faire augmenter tous les prix. L'Alliance canadienne du camionnage dit que la taxe fédérale sur le carbone coûtera à ce secteur d'activité environ 2 milliards de dollars cette année.
Les camionneurs ne sont pas les seuls touchés. Il y a aussi les agriculteurs, qui produisent les aliments que les camionneurs transportent. Ils paient la taxe sur le carbone prélevée sur les carburants utilisés pour chauffer leurs granges, sécher les céréales et garder le bétail en vie pendant les hivers très froids. Le directeur parlementaire du budget estime que la taxe sur le carbone coûtera 1 milliard de dollars aux agriculteurs canadiens d'ici 2030.
Je profite de l'occasion pour remercier brièvement les députés du Parti conservateur, du NPD et du Bloc d'avoir appuyé une mesure qui soustrait les carburants agricoles à la taxe sur le carbone. Je crois savoir que le projet de loi a été vidé de sa substance au Sénat — un Sénat non élu —, mais c'est une autre question dont nous discuterons un autre jour, et renvoyé à la Chambre.
Parlons du chauffage domestique. Nous vivons dans un pays très froid, et le chauffage des maisons est essentiel à la survie. Le gouvernement a admis qu'il s'agit d'un problème en exemptant — pour des gains politiques, peut‑on dire — certains combustibles, ce qui profite surtout aux Canadiens de l'Atlantique, alors que, dans l'ensemble du pays, les gens ont encore de la difficulté à chauffer leur maison et n'ont reçu aucune forme d'exemption. Par exemple, le ménage moyen de l'Alberta paiera environ 440 $ de plus pour le chauffage domestique cet hiver. Il n'est pas étonnant que ces exemptions fassent l'objet d'une contestation constitutionnelle en Alberta.
Nous aimerions que le gouvernement tienne compte de la position du regretté chef du NPD, Jack Layton, qui s'est opposé à l'imposition d'une tarification du carbone sur les combustibles de chauffage domestique parce que, au bout du compte, c'est inacceptable.
Deuxièmement, un mot de l'abordabilité. Les Canadiens ne devraient pas être punis parce qu'ils paient les nécessités de la vie, comme le transport pour se rendre au travail en voiture et le chauffage de leur maison. Dans la plupart des cas, ils n'ont pas le choix. Pourtant, environ la moitié des Canadiens sont à moins de 200 $ près de ne pas être en mesure de faire les paiements mensuels minimums sur leurs factures. Ils s'en tirent à peine. Nous les entendons tous les jours. Nous recevons des lettres et des courriels de partisans que la taxe sur le carbone met en difficulté.
Nous pouvons revenir au récent rapport du directeur parlementaire du budget, qui montre que la taxe sur le carbone coûtera environ 400 $ de plus au ménage moyen cette année et plus de 900 $ d'ici 2030, et ce, même si on tient compte des remboursements. Malgré ce que le a dit au Brésil, les familles qui sont en mode de survie préfèrent nourrir leurs enfants plutôt que de payer sa taxe sur le carbone.
Enfin, la taxe sur le carbone est une mesure stérile. En Colombie‑Britannique, où cette taxe a été imposée pour la première fois au Canada, le gouvernement a promis de réduire les émissions de 33 % par rapport aux niveaux de 2007 au plus tard en 2020. Or, les émissions ont augmenté de plus de 2 %. En 2021, le gouvernement fédéral a dit qu'il réduirait les émissions de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005, et les données montrent clairement qu'il n'y arrive pas. Les émissions ont augmenté.
Dans l'ensemble, cette expérience de taxe sur le carbone est un échec. Elle cause d'énormes difficultés financières sans pour autant apporter des avantages au plan environnemental. Cette taxe rend la vie trop chère. Les Canadiens ne devraient pas être punis parce qu'ils vont au travail en voiture et chauffent leur maison. Au bout du compte, elle ne donne aucun résultat. Par conséquent, au nom de milliers de contribuables canadiens, nous sommes là aujourd'hui pour demander au gouvernement d'éliminer la taxe sur le carbone.
Merci.
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Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître.
Bien que le Canada ait commencé à infléchir la courbe des émissions, nous savons que nous n'avançons pas au rythme et dans la mesure nécessaires pour atteindre nos cibles actuelles, qui sont elles-mêmes insuffisantes et ne représentent pas la juste part des efforts que le Canada devrait déployer à l'échelle mondiale.
L'une des grandes causes, si le progrès reste insuffisant, ce sont les pressions exercées par les dirigeants du secteur pétrolier et gazier. Alors que d'autres secteurs, en particulier celui de l'électricité, ont été en mesure de réduire leurs niveaux de pollution, les émissions du secteur pétrolier et gazier ne cessent d'augmenter. En fait, ce secteur représente maintenant près du tiers de nos émissions nationales, même s'il ne représente que 3 % du PIB du Canada, 0,7 % des emplois et 0,7 % du revenu national.
Les dirigeants de ce secteur consacrent beaucoup de temps et d'énergie à lutter contre les progrès en matière climatique. En 2023, les lobbyistes de l'industrie ont déclaré 1 255 rencontres avec le gouvernement fédéral, soit en moyenne cinq par jour ouvrable, et ce n'est là que ce qui figure dans le registre fédéral des lobbyistes. C'est pourquoi les nouvelles règles visant à limiter les émissions de dioxyde de carbone et de méthane de l'industrie pétrolière et gazière sont si importantes.
Toutefois, la conception actuelle du projet de règlement proposé n'entraînera pas les réductions d'émissions nécessaires. Essentiellement, les règles demandent seulement aux entreprises de faire ce qu'elles ont déclaré publiquement pouvoir faire. Bien que ce filet de sécurité soit essentiel parce que l'industrie n'a jamais respecté ses engagements volontaires, nous savons qu'il faut réaliser des réductions plus importantes.
Le plan de réduction des émissions du gouvernement indiquait que, pour atteindre la cible du Canada, les émissions de l'industrie pétrolière et gazière devraient être ramenées à 42 % sous les niveaux de 2019. Le règlement proposé, si on ne tient pas compte de la souplesse en matière de conformité et des échappatoires, ne ferait que réduire les émissions de moins de 30 %, et de beaucoup moins si les réductions d'émissions prévues d'ici 2026 ne se concrétisaient pas. En fait, Environnement et Changement climatique Canada estime que le règlement ne se traduira que par une réduction de 13,4 mégatonnes d'émissions, pour un secteur qui en produit plus de 200 mégatonnes par année. Par conséquent, des règles plus strictes sont nécessaires et, plus important encore, elles doivent être mises en œuvre d'urgence.
Nous savons que pour s'attaquer à la crise climatique, il faut remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables. Bien que ce ne soit pas une mince tâche, la bonne nouvelle, c'est que l'énergie renouvelable l'emporte sur les combustibles fossiles à tous les points de vue: prix, fiabilité, facilité de déploiement et possibilités de croissance de l'emploi. L'énergie renouvelable avec stockage par batterie est maintenant un moyen moins coûteux de produire de l'électricité que les combustibles fossiles. C'est pourquoi les installations mondiales d'énergie renouvelable ont augmenté de 50 % dans le monde l'an dernier seulement.
Malgré ces avantages, le Canada accuse un retard par rapport au reste du G20 dans le déploiement d'énergies renouvelables et de batteries. C'est pourquoi le projet de règlement sur l'électricité propre est crucial, mais les règles définitives doivent en fait évincer le gaz fossile du réseau.
Le Règlement sur l'électricité propre fournira aux exploitants de réseaux, aux producteurs d'électricité et aux investisseurs la certitude que le Canada souhaite obtenir à propos de la transition vers l'énergie propre. En plus de ces règlements, le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour faciliter la construction d'un réseau d'énergie propre en investissant dans l'infrastructure de transport.
Outre l'électrification, il faut mettre davantage l'accent sur l'efficacité énergétique. Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour rendre notre mode de vie, nos maisons et nos industries plus écoénergétiques. Les rénovations écoénergétiques ont l'avantage supplémentaire de réduire les factures des ménages et de rendre les maisons plus confortables.
Les données scientifiques sont claires. Les niveaux actuels de production pétrolière et gazière nous promettent un avenir catastrophique. Voilà pourquoi, à la COP28 l'an dernier, tous les pays du monde ont convenu d'abandonner progressivement le charbon, le pétrole et le gaz. À tout le moins, les gouvernements doivent cesser de faciliter l'expansion de l'industrie. Le gouvernement du Canada doit enfin éliminer les subventions et le financement public accordés aux sociétés pétrolières et gazières. Bien que le Canada ait pris certaines mesures à cet égard, celles qui ont été adoptées à ce jour n'ont pas beaucoup fait baisser les niveaux de soutien financier, car la barre des 18 milliards de dollars a été franchie l'an dernier.
Le gouvernement est en train d'élaborer de nouvelles règles pour s'attaquer au problème du financement public venant des sociétés d'État, mais on craint qu'il n'y ait trop d'échappatoires pour que les robinets soient vraiment fermés. Nous devons également faire preuve de vigilance à l'égard des distractions dangereuses qui ne feront rien pour réduire les émissions, mais qui faciliteront l'expansion de la production pétrolière et gazière, en particulier le captage du carbone dans le secteur pétrolier et gazier et l'hydrogène bleu.
Comme je défends la cause du climat, je me concentre évidemment sur la lutte contre la crise climatique, mais la transition qui nous affranchirait des combustibles fossiles est tout autant une question d'abordabilité. Les solutions en matière climatique comme le transport en commun électrifié, les thermopompes et les améliorations écoénergétiques allègent les factures des Canadiens. Elles ont permis aux familles canadiennes d'économiser des milliers de dollars. Bien sûr, le financement gouvernemental est nécessaire pour permettre aux familles de profiter de ces économies. Il s'agit aussi d'assurer la compétitivité du Canada.
Quand on entend des arguments sur la nécessité d'être le pays qui vend le dernier baril de pétrole, c'est comme si on souhaitait être le dernier Blockbuster à louer des vidéos. Pourquoi sommes-nous si réticents à bâtir une économie qui peut prospérer à l'avenir?
Peu importe ce que nous faisons au Canada, la demande de pétrole et de gaz atteindra un sommet avant 2030 et diminuera considérablement par la suite...
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Cela s'adresse à tout le monde.
Monsieur Mazier, contester ce que tout le monde dit pourrait devenir un jeu interminable.
Mme Taylor Roy a la parole. Certains des propos tenus par les conservateurs ont été contestés, de sorte que, comme je l'ai dit, cela pourrait durer éternellement.
Si M. Drover n'est pas d'accord, il peut répondre de la sorte à Mme Taylor Roy.
Madame Taylor Roy, poursuivez, s'il vous plaît.
Je pense que les gens et les agriculteurs savent que les combustibles agricoles sont exonérés de la taxe sur le carbone. Je dirais donc que nous pouvons vérifier cela en consultant le projet de loi, si vous le souhaitez.
Par ailleurs, le projet de loi a été renvoyé à la Chambre. Il n'avance pas parce qu'à chaque fois qu'il est abordé, le Parti conservateur décide d'échanger un projet de loi pour le présenter ou d'en débattre, et ne permet pas qu'il soit soumis à un vote. Je me demande simplement... L'idée que, d'une manière ou d'une autre, nous ne permettons pas à ce projet d'aller de l'avant est erronée. Je voulais juste rectifier ce point.
L'autre chose que j'aimerais corriger est un élément de l'une des questions de M. Leslie, lorsqu'il a de nouveau déclaré que la taxe sur le carbone augmentait le prix de tout et provoquait une crise d'abordabilité. Aux fins du compte rendu, j'aimerais préciser, et m'assurer que les gens en sont conscients, qu'il existe une remise canadienne sur le carbone, qui est supérieure à ce que les gens paient de leur poche.
Monsieur Drover, lorsque vous dites que les gens paient plus, l'impact sur l'économie ne les oblige pas à payer plus et n'est pas réparti de façon uniforme entre tous les Canadiens. En fait, le rapport du DPB auquel vous faites référence était une projection jusqu'en 2030 qui montrait que la différence dans le PIB serait de 2,66 billions de dollars contre 2,68 billions de dollars, soit une réduction de moins de 0,5 %, et cela ne tient aucunement compte du coût des événements climatiques. Je pense qu'il faut montrer les choses en relation et s'assurer que les faits sont exacts.
C'est par là que je voulais commencer, mais je voudrais adresser ma prochaine question à M. Beugin.
Ce matin, la Presse canadienne a publié un article sur la réglementation relative à l'électricité propre et ses coûts marginaux dans le contexte du réseau électrique de l'Ontario.
Pouvez-vous nous dire quels seront, selon vous, les effets réels sur le portefeuille de l'expansion et de la décarbonation de notre réseau électrique en même temps, et pourquoi cela sera positif?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être parmi nous.
Monsieur Mousseau, vous avez parlé de champs de compétence, ce qui va m'aider à vous lancer sur le sujet.
La semaine passée, lorsque nous avons reçu le , je lui ai posé une question. Il m'a répondu qu'en tant que députés du Bloc québécois, nous devrions savoir que les ressources naturelles relèvent des provinces, et non du fédéral. Deux domaines sont tout de même de compétence fédérale: les tuyaux, c'est-à-dire les oléoducs — et je fais allusion ici au réseau de l'oléoduc Trans Mountain —, et les hydrocarbures extracôtiers. Le ministre savait très bien que je parlais de ceux-ci, qui sont gérés conjointement par le fédéral et les provinces de l'Atlantique. Le gouvernement fédéral a donc une responsabilité à cet égard.
Dans une note de la Bibliothèque du Parlement, on mentionne que la question de la compétence sur les ressources naturelles situées au large des côtes de l'Atlantique a été réglée. On y dit ceci:
En 1984, la Cour suprême du Canada a finalement tranché en ces termes: « Le Canada a la compétence législative relativement au droit d’explorer et d’exploiter le plateau continental au large de Terre‑Neuve, en vertu de son pouvoir résiduel en matière de paix, d’ordre et de bon gouvernement. »
Il était question de la réduction des gaz à effet de serre et de la biodiversité, qui, comme nous le savons, sont intimement liés.
Monsieur Mousseau, dites-moi qui dit vrai: est-ce la Bibliothèque du Parlement, la Cour suprême, les lois ou les offices extracôtiers? Est-ce moi? Est-ce le ministre? Pourriez-vous démêler tout cela, s'il vous plaît?
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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie les témoins d'être là aujourd'hui.
Je commencerai par le témoin de la Fédération canadienne des contribuables. Vous avez remercié le Bloc, le NPD et les conservateurs pour leur vote. Je tiens à souligner que, bien qu'il n'ait pas le statut de parti officiel, le Parti vert a également voté en faveur de l'exonération des carburants de séchage.
Mes questions s'adressent à Mme Levin. Vous avez mentionné que l'année dernière, en moyenne, les lobbyistes du secteur pétrolier et gazier ont pu rencontrer le gouvernement cinq fois par jour. Cette année, de janvier à septembre, le ministère de l'Environnement et du Changement climatique a rencontré ces lobbyistes à 123 reprises. Lors de notre dernière réunion de comité, le ministre a déclaré que cela avait peu d'incidence sur la réglementation. J'ai du mal à croire que ces réunions de lobbying n'ont pas d'incidence, compte tenu de toutes les échappatoires dans le projet de règlement sur le plafond des émissions et de l'affaiblissement d'autres politiques.
Pouvez-vous nous en parler un peu?
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Les sociétés pétrolières et gazières, bien qu'elles figurent parmi les entreprises les plus riches du Canada et qu'elles réalisent des bénéfices considérables, continuent d'être l'un des secteurs les plus subventionnés de l'économie. Cela inclut des subventions massives pour leurs solutions technologiques, c'est‑à‑dire le captage et le stockage du carbone. Le CUSC existe depuis 50 ans, son bilan est catastrophique, et l'AIE ne cesse de le déclasser. Cependant, le gouvernement fédéral investit des dizaines de milliards de dollars dans ces technologies.
En ce qui concerne le plafonnement des émissions, le plafonnement de la pollution de l'industrie pétrolière et gazière, qui est un élément très important du plan climatique du Canada, nous avons vu que la conception correspondait vraiment à ce que des entreprises comme celles de l'Alliance Nouvelles voies ont dit pouvoir réaliser. C'est une façon très généreuse de réglementer un secteur. D'autres secteurs ne sont pas réglementés de cette manière; on demande à d'autres secteurs d'aller plus loin que ce qu'ils disent publiquement pouvoir faire de toute façon. C'est ce qui ressort des options de souplesse en matière de conformité.
Les compensations et les fonds de décarbonation sont les deux formes de souplesse en matière de conformité. Les compensations signifient que les entreprises n'ont pas à réduire leurs émissions, et toutes les enquêtes menées au niveau international sur les compensations ont montré que la plupart d'entre elles sont des pacotilles. Il s'agit principalement de réductions non vérifiées des émissions de gaz à effet de serre. Il est très difficile de prouver qu'ils sont supplémentaires, qu'ils sont fiables et qu'ils sont durables. Ce n'est pas le cas.
C'est le secteur qui alimente la pollution climatique au Canada. Nous devons tenir ces entreprises responsables de réduire leurs émissions directement...
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Il y a quelques éléments à analyser.
Tout d'abord, le seul moyen pour le gouvernement de rétablir l'équilibre budgétaire dans ce pays est de mettre fin aux dépenses inutiles. Le moyen le plus efficace dont disposait le gouvernement de l'époque, dans les années 1990, pour y parvenir était de procéder à des examens approfondis de chaque dollar dépensé. Nous aimerions que le gouvernement fédéral commence à faire preuve de la même prudence que ses prédécesseurs et qu'il commence à effectuer des vérifications sérieuses de tous les programmes gouvernementaux.
Bien sûr, ce n'est pas une bonne utilisation de l'argent des contribuables. Ce n'est pas non plus une bonne utilisation de l'argent des contribuables que de voir les gouvernements distribuer de l'argent à n'importe quelle entreprise, quel qu'en soit l'objectif. D'une manière générale, nous nous opposons à toute forme d'aide aux entreprises parasites et nous pensons que le gouvernement doit cesser de distribuer de l'argent, surtout sans vérifications, aux grandes entreprises.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins pour cette portion de notre réunion.
Monsieur Mousseau, je suis heureux de vous rencontrer à nouveau dans le cadre de notre réunion, cette fois-ci par vidéoconférence, et j'attends avec impatience tous les commentaires que vous nous apporterez.
On parle de pétrole et on parle d'énergies fossiles. On sait que le gouvernement libéral fédéral a surpris tout le monde il y a six ans en annonçant soudainement qu'il achetait le pipeline Trans Mountain à hauteur de 4,7 milliards de dollars, avant de décider de faire les travaux nécessaires à son agrandissement. En fin de compte, ces travaux ont coûté six fois plus cher que prévu. La somme des travaux et de l'achat s'élève à près de 40 milliards de dollars, plus précisément à 38,7 milliards de dollars, que les contribuables ont investis dans un pipeline. Je n'ai rien contre les pipelines tant et aussi longtemps qu'on en aura besoin. Évidemment, je préfère le pétrole canadien au pétrole étranger.
Cependant, sur le plan économique, est-ce que c'était le bon choix? Y a-t-il des exemples dans le monde où un pays a décidé d'acheter un pipeline et de le faire payer par les contribuables? En outre, combien de temps cela prendra-t-il pour que celui-ci soit « rentable » pour les contribuables?
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Doit-on se surprendre d'un gouvernement qui ne cesse de faire la leçon à tout le monde sur la décarbonation, qui se veut un leader mondial en la matière, mais qui dépense près de 40 milliards de dollars puisés à même l'argent des contribuables pour un pipeline?
Monsieur Mousseau, vous avez évoqué tout à l'heure le fait que le Canada est le pire pays du G7 et le 62esur 67 pays selon le rapport de la COP29, rapport qui est d'ailleurs déposé tous les ans. Aux États‑Unis, certains États ont une politique de tarification sur les émissions, mais les États‑Unis en tant que pays n'en ont pas; les présidents Obama et Biden, qui sont pourtant de grands partisans de la décarbonation, n'ont pas adopté cette approche.
Ma question est donc la suivante. Comment se fait‑il que le Canada, qui a cette ambition et qui a étendu la tarification du carbone à tout le pays, soit pire que les États‑Unis, qui n'ont pas de tarification dans tous les États?
J'aimerais remercier les témoins pour cette discussion sérieuse et intéressante. Parfois, plus la conversation est sérieuse, plus elle est intéressante. Je tiens à remercier tout le monde pour sa présence, et M. Mousseau pour sa participation à la discussion.
Nous nous arrêterons ici et, mercredi, nous reprendrons l'étude sur l'Accélérateur net zéro.
Je dois mentionner que les documents que les députés et leur personnel ont pu consulter sont toujours disponibles pour consultation, mais dans une salle différente. Ils sont maintenant disponibles pour consulter dans le bureau de la greffière, alors qu'auparavant, ils étaient dans une salle réservée. Cette salle réservée est apparemment en train d'être rénovée, alors nous avons changé l'emplacement, mais elle est toujours disponible.
Merci beaucoup. Bonne journée.
La séance est levée.