:
Monsieur le président, le s'était engagé à venir nous voir au plus tard le 18 juin, mais nous avons appris qu'il ne se présenterait pas à cette date. Comme cela risque d'être notre dernière rencontre, il sera impossible pour lui de venir témoigner. Il est tout à fait inacceptable que le ministre refuse de comparaître devant notre comité et de répondre aux questions des parlementaires.
Nous voyons beaucoup le ministre à la Chambre des communes ces jours-ci, ce qui est très bien. Nous l'avons même vu répondre aux premières questions lors de la période des questions orales, ce qui est très bien. Cependant, il a aussi le devoir de répondre aux questions des membres du Comité permanent de l'environnement et du développement durable, où nous pouvons aller au fond des choses, poser beaucoup plus de questions détaillées et aborder beaucoup plus de thèmes. C'est la responsabilité du ministre de rendre des comptes.
[Traduction]
Il est totalement inacceptable, monsieur le président, que M. Guilbeault ne soit pas ici et ne puisse pas répondre aux questions des parlementaires de ce comité. Nous l’avons vu à maintes reprises à la Chambre des communes, ce qui est formidable, soit dit en passant. C’est lui qui a répondu aux questions des leaders au premier tour. Il était là. Il est à la Chambre. Il est dans l’édifice, mais il ne peut pas se présenter devant ce comité de la Chambre des communes. C’est tout à fait inacceptable et irresponsable, surtout parce qu’il ne veut pas aborder les questions profondes que nous soulevons dans cette enceinte. Nous avons eu de nombreuses occasions de lui parler. Il a eu de nombreuses occasions de venir ici. Il a décidé de ne pas répondre aux questions des parlementaires de ce comité.
C’est honteux.
[Français]
Par contre, nous avons parmi nous aujourd'hui les PDG de cinq grandes banques canadiennes.
Tout d'abord, je vous remercie d'être parmi nous pour participer à cette étude importante et intéressante pour le Comité et pour l'avenir de notre économie, alors que nous sommes dans une période de transition vers une économie plus verte.
J'aimerais rassurer Mme Pauzé en indiquant que les tests de son ont été effectués avec succès.
Ensuite, j'aimerais inviter les témoins qui participent par vidéoconférence à mettre leur micro en sourdine lorsqu'ils n'ont pas la parole, pour éviter les bruits ambiants.
Chaque témoin disposera de cinq minutes pour nous livrer son message.
Nous allons commencer par M. Darryl White, qui est le directeur général de BMO Groupe financier.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président et distingués membres du Comité, je m’appelle Darryl White. Je suis le chef de la direction de BMO Groupe financier. Je suis heureux de me joindre à mes concurrents aujourd’hui pour discuter du travail du secteur financier dans le cadre de l’étude du Comité.
Je commencerai par reconnaître les terres ancestrales des peuples autochtones d'où je me joins à vous aujourd’hui et sur lesquelles nous avons le privilège de faire des affaires. Nous reconnaissons que le travail de BMO s’étend sur de nombreux territoires autochtones.
Sur ce, je poursuis mon intervention.
[Français]
BMO est une institution financière désireuse de faciliter la croissance du Canada tout en ayant des répercussions sociales positives. Ce rôle se reflète dans notre raison d'être, soit « Avoir le cran de faire une différence, dans la vie comme en affaires ». Cette raison d'être oriente notre stratégie, alimente nos ambitions et renforce notre engagement à progresser vers une économie florissante, un avenir durable et une société inclusive.
Bien que mes remarques portent essentiellement sur BMO, il est important de noter que tout le secteur bancaire contribue de manière considérable à la carboneutralité. Cela implique notamment de collaborer avec des groupes internationaux, comme l'alliance bancaire pour la carboneutralité, et avec nos organismes de réglementation à l'échelle nationale, comme le Bureau du surintendant des institutions financières.
[Traduction]
À BMO, et cela nous ramène à la discussion d’aujourd’hui, nous faisons appel à nos experts pour soutenir toutes les collectivités que nous servons au Canada et leurs économies diversifiées. i
Parmi les exemples de la façon dont nous travaillons en collaboration avec les clients, tant au sein qu'en dehors du secteur des ressources naturelles, mentionnons le groupe sur la transition énergétique de BMO, constitué en 2021. Notre équipe offre des solutions bancaires d’investissement novatrices à nos clients qui cherchent à décarboner leurs activités et à saisir des occasions de transition énergétique. Ce volet de nos activités est complété par l’Institut pour le climat de BMO, qui aide nos clients à faire le pont entre la science et les politiques climatiques complexes d'un côté, et l’économie et la stratégie d’affaires de l'autre. En 2022, BMO a fait l’acquisition de Radicle Group, une société de services-conseils en matière de durabilité qui jouit d’une réputation de chef de file en élaboration de produits de compensation carbone qui aide les organisations à mesurer et à réduire leurs émissions. En ce qui concerne le financement durable, nous avons réservé 330 milliards de dollars en capital pour les clients qui cherchent à obtenir des résultats durables, et nous avons dépassé notre objectif de 300 milliards de dollars en 2025. Ces activités ont été pleinement intégrées à l’ensemble de nos secteurs d’activité en 2019.
En ce qui a trait à la gestion de ses propres émissions associés à la chaîne de valeur, BMO est carboneutre au chapitre de ses opérations depuis 2010 et elle continue de viser son objectif de carboneutralité et d'approvisionnement en énergie renouvelable à 100 %. BMO s'est aussi fixé des cibles d’émissions opérationnelles nettes zéro, y compris pour l’immobilier commercial. Nous avons élaboré un solide programme d’approvisionnement durable pour notre chaîne de valeur en amont. En ce qui concerne les émissions en aval de la chaîne de valeur, BMO a établi des cibles pour les émissions financées pour certains aspects de son portefeuille de crédit à forte intensité carbonique. Dans le cadre de ce travail, BMO s’efforce de jouer un rôle constructif pour aider ses clients à décarboner et à réduire leurs émissions. Nous nous décrivons comme étant le « premier partenaire de nos clients dans la transition vers un monde carboneutre ».
Cela ne veut pas dire que nous nous détournons du secteur des énergies traditionnelles. Nous travaillons plutôt avec des clients qui sont à la fine pointe des nouvelles technologies et nous appuyons la transition vers la carboneutralité des clients du secteur des énergies traditionnelles qui travaillent fort pour modifier leur profil d’émissions. La transition vers un monde carboneutre n’est pas une question de choix, car il faut jouer sur tous les tableaux. Les banques jouent un rôle essentiel en appuyant les clients à exploiter des sources d’énergie à émission de carbone nulle ou faible, comme le nucléaire, l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire et d’autres.
Au cours des dernières années, nous avons modifié la façon dont nous communiquons au sujet de nos politiques. Nous sommes passés d’un ensemble d’énoncés spécifiques à chaque secteur à une démarche fondée sur une évaluation exhaustive du risque de crédit ainsi que sur nos engagement à l’égard de pratiques commerciales saines et prudentes, cela en tout respect des lois et des règlements encadrant les marchés que nous servons.
Les défis à relever pour parvenir à la carboneutralité sont loin d'être négligeables, et les investissements nécessaires seront considérables. Pour attirer les capitaux importants nécessaires à la transition vers la carboneutralité, il faut une solide collaboration entre les secteurs public et privé, ainsi qu’une prévisibilité réglementaire. J’espère que le Comité en tiendra compte dans la formulation de ses recommandations.
Je vous remercie de votre attention et je ne tiens prêt à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, je tiens à remercier mon homologue d'avoir reconnu les territoires autochtones au début de la réunion, d’aujourd’hui, ce à quoi nous adhérons pleinement.
Bonjour tout le monde et merci.
Monsieur le président, les origines de la Banque CIBC remontent à 1867. Depuis la Confédération, nous jouons un rôle essentiel pour aider les Canadiens à passer de leurs idées à la réalité. Dès nos premiers moments, en tant que Banque Canadienne de Commerce, nous avons aidé les capitaux à se rendre aux propriétaires d’entreprise canadiens qui aspiraient à bâtir notre pays et, au fil des ans, nous avons joué un rôle clé dans la croissance et la prospérité des familles et des entreprises partout au pays.
Aujourd’hui, nous comptons plus de 1 000 centres bancaires au Canada. Notre équipe de plus de 48 000 membres n’a qu’une raison d’être: vous aider à passer des idées à la réalité. C’est ce que nous faisons pour notre clientèle. Et c’est aussi ce que nous faisons pour les millions de Canadiens qui détiennent un placement dans notre banque, que ce soit directement en détenant des actions, ou indirectement par le biais de fonds communs de placement et de régimes de retraite.
De plus, nous investissons de manière significative pour soutenir des communautés partout au pays. En 2022, nous avons annoncé notre objectif de contribuer à des initiatives d’investissement communautaire à hauteur de 800 millions de dollars sur 10 ans.
Au cours de notre longue histoire, nous nous sommes attaqués avec constance aux principaux problèmes auxquels font face nos parties intéressées, et les changements climatiques ne font pas exception. Les changements climatiques sont un enjeu mondial critique de notre époque, un enjeu qui requiert des efforts importants et coordonnés pour changer les choses et assurer un avenir plus durable pour tous.
Comme banque, nous reconnaissons que nous avons un rôle à jouer pour favoriser la mise en œuvre des solutions. Nous reconnaissons également que les ressources naturelles, y compris le pétrole et le gaz, jouent un rôle fondamental parmi les bases de l’économie du Canada, et que le Canada a un rôle clé à jouer en tant que fournisseur mondial d’énergie responsable, dès aujourd’hui et tout au long de la transition vers un avenir sobre en carbone.
Nous travaillons aux côtés de nos clients de ces secteurs pour les aider à atteindre leurs objectifs de durabilité. Nous fournissons des capitaux et des conseils financiers pour aider à rendre possibles des solutions énergétiques novatrices, et nous sommes parmi les leaders en ce qui concerne l’apport de financement au secteur de l’énergie renouvelable. Notre engagement envers un avenir plus durable comprend notre ambition déclarée d’atteindre zéro émissions nettes de GES associées à nos activités d’exploitation et de financement d’ici 2050. Cette ambition est intégrée à nos activités commerciales.
Nous communiquons également activement avec les parties intéressées pour comprendre leurs perspectives et nous nous assurons d’être à l’écoute, d’apprendre et de tenir compte d’un large éventail d’opinions. Nous progressons et nous permettons à nos clients de faire de même. Nous communiquons nos progrès publiquement; comme nous l’avons indiqué dans notre dernier rapport sur le climat.
Nous avançons vers bon nombre des objectifs que nous avons mis en place, y compris les cibles intermédiaires liées à l’intensité des émissions dans certains secteurs à forte intensité carbonique, et la mobilisation de financement durable pour atteindre notre objectif de verser 300 milliards de dollars d’ici 2030 pour soutenir des avancées environnementales et sociales. Ces communications d’information donnent également lieu à un dialogue productif avec les parties intéressées sur les questions liées au climat.
Nous avons aussi intégré la responsabilisation au processus; notre indice ESG, qui comprend des objectifs liés au climat, représente 10 % du facteur de rendement opérationnel de notre banque, qui a une répercussion sur la rémunération de notre équipe.
Il est important de reconnaître que les communautés autochtones sont au cœur de la mise en valeur des ressources et que la voie vers zéro émissions nettes implique des terres autochtones. La Banque CIBC s’engage à offrir des services financiers personnalisés et accessibles à ses clients des Premières Nations, Inuits et Métis au Canada. Nous jouons un rôle actif comme partenaires de nos clients autochtones à l’échelle nationale et locale. Nous sommes fiers d’avoir tout récemment reçu le prix de la Réconciliation avec les peuples autochtones dans le contexte des Prix de réalisation pour l’équité en emploi de 2024 organisés par le ministre du Travail et des Aînés.
Faire progresser les énergies renouvelables et la transition énergétique est l’une des principales initiatives stratégiques de nos activités relatives aux marchés des capitaux, et notre équipe consacre beaucoup de temps et de ressources pour aider les entreprises de ce secteur à croître et à augmenter leur portée.
À l’échelle de notre banque, nous reconnaissons que les changements climatiques sont un enjeu marquant de notre époque. Ainsi, nous agissons activement pour soutenir les résultats que nous souhaitons tous pour l’avenir, comme nous le faisons depuis 1867.
Nous affichons une ambition claire, nous communiquons de manière exhaustive, et nous accomplissons des progrès en aidant les clients à effectuer la transition de leur entreprise vers un avenir sobre en carbone.
Nous reconnaissons qu’il reste du travail à faire. Je suis persuadé que les banques ont un rôle essentiel de facilitateur à jouer dans la création d’un avenir plus durable et inclusif, et à la CIBC, nous nous engageons à faire notre part.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, je tiens à rendre hommage aux premiers peuples qui ont occupé les terres sur lesquelles nous vivons et travaillons, et à les remercier.
Je vous remercie par ailleurs de me donner l’occasion de parler de la façon dont RBC aide à accélérer la transition vers une économie plus verte. Comme le Comité le sait, nous sommes dans une décennie décisive pour l’économie canadienne et pour ce qui est du travail collectif que nous devons tous faire pour la transition climatique. Dans les années à venir, les banques, les entreprises et les investisseurs devront travailler main dans la main avec les gouvernements pour réinventer fondamentalement l'ensemble des secteurs de l’économie mondiale. Cela veut dire qu'il faudra appliquer une approche adaptée au climat du XXIe siècle en matière de production d’énergie, de production alimentaire et de construction de bâtiments et d’infrastructures.
[Français]
Toutefois, la hausse des températures ainsi que les tempêtes et les feux de forêt qui en résultent nous rappellent à quel point il est essentiel que les pays, les entreprises et les collectivités soient animés comme nous d'un vif sentiment d'urgence et qu'ils travaillent ensemble pour faire de l'économie carboneutre une réalité.
À RBC, nous sommes conscients de l'impératif d'une action collective en faveur du climat. Nous assumons notre rôle de banque qui soutient ses clients et les collectivités dans leurs démarches de décarbonation. C'est de cette façon que nous croyons pouvoir avoir l'impact le plus considérable.
Au cours des dernières années, nous avons posé les bases nécessaires pour aider nos clients à progresser sur la voie de la carboneutralité. Nous y sommes parvenus en travaillant plus activement que jamais sur les moyens qui nous permettront d'aider nos clients des secteurs de l'économie à fortes émissions qui sont désireux d'adopter des mesures visant à réduire le niveau d'émissions associé à leurs activités.
[Traduction]
Je suis fier que nous ayons été la première grande banque canadienne à divulguer une approche officielle visant à accompagner nos clients de Marchés des capitaux, dans le secteur de l’énergie, notamment grâce à un cadre qui orientera la façon dont nous évaluons leurs plans de transition. Cela nous aidera à aller plus loin dans l'appui et les conseils que nous offrons aux producteurs des énergies sur lesquelles repose notre monde, tandis que nous continuons à pousser dans le sens des énergies renouvelables. Il convient de souligner que ce nouveau cadre de mobilisation des clients nous aidera à décider de laisser aller les clients qui n’ont pas de plans crédibles pour réduire leurs émissions.
Je suis heureux de vous annoncer que près de 80 % de l’exposition aux prêts de RBC-Marchés des capitaux dans le secteur de l’énergie s'adresse à des clients qui ont des plans de transition. Même si bon nombre de ces plans en sont encore aux premières étapes, nous trouvons encourageants de voir nos clients progresser sur la voie longue et complexe de la carboneutralité. Selon un récent rapport de l’Institut d’action pour le climat RBC, le Canada a besoin annuellement d’une soixantaine de milliards de dollars d’investissements privés et publics pour atteindre son objectif de carboneutralité d’ici 2050. C’est le double de ce que nous dépensons actuellement. Cela signifie que nous devons tous en faire plus, soit toutes les banques, tous les paliers de gouvernement, les entreprises, grandes et petites, et tous les Canadiens partout au pays.
Afin de contribuer à générer et à attirer plus de capitaux pour financer la transition vers une nouvelle économie, nous accélérons notre stratégie de financement des sources d’énergie nécessaires pour bâtir une économie à zéro émissions nettes. Pour ce faire, nous mettons davantage l’accent sur les possibilités de développement énergétique à faible émission de carbone sous la forme de nouveaux objectifs consistant à tripler nos prêts liés aux énergies renouvelables d’ici 2030 dans l’ensemble des marchés financiers et des services bancaires commerciaux de RBC. Nous avons prévu 1 milliard de dollars de capital RBC d’ici 2030 pour soutenir le développement et la mise à l’échelle de solutions climatiques novatrices, et une nouvelle catégorie de financement de la décarbonation qui nous aidera à accélérer le déblocage de capitaux pour les efforts de réduction des émissions dans les secteurs qui en produisent beaucoup et qu'il est difficile de réduire.
Nous mettons encore plus l’accent sur la responsabilisation et la transparence, en indiquant comment nous nous comparons à nos objectifs et en décrivant plus clairement et activement les mesures que nous prenons pour soutenir nos clients. Par exemple, nous déclarons maintenant nos émissions financées absolues sur une base autorisée pour le secteur pétrolier et gazier, et nous continuerons de le faire année après année pour montrer nos progrès. Nous prévoyons également de divulguer un ratio d’approvisionnement en énergie propre dans le rapport climatique de RBC de 2024.
Au cours de la dernière année, j’ai passé beaucoup de temps avec nos chefs d'équipe et leurs collaborateurs à l’échelle de la Banque pour trouver des façons de mieux soutenir nos clients tandis qu’ils adoptent des mesures pour réduire les émissions. Nous avons également consulté de nombreux experts et organismes externes, notamment des dirigeants gouvernementaux et autochtones, parce que, pour parvenir à la carboneutralité il faudra une collaboration sans précédent dans tous les secteurs de l’économie et tous les segments de la société. Nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire, mais la RBC est prête à relever le défi et à continuer d’aider ses clients et les collectivités à bâtir une économie plus verte.
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Bonjour, monsieur le président. Je me réjouis de cette occasion de vous faire part de quelques commentaires.
Je me joins à vous aujourd’hui depuis notre bureau de la Banque Scotia à Toronto, où se trouvent de nombreuses communautés de Premières Nations, d'Inuits et de Métis. Je reconnais les signataires du traité, la Première Nation des Mississaugas de Credit, et je reconnais que Toronto est un territoire « un plat à une cuillère ». Cette reconnaissance revient à dire que je suis redevable aux Autochtones qui ont assuré l'intendance de ces terres, et qui m’ont permis de participer aux discussions importantes d'aujourd’hui. Cela me rappelle également mon engagement à continuer d’éliminer les obstacles qui, par le passé, ont fait en sorte qu’il est difficile pour les Autochtones d’accéder à des services financiers et d’avoir des carrières intéressantes dans le secteur financier. Je prends ces engagements à titre personnel et à titre de président et chef de la direction de la Banque Scotia.
J’ai l’honneur de diriger cette banque qui, depuis près de 200 ans, aide les Canadiens à répondre à leurs besoins financiers. Avec un effectif de 40 000 personnes et plus de 11 millions de clients d’un océan à l’autre, nous prenons au sérieux notre rôle de pilier important de l’économie canadienne. Nous sommes également une banque de premier plan en Amérique du Nord, notamment parce que nous faisons partie des 10 premières banques étrangères aux États-Unis et la cinquième banque en importance au Mexique, avec une présence de premier plan sur le marché des Caraïbes et de l’Amérique latine. Dans tous les marchés où nous exerçons nos activités, les changements climatiques représentent à la fois une occasion économique et une occasion d’affaires, ainsi qu’un risque complexe pour nos clients, notre économie et notre environnement physique.
Pour sa part, la Banque Scotia se concentre sur la collaboration avec ses clients — dont les grandes entreprises clientes des secteurs à émissions élevées qu'il est difficile de réduire, ainsi que les petites entreprises des secteurs de l’énergie propre et des technologies — afin de les soutenir dans la transition énergétique. Plus tôt cette année, nous avons publié un rapport indépendant sur le climat pour fournir des renseignements sur la façon dont la Banque Scotia s’attaque à la lutte contre les changements climatiques.
Nos objectifs climatiques s'articulent autour de trois piliers dans lesquels notre banque peut avoir le plus grand impact. Premièrement, nous finançons des solutions climatiques à coup de 350 milliards de dollars en financement lié au climat d’ici 2030, et nous soutenons nos clients au moyen de services-conseils et de produits tandis qu’ils investissent dans des modèles d’affaires à plus faible intensité en carbone. qu'ils financent des technologies de réduction des émissions et mettent sur pied des chaînes d’approvisionnement durables.
Deuxièmement, nous faisons progresser les cibles sectorielles en améliorant notre compréhension des activités de planification de la transition de nos clients, en particulier dans les secteurs où nous avons établi des cibles provisoires pour 2030, comme dans le secteur des hydrocarbures. Nous avons également amélioré la déclaration des émissions financées et le soutien à la recherche novatrice visant à faire avancer la lutte contre les changements climatiques.
Enfin, nous réduisons nos propres émissions. En 2023, nous nous sommes engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la Banque de 40 % d’ici 2030. Cette année, nous avons atteint notre objectif de produire 100 % de notre électricité à partir de sources non polluantes au Canada.
À la fin de cette année, nous publierons un plan de transition climatique plus complet qui décrira notre stratégie et nos plans de mise en œuvre pour intégrer le climat dans les discussions pertinentes à l’échelle de l’organisation. Toutefois, même avec ces mesures, aucune banque ne peut réaliser cette transition à elle seule. La transition vers une économie à faibles émissions de carbone est un processus complexe qui prendra du temps et qui devra se dérouler de façon ordonnée et responsable, en étroite collaboration avec le secteur privé, le gouvernement et les institutions, afin de s’attaquer au défi multiforme que constituent la décarbonation et la sécurité, l'accès et l'abordabilité énergétique.
Comme j’ai l’occasion de m’adresser à vous qui représentez tous nos grands partis politiques, voici le message que je veux vous laisser: le Canada a la chance de regorger de ressources naturelles, d'avoir une population très instruite, une gouvernance solide et un système financier fiable, autant d'éléments nécessaires pour accélérer la croissance économique et surmonter les nombreux défis environnementaux qui nous attendent. Nos normes de production et nos normes environnementales sont parmi les plus élevées au monde, et elles sont réglementées par des institutions qui veillent à ce que les pratiques de l’industrie soient surveillées, mesurées, vérifiées et avalisées. Notre vaste territoire et notre géologie nous permettent de compter un bouquet de produits énergétiques de plus en plus fourni à un moment où le besoin de nouvelles infrastructures durables à l’échelle du continent, en particulier la production d’électricité, est indéniable. En éliminant les obstacles qui entravent l’investissement dans les technologies et les infrastructures, nous avons la possibilité de lier la stratégie climatique du Canada à notre stratégie industrielle visant à réduire les émissions et à devenir un chef de file mondial en matière d’infrastructures durables à faible émission de carbone, à forte valeur ajoutée et à forte propriété intellectuelle.
Je reconnais que la voie à suivre ne s'annonce pas facile, mais le Canada a la possibilité de réduire ses émissions tout en ayant une économie prospère. La Banque Scotia est là pour appuyer ces efforts.
Merci beaucoup du temps que vous nous avez consacré aujourd’hui.
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Bonjour et merci, monsieur le président.
Merci de me donner l’occasion de m’exprimer au sujet de l’importante étude que ce comité a entreprise, et merci aux témoins précédents d'avoir rendu hommage aux premiers occupants de ce territoire, hommage auquel nous nous associons.
Aujourd’hui, nous sommes en plein cœur d’une transition économique mondiale vers la carboneutralité, dans un contexte marqué par des défis socioéconomiques et géopolitiques. Cette transition nécessite de l’énergie, des investissements et de l’innovation de la part de tous les secteurs de l’économie. Elle exige aussi la mobilisation et la collaboration des secteurs public et privé, et survient à un moment où les populations et la société, y compris les institutions financières, sont confrontées à une hausse des risques climatiques.
Aujourd’hui, j’aimerais vous faire part de trois grands points liés au contexte mondial dont je viens de parler: l’impératif économique, l’importance cruciale d’une approche équilibrée, et la mobilisation essentielle de toutes les parties prenantes.
En premier lieu, vient l’impératif économique. Nous sommes convaincus que la TD a un rôle important à jouer auprès de ses clients pour les accompagner dans la transition vers une économie faible en carbone et qu’en mettant l’accent sur la durabilité, nous réussirons à créer de la valeur à long terme pour nos actionnaires, pour l’économie canadienne et pour les nombreuses collectivités que nous servons. Pour vous donner une idée de l’occasion économique qui se présente à nous, les analyses des Services économiques TD indiquent que, pour réduire les émissions au Canada, le raccordement de nouveaux actifs de production d’électricité renouvelable au réseau nécessitera des investissements de plus de 25 à 50 milliards de dollars d’ici 2035 rien qu’au chapitre du transport d'électricité, conformément au Plan de réduction des émissions.
La TD se mobilise depuis longtemps pour l’environnement: Il y a plus de 30 ans, nous avons mis sur pied la Fondation TD des amis de l’environnement afin de soutenir des projets au sein même des collectivités canadiennes. Nous nous sommes attaqués à la décarbonisation de nos activités. Nous avons été la première grande banque canadienne à annoncer un objectif de carboneutralité à l’horizon 2050 et, en 2020, nous avons lancé notre plan d’action sur les changements climatiques.
Nous avons aussi annoncé des objectifs financiers. En 2017, nous avons établi une première cible sous forme de prêts, de financement, de services de gestion des actifs et de programmes internes en vue de soutenir une économie à faibles émissions de carbone, cible que nous avons atteinte plus tôt que prévu. Par la suite, en 2023, nous avons fixé une cible de 500 milliards de dollars en matière de finance durable et de décarbonation et, en un an, nous avons investi près de 70 milliards de dollars dans des activités commerciales en ce sens. Dans ce contexte de transition, nous misons sur la résilience de la Banque et de nos clients, une résilience stratégique, financière et opérationnelle.
Cela m’amène à mon deuxième point. Selon nous, il est essentiel d’adopter une approche équilibrée pour opérer cette transition vers la carboneutralité. La TD soutient et mobilise des clients de tous les secteurs dans leurs démarches pour répondre aux besoins du monde actuel, tout en investissant pour répondre à ceux du monde de demain. Tout cela dans l’optique plus large d’atteindre nos objectifs à long terme de lutte contre les changements climatiques. Dans nos efforts pour appuyer nos clients, nous avons annoncé des objectifs spécifiques dans les secteurs de l’énergie, de la production d’électricité, de l’automobile et de l’aéronautique. Appuyés par notre équipe Solutions ESG de Valeurs Mobilières TD, nous nous employons à comprendre les initiatives en matière de décarbonisation de nos clients et les aidons grâce à des solutions-conseils et des solutions de financement.
Ce qui m’amène à mon troisième point, celui de la mobilisation d’un éventail d’acteurs et de partenaires. Notre plan de transition continue d’évoluer grâce à notre travail auprès de nos clients et des experts, à notre mobilisation dans des forums sectoriels, et à la prise en compte des nouvelles lignes directrices. Nous croyons que notre engagement auprès de parties prenantes de tous les horizons est essentiel — pour nous, pour le Canada et pour le monde entier — si nous voulons atteindre nos objectifs et remplir nos obligations. Et pour ce qui est du rôle des décideurs plus spécifiquement, les politiques gouvernementales déterminent la voie qu’empruntent nos clients pour atteindre la carboneutralité.
Je suis impatient de participer à la discussion d’aujourd'hui…parce que nous faisons route ensemble. Dans ce contexte économique et géopolitique complexe, nous estimons que la TD a un rôle important à jouer, et qu’elle peut apporter sa pierre à l’édifice, par nos propres efforts et par notre engagement auprès des partenaires et des parties prenantes.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est avec énormément de plaisir que nous accueillons cette brochette très impressionnante de gens de qualité et de décideurs dans le monde financier et le monde bancaire canadien.
Messieurs, soyez les bienvenus à votre Chambre des communes et à votre Parlement.
Nous savons tous que nous faisons face aux changements climatiques et qu'il faut agir de façon adéquate, efficace et pratico-pratique pour que nous parvenions à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Dans le monde financier, bien entendu, vous êtes au cœur des décisions et au cœur des possibilités. Je parle des possibilités de croître, mais de croître en réduisant la pollution, et aussi des possibilités de réduire la pollution par les approches que chaque entreprise peut avoir.
Ma première question s'adresse à M. White.
Monsieur White, prenons le cas d'un entrepreneur qui frappe à la porte de votre banque pour emprunter, disons, 10 millions de dollars pour augmenter sa production. L'entreprise va bien, mais cette dernière n'a pas nécessairement le meilleur bilan environnemental qui soit. Allez-vous refuser un prêt à cette entreprise qui veut prendre de l'expansion? Quelle sera votre réponse à l'endroit de cet entrepreneur?
Mon autre question s’adresse à M. McKay, de la Banque Royale du Canada. Chaque année, un rapport est publié sur le système bancaire et sur les investissements dans les hydrocarbures.
[Français]
Il s'agit du palmarès mondial du financement des hydrocarbures, et je présume que vous me voyez venir. La Banque Royale, votre institution, est la septième au monde parmi celles qui ont le plus d'investissements dans le domaine des hydrocarbures.
Pour vous, est-ce une fierté ou plutôt un élément gênant?
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous les témoins.
[Traduction]
Je reçois beaucoup de courriels de mes concitoyens et ils sont nombreux à exprimer leur colère. Ils sont inquiets. Ils ont de la difficulté à concilier votre engagement à atteindre la carboneutralité avec l'augmentation constante des investissements dans le secteur des combustibles fossiles. Selon l'évaluation de la Transition Pathway Initiative, les banques canadiennes se classent très loin derrière leurs pairs pour leur transition vers la carboneutralité.
Monsieur Dodig, comment mesurez-vous les progrès réels de votre organisation par rapport aux cibles provisoires, pas seulement par rapport à l'objectif de 2050, mais les progrès réels accomplis dans l'intervalle?
:
Madame Chatel, je vous remercie de votre question et du service que vous rendez à notre pays.
Je sais que les Canadiens s'inquiètent de ce qui nous attend avec la transition. Comment va-t-elle se dérouler? Quels avantages présente-t-elle pour l'environnement? Quels avantages présente-t-elle pour leur propre sécurité économique? Je veux seulement vous donner l'assurance qu'à CIBC, notre équipe travaille avec nos clients pour veiller à ce que notre trajectoire vers la carboneutralité soit compatible avec leur propre trajectoire.
Nous avons adhéré à l'Alliance bancaire Net Zéro et pris l'engagement d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. À cette fin, nous devons d'abord atteindre nous-mêmes cet objectif en tant que banque, mais également avec nos clients, quelle que soit leur taille. Nous commençons par le secteur pétrolier et gazier, le secteur énergétique et le secteur automobile, et nous poursuivons nos efforts afin de comprendre quels sont leurs objectifs pour 2050. Quels sont leurs objectifs provisoires? Sont-ils compatibles avec les nôtres? Si une entreprise n'a pas de plan, nous l'aidons à en établir un et à le réaliser.
Je suis très encouragé par les cibles provisoires que nous avons atteintes à ce jour. Il nous reste du travail à faire. Nous avons établi des cibles pour 2030 et, dans la majorité des cas, je dirais que nous sommes en avance dans nos plans avec nos clients. Nous sommes toujours déterminés à atteindre l'objectif de carboneutralité d'ici 2050.
[Traduction]
Il est important de réfléchir au rôle des banques dans l'ensemble de l'écosystème. Dans ma déclaration préliminaire, j'ai parlé de ce que nous faisons en partenariat avec nos clients pour les aider à faire la transition vers la carboneutralité. Cela veut dire que nos clients prennent les décisions qui profitent à leurs entreprises et que nous, nous structurons des solutions financières pertinentes. Cette démarche s'inscrit dans la taxonomie. En général, il est utile d'avoir un langage commun, c'est-à-dire une taxonomie, quand nous cherchons à concilier le travail que nous faisons avec nos clients et la recherche de capitaux internationaux.
Quelqu'un a parlé tout à l'heure des capitaux qui seront requis pour la transition elle-même. Il est plus facile d'attirer des capitaux internationaux si nous adoptons une taxonomie commune. Cela ne veut pas dire que sans cela, nous n'investissons pas dans la transition. Nous investissons, comme nous l'avons démontré aujourd'hui, mais je pense que la valeur de la taxonomie réside dans le langage commun que nous utiliserions tous à l'échelle internationale.
Nous voulons que les investisseurs investissent dans un portefeuille propre et carboneutre. C'est ce que nous voulons. C'est ce que nous voulons pour notre régime de retraite. Nous voulons faciliter la transition au Canada, mais c'est difficile lorsque les émissions de portée 1, 2 et 3 ne sont pas divulguées. Les émissions de portée 1, c'est une chose, mais les émissions de portée 2 et 3...
Soutenez-vous les efforts du gouvernement visant la mise en place d'un bon système de taxonomie? Comme vous l'avez dit, c'est un langage commun. Nous devrons parler la même langue, non seulement au Canada, mais aussi avec nos partenaires commerciaux et d'autres investisseurs. Nous devons avoir un système de divulgation de ces données parce que nous devons savoir que nous investissons dans la carboneutralité.
:
Merci, monsieur le président.
J'aurais préféré que les témoins soient parmi nous en personne plutôt que par vidéoconférence, mais je les remercie malgré tout de leur présence.
D'emblée, je tiens à préciser que vos institutions sont importantes et que, si vous êtes à la tête de ces institutions, c'est assurément en raison de vos compétences et de vos talents. Cela dit, on est à la croisée des chemins. Vous avez la responsabilité morale et fiduciaire de poser des gestes concrets. Lors de vos allocutions d'ouverture, vous avez tous dit qu'il fallait structurer un avenir économique qui valorise le chemin vers la carboneutralité.
Ma question pourrait s'adresser à tous les témoins, mais je choisis de la poser à M. Masrani.
En mai 2024, le Canada's National Observer a publié une enquête sur les chevauchements entre les administrateurs de banques et les administrateurs d'entreprises de combustibles fossiles. Pour la seule Banque Toronto-Dominion, les trois membres concernés détiennent des actions d'une valeur totale de plus de 6 millions de dollars dans des entreprises de combustibles fossiles. Pour la BMO, une administratrice du conseil d'administration possède à elle seule plus de 2,2 millions de dollars en actions chez Suncor.
Comment pouvez-vous vous assurer que ces membres n'exercent pas une influence à des fins personnelles, c'est-à-dire pour se remplir les poches en tant qu'actionnaires? Je parle ici de décisions qui montreraient un parti pris, de choix de politiques d'investissements ou de prêts, ou de l'élaboration même de politiques climatiques.
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Je comprends que vous essayez quand même de baser vos décisions sur la science, en vous fiant à des experts qui sont là.
Ma troisième question s'adresse à M. Thomson, de la Banque Scotia.
Toutes les banques représentées ici sont membres de l'alliance bancaire pour la carboneutralité, qui compte plus de 140 institutions financières dans le monde. Il est clair que, dans le cadre de cet engagement, il doit y avoir une intention de se doter d'une politique interne guidée par la science pour mener vers la carboneutralité.
Cependant, vous êtes également membre de l'Association des banquiers canadiens et de la Chambre de commerce du Canada, qui se sont toutes deux opposées publiquement aux politiques climatiques qui touchent l'économie au Canada.
Alors, donnez-vous votre loyauté à l'alliance bancaire pour la carboneutralité, ou bien à l'Association des banquiers canadiens et à la Chambre de commerce du Canada? Votre loyauté ne peut pas aller dans ces deux directions différentes.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Mes questions s'adressent à M. McKay, président et directeur général de la RBC.
Monsieur McKay, je vais vous poser une série de questions en rafale. Vous aurez peut-être l'impression que je vous bouscule. Si je vous interromps pour tirer parti du temps qui m'est alloué, veuillez ne pas vous en offusquer, c'est simplement parce que je veux avoir le temps de poser toutes mes questions.
Monsieur McKay, en tant que principale banque à financer le secteur des combustibles fossiles au Canada, la RBC a divulgué des données qui ont eu l'effet d'une bombe il y a quelques mois, à savoir que les émissions de la RBC liées à son financement de sociétés pétrolières et gazières sont équivalentes aux émissions produites, chaque année, par la totalité des automobiles et des camions légers au Canada. C'est là un volume scandaleux de pollution annuelle financée par une seule entreprise, la RBC.
Monsieur le président, je m'adresse à M. McKay par votre entremise. Que faites-vous pour réduire ce volume de moitié au cours des six prochaines années, comme le recommandent les scientifiques, pour prévenir la multiplication des incendies de forêt et des inondations?
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Très bien, monsieur McKay. Votre réponse me satisfait.
En 2021, la Finance Association de l'Université Queen's a organisé un événement appelé « Road to CEO », dont vous étiez l'invité d'honneur, monsieur.
Au début de votre discours, voici ce que vous avez dit concernant le financement des combustibles fossiles par la RBC:
Jamais un premier ministre, un membre du Cabinet... jamais un seul élu n'est venu me voir pour me demander pourquoi je faisais cela. Si nous faisions quelque chose de répréhensible, si nous financions quelque chose que nous ne devrions pas financer, vous pensez bien qu'un membre du gouvernement libéral m'appellerait pour me demander pourquoi nous faisons cela.
Vous avez ensuite ajouté qu'en fait on vous avait demandé de financer la transition.
Quel membre du gouvernement libéral vous a appelé pour vous demander de financer le secteur pétrolier et gazier?
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Je vous remercie, monsieur le président. Merci également à nos témoins de s'être joints à nous aujourd'hui.
J'adresse mes questions au président et directeur général de la RBC, M. David McKay.
Monsieur McKay, dans votre déclaration préliminaire, vous avez exprimé votre engagement à atteindre la carboneutralité et à réduire les émissions. Vous avez réitéré votre objectif récemment publié de tripler les prêts pour l'énergie renouvelable jusqu'à concurrence de 15 milliards de dollars par année d'ici 2030.
À titre de référence, la RBC investit actuellement plus 30 milliards de dollars par année dans le secteur des combustibles fossiles du Canada.
Si vous atteignez votre objectif sans réduire le financement des combustibles fossiles dans les sables bitumineux au Canada, le ratio entre le financement des combustibles propres par la RBC et son financement des combustibles fossiles sera de 1-1 en 2030. L'Agence internationale de l'énergie affirme que ce ratio doit être de 6-1 si nous voulons atteindre la carboneutralité, ce qui, comme je l'ai dit, est votre objectif déclaré.
Au début de l'année, vous avez publié votre objectif qui est d'atteindre la carboneutralité d'ici six ans, mais il sera encore environ 12 fois inférieur à celui jugé nécessaire par l'Agence internationale de l'énergie. Cet objectif est-il suffisamment ambitieux?
La RBC est le principal financier des sables bitumineux. La banque a financé ce secteur à hauteur d'environ 13,4 milliards de dollars. Le secteur canadien des sables bitumineux est le plus gros émetteur du secteur énergétique ou le plus gros producteur d'émissions. Il produit plus de 12 % du total des émissions produites au pays, soit plus que l'ensemble des émissions produites par l'ensemble des secteurs d'activité de la Colombie-Britannique. Il est également important de noter qu'il serait exagéré de qualifier d'énergétiques bon nombre des produits provenant des sables bitumineux. Le bitume est souvent utilisé comme goudron pour les bardeaux et les routes, mais il est peut-être exagéré de dire que c'est un produit énergétique.
Par ailleurs, des recherches récentes ont révélé que les émissions générées par le secteur des sables bitumineux étaient possiblement 6 300 % plus polluantes que ce que le secteur a déclaré.
La semaine dernière, nous avons accueilli des dirigeants du secteur pétrolier et j'ai justement interrogé le PDG de Suncor à ce sujet. Je lui ai demandé comment il était possible, avec tout le financement que les banques canadiennes fournissent au secteur des sables bitumineux, que l'intensité des émissions de carbone nécessaires pour extraire un baril de bitume des sables bitumineux ait augmenté au cours des 20 dernières années. On pourrait penser que tous ces investissements auraient eu pour effet de stimuler l'innovation.
Selon vous, s'agit-il d'un bon investissement, peu importe les profits réalisés par le secteur — nous savons qu'il continue de réaliser des profits records — si l'intensité carbone d'un baril de pétrole augmente? Est-ce là un bon résultat et une bonne utilisation des 13,4 milliards de dollars que les Canadiens ont durement gagnés et investis?
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Merci, monsieur le président.
Cette question que mon collègue vient de poser, j'aimerais la poser à M. Masrani.
À la fin de 2023, le plus grand fonds de pension européen a vendu des actifs liés au pétrole, au gaz et au charbon dont la valeur totalisait environ 10 milliards d'euros. Les gestionnaires du fonds ont pris cette décision parce qu'ils avaient déterminé que le risque était trop élevé.
Vous savez déjà que l'administrateur a l'obligation légale d'agir de manière impartiale et dans l'intérêt supérieur de la banque à long terme.
Je vais reprendre les chiffres de mon collègue. Les émissions provenant de l'exploitation des sables bitumineux seraient de 1 900 % à 6 000 % plus élevées que ce que les compagnies déclarent. C'est ce que confirme une étude produite par l'Université Yale et le ministère de l'Environnement et du Changement climatique, dont les résultats ont été publiés en janvier. Notre bilan n'était déjà pas reluisant, mais il s'avère qu'il est encore pire que ce qu'on pensait. Vous devriez donc réévaluer le risque à la hausse.
Avez-vous envisagé de sortir de ce secteur, comme l'a fait le fonds de pension européen?
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Nous n'avons pas 30 ans devant nous, monsieur McKay.
Je vous rappelle, monsieur, que pas plus tard qu'hier, quatre aînés de l'organisme Elders for Climate Sanity ont comparu devant un tribunal, parce que, en avril dernier, ces quatre personnes, dont Gail Lorimer, âgée 98 ans, ont été traînées hors d'une succursale de la RBC, dans la région de Hamilton, pour avoir déclaré une évidence, à savoir que la RBC, l'un des principaux bailleurs de fonds du secteur pétrolier et gazier, non seulement écoblanchit ses communications, mais investit activement dans l'effondrement écologique de notre pays.
Dites-moi, quel message avez-vous à transmettre à Gail Lorimer, 98 ans, au sujet des contradictions patentes entre ce que vous dites ici au Comité et ce que vous annoncez publiquement, d'une part, et ce qui se passe effectivement en raison des centaines de milliards de dollars que vous investissez dans le pétrole et le gaz?
C'est lié à la divulgation, pour que nous puissions désigner les cibles sur lesquelles vous vous entendez par l'entremise de vos instruments financiers. Je vois quelqu'un hocher la tête, merci.
Je suis désolé d'insister, mais, compte tenu de certaines questions déjà posées, j'aimerais clarifier une ou deux choses.
Pour ce qui est de la stabilité, nous avons accueilli les dirigeants du secteur pétrolier à la dernière réunion ou il y a quelques réunions de cela, et ils ont parlé de l'importance de la stabilité pour les instruments dont ils s'occupent, soit par l'entremise du gouvernement, soit par l'entremise des établissements financiers.
Le secteur bancaire canadien est reconnu pour sa stabilité et pour ses règlements convenus et gérés publiquement, ce qui est inhabituel pour un secteur bancaire dans le monde. Compte tenu des pressions politiques que nous exerçons sur vous en envisageant de congédier le président de la Banque du Canada, d'éliminer la taxe ou de prendre des mesures qui pourraient avoir une incidence réelle sur les entreprises canadiennes ou sur les entreprises qui investissent au Canada, dans quelle mesure est-il important pour nous d'être aussi stables que vous?
La stabilité — la prévisibilité — est l'essence de l'investissement. Quand on parle à des gens du secteur de l'énergie, du secteur manufacturier, du secteur des batteries de véhicules électriques et du secteur bancaire, on parle d'engagements à long terme. Il ne s'agit pas d'engagements sur un ou deux ans. Nous prenons des engagements sur quatre, cinq, dix et vingt ans, et la prévisibilité du monde dans lequel nous évoluons est donc un aspect extrêmement important. La prévisibilité fiscale, les coûts d'exploitation, les règles, dans quelle mesure sont-ils stables? Le gouvernement du Canada devrait être fier de son secteur bancaire. Nous avons le meilleur secteur bancaire au monde, et nous devons le protéger. C'est très important pour la prospérité économique.
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Merci, monsieur le président.
Je vais m'adresser à quelqu'un d'autre, parce que M. McKay a été beaucoup sollicité. Je vais peut-être me tourner vers le représentant de BMO.
Pour simplifier les choses pour les Canadiens qui nous regardent, quand une banque prête de l'argent aux promoteurs d'un projet, à une entreprise, elle tient compte des risques, évidemment, mais elle veut surtout s'assurer que le prêt sera remboursé. Peut-on décrire ainsi la façon dont cet argent circule?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins d'avoir pris le temps de venir ici aujourd'hui.
J'aimerais faire un commentaire sur ce que M. McKay... Quand il a pris la parole, il a dit que « le Canada devrait être fier ». Je suis d'accord. Nous devrions certainement être fiers de notre système bancaire. C'est grâce à la solidité du système bancaire canadien que nous avons évité l'effondrement et que nous avons survécu en 2007. Nous avons traversé l'épreuve difficile de la COVID parce que les banques y ont joué un rôle central.
Je suis d'accord pour dire que, quand on fait la transition d'un bout à l'autre, on doit faire des investissements à long terme et prendre des décisions difficiles. Je voulais simplement faire un commentaire à ce sujet.
Je vous remercie du rôle que vous jouez dans notre économie et dans le maintien de la force du système bancaire canadien.
Monsieur Masrani, en 2021, la Banque TD s'est engagée envers la Net-Zero Banking Alliance et a reconnu le risque financier important que la transition climatique représente pour ses actionnaires. Depuis 2021, la TD détient l'honneur douteux d'avoir la plus forte augmentation de placements dans des sociétés peu engagées dans la décarbonation.
Je me reporte à un rapport récent qui a révélé que le ratio de financement de la TD pour l'énergie propre comparativement au financement des entreprises peu engagées dans la décarbonation est le plus bas parmi les grandes banques du Canada.
En réponse à la résolution de vos investisseurs demandant une plus grande transparence, vous avez affirmé que la TD répond en grande partie à ces exigences, mais cette affirmation ne tient pas compte des plans de transition plus substantiels élaborés par ses pairs au Canada et à l'étranger.
Je voudrais simplement vous demander si vous vous engagez à élaborer des exigences plus substantielles en matière de transparence ou s'il est nécessaire que les organismes de réglementation interviennent pour s'en assurer?
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Merci, monsieur le président.
Je vais aborder la question un peu sous le même angle que M. van Koeverden.
Presque 7 000 milliards de dollars américains provenant de 60 banques ont servi à financer des projets liés aux hydrocarbures depuis 2016, soit depuis l'Accord de Paris. À elles seules, les cinq institutions que vous représentez ici ont allongé plus de 900 milliards de dollars américains pendant la même période. Autrement dit, 13 % du financement mondial par des banques provient d'institutions financières sises dans un pays qui compte pour 0,5 % de la population mondiale. Effectivement, les cinq banques canadiennes sont toutes classées dans le premier tiers du palmarès mondial du financement des hydrocarbures.
Ma question s'adresse à M. Thomson, de la Banque Scotia, qui se trouve au 11e rang dans cette liste.
Que voulez-vous dire aux milliers de Canadiens qui considèrent que vos actions et vos orientations servent à financer le chaos climatique, les déplacements de populations, la déforestation, l'eau empoisonnée, les résidus toxiques, le cancer et la destruction des écosystèmes?
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Merci, monsieur le président.
Mes questions s'adresseront à M. Thomson et porteront sur les Premières Nations.
Nous reconnaissons tous que nous avons besoin plus que jamais de l'appui et du concours des Premières Nations pour développer notre avenir économique, ainsi que notre avenir énergétique et notre avenir environnemental, tout particulièrement. Les Premières Nations font partie de la solution.
C'est la raison pour laquelle notre parti a pris des engagements très fermes pour que les Premières Nations soient des partenaires dans chaque projet d'avenir qui touche une de leurs terres ancestrales. Nous voulons que les Premières Nations soient des partenaires dans ces projets, peu importe qu'il s'agisse de ressources naturelles ou d'énergie, et qu'elles bénéficient de la prospérité de ces projets. Pendant des siècles, on leur a donné un chèque pour qu'elles sacrent leur camp. Maintenant, nous voulons créer des chèques de paie ensemble, avec les Premières Nations.
Monsieur Thomson, dans votre allocution d'ouverture, vous avez beaucoup parlé des Premières Nations, justement.
[Traduction]
En fait, les Premières Nations ne sont pas directement propriétaires de ces terres. Elles doivent passer par le gouvernement.
Comment traitez-vous avec une communauté des Premières Nations qui aimerait réaliser un grand projet, mais qui doit le faire comme si elle n'était pas propriétaire de la terre comme telle?
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Merci beaucoup, monsieur Thomson.
Je remercie également tous les autres témoins de leurs interventions.
Monsieur le président, j'aimerais utiliser le peu de temps de parole qu'il me reste pour vous faire part d'une dernière réflexion.
Je confesse tout de suite mon conflit d'intérêts: je suis un des 7,7 millions de membres du Mouvement Desjardins. Je dois dire que j'ai été très déçu d'apprendre qu'aucun représentant de Desjardins n'était en mesure de comparaître devant notre comité aujourd'hui. Le Mouvement Desjardins compte 56 000 employés. Je suis persuadé que Mme Pauzé est d'accord avec moi sur le fait que le Mouvement Desjardins représente la force économique du Québec. Comme je le disais, j'ai été surpris d'apprendre que le Mouvement Desjardins n'avait pas pu déléguer un représentant pour venir témoigner devant le Comité. Je trouve cela dommage.
Il faut dire que Desjardins est un acteur majeur lorsqu'il est question de finances au Québec. Lorsque je participe à des activités communautaires dans ma circonscription, la fin de semaine, je dis toujours que c'est suspect quand Desjardins n'est pas là. C'est dire à quel point le Mouvement Desjardins est présent dans le monde communautaire. Il est partout aussi dans le monde financier du Québec. J'estime que le Mouvement Desjardins aurait dû désigner un représentant pour venir témoigner. Je ne peux pas croire qu'on n'a pas réussi à trouver quelqu'un, parmi les 56 000 employés de Desjardins, pour venir témoigner ici...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais commencer par remercier tous les témoins ici présents aujourd'hui.
Aujourd'hui, nous avons les chefs de direction des grandes banques. La semaine dernière, nous avons accueilli ceux des grandes sociétés pétrolières et gazières. C'est un grand plaisir de vous recevoir ici pour témoigner, mais j'espère qu'un jour nous verrons une femme parmi vous.
Je voudrais commencer par dire que les Canadiens ont toujours pu faire confiance à nos banques pour protéger leurs dépôts et pour la stabilité financière de notre pays. Mais, de nos jours, beaucoup d'entre eux ne leur font pas confiance pour protéger l'avenir de notre planète. C'est très troublant. Il y a de nombreuses raisons à cela. Ce sera l'objet de mes questions.
Vous avez parlé de votre collaboration avec tous vos clients sur la durabilité et l'atteinte des objectifs, mais nous savons que le secteur pétrolier et gazier, bien qu'il représente moins de 5 % de notre PIB, est responsable de plus de 31 % de nos émissions. Nous savons aussi que les cinq grandes banques canadiennes ont multiplié leurs investissements dans les entreprises de combustibles fossiles. Cela semble très incompatible avec l'atteinte des objectifs de carboneutralité que nous nous sommes fixés.
Chacun d'entre vous serait-il prêt à s'engager à ne financer les entreprises de combustibles fossiles qu'à la condition de s'assurer que les projets auront un impact qui réduira considérablement les émissions de gaz à effet de serre.
Monsieur Dodig, je vais commencer par vous.
Il me semble qu'une partie du problème tient au fait que les engagements sont vagues. On parle d'investissements durables. Mais il n'y a pas vraiment de définition. Il n'y a pas beaucoup de transparence.
J'aimerais passer à autre chose. J'ai dit que les chefs de direction des sociétés pétrolières et gazières étaient ici la semaine dernière. Ils ont tous dit que le programme de tarification de la pollution comptait pour beaucoup dans les décisions concernant les investissements à long terme visant à réduire les émissions. Aujourd'hui, vous avez parlé du besoin de certitude et de stabilité.
Diriez-vous qu'un chef de l'opposition qui annonce qu'il va se débarrasser de ce programme à ce stade introduit de l'incertitude et de l'instabilité dans certains investissements?
Nous pouvons commencer par M. Masrani.