Bonjour à vous, chers collègues, et bonjour à nos témoins.
Nous accueillons aujourd'hui M. Julian Aherne, qui est professeur agrégé à l'École de l'environnement de l'Université Trent. Il est ici en personne.
M. Tyler McCann, le directeur général de l'Institut canadien des politiques agroalimentaires, et M. Randal Macnair, le coordinateur de la conservation de la vallée de la rivière Elk, nous joignent quant à eux par vidéoconférence.
Chaque témoin disposera de cinq minutes pour nous présenter une déclaration liminaire.
Monsieur Aherne, vous serez le premier à prendre la parole, pour cinq minutes.
Monsieur le président, distingués membres du comité permanent, bonjour. Merci de me donner la parole.
Comme il a déjà été mentionné, je suis professeur agrégé à l'École de l'environnement de l'Université Trent, à Peterborough, en Ontario. Depuis une trentaine d'années, je mène des recherches sur l'évaluation des effets de la pollution atmosphérique sur les écosystèmes naturels, y compris les eaux douces. J'ai étudié les eaux douces dans l'Arctique canadien, dans l'ouest de la Colombie-Britannique, dans la région des sables bitumineux de l'Athabasca et dans le centre-sud de l'Ontario. Je me suis intéressé surtout à des enjeux comme l'acidification des eaux douces, l'eutrophisation, l'enrichissement par des nutriments et le devenir du mercure, des métaux-traces et des contaminants émergents, dont les microplastiques, dans ces systèmes.
Aujourd'hui, je vais présenter dans les grandes lignes cinq aspects à prendre en compte dans la gestion fédérale de la pollution. Je vais exposer plus en détail chacun de ces aspects dans un mémoire qui sera soumis dans les semaines à venir.
Le premier aspect a trait au déplacement des polluants. Le Comité a entendu des témoignages sur la pollution des eaux douces en aval des usines de traitement des eaux usées ou d'autres sources ponctuelles qui contribuent notamment à la pollution des Grands Lacs.
Vous avez aussi entendu parler du grand nombre de polluants qui peuvent se déplacer sur de longues distances dans l'atmosphère avant d'être emportés par les eaux pluviales et déposés dans les eaux douces. Il est bien établi que les polluants peuvent franchir les frontières provinciales et avoir des répercussions sur les eaux douces d'autres régions parfois éloignées des grands centres. Il est donc évident que la pollution des eaux douces est un enjeu national, qui doit être géré à l'échelon national.
Le deuxième aspect tient au caractère transfrontalier de la pollution. Beaucoup de polluants sont transportés sur de longues distances dans l'atmosphère et traversent les frontières nationales. Autrement dit, certains polluants voyagent d'un pays à l'autre. Ainsi, on trouve au Canada des polluants qui viennent de pays voisins proches ou éloignés, mais nous contribuons aussi à la charge polluante dans d'autres pays.
C'est pourquoi la gestion de nombreux polluants exige des accords internationaux. Parmi les multiples exemples de l'efficacité de tels accords, notons le rétablissement de plans d'eau douce acidifiés grâce à l'Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l'air et aux travaux en cours du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique des Nations unies. Le Canada doit continuer de participer activement aux efforts internationaux de gestion de la pollution.
Le troisième aspect est lié à l'effet du changement climatique sur la pollution des eaux douces. Nous ne comprenons pas encore l'influence du changement climatique sur les sources de polluants, leur transport et leur devenir dans les eaux douces, mais notre pronostic pour l'instant est qu'il va aggraver la pollution des eaux douces à la grandeur du Canada.
Le quatrième aspect concerne la nécessité d'exercer une surveillance. Les activités de surveillance des eaux douces sont essentielles pour comprendre les sources et les effets de la pollution, mais aussi pour évaluer l'efficacité des stratégies d'atténuation. Cela se passe d'explications.
Cela dit, il faut réfléchir à la nature des programmes de surveillance requis. À mon avis, les programmes de surveillance doivent être coordonnés à l'échelle nationale pour accroître l'efficacité de la détection et de la gestion de la pollution. Par ailleurs, ces programmes de surveillance doivent être déployés à long terme pour nous permettre de dégager des tendances, et ils doivent être coordonnés pour que nous puissions faire des comparaisons entre les régions.
Je vais donner un exemple. Les observations des microplastiques dans les eaux douces ont jusqu'à présent été réalisées par des chercheurs qui ont travaillé individuellement, en se fondant sur leurs propres protocoles d'échantillonnage et d'analyse. Il s'ensuit que les études ne peuvent pas être comparées et que nous avons donc une connaissance limitée de l'ampleur du problème .
Le cinquième et dernier aspect est celui du caractère essentiel de la recherche. Si nous voulons lutter efficacement contre la pollution des eaux douces, nous devons comprendre les sources de polluants et leur devenir dans l'environnement. Pour y arriver, il faut qu'une partie des ressources provenant des programmes de financement du fédéral et des provinces soit affectée au renforcement des capacités de recherche, et il faut aussi des accords de subventions et de contributions axés sur l'établissement de partenariats entre les gouvernements et les organismes de recherche.
La preuve n'est plus à faire que la recherche a joué un rôle déterminant dans notre compréhension de la pollution des eaux douces. Notamment, une recherche effectuée dans le nord de l'Ontario par la Région des lacs expérimentaux de l'Institut international du développement durable a contribué à l'élaboration de politiques environnementales à l'échelle mondiale. Ces politiques portent entre autres sur l'atténuation de la prolifération des algues, la réduction du mercure dans les voies navigables et, plus récemment, l'approfondissement des connaissances sur le devenir des microplastiques dans les eaux douces.
En conclusion, j'invite le Comité à considérer ces cinq aspects dans le cadre de son étude de la gestion fédérale de la pollution des eaux douces. Les polluants se déplacent, et la pollution est un phénomène transfrontalier.
Parce que le problème est d'envergure nationale et internationale, il doit être géré à l'échelle nationale et internationale. La surveillance et la recherche sont essentielles si nous voulons comprendre les sources et le devenir des polluants, et mieux gérer la pollution. Un changement de gouvernement ne doit pas compromettre notre capacité de surveillance, le soutien à la recherche ou la législation axés sur la protection de la qualité des eaux douces.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à vous, et bonjour aux membres du Comité. Merci de me donner l'occasion de prendre la parole devant vous.
Je m'appelle Randal Macnair, et je m'adresse à vous depuis Vancouver, sur le territoire non cédé des nations des Musqueam, des Squamish et des Tsleil-Waututh.
Je vis à Fernie, en Colombie-Britannique, sur le territoire non cédé du peuple Ktunaxa, dans la région des montagnes Rocheuses.
Je sais que vous avez entendu parler des statistiques et des résultats de rapports des vérificateurs généraux et d'autres instances. Les concentrations de sélénium sont en hausse dans la vallée de la rivière Elk, et les poissons meurent. Qu'est‑ce que cela signifie au juste? Quels sont les impacts d'une telle catastrophe environnementale sur notre vie quotidienne?
J'ai siégé au conseil municipal de Fernie pendant 15 ans, à titre de conseiller et de maire. Fernie est une magnifique petite ville sise en plein cœur des montagnes Rocheuses. Nous vivons dans les montagnes, au bord de la rivière, comme le dit notre devise. Inutile d'ajouter que les montagnes et la rivière nous définissent et qu'elles touchent profondément les habitants de notre vallée.
Quand j'étais membre du conseil, les avis de faire bouillir l'eau étaient monnaie courante en raison de la vétusté du réseau d'aqueduc. Nous avions besoin d'une seconde source d'approvisionnement en eau potable durant ces périodes. Nous y avons réfléchi pendant des années et nous avons travaillé avec le gouvernement provincial et le fédéral pour réunir les millions de dollars requis pour construire une source d'approvisionnement en eau sûre et fiable. Nous avons établi la meilleure marche à suivre et, à cause du spectre du sélénium qui menaçait déjà la vallée, nous avons posé des questions sur le risque de contamination de ce nouveau puits. Les gens de Teck et nos experts-conseils en géotechnique nous ont assuré que nous pouvions dormir sur nos deux oreilles.
J'imagine que vous savez où je veux en venir. Après avoir dépensé des millions de dollars à une nouvelle source d'approvisionnement en eau et à un nouveau système, nous avons appris le printemps dernier que les concentrations de sélénium dans le nouveau puits dépassaient la limite considérée sécuritaire pour la santé humaine. Le puits a été mis hors service et Fernie est de nouveau obligée d'émettre des avis de faire bouillir l'eau.
Il y a des répercussions pour les personnes âgées et celles qui ont des problèmes de santé, et beaucoup de membres de la communauté sont très inquiets. Sur le babillard à l'épicerie, à côté des annonces de compétitions de natation et de concerts à l'école, il y a les avis de faire bouillir l'eau de la ville. Chaque fois, ces avis nous rappellent l'échec du gouvernement provincial, du gouvernement fédéral et de Teck à préserver la santé de notre rivière et à nous fournir de l'eau potable.
Malheureusement, Fernie n'est pas un cas isolé. Il y a quelques années, Sparwood, notre ville sœur située à une trentaine de kilomètres en amont de la rivière, a dû faire remplacer un de ses puits d'eau potable par Teck en raison de la contamination par le sélénium. J'ai des amis qui font livrer leur eau potable parce que leur puits est contaminé, et je suis certain que d'autres n'auront pas le choix de les imiter.
Dans notre belle vallée, une des grandes attractions estivales est la pêche à la mouche. C'est une activité essentielle pour notre économie. Durant l'été, des gens de partout en Amérique du Nord viennent pour pêcher la truite fardée versant de l'ouest. Plusieurs de mes amis qui travaillent dans l'industrie et qui comptent sur la rivière pour subvenir aux besoins de leur famille sont de plus en plus inquiets parce que les niveaux de contamination continuent d'augmenter.
Dans la vallée de l'Elk, l'inquiétude suscitée par les concentrations de sélénium fait partie de nos vies depuis les années 1990. Depuis plus de 25 ans, le gouvernement provincial, le gouvernement fédéral et Teck nous disent que tout va bien aller et qu'ils ont les choses en main. Nous entendons sans cesse parler des sommes dépensées par Teck, mais les niveaux continuent de grimper. À quoi servent les statistiques et les paroles de réconfort si notre eau est imbuvable?
Comme vous le savez peut-être, nous sommes à une croisée des chemins dans la vallée de l'Elk. Teck est en passe de vendre ses activités de charbon à Glencore, une géante suisse dans le domaine minier. Encore une fois, on nous abreuve de belles paroles, mais disons que la longue série d'échecs dans la vallée de l'Elk nous a rendus plutôt sceptiques. Notre vallée a besoin de se refaire une santé, mais tout ce que propose Glencore est un soutien du gouvernement pour étendre ses activités minières.
Nous, les membres de la nation Ktunaxa, unissons notre voix à celles d'autres groupes pour demander un renvoi à une commission mixte internationale concernant le problème du sélénium et d'autres contaminants des eaux dans la vallée de l'Elk.
Les gouvernements provincial et fédéral nous ont laissé tomber et nous estimons qu'une surveillance à plus grande échelle s'impose. Nous avons besoin d'une rivière en santé. Nous avons le droit d'avoir accès à de l'eau potable.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant vous ce matin.
[Traduction]
Le lien entre l'agriculture et l'eau est essentiel. L'eau, la sécurité alimentaire et la sécurité nationale sont inextricablement liées. L'agriculture est l'élément moteur de la sécurité alimentaire, et elle est tributaire de la qualité de l'eau et de sa quantité. Aux yeux des Canadiens, l'eau est souvent perçue pour une ressource naturelle abondante mais, ailleurs dans le monde, des pressions comme la demande croissante et les bouleversements climatiques font en sorte que cette ressource se raréfie et que la précarité du lien entre l'agriculture et l'eau s'accentue.
La précarité grandissante de ce lien est en partie à l'origine du lancement par l'Institut canadien des politiques agroalimentaires d'une initiative sur l'eau en agroalimentaire au début de l'année. Ce travail a été financé entre autres par le fonds Techno nature de la Banque Royale du Canada et il a été réalisé sous la responsabilité de Nicolas Mesly, un de nos boursiers émérites.
Je vais donner un peu de contexte avant de présenter nos recommandations.
Premièrement, le secteur agricole canadien se compare assez bien à celui d'autres grands pays producteurs d'aliments pour ce qui concerne l'eau. L'empreinte aquatique du bœuf canadien est inférieure à la moyenne mondiale. À titre d'exemple, elle représente 70 % de l'empreinte aquatique du bœuf brésilien, et le secteur canadien de la production bovine a réduit sa consommation d'eau de 20 % de 1981 à 2011.
Quant au blé, notre empreinte est plus faible que la moyenne mondiale, et elle a même été la plus faible mesurée dans le cadre d'une étude datant de 2010.
La transformation des aliments compte pour 7 % de l'eau consommée dans le secteur de la fabrication au Canada, et des gains d'efficience ont permis de réduire cette consommation de 2013 à 2017.
De plus en plus, les intervenants du secteur agricole et des chaînes de valeur alimentaire fixent des objectifs d'efficience en matière de consommation d'eau et ils déploient des efforts pour les atteindre. Néanmoins, ces chiffres ne rendent pas compte de l'instabilité croissante du lien entre l'agriculture et l'eau. Partout au pays, les agriculteurs sont aux prises avec des difficultés liées aux quantités d'eau trop élevées ou trop faibles. Le rapport que nous venons de publier contient des recommandations axées sur l'établissement d'un plan d'action national pour l'eau en agroalimentaire. Comme nous sommes submergés de stratégies en ce moment, nous n'en réclamons pas de nouvelles. Le temps est venu d'agir.
Nous avons besoin d'un plan d'action qui mobilisera tous les paliers de gouvernement, les agriculteurs, les collectivités autochtones, des membres de la société civile et les intervenants de la chaîne de valeur agricole pour qu'ils planifient et réalisent ensemble et de manière proactive les efforts à déployer pour atteindre deux résultats essentiels, soit la conservation de cette ressource vitale et sa valorisation afin de promouvoir une production alimentaire durable.
Les ministres de l'Agriculture aux échelons du fédéral, des provinces et des territoires doivent agir en chefs de file dans le dossier de l'eau en agroalimentaire. Dans notre rapport, nous recommandons qu'ils s'engagent à élaborer un plan d'action avec l'aide d'un groupe d'experts, à rédiger un rapport sur l'état de l'eau en agroalimentaire et à publier le plan d'action intégral en juillet 2025.
Une autre recommandation du rapport vise la prise immédiate de mesures d'ici à ce que le plan d'action soit terminé. Ces mesures englobent l'établissement d'un modèle concerté pour uniformiser la collecte et la communication des données; l'utilisation des bassins versants comme base à la recherche, à l'innovation et à la mobilisation des connaissances, et l'investissement dans un appel de projets de recherche axés sur une mission afin de trouver des solutions à l'énorme défi que représentent la conservation et l'exploitation de l'eau en tant que ressource stratégique.
Pour terminer, j'aimerais vous toucher quelques mots sur le rôle de l'Agence canadienne de l'eau, un sujet soulevé à maintes reprises dans le cadre de nos activités de liaison en vue de la rédaction du rapport.
Le rôle de l'Agence et la manière dont l'agriculture et l'alimentation s'inscriraient dans son mandat suscitent énormément de questions. Une chose est sûre, cette agence pourrait jouer un rôle déterminant de facilitatrice et d'organisatrice pour favoriser les progrès sur cet enjeu très important. Nous avons très souvent entendu que l'Agence devrait être une facilitatrice et une organisatrice plutôt qu'un organe de réglementation. Compte tenu des besoins et du potentiel du secteur agricole, l'industrie devrait en faire un partenaire.
L'eau est essentielle en agriculture. Autant les inondations que les sécheresses peuvent nuire gravement à la production alimentaire, mais une gestion et une mise en valeur stratégiques de l'eau peuvent donner au Canada un avantage concurrentiel immense dans un monde qui a de plus en plus chaud, de plus en plus soif et de plus en plus faim.
Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous pour discuter de ce sujet d'une grande importance.
Monsieur McCann, je vais m'adresser à vous en premier. Vous prêchez à des convertis quand vous parlez de la nécessité pour le gouvernement de coordonner les efforts et du problème sous-jacent de manque de cohésion entre les différents organismes à l'échelle du pays. Quand on parle de gestion de l'eau… Il existe un nombre incalculable d'autorités responsables de l'eau et c'est sans doute une des choses que nous essayons de tirer au clair dans le cadre de cette étude.
Je me souviens bien de l'époque où le ministère des Pêches et des Océans est arrivé dans le portrait avec une approche très autoritaire. Si nous voulons mieux faire les choses au Canada, sur quels aspects devrions-nous attirer l'attention, ou à quelles règles devrions-nous adhérer pour éviter de retomber dans le panneau et de créer un autre organisme de ce genre, notamment pour ce qui a trait à l'Agence canadienne de l'eau?
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D'accord. Je voudrais présenter la motion suivante:
Que le Comité informe la Chambre que la Cour fédérale du Canada a invalidé le décret du gouvernement libéral interdisant les articles en plastique, jugeant ce décret « déraisonnable et inconstitutionnel », de même que « nul et illégal », et que le Comité presse le gouvernement libéral d’agir conformément au droit canadien et de ne plus présenter de projets de loi ou de décrets contrevenant aux lois et à la constitution du Canada.
Monsieur le président, je suis très surpris que le comité de l'environnement ne se soit pas encore saisi de cette question, et c'est pour cette raison que je présente cette motion.
La Cour fédérale du Canada a jugé que le décret du gouvernement fédéral interdisant les articles en plastique est « déraisonnable et inconstitutionnel ». Ce sont les termes exacts de la Cour. C'est la deuxième fois en moins d'un mois que les tribunaux concluent à l'inconstitutionnalité de politiques environnementales du gouvernement libéral. Le mois dernier, la Cour suprême du Canada a déclaré que la mesure « anti-pipelines » des libéraux, le projet de loi , était inconstitutionnelle, et nous savons maintenant que l'interdiction du plastique du est aussi inconstitutionnelle. J'aimerais beaucoup qu'il cesse de se défiler et qu'il vienne répondre à quelques questions rapides du Comité sur ses politiques qui n'ont pas passé le test des tribunaux, mais il persiste à jouer à cache-cache avec les Canadiens.
Le dernier témoignage du devant le Comité remonte à plus de 240 jours. C'est clair que ces décisions judiciaires le plongent dans l'embarras, mais les Canadiens méritent des réponses. Je m'attends à ce que les libéraux et les néo-démocrates bloquent cette motion, comme ils le font chaque fois, mais les conservateurs estiment que le gouvernement doit cesser de présenter des mesures législatives qui vont à l'encontre des lois et de la Constitution.
J'aimerais que nous passions rapidement au vote sur cette motion et que nous reprenions notre étude.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous aujourd'hui, y compris ceux qui comparaissent par vidéoconférence.
Ma question s'adresse à M. McCann.
Bonjour et bienvenue, monsieur McCann. Selon ce que je comprends, vous venez de la municipalité de Bristol, située dans la belle circonscription de Pontiac.
Félicitations pour votre excellent rapport intitulé « Un plan d'action national pour l'eau en agroalimentaire ». Je l'ai lu avec passion. Dans vos conclusions, vous écrivez: « Dans une époque de changements climatiques et de conflits climatiques et géopolitiques croissants, l'eau est sans doute le défi du 21e siècle. Pour l'agriculture et l'alimentation canadiennes, il y a un énorme potentiel pour transformer ce défi en une opportunité. »
Il est très important de le dire et de le redire. Bravo pour ces commentaires!
J'aimerais vous poser deux questions qui visent directement les recommandations que vous avez formulées dans le rapport.
Ma première question concerne la gestion de l'eau qui devrait être faite à l'échelle du bassin versant pour relever les défis liés à l'eau et à l'agriculture.
Pourriez-vous donner plus de détails sur cette importante recommandation?
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Oui, je peux certainement le faire.
Il y a de beaux exemples d'endroits où la planification à l'échelle du bassin versant fonctionne très bien, mais il y a aussi des endroits où il serait possible de mieux planifier cette gestion.
En guise de contexte, je vous dirai que l'eau est un défi régional, et plusieurs approches existent quant à la gestion des bassins versants. Certaines fonctionnent bien, mais il se peut que les solutions adoptées pour un bassin versant dans une région ne soient pas les mêmes que celles privilégiées ailleurs. Des dynamiques différentes sont enclenchées en fonction de la quantité, de la qualité et des pressions qui s'exercent.
Ainsi, d'une province à l'autre, la gestion de l'eau n'est pas assurée de la même façon. À certains endroits, les organismes de bassins versants disposent des outils nécessaires et ils ont le financement voulu pour investir dans la recherche, la gestion et le transfert des connaissances, mais ce n'est pas le cas partout. Le niveau d'investissement n'est pas le même d'une région à l'autre.
Nous croyons qu'il faudrait mieux appuyer ces organismes et s'assurer que les outils sont à leur portée pour gérer les bassins versants. Cela permettrait d'appuyer les gens qui s'y connaissent, qui évoluent dans ce contexte, qui ont de l'expérience dans ce domaine et qui savent ce qui se passe dans le bassin versant de leur propre région.
Nous ne sommes pas toujours d'accord avec nos collègues conservateurs sur les mesures relatives à l'environnement, mais une chose sur laquelle nous nous entendons, c'est que les agriculteurs doivent être à la table des discussions. Par exemple, dans la très importante étude sur l'eau que mène notre comité, nous devons faire entendre la voix très forte des agriculteurs. Comme vous le dites, ils sont sur le terrain, et ils comprennent l'importance des questions liées aux changements climatiques et à l'eau.
J'aimerais maintenant parler de la recommandation 6.2, dans laquelle vous proposez de réunir un groupe d'experts. J'ai aussi beaucoup aimé la question que M. Mazier a posée concernant la possibilité d'intégrer votre recommandation à l'Agence canadienne de l'eau, qui est toujours en développement.
Avez-vous des pistes de solution que nous pourrions proposer dans le cadre de cette étude?
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Je remercie les témoins d'être des nôtres.
J'aimerais que MM. Aherne et Macnair répondent tous les deux à la question que je vais poser. Je vais me concentrer sur le droit à l'eau potable, que M. Macnair a évoqué dans son allocution.
On sait que les autorités publiques portent parfois atteinte à l'intégrité des écosystèmes hydriques, en toute impunité. Je vais vous donner quelques exemples assez éloquents. Je pense, bien sûr, au déversement de substances toxiques par l'industrie des sables bitumineux, aux minières, qui ont des autorisations de déversement dans 16 lacs au pays ainsi qu'à l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, ou ARLA, qui prône une hausse de l'utilisation des pesticides. Il s'agit tout de même de ce qu'on va manger. Les autres gouvernements sont limités dans leurs plans d'action et ils ne peuvent pas progresser, si le Canada ne se prend pas en main.
Selon vous, monsieur Aherne et monsieur Macnair, le Canada a-t-il mis en place les bons cadres législatifs pour protéger l'environnement hydrique?
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Merci de poser cette question.
J'en ai raté une bonne partie à cause de mon oreillette, mais j'ai entendu la fin. Je pense que vous nous demandez si le Canada a mis en place les bonnes politiques ou le bon cadre.
Je crois que le Canada est en voie de se doter de politiques et de cadres appropriés. Les structures en place sont bien, mais je crois qu'elles peuvent être améliorées et qu'il faut un peu plus de bon sens. Il faut favoriser la concertation entre les divers organismes.
Par exemple, pour une bonne partie, la pollution que j'ai étudiée avait été disséminée dans l'atmosphère et se retrouvait dans un système récepteur comme un plan d'eau douce. C'est pourquoi il est essentiel que les organismes de surveillance de la pollution atmosphérique et des eaux douces se concertent et se coordonnent.
Je proposerais une…
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En ce qui concerne les agences, on sait que le gouvernement veut mettre en place l'Agence canadienne de l'eau. Toutefois, celle-ci pourrait-elle régler le problème principal, soit le manque flagrant de volonté politique des autorités publiques?
Je vous ai donné des exemples plus tôt, soit le déversement de substances toxiques par l'industrie des sables bitumineux, les minières, qui ont des autorisations de déversement dans 16 lacs au pays, et l'ARLA, qui autorise les pesticides.
L'Agence canadienne de l'eau peut-elle régler tous ces problèmes?
Je demanderais à M. Macnair de répondre à cette question, et je m'adresserai à M. Aherne par la suite.
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Je ne prétends pas être un expert en la matière, mais si je me fie à notre expérience dans la vallée de l'Elk, ma réponse courte est non.
Environnement et Changement climatique Canada planche actuellement sur la réglementation des effluents des mines de charbon. Son intention est d'établir un système à deux niveaux, suivant lequel les nouvelles mines seraient visées par un premier niveau d'exigences, tandis que les mines de la vallée de l'Elk seront protégées par une clause d'antériorité, ce qui revient à dire qu'elles auront un passe-droit.
Dans la vallée de l'Elk, l'industrie s'occupe du symptôme, qui est la contamination de l'eau, mais elle ne fait rien pour régler le problème, qui vient des méthodes d'exploitation minière utilisées.
Je le répète, c'est à cause de l'échec des régimes réglementaires provinciaux et fédéraux que depuis plus de 10 ans, la nation Ktunaxa réclame que la situation du bassin versant de la vallée de l'Elk fasse l'objet d'un renvoi à une commission mixte internationale. Nous avons perdu toute confiance dans la capacité des gouvernements fédéral et provincial de protéger la santé de nos bassins versants et de nos écosystèmes. Des mortalités massives de poissons ont été observées dans trois des affluents.
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Merci, monsieur Bachrach.
Comme je l'ai mentionné, la nation Ktunaxa réclame un renvoi à une commission mixte internationale depuis plus de 10 ans. Ce renvoi est réclamé au titre du Traité des eaux limitrophes de 1909, et l'objectif est que le Canada et les États-Unis assurent de concert la surveillance du bassin versant.
Nous faisons cette demande entre autres parce que le plan sur la qualité de l'eau dans la vallée de l'Elk qui a été instauré en 2014 n'a pas donné les résultats prévus. Le plan est en vigueur depuis 10 ans ou presque, mais Teck ne s'y est jamais conformée.
Pour ce qui est du rôle du Comité, c'est une question de volonté politique. Le président des États-Unis et notre en ont déjà discuté. Nous savons que c'est sur leur écran radar, si je puis dire. Cependant, considérant l'accord imminent avec Glencore dont j'ai parlé, il faut vraiment assurer une surveillance si nous voulons arrêter de polluer chez nos voisins et sur notre propre territoire.
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Merci de poser cette question parce que c'est très important.
Selon ce que je comprends, tous les renvois ont été demandés de façon conjointe par le Canada et les États-Unis, même si un des deux pays peut procéder unilatéralement.
Nous espérons quant à nous que le Canada et les États-Unis, à titre de voisins et de partenaires, se concertent et travaillent de pair dans ce processus de renvoi. Cette concertation renforcerait énormément le processus selon nous. Bien entendu, la province de la Colombie-Britannique et la nation Ktunaxa, dont le territoire s'étend des deux côtés de la frontière, devront prendre part au dialogue.
D'après ce que j'en comprends, c'est uniquement une question de volonté politique du gouvernement.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer avec M. McCann.
Je remercie ma collègue d'en face d'avoir évoqué l'importance pour le secteur agricole d'avoir voix au chapitre pour ce qui concerne les politiques environnementales, et notamment celles qui sont liées à l'eau. Malheureusement, je sais par expérience que ce n'est pas du tout le cas depuis que ce gouvernement est en place.
Monsieur McCann, j'ai lu dans votre plan d'action national pour l'eau en agroalimentaire qu'une série de publications sur la création de l'Agence canadienne de l'eau parlent du soutien au secteur agroalimentaire. Toutefois, comme il est très peu question de l'agriculture dans ces documents, je m'interroge. De votre point de vue et du point de vue de vos collègues du secteur agricole, peut‑on parler d'une participation régulière et significative de ce secteur pour tout ce qui a trait aux enjeux de l'eau ou à tout autre enjeu lié aux politiques environnementales, à la Stratégie pour une agriculture durable et à l'industrie canadienne de l'eau?
Quel est votre point de vue sur la participation du secteur agricole? Est‑ce qu'il est seulement consulté ou est‑ce qu'il a une participation significative?
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Comparativement à nos concurrents, le secteur agricole canadien recourt relativement peu à l'irrigation. Le potentiel d'irrigation durable des fermes canadiennes est sous-exploité. Le gouvernement de la Saskatchewan a remis sur les rails un projet de développement des infrastructures d'irrigation qui a été lancé il y a 60 ans. La Banque de l'infrastructure du Canada appuie le projet, ce qui indique qu'il est très prometteur. C'est un bon exemple d'équilibre entre la conservation d'une ressource et sa mise en valeur pour l'irrigation. Nous pouvons faire les deux au Canada.
Il faut faire de la recherche et du développement. C'est primordial. Nous avons créé et développé des variétés végétales plus résilientes, qui résistent aux sécheresses d'une façon qui était impensable il y a 20 ou 25 ans. C'est un très bel exemple de réussite de la recherche et du développement. Sur le plan de la productivité, la résilience n'est pas automatiquement liée à l'eau, mais elle est essentielle pour faire face à la dynamique changeante de l'eau et au changement climatique.
Nous devons en faire davantage, et nous devons investir davantage. Nous devons réaliser que nos modèles et nos connaissances sur les changements liés à l'eau doivent aussi changer, mais nous n'en faisons pas suffisamment. C'est pourquoi nous recommandons de faire un appel de projets de recherche axés sur une mission.
Un des grands défis en agriculture vient de ce que plutôt que d'augmenter les investissements et de le faire de manière progressive, on ajoute de nouvelles priorités de recherche à l'enveloppe budgétaire. À notre avis, il ne faut pas ajouter l'eau à la liste. Il faut des investissements supplémentaires, qui seront affectés de manière ciblée et en priorité à l'eau.
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Merci de cette question.
La pollution par les microplastiques est un enjeu émergent, et je crois que nous en sommes encore au stade de l'apprentissage. Jusqu'ici, comme je l'ai déjà mentionné, les méthodes d'échantillonnage et d'analyse varient d'une recherche à l'autre, de sorte que ces recherches ne sont pas comparables et ne nous permettent vraiment pas de comprendre la situation.
Je sais qu'un autre comité s'est penché sur la question des microplastiques. À mon avis, il faut vraiment réfléchir à la nécessité d'une approche coordonnée de l'échantillonnage entre les provinces si nous voulons bien comprendre l'ampleur du problème. Bien entendu, cela concerne aussi les nanoplastiques.
Pour ce qui est des polluants, c'est en réalité assez simple. Si nous comprenons d'où ils proviennent, nous pouvons gérer les sources et atténuer le problème. Si les plastiques à usage unique sont une source de polluants, alors il faudra peut-être gérer cette source.
Il faut aussi comprendre que les microplastiques que nous trouvons dans l'environnement aujourd'hui proviennent de plastiques qui se sont décomposés sur une période de 20 à 50 ans et qui ont été rejetés dans l'environnement. C'est donc un long processus de décomposition. De ce fait, nous prévoyons une augmentation exponentielle des microplastiques dans l'environnement étant donné que leur utilisation a augmenté de manière exponentielle au cours des 20 à 50 dernières années.
Selon moi, les microplastiques que nous voyons actuellement dans l'environnement sont la pointe de l'iceberg, et il faut comprendre que ce que nous faisons aujourd'hui pourrait avoir des répercussions dans une cinquantaine d'années.
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Je pense qu'on y est allé trop fort.
Le gouvernement fédéral a infligé à Teck des amendes parmi les plus élevées jamais imposées au Canada en matière environnementale, la plus grosse étant de 60 millions de dollars pour des milliers d'infractions commises sur plusieurs années. Il semble, cependant, que Teck considère ces amendes comme un prix à payer en affaires. Le montant de 60 millions peut paraître énorme, mais il ne représente, en fait, que quelques jours de revenus pour une entreprise de cette taille.
Nous devons changer de méthode... Il nous faut des mesures punitives, mais plus constructives. Je reviens encore à la Commission mixte internationale et à ce genre de surveillance qui tient compte de l'importance du bassin hydrographique tout entier. C'est essentiel.
J'aimerais aussi dire que ce qui se retrouve dans le sol se retrouve dans l'eau et qu'il est crucial dans des endroits comme la vallée de l'Elk de veiller à protéger l'environnement terrestre, puisqu'il a une telle incidence sur l'environnement aquatique.
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En effet. Je commencerai par le sélénium.
Le sélénium s'oxyde à partir des stériles provenant des mines. Les puits dont je parlais à Fernie et à Sparwood puisaient tous deux dans des aquifères, pas dans la rivière. Les réseaux hydrographiques sont, comme vous le savez, tellement interconnectés qu'il est tout à fait essentiel d'avoir une vision d'ensemble.
Par exemple, les 60 millions de dollars de l'amende infligée à Teck ne peuvent servir que pour le milieu aquatique, alors que dans de nombreux cas, il vaudrait peut-être mieux acquérir une partie des terres environnantes pour réduire l’exploitation forestière et la turbidité.
Nous ne pouvons pas traiter tous ces aspects isolément, comme M. McCann le sait certainement en ce qui concerne l'agriculture. Cette question doit être examinée de manière globale et approfondie et elle doit être examinée maintenant.
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Souvent, les choses bonnes à faire en agriculture présentent plusieurs avantages. Planter plus d'arbres et de bandes riveraines est une bonne chose pour la gestion de l'eau aussi. C'est très bon pour le piégeage du carbone.
Je pense, toutefois, que c'est un bon exemple de mesure que le Canada est plus lent à prendre que le reste du monde. Voyez la programmation agricole aux États-Unis, elle comprend depuis bien plus longtemps un programme de conservation beaucoup plus important qui soutient les objectifs agricoles. Le Canada accuse un léger retard sur ce plan.
Il existe des programmes, comme ALUS, qui aident les agriculteurs et qui offrent certains des avantages dont vous parlez, mais les gouvernements tardent à se décider à investir. Selon moi, nous pouvons faire beaucoup plus que ce que nous faisons aujourd'hui.
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Je vous remercie, monsieur le président. De combien de temps est‑ce que je dispose?
Le président: De quatre minutes.
M. Mazier: D'accord.
Monsieur McCann, bonjour. J'ai quelques autres questions à vous poser.
On accuse toujours les agriculteurs de déverser des engrais dans les cours d'eau — les vaches vont dans l'eau et ainsi de suite —, mais qu'en est‑il de la technologie qui permet de retirer les nutriments de l'eau?
Au Manitoba, évidemment, nous sommes dans la partie la plus basse du bassin hydrographique. Par conséquent, tout ce qui... J'ai dit que le jour où la Saskatchewan découvrira que ses nutriments s'écoulent dans la rivière, l'eau sera coupée.
J'avais remarqué, quand je faisais partie des Keystone Agriculture Producers, qu'il existait un modèle. Le phosphore était récupéré dans les stations d'épuration des eaux usées, puis réinjecté dans le sol. Là où j'ai mon exploitation, la teneur en phosphore est très faible. Le phosphore serait donc un ingrédient clé.
Dans la création de cette agence, quelle sera la place de la recherche de solutions et de technologies dans la discussion sur l'eau, et comment l'intégrerons-nous dans l'entité qui sera créée?
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Vous avez souligné des questions et des dynamiques très intéressantes en matière agricole. Nous pensons souvent à un seul problème — le carbone retient beaucoup l'attention ces jours‑ci —, mais selon l'endroit du pays où vous vous trouvez et la manière dont vous pratiquez l'agriculture, l'eau peut être votre principal impact sur l'environnement.
Au Canada, nous ne parvenons pas vraiment à établir un ordre de priorité entre les questions à traiter et les endroits où elles doivent l'être, mais je note déjà beaucoup d'améliorations.
L'ARAP a été mentionnée dans la dernière question. Il existe quelques très bons exemples de... C'est moins utile aujourd'hui parce que nous pratiquons l'agriculture autrement. Les méthodes utilisées — culture sans labours, une combinaison de culture sans labours et de Roundup, et des produits génétiquement modifiés — ont vraiment changé l'impact de l'agriculture. Elles réduisent le ruissellement et aident à réduire l'impact environnemental, mais il reste des problèmes à certains endroits.
Il est important de reconnaître que certaines régions doivent se concentrer davantage sur la réduction de l'impact environnemental, mais il est très possible de le faire de façon proactive, progressive, plutôt que d'essayer de réglementer ou de jouer de la carotte et du bâton. Je pense que beaucoup souhaitent vraiment mieux faire et qu'il existe des tas de possibilités de partenariat pour améliorer les performances agricoles.
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Nous reprenons maintenant la séance.
Je salue de nouveau les membres du Comité.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
Je tiens à vous assurer que les essais de son ont été effectués avec succès.
Nous recevons M. Eddy Charlie, co-organisateur du Victoria Orange Shirt Day; M. Frank Annau, directeur, Gestion des produits, de l'entreprise Fertilisants Canada; M. Jérôme Marty, directeur exécutif de l'Association internationale de recherche sur les Grands Lacs; le grand chef Victor Bonspille et M. Eugene Nicholas, directeur de l'environnement, qui se joint à nous par vidéoconférence, tous deux du Conseil mohawk de Kanesatake; ainsi que M. Tracy Cross, membre retraité de la Défense nationale et chef de police de Kanesatake à la retraite.
Nous allons commencer par M. Charlie.
Monsieur Charlie, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Bonjour à toutes et à tous.
J'appartiens à la Première Nation Cochiwan. J'ai quitté la maison à 14 ans pour aller vivre à Vancouver. Je suis revenu sur l'île il y a 20 ans. Je suis allé à la rivière Cochiwan et j'ai remarqué que l'eau n'était plus profonde que d'un pied environ. D'année en année quand j'y retournais, il y avait de moins en moins d'eau. J'ai donc demandé à quelqu'un pourquoi. Il m'a expliqué qu'une scierie à Crofton déviait l'eau pour l'utiliser.
Je suis allé parler avec des aînés de la collectivité et je leur ai demandé s'il y avait du saumon à pêcher. Ils ont répondu que non. Je leur ai posé d'autres questions sur l'eau et leur ai demandé pourquoi le niveau était aussi bas. Ils m'ont répondu que c'était en grande partie à cause de la scierie de Crofton qui en déviait le cours, ce qui avait des conséquences désastreuses pour la végétation et les animaux alentour.
Je suis très inquiet parce que, tous les ans depuis 2002, il y a de moins en moins de saumons à remonter la rivière Cochiwan. Non seulement ils n'y reviennent pas, mais les végétaux sont détruits parce qu'il n'y a pas assez d'eau et que, quand il y en a, elle est chaude à cause du niveau trop bas.
Je suis très inquiet parce que la rivière était une source de nourriture et de remèdes pour mes aînés. Tous les ans, de plus en plus de plantes meurent. De plus en plus d'animaux ne reviennent pas, surtout le saumon. Mes ancêtres ont prospéré le long de la rivière Cowichan uniquement grâce au saumon.
Je parlais avec quelqu'un de la réconciliation, et je tiens à souligner qu'elle ne concerne pas seulement les relations humaines, mais aussi la réconciliation avec la terre, le fait d'avoir une relation avec la terre. En ce moment, nous n'en avons pas.
Mon peuple aimerait pouvoir utiliser certaines des plantes qui poussent le long de la rivière, mais c'est impossible parce que la rivière est complètement détruite.
Je parlais avec quelqu'un dont le nom de famille est Williams. C'est un des derniers membres de ma nation qui parlent encore hul’q’umi’num’ et il connaît beaucoup de choses sur les remèdes et la terre. Il m'a expliqué que, si nous ne faisons rien, nous ne pourrons rien transmettre à nos enfants.
Je ne veux pas être un des derniers à pouvoir célébrer la vie sur les bords de la rivière Cochiwan. Je ne veux pas être un des derniers à avoir le plaisir de manger du saumon au repas, et je ne veux pas être le dernier à pouvoir ramasser et cueillir des plantes médicinales le long de la rivière, mais ce sera peut-être le cas parce que, aujourd'hui, les berges sont totalement détruites. On peut remonter la rivière en voiture sur une distance d'un demi-mille.
Je demande seulement au gouvernement de bien vouloir nous aider à nous réconcilier, pas seulement d'humain à humain, mais aussi avec la terre. Je ne veux pas que mes propres petits-enfants ne puissent pas profiter de ce que mes grands-parents ont connu le long de la rivière.
Je deviens très émotif en parlant de cela parce que la vie le long de la rivière est complètement détruite. Les arbres meurent. Les plantes meurent. Le saumon ne revient pas et... c'est vraiment épouvantable.
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Je vous remercie toutes et tous.
Je m'appelle Frank Annau. Je suis directeur de la Gestion des produits à Fertilisants Canada. Nous représentons les fabricants, les grossistes et les détaillants d'engrais azotés, phosphatés, potassiques et soufrés. Je vous remercie de l'invitation à comparaître devant vous afin de parler aujourd'hui.
Nous pensons que les initiatives volontaires menées par l'industrie qui placent les exploitations agricoles au centre constituent la meilleure approche pour réduire le ruissellement des nutriments. C'est pourquoi nous participons activement à la mise en œuvre de la gestion des nutriments 4B dans l'ensemble du Canada. Cette approche 4B aide les agriculteurs à appliquer le bon produit, à la bonne dose, au bon endroit et au bon moment.
L'utilisation efficace des engrais et des nutriments qui en résulte permet de réaliser des économies et d'augmenter le rendement des cultures. L'application d'engrais au bon endroit et dans les bonnes conditions météorologiques permet également de s'assurer que l'engrais reste dans le champ et qu'il ne finit pas dans les cours d'eau.
Par exemple, en Ontario, les pratiques de production de maïs 4B peuvent réduire le ruissellement de phosphore de 60 %. Dans une rotation de céréales, d'oléagineux et de légumineuses en Saskatchewan, cette réduction pourrait atteindre 75 %.
Ces chiffres sont fournis par notre réseau de recherche 4B, qui réunit d'éminents chercheurs des universités de tout le Canada afin de repérer les meilleures pratiques pour différentes régions agricoles. Ces connaissances sont ensuite communiquées aux agriculteurs par des conseillers en cultures canadiens, ou CCC, qui participent à notre programme 4B, qui comporte deux volets, soit la désignation 4B et la certification 4B.
Les CCC qui ont la désignation 4B font des recommandations aux agriculteurs et créent un plan de gestion 4B. Fertilisants Canada est informé des superficies qui font l'objet de conseils et ces données sont ensuite regroupées à l'échelle du pays. En 2022, nous avions 8,5 millions d'acres sous désignation 4B, ce qui nous rapproche de notre objectif quinquennal de 14 millions d'acres d'ici 2025.
La certification 4B repose sur les mêmes bases, mais elle est vérifiée par une tierce partie et elle existe actuellement en Ontario. Les audits exigent des preuves documentées montrant que les CCC ont travaillé avec les exploitations pour calculer les distances minimales de retrait par rapport aux eaux de surface, aux prises d'eau et aux puits, et qu'ils ont recueilli des données sur les exploitations pour montrer qu'il est raisonnable de s'attendre à ce qu'il n'y ait pas de risque accru pour la qualité de l'eau.
Les normes de certification 4B ont été rédigées en 2018 par notre comité directeur dans le cadre d'une initiative volontaire visant à améliorer le bassin occidental du lac Érié. L'un des principaux objectifs est de créer des impacts positifs à long terme sur les plans d'eau associés à l'agriculture, notamment en réduisant l'eutrophisation et en aidant à respecter les normes de qualité de l'eau. Ces efforts soutiennent le Plan d'action Canada-Ontario pour le lac Érié, qui intègre les 4B dans son approche visant à réduire les niveaux de phosphore dans l'eau de 40 % par rapport aux niveaux de 2008.
Nous sommes heureux d'annoncer que 1,8 million des 9 millions d'acres de terres arables de l'Ontario seront certifiées 4B en 2022. Ce chiffre dépasse notre objectif d'un million d'acres d'ici 2025. Si l'on ajoute la désignation 4B, cela représente environ 11 millions d'acres pour lesquels les agriculteurs reçoivent des conseils 4B, et ce dans tout le Canada, ce qui nous rapproche de notre objectif quinquennal de 15 millions d'acres d'ici 2025. Nous avons aussi atteint récemment la barre des 500 CCC désignés 4B pour fournir des conseils.
Cependant, nous pouvons toujours nous améliorer. Notre enquête annuelle sur l'utilisation des engrais montre que 56 % des producteurs déclarent eux-mêmes ces pratiques de base des 4B. Toutefois, seuls 30 % appliquent déjà les principes des 4B et seuls 7 % ont un plan 4B signé par un CCC.
Le coût de la mise en œuvre initiale reste également l'un des principaux obstacles à une adoption plus large. Pour le surmonter, nous pensons que le Régime de crédits compensatoires pour les gaz à effet de serre du Canada devrait adopter un protocole 4B climato-intelligent. Cela permettrait aux exploitations agricoles de générer et de vendre des crédits pour les pratiques 4B qui réduisent les émissions et présentent l'avantage connexe de réduire le ruissellement. Cela générerait des revenus pour les exploitations agricoles, réduirait les coûts de mise en œuvre et augmenterait la demande de conseils 4B. Le Fonds d'action à la ferme pour le climat a déjà fait grimper cette demande, et un protocole national la ferait grimper encore plus.
En réponse, nous pensons que le soutien du gouvernement pourrait aider à accélérer la formation aux 4B pour les conseillers en cultures afin de fournir les conseils nécessaires. Nous avons déjà investi, depuis 2018, 2 millions de dollars dans l'élaboration et la mise en œuvre de programmes 4B, et ce en plus des dizaines de millions investis dans la recherche et la démonstration des pratiques exemplaires en R‑D. Dans notre mémoire prébudgétaire de cette année, nous demandons un financement gouvernemental supplémentaire de 2 millions de dollars en appui à ces efforts.
Nous avons également préconisé ces solutions au comité consultatif pour l'agriculture durable, au sein duquel je copréside le groupe de travail sur la réduction des émissions liées aux engrais. J'ai le plaisir d'annoncer que le groupe de travail sur la santé des sols et l'eau a également inclus dans ses recommandations la gestion avancée des nutriments.
Par ailleurs, nous avons discuté avec Agriculture et Agroalimentaire Canada de l'objectif 7 du Cadre mondial pour la biodiversité des Nations unies qui vise à réduire le risque de ruissellement des nutriments. Nous avons été très heureux de voir les 4B figurer dans son récent rapport Ce que nous avons entendu sur la consultation relative à la Stratégie nationale de la biodiversité 2030 du Canada, et nous nous réjouissons de poursuivre notre collaboration.
Pour conclure, notre consultation 2021 sur l'Agence canadienne de l'eau contenait également trois recommandations clés: reconnaître la norme de gestion 4B, soutenir les incitations aux producteurs fondées sur le marché et s'aligner sur les plans de gestion provinciaux qui intègrent les 4B, comme le Plan vert et climatique du Manitoba et le plan de résilience des Prairies.
Je vous remercie de nouveau de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer. Je répondrai volontiers à toute question.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, éminents invités et personnel du Comité, bonjour.
Je m'appelle Jérôme Marty et je suis le directeur exécutif de l'Association internationale de recherche sur les Grands Lacs.
J'aimerais tout d'abord souligner que nous sommes réunis aujourd'hui sur le territoire non cédé des Algonquins anishinaabes. Les Algonquins sont les gardiens et les défenseurs du bassin hydrographique de la rivière des Outaouais.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de partager avec vous les principales questions et priorités que les scientifiques des Grands Lacs mentionnent pour les Grands Lacs laurentiens. Nous souhaitons attirer l'attention sur trois principaux enjeux.
Le premier concerne les nutriments. Bien que la qualité de l'eau des Grands Lacs se soit améliorée dans plusieurs lacs, le lac Érié reste une zone prioritaire en ce qui concerne la gestion des nutriments provenant à la fois de sources ponctuelles, comme les zones urbaines, et de sources diffuses, comme l'agriculture. L'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs comprend des objectifs de réduction de la charge en phosphore, soit une réduction de 40 % d'ici 2025 par rapport aux niveaux de 2008. De meilleures technologies de traitement des eaux usées ont permis de réduire les rejets de nutriments de sources ponctuelles, mais la réduction des nutriments de sources diffuses par une gestion adaptative et de meilleures pratiques pose plus de problèmes.
Le deuxième enjeu est celui des contaminants préoccupants, les CEC, aussi appelés « substances chimiques éternelles ». Les produits pharmaceutiques et de soins personnels, ou PPCP, les pesticides et les substances per- et polyfluoroalkyles, ou PFAS, sont de plus en plus souvent détectés dans les eaux des Grands Lacs, y compris dans les eaux de surface urbaines. Il est essentiel de comprendre les conséquences humaines et écologiques de l'exposition aux CEC persistants, qu'il s'agisse de composés spécifiques ou de mélanges.
Le troisième enjeu est celui des microplastiques. Ils sont aujourd'hui largement présents dans le bassin des Grands Lacs. On en trouve dans l'eau, dans les sédiments et dans la faune. Des recherches récentes ont été menées pour évaluer la toxicité de l'exposition aux microplastiques dans les Grands Lacs. Les évaluations des risques montrent que les concentrations de microplastiques mesurées dans l'ensemble des Grands Lacs dépassent les seuils de risque proposés pour les échantillons d'eau.
Nous formulons cinq recommandations dans notre mémoire.
Dans la première, nous proposons d'envisager d'ajouter les CEC et les microplastiques à la liste des contaminants préoccupants de l'annexe 3 de l'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs.
Dans la deuxième, nous invitons à investir dans la recherche pour mieux comprendre le devenir, le comportement et la toxicité des contaminants émergents afin d'avoir à une réglementation éclairée.
La troisième recommandation vise à considérer le changement climatique comme un accélérateur de la production et de la toxicité des polluants. Les températures plus élevées augmentent le taux métabolique des organismes résidents, entraînant un appauvrissement en oxygène et créant des conditions toxiques pour le biote. L'augmentation de la température de l'eau favorise également la croissance d'efflorescences algales nuisibles capables de libérer des cyanotoxines telles que la microcysisne. Comme l'indique le rédacteur en chef de notre revue, M. Robert Hecky, « le lac Érié est le canari dans la mine climatique des Grands Lacs ». Il devient donc encore plus urgent de réduire les apports en nutriments provenant des sols.
La quatrième recommandation est de collaborer avec les Premières Nations et les Métis dans la surveillance et la gestion de l'eau. Cette recommandation est reprise dans la troisième évaluation triennale des progrès accomplis en matière de qualité de l'eau des Grands Lacs, publiée début novembre à l'intention des parties par la Commission mixte internationale, la CMI.
La cinquième et dernière recommandation propose d'adopter une approche globale en ce qui concerne la science des Grands Lacs. Les Grands Lacs sont, nous le répétons, des mers intérieures et ils nécessitent, à ce titre, des approches de gestion semblables à celles élaborées pour les écosystèmes marins. À cause d'une infrastructure de recherche vieillissante, la science des Grands Lacs a pris du retard pour ce qui est de comprendre les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des écosystèmes lacustres et de rendre compte de la rapidité de leur évolution. Plusieurs organisations collaborent à l'élaboration d'un plan scientifique décennal pour les Grands Lacs. Six priorités pour les Grands Lacs ont été cernées dans le cadre de cette initiative dirigée par la CMI qui se concentrera ensuite sur un modèle pour la mise en oeuvre du plan.
Je vous remercie de nous avoir accordé de votre temps pour que nous puissions vous faire part de nos connaissances sur les menaces que la pollution fait peser sur les Grands Lacs. N'hésitez pas à contacter l'AIRGL si vous avez des questions sur la science et les Grands Lacs, ou si vous avez besoin d'aide pour vos travaux.
[Français]
Merci beaucoup de votre attention.
Je suis ici pour attirer votre attention sur un problème qui se pose sur mon territoire, le territoire mohawk de Kanesatake, et qui concerne un site de G&R appartenant à deux membres de la communauté. Ce site se trouve sur des terrains domaniaux à l'intérieur de notre territoire. Je veux attirer l'attention des membres du Comité et de tous les députés qui écoutent et qui peuvent faire connaître le problème ou apporter une certaine aide sur le fait que depuis 2015, je crois, il s'agit d'un site de déchets toxiques dans notre communauté.
En 2021, par résolution du conseil de bande, mon conseil et moi-même avons révoqué les permis des propriétaires de G&R et l'accord que nous avions conclu avec eux. Nous étions en pourparlers avec les autorités fédérales et provinciales sur un processus d'assainissement, des pourparlers qui ont maintenant été interrompus en raison de l'ingérence de cinq membres de mon conseil concernant le site et de trois demandes du gouvernement fédéral qui sont restées sans réponse en raison du climat toxique au sein de notre conseil.
Les témoins ici présents — soit Tracy P. Cross et, en ligne, Eugene Nicholas, qui est le directeur de l'environnement à Kanesatake — et moi-même avons travaillé avec diligence avec notre communauté et une autre cheffe du conseil, Valerie Bonspille, pour aider à remédier au problème. Nous avons des plans d'assainissement, mais ils sont bloqués par cinq membres de mon conseil pour des raisons que je ne peux que qualifier de ridicules.
Lorsqu'il s'agit de santé et de bien-être, cela ne concerne pas que Kanesatake, pas que ma communauté, mais les communautés voisines et leurs membres. Ce n'est plus un enjeu politique. Je crois que les autorités fédérales et provinciales ont essayé de miner cette vision de la situation, mais il s'agit maintenant d'un enjeu sanitaire.
J'ai uni mes forces, ou les forces de ces municipalités se sont jointes à mon plaidoyer auprès des députés provinciaux. Nous avons rédigé un communiqué de presse. Nous avons rédigé ensemble des résolutions à l'intention des gouvernements fédéral et provincial pour qu'ils nous aident à résoudre ce problème. Pour l'instant, ces résolutions sont tombées dans l'oreille d'un sourd et il semble qu'on nous ignore.
a lu ces résolutions à la Chambre. La question a été soulevée, je crois, il y a deux ans et on n'y accorde toujours aucune attention. J'ai l'impression que ces cinq membres de mon conseil en font un otage politique pour empêcher tout progrès du plan d'assainissement que le gouvernement fédéral propose à notre communauté. J'estime qu'il est temps que les deux gouvernements — à l'échelle provinciale et fédérale — prennent conscience que cela doit cesser.
Les gens doivent commencer à écouter. Il faut que les gens se rendent compte qu'il ne s'agit pas d'un problème des Premières Nations, mais d'un problème régional. C'est un problème non autochtone, un problème de santé et un problème environnemental.
Nous parlons aujourd'hui de problèmes liés à l'eau. Trois cours d'eau traversent le site de G&R et se jettent dans la rivière des Outaouais, qui se jette dans le lac des Deux-Montagnes, lequel se jette à son tour dans le fleuve Saint-Laurent. Cela touche de nombreuses municipalités et communautés en aval, ainsi que la vie aquatique, la faune, nos plantes médicinales, notre mode de vie naturel et la pêche. Cela affecte de très nombreux aspects de notre mode de vie et de notre territoire traditionnel.
Je suis ici pour lancer un appel à titre de dernier... Nous sommes quasiment au désespoir pour que quelque chose soit fait, pour que quelqu'un nous écoute et pour obtenir quelque chose par écrit, un accord. J'ai même été jusqu'à demander au gouvernement fédéral de m'accorder un droit de veto pour conclure ces accords, parce que ma communauté et d'autres communautés voisines le souhaitent.
L'enjeu est pris en otage dans les pourparlers par ces cinq personnes qui veulent faire ce qu'elles veulent plutôt que ce que la communauté veut.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers amis, bonjour.
Bienvenue à tous les témoins.
[Traduction]
Monsieur Cross, monsieur Nicholas et grand chef Bonspille, merci beaucoup pour vos témoignages, mais quels témoignages. C'est frappant pour nous de constater à quel point vous êtes pris en otages en ce moment.
[Français]
La situation que vous vivez est tout à fait intolérable. Je vous remercie beaucoup de votre témoignage aujourd'hui.
[Traduction]
D'abord, comment expliquez-vous que le gouvernement fédéral n'ait rien fait pour vous aider et que nous devions maintenant régler cette situation?
:
Le gouvernement fédéral nous a présenté trois options, trois demandes, qui doivent être traitées par un conseil plénier. Il est évident que le conseil plénier ne veut pas adhérer à ces demandes. C'est pourquoi j'ai demandé un droit de veto au gouvernement fédéral. C'était par respect, mais ce respect n'est plus de mise aujourd'hui. Je n'ai même pas reçu de réponse à ma demande. Notre communauté se demande maintenant pourquoi rien ne se passe.
Le gouvernement fédéral a laissé sur la table ces trois demandes qui doivent être approuvées par l'ensemble du conseil, ce qui sera impossible à ce stade. Nous sommes dans un vide politique. Avec les moyens dont je dispose dans le cadre de mon mandat, nous avons travaillé d'arrache-pied pour corriger cette situation et trouver une solution depuis de nombreuses années, depuis que j'ai été nommé en 2021 nouveau grand chef de Kanesatake. Le précédent grand chef ne s'était pas occupé de ces dossiers.
Lorsque j'ai été nommé, j'ai rempli mon mandat et mon programme et j'ai tenu mes promesses. J'ai résilié la résolution du conseil de bande et l'accord conclu par le conseil. J'ai même réussi à faire en sorte que les propriétaires de G&R cèdent leurs terrains à notre communauté. C'est l'un des accords que le gouvernement fédéral demande, car il ne financera pas une propriété privée. J'ai fait en sorte que ces terrains reviennent au Conseil Mohawk, après quoi le gouvernement fédéral a proposé ces accords.
Aujourd'hui, ils sont sur la table. Ma communauté et moi-même, ainsi que la cheffe Valerie Bonspille et des membres comme M. Cross ici présent et notre service de l'environnement, nous nous battons pour cela et nous nous battons contre nos propres... ces personnes qui sont censées être là pour la communauté.
Une voix: La gouvernance.
Grand chef Victor Bonspille: Ma propre gouvernance. Exactement.
C'est tout simplement un combat. Nous frappons toujours un mur parce que les gouvernements fédéral et provincial n'interviennent pas correctement. Ils nous laissent nous entredéchirer. Ils laissent cet enjeu devenir, et je vais employer des guillemets, un enjeu « indien », un enjeu des « Premières Nations ». Ce n'est pas le cas. Cela dépasse largement le cadre de notre territoire.
Juste à côté du site de G&R, des terres d'agriculteurs ont été touchées financièrement par rapport à leurs récoltes, à leurs produits laitiers, à leurs activités agricoles. Le problème a compromis leurs revenus et leur gagne-pain. Je pensais que si nous avions ces municipalités de notre côté, les gouvernements fédéral et provincial nous écouteraient, mais manifestement, ils ne semblent se préoccuper d'aucune des deux parties.
:
Je poserai mes questions à M. Nicholas au prochain tour de parole.
Je remercie M. Deltell de me céder son temps de parole.
[Le député s'exprime en mohawk.]
[Français]
Grand chef, j'espère que cela a été dit correctement. Je vous souhaite la bienvenue au Comité et vous remercie d'être parmi nous.
Le gouvernement fédéral a dit à plusieurs reprises que c'était une question autochtone. Il refusait d'agir parce que le terrain contaminé faisait l'objet de certificats d'occupation et que des lettres d'Oka avaient été remises aux deux frères Gabriel qui exploitaient cet emplacement.
Ces lettres d'occupation ont été retournées au conseil de bande et, aujourd'hui, il y aurait plus d'obstacles administratifs à cet égard pour intervenir et décontaminer le terrain.
Pouvez-vous nous donner de nouveau des précisions à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Se:ko, Niawen'kó:wa d'être ici. Merci pour votre leadership et votre courage. Il faut beaucoup de courage pour venir ici et être aussi direct que vous l'avez été. Je vous en remercie. Au nom des membres de ce côté‑ci du Comité, nous vous remercions pour votre leadership.
L'eau de Kanesatake est importante pour de nombreuses raisons. Il ne s'agit pas seulement de boire et d'irriguer, je sais qu'il y a aussi une grande communauté de pagayeurs à Kanesatake. En tant que Blanc d'Oakville qui a pu utiliser un kayak pendant 20 ans, je tiens à dire niawen'kó:wa pour ce sport que j'ai apprécié et qui m'a permis de parcourir le monde pendant longtemps.
Il y avait aussi des pagayeurs mohawks assez impressionnants que j'ai admirés au fil des ans. Je vous en remercie. Si vous voyez Alwyn Morris un jour, transmettez-lui mes salutations.
Puis‑je vous demander quelle est la situation de l'eau potable dans votre communauté?
:
Le centre de santé de Kanesatake s'occupe généralement de l'eau potable. Il prélève des échantillons d'eau tous les deux mois, je crois. C'est peut-être plus fréquent. En général, l'eau potable est satisfaisante. C'est la principale réponse que chaque membre de la communauté reçoit.
Ils ont la possibilité d'aller plus loin et d'effectuer une analyse plus poussée de notre eau potable, mais je ne pense pas que beaucoup de membres veuillent le faire. Cela ne prend que peu de temps. Il faut, je crois, deux semaines pour effectuer cette analyse supplémentaire. Je l'ai fait et l'eau potable de ma maison présentait une concentration plus élevée de magnésium, je crois. On m'a dit qu'il est normal que l'eau potable provenant d'un puits contienne du magnésium.
Dans tout Kanesatake, comme nous n'avons pas de réseau d'aqueduc — nous sommes tous alimentés par des puits — la situation nous inquiète. Comme je l'ai dit, trois ruisseaux traversent le site de G&R et se jettent dans le lac des Deux-Montagnes. Certains de nos membres, comme M. Cross ici présent, vivent à moins d'un kilomètre de ce site.
L'un des témoins a parlé tout à l'heure de l'eau et de la façon dont les contaminants se déposent sur le sol, s'infiltrent dans la terre et atteignent les nappes phréatiques, puis notre eau potable. C'est exactement ce qui se passe à Kanesatake. Nous ne disposons pas des fonds nécessaires pour effectuer des analyses, des évaluations ou des tests complets, de sorte que nous ne savons pas jusqu'à quelle profondeur le sol est contaminé. Grâce à d'autres évaluations réalisées par Santé Canada et la société T. Harris, nous savons que le site est contaminé. À l'heure actuelle, ces évaluations pourraient aller encore plus loin si mon conseil — qui vient d'être destitué hier soir par un vote de censure — cessait de prendre en otage cette rétrocession de terrains. Le gouvernement fédéral irait alors de l'avant avec le processus approprié et un financement complet pour que ces terrains soient dûment évalués et remis en état.
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, grand chef Bonspille, messieurs Cross et Nicholas, merci d'être ici aujourd'hui et d'avoir répondu à mon invitation.
Le premier dossier sur lequel j'ai commencé à travailler après avoir été élu en 2021 a été celui-là. Nous avons communiqué avec le ministère de l'Environnement et il y a eu des interactions avec le et son bureau. Un jour, on nous a dit que le ministre Guilbeault ne pouvait plus s'en mêler et que le dossier avait été transféré à . Nous ne savions plus trop si c'était M. Miller ou qui s'occupait de l'affaire. Je me considère comme quelqu'un d'intelligent, mais j'étais très confus. À un moment donné, plus personne ne répondait à nos appels.
Je me suis dit que c'était peut-être plus facile pour vous, les gens du Conseil mohawk de Kanesatake, d'avoir des liens avec le gouvernement fédéral.
Avez-vous eu les mêmes difficultés que moi à communiquer avec le gouvernement fédéral pour un problème environnemental majeur et urgent?
:
Grand chef, j'aimerais en savoir davantage là-dessus.
Essentiellement, des lettres d'occupation devaient être retournées au Conseil pour qu'il soit possible d'agir sur le plan environnemental. Ces lettres ont été retournées et — je vais le dire dans mes propres mots — volées par certains membres du Conseil, ce qui fait en sorte qu'on ne peut pas décontaminer aujourd'hui.
Vous demandez un droit de veto pour pouvoir prendre des décisions, mais le gouvernement fédéral demande l'unanimité du Conseil pour décontaminer l'emplacement.
En demandant l'unanimité, le gouvernement fédéral n'est-il pas tout simplement en train de donner un droit de veto à ceux qui ne veulent pas décontaminer?
:
Merci, monsieur le président.
Je ne veux pas interrompre le témoignage, mais je veux quand même mentionner que c'est une étude sur l'eau.
Je comprends, grand chef Bonspille, que vous avez des problèmes très précis. Dans ma circonscription, il y a deux communautés autochtones. Quand il y a des problèmes, nous travaillons avec le gouvernement pour les régler, plutôt qu'avec les comités.
Cela étant dit, je serai heureuse de vous aider dans vos démarches auprès de notre gouvernement.
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Oui, et nous avons du mal à répondre à cette question. À l'heure actuelle, nous avons lancé la troisième phase d'une étude sur la contamination qui ne touche rien qui dépasse les normes de contamination du Canada, mais nous souhaitons modifier les normes.
Cependant, nous avons mené d'autres études dans la communauté avec Environnement Québec. Dans ces endroits, on a constaté qu'il y avait beaucoup d'hydrocarbures et de substances cancérogènes dans les produits chimiques présents dans le sol. Cela a un impact non seulement sur l'eau, mais sur la faune et la flore, et cela a un impact sur tout, dans toutes les zones environnantes. Nous avons une très grande zone d'espèces en péril que nous sommes en train — comment dire — de répertorier et de gérer. L'impact ne se limite pas à la forêt, il touche aussi la santé de notre communauté, car celle‑ci n'est pas très loin du site. On peut sentir l'odeur le matin. On peut presque le goûter dans l'air quand on passe par là.
Je me suis rendu sur le site à plusieurs reprises, et c'est insupportable. Nous avons reçu des gens de SAC, du bureau régional du Québec, et ils ne pouvaient même pas le supporter eux-mêmes. Ce site est là. Il fermente. Il pourrit. Nous ne savons pas quelle profondeur les infiltrations atteignent sous la surface. Nous avons des aquifères très importants qui alimentent notre approvisionnement en eau, non seulement par des puits artésiens, mais qui se déversent également dans la rivière des Outaouais.
Ce qui me préoccupe, c'est que l'eau, c'est la vie et que nos politiques doivent tenir compte du fait que c'est la vie et nous devons les renforcer, dans un sens. Lorsque des choses vous donnent la vie, qu'il s'agisse des animaux, de l'eau, des végétaux, vous devriez également imposer des sanctions plus lourdes et plus importantes à ceux qui contaminent et à ceux qui ne respectent pas les politiques environnementales, parce que nous parlons ici, mesdames et messieurs, de la vie et de tout ce qui l'entoure. Nous devons nous en occuper. Nous devons gérer la situation. Pour moi, il n'y a pas d'autre priorité que celle‑là.
Par ailleurs, depuis 1960, notre communauté a servi de dépotoir non seulement pour le site Columbium, le site minier à proximité, mais aussi pour d'autres chantiers comme la 720 et le pont Champlain. La mairesse Plante parle beaucoup de ses stratégies vertes, mais elle jette tous les rebuts de ces infrastructures dans notre cour. Cela ne me réjouit pas du tout.
Notre taux de cancer s'élève maintenant à 1,77 cas par ménage, en moyenne. C'est tout à fait inacceptable. Nos concitoyens tombent comme des mouches à droite et à gauche. Cela dépasse le cadre de G&R. Il y a beaucoup d'autres éléments en jeu ici. Cela dure depuis trop longtemps. Tout le monde était au courant, tant le gouvernement provincial que le gouvernement fédéral, mais c'est maintenant que cela remonte à la surface.
Vos politiques sont faibles. Elles doivent être renforcées. Vos politiques doivent tenir compte de l'aspect humain de la vie et ne pas se contenter d'infliger des amendes, parce que l'argent n'est rien pour certaines sociétés. Nous devons prendre en considération tous les habitants qui vivent le long de la vallée de l'Outaouais, en aval, et tout le long du Saint-Laurent.
Je partage avec M. Clark les préoccupations qu'il a exprimées au sujet de sa population de saumons en Colombie-Britannique. La vie des Premières Nations est tenue pour acquise: « Une fois que nous les aurons tous tués, nous pourrons nous emparer de la terre. » Je sympathise avec M. Clark en ce qui concerne les Premières Nations. Il faut les écouter, car nous détenons la clé du savoir des Premières Nations et nous pouvons vous aider à élaborer vos politiques et à gérer l'avenir.
Cependant, nous devons gérer les sources de la contamination, ce qui comprend et doit comprendre la Ville de Montréal et toutes les municipalités et administrations environnantes qui permettent à ces entreprises de venir ici et de décharger cela sur nous, parce que j'estime que ce n'est rien d'autre que du racisme environnemental.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur Nicholas. C'est une vue d'ensemble très utile.
Je pense que vous faisiez allusion à M. Charlie, qui a témoigné plus tôt au sujet de la situation dans le bassin versant de la Cowichan.
Monsieur Charlie, je voulais vous donner l'occasion de parler de vos observations. Je sais que dans le bassin versant de la Cowichan, de nombreux efforts ont été déployés au fil des ans, tant à l'échelle locale qu'à l'échelle gouvernementale, pour tenter de pallier certains de ces problèmes liés à l'eau.
Pensez-vous que les efforts déployés jusqu'à présent ne sont pas allés assez loin? Pensez-vous que tant que le problème du détournement de l'eau par l'usine de Crofton n'aura pas été réglé de manière constructive, nous ne verrons pas le genre de progrès dont nous avons besoin?
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Bien sûr. Nous mettons en évidence plusieurs exemples de technologies agricoles de précision dans nos pratiques exemplaires des 4B.
Entre autres, il y a le passage de l'épandage d'engrais à la volée à l'épandage en bandes. Nous insérons des bandes d'engrais dans la culture elle-même, dans le sol par le système racinaire, afin d'assurer essentiellement une absorption plus efficace des éléments nutritifs.
Il y a aussi la réduction du chevauchement. Nous utilisons le contrôle des sections et le GPS embarqué pour aider à déterminer où les machines peuvent passer dans le champ afin de réduire les chevauchements. Ainsi, nous réduisons l'accumulation des éléments nutritifs qui seraient alors moins susceptibles de ruisseler en cas de précipitations extrêmes.
Dans un même ordre d'idées, il y a aussi des équipements à taux variable qui peuvent contrôler le taux d'application des engrais. Là encore, il s'agit d'utiliser des capteurs embarqués pour déterminer à quel endroit du champ les éléments nutritifs sont le plus nécessaires afin d'assurer leur application efficace au bon taux. Là encore, cela réduit la quantité des éléments nutritifs excédentaires dans le champ lui-même, de sorte qu'en cas de précipitations extrêmes, il y aura moins de ruissellement.
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Si vous êtes en mesure de nous communiquer le pourcentage d'agriculteurs qui participent au programme et l'objectif en fait de potentiel, je vous en serais reconnaissante. Je pense que c'est un programme très bénéfique pour le secteur agricole, et je sais que son personnel est très dynamique.
Je crois savoir que nous envisageons la compensation dont vous avez parlé aussi, ce qui serait bénéfique, à mon avis.
Lorsque vous parlez du coût, des centaines de milliers de dollars, de l'équipement nécessaire à l'application ciblée d'engrais, pourriez-vous le replacer dans son contexte? Lorsqu'on se contente de citer des chiffres, je trouve qu'il est difficile de les comparer, par exemple, aux autres coûts d'investissement de certaines de ces grandes exploitations ou aux dépenses globales des exploitations agricoles.
Si vous pouviez nous soumettre des données qui montrent le coût de cette adhésion, surtout sur une base amortie au fil du temps, par rapport aux autres coûts encourus par ces grandes exploitations, ce serait également utile.
Vous avez dit que le Fonds pour les technologies propres en agriculture offre déjà une aide financière à cet effet.
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Tout à fait. C'est propre au programme 4B dont je parlais, qui consiste à appliquer la bonne source d'engrais au bon taux, au bon endroit et au bon moment.
Par exemple, vous pouvez prendre une même quantité d'engrais et l'appliquer après une pluie, et vous obtiendrez probablement une réduction des émissions par rapport à l'application avant la pluie. Ainsi, l'augmentation des précipitations entraîne la volatilisation, ce qui augmente, bien sûr, les émissions des engrais.
L'objectif de la méthode d'application est de garantir qu'elle est réellement tributaire des conditions environnementales locales, ainsi que des conditions régionales des sols, afin de tenir compte de ces variations.
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Tout d'abord, j'aimerais dire que je suis reconnaissant de vous voir tous écouter les problèmes de Kanesatake et des municipalités voisines.
Le point principal que j'aimerais transmettre, c'est que le gouvernement fédéral a une obligation fiduciaire à l'égard de la santé et du bien-être de toutes les Premières Nations, Kanesatake y comprise.
L'ancien ministre des Affaires autochtones, , et la m'ont dit aussi que Kanesatake était une priorité. Eh bien, nous n'avons pas du tout été traités comme une priorité.
Nous les avons rencontrés à quelques reprises, et la province et le ministre Lafrenière nous ont accordé plus d'attention que le gouvernement fédéral qui est censé s'occuper de notre bien-être, de notre santé, de nos terres et de nous aider à ces égards, mais il ne l'a pas fait. Il s'en est détourné et s'est tenu à l'écart en essayant de nous faire régler nos propres problèmes. Eh bien, notre problème se situe au sein du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial.