:
Non, je ne pense pas qu'ils soient d'accord.
[Français]
J'aimerais maintenant faire une brève mise à jour. Nous allons préparer un budget de déplacement pour aller en Alberta. Tous les partis sont d'accord pour faire cela pendant une semaine de relâche, plus précisément lors de la semaine du 13 mai. On vous donnera des précisions plus tard.
Madame Pauzé, je vous informe que les tests de son ont été effectués avec grand succès.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à MM. Weir et Schryer, de la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario, ainsi qu'à Mmes Rébecca Pétrin et Gabrielle Roy‑Grégoire, de l'organisme Eau Secours. Il y a également des témoins qui participeront par vidéoconférence: MM. Martyn Clark et Alain Pietroniro, de l'Université de Calgary, ainsi que Mmes Justine Nelson et Miki Eslake, de la Rivershed Society of British Columbia.
[Traduction]
Nous allons maintenant entendre les déclarations préliminaires des témoins. Je vais suivre l'ordre dans lequel leurs noms apparaissent sur ma feuille.
Qui parlera au nom de l'Université de Calgary? Est‑ce M. Clark ou M. Pietroniro?
:
Nous soutenons qu'il existe des possibilités indéniables d'établir une communauté de pratique nationale en matière de protection de l'environnement. Le Canada est le seul pays du G7 à ne pas disposer de capacités coordonnées en matière de prévision des risques liés à l'environnement. Il est donc essentiel d'encourager la collaboration entre les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral, le milieu universitaire et le secteur privé, afin de renforcer la résilience aux changements environnementaux.
La solution proposée permettra aux groupes de recherche et aux groupes opérationnels de tout le Canada de fournir des données, des renseignements, des connaissances et des capacités de prévision uniques en vue d'atténuer les crises liées à l'eau et de mettre en place des mesures d'adaptation à cet égard. Un institut coopératif permettrait de favoriser le développement de capacités de pointe pour faire des prévisions concernant les inondations, les sécheresses, les endroits susceptibles de présenter des problèmes liés à la qualité de l'eau, les incendies de forêt et la santé des écosystèmes.
Nous proposons donc la création d'un institut coopératif canadien pour les prévisions environnementales qui s'inspire de modèles performants comme le programme des instituts coopératifs des États-Unis. Cet institut coopératif servirait de plaque tournante pour l'intégration de la recherche dans les universités, les organismes gouvernementaux et le secteur privé. L'institut coopératif proposé est essentiel pour la production des données, des renseignements et des capacités de prévision indispensables à l'adaptation au changement climatique et à la réduction des risques de catastrophes.
La stratégie proposée décrit les principales transformations nécessaires pour que le Canada devienne un chef de file mondial en matière de prévisions environnementales. Elle préconise l'abandon de l'approche traditionnelle des quais de chargement au profit d'une approche plus stratégique des questions fondamentales en matière de science et d'ingénierie. L'institut coopératif permettra de moderniser l'écosystème des prévisions au Canada afin d'accélérer le transfert des technologies de prévision de l'étape de la recherche à celle de l'exploitation.
Pour y arriver, l'institut coopératif créera un cadre de prévisions computationnel qui servira de système auxiliaire pour les systèmes opérationnels utilisés par Environnement et Changement climatique Canada et les provinces et territoires, ce qui permettra aux scientifiques des communautés de recherche et des communautés opérationnelles de mettre au point et d'évaluer rapidement de nouvelles méthodes de modélisation et de prévision.
L'institut coopératif favorisera également une plus grande collaboration entre les universités, le gouvernement et le secteur privé, notamment en proposant des solutions informatiques partagées, en établissant un cheminement de carrière pour les chercheurs en milieu universitaire et en élaborant des programmes de formation et d'échanges.
Le dernier rapport de l'UNESCO, en 2023, mentionnait que les cas de conflits liés à l'usage de l'eau entre les milieux agricoles et les milieux urbains seront de plus en plus fréquents, et malheureusement, le Canada ne sera pas épargné non plus par ces conflits.
Les cas de pénurie d'eau ont déjà été richement documentés partout au pays. Pas plus tard que ce matin, le site Web du Canada's National Observer mentionnait le cas de l'Alberta.
En tant que représentante d'une organisation qui travaille pour les droits civils, j'aimerais mettre en avant, aujourd'hui, les quatre problèmes auxquels nous sommes régulièrement confrontés en ce qui concerne l'avancement de la gestion responsable de l'eau.
Premièrement, il s'agit d'un problème lié aux lacunes des connaissances. Notre organisation est représentée surtout au Québec, mais nous collaborons beaucoup avec d'autres organisations au pays. On a beaucoup de difficulté à harmoniser les données d'une province à une autre et à avoir suffisamment de données sur la qualité, l'utilisation et le renouvellement de l'eau.
Deuxièmement, les ordres de gouvernement se délèguent des compétences, c'est-à-dire des municipalités aux provinces et des provinces au gouvernement fédéral, et qu'il y a une mauvaise harmonisation dans cette délégation des pouvoirs. Nous constatons un manque de leadership de la part du gouvernement du Canada pour avancer vers les objectifs qu'il s'est fixés auprès de la communauté internationale et des provinces, parce qu'il manque de contrôle et de pouvoir sur les compétences qui sont octroyées à l'échelon provincial.
Troisièmement, il y a toute la question des problèmes liés à l'eau qui ne relèvent d'aucune compétence. Nous faisons souvent face à une déresponsabilisation de la part des ministres et des élus. En fait, les municipalités rejettent la responsabilité sur la province, et la province, sur le fédéral. Je pourrais nommer un cas, ici, dont peut-être certains d'entre vous ont entendu parler. Il s'agit du cas de la communauté de Kanesatake, au nord de Montréal. Depuis plusieurs années déjà, il se joue une partie de ping-pong entre ces différents champs de compétences.
Enfin, nous sommes souvent confrontés à un autre problème: des entités fédérales, implantées dans des provinces, émettent des contaminants dans l'environnement, soit dans l'eau, dans l'air, dans le sol. Celles-ci travaillent de façon solitaire, c'est-à-dire qu'il y a un mauvais arrimage avec les autorités provinciales. On peut penser aux ports, aux aéroports, aux communautés autochtones, qui dépendent beaucoup des compétences fédérales en ce qui a trait à l'approvisionnement en eau potable, entre autres. En règle générale, l'eau potable est une compétence provinciale, sauf dans les communautés autochtones. Il pourrait donc y avoir une meilleure harmonisation à cet égard. On peut aussi mentionner le site d'enfouissement de déchets dangereux qui est en train d'être aménagé au bord de la rivière des Outaouais, qui relève d'une entité fédérale. Ce projet entraînera des conséquences néfastes, des répercussions environnementales majeures sur l'eau, et ce sont les provinces qui devront gérer ces répercussions.
Je voudrais maintenant vous présenter deux pistes de solution que nous proposons.
Tout d'abord, l'annonce de l'Agence canadienne de l'eau a évidemment été reçue très favorablement par notre organisme, parce que nous voyons en cette agence un modèle de leadership du gouvernement canadien. Nous voyons cette agence comme un modèle d'observatoire de l'eau, qui aurait comme mandat de colliger l'information, de mettre en place des programmes d'acquisition de connaissances, de renforcement des capacités des provinces, et d'harmoniser tous les programmes qui sont mis sur pied dans ces provinces pour leur permettre d'aller plus loin. Nous proposons l'adoption de mesures pour surveiller l'atteinte des objectifs, une responsabilité qui serait partagée partout au Canada. Il existe 16 objectifs en matière de développement durable, et l'eau en fait partie, notamment en ce qui concerne la protection des milieux aquatiques à laquelle le Canada s'est engagé. On doit mettre en place des objectifs, des cibles pancanadiennes à atteindre et des mesures pour surveiller l'atteinte de ces objectifs. Cela pourrait très bien se traduire par un modèle d'observatoire par le biais de l'Agence canadienne de l'eau. Il pourrait s'agir aussi d'un type de gouvernance. Nous avons plusieurs modèles en tête, dont le Forum d'action sur l'eau, qui existe au Québec. Il s'agit d'un modèle de gouvernance très inclusif de tous les représentants de la société.
Notre organisme en est un de représentation des droits citoyens. Nous prônons aussi la mise en place d'un réseau pancanadien d'organisations de la société qui permettrait, en grande partie, de mettre en place un réseau d'éducation et de formation bien déployé dans l'ensemble de la population, ainsi qu'une meilleure communication entre les différents gouvernements et les communautés citoyennes. Ce réseau permettrait aussi de renforcer et d'appuyer le progrès du Canada dans l'atteinte de ses objectifs à l'échelle provinciale, parce qu'on le sait, les citoyens ont un rôle à jouer dans la représentation politique auprès de leurs élus locaux.
C'est ainsi que se termine notre présentation, monsieur le président.
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Bonjour, monsieur le président et membres du Comité. Au nom de la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario, ou l'OFAH, j'aimerais vous remercier de nous avoir invités à parler de l'importance de l'eau douce.
L'OFAH est le plus grand organisme sans but lucratif de l'Ontario axé sur la conservation du poisson et de la faune. Il représente 100 000 membres, abonnés et sympathisants, et 725 clubs membres. Il s'efforce d'assurer la protection de notre patrimoine de plein air et il encourage une participation sécuritaire et responsable à des activités telles que la pêche et la chasse. Il se fait aussi le champion de la conservation des ressources halieutiques et fauniques de l'Ontario.
Notre intérêt pour la gestion de l'eau douce, la conservation des habitats aquatiques et la menace constante des espèces aquatiques envahissantes est particulièrement pertinent pour l'étude menée actuellement par votre comité. Notre équipe de biologistes et de personnel spécialisé effectue des analyses techniques et répond aux politiques, aux règlements et aux lois relatifs à l'environnement et à la pêche au niveau provincial et fédéral. Nous coordonnons également plusieurs programmes axés sur la conservation des pêches.
Lors de notre dernière comparution devant le Comité, nous avons souligné certaines des initiatives en matière de conservation auxquelles participe notre organisme, comme le Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes de l'Ontario, grâce auquel nous sensibilisons le public aux espèces aquatiques envahissantes, nous abordons la question des voies d'entrée à haut risque et nous facilitons la surveillance et la détection précoce.
Nous gérons également le Programme de réintroduction du saumon de l’Atlantique dans le lac Ontario et le programme des écloseries communautaires.
Aujourd'hui, j'aimerais profiter de l'occasion pour parler de la Loi sur les ressources en eau du Canada et de l'Agence canadienne de l'eau et de leurs liens avec notre organisme et ses membres.
D'après ce que nous comprenons, la Loi et l'Agence visent à assurer la gestion des ressources aquatiques par l'entremise de la recherche et de programmes axés, entre autres, sur la conservation et l'utilisation des ressources en eau. Cependant, nous nous posons aussi certaines questions. Quels sont les meilleurs moyens d'assurer la propreté et la bonne gestion de ressources hydriques? Quelles sont les possibilités d'améliorer, de restaurer et de protéger ces précieuses ressources?
Nos expériences nous ont appris qu'il est important de rapprocher les gens de la nature par l'entremise de la pêche et de la chasse, car ces activités mettent en valeur les ressources naturelles. Cela favorise ensuite la bonne gestion, qui à son tour protège les espèces et leurs habitats. Même si l'accent est souvent mis sur l'amélioration de la qualité de l'eau en vue d'avoir de l'eau potable et des plages propres — des choses manifestement très importantes —, nous estimons que la priorisation de la pêche récréative est une excellente occasion de s'attaquer aux problèmes et aux défis liés à l'eau.
Une pêche saine et durable est synonyme de ressources hydriques propres. Ces deux notions vont de pair. En se concentrant sur la pêche récréative, il sera donc possible d'atteindre la plupart, voire la totalité, des objectifs en matière de salubrité et de qualité de l'eau. La pêche contribue aux besoins alimentaires et au bien-être social, économique et culturel des membres des collectivités de tout le Canada. Par conséquent, le fait de soutenir près de 3 millions de pêcheurs sportifs au Canada, qui dépensent près de 19 milliards de dollars par année, et d'exploiter les possibilités dans ce domaine ne pourra que contribuer à la conservation des ressources hydriques, aujourd'hui et à l'avenir.
Il est nécessaire de redynamiser un programme semblable au Programme de partenariats relatifs à la conservation des pêches récréatives afin de restaurer, de rétablir et d'assainir l'habitat pour la pêche récréative au Canada. On peut y parvenir en accordant des fonds aux groupes de pêche récréative et aux organismes de conservation comme la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario pour qu'ils entreprennent des projets qui soutiennent ces objectifs. Les investissements dans les infrastructures de mise à l'eau, l'amélioration des aires de stationnement et la construction de stations de lavage des bateaux contribueront directement à faire participer les Canadiens à la vie en plein air, à créer des liens durables et enrichissants avec la nature et à obtenir des résultats économiques positifs.
L'OFAH a mis en place son propre programme de bourses de recherche pour les étudiants, qui est mis à l'essai cette année, et dans le cadre duquel des accords de financement à plus long terme seront offerts aux étudiants pour qu'ils puissent terminer leurs travaux d'études supérieures dans le cadre de projets de recherche axés sur le poisson et la faune. En 2022, nous avons également créé notre fonds de conservation communautaire pour appuyer diverses initiatives, notamment des projets de conservation du poisson et de la faune, de restauration et de protection de l'habitat et d'atténuation des espèces envahissantes.
À l'échelle nationale, l'Agence canadienne de l'eau devrait rechercher des occasions semblables en investissant dans la recherche axée sur la pêche récréative, en créant des mécanismes de financement pour soutenir les actions communautaires à l'échelle locale et en encourageant les Canadiens à participer à la prévention et à la gestion des espèces aquatiques envahissantes.
Les poissons et la pêche sont des éléments concrets. Ce sont des choses auxquelles la plupart des Canadiens peuvent s'identifier, car elles favorisent l'adoption d'un mode de vie sain, le goût de profiter de la nature et des activités de plein air, ainsi qu'un sentiment de responsabilité à l'égard des ressources terrestres et aquatiques.
Nous avons très hâte de travailler avec le gouvernement fédéral et l'Agence canadienne de l'eau pour trouver les meilleures façons d'assurer la protection, la salubrité et la bonne gestion de nos eaux en mettant l'accent sur la pêche récréative au Canada.
Nous vous remercions de votre temps.
:
Bonjour tout le monde. Nous vous remercions de nous donner l'occasion de participer à cette importante étude sur l'eau douce.
Je me joins à vous aujourd'hui depuis le territoire traditionnel des peuples des Musqueam, des Squamish et des Tsleil-Waututh à Vancouver, en Colombie-Britannique.
Je m'appelle Miki Eslake. Je suis coordonnatrice de programmes à la Rivershed Society of British Columbia et je suis ici aujourd'hui avec la directrice de l'organisme, Mme Justine Nelson.
En 1996, après avoir nagé tout le long du fleuve Fraser, Fin Donnelly a fondé la Rivershed Society. Son objectif était de faire prendre conscience du rôle essentiel que joue le fleuve Fraser pour soutenir le saumon, les populations et l'économie.
Notre vision est ambitieuse. Nous voulons que le fleuve Fraser soit un bassin hydrographique résilient dans lequel prospèrent les saumons, les populations et les économies.
Le fleuve Fraser est véritablement le coeur et l'âme de la Colombie-Britannique et son bassin hydrographique est la pierre angulaire de notre vitalité écologique, culturelle et économique. Mais aujourd'hui, il fait face à des défis importants.
L'un de ces défis est la diminution inquiétante du nombre de saumons qui remontent le fleuve Fraser. Habituellement, 50 millions de saumons rouges remontent le fleuve chaque année. Toutefois, même si 2022 était une année dominante, seulement 5,5 millions de saumons ont remonté le fleuve. Les saumons représentent à la fois un élément essentiel d'un bassin hydrographique sain et un indicateur fondamental de la santé de ce bassin. Il est donc important de prendre cette diminution au sérieux.
La crise climatique est en réalité une crise de l'eau, et des bassins hydrographiques sains jouent un rôle essentiel en fournissant des défenses naturelles contre les effets du changement climatique, notamment les sécheresses, les incendies de forêt et les inondations.
Pour promouvoir efficacement le dossier de l'eau douce au Canada, le gouvernement doit respecter son engagement d'investir un milliard de dollars dans le Plan d'action sur l'eau douce. Cet investissement doit soutenir les bassins hydrographiques tels que celui du fleuve Fraser et accorder la priorité aux démarches menées en collaboration avec les peuples autochtones.
Le bassin hydrographique du fleuve Fraser est un bassin prioritaire selon le gouvernement, mais les fonds alloués dans le cadre du Plan d'action sur l'eau douce ont été dépensés de manière disproportionnée ailleurs, ce qui a laissé le bassin hydrographique du fleuve Fraser dans une situation de sous-financement et de vulnérabilité.
Les collectivités environnantes sont toujours aux prises avec les conséquences de la saison des feux de forêt dévastateurs de 2023. De nombreuses régions du bassin hydrographique connaissent toujours de graves conditions de sécheresse et certaines d'entre elles font en même temps l'objet d'une surveillance des crues.
M. Wayne Salewski, qui est membre du conseil d'administration de notre organisme et qui représente la région de Nechako, a insisté sur le fait que la sécheresse persistante et les incendies dévastateurs ont asséché des cours d'eau salmonicoles d'une importance primordiale pour les efforts de rétablissement du saumon dans toute la région.
Nous savons que ces phénomènes météorologiques extrêmes ne sont pas des anomalies et qu'il faut s'attendre à ce qu'ils se produisent plus fréquemment en raison du changement climatique.
Je vais laisser le reste du temps imparti à Mme Nelson.
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Je vous remercie, madame Eslake.
La Rivershed Society participe activement à la coalition sur la protection des bassins hydrographiques en Colombie- Britannique en préconisant la création d'un fonds de protection des bassins hydrographiques de cette province. En mars 2023, la table ronde sur l’eau des Premières Nations de la Colombie-Britannique a annoncé l'élaboration conjointe d'une stratégie et d'un fonds de protection des bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique, avec un investissement initial de 100 millions de dollars.
C'était un excellent début, mais un fonds de dotation de 100 millions de dollars ne générera que 5 millions de dollars par année pour des projets. C'est très loin de ce qui est nécessaire pour protéger les bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique. Ce fonds doit être au moins 10 fois plus important.
Le fonds de protection des bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique a besoin d'un soutien fédéral substantiel pour atteindre son plein potentiel et pour répondre adéquatement aux défis auxquels sont exposés les bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique, y compris celui du fleuve Fraser.
Nous demandons donc au Comité de recommander au gouvernement du Canada d'investir 400 millions de dollars dans le fonds de protection des bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique et de respecter son engagement de faire un investissement historique d'un milliard de dollars dans le Plan d'action sur l'eau douce.
Ces investissements pourraient aider à relever des défis immédiats, tout en favorisant l'atténuation du changement climatique, la réconciliation et le développement économique durable.
Il ne suffit plus d'allouer des fonds pour faire face aux conséquences immédiates d'une catastrophe naturelle. Il est maintenant impératif de s'attaquer de manière proactive aux causes profondes de tels événements avant que nos bassins hydrographiques ne connaissent des niveaux de sécheresse et de perte d'habitat dont ils ne pourront pas se remettre.
Il est encore possible d'adopter cette approche proactive dans le bassin hydrographique du fleuve Fraser. En effet, le fonds de protection des bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique nous donne l'occasion de nous attaquer de manière proactive aux catastrophes et de briser le cycle qui consiste à se contenter de réagir à ces événements. Il nous permettra d'anticiper les crises et d'investir dans la résilience et la prévention.
Le bassin hydrographique du fleuve Fraser souligne l'urgence de faire cette transition d'une approche réactive à une approche proactive, afin de protéger nos écosystèmes, nos collectivités et nos économies à long terme.
Nous vous remercions de votre temps.
:
Merci à tous de nous accueillir.
J'estime que le gouvernement fédéral a un rôle clé à jouer dans la protection de nos écosystèmes aquatiques contre les espèces aquatiques envahissantes et les espèces terrestres envahissantes. En ce qui concerne les eaux douces, le ministère des Pêches et des Océans, l'entité fédérale régissant nos activités, a pour objectif de prévenir l'introduction d'espèces aquatiques envahissantes, de réagir rapidement lorsque de nouvelles espèces semblables sont détectées et de contrôler la propagation de celles que l'on retrouve déjà chez nous.
Les espèces aquatiques envahissantes et les espèces terrestres envahissantes ont des effets extrêmement néfastes partout au pays. Selon les estimations d'Environnement et Changement climatique Canada, la présence de 16 espèces envahissantes nous coûte entre 13 et 39 milliards de dollars par année. Il faut ainsi investir des sommes colossales à même les fonds publics au titre notamment des mesures de contrôle et d'intervention requises, des pertes de valeur des propriétés, des répercussions sur les écosystèmes, des services écosystémiques et de la protection des espèces indigènes.
Nous avons besoin de ce soutien de la part du gouvernement fédéral. Celui‑ci doit financer des programmes comme le Fonds de prévention des espèces aquatiques envahissantes qui ne reçoit actuellement qu'environ 10 millions de dollars par année. C'est pourtant le principal mécanisme à notre disposition pour le contrôle d'espèces qui entraînent annuellement des coûts de l'ordre de 10 à 30 milliards de dollars. Il est absolument essentiel que nous financions mieux les efforts déployés à ce chapitre, surtout à l'échelon fédéral.
:
Certainement. Merci pour cette question.
Comme je l'ai indiqué, nous collaborons avec la BC Watershed Security Coalition, qui travaille à la création d'un fonds durable pour la sécurité des bassins hydrographiques, car des bassins hydrographiques sains et résilients se traduisent par de l'eau potable en plus grande quantité, des populations de poissons florissantes et des économies locales fortes. Vous entendrez d'ailleurs les représentants de la Coalition au cours de votre prochaine heure de séance.
Notre société agit sur deux volets pour réagir au changement climatique et gérer les autres répercussions sur le bassin versant du Fraser. Je parle ici de notre programme visant le rétablissement des terres agricoles ainsi que du tableau de bord de prise en charge du bassin hydrographique via le continuum connexion-protection-rétablissement.
Notre programme de remise en état des terres agricoles favorise la santé des écosystèmes et renforce la résilience climatique grâce à des efforts de collaboration dans l'ensemble du bassin hydrographique du Fraser. Il coalise des communautés des Premières Nations, des propriétaires de terres agricoles et d'autres intervenants afin de créer des corridors de rétablissement des terres privées tout le long du bassin versant du Fraser. Cette approche de collaboration permet d'intégrer les connaissances et les langues traditionnelles, en mettant l'accent sur l'importance de l'intendance des Premières Nations pour la remise en état des habitats et le renforcement de la résilience.
Notre autre projet, le tableau de bord de prise en charge du bassin hydrographique via le continuum connexion-protection-rétablissement, nous permet de constater visuellement les résultats des efforts de protection et de rétablissement dans tout le bassin versant du Fraser. Cette façon de faire facilite la collaboration entre les intervenants, contribue au renforcement de la résilience du bassin hydrographique du Fraser et encourage le soutien public et les investissements à cette fin.
Ces deux programmes favorisent la santé des écosystèmes, soutiennent les efforts d'intendance et renforcent la résilience des collectivités face aux répercussions du changement climatique. Ce ne sont que deux programmes parmi tant d'autres visant la mise en place des mesures de prévention nécessaires dans le bassin hydrographique du Fraser et partout en Colombie-Britannique.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames, messieurs, soyez les bienvenus à votre Parlement.
Mes questions s'adresseront à Mme Pétrin et Mme Roy‑Grégoire.
C'est très agréable de vous entendre, et je suis très heureux de votre témoignage. Avant de passer aux questions, je tiens à souligner que vous avez fait état de la catastrophe qui se passe actuellement à Kanesatake. Cela nous rappelle que le grand chef est venu témoigner à ce comité. Nous saluons la dignité et le courage avec lesquels il fait face à cette situation, qui est troublante pour sa communauté, mais qui a aussi des conséquences pour bien des gens autour. Ce n'est pas une question autochtone, mais une question de santé publique. Nous sommes tous concernés par cela. Je vous remercie de l'avoir souligné.
Dans votre témoignage, vous avez également évoqué le fait que, souvent, la ville rejette la responsabilité d'un problème sur la province, la province la rejette sur le fédéral, et le fédéral la rejette à son tour.
Pouvez-vous me donner un exemple de ce qui fonctionne bien? De quoi pourrait-on s'inspirer pour avoir des relations entre les municipalités, les provinces et le fédéral qui vont bien et dans lesquelles il n'y a pas d'empiétement?
:
Il s'agit d'une question piège, monsieur Deltell.
Plusieurs modèles fonctionnent bien, notamment ceux utilisés par les gouvernements municipaux et provinciaux, qui ont davantage l'habitude de collaborer. Au Québec, il y a eu l'adoption de la Stratégie québécoise d'économie d'eau potable; il s'agit d'un exemple de loi avec laquelle nous travaillons beaucoup. De prime abord, ce sont les municipalités qui ont eu le devoir de mettre en place la Stratégie. Après la collecte de données par la province, celles-ci ont été transmises à tous les utilisateurs. Dès lors, le Forum d'action sur l'eau a pu déployer des plans d'action.
Quand une stratégie est élaborée de concert avec les différents paliers de gouvernement et que tout le monde s'entend sur les objectifs à atteindre, une collaboration s'installe et les choses vont bien. Je dois admettre que, depuis deux ans, nous travaillons avec le gouvernement et les municipalités pour atteindre les objectifs à cet égard. Cela a mené à des projets de développement d'infrastructures vertes, par exemple, pour réduire la quantité d'eau qui se retrouve dans les égouts. Cela a également mené à des investissements supplémentaires, afin que les municipalités puissent mettre à niveau leurs infrastructures publiques et réduire les pertes d'eau des aqueducs.
À partir du moment où les provinces et les municipalités ciblent les mêmes priorités, les fonds sont attribués et on peut mettre en œuvre des solutions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins.
Je vais adresser mes questions à M. Clark et à M. Pietroniro.
Comme vous l'avez indiqué, l'Agence canadienne de l'eau pourrait contribuer aux efforts de modélisation. À Calgary, l'eau provient de la rivière Bow qui est alimentée par des glaciers qui sont en train de fondre. Il y a des sécheresses dans le sud de l'Alberta. Il y a la rivière Saskatchewan Nord et la rivière Saskatchewan Sud qui se déversent dans le lac Manitoba et le lac Winnipeg, où il y a des barrages hydroélectriques, qui ont aussi besoin d'eau. Dans les Prairies, nous avons besoin d'eau pour nous nourrir. Nous en avons également besoin pour les municipalités et pour l'hydroélectricité. Tous ces éléments sont vraiment menacés.
Pour ce qui est de l'eau en tant que telle, il y a les eaux de surface, qui peuvent être mouvantes ou stagnantes. Nous connaissons bien les lacs, les rivières et les ruisseaux. Nous avons également des sources souterraines, comme celles qui alimentent Guelph en eau, que nous ne voyons pas. Il y a aussi l'eau atmosphérique. Lorsque vous faites de la modélisation et que vous examinez les changements dans l'atmosphère, les nuages et les modèles de précipitations, les choses se compliquent très rapidement. Il ne faut pas penser seulement aux rivières et aux ruisseaux.
Pourriez-vous nous dire à quel point il est à la fois nécessaire et complexe de combiner toutes les données scientifiques à ce sujet pour l'ensemble du pays comme à l'échelle internationale?
Madame Pétrin, je vous remercie d'être ici.
Moi aussi, j'ai des préoccupations par rapport à Chalk River. Ma circonscription est juste en face, du côté du Québec. La municipalité de Rapides‑des‑Joachims est située tout près.
Je partage grandement votre frustration sur le manque de solutions de rechange. Certes, la commission indépendante a écouté des experts de partout au Canada et d'ailleurs dans le monde pendant des années. Elle a rendu une décision selon laquelle le projet, qui était le seul à avoir été déposé, était sécuritaire pour l'environnement et les vies humaines. Cependant, on n'a pas eu la chance de faire des consultations pour voir s'il y avait des solutions plus adéquates.
Je sais que si on amène les déchets radioactifs plus loin de la rivière, ils risquent de s'infiltrer dans les eaux souterraines, alors que le site choisi se trouve sur une crête rocheuse. Cependant, la première préoccupation des gens de ma circonscription est que, en ce moment, les déchets sont sur le bord de la rivière, sous forme de bâtiments anciens qui contenaient des réacteurs nucléaires. Tous ces bâtiments, qui sont impressionnants, doivent être démolis, et les déchets dont on parle doivent être sécurisés.
Qu'arrivera-t-il si ce projet ne va pas de l'avant? Laissera-t-on les déchets où ils sont, sur le bord de la rivière, sur un site vulnérable aux feux de forêt, aux tornades et aux tremblements de terre? Quelle serait la solution? Quand vous dites qu'il ne faut pas que ce projet se concrétise, j'espère que vous ne suggérez pas de laisser les déchets là.
Je sais qu'une membrane les protège actuellement, mais ce n'est pas une solution permanente. C'est ce qui préoccupe les gens.
:
Nous ne demandons certainement pas que les déchets soient laissés comme cela. Je ne me substituerai pas aux experts, qui ont probablement des solutions temporaires à proposer. Je ne suis pas une spécialiste de ce sujet.
Une chose est certaine: nous avons suivi des groupes de citoyens et des experts issus de la société civile qui se sont penchés sur le projet. Dès les premières discussions sur ce projet, ils demandaient déjà que différents scénarios soient évalués.
Le problème est qu'il est maintenant minuit moins une. Devant l'urgence, le projet a été accepté, sauf qu'il faut se souvenir que les citoyens étaient déjà alarmés du manque de solutions de remplacement dès le début des discussions sur ce projet.
Il faudrait donc revoir la façon dont fonctionne la Commission canadienne de sûreté nucléaire, parce que le public en amont du projet n'a pas été suffisamment consulté. Comme vous l'avez dit, le seul projet évalué a été autorisé. Comment se fait-il qu'il n'y a pas de toit? Comment se fait-il que toutes les eaux de pluie vont devoir passer par une unité de traitement?
Beaucoup de choses ont été décriées au départ, mais n'ont pas fait l'objet d'une solution.
C'est un honneur d'être ici en tant que professeur de l'Université de la Saskatchewan qui fait son travail sur les terres visées par le Traité no 6 et le Traité no 7, le lieu de résidence des Métis. Nous leur rendons hommage.
Je représente ici plus de 200 professeurs de 23 universités du Canada, plus de 534 collaborateurs et plus de 2 000 chercheurs et étudiants qui trouvent des solutions à nos problèmes d'eau grâce à leurs travaux au sein de Global Water Futures, une étude financée par le gouvernement fédéral. C'est la plus importante au monde, et elle est dirigée par des universités, les plus productives au monde sur le plan scientifique, et c'est au Canada. C'est financé par le fonds d'excellence en recherche Apogée Canada. Nous redoublons actuellement d'efforts. Nous procédons aux observations à l'aide du programme d'observatoires de Global Water Futures, qui est financé en partie par la Fondation canadienne pour l'innovation.
Je veux souligner la contribution aux modèles des professeurs Clark et Pietroniro. Ils ont été d'importants leaders du programme de modélisation dans le cadre du programme Global Water Futures et ils ont fait de formidables percées qui sont utilisées partout dans le monde en ce qui concerne l'eau et les prédictions environnementales.
Je veux revenir un peu en arrière. J'ai été scientifique à Environnement Canada le siècle dernier. En 1996, on m'a demandé de travailler avec d'autres scientifiques au ministère pour résumer les répercussions des changements climatiques sur l'eau douce au Canada — exactement la question qu'on m'a demandé d'aborder ici.
J'ai trouvé mes diapositives l'autre jour. Elles sont un peu dépassées. Tout ce que nous disions ne s'était pas encore produit, mais ce n'est plus le cas maintenant, car nous voyons les inondations, les sécheresses qui empirent, la perte des glaciers, la perte du manteau neigeux et de la glace sur les lacs, la prolifération d'algues, la contamination de l'eau et d'autres problèmes. Nous voyons tout cela. Je suppose que la leçon, c'est que la science peut être utile.
Il y a plus de 25 ans, on avait une bonne idée de ce qui allait se produire si nous ne faisions rien. Nous devons maintenant passer à l'action. L'année 2023 a été la plus chaude sur la planète depuis le commencement des mesures — et peut-être en 120 000 ans, c'est‑à‑dire la majeure partie de l'histoire de l'humanité.
Au Canada, la fonte de la neige et de la glace a dégelé le pergélisol, a brûlé nos forêts et a intensifié l'écoulement des eaux sur les terres. Les inondations et les sécheresses ont empiré. Les espèces dans notre pays et notre environnement naturel n'ont jamais évolué à un tel rythme. Cela nous précipite dans un monde dangereux et inconnu où notre expérience et nos approches traditionnelles ne nous orientent plus adéquatement.
Le Canada a subi un nombre sans précédent de catastrophes naturelles liées à l'eau. D'après mes estimations, je dirais que cela nous a coûté plus de 40 milliards de dollars depuis le début du siècle. Pire encore, je crois que ces catastrophes liées à l'eau ont fait en sorte que les Canadiens n'ont plus confiance dans leur gouvernement pour gérer leurs eaux de manière compétente.
La communauté internationale est préoccupée par ces changements. Les Nations unies ont instauré une année internationale de préservation des glaciers, pendant laquelle on observe la perte de neige et de glace partout dans le monde. De toute évidence, c'est très important pour les eaux du Canada.
En 2023, l'absence de neige a mené aux incendies de forêt, à la sécheresse dans les Prairies, aux pénuries d'hydroélectricité et maintenant à l'épuisement des eaux souterraines et à une consommation restreinte endémique de l'eau pour des municipalités de partout au pays, de la Colombie-Britannique au Labrador, en passant par les Prairies et l'Arctique.
La sécheresse cette année est alarmante. J'exploite des stations d'observation dans les Rocheuses canadiennes. Le manteau neigeux est 70 % moins important que la moyenne. L'année dernière, nous avons observé une fonte record des glaciers. Les niveaux des eaux souterraines n'ont jamais été aussi faibles que maintenant. Les réservoirs d'eau dans les Rocheuses sont cinq mètres moins élevés qu'ils devraient l'être à cette période‑ci de l'année, et le niveau de certains réservoirs est si bas que les municipalités ne peuvent pas en retirer de l'eau au moyen de leur canalisation et doivent plutôt la transporter par camions vers le sud de l'Alberta.
Le lac Diefenbaker dans le Sud de la Saskatchewan, qui fournit de l'eau à 70 % de la population, n'a reçu que 28 % de son apport normal l'année dernière, ce qui est tout à fait sans précédent.
Nous devons faire mieux en ce qui concerne l'eau douce. Nous avons besoin de leadership quant à la façon de gérer ces changements climatiques et les répercussions des sécheresses.
Voici une liste de choses à prendre en considération:
Il nous faut une coordination nationale, de nouveaux investissements et de nouvelles technologies — comme celle sur les prédictions environnementales dont j'ai parlé — pour aider à prédire les inondations, la qualité de l'eau et les sécheresses ainsi que pour déterminer quelles sont les propriétés et les infrastructures à risque.
Nous devons cerner les vulnérabilités des collectivités et mettre l'accent sur leur atténuation, pas seulement sur les dommages causés par les inondations. Ce n'est pas uniquement une question d'argent; c'est la vie des gens.
Nous devons intégrer notre planification sur les bassins fluviaux — chose que nous ne faisons pas au pays — pour contribuer à l'atténuation et à l'adaptation en matière de catastrophes, au rétablissement après les inondations et les sécheresses, à la réduction de la pollution, aux affectations transfrontalières, à notre relation avec les Américains en ce qui a trait à l'eau et à l'utilisation d'infrastructure naturelle, comme les lacs, les terres humides et les forêts.
Nous avons besoin de la recherche de pointe et de la capacité scientifique pour prendre des décisions judicieuses relativement aux eaux et pour établir des systèmes de gestion des prédictions liées à l'eau afin d'appuyer notre prise de décisions et de savoir à l'avance ce qui va se produire.
Merci de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui alors que nous discutons de l'étude sur les eaux douces dans le contexte des changements climatiques.
Je m'appelle Coree Tull. Je suis coprésidente de la BC Watershed Security Coalition, une coalition non partisane qui représente 50 organisations et 255 000 Britanno-Colombiens de tous les coins de la province.
Partout au Canada, la santé des bassins hydrographiques est essentielle à la santé humaine, à la sécurité, à la prospérité et à la réconciliation.
Aujourd'hui, je me joins à vous à partir du bassin hydrographique urbain de China Creek, qui se trouve sur le territoire traditionnel non cédé des Premières Nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, du groupe des Salishs du littoral.
La crise climatique est une crise de l'eau. Aux quatre coins du pays, des collectivités sont en première ligne d'un cycle incessant de catastrophes climatiques. Des sécheresses aux incendies et aux inondations, les changements climatiques exigent de toute urgence notre attention, notre intervention et un leadership pour anticiper ces crises.
Les rivières et les lacs de la Colombie-Britannique sont essentiels pour nos économies locales, la production d'aliments, l'eau potable, le saumon sauvage ainsi que pour l'exercice des droits autochtones et la culture autochtone. Les bassins hydrographiques sont une infrastructure de la nature.
Cependant, ceux de la Colombie-Britannique sont affaiblis par les activités humaines sur les terres, ce qui nous rend encore beaucoup plus vulnérables face aux inondations, aux sécheresses et aux incendies alimentés par les changements climatiques.
À l'heure actuelle, la Colombie-Britannique traverse une sécheresse pluriannuelle. Le ministère provincial de la Gestion des urgences a comparé cette catastrophe à un géant qui dort. Partout dans la province, des collectivités ont été touchées par la sécheresse et les incendies de forêt qui ont suivi l'été dernier, et huit bassins fluviaux traversent encore une sécheresse de niveau 4 ou 5. Cela signifie que les répercussions socioéconomiques et écosystémiques négatives sont probables ou presque certaines.
Selon l'évaluation des risques liés au climat de la province, les pertes économiques vont dépasser 1 milliard de dollars par année à cause des pénuries d'eau à long terme.
Le mois de janvier a été inhabituellement chaud partout dans la province et marqué par des quantités de pluie minimes dans certaines régions et par des précipitations excessives qui seraient habituellement sous forme de neige dans d'autres régions. C'est ce qu'on voit actuellement dans certaines parties du Sud de la Colombie-Britannique, ce qui s'accompagne d'un risque plus élevé d'inondations et d'état d'urgence local. À l'heure actuelle, le manteau neigeux hivernal, qui correspond en moyenne à environ 56 % de ce qu'il est normalement dans la province à cause des faibles chutes de neige, indique qu'il y aura une autre année difficile d'inondations, de sécheresses et d'incendies de forêt, avec des répercussions plus importantes que ce que nous avons vu jusqu'à maintenant.
Pour la deuxième année de suite, le Canada a dépassé la barre des 3 milliards de dollars de dommages assurés attribuables aux catastrophes naturelles. Les coûts du climat continueront de croître à moins que nous changions notre approche.
L'Institut international du développement durable souligne que les infrastructures naturelles comme les forêts et les terres humides, qui sont des éléments essentiels de nos bassins hydrographiques, offrent des services qui coûtent moins cher que l'infrastructure traditionnelle construite. Ces défenses naturelles coûtent moins cher à construire, et leur entretien est également plus rentable. De plus, leur valeur augmente avec le temps.
L'Institut climatique du Canada estime que chaque dollar dépensé pour prendre des mesures d'adaptation peut se traduire par des économies de 13 à 15 $, si l'on tient compte des avantages directs et indirects sur l'ensemble de l'économie.
Il n'y a plus d'excuses. Les changements climatiques sont ici. Nous devons changer de cap de toute urgence en passant de la gestion réactive des crises à des investissements proactifs.
Les Britanno-Colombiens et tous les autres Canadiens doivent voir leur gouvernement fédéral prendre des mesures audacieuses et décisives. Ils doivent voir des investissements dans la sécurité de leurs bassins hydrographiques en tant qu'infrastructure centrale pour assurer la sécurité de leurs collectivités.
Je demande aujourd'hui au Comité de recommander dans son rapport final que le gouvernement fédéral investisse 400 millions de dollars dans le fonds pour la sécurité des bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique, qui est élaboré conjointement avec les Premières Nations.
Cet investissement est essentiel pour obtenir des résultats à long terme sur le terrain et pour appuyer des partenariats dans le but de prendre de meilleures décisions. C'est aussi une nouvelle façon de travailler avec les Premières Nations qui pourrait servir de modèle pour le reste du pays.
Je vous demande aussi de recommander que le gouvernement fédéral remplisse son engagement d'investir 1 milliard de dollars dans le Plan d'action sur l'eau douce.
Les rapports fédéraux révèlent une disparité de longue date en matière d'investissements dans les eaux douces, alors que la Colombie-Britannique ne reçoit aucun financement direct dans le cadre de différents plans d'action en la matière depuis 20 ans. Cet écart a été mis en évidence lors de la récente annonce de financement dans le cadre du Plan d'action sur l'eau douce. Une fois de plus, la province ne figure pas sur la liste des priorités de financement.
Il est temps de résoudre ces inégalités régionales.
Les bassins hydrographiques en santé réduisent non seulement les risques pour la santé et la sécurité des collectivités, mais atténuent également les répercussions climatiques sur des secteurs de l'économie comme l'agriculture, l'eau douce, le tourisme, les brasseries, les pâtes et papiers ainsi que le pétrole et le gaz.
De plus, les investissements dans les eaux douces et les bassins hydrographiques créent à l'échelle locale d'importantes possibilités d'emploi ainsi que des avantages économiques. Des études économiques récentes montrent que le secteur des bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique offre plus de 47 000 emplois et apporte 5 milliards de dollars au PIB grâce aux activités de restauration et de surveillance, aux technologies et à la gestion urbaine et industrielle des eaux.
Je félicite le Comité d'étudier cette question cruciale. En accordant la priorité à ces investissements essentiels, nous allons renforcer la résilience dans les collectivités et prédire les catastrophes avant qu'elles se produisent.
Je suis impatiente de poursuivre cette discussion avec vous et de répondre aux questions que vous pourriez avoir.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président et honorables membres du Comité, de m'avoir invitée à comparaître et à prendre la parole aujourd'hui. Je tiens à souligner que je travaille aujourd'hui sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine.
Je m'appelle Jill Baker. Je suis vice-présidente des affaires réglementaires et des politiques à l'Association nucléaire canadienne, aussi appelée ANC. Je suis accompagnée aujourd'hui de notre directeur des affaires réglementaires, Sorouche Mirmiran, qui se joindra au besoin à la discussion pendant la période de questions.
À titre d'information, l'ANC représente les entreprises d'énergie nucléaire propre qui sont responsables de la production d'énergie nucléaire, principalement en Ontario et au Nouveau-Brunswick, ainsi que la chaîne d'approvisionnement qui soutient l'industrie. Nous comptons environ 100 membres à l'échelle du pays. Nous représentons également le cycle canadien du combustible d'uranium, y compris des producteurs d'uranium de calibre mondial et à la fine pointe de la technologie en Saskatchewan et des installations de transformation en Ontario.
L'Association représente également des industries qui produisent et utilisent d'importantes substances nucléaires à des fins industrielles partout au Canada, ainsi que pour la production et l'utilisation d'isotopes médicaux qui sauvent des vies. Notre association vise à promouvoir le leadership mondial du Canada en matière de science nucléaire et d'innovations technologiques. À l'heure actuelle, l'industrie emploie directement et indirectement plus de 76 000 personnes au Canada, et ce nombre ne cesse de croître.
Nous voulons profiter de l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui pour attirer votre attention sur l'importance du secteur nucléaire dans le contexte des changements climatiques et pour vous faire part de notre position, à un très haut niveau, sur l'importance de l'eau.
L'étude entreprise par le Comité sur l'eau douce et les répercussions des changements climatiques sur cette ressource cruciale est à la fois très opportune et importante. La protection durable des ressources en eau douce du Canada est un devoir que nous partageons tous, tant les particuliers et les gouvernements que les associations comme la nôtre. Nos membres ont à cœur la santé du public et la protection de l'environnement, y compris la protection durable des eaux douces face aux changements climatiques et aux pressions qu'ils exercent sur l'environnement.
Aujourd'hui, j'aimerais vous faire part très brièvement de la position de l'industrie nucléaire et des membres de l'ANC en matière d'eau douce et de durabilité.
L'industrie nucléaire canadienne est réglementée à l'échelle fédérale par notre organisme de réglementation du cycle de vie, par la Commission canadienne de sûreté nucléaire, par Pêches et Océans Canada et par Environnement et Changement climatique Canada. Nous nous engageons à faire preuve d'excellence en respectant ou en dépassant toutes les exigences juridiques pertinentes auxquelles nous souscrivons. Nous nous considérons responsables de prévenir la pollution grâce à une gestion rigoureuse des émissions et des effluents. L'engagement de l'industrie à l'égard de la protection de l'environnement comprend l'application des principes de durabilité et la participation et l'engagement des communautés autochtones.
L'énergie nucléaire joue un rôle essentiel dans notre cheminement vers la carboneutralité et dans la lutte contre les changements climatiques, tant au pays qu'ailleurs dans le monde. À la COP28, en décembre dernier, les États-Unis, le Canada et de nombreux autres pays ont admis le rôle clé de l'énergie nucléaire dans l'atteinte de la carboneutralité. Le gouvernement fédéral admet que l'énergie nucléaire fait partie de la transition vers la carboneutralité au Canada. Nous devons faire ce que nous pouvons pour que le Canada fasse preuve de leadership dans cette voie.
En outre, il est admis que l'énergie nucléaire constitue une source d'énergie de base acheminable propre, offrant des avantages sur le plan de la sécurité énergétique et permettant d'atteindre le septième objectif de développement durable des Nations unies, soit une énergie abordable et propre. Le Canada est un chef de file en matière de protection de l'environnement et d'énergie nucléaire, et nous devons faire preuve de leadership dans cette voie à l'échelle nationale et mondiale en prenant les mesures suivantes.
Le Canada peut agir en mettant en œuvre des politiques qui soutiennent le déploiement de l'énergie nucléaire et d'autres solutions durables à grande échelle, comme la réduction des chevauchements et des doublons entre les entités provinciales et fédérales, et entre leurs politiques et leurs règlements. À l'échelle mondiale, il pourrait faire preuve de leadership en vue d'atteindre la carboneutralité en assurant la sécurité énergétique et en fournissant une énergie propre abordable afin de réduire les pressions géopolitiques observées au cours des deux dernières années.
Nous demandons au Comité de poursuivre son travail pour aider le Canada à protéger l'eau douce de manière durable, tout en étant conscient du rôle important que joue l'énergie nucléaire dans notre engagement commun à lutter contre les changements climatiques et à atteindre la carboneutralité. Outre les objectifs sur lesquels le Comité se penche aujourd'hui, nous préconisons que vous et toutes les parties intéressées travailliez ensemble à l'élaboration et au déploiement de cadres et de solutions qui aideront les personnes et les organisations capables de relever les défis posés par les changements climatiques en ce qui concerne non seulement l'eau douce, mais aussi nos systèmes naturels et notre écosystème sain.
Sur ce, l'ANC et ses membres voudraient vous remercier du temps que vous leur accordez. Nous répondrons à vos questions avec plaisir.
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Bonjour. Je m'appelle Maria José Maezo et je suis coordonnatrice en agroenvironnement à l'UPA Outaouais‑Laurentides. Je représente aujourd'hui les producteurs agricoles de notre région, c'est-à-dire la région de l'Outaouais, des Laurentides, de Montréal et de Laval, une région qui compte 2 500 fermes, 3 500 producteurs agricoles et 3,3 millions d'habitants.
Les producteurs représentent moins de 0,1 % de la population, mais ils ont beaucoup de responsabilités sur le plan environnemental. L'agriculture est souvent montrée du doigt comme source de pollution, et on exige que beaucoup de solutions environnementales soient mises en place par les producteurs. Aujourd'hui, je suis ici pour parler des besoins des producteurs agricoles en matière de production et de soutien. Cette année, on fêtait les 100 ans de l'Union des producteurs agricoles, et on a fait une manifestation dont le slogan était « On veut être au cœur de la solution! » Les producteurs sont prêts à participer aux solutions, mais ils ont besoin de beaucoup d'accompagnement, particulièrement sur le terrain.
Aujourd'hui, j'ai entendu dire très clairement que la pluralité des ordres de gouvernement compliquait beaucoup les choses sur le plan de la réglementation. Il est de plus en plus difficile pour les agriculteurs, sur le terrain, de faire affaire avec plusieurs ordres de gouvernement pour se conformer à tous les règlements qui s'appliquent à leur production. Il est aussi plus difficile pour nous de les conseiller et de les accompagner dans la mise en place de solutions dans le respect des règlements existants, qui évoluent constamment.
La première chose que les producteurs demandent au Canada, c'est de tout mettre en œuvre pour donner la priorité à la protection du territoire agricole. Notre territoire, en particulier, est très fragmenté et très affecté par le développement urbain et le développement commercial et industriel. Ces développements ont une incidence sur la qualité de l'eau et, conséquemment, sur l'accès à une eau de qualité.
Par exemple, sur l'île de Laval, l'accès à la rivière est devenu impossible dans certains secteurs, la qualité de l'eau souterraine est insuffisante et les producteurs sont obligés d'utiliser l'eau de l'aqueduc pour l'irrigation, ce qui coûte très cher. Plus tôt, des gens ont aussi mentionné le dossier de Kanesatake, une communauté qui se trouve dans un secteur agricole dynamique, à Oka. Le site contaminé pose un problème pour les cours d'eau qui sont en aval [difficultés techniques].
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J'ai peut-être bougé. Je vous demande pardon.
Tous les projets de développement non agricoles qui ont lieu en zone agricole mettent en péril non seulement la qualité de l'eau, mais aussi l'accès à l'eau. Les projets de développement urbains ont parfois une incidence sur les eaux souterraines et peuvent causer des problèmes d'approvisionnement en eau aux producteurs à proximité. En ce moment, sur notre territoire, il y a aussi beaucoup de claims miniers, ce qui inquiète beaucoup les producteurs, qui se sont prononcés contre tout développement minier en zone agricole.
En outre, les producteurs demandent plus d'accompagnement par des professionnels et un soutien financier pour apporter les changements demandés sur le terrain. On leur demande d'apporter des changements à leurs pratiques et de mettre en place plusieurs solutions pour améliorer la conservation des sols et réduire l'utilisation de pesticides, par exemple. Plusieurs études ont démontré que de telles mesures permettaient de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, en travaillant à la santé des sols, ceux-ci ont une meilleure capacité de rétention d'eau et, par conséquent, cela contribue à la prévention des inondations et à la réduction de l'érosion.
Par contre, ces changements coûtent de l'argent et nécessitent une machinerie spécialisée. Cela peut avoir une incidence négative sur le rendement à court terme, même si cela peut avoir des effets positifs sur le rendement à long terme. Les producteurs ont donc besoin d'une aide financière ainsi que d'un soutien technique sur le terrain.
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Je suis désolée, mais je ne suis pas certaine de bien comprendre la traduction de la question.
Je dirais que je suis entièrement d'accord, et l'Association nucléaire canadienne a toujours affirmé que l'énergie nucléaire fait partie des nombreuses solutions qui s'offrent. Nous n'avons jamais prétendu que nous étions « la » solution. Nous admettons tout à fait que nous ne sommes pas la seule solution.
La crise climatique est l'un des plus grands problèmes qui touchent la planète. Nous appuyons pleinement toutes les technologies propres qui doivent être mises en œuvre pour résoudre ce problème, et les petits réacteurs modulaires pourraient très bien faire partie de la solution. D'après ce que je comprends des diverses technologies, ces réacteurs ont la capacité de fournir de l'électricité, que ce soit sur ou hors réseau, mais ils sont aussi une solution potentielle que nous examinons — que le secteur examine — pour contribuer à décarboner les segments très difficiles de l'économie, comme les industries qui dépendent actuellement des combustibles fossiles, puisqu'ils pourraient constituer une solution à cette composante de l'économie canadienne qui est très difficile à décarboner.
Je demanderais à M. Mirmiran, mon collègue, s'il veut également répondre à cette question.
J'aimerais maintenant poser une question à Mme Maezo, à qui je souhaite la bienvenue à notre comité.
Madame Maezo, quand on parle d'agriculture et de votre région, particulièrement la région de Montréal, on ne peut passer sous silence une des plus grandes catastrophes que le Canada a connues, soit l'expropriation des agriculteurs de Mirabel.
Cela dit, tout à l'heure, vous avez mentionné qu'il faudrait que le fédéral ait une meilleure mesure de protection des territoires agricoles.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi le fédéral peut intervenir dans un secteur qui relève d'abord et avant tout — on l'a bien vu, au Québec — d'une compétence provinciale?
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Les sables bitumineux se trouvent, bien entendu, sur la rivière Athabasca, qui coule vers le nord pour former la rivière des Esclaves et le Grand lac des Esclaves, poursuivant ensuite sa route vers le fleuve Mackenzie et l'océan Arctique. Les impacts aquatiques se font sentir dans cette région.
Le programme d'échantillonnage aquatique y a été très étendu. Ce qui préoccupe le plus, bien entendu, c'est le stockage de l'eau issue du processus d'extraction des sables bitumineux. Le traitement de ces bassins a été remis à plus tard. Il est essentiel de veiller à ce qu'il n'y ait pas de fuite. En général, il n'y en a pas, mais il y en a parfois un peu. C'est fort préoccupant sur le plan aquatique.
L'autre préoccupation, c'est la restauration de ces terres. Le programme Global Water Futures a mené des recherches à ce sujet afin de déterminer la meilleure façon de faire repousser la forêt et de reproduire les milieux humides, y compris dans des conditions de sécheresse. Nous avons besoin de sols plus profonds pour y arriver. Une grande expertise a été développée quant à la façon de restaurer les terres où les sables bitumineux ont été exploités pour en faire quelque chose qui s'apparente davantage à l'état naturel.
Vous avez également parlé du problème des émissions atmosphériques. Grâce à des échantillons prélevés par avion, on a relevé des substances qui ne pouvaient pas être détectées avec les systèmes d'échantillonnage disposés au sol. Les processus d'échantillonnage doivent être améliorés pour l'atmosphère.
Pour le réseau aquatique, c'est plus simple parce qu'on se concentre sur la rivière. Si on garde un œil sur la rivière, ce qu'on parvient très bien à faire, je pense que le problème peut être contenu, mais il est essentiel d'élaborer un plan pour gérer les déchets liquides issus des sables bitumineux au fil du temps, et de ne pas attendre encore un demi-siècle.
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Oui. Je vous remercie de la question.
Nous avons réuni des données auxquelles nous avons eu accès dans des rapports fédéraux. Nous avons ainsi constaté qu'entre 2008 et 2022, l'Ontario a reçu pour l'eau douce 224 millions de dollars en fonds fédéraux destinés à la protection et à la restauration des Grands Lacs et du lac Simcoe. Le budget de 2023 comportait un véritable engagement historique de 420 millions de dollars sur 10 ans pour les Grands Lacs. Sur une période de 25 ans, ce sont quelque 650 millions de dollars en fonds fédéraux qui sont accordés pour l'eau douce en Ontario, un financement qui est nécessaire. De même, il y a eu des investissements importants de 62 millions de dollars entre 2008 et 2022 pour la restauration au Manitoba et 111 millions de dollars pour le Plan d'action Saint-Laurent au Québec.
Cependant, de tels fonds fédéraux n'ont pas été accordés en Colombie-Britannique.
Une grande partie du financement fédéral pour l'eau douce a été attribuée dans le cadre d'ententes avec des provinces précises afin d'assurer l'alignement des approches de financement fédérales et provinciales. Il y a là une réelle occasion d'aligner les programmes de financement des eaux douces destinés aux provinces avec la Colombie-Britannique.
Nous constatons que deux des principaux bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique — soit le Fraser et le Mackenzie — figurent parmi les priorités du Plan d'action sur l'eau douce actuel du gouvernement fédéral, mais aucun financement n'a été engagé à cet égard.
Quand on examine les fonds accordés actuellement dans le cadre du Plan d'action sur l'eau douce, on constate que sur les 650 millions de dollars, seulement 420 millions de dollars ont été affectés. Il reste donc moins de 230 millions de dollars pour le reste du pays et les autres bassins fluviaux prioritaires. C'est nettement insuffisant pour apporter des changements significatifs et durables afin de prévenir les crises que nous observons.
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Je vous remercie de cette question.
Il s'agit vraiment d'une occasion de transition d'emploi vers le secteur des bassins hydrographiques. C'est le moment opportun.
L'initiative de travail pour les bassins hydrographiques a mis en lumière le rôle vraiment important que joue le secteur des bassins hydrographiques en soutenant l'emploi. En Colombie-Britannique, plus de 47 000 personnes par année travaillent pour ce secteur.
Les travailleurs des secteurs traditionnels des ressources — comme la machinerie lourde, le pétrole et le gaz, l'aquaculture ou la foresterie — ont une occasion sans pareille de se réorienter vers ce secteur en croissance. Les emplois dans le secteur des bassins hydrographiques vont du niveau d'entrée à des emplois hautement spécialisés, de saisonniers à permanents, de rôles techniques à des fonctions axées sur les politiques. Le secteur peut accueillir des personnes à diverses étapes de leur carrière, que ce soient des jeunes qui entrent sur le marché du travail ou des travailleurs expérimentés en transition.
Le secteur des bassins hydrographiques est prêt à poursuivre sa croissance au cours de la prochaine décennie. Les investissements fédéraux, notamment ceux fournis par l'entremise de mécanismes comme le fonds pour la sécurité des bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique dont j'ai parlé plus tôt, peuvent vraiment servir de catalyseur pour favoriser la croissance dans ce secteur, tout en attirant d'autres investissements et en créant des possibilités de transition équitable pour les travailleurs, leur permettant de rester dans leur communauté grâce à des emplois permettant de subvenir aux besoins d'une famille. Ces travailleurs ont ainsi une occasion de réinvestir dans leur économie locale.
Premièrement, il faut régler le problème de la fragmentation du gouvernement fédéral. Une vingtaine de ministères, dont quatre de grande taille, ont des fonctions liées à l'eau. L'Agence canadienne de l'eau a été mise sur pied, mais ses fonctions ne lui ont pas été confiées. Ce mécanisme ne fonctionne pas encore; nous avons simplement ajouté un fragment à fouillis. Nous devons faire mieux. Il faut confier ces fonctions à l'organisme et faire en sorte qu'il fonctionne.
Deuxièmement, il faut collaborer. Dans le domaine de l'eau, nous avons besoin d'un leadership national, pas d'un leadership fédéral. Je dois dire qu'il faut sortir d'Ottawa pour se rendre dans les provinces, les territoires et les communautés afin de voir ce qu'il s'y passe.
Troisièmement, il faut financer les sciences de l'eau. Nous assistons à la fermeture du plus important programme de recherche en eau douce au monde en ce moment au Canada, sans qu'aucun suivi ne soit proposé.
Quatrièmement, il faut financer l'observation. Nous avons l'équivalent de 64 régions lacustres expérimentales avec les observatoires mondiaux sur l'avenir de l'eau. Or, ils cesseront leurs activités l'année prochaine sans financement supplémentaire. Il n'y a pas de plan de continuité.
Enfin, il faut répondre à l'urgence. Notre pays a connu une sécheresse historique, de la Colombie-Britannique au Labrador, des Prairies à l'Arctique. La situation est pire qu'elle ne l'a jamais été en Alberta et dans certaines régions de la Saskatchewan. Je ne vois cependant pas beaucoup d'intérêt ou de réaction de la part du gouvernement fédéral. En tant qu'Occidental, je n'y comprends rien.
Regardez ce qui se passe en Colombie-Britannique avec les problèmes d'hydroélectricité et d'approvisionnement en eau dans les communautés et d'autres défis. Le Grand lac des Esclaves a atteint cet automne le niveau d'eau plus bas jamais enregistré dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est une catastrophe pour le bassin du Mackenzie.
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Oui. Ces projets d'irrigation viennent essentiellement compléter le plan concernant le lac Diefenbaker, un réservoir qui a été construit à des fins d'irrigation dans les années 1960. On avait très peu recours à l'eau d'irrigation à l'époque. Il s'agit du plus grand réservoir d'eau des Prairies et sa capacité d'irrigation est énorme.
Cela dit, il a été conçu à une époque où le climat et le régime des eaux étaient ceux du milieu du XXe siècle. Cette année, ce réservoir n'a reçu que 28 % de ses apports normaux. Je pense que pour la suite des choses, nous devrons comprendre qu'il y aura des périodes très difficiles, des problèmes d'approvisionnement en eau dans toute la province. Lorsque le réservoir a été conçu et construit, on n'a pas tenu compte des collectivités autochtones en aval, dans le delta de la rivière Saskatchewan, le plus grand delta d'eau douce de l'Amérique du Nord. Il s'est pratiquement asséché au cours des dernières années. Les rats musqués ont disparu.
Pour ce qui est de la gestion de l'eau de ce système d'irrigation, nous devons prendre en considération des aspects qui ne se limitent pas à l'irrigation. Oui, nous pouvons le faire, mais il y a aussi l'hydroélectricité, l'approvisionnement en eau pour les collectivités, les mines et d'autres projets, ainsi que l'écosystème et les collectivités autochtones en aval. Parallèlement, il faut veiller à ce qu'il en reste suffisamment pour le lac Winnipeg et Manitoba Hydro. Tout cela est difficile, mais avec des systèmes de prévision appropriés et une exploitation à fins multiples des systèmes de réservoirs, je pense que nous pouvons y arriver. Nous pouvons réduire certaines des conséquences qu'ont la variabilité du climat et les sécheresses et inondations extrêmes sur les systèmes d'eau du centre des Prairies.
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Merci, monsieur le président. J'aurais aimé avoir beaucoup plus de temps, car j'ai beaucoup de questions à poser.
Je remercie les témoins de leur présence.
J'aimerais parler de la façon de mettre en œuvre une stratégie cohérente de gestion de l'eau. J'ai entendu des témoignages sur certaines choses que vous avez examinées, monsieur Pomeroy, dans les années 1990, et on prédisait ce qui allait se passer. Les choses n'ont pas beaucoup changé.
En ce moment, nous parlons de la création d'une agence nationale de l'eau, ce qui est extraordinaire. Elle fera un travail de consolidation et de coordination et poussera la recherche. Cependant, l'un des problèmes que j'observe constamment en Ontario, où je me trouve, c'est que nous ne travaillons pas tous dans le même sens. Les priorités et les objectifs diffèrent.
Prenons l'exemple de la voie de contournement de Bradford, une route de liaison en Ontario. Il s'agira d'une petite route de 16 kilomètres qui coûtera plus de 1,5 milliard de dollars. Elle traversera deux fois la rivière Holland et aura une énorme incidence sur le lac Simcoe. Elle empiétera sur des zones humides, des terres agricoles et toute l'infrastructure naturelle que nous devons conserver. La priorité des municipalités et du gouvernement, c'est le développement d'une nouvelle route qui contribuera à réduire les embouteillages, ce qui est vrai, mais au lieu d'envisager d'autres options, ils s'en tiennent aux mêmes solutions que celles que nous avions avant la crise climatique.
Je pense que la situation est un peu la même pour le lac Diefenbaker, d'après ce que vous disiez. C'est un projet nécessaire, mais nous devons changer la façon dont nous l'envisageons et ce que nous faisons.
À votre avis, comment pouvons-nous le faire? Même si l'Agence canadienne de l'eau opère et fait la recherche, si les municipalités et les provinces ne vont pas dans la même direction, nous aurons beaucoup de mal à atteindre nos objectifs en matière de gestion de l'eau et de lutte contre les changements climatiques.
Ma question s'adresse à M. Pomeroy.
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Je félicite le Comité d'avoir adopté la motion en question.
Il est extrêmement important qu'on se rende compte de l'ampleur des investissements qui sont nécessaires pour faire face aux catastrophes et aux sécheresses de l'été dernier. La gravité de la crise à laquelle nous assistons ne cesse de se confirmer. Avec la sécheresse qui se poursuit actuellement, nous constatons que les réserves d'eau potable des Premières Nations et des municipalités sont dangereusement basses.
L'état d'urgence local est toujours en vigueur dans le village de McBride. Les éleveurs manquent de foin pour le bétail, les niveaux des cours d'eau sont bas et la production d'énergie hydroélectrique est considérablement réduite en raison des niveaux d'eau. Des investissements nous permettent d'anticiper ces crises. Ils nous permettent d'effectuer les travaux nécessaires pour renforcer la sécurité des bassins hydrographiques.
Des recherches ont été effectuées sur l'ampleur des besoins. Il s'agit d'un montant généreux, mais on parle de 3 milliards de dollars, soit environ 300 millions de dollars par année, à investir dans nos bassins hydrographiques. Il s'agit de reconstruire nos défenses naturelles, telles que les forêts, les zones humides et les rives des cours d'eau. Ce sont vraiment les premières lignes de défense contre...
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Je vous remercie de la question.
Je crois qu'il y a trois principaux éléments au sujet desquels le gouvernement fédéral pourrait améliorer son approche.
Des spécialistes ont déjà mentionné l'un d'entre eux devant ce comité. Il s'agit d'améliorer les prévisions relatives à l'eau. Les provinces et les territoires ont besoin d'aide. Certaines grandes et riches provinces disposent d'excellents modèles informatiques à cet égard. Les Américains utilisent des superordinateurs pour tout faire, ce qui n'est pas notre cas. Certaines provinces utilisent des feuilles de calcul Excel pour la prévision des crues. Notre pays doit faire mieux à cet égard. Nous économiserions alors de l'argent — 20 pour 1.
Le deuxième concerne les eaux transfrontalières. Nous ne les gérons pas très bien. Nous n'avons pas connu de tensions transfrontalières graves dans ce pays. Je crois que c'est ce qui nous attend cette année, dans l'Ouest et dans le Nord. Nous connaîtrons d'autres problèmes avec les Américains. Quatre-vingts pour cent des Canadiens vivent le long des eaux dont une partie se trouve aux États-Unis. Nous devons faire très attention à cette relation, ainsi qu'à nos relations interprovinciales, pour nous assurer que notre fédération demeure pacifique et amicale.
Enfin, la semaine dernière, j'ai passé la matinée avec la Fédération des nations autochtones souveraines en Saskatchewan. Ces nations ont toujours de graves problèmes d'eau, notamment pour ce qui est de la protection des sources d'eau et de l'approvisionnement en eau, et certaines collectivités ont d'autres problèmes. Elles ont également de nombreuses idées de solutions. Je pense qu'accroître la collaboration avec elles serait bénéfique pour tout le monde et les aiderait certainement à surmonter la crise qu'elles vivent actuellement.
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J'ai été très heureux de voir le dossier relatif à l'Agence canadienne de l'eau progresser. Il s'agit d'un rêve de longue date qui se réalise pour de nombreuses personnes qui étaient d'avis qu'il serait utile que le fédéral joue un rôle de premier plan.
Premièrement, il faut mettre l'accent sur les observations. Les observations sur la quantité d'eau et sur la qualité des eaux devraient être rassemblées et diffusées aux Canadiens à l'échelle du pays grâce à un travail de collaboration.
Deuxièmement, des prévisions peuvent être ajoutées à ces observations. Elles vont de pair. Encore une fois, il y a cette aide à l'échelle nationale pour les provinces, les municipalités, les territoires et les Premières Nations.
Troisièmement, il y a les eaux transfrontalières. Nous devons nous soucier de nos relations en ce qui concerne les eaux transfrontalières.
Quatrièmement, il y a la gestion intégrée des bassins hydrographiques, qui n'existe pas au Canada, mais il nous faudra changer cette situation. Elle existe maintenant en Europe. C'est certainement quelque chose qui peut se faire entre les provinces. Nous devrons le faire pour nous adapter aux pressions que les changements climatiques exerceront sur nos eaux douces à l'avenir.
Merci.