:
Bon après-midi à tous et à toutes.
Monsieur le commissaire, je vous souhaite la bienvenue; nous sommes heureux de vous revoir. Nous nous sommes vus il y a quelques jours, soit lors du breffage pour les députés.
Je souhaite également la bienvenue à tous les représentants des ministères. Étant donné que la liste des témoins est très longue, je ne lirai pas tous les noms et titres des témoins, on ne s'en sortirait pas. Je souhaite donc la bienvenue à tous.
Tout le monde ici est au courant du problème vécu par les interprètes, soit la rétroaction acoustique. Je vais donc prendre quelques secondes pour passer les règles en revue. Vous les avez déjà entendues, ici ou dans un autre comité, mais je tiens à lire les nouvelles consignes visant à prévenir la rétroaction acoustique.
[Traduction]
Toutes les oreillettes ont été remplacées par un modèle qui réduit considérablement la probabilité de rétroaction acoustique. Les nouvelles oreillettes sont noires, alors que les anciennes étaient grises. Veuillez utiliser seulement une oreillette noire approuvée. Par défaut, toutes les oreillettes inutilisées seront débranchées au début d'une réunion. Lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, veuillez la placer au milieu de l'autocollant sur la table, face vers le bas.
Veuillez consulter les cartes sur la table pour prendre connaissance des lignes directrices sur la prévention des incidents acoustiques. La disposition de la salle a été modifiée pour accroître la distance entre les microphones et réduire le risque de rétroaction acoustique causée par une oreillette à proximité.
[Français]
Gardez votre oreillette sur votre oreille ou sur la table et déposez-la toujours loin du microphone, de façon à éviter les rétroactions acoustiques qui pourraient causer des blessures aux interprètes. Tous les microphones ouverts peuvent être une source de rétroaction acoustique. Évitez de toucher la tige des microphones qui sont ouverts. Restez à une distance raisonnable du micro lorsque vous avez la parole. Enfin, évitez d'augmenter au maximum le volume de votre oreillette.
Voilà, c'étaient les consignes.
Sans plus tarder, je donne la parole au commissaire à l'environnement et au développement durable.
:
Monsieur le président, je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour parler des cinq rapports d'audit de performance qui ont été déposés à la Chambre des communes mardi.
Je tiens d'abord à reconnaître que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel non cédé du peuple anishinabe algonquin. Ce territoire accueille de nombreux autres peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis, dont je reconnais et apprécie les contributions.
Aujourd'hui, je suis aussi accompagné de Mmes Kimberley Leach, Markirit Armutlu, Susan Gomez ainsi que de MM. Nicholas Swales et de Mathieu Lequain, toutes et tous directeurs principaux responsables des audits.
[Traduction]
Notre premier rapport porte sur l'initiative zéro déchet de plastique. Nous avons constaté que le gouvernement fédéral ne savait pas si ses activités de réduction suffiraient à éliminer tous les déchets de plastique d'ici 2030. Malgré l'emploi du mot « zéro » déchet de plastique dans le nom de l'initiative, les cibles sont axées seulement sur la réduction des déchets de plastique. Elles ne sont pas rapportées au but final de parvenir à zéro déchet de plastique. Il s'agit d'une distinction importante qui doit être reflétée dans les rapports sur l'initiative afin que la population canadienne et les parlementaires puissent comprendre les progrès réalisés vers l'élimination des déchets de plastique.
[Français]
La bonne nouvelle, c'est que nous avons constaté que les activités de réduction des déchets découlant de l'initiative produisent de bons résultats et concordent étroitement avec les priorités du Canada. Par exemple, Pêches et Océans Canada avait financé 67 projets visant à retirer des eaux des engins de pêche abandonnés, perdus ou rejetés. Toutefois, les organisations n'avaient pas l'information nécessaire pour pouvoir montrer comment leurs efforts contribuent à atteindre l'objectif pancanadien. Par exemple, il y a un délai de trois ans dans la publication des données de Statistique Canada sur les déchets de plastique rejetés dans l'environnement. Pour réduire la pollution par le plastique, le gouvernement fédéral doit collaborer avec de nombreuses parties, dont les provinces, les territoires, les municipalités et le secteur privé. Avec autant de partenaires, il est particulièrement important de disposer de systèmes de suivi rigoureux.
[Traduction]
Notre prochain audit a examiné les sites contaminés dans le Nord du Canada. Ces sites continuent à poser des risques importants pour la santé et l'environnement ainsi que sur le plan financier. Nous avons constaté que Transports Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, qui gèrent bon nombre de ces sites, avaient respecté le Plan d'action pour les sites contaminés fédéraux. Toutefois, cela n'avait pas suffi à atteindre les objectifs de réduction des risques sanitaires, environnementaux et financiers associés à ces sites.
Les coûts globaux du Canada pour les sites contaminés connus ont augmenté depuis le lancement du plan d'action en 2005, passant de 2,9 milliards de dollars à 10,1 milliards de dollars. Si 11 % de ces sites se trouvent dans le Nord, ils représentent plus de 60 % des coûts estimatifs du Canada liés à l'assainissement des sites contaminés. Il s'agit d'un fardeau financier énorme pour les contribuables et d'un échec dans la mise en œuvre du principe du pollueur-payeur, puisque de nombreux sites du secteur privé ont dû être pris en charge par le gouvernement fédéral.
[Français]
Après 20 ans, il reste encore beaucoup à faire pour réduire les coûts associés aux sites contaminés et atténuer les risques pour l'environnement et la santé humaine dans l'intérêt des générations actuelles et futures. Le gouvernement doit prendre d'urgence des mesures pour favoriser les avantages socioéconomiques, notamment les occasions d'emploi, et soutenir la réconciliation avec les peuples autochtones, dont les terres sont souvent touchées par les sites contaminés.
Je vais passer maintenant aux trois derniers rapports, qui portent sur des mesures de lutte contre les changements climatiques.
Nos récents rapports ont examiné les deux plus grands secteurs émetteurs. Cette année, nous avons examiné d'autres grandes sources d'émissions, à savoir les matériaux de construction, les industries manufacturières et l'agriculture. Dans tous ces audits, nous avons constaté de lents progrès, ainsi que l'absence d'approches à long terme pour réduire les émissions. Ce constat ne diminue toutefois pas le potentiel que présentent ces mesures pour aider le Canada à atteindre la carboneutralité, à condition qu'elles soient conçues et mises en œuvre de manière plus efficace.
Notre audit de l'écologisation des matériaux de construction dans les infrastructures publiques a révélé que le passage aux matériaux de construction à faible teneur en carbone avait été trop lent, compte tenu de l'urgence de la crise des changements climatiques.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral a exprimé pour la première fois en 2006 son désir d'orienter les marchés vers des biens et des services à plus faible empreinte carbone. Pourtant, il a mis plus de 10 ans pour envisager le recours à des matériaux de construction à faible teneur en carbone. C'est seulement à la fin de 2022 que le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada a instauré la Norme sur le carbone intrinsèque en construction. Pour l'instant, la norme s'applique uniquement au béton prêt à l'emploi.
Nous avons aussi constaté que Services publics et Approvisionnement Canada n'avait pas terminé d'intégrer les exigences de la norme à son processus d'approvisionnement en infrastructures. Parallèlement, Infrastructure Canada n'a intégré les considérations liées à la réduction de la teneur en carbone des matériaux de construction que de façon limitée à ses programmes de financement.
L'enjeu est important parce que les émissions associées à la construction et aux matériaux de construction représentent 11 % des émissions totales au Canada. La lenteur de ces changements est préoccupante, car la production d'acier émet généralement une grande quantité de gaz à effet de serre, et l'acier est largement utilisé dans les grands projets de construction. Afin d'accroître les chances du Canada d'atteindre ses engagements climatiques pour 2030 et 2050, le gouvernement fédéral doit promouvoir plus activement le recours à des matériaux de construction à faible teneur en carbone dans les infrastructures publiques.
[Français]
L'audit suivant a porté sur l'initiative Accélérateur net zéro, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ou GES, en incitant les industries canadiennes à décarboner leurs activités.
Nous avons constaté qu’Innovation, Sciences et Développement économique Canada n'avait pas réussi à attirer les plus grands émetteurs industriels du pays. Sur les 55 entreprises ayant produit le plus d'émissions, seulement 15 avaient présenté une demande de financement en vertu de l'initiative et seulement deux d'entre elles avaient signé un accord de contribution. Le long et complexe processus de demande, qui exige en moyenne 407 heures, n'a sans doute pas aidé le ministère à attirer un plus grand nombre de demandeurs. Nous avons aussi constaté que le ministère ne savait pas toujours à combien s'élèverait la réduction des émissions de GES de la plupart des entreprises participant à l'initiative, ou si le financement accordé entraînerait une réduction des émissions.
[Traduction]
Étonnamment, il n'existe pas de politique industrielle globale de décarbonisation qui donnerait à Innovation, Sciences et Développement économique Canada une meilleure idée des industries qui ont le plus grand besoin de fonds pour réduire leurs émissions. Je m'inquiète de ce que le ministère prévoit faire pour remédier aux importantes lacunes que nous avons relevées dans notre audit, étant donné les réponses vagues qu'il a données à nos recommandations.
Notre dernier audit a porté sur l'agriculture et l'atténuation des changements climatiques. Nous avons constaté qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada n'avait pas élaboré de stratégie pour établir comment le secteur agricole devait contribuer aux objectifs climatiques du Canada pour 2030 et 2050, bien qu'une telle stratégie a été demandée pour la première fois en 2020.
En 2021, le ministère a lancé trois programmes clés visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, à cause des retards touchant l'approbation du financement, les bénéficiaires n'ont pas pu s'en prévaloir pendant une saison de croissance. Jusqu'à maintenant, le ministère a atteint moins de 2 % de son objectif global de réduction des gaz à effet de serre pour 2030. Agriculture et Agroalimentaire Canada devra veiller à ce que toutes les réductions d'émissions de gaz à effet de serre attendues pour 2030 soient réalisées au cours des six saisons de croissance restantes.
[Français]
Nous avons aussi constaté qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada n'avait pas encore défini les cibles de rendement de deux des trois programmes, ce qui rend difficile l'évaluation des progrès. La contribution du ministère à la réduction des émissions de gaz à effet de serre est indispensable dans la lutte contre les changements climatiques, d'où l'importance de fixer des objectifs et de surveiller les résultats.
Malgré les résultats limités rapportés jusqu'à présent, toutes ces initiatives climatiques pourraient, si elles étaient améliorées, contribuer à l'atteinte de la carboneutralité d'ici 2050 et à la réalisation de changements importants pour les générations actuelles et futures.
[Traduction]
Compte tenu de la crise climatique actuelle et des difficultés répétées du gouvernement fédéral à opérer de véritables réductions d'émissions, une approche stratégique, cohérente et axée sur les résultats est essentielle pour que le Canada joue son rôle dans la lutte mondiale contre les changements climatiques.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le commissaire, d'être parmi nous ici, aujourd'hui.
Je vois que vous vous êtes déplacé avec une équipe nombreuse. La lutte contre les changements climatiques est un enjeu important. Je suis vraiment content de voir que vous prenez cet enjeu au sérieux, comme nous, d'ailleurs.
Je vais lancer la discussion sur l'initiative Accélérateur net zéro. Dans votre rapport, publié sur le site du Bureau du vérificateur général, on dit ceci:
Les calculs effectués par Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour déterminer les réductions prévues des gaz à effet de serre dans le cadre des projets financés au titre de l'initiative ne respectaient pas toujours les normes internationales, ce qui avait une incidence sur la crédibilité des calculs du ministère.
Je trouve que c'est important. Je poursuis:
Les étapes du processus d'évaluation de diligence raisonnable dans le cadre de l'Initiative Accélérateur net zéro du Fonds stratégique pour l'innovation n'avaient parfois pas été suivies avant l'approbation du financement.
J'aimerais avoir des précisions quant à l'utilisation des mots « pas toujours » et « parfois ». Doit-on comprendre que le processus d'évaluation de la diligence raisonnable, normalement requis avant de consentir des fonds, est une étape qui a été sautée dans le cadre du processus?
:
Merci, monsieur le président.
Merci, commissaire, de votre rapport.
Nous allons reprendre là où nous étions rendus, soit la section sur l'agriculture. Je pense que le passage le plus important pour moi est que le Canada n'a « aucune stratégie en place pour orienter ses programmes et activités d'atténuation des changements climatiques ».
Vous avez mentionné le fait qu'AAC n'a aucunement consulté les agriculteurs au sujet des engrais. Comme j'ai déjà travaillé dans ce secteur, je peux vous assurer que c'est tout à fait vrai. C'est une très grande frustration pour les agriculteurs. Ce n'est pas le seul domaine où les agriculteurs n'ont pas été consultés.
Je vais vous poser une série de questions, et j'espère que vos réponses seront assez précises. Votre audit a révélé qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada a dépensé des centaines de millions de dollars pour trois programmes, sans pouvoir vérifier la qualité et l'exactitude des données fournies.
Premièrement, durant votre audit, avez-vous constaté que des fonctionnaires d'Agriculture Canada avaient tenté de vérifier les données qui leur avaient été fournies?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais revenir aux questions de mon collègue M. Trudel et à la recommandation 36, à laquelle le ministère de l'Industrie a répondu. J'inviterais donc Mme Stéphanie Tanton, du ministère, à se manifester si elle est présente parmi nous. Sinon, j'inviterai M. Lapointe à le faire.
Nous avons reçu le Rapport d'inventaire national, qui démontre que les politiques climatiques du Canada fonctionnent. Nous avons les émissions de gaz à effet de serre les plus basses depuis 25 ans, mis à part celles qui ont été enregistrées pendant les années de pandémie. Il n'en reste pas moins que le secteur pétrolier et gazier a été encore une fois la plus grande source de ces émissions en 2022.
Madame Tanton, selon la recommandation 4.36, qui porte sur l'initiative Accélérateur net zéro du Fonds stratégique pour l'innovation, le ministère « devrait examiner la façon de mieux encourager les grands émetteurs à soumettre une demande ». Le ministère a répondu qu'il y avait des pistes de solution et qu'il avait reçu certaines soumissions. Depuis mars 2022, 16 grands émetteurs ont proposé des projets.
Les représentants du ministère pourraient-ils parler plus en détail de cette réponse à la recommandation 4.36?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, monsieur le commissaire, mesdames et messieurs de la fonction publique, soyez les bienvenus. Je vous remercie beaucoup du travail que vous faites pour le Canada et pour les Canadiens.
Monsieur le commissaire, je veux évidemment vous parler de l'initiative Accélérateur net zéro, qui fait partie du Fonds stratégique pour l'innovation
On parle ici de 8 milliards de dollars de l'argent des contribuables. C'est énormément d'argent. Est-ce efficace? Telle est la question.
À la page 7 de votre rapport, on parle d'un processus long et complexe en ce qui concerne ce système. À la page 12, on démontre très bien qu'on a de la difficulté à attirer les grands émetteurs, alors que seulement 2 des 55 entreprises en question ont répondu à l'appel. À la page 17, on apprend que, parmi les 17 accords de contribution, seulement 5 entreprises y avaient pris un engagement.
Monsieur le commissaire, devant un tel bilan, qui démontre que ce programme n'est pas très attrayant, croyez-vous que celui-ci est efficace?
:
Merci, monsieur le président, et merci à M. DeMarco d'être revenu.
J'ai quelques questions pour Stephanie Tanton sur quelques détails concernant les investissements dans les accélérateurs net zéro. J'ai passé beaucoup de temps dans l'industrie sidérurgique canadienne, et j'ai passé beaucoup de temps au Saguenay, une belle région du Canada où l'on produit de l'aluminium. Nous envisageons l'acier vert, l'aluminium vert.
Je regarde certains des projets qui ont été annoncés, comme 420 millions de dollars pour Algoma à Sault Ste. Marie, et 500 millions de dollars pour l'acier vert à Hamilton chez ArcelorMittal, plus près de ma circonscription. ArcelorMittal Dofasco envisage de cesser d'utiliser du coke d'ici 2028. L'entreprise est en train de démolir son usine de coke.
La Suède envisage d'implanter au Québec un site de 6 milliards de dollars comme celui à Boden pour la production d'acier vert. On semble se concentrer beaucoup sur l'acier vert pour réduire les émissions industrielles.
Je regarde l'aluminium et le projet d'agrandissement de l'usine d'électrolyse utilisant la technologie AP60 de Rio Tinto de 1,1 milliard de dollars pour ajouter 96 nouvelles cuves AP60, ce qui a été annoncé en juin 2023. C'est aussi au Saguenay. Elles seront mises en service d'ici 2028. Alcoa a investi 60 millions de dollars.
À mesure que nous établissons notre inventaire des conversions d'acier et d'aluminium, certains de ces chiffres ne seront pas affichés avant un moment. Sont-ils inclus dans vos prévisions de réduction des émissions de gaz à effet de serre? Sont-ils inclus dans la portée de l'audit, ou en sont-ils exclus?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais reprendre où j'en étais, monsieur le commissaire, car j'ai manqué de temps. Après avoir appris dans les médias aujourd'hui que le Canada a émis 708 mégatonnes d'émissions, je suis allé voir les chiffres des 25 dernières années puisque le gouvernement a dit que c'est le niveau le plus faible sauf pour les années de pandémie.
Grâce au site Wayback Machine, nous pouvons voir que les chiffres, à un moment donné pendant les questions, ont considérablement changé. Cela semble être à cause d'un changement de méthodologie pour un certain nombre de mesures de l'utilisation des terres et ce genre de choses.
Dans des rapports précédents, nous avons mentionné que nous comptions deux fois les arbres. Dans ces rapports, nous comptons deux fois nos émissions. Nous semblons gonfler artificiellement les réductions que nous déclarons. ECCC a changé sa méthode de production de rapports des années précédentes. Le ministère semble avoir haussé ces chiffres et, je le redoute, avoir essayé de démoniser le passé pour que les décisions prises semblent judicieuses à l'avenir.
Lorsque le gouvernement dit « les plus faibles en 25 ans », est‑ce une pratique normale de voir un tel changement dans les chiffres antérieurs? Comment en tient‑on compte dans les années précédentes du rapport d'inventaire national?
:
Je vais donc me prononcer moi-même sur la motivation, car je crois fermement qu'on essaie de donner l'impression que les programmes fonctionnent, mais vos rapports font ressortir qu'il n'y a pas de stratégie, pas de vérification des résultats. Il y a manifestement des lacunes dans la façon de procéder du gouvernement à cet égard. Étant donné que, directement et indirectement, les Canadiens payent le prix pour certains de ces éléments, que notre croissance économique stagne à 0,2 % et que nos homologues américains connaissent une croissance économique très rapide avec les mêmes taux d'intérêt, je pense que les Canadiens ont raison de douter de ces chiffres, et c'est la raison pour laquelle j'ai posé plus tôt une question sur l'ensemble des chiffres déclarés dans le rapport d'inventaire national.
Je vais vous donner un exemple du rapport de la vérificatrice générale. Vous avez mentionné les émissions de N2O. Il est impossible de les mesurer sur le terrain, et malheureusement, les émissions de N2O issues de la production agricole ne peuvent pas être exactes puisque le chiffre repose sur des mesures du coefficient d'écoulement des eaux de pluie, les zones climatiques, les types de sol et l'estimation voulant que tout le fertilisant acheté dans la province soit répandu au cours de l'année sans report. On se retrouve donc avec toute une série d'hypothèses qui, on le sait — demandez‑le à l'importe quel agriculteur —, sont erronées.
De façon générale, j'aimerais entendre vos observations sur les émissions de N2O puisque leur contribution est importante, et c'est un des éléments controversés du plan du gouvernement pour réduire ce type d'émissions de 30 %.
Encore une fois, comment les Canadiens peuvent-ils faire confiance aux modèles lorsque nous changeons les chiffres antérieurs pour qu'ils fonctionnent?
Oh, nous avons les plus faibles émissions depuis 25 ans. Soudainement, le site Web est différent, et c'en est maintenant la preuve, malgré le fait que, hier, ce n'est pas ce que le site aurait prouvé. Je pense que les Canadiens ont raison de demander si ces politiques réduisent vraiment les émissions, si les modèles sont exacts et s'ils en ont pour leur argent.
:
Merci, monsieur le président.
Mes questions s'adressent au commissaire, mais aussi à Mme Côté et à M. Drouin.
Je vais commencer par une question rapide pour M. DeMarco.
Le Rapport d'inventaire national n'est pas vraiment la raison de votre présence devant le Comité aujourd'hui, mais il semble susciter beaucoup de discussions. En tant que partisan de la réduction des émissions au pays, je trouve les nouvelles assez encourageantes. Certains titres parus dans les médias aujourd'hui indiquent — conformément à ce que tout le monde avait anticipé — une légère augmentation des émissions depuis 2021.
D'un point de vue pragmatique, nous nous attendions tous à une hausse des émissions après la pandémie. Il y a un éléphant dans la pièce lorsque nous lisons le rapport parce que toutes ces augmentations enregistrées depuis 1997... Le ministre a dit en Chambre aujourd'hui que le niveau des émissions n'a jamais été plus bas au pays depuis la naissance de Connor McDavid ou depuis que Google.com est un nom de domaine. Une éternité nous sépare de 1997. Les émissions ont en effet considérablement augmenté depuis, mais cette hausse est enregistrée presque exclusivement en Alberta, en raison des sables bitumineux. Elle découle presque entièrement de la production pétrolière et gazière. Il est temps de se pencher sur la hausse des émissions due aux méthodes de production du pétrole et du gaz.
Il faut établir une orientation pour ce secteur, mais j'aimerais connaître votre point de vue sur d'autres secteurs émetteurs qui doivent changer leurs vieilles habitudes. J'aimerais également savoir si vous trouvez encourageantes ou non les nouvelles d'aujourd'hui qui rapportent les émissions les plus faibles depuis 25 ans.
:
Oui. Il y a des interactions entre les nombreuses mesures, que ce soit des ensembles de 80 mesures ou de 120 mesures, selon la manière dont elles sont regroupées à l'intérieur du plan de réduction des émissions.
Des fonctionnaires qui sont venus témoigner devant le Comité ont dit s'attendre à ce que la tarification du carbone compte pour environ le tiers de la réduction des émissions. Selon eux, les règlements constituent eux aussi un outil robuste. Il y a un ensemble de règlements, mais en les regroupant, les règlements forment l'autre pièce de résistance des projections sur la réduction des émissions.
Toutefois, d'autres outils sont en place, comme les subventions dont nous parlons, qui sont également indiquées dans deux des rapports dont il est question aujourd'hui. Il y a le pouvoir d'achat mentionné dans le troisième rapport, qui porte sur le climat. Ces mesures sont censées s'imbriquer et mener à l'atteinte de la cible.
Au fil des ans, plusieurs plans se sont succédé qui semblaient s'accumuler en théorie — même si le plan actuel ne fait pas état de 40 % de mesures en place, mais plutôt de 30 %. Ces plans sont censés s'accumuler dans le cadre d'un modèle économique dont se sert Environnement Canada pour projeter les niveaux d'émissions.
Ces interactions entre les mesures compliquent parfois l'analyse des effets d'un programme en particulier, notamment dans le cas des infrastructures et des véhicules électriques.
Toutefois, ce ne devrait pas être une excuse qui dispense de faire les calculs quand on peut et de s'efforcer de produire les chiffres les plus exacts possible. Il faut faire preuve de transparence sur le coût de chaque mesure payé par les Canadiens, l'industrie et le gouvernement. Nous tâchons d'accroître la transparence et la fiabilité des modèles et des mesures.
D'autres mesures pourraient être nécessaires. Plutôt que d'atteindre à peine 40 % des pratiques précédentes, il faudrait peut-être viser un peu plus haut en reconnaissant que certaines des mesures ne rapportent pas autant qu'on l'aurait espéré.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie mon collègue, M. Ali, de m'accorder de son temps.
Mes questions s'adresseront à Mme Côté, directrice générale des Opérations de protection de l'environnement.
Je suis désolé de vous faire revenir à la table; j'ai manqué de temps la dernière fois.
Ma première question sera plus ou moins la même que celle que j'ai posée à M. DeMarco au sujet des émissions du secteur pétrolier et gazier. Comme nombre de Canadiens qui s'intéressent à la lutte contre les changements climatiques, j'ai étudié de près les rapports, et le Rapport d'inventaire national et celui publié cette semaine par le commissaire à l'environnement et au développement durable.
Une de mes réflexions principales à propos de l'initiative Accélérateur net zéro, c'est qu'à l'échelle locale — du moins dans ma région de Halton —, on constate que certains investissements ont des retombées énormes sur la qualité de l'air. J'ai grandi en pratiquant des sports dans la région de Halton. La qualité de l'air est mauvaise à Halton, à Oakville et à Burlington. C'est parce que nous sommes situés entre Toronto et Hamilton, et aussi à cause de la forte présence de l'industrie lourde et du grand nombre d'autoroutes à proximité. La qualité de l'air s'est nettement améliorée quand on a arrêté de brûler du charbon pour générer de l'électricité dans le Sud-Ouest de l'Ontario, mais il reste beaucoup de travail à faire.
À mes yeux, le graphique intitulé « Variation des émissions de GES du secteur pétrolier et gazier du Canada depuis 2005 » montre clairement pourquoi nos émissions sont à la traîne et pourquoi nous n'avons toujours pas atteint l'objectif de 1990.
Une autre de mes réflexions porte sur le fait qu'on dit toujours que les émissions du Canada sont plus élevées. Or ce n'est pas la faute à la population canadienne. La population canadienne a l'impression d'avoir quelque chose à se reprocher, mais ce n'est pas vrai. C'est le secteur pétrolier et gazier qui a quelque chose à se reprocher; c'est lui qui produit visiblement de plus en plus d'émissions par baril de pétrole et de gaz, sans même réaliser de gains d'efficacité avec le temps.
J'ai bon espoir que d'autres industries suivront l'exemple de l'industrie de l'acier dans ma région et qu'elles réussiront à changer leurs façons de faire.
J'aimerais avoir votre avis sur deux questions. D'abord, quelle est l'incidence du secteur pétrolier et gazier sur nos piètres résultats en matière de réduction des émissions? Ensuite, pouvez-vous remettre les pendules à l'heure: pouvez-vous nous expliquer comment les émissions sont calculées et confirmer, si vous le voulez bien, que depuis 1997, elles n'ont jamais été aussi faibles qu'elles le sont aujourd'hui, sauf durant la pandémie de COVID‑19?
Je sais que c'est beaucoup.
:
En effet, monsieur le commissaire, il faut investir dans les nouvelles technologies pour réduire les émissions, et nous avons tous pour objectif de réduire les émissions.
Pour terminer, je veux juste faire un commentaire général. Les Canadiens qui travaillent dans le secteur du pétrole sont des Canadiens. Le secteur de l'énergie canadien appartient à tous les Canadiens. Si, au Canada, on produit du pétrole, c'est parce que les Canadiens en ont besoin. Si on cesse cette production au Canada, elle va se faire ailleurs. Si elle se fait ailleurs, on enverra des milliards de dollars dans les autres pays, alors que l'industrie pétrolière contribue à l'économie canadienne.
Bien sûr, des défis sont là, devant nous, mais l'industrie pétrolière fait des efforts de réduction des émissions. Il n'y en aura jamais assez, bien entendu. On veut tous réduire les émissions. Cependant, on ne le fera pas en insultant les Canadiens qui travaillent dans l'industrie du pétrole et en leur disant que c'est seulement l'industrie canadienne du pétrole qui est responsable, plutôt que tous les Canadiens. Je ne partage pas ce point de vue.
Tant et aussi longtemps que nous aurons besoin de l'énergie du pétrole, comme au Québec, où nous avons une augmentation de 7 %...
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Encore une fois, je tiens à remercier le commissaire et toute son équipe. Vos observations et vos commentaires nous aident à améliorer les résultats et nous apprennent bien des choses.
J'aimerais réagir aux commentaires de mon collègue à propos du secteur pétrolier et gazier. Nous ne faisons pas de reproches aux Canadiens qui travaillent dans ce secteur. Nous nous demandons, entre autres, si les grandes sociétés multinationales, qui engrangent des profits records, tiennent sincèrement à réaliser des progrès au chapitre de la réduction des émissions.
Mes questions concernent l'ANZ. Sur les 55 plus grands émetteurs, seulement 2 ont signé des accords et 15 ont présenté des demandes. Je me demande si le manque de participation des entreprises pétrolières et gazières à ce programme est une indication qu'elles ne tiennent pas sincèrement à apporter des changements.
Avez-vous quelque chose à dire là‑dessus? D'après vous, pourquoi le secteur pétrolier et gazier ne participe‑t‑il pas davantage aux programmes susceptibles de favoriser la conception de technologies de rupture ou d'apporter des changements radicaux? On voit ce qui se passe en Alberta, où les projets liés aux sources d'énergie renouvelable ou à la mise en valeur des énergies renouvelables sont mis en suspens. Des PDG ont déclaré qu'ils ne s'intéressaient plus à tout cela, surtout chez Suncor. Avez-vous des réflexions à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Selon le rapport d'inventaire, depuis 2005, on a fait des progrès extraordinaires en électricité, par rapport à 2002. Nous avons aussi vu une réduction des émissions de gaz à effet de serre dans certains secteurs, comme ceux du transport, de l'industrie lourde, des déchets et de l'agriculture. Toutefois, il s'agit encore d'un défi pour le secteur du pétrole et du gaz.
La motion qui est devant nous vise la boîte à outils du gouvernement, qui essaie d'investir dans de nouvelles technologies, afin d'arriver à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Je suis sûre que tous ici, y compris mes collègues conservateurs, veulent qu'on en arrive à réduire ces émissions. Or cela ne se fait certainement pas par magie.
Le gouvernement doit intervenir, comme l'ont fait les économies de partout au monde. Comment interviennent-elles? Comme nous le savons, nous pouvons intervenir en investissant massivement dans les technologies — mes collègues conservateurs en parlent souvent. C'est ainsi que nous allons en arriver à une économie carboneutre. Il s'agit du premier outil de la boîte.
Le deuxième outil...
:
Je vais clarifier mes propos, monsieur le président.
Monsieur Mazier, ce que je dis est très pertinent, parce que l'initiative Accélérateur net zéro est exactement la boîte à outils de l'investissement. La motion demande si c'est efficace,
Grâce à cette boîte à outils, je pense que nous y arrivons. Selon votre motion, vous arrivez à la conclusion que ce n'est peut-être pas le meilleur outil. Il faut investir des milliards de dollars dans la technologie. Dans ce cas, quelles seraient les autres solutions? On peut se servir de deux autres outils — j'ai déjà parlé du premier.
Le deuxième outil serait la mise en place d'une réglementation, comme on l'a fait pour le plastique. Comme nous voulons arrêter d'utiliser le plastique, on a mis en place une réglementation. Le gouvernement nous dit ce que nous devons faire et ce que nous ne devons pas faire.
Le troisième outil serait l'établissement d'un plafond pour les émissions dans le secteur pétrolier.
Si les investissements ne fonctionnent pas, comme vous le prétendez au moyen de votre motion, quelles sont les autres solutions, monsieur Mazier? On pourrait plafonner les émissions ou...
:
J'aimerais résumer mon propos. M. Mazier a déposé sa motion en raison des longues discussions que nous avons eues sur l'initiative Accélérateur net zéro. Cette initiative dispose d'un fonds destiné aux industries afin qu'elles puissent investir dans les technologies leur permettant d'être plus performantes et de réduire leur empreinte carbone, leurs émissions de GES, dans leurs secteurs respectifs. En outre, selon le rapport auquel renvoie la présente motion, l'initiative Accélérateur net zéro ne semble pas aussi efficace qu'on le voudrait. Comme je le disais tout à l'heure, nous avons tout intérêt à trouver, ensemble, des solutions efficaces pour en arriver à une économie carboneutre. C'est notre objectif.
Or mes collègues conservateurs mettent tous leurs efforts ou leurs stratégies pour atteindre cet objectif, tout en ayant une pensée un peu magique voulant que, si on investit dans les technologies, il y aura automatiquement une transition vers une économie carboneutre. Or, comme M. Mazier l'admet lui-même et compte tenu des questions que nous posions au commissaire, malheureusement, certains secteurs, comme le secteur pétrolier et gazier, ne tirent pas profit de l'initiative.
Pourtant, c'est une bonne initiative. Nous investissons, nous prenons l'argent des contribuables pour aider ces secteurs à développer des technologies qui vont les rendre beaucoup plus performantes. Malheureusement, cela ne fonctionne pas, et c'est ce que nous venons de comprendre aujourd'hui. Nous voulons que cela fonctionne, mais nous ne pouvons pas forcer les compagnies qui ne veulent pas investir à le faire, même avec notre aide. Nous avons des leviers financiers. D'ailleurs, nous parlions de milliards de dollars en investissements pour aider les compagnies à faire justement la transition vers une économie verte. Or nous avons besoin de la tarification du carbone, ou cela nous prend un plafond d'émissions. Nous n'y arriverons pas sans cela, sans ces autres outils.
La question qui se pose est la suivante: si nous n'avons pas ces autres outils, nous devons nous fier de nouveau à un fonds Accélérateur net zéro. Il nous faut donc absolument d'autres outils dans notre boîte à outils, et c'est ce que nous avons. Nous avons plusieurs outils.
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Merci, monsieur le président.
Pour récapituler — parce que c'était il y a quelques jours —, nous avons été témoins jeudi d'une obstruction surprise de la part des libéraux qui ont gardé la parole jusqu'à la fin de la réunion. Heureusement, nous avons pu suspendre la séance. Je vous en remercie, chers collègues, car je crois qu'il s'agit d'une question importante.
L'intention des libéraux était d'éviter un vote à la fin de la dernière réunion au sujet de l'ordre de production de documents concernant la totalité des accords de contribution conclus aux fins de l'initiative Accélérateur net zéro, laquelle a fait l'objet d'échanges nourris entre tous les partis et le commissaire à l'environnement qui comparaissait alors devant nous. Il s'agissait pourtant du même programme pour lequel le commissaire à l'environnement avait découvert que l'on ne prenait pas toujours, voire presque jamais, toutes les précautions nécessaires avant d'approuver le financement par le gouvernement.
Le commissaire a également constaté que l'on n'avait pas démontré clairement que les ressources consacrées à cette initiative avaient été utilisées de façon optimale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le commissaire a aussi conclu que l'initiative ne s'inscrivait pas dans une politique industrielle cohérente et exhaustive sur la décarbonation.
Le commissaire a en outre détecté un risque de comptabilisation en double dans la méthode de suivi des réductions d'émissions, ce qui est très préoccupant, d'autant plus que le gouvernement a diffusé son rapport d'inventaire national le même jour.
Le commissaire a par ailleurs constaté que le gouvernement n'avait pas respecté certains des principes de calcul des émissions, ce qui remet en question les chiffres annoncés quelques heures plus tôt.
Le commissaire a aussi noté que, pour un projet, le ministère n'avait pas inclus tous les renseignements pertinents dans l'exercice d'évaluation des gaz à effet de serre, ce qui va à l'encontre des principes de transparence et d'exhaustivité.
Je pourrais continuer à vous parler du convaincant témoignage livré ce jour‑là par le commissaire, mais je pense que mon résumé est suffisant pour que mes collègues et les Canadiens comprennent bien où je veux en venir.
La réalité, c'est que le gouvernement libéral a très mal géré son programme de 8 milliards de dollars. Étant donné que le commissaire à l'environnement ne peut pas conclure que nous en avons effectivement eu pour notre argent, je n'ai aucune idée de la façon dont les Canadiens pourraient savoir exactement à quoi s'en tenir à ce sujet.
Malheureusement, il semble se dégager chez les libéraux une tendance à faire de l'obstruction.
J'ai eu la chance de rendre visite à mes collègues du comité des opérations gouvernementales il y a quelques semaines. Nous nous sommes alors intéressés à la publication prévue des contrats annoncés concernant les usines de batteries de véhicules électriques avec d'importantes subventions versées par les contribuables canadiens à des entreprises étrangères pour faire venir ici des pièces et des composantes chinoises et les faire assembler par des travailleurs étrangers choisis par l'entreprise.
J'estime bien sûr tout à fait raisonnable dans le cas en question, tout comme dans celui‑ci, de demander que les contrats soient fournis. De toute évidence, il est possible de caviarder certains passages s'il y a des raisons légitimes de le faire. Je pense que mes collègues ne veulent pas que des données confidentielles soient divulguées, mais il faut qu'il y ait une volonté de diffuser les contrats. Nous parlons de milliards et de milliards de dollars et d'un gouvernement qui n'est pas disposé à les rendre publics.
La tendance est vraiment aux promesses non tenues. Je n'ai malheureusement pas le temps de passer en revue toute la liste des promesses non tenues de ce gouvernement, mais il faudra se rappeler, la prochaine fois que le gouvernement indiquera vouloir dépenser 8 milliards de dollars pour quelque chose, qu'il est raisonnable de se demander où va cet argent et quels résultats sont ainsi obtenus.
À une certaine époque, le premier ministre affirmait que la lumière du jour est le meilleur désinfectant qui soit. Il fut un temps où ce gouvernement prétendait vouloir être ouvert par défaut. C'est ce même gouvernement qui devait être le plus transparent de l'histoire du Canada. De toute évidence, ce sont des promesses non tenues comme en témoignent les données auxquelles on nous a refusé l'accès pour notre analyse des hypothèses de modélisation des émissions de la taxe sur le carbone, tout comme cet autre comité n'a pas pu avoir accès aux contrats touchant les véhicules électriques.
J'espère que mes collègues libéraux cesseront de rompre leurs promesses, qu'ils reviendront à leur volonté d'être ouverts par défaut, qu'ils publieront les contrats, qu'ils voteront en faveur de cette motion et qu'ils n'obligeront pas les partis de l'opposition à se coaliser pour obtenir cette information.
Les Canadiens et tous ceux qui ont assisté à la comparution de notre commissaire à l'environnement devant le Comité se posent exactement les mêmes questions que nous.
J'espère que nous pourrons obtenir rapidement le consentement unanime à l'appui de cette motion de telle sorte que les contrats soient transmis au commissaire à l'environnement et au Comité pour que nous puissions en prendre connaissance et déterminer s'il y a effectivement optimisation des ressources.
Je sais qu'il y a une longue liste d'intervenants, mais j'espère que nous pourrons régler cette question très rapidement afin de pouvoir nous attaquer aux autres dossiers dont nous sommes saisis et passer à notre prochaine étude.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Mon intervention ne sera pas longue. Je ne veux pas reprendre la liste de toutes les entraves que mon collègue vient de soulever à propos de la reddition de comptes en lien avec cette question.
En fait, je trouve cela un peu gênant. Nous avons reçu M. DeMarco. Il est venu nous parler de trucs très gênants, notamment de l'attribution de contrats de gré à gré, dont nous savons absolument rien.
Je vous rappelle que l'initiative Accélérateur net zéro dispose d'un financement de 8 milliards de dollars. Nous sommes, tous ici, des représentants du peuple. Nos concitoyens s'attendent à ce que nous fassions notre travail, c'est-à-dire que nous demandions au gouvernement de rendre des comptes sur l'argent qu'il dépense, d'autant plus qu'il s'agit d'une question sur laquelle le gouvernement se vante d'être un des plus progressistes au monde. Nous entendons des discours à la Chambre des communes, à savoir que nous sommes bons, que le Canada est un chef de file de la lutte contre les changements climatiques, que le dossier des émissions de gaz à effet de serre va de mieux en mieux, que nos investissements sont ciblés et que tout cela fonctionne. Toutefois, M. DeMarco nous a dit, la semaine dernière, que cela ne fonctionne vraiment pas aussi bien que'on le pense. Pourtant, on dépense beaucoup d'argent.
Je voudrais rappeler qu'en 2022, selon un rapport publié par le Fonds monétaire international, le Canada a investi 50 milliards de dollars dans l'industrie pétrolière de façon directe ou indirecte. C'est vraiment beaucoup d'argent. On parle de 50 milliards de dollars. Je vous rappelle que les cinq grandes pétrolières ont fait 200 milliards de dollars de profits en 2022; or le gouvernement en rajoute, et je ne parle même pas de Trans Mountain, qui finalement a abouti à une dépense de 35 milliards de dollars, alors qu'au début, ce projet devait coûter autour de 7 milliards de dollars, si je ne m'abuse. C'est donc environ quatre fois le montant initial.
On ne peut pas faire confiance aux libéraux pour gérer l'argent des contribuables relativement à la lutte contre les changements climatiques. La preuve est faite depuis longtemps.
Les gens peuvent nous écouter ici. Nous sommes des représentants du peuple. Je n'en reviens pas. Tout ce que nous demandons, c'est une reddition de comptes quant aux contrats qui ont été signés. Je trouve inacceptable de discuter aussi longtemps d'un sujet qui devrait aller de soi. Nous sommes des représentants du peuple et nous devons rendre des comptes aux gens. Les gens sont inquiets en ce qui a trait à la lutte contre les changements climatiques. Il y a beaucoup d'écoanxiété au sein de la population. Nous sommes ici, et nous nous posons cette question.
Je n'en parlerai pas plus longtemps. J'espère vraiment qu'un vote nous permettra d'aller au fond des choses. C'est l'aspect le plus fondamental de ce que nous avons à faire. En fait, c'est notre raison d'être. Nous sommes ici pour demander au gouvernement de rendre des comptes.
M. DeMarco et son équipe ont fait un travail formidable. Nous, nous voulons pousser plus loin la question. Nous voulons aller encore plus loin pour en savoir davantage sur ce que M. DeMarco ne pouvait pas nous dire la dernière fois. J'espère que nous allons voter en faveur de cette motion et que mes collègues du Parti libéral verront qu'il faut absolument le faire. C'est une question importante pour la démocratie. Nous sommes ici pour représenter nos concitoyens, qui sont inquiets relativement à la lutte contre les changements climatiques. Il faut que le gouvernement rende des comptes.
Voilà ce que je voulais dire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Nous sommes tout à fait ouverts à l'idée de rendre accessibles plus d'éléments d'information à ce sujet. J'ai parlé de la mauvaise qualité de l'air à Halton. De plus, ayant fréquenté l'Université McMaster, j'ai pu voir les épaisses colonnes de fumée s'échapper de la Dofasco. C'est une véritable calamité, aussi bien pour le coup d'œil que pour la santé pulmonaire.
L'annonce qu'on allait se tourner vers la technologie de l'arc électrique pour la production d'acier a été très bien accueillie dans ma région, ce qui va bien sûr tout à fait dans le sens de l'approche des conservateurs en matière technologique. C'est précisément ce dont il est question lorsque nous parlons de prendre des mesures novatrices. Notre gouvernement a choisi de soutenir l'innovation au sein des entreprises, des universités et des cercles scientifiques. Pour un certain nombre de grandes entreprises — comme Algoma Steel et Dofasco, à Hamilton —, c'est une grande réussite.
Je veux que l'on puisse se réjouir de réussites semblables dans le comté de Brant, dans le Sud du Manitoba, en banlieue de Québec et partout au pays. Passons à l'action.
Cette motion nous pose problème uniquement en raison du temps requis pour rassembler les documents pertinents. Nous pourrions l'appuyer si le délai était porté à 14 jours. En fait, nous n'avons même pas à voter. Si nous sommes tous d'accord, il ne nous reste qu'à passer au dossier suivant.
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Merci, monsieur le président.
L'enjeu dont nous sommes saisis aujourd'hui est extrêmement grave. Il y a là un problème flagrant qui devrait alarmer tous les Canadiens. En fait, après avoir entendu le témoignage du commissaire à l'environnement et lu son rapport, je pense qu'il s'agit peut-être de l'opération de camouflage la plus coûteuse depuis l'élection de Justin Trudeau.
En décembre 2020, les libéraux ont annoncé le lancement de l'Accélérateur net zéro. Ils ont facturé 3 milliards de dollars aux contribuables pour le financer. Moins d'un an plus tard, ils ont doublé les dépenses et annoncé le versement de 5 milliards de dollars de plus à ce programme gouvernemental, portant ainsi le coût total à 8 milliards de dollars.
Il est très important de souligner que les libéraux prétendent que l'objectif de cet accélérateur net zéro était de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Leur plan consistait à donner des milliards de dollars de l'argent des contribuables aux grandes entreprises en échange d'une réduction donnée des émissions.
Habituellement, lorsqu'un gouvernement annonce des dépenses de 8 milliards de dollars, il s'en vante pendant des années et parle de ses résultats. Cependant, depuis la mise en place de l'accélérateur net zéro, nous avons à peine entendu un mot de la part des libéraux sur ce programme de 8 milliards de dollars. Nous savons maintenant pourquoi ils sont si silencieux.
La semaine dernière, le commissaire indépendant à l'environnement du Canada a révélé que l'Accélérateur net zéro du gouvernement n'est rien d'autre qu'une autre caisse noire. Il a conclu que le gouvernement libéral « n'a pas géré avec efficacité l'initiative Accélérateur net zéro... afin de décarboner les industries manufacturières conformément aux objectifs climatiques du Canada ou en accordant toute l'importance voulue à l'optimisation des ressources dans l'intérêt de la population canadienne ».
Non seulement avons-nous appris que le gouvernement donnait...
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Merci, monsieur le président.
Pourquoi diable ce gouvernement distribue‑t‑il des milliards de dollars sans avoir la moindre idée de la quantité d'émissions réduites, si tant est qu'il y en ait? Pire encore, le gouvernement n'a pas rendu publics les accords de financement, de sorte que nous ne savons même pas à qui cet argent est allé ni pourquoi. C'est absurde.
C'est pourquoi je propose cette motion afin d'obtenir ces informations. Si les libéraux dépensent 8 milliards de dollars de l'argent des contribuables, les Canadiens méritent légitimement de savoir à quoi sert leur argent. Il n'y a aucune raison pour que ces accords de financement ne soient pas transmis au Comité.
Le a promis que son gouvernement serait le plus transparent de l'histoire du Canada. Or, ce dernier empêche continuellement notre comité d'obtenir des informations. Nous devons non seulement obtenir les accords de financement de cette caisse noire de 8 milliards de dollars, mais aussi le rapport d'étape sur l'Accélérateur net zéro.
Selon le rapport du commissaire à l'environnement, le gouvernement cache également aux Canadiens le rapport sur les émissions de l'Accélérateur net zéro. Il a déclaré que « l'outil [de suivi] a été conçu pour évaluer le progrès de l'initiative Accélérateur net zéro par rapport à une cible interne établie par le ministère même et n'a pas été rendu public ».
Les Canadiens méritent de connaître la vérité sur cette caisse noire. Dans son rapport de 2023, le commissaire à l'environnement a déclaré que le gouvernement fédéral n'est pas en voie d'atteindre l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixé pour 2030.
La raison pour laquelle les libéraux refusent de communiquer ces informations aux Canadiens est très claire. Leur bilan environnemental est un échec. En fait, l'année dernière, le Canada a perdu quatre places dans le classement de l'Indice de performance climatique, malgré cette caisse noire de 8 milliards de dollars et une nouvelle augmentation de la taxe sur le carbone.
Monsieur le président, je rappellerai au Comité que l'an dernier, une autre caisse noire libérale a été révélée. Je pense donc qu'il est impératif que nous allions au fond des choses. Nous avons appris l'an dernier que le avait choisi une présidente pour gérer un autre fonds vert d'un milliard de dollars. Les Canadiens ont fini par découvrir que la présidente de la caisse noire des technologies vertes avait détourné 217 000 $ de l'argent des contribuables au profit de sa propre entreprise. Cette caisse noire verte a été dénoncée pour sa mauvaise gestion flagrante et ses multiples conflits d'intérêts. À ce propos, le représentant du gouvernement a confirmé qu'aucune mesure n'avait été prise après la révélation de ces conflits d'intérêts.
Ce que je veux dire, monsieur le président, c'est qu'il y a un historique flagrant de corruption et de camouflage au sein du gouvernement libéral. Il est essentiel que nous allions au fond des choses, compte tenu du rapport accablant du commissaire à l'environnement.
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Merci, monsieur le président.
Pour ceux qui nous écoutent, je rappelle que nous tenons ce débat à la suite d'une rencontre que nous avons eue il y a cinq jours ici, au Comité permanent de l'environnement et du développement durable, avec le commissaire à l'environnement. Comme on le sait, le commissaire et son équipe sont des gens indépendants qui documentent des questions particulières et portent un regard objectif sur celles-ci. Ils ont déposé cinq rapports prêtant à examen et pouvant susciter des débats politiques. C'est d'ailleurs pourquoi nous sommes en politique. Nous avons des opinions contraires, et c'est bien ainsi. On appelle cela la démocratie, et nos forums sont la Chambre des communes et les comités parlementaires, comme celui où nous sommes actuellement.
Un des rapports du commissaire à l'environnement portait sur l'initiative Accélérateur net zéro du Fonds stratégique pour l'innovation visant à décarboner les industries manufacturières. L'initiative Accélérateur net zéro est un programme qui vise à demander aux entreprises de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, et donc la pollution, en leur versant des sommes. Il ne s'agit pas d'un petit programme de rien du tout, mais d'une enveloppe de 8 milliards de dollars. Pour ceux qui nous écoutent à la maison, je souligne que 8 milliards de dollars de leurs taxes, ou plutôt de leurs impôts, vont servir à cela. Je fais cette distinction parce qu'on a appris, lors du dépôt du budget, que 54,1 milliards de dollars allaient servir à payer les intérêts sur la dette, et c'est exactement le montant que les Canadiens paient en TPS. Alors, quand tous les Canadiens paient des taxes, cela sert uniquement à payer les intérêts sur la dette, et pas du tout à financer de tels programmes.
Maintenant, ce programme a-t-il bien fonctionné? À notre avis, la réponse est non, pas du tout. C'est pourquoi nous avons posé des questions directement au commissaire à l'environnement. Or ses réponses étaient pour le moins cinglantes. Quand je lui ai demandé, en premier lieu, si cela fonctionnait et si c'était efficace, il m'a répondu ceci: « Je ne suis pas convaincu qu'il est efficace. Il pourrait l'être par hasard, mais ce ne serait pas grâce à un grand plan [...] »
Le hasard, il est de l'autre côté de la rivière des Outaouais, au casino.
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Je n'ai rien contre l'installation qu'il y a chez vous, mais ce n'est pas l'endroit où on doit miser 8 milliards de dollars de l'argent des contribuables. Je pense que Mme la députée sera d'accord avec moi.
Ce n'est pas nous, les conservateurs, qui disons que cela pourrait fonctionner par hasard. C'est le commissaire à l'environnement lui-même, qui a passé des jours et des jours, avec son équipe chevronnée, à étudier les résultats réels de cet accélérateur dans lequel on a investi 8 milliards de dollars de l'argent des contribuables. Or il conclut qu'il n'est pas convaincu que c'est efficace, mais que cela pourrait l'être par hasard. Ce n'est pas sérieux. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est le commissaire à l'éthique, ou plutôt le commissaire à l'environnement. Désolé. Avec ce gouvernement, on parle trop souvent d'éthique, mais je parlais du commissaire à l'environnement.
Nous avons posé des questions au commissaire sur un autre sujet, et il nous a dit qu'il n'avait jamais vu le modèle de calcul de la taxe sur le carbone. Ce n'est pas rien. Nous sommes tous réunis pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l'empreinte environnementale et la pollution. L'avenue choisie par le gouvernement dûment élu par la population est d'avoir une taxe sur le carbone. Nous sommes contre, il est pour, et c'est correct. On appelle cela la démocratie, mais encore faut-il savoir si cela fonctionne. Or, quand nous avons demandé au commissaire à l'environnement si cela fonctionnait — je ne parle pas juste de la taxe sur le carbone, et non du fonds de 8 milliards de dollars —, il a dit qu'il n'avait jamais vu le modèle de calcul de la taxe sur le carbone.
Quand on établit quelque chose comme une taxe, ce qui implique un montant d'argent, la moindre des choses, c'est de savoir si cela fonctionne ou non, et il y a des façons de le calculer. Or le commissaire à l'environnement, dont la responsabilité fondamentale est de vérifier l'efficacité des programmes gouvernementaux relatifs à des sujets précis, a dit qu'il n'avait jamais vu le modèle de calcul de la taxe sur le carbone. Il faut aller au fond des choses, monsieur le président.
À une question précise de mon collègue M. Mazier sur la façon dont on calculait les réductions d'émissions, un fonctionnaire du ministère dont je n'ai pas le nom — je tiens seulement à préciser que ce n'est pas le commissaire lui-même — a confirmé que, dans certains cas, on pouvait calculer deux fois le même effet.
On pouvait donc calculer deux fois la réduction d'émissions d'une même source. Ce n'est pas très rigoureux. Encore une fois, monsieur le président, ce n'est pas nous, les conservateurs, qui le disons. C'est une des trentaines de personnes qui étaient ici. Elles étaient bien équipées. On a vu que leur travail avait été fait avec sérieux et rigueur.
Je tiens aussi à rappeler à ce comité une chose que le commissaire à l'environnement et au développement durable a dite lors de l'entretien que nous avons eu avec lui. Il a dit que la majorité des projets ne comportait pas d'engagement de réduction des émissions. La majorité des projets, monsieur le président. Que ce soit ainsi dans un ou deux cas, de temps en temps, on peut le comprendre, mais, mille tonnerres, il n'y a pas eu d'engagement de réduction des émissions dans la majorité des projets. Que font-ils de ces projets, si ce n'est pas réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre?
[Traduction]
C'est sérieux, monsieur le président.
On parle de 8 milliards de dollars des contribuables qui sont censés assurer la réduction des émissions.
Permettez-moi d'être clair, monsieur le président. Nous tous, autour de cette table, partageons le même objectif de réduction de la pollution et des émissions.
Il y a différentes façons d'y arriver. Le gouvernement — et il a le mandat pour le faire — a proposé une taxation sur le prix de la pollution. À notre avis, ce n'est pas la meilleure façon de réduire les émissions, mais c'est là où loge le débat. C'est cela la démocratie. Ils sont pour, nous sommes contre. C'est la nature même du Parlement, et nous allons continuer à protéger cette diversité de points de vue. Toutefois, il est très important de partager le même objectif de réduction des émissions et de voir si la façon dont nous nous y prenons pour y arriver est efficace.
[Français]
Les moyens pris pour réduire les émissions sont-ils efficaces ou non? Dans le cas présent, monsieur le président, nous estimons que le travail n'a pas été bien fait et que l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre n'est pas du tout atteint, selon les commentaires du commissaire. Ce dernier a dit qu'il n'était pas convaincu que c'était efficace, que si ce l'était, ce pourrait être un hasard, qu'il n'avait pas le modèle de calcul de la taxe sur le carbone, que, dans certains cas, on avait compté deux fois une réduction d'émissions et qu'il n'y avait pas eu d'engagement de réduction des émissions dans la majorité des projets.
C'est pourquoi, monsieur le président, mon collègue M. Mazier a déposé sa motion, qui cite, justement, le rapport du commissaire. Elle commence ainsi:
Étant donné que le commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada a indiqué:
ç
a. Que le gouvernement libéral [...]
C'est dans le rapport, au paragraphe 4.72. Ce n'est pas rien. Écoutez bien ce qui suit:
[...] n’avait pas géré avec efficacité l'initiative Accélérateur net zéro du Fonds stratégique pour l'innovation afin de décarboner les industries manufacturières conformément aux objectifs climatiques du Canada ou en accordant toute l'importance voulue à l'optimisation des ressources dans l'intérêt de la population canadienne »;
Ce n'est pas le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'environnement qui le dit. C'est le commissaire à l'environnement et au développement durable lui-même qui l'a écrit noir sur blanc, au paragraphe 4.72 de son rapport sur l'initiative Accélérateur net zéro, une initiative de 8 milliards de dollars, qui conclut que cela n'a pas bien été fait. C'est pourquoi la même motion se poursuit ainsi:
ç
b. Que les progrès et les résultats en matière de réduction des émissions de l'initiative Accélérateur net zéro de 8 milliards de dollars du gouvernement libéral ne sont pas rendus publics.
Donc, la motion se termine comme suit:
Le Comité ordonne la production (i) de l'outil complet de suivi utilisé par le gouvernement pour mesurer les progrès et les résultats de l'initiative Accélérateur net zéro; (ii) de toutes les cibles internes de l'initiative Accélérateur net zéro établies par le gouvernement, notamment la cible de réduction des émissions; (iii) de tous les accords de contribution conclus à ce jour dans le cadre de l'initiative Accélérateur net zéro, dans la semaine suivant l'adoption de la présente motion.
On comprend que nous avons adopté l'amendement de notre collègue libéral, que je salue d'ailleurs, afin d'accorder deux semaines plutôt qu'une au gouvernement. Nous nous entendons très bien là-dessus. On va prendre le temps qu'il faut, mais il faut avoir les résultats.
Essentiellement, monsieur le président, nous sommes ici parce que le commissaire a dit que c'était bien beau, cette affaire, mais que cela ne rendait pas les résultats escomptés; parce que nous voulons avoir les résultats réels pour pouvoir tenir un vrai débat de fond sur l'efficacité et sur les moyens d'assurer, pour l'avenir du Canada, une réduction réelle, efficace, pragmatique et non dogmatique des émissions de gaz à effet de serre.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie mes collègues de leurs discours.
Je tiens à ce que certaines choses soient consignées aux fins de compte rendu en ce qui concerne le fonds de l’Accélérateur net zéro. Bien que je comprenne parfaitement le désir d'obtenir davantage d'informations, j'aimerais replacer certains de ces investissements dans leur contexte et expliquer ce qu'ils représentent pour notre région du Sud-Ouest de l'Ontario, ainsi que pour Sault Ste. Marie dans le cas d'Algoma Steel.
Mes collègues ne cessent de dire que ces investissements ne permettent pas de réduire les émissions, ce qui est tout simplement faux. Le gouvernement a annoncé 400 millions de dollars pour le projet Dofasco, ce qui permettra de réduire plus de la moitié des émissions de carbone liées à la production d'acier dans l'usine de Hamilton. Les émissions seront réduites de 60 %. Ce projet a fait l'objet d'une large couverture médiatique. Ce que j'ai sous les yeux n'est pas un document du gouvernement, mais simplement toutes les nouvelles qui sont sorties lors de ce grand jour il y a trois ans lors duquel nous avons annoncé que la production d'acier à Hamilton ne serait plus aussi sale qu'elle l'a toujours été d'ici 2028.
J'ai travaillé dans le secteur de l'acier à Hamilton, et je dois dire que c'est un travail assez sale. Ma tâche consistait à balayer le sol et à enlever la rouille de l'acier stocké à l'extérieur. C'est un travail sale, mais il n'a pas besoin de l'être à ce point. Il peut assurément être moins polluant, en tout cas.
Le PDG d'ArcelorMittal a déclaré que l'entreprise était fière de l'initiative du gouvernement et que cet investissement contribuerait à réduire 60 % de ses émissions, qui sont très élevées. Cette usine et celle de Sault Ste. Marie réduiront leurs émissions de six millions de tonnes par an. C'est énorme. Six millions de donnes par an, c'est six mégatonnes. Cela nous rapprochera du but de 700 mégatonnes, qui est l'un de nos objectifs.
J'ai également entendu à plusieurs reprises que nous n'étions pas en voie d'atteindre nos objectifs en matière d'émissions, mais ce n'est pas vrai non plus. Nous sommes en voie d'atteindre notre objectif de 2026, ce qui est une excellente nouvelle.
Il est important d'accepter le rapport d'emblée, et l'une des conclusions est que nous atteindrons notre objectif de 2026. Cela dit, nous devons prendre des mesures supplémentaires pour atteindre nos objectifs de 2030.
Revenons à la réduction de six millions de tonnes d'émissions par an. Il ne s'agit là que des émissions de carbone, soit dit en passant. Il y a beaucoup d'autres choses qui s'échappent dans l'air lorsque nous utilisons du charbon pour produire de l'acier. L'environnement sera plus sain. Il y aura moins d'émissions. Il y aura moins d'infections des voies respiratoires supérieures et de détresse respiratoire en été.
Cette réduction équivaut à retirer 1,8 million de véhicules de la circulation. C'est presque le nombre de véhicules à Toronto, Montréal et Vancouver réunis. Il s'agit d'un progrès remarquable, et c'est la force de l'investissement dans la technologie avec ces entreprises.
Le recours à la technologie est l'une des façons de veiller à réduire nos émissions. Cette réduction annuelle de trois millions de tonnes représente 30 % de l'ensemble des réductions d'émissions de Hamilton. C'est 30 % de leurs émissions globales. La ville émet présentement 11 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an, et Dofasco contribue à près de la moitié de ces émissions, soit 4,8 tonnes. Bon, il est écrit 4,8 tonnes, mais je présume que l'on veut dire 4,8 millions. Il s'agit peut-être d'une faute de frappe. Je ne fais que lire l'article.