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Bonjour, tout le monde.
Cela me fait plaisir de vous voir tous et toutes après la longue pause de la saison estivale.
Aujourd'hui, Mme Pauzé sera remplacée par Mme Vignola, qui a déjà été des nôtres. Si je ne m'abuse, Mme Pauzé est à New York pour une conférence nord-américaine sur les changements climatiques, à laquelle participe également le .
Nous poursuivons notre étude sur les technologies propres, que nous avons eu la chance de lancer avant la pause estivale. C'est notre deuxième séance avec témoins sur le sujet.
Notre réunion d'aujourd'hui se déroule de nouveau dans un format hybride. Je rappelle à ceux que je vois à l'écran qu'ils doivent mettre leur microphone en mode sourdine lorsqu'ils n'ont pas la parole. Ils peuvent évidemment parler dans l'une ou l'autre des deux langues officielles.
À part cela, je pense que tout le monde connaît les règles sanitaires à suivre quand on participe aux réunions en personne.
[Traduction]
Pour la première heure de notre deuxième réunion sur l'étude des conservateurs sur les technologies propres, nous accueillons, à titre personnel, M. Michael Ross, qui est titulaire de la chaire de recherche industrielle sur l'énergie du Nord à l'Université du Yukon.
[Français]
Nous avons également parmi nous M. Vincent Moreau, vice-président exécutif d'Écotech Québec, qui participe par vidéoconférence, et Mme Jeanette Jackson, présidente-directrice générale du Foresight Cleantech Accelerator Centre, qui participe en personne.
Les témoins disposeront chacun de trois minutes pour leur mot d'ouverture. Ensuite, nous passerons aux questions et réponses. Je vais donc suivre l'ordre qui est devant moi.
[Traduction]
Monsieur Ross, la parole est à vous pour trois minutes.
Je m'appelle Michael Ross. Je dirige un programme de recherche à l'Université du Yukon avec les services publics fournissant de l'électricité dans les territoires. Ainsi, j'étudie les technologies renouvelables et toutes les technologies utiles pour répondre aux besoins de nos industries, mais en gros, je me concentre beaucoup sur l'intégration des énergies renouvelables dans les collectivités éloignées du Nord, en particulier dans les communautés autochtones qui ont des projets d'énergie renouvelable.
En définitive, ce que j'ai constaté, c'est que l'intégration des technologies d'énergie renouvelable n'est jamais un enjeu isolé. Il faut prendre en compte de nombreux aspects différents. J'aime utiliser le cadre STEEP pour analyser les considérations pertinentes pour l'intégration des énergies renouvelables dans les communautés éloignées. Il s'agit d'examiner les aspects sociaux, techniques, économiques, environnementaux et politiques de l'intégration des énergies renouvelables.
L'aspect social est la raison d'être du gouvernement: veiller au bien-être des gens. L'intégration des énergies renouvelables peut laisser un héritage durable dans les collectivités éloignées si elle est faite correctement.
Quant à l'aspect technique, c'est mon pain et mon beurre. Je suis ingénieur électricien. Le mandat premier des services publics est de fournir de l'énergie sûre et fiable à leurs clients. Si le réseau est fiable à 99,99 %, tout le monde supposera que quoi qu'il advienne, il fonctionnera toujours, mais ce n'est pas toujours le cas, surtout que l'énergie entrante doit toujours être égale à l'énergie sortante, donc lorsqu'on intègre des ressources intermittentes comme le solaire et l'éolien au réseau, on ne peut pas dire au soleil de...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les membres du Comité de nous recevoir aujourd'hui pour parler de la Stratégie relative aux données sur les technologies propres. Je m'appelle Vincent Moreau et je suis vice-président exécutif chez Écotech Québec depuis maintenant trois ans. Écotech Québec est une grappe industrielle qui accompagne l'écosystème des technologies propres au Québec. On parle d'investisseurs, d'innovateurs et d'entreprises qui veulent adopter des technologies propres. On parle également d'accélérateurs et d'incubateurs. Bref, nous animons et accompagnons cet écosystème pour faciliter et accélérer le déploiement de solutions qui vont protéger l'environnement et contribuer à la lutte contre les changements climatiques.
La deuxième chose que nous faisons, c'est influencer les politiques publiques en ce sens. Nous croyons énormément aux pouvoirs et aux moyens que les technologies propres nous donnent pour amorcer la transition écologique que les entreprises doivent faire. Pensons notamment à de grandes entreprises ou industries qui vont demander à leurs petits fournisseurs de s'adapter à des critères ou à des normes, par exemple en matière de finance durable, ou encore leur donner des cibles environnementales. Le fait qu'on amorce une transition écologique, qui est nécessaire pour lutter contre les changements climatiques au Canada, aura une incidence sur toute la chaîne d'approvisionnement.
Nous avons trois recommandations en ce sens.
Premièrement, il faut appuyer les petites et moyennes entreprises innovantes pour solidifier leur situation et leur permettre de poursuivre leurs travaux de recherche et leurs activités de déploiement. On peut le faire de différentes manières, notamment en bonifiant les programmes ou par l'entremise de mesures d'écofiscalité ou de crédits d'impôt. Je pourrai vous en parler plus longuement lors de la période de questions.
Deuxièmement, il faut bonifier les programmes qui sont en cours, permettre aux entreprises d'y avoir accès plus rapidement et plus facilement, et accélérer leurs activités de déploiement. Nous voulons mettre en œuvre le plus grand nombre de projets possible. Donc, il faut assurer un accès rapide aux programmes existants, tout en les bonifiant et en les harmonisant.
Troisièmement, il faut inciter les entreprises industrielles qui ont entrepris des démarches, qui veulent accélérer le pas et embarquer dans l'aventure de cette transition qui doit s'opérer. Il faut aussi inciter par d'autres mesures les entreprises qui, elles, bénéficient de ces programmes en exigeant qu'elles aient des cibles et des normes ou qu'elles démontrent qu'elles font des démarches pour adopter des technologies propres qui auront un effet sur la lutte contre les changements climatiques et sur la protection de l'environnement. Cela peut se faire de plusieurs façons. Je peux vous donner plein d'exemples de recommandations. Je pense notamment à l'amortissement accéléré. On peut également permettre aux entreprises de protéger leur propriété intellectuelle, leur offrir des crédits d'impôt, par exemple pour la recherche‑développement, bonifier des programmes...
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Bonjour. Je m'appelle Jeanette Jackson. Je suis la directrice générale de Foresight Canada. Je suis honorée d'être ici aujourd'hui.
Foresight est le plus grand accélérateur de technologies propres au Canada, et notre objectif audacieux est que le Canada soit le premier pays du G7 à atteindre la carboneutralité. Nous pouvons y parvenir en rassemblant efficacement les innovateurs, l'industrie, les investisseurs, les universités, les gouvernements et les communautés autochtones de manière stratégique et réfléchie afin de faire connaître, de commercialiser et de populariser rapidement les solutions de technologies propres du Canada.
Nous avons une équipe passionnée de 35 personnes et 170 cadres dans le monde, dans trois grands champs d'activité, soit l'accélération technologique, l'adoption de solutions technologiques et l'harmonisation de l'écosystème. Je serai heureuse de discuter avec vous des détails de notre programme, au besoin.
La lutte contre le changement climatique exige de la collaboration. Grâce à nos partenaires et à nos réseaux, nos programmes ont déjà aidé plus de 850 entreprises canadiennes à valider, à commercialiser et à développer leurs produits, et 150 partenaires mondiaux à acquérir des technologies propres canadiennes. Notre réseau d'entreprises a créé plus de 7 050 emplois verts et attiré 1,2 milliard de dollars d'investissements, en plus de générer plus de 2 milliards de dollars de retombées économiques pour le Canada. Nous organisons également chaque année environ 1 000 rencontres entre entrepreneurs et investisseurs stratégiques.
Nous applaudissons les efforts du gouvernement du Canada pour positionner le Canada comme un chef de file mondial. D'autres pays rattrapent leur retard dans certains domaines au chapitre des investissements et des politiques favorisant l'adoption de technologies.
Les plus grands défis et les plus grands débouchés pour le Canada touchent tous les secteurs. Chaque secteur est concerné, et nous avons un paysage très dynamique de secteurs et de compétences à travers le pays. Si nous travaillons ensemble, cela ouvrira la porte à des possibilités de bien-être économique et social sans précédent grâce aux investissements, aux exportations et au recrutement des meilleurs cerveaux du monde, le tout en assurant la préservation de nos ressources.
Je veux mettre en évidence quelques atouts que nous confèrent les technologies propres, en particulier, dans différentes chaînes de valeur. Dans le domaine de la sylviculture, on leur doit le bois d'ingénierie, les biomatériaux, la bioénergie et des procédés d'emballage. Elles nous aident aussi dans les domaines de l'exploitation minière, du traitement des minéraux, du tri des minerais, des véhicules électriques, des véhicules zéro émission pour les grandes entreprises et, bien sûr, de la production de lithium. Elles nous aident dans les domaines de l'énergie et de la gestion du carbone, pensons au CUSC, à l'hydrogène, au méthane, aux énergies renouvelables, au traitement des technologies et des minerais, et bien sûr, à la gestion des services publics. Elles nous avantagent enfin dans le domaine des transports, par les batteries et les piles à combustible, entre autres, des technologies dans lesquelles nous avons des compétences.
Nous ne pouvons pas non plus négliger la gestion des déchets et l'environnement bâti, qui sont des domaines d'excellence en plein essor au Canada. De plus, l'eau est souvent un segment négligé, parce qu'on ne calcule pas les GES qui y sont liés, mais plutôt l'eau économisée.
Au Canada, nous acquérons également des compétences dans les domaines des données et des technologies propres numériques, de l'IA, de fabrication et de la gestion des crédits de carbone. Si nous voulons devenir un centre mondial de financement des technologies propres, jetons également un coup d'oeil au secteur des finances.
Nous avons des lacunes en matière d'innovation dans ces chaînes de valeur, en particulier pour la fabrication de masse, et il est important de garder à l'esprit que certaines entreprises quittent encore le Canada pour se rapprocher de la clientèle et du capital.
Pour ce qui est des possibilités qui s'offrent à nous, à l'étape de la conceptualisation, assurons-nous de bien renseigner nos universités et nos centres d'innovation sur les réalités de l'industrie, afin de mettre davantage l'accent sur les problèmes, le marché et les données. Je serai heureuse de vous en parler davantage.
En ce qui a trait à la commercialisation, c'est ce qui nous a poussés à lancer certains de nos programmes d'accélération technologique. Il faut vraiment savoir comment commercialiser la technologie et donner aux entreprises les outils dont elles ont besoin pour faire appel à des sociétés d'ingénierie et à d'autres ressources sans crainte pour leur propriété intellectuelle.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ma question s'adresse à tous les témoins qui veulent y répondre ou tenter de le faire.
Vaclav Smil a beaucoup écrit sur les transitions énergétiques. Quand on parle d'atteindre la carboneutralité au Canada et dans le monde, on parle en fait de transition énergétique. Selon M. Smil, « toutes les transitions énergétiques ont une chose en commun: ce sont des processus de longue haleine, qui prennent plusieurs dizaines d’années, et plus l’échelle des utilisations et des conversions en vigueur est grande, plus le processus de substitution est lent ».
À l'heure actuelle, au Canada, environ 7,4 % de l'électricité seulement est produite à partir de l'énergie éolienne et solaire ou de la biomasse. Étant donné la complexité et la difficulté des transitions énergétiques, qu'il s'agisse du passage du bois au charbon ou du charbon au gaz naturel, etc., pourquoi le rythme de cette transition au Canada est‑il si lent?
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Je peux commencer et vous en parler un peu. Nous ouvrirons le bal, en espérant ne froisser personne. Il est évident que certains pays autres que le Canada ont adopté des politiques plus audacieuses et que certains carburants n'y sont plus acceptés à certaines fins. Ces environnements économiques sont très différents de l'environnement économique du Canada, où nous comptons sur le secteur pour financer un grand nombre de programmes non liés à l'énergie, comme les services sociaux.
Chez Foresight, nous appuyons les régions qui voudraient aller de l'avant et passer directement à l'hydrogène vert, mais nous comprenons aussi que certains secteurs devront adopter une approche plus pondérée.
Ce que j'aimerais voir, et Foresight le réclame haut et fort, c'est un arbre de décision énergétique qui nous permettrait de déterminer où il est logique d'utiliser l'hydroélectricité, les biocarburants ou l'hydrogène, en fonction de divers facteurs économiques dans les différentes régions ou de certains extrants ou déchets énergétiques — biocarburants et autres — dans les régions d'industrie lourde du pays. Cela pourrait accélérer la transition dans les secteurs qui ne sont peut-être pas en mesure de simplement appuyer sur l'interrupteur.
Dans les contextes où c'est le plus facile, je pense que nous pourrions être plus exigeants. Les rénovations, c'est bien, mais, même pour le ciment, il y a encore beaucoup d'excellentes entreprises qui produisent du ciment carboneutre, qui ne peut pas être utilisé dans le secteur. L'énergie, c'est un gros morceau, mais je suis consciente de l'importance de ce secteur pour d'autres choses.
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Oui. On parlait surtout des raisons pour lesquelles la transition énergétique ne pouvait pas se faire plus rapidement. Essentiellement, il faut mettre en place des politiques publiques pour accélérer cette transition.
Il y a des endroits où on peut remplacer des carburants fossiles par des énergies renouvelables. Malheureusement, il y en a d'autres où de la recherche est nécessaire. Or, les technologies propres accélèrent cette recherche. Il faut absolument investir dans les entreprises qui ont des solutions pour le monde industriel, par exemple remplacer le gaz naturel par l'hydrogène pour certains procédés.
Je crois donc que les politiques publiques ont un grand rôle à jouer. Il faut offrir des incitatifs fiscaux et rattacher les subventions offertes au principe d'écoconditionnalité pour obtenir des résultats. Il faut encourager les investissements et les éléments comme la taxe sur le carbone ou la bourse du carbone, un outil que nous avons ici, au Québec, et qui peut être assez efficace. Cependant, encore là, il faut assortir la mise en œuvre de tous nos programmes d'une reddition de comptes exigeant une contribution à cette transition énergétique.
Je remercie mes collègues et les whips qui sont derrière nous et qui nous aident tous. Tout ce que nous pouvons faire pour aider les whips à nous aider est formidable.
J'aimerais adresser ma première question à Mme Jackson. Je vous remercie de votre exposé. Trois minutes, c'est court.
J'aimerais revenir sur vos liens avec les centres d'innovation du Canada. Je sais que vous avez un partenariat avec Innovation Guelph, un centre qui m'est très cher, et que vous travaillez avec les femmes entrepreneures avec Innovation Guelph. Ce centre a des contacts avec celui de Calgary et d'autres centres d'innovation du Canada, ainsi qu'avec le Carrefour de la croissance propre, établi à Ottawa. Le Carrefour de la croissance propre est là pour favoriser l'innovation et éliminer les obstacles à l'adoption des technologies dont le Comité a déjà parlé cet après-midi.
Foresight est une organisation d'envergure nationale. Nous collaborons avec une vingtaine d'organismes distincts, y compris des associations, dans différentes régions et divers secteurs, afin d'offrir le soutien nécessaire à l'accélération de la transition. Ainsi, les entreprises intéressées peuvent obtenir l'information dont elles ont besoin et progresser sur la voie de la commercialisation. Du point de vue de l'adoption de ces technologies, nous aidons l'industrie à relever les défis liés à l'innovation.
Innovation Guelph, Climate Adventures, Platform Calgary et Innovate Edmonton figurent tous au rang de nos partenaires. Nous suivons ensemble l'évolution technologique et climatique en essayant de déterminer les moyens à prendre pour accélérer le développement des technologies propres.
Le Carrefour des technologies propres est un portail d'une grande utilité. Il permet une mobilisation judicieuse de différents groupes aux fins de la collaboration, de l'échange d'information et, surtout, du transfert de connaissances entre les ministères quant à leurs activités et à leurs intérêts en matière de technologies propres, qu'il s'agisse des catégories de financement, des événements ou des initiatives à privilégier. On veut ainsi faire en sorte que tous les groupes régionaux puissent en bénéficier.
C'est principalement à ce titre que nous collaborons avec le Carrefour des technologies propres.
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Merci pour votre question.
Je vais m'efforcer d'y répondre le plus brièvement possible.
[Français]
Écotech Québec collabore beaucoup avec le gouvernement du Québec pour accompagner les entreprises qui veulent faire la transition, effectuer une transformation écologique et améliorer leurs pratiques.
Nous aimerions avoir de plus grands liens avec le gouvernement fédéral et plus de soutien de sa part. Une de nos recommandations consiste à bonifier le financement pour les agents de liaison comme nous, qui rassemblent tous les acteurs, que ce soit les accélérateurs, les financiers, les sociétés de capital de risque ou les entreprises, pour mieux les accompagner et faire plus de maillages.
Pour ce qui est des ressources nécessaires à l'heure actuelle pour accompagner ces entreprises, il faut comprendre que la transition va se faire de plus en plus rapidement et que les besoins seront criants. Donc, selon nous, ce serait une occasion pour le gouvernement fédéral d'accompagner des organismes d'un bout à l'autre du Canada qui, comme le nôtre, servent d'agents de liaison entre les entreprises qui ont des besoins et celles qui ont des solutions, entre le secteur de la recherche et les financiers.
Cela dit, nous faisons également partie de...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mes questions vont s'adresser à vous, monsieur Moreau. Je vous remercie d'être des nôtres.
Je remercie également tous les autres témoins.
Écotech Québec existe depuis 2009 et votre activité exemplaire a donné un canevas de grande qualité pour les organisations qui marchent dans la voie que vous avez tracée. Je vous dis bravo: vous êtes un exemple.
L'économie verte est un secteur très dynamique au Québec et c'est une réelle fierté, sincèrement. L'économie verte a généré des revenus annuels de 8,6 milliards de dollars en 2018 et contribué au PIB du Québec à la hauteur de 18,9 milliards de dollars en 2019, tout en créant près de 84 000 emplois. C'est gigantesque.
Avant de vous poser mes questions, j'aimerais vous indiquer que je dispose de seulement six minutes. Veuillez par conséquent être succinct, mais, s'il y a des détails que vous trouvez important d'ajouter, n'hésitez pas à nous les faire parvenir par écrit.
J'aimerais vous entendre sur les points suivants.
Premièrement, plusieurs milliards de dollars sont consacrés à l'amélioration du bilan carbone. Selon vous, le Canada mise-t-il suffisamment sur la locomotive d'innovation que sont les entreprises, notamment celles du Québec, et investit-il assez dans celles-ci?
Deuxièmement, votre organisation a certainement cerné les obstacles au développement du plein potentiel des entreprises en technologies propres québécoises, qu'il s'agisse des délais, de la mise en place des programmes, du financement ou des subventions, entre autres. Quels sont les obstacles relevés par votre organisation? Avez-vous trouvé des pistes de solution pour les surmonter?
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Je vous remercie beaucoup de la question. Je n'aurais pas assez de six minutes pour y répondre, mais cela nous fera plaisir de vous faire parvenir nos pistes de réflexion et la liste des obstacles que nous avons relevés.
C'est une bonne chose qu'il y ait beaucoup de milliards de dollars pour favoriser l'adoption de technologies propres. Cependant, il faut aussi que ce soit bien dirigé et harmonisé. Également, il faut s'assurer d'une bonne reddition de comptes afin que ces programmes et ces investissements contribuent réellement à la protection de l'environnement et à la lutte contre les changements climatiques.
Dans le secteur de l'innovation, en ce moment, il y a énormément de solutions. Certaines entreprises ont de la difficulté à combler leurs besoins financiers, c'est-à-dire qu'il leur manque toujours un peu de financement. Dans le cas d'un financement à la fois public et privé, on peut présentement cumuler jusqu'à 75 % de contributions publiques, mais il est extrêmement difficile d'aller chercher les 25 % de financement privé. Comment peut-on y arriver? C'est en recourant au financement mixte ou en donnant plus de latitude. Par exemple, les contributions des municipalités pourraient être considérées comme du financement privé. En effet, ce sont des projets d'adoption de technologies propres qu'elles vont réaliser sur leur propre territoire en tant que clients ou consommateurs. Il existe plusieurs de ces pistes de solution.
De plus, comme vous l'avez dit en ce qui concerne l'aspect réglementaire, il faut accélérer les processus d'approbation donnant accès aux programmes. Si cela prend six ou neuf mois pour obtenir l'argent, c'est trop long pour une petite entreprise en démarrage. Souvent, il faut entre un an et demi et deux ans pour obtenir le financement et mettre à l'essai une technologie en vue de la commercialiser le plus vite possible. Il faut donc que les programmes soient accélérés. Il faut aussi que les programmes soient flexibles et s'adaptent au fil du temps, car ce qui est pertinent aujourd'hui ne le sera peut-être pas dans deux ou trois ans.
Je pourrais vous en parler tout l'après-midi, mais je vais vous envoyer notre mémoire contenant nos recommandations d'ici le 10 octobre.
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Vous me devancez, car nous avons un projet en cours dont je voulais parler: nous voulons créer un outil d'aide à la décision.
Le problème, c'est qu'un entrepreneur qui recherche quelque chose ne sait pas ce qui existe. Ce genre de portail lui permet donc d'être accompagné en fonction de ses défis et de ses besoins, puis d'être dirigé vers les bons outils technologiques, les bonnes technologies propres et les bonnes innovations pour passer à l'action plus vite.
Quand nous créons de tels outils chez Écotech Québec, nous pensons toujours à faciliter et accélérer l'adoption de technologies propres et à aider l'entreprise à s'engager dans la transition écologique et à passer à l'action immédiatement, en facilitant ce maillage.
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Merci, monsieur le président.
Je veux remercier les témoins qui sont des nôtres aujourd'hui.
J'avais certaines questions pour M. Ross.
Je peux essayer de vous en poser tout de même quelques-unes auxquelles vous pourriez répondre par écrit, monsieur Ross. Je me réjouissais tout particulièrement de pouvoir vous entendre, car il est tellement important que nous appuyions les communautés autochtones rurales du Nord dans leur transition vers l'énergie propre et la réduction de leur consommation de diesel.
Cet été, j'ai eu la chance de rencontrer des chercheurs qui participent en Colombie-Britannique à des projets très intéressants afin d'aider les collectivités hors réseau du Canada, qui sont en majorité autochtones. Ces projets, réalisés à l'initiative du Pacific Regional Institute for Marine Energy Discovery, portent sur l'énergie éolienne, marémotrice et des vagues. J'aimerais donc beaucoup que vous puissiez nous parler ou tout au moins nous exposer par écrit certains des avantages socioéconomiques d'une production énergétique indépendante pour les collectivités nordiques et autochtones. Dans quelle mesure l'énergie renouvelable pourrait-elle contribuer au développement économique et à l'épanouissement des communautés autochtones en milieu rural?
Peut-être pourrais‑je poser quelques questions à nos autres témoins. Nous avons pu entendre différentes observations fort intéressantes.
Je vais d'abord m'adresser à vous, madame Jackson. À la lumière de votre expérience, quel serait le principal obstacle au développement de l'énergie renouvelable et des technologies écoénergétiques au Canada?
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Pour ce qui est de l'énergie éolienne et solaire, il y a un problème de capitaux et aussi un manque d'engagement.
Quant aux obstacles à surmonter, je pense que je vais faire écho aux commentaires de M. Moreau. Heureusement que j'étais à l'écoute. Il faut vraiment pouvoir compter sur des bancs d'essai pour l'innovation offrant une marge de manœuvre accrue pour ce genre de projets grâce à des structures de financement plus souples. Il y a également l'aspect éducation. Bon nombre des clients principaux, y compris les municipalités, ne savent pas comment s'y prendre pour réaliser de grands progrès en tablant sur une combinaison de différentes sources d'énergie renouvelable permettant d'enclencher le processus. Il faut mieux les renseigner.
Il y a aussi les règles administratives en place. Il faut attendre trop longtemps pour obtenir un permis. Cela peut être une question de 6, 10 ou 12 mois. C'est suffisant pour que quelqu'un passe à une autre idée. Il faut aussi bien sûr que les gens sachent ce qu'il est possible de réaliser et la forme que peut prendre dans le concret une structure énergétique répondant aux besoins d'une collectivité.
C'est un peu ce que je pourrais vous dire à ce sujet.
Je ne sais pas si mon collègue… Je lui demanderais aussi de bien vouloir saluer Denis pour moi.
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Oui, madame Jackson, je vais dire bonjour à Denis de votre part.
Il y a une autre chose à retenir quand on parle de transition énergétique: il y a le volet des énergies renouvelables, mais il y a aussi tout le volet de l'efficacité énergétique à prendre en compte. Nous sommes de grands consommateurs d'énergie, au Canada. Il y a des technologies qui vont nous permettre d'avoir l'efficacité énergétique dès aujourd'hui, mais il y en a d'autres qu'il faut financer et soutenir, par l'entremise d'accélérateurs, d'incubateurs ou d'organismes de liaison comme le nôtre, pour s'assurer qu'elles se rendent aux entreprises, qui pourront les appliquer par la suite.
Alors, n'oublions pas que l'efficacité énergétique fait aussi partie de la solution. Cela dépend également des politiques publiques, des exigences, des règlements, des normes et des incitatifs qu'on va mettre en place, ainsi que des suivis qu'on va faire pour évaluer les résultats.
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Certainement. Le premier exemple qui me vienne à l'esprit est celui du Danemark qui est parmi ceux que l'on cite le plus souvent. On vient tout juste d'y rendre obligatoires les énergies renouvelables. On doit en outre planifier les investissements dans les projets à venir en cherchant à éviter ceux qui ne mèneront pas à la carboneutralité pour ce qui est des infrastructures et des autres choses semblables.
Un peu à l'instar d'Écotech, nos stratégies de développement de grappes misent dans bon nombre de régions sur des consultations plus soutenues permettant aux intéressés d'avoir leur mot à dire. Il s'agit de regrouper les différentes parties prenantes dans les municipalités pour répondre à plusieurs questions. À quoi ressemble votre structure énergétique? Quelle est l'ampleur de votre impact climatique? Comment pouvons-nous dégager des pistes de solution? À partir de là, on peut faire intervenir des mesures existantes ou de nouvelles technologies en mobilisant l'industrie et les investisseurs pour que des projets puissent aller concrètement de l'avant.
Certaines régions s'en tirent très bien à cet égard. Il faut avouer que Lytton nous fournit actuellement un exemple intéressant. Comme il faut tout reconstruire à partir de rien, c'est un peu comme si on avait une page blanche. On évite ainsi tous les autres obstacles. Je crois qu'il sera très intéressant de voir comment les choses se dérouleront là‑bas.
En Afrique du Sud, il y a un programme gouvernemental vraiment intéressant qui permet de susciter des investissements dans différents projets. On ne parle pas simplement de capitaux de participation ou d'emprunts, mais bel et bien d'investissements dans des projets pleinement justifiables. Le gouvernement consent en quelque sorte une ristourne et un allégement fiscal en fonction du nombre d'emplois verts créés et, bien entendu, de la réduction des émissions effectivement calculée.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les témoins qui participent à la séance d'aujourd'hui.
Je sais que M. Ross ne peut pas nous répondre, mais je tiens tout de même à souligner quelques-uns des éléments dont il a traité. Il a parlé des réseaux électriques qui ne sont pas toujours fiables, du recours au diesel et de la nécessité de le remplacer en précisant bien sûr que les différentes ressources n'ont pas toutes le même impact. Nous voyons les problèmes qui peuvent se poser ailleurs dans le monde. Si l'on revient notamment à la question des réseaux électriques californiens, on constate que l'on exerce là‑bas de fortes pressions en faveur des véhicules électriques, mais que l'on peine actuellement à éclairer les édifices. Ce sont là des questions qui nous préoccupent et que je tenais à soulever sur cette tribune. Peut-être, monsieur Ross, pourriez-vous nous indiquer ce que vous en pensez.
Madame Jackson, merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Vous nous avez notamment parlé des 170 collaborateurs, si je ne m'abuse, et des 35 employés de votre groupe. J'aimerais savoir de quel genre d'organisations viennent ceux qui collaborent avec vous.
Je pose la question dans un contexte bien précis. Peu importe ce que nous essayons de construire et la technologie verte que nous utilisons, il faut des mesures précises, de la première pelletée de terre jusqu'à la remise en état complète du chantier, pour avoir une juste évaluation des répercussions. Il en va de même aussi bien des barrages hydroélectriques que des éoliennes, des panneaux solaires, du pétrole et du gaz et de l'hydrogène. Tous ces éléments doivent être pris en considération. Nous devons ensuite déterminer les impacts sur les émissions de gaz carbonique, si cela demeure l'un de nos sujets de préoccupation.
Je sais que 170 collaborateurs, c'est beaucoup de monde, mais pouvez-vous nous donner une idée des compétences de ces gens capables de réaliser de telles évaluations?
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Si vous voulez bien m'excuser, je vais devoir vous interrompre. Je crois que c'est M. Seeback qui a parlé de ces sentinelles qui, dans nos municipalités, essaient encore de déterminer la façon dont nous voudrions intégrer à la collectivité quelque industrie que ce soit.
Cela fait partie des éléments qui me préoccupent.
On peut penser par exemple aux batteries pour nos véhicules électriques. Chacune d'elles pèse 1 000 livres et exige le traitement de 500 000 livres de matériaux. Cette transformation n'est possible qu'avec l'apport des hydrocarbures. C'est exactement ce que je veux dire en parlant de la nécessité de tenir compte de tous les aspects du processus, car certaines de ces merveilleuses idées… Je peux vous assurer que j'adore la science. Je trouve formidable ce qu'elle permet de réaliser, mais il ne faut pas croire que les résultats souhaités seront toujours au rendez-vous. C'est l'un des éléments.
L'autre chose qui m'inquiète… Vous avez mentionné la foresterie en citant l'importance de cette industrie et sa capacité à évoluer pour faire partie de celles qui misent sur les ressources renouvelables. Il en va de même de l'agriculture. Nous craignons que les résultats mesurés et les faits constatés dans le secteur agricole ne soient pas pris en compte. Nous savons que toute la question des engrais nitriques est liée au fait qu'ils sont produits à partir de gaz naturel. Par conséquent, si vous désirez réduire le recours au gaz naturel, il y a un principe général qui vous dit qu'il faut abandonner ou diminuer l'utilisation d'engrais.
Est‑ce qu'il y a des groupes agricoles au sein de votre réseau de collaborateurs?
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être ici présente, madame Jackson. Merci à nos autres témoins qui participent virtuellement à la séance.
Je pense que nous avons aujourd'hui des échanges fort intéressants. Nous avons tendance à nous perdre dans les détails, et il est formidable de pouvoir mieux savoir à quoi nous en tenir relativement à certains aspects de la question. J'aimerais toutefois faire un bref retour en arrière. Le chef de l'un de nos partis a laissé entendre que les investissements dans les technologies propres allaient suffire pour régler la crise climatique et qu'il n'est donc pas nécessaire de tarifer la pollution, d'adopter des règlements ou de prendre quelque mesure que ce soit. Selon lui, nous avons besoin uniquement d'accroître le recours aux technologies propres.
Bien que je convienne avec lui que les technologies propres sont essentielles pour atteindre la carboneutralité, je me rappelle que ma grand-mère disait toujours que nécessité est mère d'invention. Je ne sais pas si les témoins que nous accueillons aujourd'hui pourraient nous parler de l'équilibre à rechercher entre l'offre et la demande pour ce qui est de la tarification de la pollution et des investissements dans les technologies propres.
Quel signal envoyons-nous aux investisseurs dans le secteur des technologies propres lorsqu'il y a des gens qui remettent ici en question la tarification de la pollution ou la nécessité de certains règlements ou obligations? Quel genre d'impact cela peut‑il avoir dans ce secteur?
Ce sont là certes deux éléments qui reposent sur le comportement des consommateurs. Vous avez tout à fait raison. On fabrique ce que les gens vont acheter. Selon moi, nous ratons une occasion d'éduquer les consommateurs quant à leurs habitudes d'achat et de consommation. Il est bien certain que l'on ne peut pas contrôler leurs actions, mais la sensibilisation pourrait grandement contribuer à améliorer les choses.
Pour leur part, les investissements — aussi bien ceux de l'industrie que ceux issus de capitaux privés — sont fondés sur la confiance envers un marché. Le fait est que, dans 99,9 % des cas, les capital-risqueurs et les autres grands investisseurs devant fournir ces 130 billions de dollars au fil des 27 prochaines années vont rechercher cette confiance envers les marchés, les politiques, les structures fiscales et, tout au moins à court terme, l'inclusion dans les modèles d'affaires de crédits de carbone leur permettant d'investir.
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Si vous me le permettez, je complèterai ce que Mme Jackson disait.
Il est évident que les technologies propres ne sont pas la seule solution dans la lutte contre les changements climatiques; il faut aussi protéger les milieux naturels et changer nos habitudes de consommation. Toutefois, il ne fait aucun doute que c'est un des moyens qu'on doit se donner.
Ce qu'il est important de retenir ici, c'est que toute action ou approche est pertinente et complémentaire, qu'il s'agisse du signal de prix carbone, des incitatifs offerts par l'entremise de programmes pour réduire l'empreinte environnementale et lutter contre les changements climatiques ou des changements aux habitudes de consommation.
Les technologies propres ne règlent pas à elles seules tout le problème des changements climatiques. Cependant, il est manifeste que la finance d'aujourd'hui n'est pas la finance de demain. Il y a un risque climatique. Les actionnaires ou les investisseurs vont rechercher la sécurité de ce côté. Pour qu'une entreprise demeure rentable et viable demain, elle va devoir s'adapter à cette nouvelle réalité. On parle de critères ESG, c'est-à-dire environnementaux, sociaux et de gouvernance. Ce sont de plus en plus des critères de finance durable qui vont s'intégrer, qui vont être recherchés et qui seront guidés par des indices de prix du carbone et d'autres variables dont on vient de discuter.
Plus tôt dans la journée, j'ai pu entendre avec certains autres députés ici présents l'envoyée commerciale spéciale pour la Nouvelle-Zélande. Elle a notamment souligné que des mesures ont été mises en place pour obliger les agriculteurs néo-zélandais à réduire leurs émissions de méthane, et ce, sans aucune aide gouvernementale que ce soit pour les technologies propres ou tout autre mécanisme. Elle a ajouté que les agriculteurs étaient très fiers d'apporter eux-mêmes ces changements et estimaient que cela relevait de leur responsabilité.
Il existe donc des modèles dans le cadre desquels des obligations, des exigences ou une tarification de la pollution sont instaurées sans qu'un soutien soit offert. Dans quelle mesure jugez-vous toutefois nécessaire d'offrir un soutien pour les technologies propres si l'on souhaite atteindre ces cibles?
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Ma question mènera probablement à une réponse écrite de la part de Mme Jackson, de M. Ross et de M. Moreau.
On a parlé brièvement de l'importance de la recherche pour le développement des technologies propres. On a aussi beaucoup parlé des technologies en matière d'énergie solaire, où on voit de fréquentes innovations, et d'énergie éolienne.
Or, il y a une énergie dont j'ai beaucoup entendu parler il y a quelques années, soit la géothermie. Dans le passé, on entendait que cela pourrait être une solution, notamment dans le Grand Nord. Cependant, je n'en entends presque plus parler ces jours-ci et je me demande pour quelles raisons.
Les recherches en géothermie sont-elles suffisantes? Qu'est-ce qui freine l'utilisation de la géothermie comme source d'énergie pour les Québécois et les Canadiens?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui.
Nous avons beaucoup entendu parler de ce qu'on appelle la vallée de la mort, dans l'industrie des technologies propres. On consacre beaucoup d'argent à la recherche et au développement dans le domaine des technologies propres, mais on entend dire qu'une grande partie de ces technologies ne sont pas commercialisées.
Monsieur Moreau et madame Jackson, qu'est‑ce que vous recommanderiez au gouvernement de faire pour soutenir la commercialisation des technologies propres au Canada?
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En tant que responsable d'un accélérateur, j'ai un point de vue intéressant: je pense que nous devons être très honnêtes avec nous-mêmes sur le type de proposition de valeur de l'équipe, le modèle commercial et l'avantage concurrentiel d'une entreprise. Si cette entreprise remplit un certain nombre de conditions, elle obtiendra du capital. S'il manque un de ces facteurs, c'est là que les accélérateurs comme nous entrent en jeu.
Il ne faut pas déstabiliser une entreprise qui est déjà sur la bonne voie, mais si une entreprise n'y arrive pas tout à fait, soyons honnêtes sur ce qu'elle doit prouver pour qu'il soit possible de vraiment recommander que les programmes gouvernementaux la soutiennent et fassent les investissements qui offriront une plus grande probabilité de succès. Nous travaillons beaucoup avec nos programmes pour déterminer qui remplit vraiment ces conditions. N'oubliez pas que, quelle que soit l'entreprise qui réussit, elle va évoluer en cours de route. Elle va apprendre en cours de route. Rien n'est parfait. Mais si nous avons des plateformes rigoureuses, axées sur le marché, les données et les problèmes, je pense que les mesures de soutien qui suivront correspondront à cela.
En ce qui concerne le financement des projets, c'est assurément un peu plus délicat. Je dirais que l'investissement doit porter davantage sur les perspectives d'adoption dans le pays. Les entreprises qui ont l'impression d'être dans la vallée de la mort gagneront grâce aux efforts d'approvisionnement, plutôt que d'avoir à se préoccuper autant de l'aspect financier. C'est un marché à double sens.
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Pour devenir un chef de file dans ce domaine, il faut habituellement un contexte où il y a de l'hydrogène résiduel. C'était le cas ici, et des gens ont trouvé le moyen de le recueillir et de le transformer en quelque chose d'utile. D'après moi, c'est le point de départ de l'innovation dans le domaine de l'hydrogène.
Ensuite, lorsqu'on cherche à établir les applications concrètes de l'hydrogène, c'est là que l'innovation prend forme du côté de la demande. Sur certains sites industriels de fabrication et de production, l'hydrogène est un résultat du processus, et c'est de là que vient une grande partie de l'innovation. Nous nous intéressons maintenant aux sites non industriels et à la production d'hydrogène au sein des communautés, par exemple.
Habituellement, il n'y a qu'un environnement et des déchets. Quelqu'un doit transformer ce produit en quelque chose de valable, et voilà que vous avez un marché.
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Je ferais seulement un petit commentaire sur l'hydrogène.
Le défi en ce qui concerne la production d'hydrogène, c'est son transport. Cela va demander beaucoup d'investissements en recherche et innovation pour la production d'hydrogène vraiment vert, c'est-à-dire avec une empreinte de carbone nulle. Son transport pose toujours des défis sur le plan de la logistique, des coûts et de la rentabilité. Il faudra donc peut-être prévoir un volet d'investissement si on veut rester chef de file dans le domaine de l'hydrogène et de son application.
Dans le cas de l'hydrogène vert, il est toujours mieux d'avoir un circuit court, c'est-à-dire une production locale et une consommation locale. Cependant, si on est en mesure de décarboner d'autres secteurs de l'économie et aussi d'avoir une solution viable pour le transport de l'hydrogène, cela pourrait être intéressant. Cela ne se fera pas demain matin, mais on peut l'envisager à long terme.
À la suite de ces observations, madame Jackson, je reviens à vous et à la façon dont vous avez entamé cette séance, en parlant de la nécessité d'agir dans de multiples secteurs. À Terre-Neuve-et-Labrador, je peux voir ce qui se passe dans les secteurs de l'eau, du vent, des minéraux et de la technologie. Je trouve incroyable de constater que, pour une petite province, nous avons été capables d'aller de l'avant dans un certain nombre de secteurs différents et d'adopter des solutions écologiques.
Pouvez-vous revenir sur certaines de ces idées? Comment pouvons-nous saisir l'occasion et travailler avec plusieurs secteurs gouvernementaux — je crois que c'est à l'échelle municipale et provinciale —, ainsi que sur la scène internationale? Comment pouvons-nous nous y mettre et commencer à faire progresser les technologies propres, sachant que nous avons des échéances pour 2030 et 2050?
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Vous pouvez toujours envoyer vos observations par courriel à notre greffier.
Je tiens à remercier les témoins de la discussion très intéressante que nous avons eue lors de cette deuxième réunion sur le sujet. Encore une fois, n'hésitez pas à envoyer des observations par écrit si vous avez quelque chose à ajouter.
Nous allons maintenant faire une très courte pause pour accueillir le prochain groupe de témoins.
J'ai une question pour les membres du Comité. Seriez-vous d'accord pour prolonger la séance de 10 minutes, au‑delà de 17 h 30?
Des députés: D'accord.
Le président: D'accord. C'est ce que nous allons faire. Si nous faisons preuve de concision et que nous progressons rapidement, nous serons en mesure de faire un tour complet.
Merci encore aux témoins. C'était très intéressant.
Monsieur Ross, nous organiserons avec vous une autre comparution.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invitée.
Mes recherches, financées par les trois Conseils du Canada, portent sur les transitions vers les énergies renouvelables pour les collectivités au Canada et sur presque tous les continents. Le Canada peut atteindre ses cibles de 2030 et respecter l'engagement qu'il a pris dans le cadre de la CCNUCC — c'est dans huit ans seulement —, si nous nous appuyons sur des données probantes concernant les options les plus rapides et les moins coûteuses qui apportent également des avantages sociaux et économiques d'une manière socialement et économiquement juste.
Les options essentielles et technologiquement viables de décarbonisation comprennent l'électrification des transports, l'amélioration énergétique en profondeur des bâtiments, l'introduction rapide des pompes à chaleur et le développement rapide du captage de la chaleur résiduelle pour les processus de chauffage et de refroidissement dans les villes et les zones industrielles. Pour ce faire, nous devons augmenter rapidement la production d'électricité renouvelable et mettre en place de nouvelles technologies de distribution et de transport pour acheminer cette électricité renouvelable là où elle est requise.
Des recherches évaluées par des pairs montrent que depuis au moins 50 ans, le financement accordé par les secteurs public et privé à la recherche, au développement et au déploiement de l'énergie nucléaire et des combustibles fossiles est de loin supérieur au financement accordé aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique au Canada. Si nous consacrions aux énergies renouvelables les mêmes sommes que celles consacrées aux combustibles fossiles, nous pourrions orienter les fonds, les dispositions réglementaires, les connaissances et les ressources administratives vers la meilleure voie possible pour atteindre les objectifs de 2030 et de 2050.
Les avancées technologiques réalisées permettent d'envisager une augmentation spectaculaire des énergies renouvelables. Par exemple, les énergies renouvelables sont devenues l'option la moins chère du marché, notamment par rapport au charbon. Combiner les énergies renouvelables et ajouter de la flexibilité, comme l'équilibrage des charges et la réponse à la demande, peut réduire le coût du stockage.
Selon le guide des technologies de l'énergie de l'Organisation de coopération et de développement économiques et de l'Agence internationale de l'énergie, il existe au moins 38 technologies, dont un éventail de technologies d'énergie renouvelable, qui sont prêtes à être commercialisées et qui pourraient être mises à l'échelle immédiatement avec les soutiens appropriés. Selon mes propres recherches, le Canada ne soutient pas ces technologies éprouvées dans la mesure nécessaire à l'atteinte de nos objectifs climatiques.
Les mesures de soutien aux énergies renouvelables et à la réduction de la demande d'énergie devraient être axées sur les aspects suivants: l'augmentation de l'offre d'énergie renouvelable, qui présente d'excellentes possibilités sur le plan du développement économique local et des avantages socioéconomiques pour les communautés rurales et autochtones qui peuvent développer une énergie renouvelable destinée à être transportée hors de nos régions, à destination des villes, afin de soutenir l'adoption rapide des véhicules électriques et des pompes à chaleur; la résolution des problèmes du réseau électrique et le développement et la mise en œuvre d'innovations qui réduisent la congestion de la demande d'énergie dans les villes; la recherche et le développement de nouveaux matériaux et d'innovations pour résoudre le problème de l'approvisionnement en aimants à base de terres rares et en minéraux; la suppression des obstacles réglementaires et l'amélioration des mesures de soutien économique, réglementaire et administratif pour améliorer l'utilisation de ces innovations.
Merci.
:
Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
Je m'appelle Francis Bradley et je suis le président-directeur général d'Électricité Canada. Électricité Canada est la voix nationale de l'électricité au pays. Nos membres produisent, transportent et distribuent de l'électricité à des clients industriels, commerciaux et résidentiels d'un océan à l'autre.
[Traduction]
L'électricité représente l'avenir énergétique du Canada, et c'est un moteur économique, environnemental et social essentiel à la prospérité du pays.
Le secteur emploie plus de 100 000 personnes et sa contribution au PIB du Canada dépasse les 30 milliards de dollars. Il s'agit également de l'une des sources d'énergie les plus propres au monde, puisque plus de 80 % de l'électricité canadienne est déjà produite à partir de sources non émettrices.
L'électricité elle-même n'est pas une technologie nouvelle. C'est en 1873 qu'on a allumé la première lampe à arc, devant l'hôtel Davis, à Winnipeg. C'était la première utilisation enregistrée de l'éclairage électrique au Canada. Même si l'électricité est une vieille invention, il ne faut pas faire l'erreur de penser qu'elle n'est plus innovante. En fait, l'électricité est à l'avant-garde de l'innovation technologique depuis sa création et le restera, en particulier à l'heure où le monde cherche à réduire les émissions et à s'orienter vers une économie plus verte.
Au bout du compte, pour réduire les émissions, il faut trouver des moyens novateurs d'alimenter l'activité économique au moyen de technologies plus propres. L'électricité est le lien entre la réduction des émissions et les technologies propres. Notre secteur adopte ou soutient les technologies propres qui nous aideront à atteindre nos objectifs climatiques. L'électricité est une technologie propre et, avec le soutien approprié, elle pourrait répondre à la plupart de nos besoins énergétiques et ouvrir la voie à un avenir carboneutre.
Mais qu'est‑ce que j'entends par « soutien approprié »? Pour atteindre la carboneutralité, il faudra investir massivement dans nos systèmes électriques. Le transport, le chauffage domestique et les procédés industriels qui utilisent actuellement des combustibles fossiles passeront progressivement à l'électricité. Même lorsque l'électrification directe n'est pas réaliste, comme dans le cas de certains procédés à forte intensité de chaleur ou du transport lourd, il est possible de produire des carburants de substitution comme l'hydrogène à partir de l'électricité.
Pour réaliser nos objectifs de carboneutralité, il faudra que nous fassions de l'électricité la principale source d'énergie du Canada. Le gouvernement fédéral a prévu que le Canada devra produire deux à trois fois plus d'électricité propre d'ici 2050. Pour y arriver, le Canada devra mettre à profit toutes les options possibles, à savoir un recours accru aux énergies renouvelables, aux techniques traditionnelles de production hydroélectrique et de transport de l'électricité, ainsi qu'aux technologies émergentes comme les petits réacteurs modulaires, le captage du carbone, le stockage de l'énergie et l'hydrogène. Trouver un équilibre entre tout cela, en plus de garantir l'abordabilité et la fiabilité, exigera un effort monumental.
Monsieur Bradley, vous avez commencé à toucher exactement au sujet qui m'intéresse, à savoir les coûts que cela entraîne. RBC a publié un rapport intitulé « The $2 Trillion Transition: Canada's Road to Net Zero », dont un sommaire existe en français et s'intitule « Une transition à 2 billions de dollars: Vers un Canada à zéro émission nette. » L'électricité en est un élément important. Pour simplement décarboniser le réseau électrique, le rapport indique qu'il faudra, à partir de maintenant, dépenser environ 5,4 milliards de dollars par an pendant les 28 prochaines années et qu'il faudra au moins doubler la capacité électrique du pays d'ici 2050.
Êtes-vous au courant de plans que le gouvernement fédéral aurait proposés pour veiller à ce que nous soyons en mesure de mettre en œuvre ce genre de mesures à un moment donné?
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Je remercie le député de la question.
Nous sommes effectivement confrontés à un avenir difficile. Un certain nombre d'études ont tenté de donner une idée de la portée et de l'ampleur de ce défi — entre 1,2 et 2 billions de dollars. Lorsque nous envisageons de doubler ou de tripler la production d'électricité, c'est énorme, mais la doubler d'ici 2050 signifie une augmentation de 3 ou 4 % chaque année. C'est réalisable, mais nous ne le faisons pas encore.
Nous ne savons pas encore exactement ce à quoi cela va ressembler et quel type de soutien sera disponible, mais nous participons activement à des discussions sur tous les sujets, depuis le climat d'investissement jusqu'à la réglementation sur l'énergie propre en évolution qui est en train d'être élaborée à ce stade‑ci.
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Eh bien, j'imagine que la question est que les coûts doivent aller quelque part. Ils seront refilés aux consommateurs ou aux contribuables ou une combinaison des deux. Il n'y a pas un troisième groupe de qui on peut soutirer de l'argent.
Notre principale préoccupation à ce stade‑ci en ce qui concerne la transition énergétique est la vitesse à laquelle elle se déroule, et le gouvernement du Canada peut y jouer un rôle important. Il y a eu des annonces de projets, plus récemment au Labrador avec le projet d'hydrogène, pour lequel on nous a fait savoir qu'il faudrait peut-être environ deux ans à mettre sur pied. Mais, bien sûr, pour trouver l'emplacement d'un projet et traverser toutes les étapes nécessaires pour faire avancer un projet, nous parlons d'une décennie.
Pour un projet hydroélectrique d'envergure, par exemple, il faut des décennies pour passer par tous ces processus. Moins de 5 000 jours nous séparent de la date pour respecter nos engagements envers la carboneutralité, si bien que nous sommes d'avis que le gouvernement a un rôle principal à jouer.
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D'accord. Nous n'avons plus de temps.
On me dit que Mme Andrea Kent a réussi à se connecter. Je vais céder la parole à Mme Kent pour qu'elle fasse sa déclaration liminaire — pour un maximum de trois minutes, je vous prie —, puis nous poursuivrons avec la liste des intervenants.
Madame Kent, on vous écoute, s'il vous plaît.
Il semble y avoir un problème de connexion.
Je vais céder la parole à M. Duguid. Nous essaierons par la suite de revenir à Mme Kent.
Monsieur Duguid, vous avez six minutes, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins de comparaître aujourd'hui. Ma première question sera adressée à M. Bradley.
Comme vous l'avez souligné, l'énergie hydroélectrique utilise une technologie existante arrivée à maturité, dont nous avons bien sûr la chance d'avoir au Manitoba. L'hydroélectricité répond à 95 %, je crois, de nos besoins en électricité, mais c'est 20 % en Saskatchewan et seulement 5 % en Alberta. Au Manitoba, nous parlons depuis longtemps de ce que nous appelons le réseau électrique est-ouest, une sorte de boucle de l'Atlantique pour l'Ouest canadien, pour ainsi dire. Nous avons la subdivision de Birtle, qui approvisionne déjà en électricité la Saskatchewan pour l'aider dans ses efforts de décarbonisation. Vous avez le site C, qui a connu sa part de problèmes — je vois un regard complice de Mme Collins —, mais qui pourrait être une source d'énergie propre pour l'Alberta qui est en voie de décarbonisation.
Avez-vous des observations à faire sur cette vision? S'agit‑il d'un projet dont votre association est saisie? Je comprends que l'un des problèmes réside dans les systèmes de réglementation qui doivent être harmonisées et, bien sûr, dans les rivalités provinciales. Il faudra faire preuve d'un peu d'innovation, pour reprendre votre terme. Est‑ce le genre de choses que nous devons envisager pour intensifier nos efforts et répondre aux besoins en électricité dont vous avez parlé?
J'ai eu la chance de prendre la parole à la conférence annuelle de l'Institut canadien du chauffage, de la climatisation et de la réfrigération qui a eu lieu lundi matin. J'ai été stupéfait d'entendre que toute la technologie dont nous avons besoin pour atteindre la carboneutralité dans les immeubles existe. Sa principale demande au gouvernement — ou à la société, je suppose — est qu'il a besoin d'un perfectionnement et d'un recyclage. L'Institut a besoin de ce que nous appelons l'approche de la « transition juste » pour son secteur particulier. Le secteur du bâtiment est responsable de 20 % des gaz à effet de serre. Nous investissons des sommes colossales, soit 2,6 milliards de dollars, dans la rénovation des maisons. Il n'y a pas assez de personnes pour évaluer les maisons à l'heure actuelle.
Avez-vous des observations à faire, madame Hoicka, sur la question du perfectionnement de la main-d'oeuvre, pas seulement dans le secteur de la construction mais aussi dans le secteur des énergies renouvelables, si vous voulez atteindre le type d'objectifs que vous avez mentionnés?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mes premières questions vont s'adresser à vous, monsieur Bradley.
Je me doute que vos membres et vous-même, en votre qualité de PDG d'Électricité Canada, priorisez la production d'électricité verte, c'est-à-dire renouvelable et qui se rapproche le plus de la carboneutralité. À l'initiative du Bloc québécois, ce comité a mené une étude et rédigé un rapport sur une éventuelle loi fédérale sur la carboneutralité qui obligerait les constructeurs automobiles à offrir un nombre minimal de véhicules électriques. Si on veut que les gens en achètent, il faut qu'il y ait une offre, mais l'offre est parfois absente.
Dans le dernier budget, le gouvernement s'est engagé à mettre en place des bornes de chargement pour les véhicules électriques le long des principaux tronçons routiers, et ce, rapidement. Or, l'un des freins dans l'esprit des potentiels acheteurs de véhicules électriques est justement l'accès aux bornes de chargement, qui demeure parfois difficile.
Premièrement, votre organisation et vos partenaires connaissent-ils le plan du gouvernement fédéral concernant le déploiement des bornes de chargement?
Deuxièmement, avez-vous été consultés pour la mise en place de ce plan de déploiement?
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Tout à fait. Ce sont essentiellement des technologies qui sont prêtes à être mises en marché et mises en oeuvre dans des délais relativement courts, pour autant que nous disposions d'une politique et d'un programme bien conçus, c'est‑à‑dire d'instruments administratifs, réglementaires et économiques, entre autres. Ce sont des technologies qui ont fait leurs preuves et qui peuvent donc être mises en œuvre à court terme.
Certaines autres technologies qui n'ont pas fait leurs preuves à court terme — par exemple, les petits réacteurs nucléaires modulaires — pourraient être mises sur le marché après l'échéance de 2030, mais si je me fie à toutes les données probantes que j'ai vues, y compris du secteur nucléaire même, il est peu probable qu'elles soient prêtes immédiatement.
Les échéances sont très importantes. Si nous ne respectons pas l'échéance de 2030 et celle de 2050, les répercussions des changements climatiques deviendront bien plus désastreuses pour les générations actuelles et futures. Nous les ressentons déjà à l'heure actuelle.
Je vais commencer par la crise climatique. Ce que nous constatons partout dans le monde et ici au Canada — j'en ai fait l'expérience à Toronto et en Colombie-Britannique — ce sont des événements extrêmes et des dangers météorologiques liés aux changements climatiques. Par exemple, il peut s'agir d'épisodes de chaleur extrême nécessitant un recours important à la climatisation, ou d'épisodes au cours desquels l'infrastructure du réseau est en surchauffe, ce qui signifie, essentiellement, que les gens n'ont pas l'électricité dont ils ont besoin quand ils en ont besoin.
Pour remédier à ces problèmes, nous devons sérieusement envisager la mise en place de réseaux plus résilients, en permettant aux gens de devenir des consommateurs proactifs, en favorisant ce comportement et en proposant, derrière le compteur, l'ensemble des options résilientes possibles à l'aide de microréseaux.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Bradley, les besoins énergétiques des régions rurales et nordiques du Canada sont très différents de ceux des régions urbaines. Les Canadiens qui vivent dans les régions rurales et nordiques consomment plus d'énergie, avec les coûts que cela comporte. Je sais, puisque je les représente, que les Canadiens des régions rurales sont injustement pénalisés par les politiques énergétiques et environnementales du gouvernement.
La section 5.2 du rapport de 2022 sur la carboneutralité préparé pour votre association porte uniquement sur l'importance que la politique énergétique canadienne ne soit pas fondée sur une approche unique. On peut y lire ce qui suit: « Les approches en matière de politique, de planification et de réforme de la réglementation des systèmes énergétiques doivent être ancrées dans le principe du respect des différences. »
Pouvez-vous en dire plus à ce sujet et présenter des recommandations sur la façon de mieux répondre aux besoins énergétiques particuliers des régions rurales et éloignées?
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Je remercie le député de sa question.
Il y a diverses approches à utiliser selon les circonstances. J'ai mentionné qu'il existe 10 réseaux électriques provinciaux et trois réseaux territoriaux.
Pour répondre à la question du député, les exigences sont très différentes pour les collectivités rurales, éloignées et autochtones. Nous sommes heureux de constater qu'il semble y avoir jusqu'à maintenant — du moins dans la réglementation en évolution relative à l'électricité propre — une reconnaissance que l'électricité hors réseau sera traitée différemment des systèmes d'électricité en réseau. Voilà du moins un exemple démontrant que l'on semble reconnaître l'existence des différences entre les systèmes connectés et les systèmes déconnectés.
Quant à votre point, ces régions ont des besoins disproportionnés en production d'énergie non renouvelable, et nous devons veiller à adopter des politiques et des programmes pour aider ces collectivités rurales et éloignées.
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Merci, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à M. Bradley.
Vous avez mentionné la nécessité d'accélérer les projets, ainsi que le court délai avant le début des envois d'hydrogène vert du Canada à l'Allemagne, en raison de l'accord signé le mois dernier. Plus tôt ce printemps, le Canada a annoncé la création des tables de concertation régionales sur l'énergie et les ressources afin d'harmoniser les priorités de l'économie à faibles émissions de carbone, les possibilités de financement et les approches politiques et réglementaires avec les différents ordres de gouvernement, les entreprises, les syndicats et les groupes autochtones. Pour Terre‑Neuve, dans le cadre de cette politique, l'hydrogène est l'un des secteurs cernés.
Selon vous, quelle est l'importance des processus de ce genre pour nous permettre de tirer parti des débouchés importants qui nous seront offerts dans un marché mondial concurrentiel?
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Je pense que ces approches seront essentielles. Nous parlons — en particulier pour les grands projets — d'immobilisations qui dureront des décennies, et pour prendre des décisions d'investissement pour des biens qui dureront des décennies, la certitude quant au contexte commercial dans lequel nous sommes appelés à évoluer ne doit pas se limiter à moyen terme.
Oui, il y a des préoccupations concernant la stabilité de l'environnement stratégique dans lequel nous évoluons, et les contrats de ce genre sont sans aucun doute une approche que plusieurs de mes membres souhaitent ardemment voir se concrétiser. Ce qui est préoccupant, c'est le risque d'un changement d'orientation stratégique rapide et d'un retour du balancier, comme nous l'avons vu dans certaines administrations.
On peut dire que la nature a horreur du vide. Les affaires et les décisions d'affaires ont horreur du chaos, et ce dont nous avons besoin, c'est de stabilité.
Selon moi, là où il faut plus de soutien, c'est... Il existe différents stades de diffusion des technologies, et l'une des étapes où les choses tendent à s'enliser est l'étape de la diffusion, soit l'entrée sur les marchés et dans les collectivités. Ce dont nous avons besoin, essentiellement, ce sont des instruments réglementaires et économiques et du soutien administratif axés sur le marché. Je dirais que le Canada peut les mettre en place.
Un autre élément qui peut être mis en place est l'aide à la recherche ciblée. Par exemple, comme je l'ai mentionné, il s'agit de cibler des choses comme les technologies permettant de résoudre le problème de la congestion dans les villes, où ira la majeure partie de l'augmentation de la production en énergie et en électricité. C'est un élément important. Vous pouvez aussi cibler les matériaux pour les différents types de technologies propres, qui sont des ressources limitées, ainsi que des choses comme les éoliennes, pour les régions arctiques.
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Merci, monsieur le président.
Madame Hoicka, au cours des dernières décennies, nous avons vu l'apparition d'un certain nombre de maisons et de bâtiments certifiés LEED. Cependant, cette norme n'est pas obligatoire et les nouveaux bâtiments continuent d'être des blocs de béton n'ayant que peu ou pas de plus-value énergétique.
Premièrement, quels incitatifs seraient opportuns pour favoriser la construction de bâtiments écoénergétiques, autonomes en énergie, ou même producteurs d'énergie?
Deuxièmement, doit-on revoir en profondeur nos modèles de planification urbaine afin d'adopter les modèles ayant des effets positifs importants non seulement sur la préservation des milieux, mais également sur l'utilisation et la production d'énergie? Quels éléments devraient être pris en compte dans la mise en place de tels modèles?
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C'est une très bonne question. C'est exactement ce à quoi nous devons penser et ce vers quoi nous devons tendre.
Traiter des changements climatiques et de l'utilisation de l'énergie à l'échelle urbaine est un levier essentiel dont nous disposons. Par exemple, le captage et l'utilisation de la chaleur résiduelle à l'échelle des quartiers constitueraient un excellent moyen de réduire la perte de chaleur, mais aussi d'utiliser la chaleur résiduelle et de réduire les émissions de combustibles fossiles. Inciter les gens à délaisser leur voiture, à privilégier les transports en commun et la marche et à emprunter le réseau cyclable sont aussi des mesures qui permettent de réduire considérablement la consommation d'énergie.
Concernant les bâtiments, la plupart de nos immeubles sont déjà construits. Voilà pourquoi, dans le passé, j'ai préconisé l'adoption de modèles d'entreprise innovants. Pour la rénovation, il s'agit d'intégrer l'innovation dans un modèle d'entreprise axé sur les grappes technologiques, de se concentrer sur la commodité et les coûts, en veillant à ce que les projets touchent le plus de gens possible. Quant aux nouveaux bâtiments, je dirais, encore une fois, qu'il s'agit de modèles commerciaux innovants axés sur les objectifs. Tous ces éléments sont absolument essentiels pour l'avenir, car ils sont liés aux questions d'équité, au confort et aux changements climatiques.
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Le Canada faisait bonne figure avec les tarifs de rachat garanti, mais bon nombre de programmes et de contrats ont malheureusement été annulés.
Certaines des régions qui figurent au premier... Au Vietnam, l'adoption de l'énergie renouvelable a été parmi les plus rapides — d'abord l'adoption de l'énergie solaire photovoltaïque, puis celle de l'énergie éolienne. Ce vif intérêt s'explique par l'offre de toute une gamme de mesures incitatives sur le plan de la réglementation, de l'économie et du savoir. Je crois que c'est dans ce pays que j'ai vu l'adoption la plus rapide de l'énergie renouvelable dans un très court laps de temps.
L'Union européenne adopte maintenant une nouvelle perspective de la distribution de l'électricité en examinant ce qu'on appelle des communautés d'énergie renouvelable et des communautés énergétiques. Le principe est d'étudier des solutions comme des miniréseaux, des centrales électriques virtuelles et des grappes technologiques dans différentes communautés.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'attends depuis longtemps pour réagir à la question de M. Duguid sur un corridor énergétique du Manitoba jusqu'en Alberta. Nous pourrions peut-être en créer un de l'Alberta jusqu'à la côte Est ainsi que jusqu'à la côte Ouest afin de remplacer le pétrole de la guerre. Nous contribuerons ainsi à notre économie et aurons accès à des fonds pour mettre en valeur de nouvelles ressources et de nouveaux projets liés aux ressources, comme nous en avons discuté.
Monsieur Bradley, j'aimerais aborder un sujet plus préoccupant: les bornes de recharge. L'hiver dernier, une Tesla se rendant à Calgary depuis Edmonton, alors qu'il faisait -40 °C, a seulement pu se rendre à mi‑chemin avec une pleine charge. L'automobile a dû s'arrêter et ne pouvait être rechargée à l'extérieur. Il a fallu la placer à l'intérieur pour la recharger suffisamment et lui permettre de parcourir le reste du trajet. Il reste beaucoup de pain sur la planche avant que les consommateurs habitant à l'extérieur de la ville n'envisagent d'essayer les voitures électriques. Toutefois, le fait qu'un gouvernement interdise complètement un produit et dise: « Nous n'avons maintenant qu'une option, et les autres ne seront plus en vente » soulève des inquiétudes et pose problème.
En ce qui a trait à l'électricité — et vous êtes la personne qui peut répondre à la question puisque vous distribuez l'électricité —, pouvez-vous nous fournir les coûts complets des cycles de vie de chacune des sources d'énergie que nous prévoyons d'utiliser à l'avenir et les comparer aux sources d'énergie dont nous nous servons actuellement?
Dans les 15 à 20 prochaines années, nous devrons remplacer toutes les éoliennes et tous les panneaux solaires. Nous devrons composer avec tous ces changements technologiques. Le gaz naturel et le pétrole, l'énergie nucléaire ainsi que la construction de barrages posent tous certains problèmes.
Qui se penche sur la quantité d'énergie nécessaire pour préparer les projets énergétiques et produire chacune des sources d'énergie que nous utilisons déjà ou dont nous prévoyons de nous servir à l'avenir?
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Je vous remercie de la question.
Ces décisions sont prises dans chacune des administrations. Chacune d'entre elles adopte sa propre approche. Certaines provinces sont dotées de processus intégrés pour la planification des ressources, alors que d'autres comptent sur un exploitant de système indépendant responsable d'entreprendre ce type d'études.
C'est vrai que nous ne détenons pas encore les données sur le cycle de vie de certaines des sources d'énergie et que nous devrons patienter pour les connaître. Nous sommes habitués à bâtir des technologies qui durent des décennies. Certaines de nos centrales hydroélectriques dans la rivière Niagara ont été bâties à la fin des années 1800 et sont toujours en service. Bien entendu, ces centrales ont été mises à niveau et continuent de l'être de façon continue. Nous ne savons toutefois pas si le même modèle s'appliquera à l'énergie éolienne et s'il faudra changer certaines des pièces des systèmes éoliens.
On peut en dire autant d'autres sources d'énergie. Notre savoir est encore imparfait. Nous ne détenons pas encore assez d'expérience en la matière, mais chaque administration compte des autorités pour entreprendre les études nécessaires et prendre des décisions.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Bradley, les témoignages d'aujourd'hui ont grandement porté sur la nature complexe de la distribution de l'électricité. Les provinces, les territoires et les communautés autochtones sont tous régis par des normes qu'ils doivent respecter. Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer — et pourrait jouer un rôle — dans l'harmonisation de certaines de ces normes, ce qui nécessite toutefois l'approbation des provinces et des territoires.
Dans le cadre de notre étude sur les technologies propres, l'électricité est considérée comme étant un des secteurs centraux où le Canada pourrait promouvoir les technologies propres. Au Japon, on assiste à la production combinée de chaleur et d'électricité, et l'Allemagne compte le programme fructueux d'Energiewende.
Ici, nous sommes confrontés à des obstacles constitutionnels. Pourriez-vous nous décrire comment votre industrie tente de surmonter les obstacles auxquels nous nous heurtons en matière d'harmonisation?
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Oui. Je vous remercie de la question.
En tant qu'association nationale représentant une industrie qui relève surtout des provinces, c'est ce en quoi notre rôle consiste. Nous consacrons la majorité de notre temps à tenter d'établir des ponts. Par le passé, notre pays a réussi à assurer une coopération entre le gouvernement fédéral et les provinces dans des domaines relevant surtout des provinces.
Comme vous le savez, nous avons très bien réussi, au Canada, à réaliser ce type de projets par le passé. Le défi que nous devons relever sur le plan économique pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050 est probablement aussi gigantesque que celui qui s'est posé pour la création des soins de santé universels. C'est ainsi que nous devrions entrevoir ce projet; il faudra y accorder le même type d'efforts.