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Bonjour, monsieur le président, et bonjour, chers membres du Comité. Je m'appelle Brad Corson et je suis chef de la direction de L'Impériale. Je suis en compagnie aujourd'hui de Simon Younger, vice‑président principal du Secteur Amont à L'Impériale.
Je vous remercie de m'avoir invité à participer aujourd'hui et je tiens à remercier sincèrement le président et les membres du Comité de la souplesse dont vous avez fait preuve pour concilier les calendriers. Je tiens à souligner que nous nous réunissons aujourd'hui à Ottawa, sur le territoire non cédé de la nation algonquine anishinabe.
Dans le cadre de la réunion d'aujourd'hui, et des activités que nous menons tous les jours partout au pays, nous évoluons sur les territoires traditionnels des Premières Nations, des Métis et des Inuits, qui vivent sur ces terres et en prennent soin depuis des générations. Nous devons tous prendre soin de la terre. C'est une responsabilité que L'Impériale prend très au sérieux. Aujourd'hui, nous sommes ici, et nous nous engageons fermement dans l'avenue de la réconciliation.
Comme le savent les membres du Comité, j'étais ici le 20 avril. À ce moment‑là, j'ai présenté des excuses sans équivoque pour ce qui s'est passé à Kearl et je reste profondément désolé des événements qui se sont produits et des craintes de la collectivité qui en ont découlé.
Depuis notre dernière intervention, nous avons axé nos efforts sur trois principales questions. Tout d'abord, nous avons travaillé très fort sur l'atténuation, et j'en dirai plus à ce sujet sous peu. Ensuite, nous continuons à veiller à ce que l'environnement ne soit pas affecté de manière négative et à assurer la sécurité des collectivités. Enfin, nous avons intensifié nos efforts de communication et renforcé notre engagement auprès des collectivités avoisinantes. Sur ce dernier point, je tiens à souligner que L'Impériale communique régulièrement avec les chefs et les présidents de l'Athabasca par téléphone, texto et courriel. Nous présentons également une mise à jour hebdomadaire sur notre site Web.
Nous avons rencontré des collectivités environ 70 fois, organisé plus de 20 visites de Kearl par leurs membres et rencontré personnellement plusieurs chefs et présidents, pas plus tard qu'en octobre. Je tiens à souligner que nous collaborons avec les dirigeants autochtones et leurs communautés pour harmoniser et améliorer nos protocoles de communication et nous assurer de répondre aux attentes. Par ailleurs, nous maintenons notre soutien aux analyses de l'eau et aux études sur la faune indépendantes menées par l'ensemble des collectivités concernées.
Je suis heureux de signaler que depuis notre dernière intervention, il y a sept mois, les mesures que nous avons mises en place pour développer et optimiser nos systèmes de surveillance et de collecte de suintements fonctionnent et qu'il n'y a toujours aucune indication de répercussions négatives sur la vie humaine, la faune, la végétation ou les populations de poissons dans les réseaux fluviaux avoisinants. De plus, je peux affirmer avec confiance que les eaux d'infiltration n'ont pas atteint les cours d'eau, y compris la rivière Firebag, la rivière Muskeg, la rivière Athabasca ou d'autres plans d'eau, notamment ceux des Territoires du Nord‑Ouest. Rien n'indique qu'il y ait des risques pour l'eau potable des collectivités situées en aval.
Cela a été confirmé par les analyses effectuées par le gouvernement et nos propres analyses, dont résultent plus de 2 000 échantillons prélevés à plus de 500 endroits, y compris le long des rives et dans la rivière Firebag. Comme vous le savez, certaines collectivités ont effectué des analyses indépendantes.
Nos travaux d'atténuation ont été axés sur l'expansion et l'amélioration de notre système d'interception des suintements et de notre réseau de surveillance. Nous avons installé des tranchées et des puisards d'interception, ainsi qu'un système d'aspiration à pointe filtrante, et nous avons installé des colonnes perdues sur les tranchées du site. Au cours de l'été, nous avons augmenté le nombre de puits de pompage, qui est passé de 19 à 27, et 28 autres puits seront achevés cet hiver. Également, nous avons construit 165 puits de surveillance et 171 autres seront forés au cours des prochains mois, ce qui porte le nombre total de puits de surveillance à près de 500. Cela nous aidera à améliorer notre compréhension de la géologie et de l'hydrogéologie du site.
Ces travaux sont examinés par un tiers et nous en communiquons les résultats aux organismes de réglementation et aux collectivités. Nous sommes très heureux que ces nouvelles mesures d'atténuation visant les eaux souterraines fonctionnent comme prévu et empêchent la migration de l'eau touchée vers d'autres sites.
Les données préliminaires de délimitation révèlent qu'aucun suintement profond n'est détecté au‑delà de 1,3 kilomètre au nord de la concession de Kearl. Pour mettre les choses en contexte, la rivière Firebag est située à deux kilomètres au nord. Nous procédons actuellement à des analyses et à une surveillance de la zone restante jusqu'à la rivière, et aucun signe de danger pour la qualité de l'eau ou la faune environnante n'est détecté. De plus, il n'y a aucune source d'eau potable dans ce secteur.
La surveillance et l'échantillonnage continus font partie intégrante de toutes nos activités, et nous continuons de fournir régulièrement des rapports aux collectivités, à l'AER et aux organismes de réglementation fédéraux sur les travaux que j'ai décrits.
Malgré cette mise à jour positive, nous restons déterminés à renforcer ces mesures d'atténuation si les données futures en démontrent la nécessité.
Au nom des plus de 5 000 employés de L'Impériale, je tiens à vous dire que cette affaire continue de retenir toute l'attention de notre société.
J'aimerais réitérer mon offre aux membres du Comité de venir à Kearl. Vous verrez de vos propres yeux le travail que nous accomplissons pour protéger les collectivités et l'environnement dans lesquels nous menons nos activités et pour regagner votre confiance.
Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci d'être revenu, monsieur Corson, pour répondre à nos questions.
Il est évidemment très important que vous soyez ici. Comme beaucoup de mes collègues au sein du Comité, j'ai entendu des histoires très différentes de ce que vous nous racontez aujourd'hui. Je vais passer certains détails en revue.
De toute évidence, nous sommes tous ici, moi y compris, profondément troublés par ce qui s'est passé et qui continue de se passer sur le site de Kearl et par ce que cela signifie pour les bassins de décantation, pour l'environnement, pour l'eau douce et pour les communautés autochtones qui vivent en aval.
Nous savons que la mine de Kearl a été construite dans une zone névralgique du point de vue environnemental. Elle a été construite juste à côté des zones humides qui alimentent les réseaux hydrographiques de la rivière Firebag et de la rivière Muskeg. L'examen du site de la mine et des résidus a permis d'établir que la zone proposée pour les bassins de résidus était plus perméable et que les suintements des bassins de résidus pouvaient avoir une incidence sur des eaux de surface importantes. La Commission d’examen conjointe a déclaré que « [...] l'emplacement proposé [...] recouvre des dépôts de surface perméables qui seront probablement la principale voie de migration des eaux résiduaires polluées par le procédé de traitement [...] ». La commission a également affirmé que « si aucune mesure d’atténuation n’est mise en œuvre, les eaux d’infiltration auront probablement des répercussions sur les plans d’eau de surface au nord, particulièrement la rivière Firebag et ses trois affluents, et que la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines pourrait s’en trouver dégradée ».
Autrement dit, cela signifie que ce produit a été placé dans un endroit où l'on s'attendait à ce qu'il s'infiltre dans l'environnement et, comme condition d'approbation de ce site, la Régie de l'énergie de l'Alberta a demandé à Imperial Oil de mener une étude hydrogéologique exhaustive couvrant un rayon de 5 kilomètres autour de l'usine afin d'établir les régimes d'écoulement des eaux souterraines ainsi que la profondeur de la nappe phréatique, la trajectoire d'écoulement des eaux souterraines et les gradients hydrauliques.
Imperial Oil n’a-t‑elle jamais fait cela? N’a-t‑elle jamais réalisé cette étude hydrogéologique?
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Si vous ne l'avez pas fait, nous devrons peut-être en trouver la raison.
Comme on s'y attendait, les rapports d'Imperial Oil sur la surveillance des eaux ont montré qu'il y avait des suintements toxiques qui s'échappaient de ce bassin de résidus, que ces suintements étaient qualifiés d'excessifs et qu'il y avait des niveaux élevés de toxines dangereuses qui s'infiltraient dans la nappe phréatique. Comme vous n'êtes pas sans le savoir, il s'agit de substances dangereuses, telles que le sulfate, le sulfure, le plomb, l'arsenic, le méthylmercure, le sélénium, le nitrate et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, ou HAP.
Monsieur Corson, Imperial Oil connaissait les risques pour l'environnement et vous saviez que vous n'interceptiez pas et ne conteniez pas tous ces suintements. Nous le savons parce que les données des deux puits de surveillance situés au nord du site ont révélé des niveaux élevés de toxines associées aux résidus, des niveaux élevés de HAP — des HAP qui, comme l'a mentionné mon collègue du Parti libéral, sont liés au cancer de la vessie et à d'autres formes de cancer. Ce sont les cancers qui ont touché dans une proportion exceptionnellement élevée les membres de la Première Nation Chipewyans d'Athabasca.
Vous dites que quelqu'un devrait aller au fond des choses. Vous dites que ce n'est pas votre responsabilité. Je ne suis pas d'accord, monsieur.
Dès 2019, Imperial Oil savait que le système de confinement ne fonctionnait pas. En mai 2022, lorsque vous avez découvert ce que vous avez appelé une « boue brune » à la surface, vous deviez savoir de quoi il s'agissait. Elle ressemblait exactement à la boue brune qui se trouve au‑dessus des bassins de résidus. Vous deviez savoir, monsieur Corson, que votre système de confinement ne fonctionnait pas. Cependant, vous n'en avez pas informé les communautés autochtones. Vous n'avez rien dit aux communautés qui vivent en aval, et vous n'avez rien fait pour atténuer ce problème. Ce n'est qu'en mars 2023, soit dix mois après la découverte de cette boue brune et six semaines après le déversement de 5,3 millions de litres et l'ordonnance de protection de l'environnement, que vous avez commencé à construire des puits de surveillance et de confinement supplémentaires.
En avril, vous êtes venu devant ce comité et vous avez affirmé que vous aviez résolu le problème. Vous m'avez dit, à moi ainsi qu'à d'autres membres du Comité, que le système de confinement était un système en circuit fermé. Si je vous avais demandé en 2020, monsieur Corson, si votre système de confinement fonctionnait, vous m'auriez répondu par l'affirmative. Était‑ce le cas?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Effectivement, je suis revenu hier au pays et très heureux d'être de retour.
J'ai le plaisir de me joindre aux membres du Comité aujourd'hui pour discuter du Budget supplémentaire des dépenses (B) 2023-2024 de mon portefeuille, qui inclut Environnement et Changement climatique Canada, Parcs Canada et l'Agence d'évaluation d'impact du Canada.
Ceux qui m'accompagnent aujourd'hui sont M. Jean‑François Tremblay, sous-ministre d'Environnement et Changement climatique Canada; M. Terence Hubbard, président de l'Agence d'évaluation d'impact; M. Andrew Campbell, vice-président principal des opérations chez Parcs Canada; et M. Andrew Francis, vice-président des finances chez Parcs Canada — ce n'est pas compliqué, nous avons juste des Andrew chez Parcs Canada —; Mme Linda Drainville, sous-ministre adjointe et dirigeante principale des finances, Direction générale des services ministériels et des finances d'Environnement et Changement climatique Canada; et M. John Moffet, sous-ministre adjoint, Direction générale de la protection de l'environnement d'Environnement et Changement climatique Canada.
Avant de commencer, je veux souligner que nous sommes sur le territoire traditionnel de la nation anishinabe algonquine, qui prend soin depuis longtemps de l'environnement que nous partageons aujourd'hui.
Je tiens à contribuer à bâtir des partenariats solides avec les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis. C'est essentiel à l'action climatique et à la protection de la nature, et aussi essentiel que le financement dont nous allons discuter aujourd'hui.
Comme je le disais plus tôt, je suis rentré hier de la COP28, à Dubaï, aux Émirats arabes unis, et ce n'est pas le décalage horaire qui va m'empêcher d'être fier des progrès et des engagements ambitieux de notre pays visant à réduire la pollution entraînant des changements climatiques. Je suis fier également de faire partie d'un gouvernement qui y consacre un budget considérable.
Monsieur le président, les Canadiennes et les Canadiens, d'un océan à l'autre, voient de plus en plus les conséquences des changements climatiques. Je n'ai pas besoin de vous dire que nous en subissons aussi, toutes et tous, les effets ainsi que les coûts.
Selon les compagnies d'assurance, en 2022 seulement, les dommages assurés liés aux événements météorologiques extrêmes au Canada ont coûté 3,1 milliards de dollars, soit 10 fois plus que les décennies précédentes.
[Traduction]
L'été dernier, des incendies de forêt ont contraint des dizaines de milliers de Canadiens et plusieurs communautés autochtones à évacuer leur logement. Ces incendies ont causé un problème de qualité de l'air dans tout le pays et au‑delà de nos frontières.
Ce type d'événement nous rappelle l'importance d'en faire plus et plus vite en matière d'action climatique.
Il y a également eu des sécheresses dans les Prairies, des ouragans intenses sur la côte est, des inondations extrêmes sur la côte ouest et la fonte du pergélisol dans le Nord.
Les gens paient le prix de ces répercussions lorsqu'ils sont obligés de réparer leur logement ou leur entreprise après un sinistre.
[Français]
Les gens paient le prix de toutes ces répercussions quand ils sont forcés de réparer les dommages causés à leur maison ou à leur entreprise après un sinistre. À titre d'exemple, juste pour réparer les dommages causés par l'ouragan Fiona aux infrastructures de Parcs Canada à l'automne 2022, le présent budget prévoit une dépense supplémentaire de 8,7 millions de dollars. Les coûts de la crise climatique sont bien réels. Ils vont continuer de grimper tant que la pollution va continuer d'augmenter. Nous devons absolument corriger le tir.
À la COP28, nous avons reçu un rappel à l'ordre. Le bilan mondial des signataires de l'Accord de Paris, qui a lieu tous les cinq ans, indique que nous ne sommes pas en voie de limiter le réchauffement planétaire à un maximum de 1,5 degré Celsius. Nous devons donc accélérer le pas et rehausser nos investissements. C'est ce que le Canada fait. Les dépenses que je vais présenter aujourd'hui en donnent un aperçu.
Le budget supplémentaire des dépenses (B) de cette année totalise un peu plus de 380 millions de dollars. Pour ce qui est des niveaux de référence de mon ministère, je mentionnerai quelques augmentations significatives.
Il y a une augmentation de près de 153 millions de dollars, notamment, en lien avec la tarification de la pollution par le carbone, qui est le moyen le plus efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces sommes servent à assurer la distribution des revenus qui proviennent des redevances pour émissions excédentaires versées par les entreprises. Le système de tarification fondé sur le rendement crée un incitatif financier pour encourager les émetteurs industriels à réduire leurs émissions. En fin de compte, ce sont les familles canadiennes à revenu faible ou moyen qui en profitent le plus. Dans le contexte d'inflation actuel, nous sommes heureux que les paiements du système leur rendent la vie plus abordable.
Dans le budget supplémentaire, il y a aussi une augmentation de 38,8 millions de dollars pour poursuivre la mise en œuvre de la tarification du carbone et du Règlement sur les combustibles propres. C'est un autre élément important du plan climatique du Canada. En incitant l'industrie à réduire l'intensité en carbone de l'essence et du diésel, nous faisons que nos combustibles deviennent plus propres au fil du temps et qu'il y a de plus en plus d'options abordables pour les consommateurs.
Parmi les autres augmentations, je vais mentionner un autre investissement de 52 millions de dollars dans les services hydrométéorologiques du Canada. Ce sont des services indispensables offerts par un système complexe et intégré. Il y a plus de 3 000 stations de surveillance des conditions météo au pays. Il y a des modèles informatiques complexes pour appuyer la recherche scientifique de pointe pour prédire les conditions futures. Il y a aussi plusieurs bureaux spécialisés, comme le Centre de prévision des intempéries, qui fournissent des informations à l'ensemble de la population canadienne 24 heures sur 24, 365 jours par année. On a besoin de ces renseignements, entre autres, pour avertir la population des risques de catastrophes naturelles et pour soutenir des services essentiels comme l'aviation, la gestion des urgences et les opérations militaires.
Le budget supplémentaire des dépenses (B) compte aussi une augmentation de 13,8 millions de dollars pour la Stratégie nationale d'adaptation du Canada, que nous avons lancée en juin dernier.
Il s'agit de l'aboutissement de deux ans d'engagement auprès des provinces, des territoires, des partenaires autochtones, des municipalités et de différents experts.
Dans les mois à venir, nous allons travailler à apporter plus de sécurité et de résilience à l'ensemble de la communauté canadienne. Pour chaque dollar investi maintenant dans l'adaptation, on réduit de 15 $ les coûts liés à d'éventuelles catastrophes climatiques. Cependant, l'adaptation n'est pas seulement une question de réponse aux conséquences. La Stratégie vise aussi à améliorer la gestion des risques pour notre santé. Nous voulons protéger nos moyens de subsistance et construire des maisons et des infrastructures plus résilientes. Nous avons déjà entamé la mise en œuvre de cette politique.
Nous sommes en train de développer une optique intégrée des changements climatiques, comme annoncé en 2020, qui va aider à intégrer l'adaptation partout au sein du gouvernement. Nous travaillons aussi avec les provinces et les territoires pour développer des ententes bilatérales et pour adapter les programmes fédéraux à leurs besoins précis. De plus, nous investissons dans le Fonds municipal vert, afin d'aider à développer des plans d'adaptation à l'échelle locale dans nos villes et nos communautés. Enfin, nous avons lancé un appel de propositions pour le Programme pour des communautés côtières résilientes au climat, pour le Programme d'adaptation aux changements climatiques et pour le Fonds d'atténuation et d'adaptation en matière de catastrophes.
Bref, au-delà de tout ce que nous faisons pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous devons aussi aider les communautés à se préparer et à s'adapter aux nouvelles réalités climatiques. C'est ce que la Stratégie nous permettra de faire. Elle nous permettra aussi de renforcer les mesures d'adaptation à l'échelle mondiale. Il s'agit d'une crise dont l'ampleur est planétaire, tout comme la crise de la biodiversité.
J'aimerais d'ailleurs souligner quelques autres dépenses supplémentaires qui visent à financer la protection des espèces en péril au Canada. Environnement et Changement climatique Canada rapporte une augmentation des niveaux de référence de 22 millions de dollars. Pour sa part, Parcs Canada, dont la mission est notamment de protéger nos espaces et écosystèmes naturels, rapporte une augmentation de 7,7 millions de dollars. C'est un travail très important, car la biodiversité est notre plus grande alliée dans la lutte contre les changements climatiques. Les écosystèmes sains absorbent le carbone, produisent de l'oxygène et contribuent à réduire les émissions.
Ce financement supplémentaire va nous aider à protéger 25 % du territoire terrestre et maritime du Canada d'ici à 2025 et à atteindre les objectifs de la conférence de Montréal sur la biodiversité, soit la protection de 30 % du territoire terrestre et maritime d'ici à 2030.
Parcs Canada va également mettre en œuvre des projets de conservation et de restauration dans différentes régions du pays, et ce, en étroite collaboration avec les communautés autochtones. Cette agence s'assure que les connaissances et les valeurs autochtones sont respectées dans la gestion des espaces naturels. D'ailleurs, Parcs Canada rapporte également une dépense supplémentaire de 1,5 million de dollars pour réaliser trois ententes sur les répercussions et les avantages avec les Inuits au Nunavut et au Labrador, tel que prévu par la loi. Ces ententes leur permettront de participer pleinement à la gestion coopérative de cinq parcs nationaux, ce qui, selon nous, est essentiel.
Partout au Canada, les Inuits, les Premières Nations et les Métis sont touchés de manière disproportionnée par les conséquences des changements climatiques. Leurs communautés connaissent leurs terres ancestrales, elles savent reconnaître les signes de déséquilibre dans l'environnement. C'est la raison pour laquelle on ne peut pas faire avancer l'action climatique ou la protection de la nature au Canada sans promouvoir le leadership des communautés autochtones; je l'ai dit au début de mon allocution.
Enfin, le budget supplémentaire des dépenses (B) comprend une demande de l'Agence d'évaluation d'impact du Canada pour appuyer le développement des énergies renouvelables. L'Agence demande un transfert de 140 000 $ du ministère des Ressources naturelles pour appuyer ses évaluations régionales sur l'exploitation de l'énergie éolienne extracôtière en Nouvelle‑Écosse et à Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Ce travail va soutenir la transition énergétique, qui est au cœur du Plan de réduction des émissions pour 2030.
Monsieur le président, je vais m'arrêter ici. Je suis heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence, monsieur le ministre, ainsi que toute votre équipe.
Vous avez dévoilé la semaine passée à Dubaï le fameux cadre réglementaire pour plafonner les émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier. Le commissaire à l'environnement et au développement durable a dit que le retard de cette mesure expliquait en partie l'échec du Canada dans l'atteinte de la cible fixée dans le Plan de réduction des émissions pour 2030, soit une réduction de 40 % à 45 % d'ici 2030.
De notre côté, nous trouvons que cela a été long avant que ce règlement soit annoncé, bien que nous l'appuyions. De plus, nous constatons que le cadre réglementaire est plutôt un pamphlet et que la vraie mesure va être annoncée dans six mois. Il va également y avoir ce que nous dénonçons, au Bloc québécois, c'est-à-dire des mesures d'assouplissement pour les pétrolières, ainsi que des crédits compensatoires, entre autres, pour bien les aider. Cela ne changera donc pas grand-chose. Peut-être qu'on ne leur demandera même pas d'investir dans les énergies renouvelables. Cela ne va pas les aider à s'améliorer.
J'aimerais aussi parler des pourcentages de réduction, qui paraissent ambitieux. Je vous avoue que je n'arrête pas de voir de nouveaux chiffres et que je commence à être mêlée. Tantôt c'est 35 %, tantôt c'est 31 %. On parle des niveaux de 2019, puis on parle de ceux de 2005. Il y a quand même eu une augmentation des émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier de 14 mégatonnes, à laquelle il aura droit selon ce que vous avez publié au sujet du Plan de réduction des émissions pour 2030 et du plafonnement des émissions.
Vous étiez critiqué pour la cible de 2022, mais tous ces chiffres me donnent l'impression qu'il n'y a pas plus d'ambition et que les millionnaires des pétrolières s'en mettent plein la cravate…
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie de votre présence. Je suis heureux de vous revoir.
Je reprendrai là où ma collègue, Mme Pauzé, s'est arrêtée. La question est de savoir si le Canada est en effet sur la bonne voie pour atteindre les objectifs qu'il s'est fixés. Je pense parler au nom de plusieurs de mes collègues pour dire que nous attendons des gestes ambitieux de la part du gouvernement, qui a le devoir de remplir ses engagements auprès de la population canadienne.
C'est intéressant, parce que le Comité a reçu le commissaire à l'environnement il y a environ un mois, et son témoignage s'est avéré très différent du vôtre aujourd'hui. Permettez-moi de vous lire un extrait de son rapport.
Le voici:
Environnement et Changement climatique Canada avait estimé que les mesures du Plan de réduction des émissions pour 2030 ne réduiraient pas suffisamment les émissions pour que l’objectif soit atteint.
Le commissaire à l'environnement, dont le travail est requis dans le cadre de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, a constaté que le Canada n'est pas en voie d'atteindre les objectifs qu'il s'est fixés pour 2026 et 2030. Pourtant, le bilan présenté la semaine dernière par ECCC mène à des conclusions très différentes. En gros, tout semble parfait et le Canada est sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs de 2026 et 2030.
La principale critique formulée par le commissaire à l'environnement est que les projections présentées par ECCC sont trop optimistes.
J'ai consulté moi-même le bilan présenté par ECCC, et j'ai remarqué par exemple qu'en ce qui concerne l'industrie du pétrole et du gaz, on prévoit une diminution assez rapide des émissions, censées revenir en deçà des niveaux prépandémiques.
Ma première question est la suivante: comment expliquer à la population canadienne un tel contraste entre l'analyse faite par le commissaire à l'environnement, et les projections beaucoup plus optimistes effectuées par votre ministère? Avez-vous des renseignements indiquant que l'industrie pétrolière et gazière compte réduire ses émissions au cours des prochaines années, comme le montre clairement l'exercice de modélisation qui figure dans votre rapport?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, nous avons posé une première question concernant la facture environnementale de votre voyage à Dubaï. Des gens très attentifs qui suivent nos débats m'informent que l'aller-retour à Dubaï génère 18,1 tonnes de CO2. Je vous fais donc confiance pour compenser personnellement ces émissions à votre façon. Ce n'est pas au ministère de le faire, mais à vous, personnellement, puisque c'est vous qui y êtes allé. On se rappelle que, lorsque vous êtes devenu ministre, vous avez dit que vous alliez traverser le Canada en train. Je sais que vous y croyez vraiment, alors démontrez-le avec une approche pour compenser ces 18,1 tonnes de CO2.
Parlant de voyages, le ministre a nommé une ambassadrice du Canada pour les changements climatiques, Mme Stewart. L'agence QMI a rapporté des chiffres quand même assez spectaculaires en matière de déplacements. Au cours de sa première année de mandat, Mme Stewart a fait 23 voyages à l'étranger. Évidemment, elle n'est pas allée dans le Maine. Elle est allée à Paris, à Lisbonne, à Rome, à Florence, à Abou Dabi, à Bali et à Londres. Elle aime voyager, la madame. Cela correspond à peu près à un voyage toutes les deux semaines. Je comprends que madame est ambassadrice et que, théoriquement, il faut qu'elle représente le Canada. Nous comprenons cela.
Cependant, monsieur le ministre, j'aimerais vous poser une question et que vous y répondiez sincèrement, puisque nous nous connaissons bien. Est-ce qu'un voyage toutes les deux semaines, cela a de l'allure?
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
J'aimerais remercier mon collègue, M. Deltell, d'avoir redéposé le rapport sur l’Indice de rendement de la lutte contre les changements climatiques, ou l'IRLCC, car les classements sont une chose, et ils sont préoccupants, mais il est également très important d'examiner la manière dont ils sont arrivés à ces classements et la nature des recommandations. La première chose qu'ils soulignent, c'est que la production de pétrole et de gaz est en hausse. Les émissions de ce secteur sont les seules qui augmentent dans notre économie, et ils indiquent que c'est plus ou moins la seule raison de notre classement.
L'Alberta est de loin la province qui émet le plus de carbone, et elle se bat constamment contre le gouvernement fédéral devant les tribunaux en ce qui concerne notre compétence en matière de réduction de ces émissions, mais comme je l'ai déclaré, les recommandations du rapport sur l'IRLCC que mon collègue, M. Deltell, a soulevées sont les plus importantes, alors je vais les énumérer, monsieur le ministre, et j'aimerais que vous fassiez un suivi à cet égard et que vous m'indiquiez les recommandations pour lesquelles notre gouvernement fédéral a un plan.
La première est un plafonnement solide des émissions du secteur pétrolier et gazier.
Deuxièmement, les provinces doivent éliminer progressivement les combustibles fossiles, en soutenant les travailleurs.
Troisièmement, il faut élaborer un plan de réduction des émissions qui soit transparent.
La quatrième recommandation est un système de réglementation financière aligné sur le climat.
Monsieur le ministre, pour lesquelles de ces quatre recommandations disposons-nous d'un plan — un plafonnement solide des émissions du secteur pétrolier et gazier, une élimination progressive des combustibles fossiles dans les provinces qui soutienne les travailleurs, un plan de réduction des émissions transparent ou un système de réglementation financière aligné sur le climat?