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Bonjour, et merci beaucoup de m'avoir offert cette occasion de comparaître aujourd'hui.
Je m'appelle Jay Famiglietti. De 2018 à 2022, j'ai dirigé le Global Institute for Water Security à l'Université de la Saskatchewan, puis je suis retourné à l'Arizona State University, aux États-Unis. Mon équipe de recherche surveille par satellite les taux de disponibilité de l'eau douce dans le monde. Elle a mis au point des façons d'utiliser les données de la mission Gravity Recovery and Climate Experiment de la NASA, ou GRACE, pour estimer depuis l'espace les changements des stocks d'eau souterraine. Mes observations aujourd'hui se fondent sur plus de 25 années d’expérience avec ces données.
Nos recherches ont démontré qu'à l'échelle mondiale, la disponibilité de l'eau douce a changé de façon spectaculaire au cours de ces 22 dernières années. Elle périclite à cause des changements climatiques et de la croissance démographique. En fait, chaque année, à cause de la surexploitation des eaux souterraines, l'eau douce qui s'écoule des continents à partir de la glace, du pergélisol et de la fonte glaciaire contribue maintenant plus à l'élévation du niveau de la mer que la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique.
Comme environ 80 % de l'eau de la planète qui est prélevée dans les rivières, les lacs, les réservoirs et les nappes phréatiques est utilisée pour produire de la nourriture, non seulement la sécurité hydrique du monde est menacée, mais aussi sa sécurité alimentaire.
Dans les graphiques de ma version écrite de cette déclaration préliminaire se trouve une carte satellitaire des tendances de la disponibilité d'eau douce. Cette carte est l'un des principaux résultats de notre recherche et de la mission GRACE de la NASA. On y constate que les zones de haute et basse latitude deviennent toujours plus humides et que les régions de latitude moyenne s'assèchent. Cette carte est parsemée d'alertes rouges sur l'insécurité hydrique — on y reçoit soit trop peu d'eau, soit trop d'eau. À ces endroits, au cours de ces 20 dernières années, soit les glaciers fondent et les inondations augmentent, soit la sécheresse se prolonge et épuise rapidement les eaux souterraines.
Un deuxième graphique met en évidence les principaux systèmes aquifères du monde et montre que plus de la moitié d'entre eux ont dépassé leurs seuils de viabilité en raison de la surexploitation. Les eaux souterraines fournissent près de la moitié de l'eau d'irrigation qui alimente la production alimentaire, et plus encore en période de sécheresse. Cependant, un manque flagrant de gestion des eaux souterraines dans le monde a permis un surpompage excessif qui se poursuit sans relâche. Cette carte ne montre que les principaux aquifères. Une étude très récente indique que des milliers de petits aquifères sont également épuisés. Mes travaux et cette étude récente démontrent que dans certains endroits, comme dans la vallée centrale de la Californie, les taux d'épuisement s'accélèrent.
Le Canada n'est pas à l'abri de ces changements des stocks d'eau douce. Comme ses températures augmentent rapidement, ses glaciers disparaissent et son pergélisol fond. Ces 20 dernières années, les inondations et la sécheresse nous ont frappés plus fréquemment. De plus, le Canada constate aussi l'épuisement de ses eaux souterraines. Il se produit actuellement dans ma province d'origine, la Saskatchewan.
Un troisième graphique montre que la plupart des bassins fluviaux du Canada ont perdu de l'eau au cours de ces 20 dernières années. La moyenne des taux d'humidité et d'assèchement de toutes les régions du Canada donne un résultat net négatif. Le Canada, comme de nombreux pays de notre monde en réchauffement, perd de l'eau depuis 20 ans.
Heureusement, le Canada a tout ce qu'il lui faut pour se préparer à un avenir où la disponibilité de l'eau sera plus variable. Il pourra contrer les menaces qui pèsent sur ses eaux souterraines et sur sa production alimentaire et faire face aux répercussions d'incendies toujours plus destructifs. À l'Université de la Saskatchewan, j'ai dirigé avec fierté un groupe de chercheurs dévoués qui continuent à collaborer avec des organismes gouvernementaux du Canada, avec une foule d'intervenants et avec les communautés autochtones. Ils s'efforcent de tracer la voie vers la sécurité hydrique et alimentaire du pays. Les discussions sur la planification intégrée des bassins fluviaux, sur les inondations ainsi que sur la nécessité de prévoir la disponibilité des eaux souterraines et de l'eau pour tout le pays se poursuivent. Il est crucial d'encourager et de soutenir ces dialogues.
Il demeure cependant nécessaire de gérer les eaux souterraines de façon inclusive et équitable. Pour pallier le manque de disponibilité de l'eau de surface, nous devrons prélever toujours plus d'eau souterraine, alors qu'elle fournit déjà un tiers de l'eau potable du Canada. La protection de l'approvisionnement en eau souterraine du Canada est essentielle pour prévenir la sécheresse, pour adapter le pays aux changements climatiques et pour assurer une production alimentaire durable.
Le Canada a actuellement l'occasion d'inclure les enjeux relatifs à ses eaux souterraines dans la modernisation de la Loi sur les ressources en eau du Canada et dans les activités de l'Agence canadienne de l'eau. Je vous exhorte à préparer notre pays en vue d'un avenir où il continuera à dégeler et à s'assécher, causant une diminution de la disponibilité de l'eau de surface qui nous incitera à pomper toujours plus de ses précieuses eaux souterraines.
Merci.
Merci de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui. Je le fais en tant que professeure au Département des sciences de la Terre de l'UQAM, mais aussi en tant que présidente du Réseau québécois sur les eaux souterraines, dont la mission est de diffuser les connaissances sur l'eau souterraine.
J'aimerais aujourd'hui vous présenter trois constats sur les eaux souterraines et suggérer quelques pistes d'action.
Le premier constat, c'est que les eaux souterraines sont une ressource encore relativement peu connue au Québec, au Canada et partout dans le monde. Les dernières années ont toutefois amené des avancées importantes. Nous connaissons mieux nos ressources, notamment au Québec. Je veux souligner ici l'investissement qui a été fait par le gouvernement québécois pour cartographier les eaux souterraines depuis 2009. C'est un travail exceptionnel.
Au Canada, les eaux souterraines sont utilisées pour l'alimentation en eau potable, par l'industrie, par l'agriculture, mais aussi par les écosystèmes. Souvent, on n'en parle pas, mais c'est très important. On sait que les volumes sont importants, mais qu'ils se renouvellent parfois d'une manière très contrastée d'une région à l'autre et qu'ils ne sont pas également répartis sur le territoire.
On sait aussi qu'il y a beaucoup de pression qui s'exerce sur les eaux souterraines, notamment en raison de l'augmentation des pompages, de l'étalement urbain, de l'intensification de l'agriculture et des changements climatiques. Cette pression peut entraîner des baisses de niveau de nappe, l'assèchement des cours d'eau et des milieux humides en période estivale, ainsi qu'une baisse de la qualité de l'eau souterraine. On commence tout juste à quantifier ces répercussions et leurs effets sur les usages humains des eaux souterraines et sur les écosystèmes.
Le deuxième constat, c'est que les eaux souterraines sont très souvent étroitement connectées aux cours d'eau, aux lacs et aux milieux humides. Ces interactions sont cruciales à plusieurs égards, notamment pour soutenir les milieux naturels en créant des habitats pour de nombreuses espèces, mais elles sont rarement prises en compte. Bien qu'il soit important, par exemple, de protéger les berges d'une rivière ou l'environnement immédiat d'un puits, ce n'est souvent pas suffisant pour assurer la pérennité de la ressource ou celle de l'habitat, parce que les eaux souterraines proviennent souvent de très loin. Les régions où les eaux souterraines s'infiltrent, en amont des bassins versants, dans les milieux humides et dans les massifs forestiers, doivent aussi être protégées, si on veut permettre le renouvellement de la ressource, le maintien des niveaux de nappe et l'atténuation naturelle des polluants.
Nous comprenons encore relativement peu toutes ces connexions et les rétroactions qui en découlent. Par contre, il ne fait aucun doute que la gestion intégrée de l'eau à l'échelle du territoire, par exemple à l'échelle des bassins versants, augmente la résilience de toutes les ressources en eau.
Le troisième constat, c'est que les eaux souterraines circulent très lentement et peuvent séjourner sous terre pendant des périodes allant de quelques années à plusieurs milliers d'années. Les eaux souterraines pompées aujourd'hui peuvent s'être infiltrées dans le sol il y a très longtemps, et la pression qu'on exerce sur ces ressources maintenant peut se répercuter sur plusieurs générations. Les eaux souterraines ont la particularité d'être exposées indirectement aux pressions anthropiques et aux aléas du climat qui se produisent à la surface. Pour cette raison, les répercussions sont souvent retardées. Elles peuvent se produire en aval des pressions et sont parfois difficilement mesurables à court terme. Elles peuvent aussi prendre des décennies avant de s'atténuer.
Les réseaux de suivi des niveaux de nappe et de la qualité des eaux souterraines sont encore très peu nombreux au Canada et au Québec et encore beaucoup trop récents pour nous offrir une vision à long terme de la ressource. Malgré tout, les autorisations de développement et d'exploitation continuent d'être basées sur une planification à court terme, soit de quelques années seulement, ce qui limite notre capacité à assurer la pérennité de la ressource.
Ces trois constats amènent une réflexion sur les pistes à prioriser pour protéger les eaux souterraines.
Premièrement, on ne connaît pas suffisamment les eaux souterraines. Il est important de poursuivre le développement des connaissances pour les décrire, pour les cartographier, pour quantifier les usages actuels et pour surveiller leur quantité et leur qualité.
Deuxièmement, la gestion des eaux souterraines doit être faite de manière intégrée à l'échelle des bassins versants, c'est-à-dire en incluant aussi les eaux de surface. On doit tenir compte de toutes les interactions et considérer des échelles de temps allant de quelques années à plusieurs décennies, voire plusieurs siècles.
Troisièmement, il est primordial de mobiliser le plus largement possible les connaissances sur les eaux souterraines. Les eaux souterraines sont sous nos pieds, alors nous ne les voyons pas, et ça ne fait pas partie de la culture générale de savoir où elles sont et comment elles fonctionnent. L'objectif est que tous les utilisateurs aient accès aux nouvelles données et comprennent les enjeux liés à l'état de la ressource et aux problèmes émergents.
En conclusion, le Québec et le Canada ont beaucoup d'eaux souterraines, mais cette ressource est mal répartie sur le territoire et subit une pression à plusieurs endroits. Une vision d'ensemble et des actions concrètes sont nécessaires pour maintenir les volumes disponibles, conserver la qualité de la ressource et maintenir les écosystèmes pour plusieurs générations.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité. Merci de m'avoir invitée.
Je m'appelle Aliénor Rougeot et je travaille pour Environmental Defence Canada.
Je vais parler de la façon dont l'exploitation des sables bitumineux contribue à la contamination des eaux souterraines et des préoccupations plus générales qu'elle cause en créant des bassins de résidus toxiques dans les sables bitumineux.
Il y a aujourd'hui exactement un an qu'a eu lieu le grave déversement de la mine Kearl d'Imperial Oil, qui a révélé, comme vous vous en souviendrez, une autre fuite toxique qui s'écoulait depuis plus de neuf mois. Ce déversement a soulevé beaucoup d'indignation, notamment au sein du Comité. Il ne s'est pas passé grand-chose depuis. Aucune accusation n'a été portée en vertu des lois provinciales et fédérales sur la protection de l'environnement. Le volume des résidus continue d'augmenter et, comme je l'expliquerai aujourd'hui, des déchets toxiques continuent à suinter de ces résidus. À bien des égards, le déversement et la fuite de la pétrolière Imperial Oil ne constituaient que la pointe de l'iceberg. Les bassins de résidus des sables bitumineux contiennent maintenant 1,4 billion de litres de déchets toxiques et couvrent une superficie qui fait 2,6 fois celle de la ville de Vancouver.
En 2020, la Commission de coopération environnementale, un organisme international de surveillance créé en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain, a enquêté sur la question des fuites de résidus de sables bitumineux. Après avoir scruté toutes les études examinées par des pairs, ses experts ont conclu que l'eau de traitement des sables bitumineux, les résidus, s'infiltre dans les eaux souterraines situées autour des bassins de résidus. Les données de l'industrie provenant de grandes compagnies comme Suncor et Syncrude confirment ces constatations. Elles prouvent que les résidus s'infiltrent continuellement dans les eaux souterraines, particulièrement près des sources d'eau de surface et des affluents de la rivière Athabasca.
Ces déchets sont extrêmement toxiques. Ils contiennent des acides naphténiques et des métaux lourds, qui causent une perturbation du système reproducteur chez les animaux, le cancer et des dommages au fonctionnement du cerveau, des poumons, des reins, du foie, de la composition sanguine et d'autres organes importants chez les animaux et chez les humains. On est très loin d'avoir étudié l'ampleur des dangers que posent ces résidus à la santé humaine. En fait, les collectivités touchées se plaignent avant tout de ces dangers, qui frappent surtout des communautés autochtones.
Les fuites des résidus miniers ne naissent pas par accident. Elles font partie de la conception de cette méthode. Les parois extérieures des bassins de décantation des sables bitumineux sont perméables. Certains systèmes sont conçus pour recueillir les infiltrations. Cependant, les données démontrent qu'un mouvement perceptible de fluides échappe à ces systèmes de collecte. Évidemment, les eaux souterraines ne restent pas dans le sol. Dans la région de l'Athabasca, les eaux souterraines ont une incidence importante sur la qualité de la rivière Athabasca.
Ces déchets toxiques qui s'infiltrent dans les eaux souterraines et dans les eaux de surface nuisent non seulement aux poissons, mais à l'ensemble de l'écosystème qui dépend de ces plans d'eau, notamment les nations autochtones qui puisent leur eau de ce territoire.
Il est particulièrement inquiétant de constater que ces communautés s'exposent de multiples façons à ces métaux lourds et à ces substances toxiques provenant des bassins de décantation, notamment en buvant de l'eau, en récoltant du gibier et des aliments sur ce territoire et en respirant l'air qui les contient. Soulignons qu'il y a deux semaines, une étude a révélé que les taux de polluants atmosphériques provenant des sables bitumineux sont en fait de 20 à 64 fois plus élevés que ceux qui nous avaient été révélés.
Toute cette information ne vous surprendra probablement pas. En fait, en 2010, les députés de l'opposition qui siégeaient au comité ENVI ont publié un rapport cinglant sur le bilan du gouvernement en matière de résidus miniers. Ils affirmaient que l'histoire de la relation entre les sables bitumineux et l'eau est en grande partie une histoire de déni de la part des parties intéressées et d'abdication de longue date du leadership fédéral dans un domaine qui, à juste titre, relève d'Ottawa.
Ce rapport a été publié il y a 14 ans. Aujourd'hui, le gouvernement fédéral a encore le pouvoir de régler ce problème. La Loi sur les pêches du Canada interdit de rejeter une substance qui nuit aux poissons là où ils pourraient entrer en contact avec elle. Pourtant, à ce jour, aucune entreprise n'a été accusée de répandre des résidus miniers. De nouveau, il y a plusieurs années, la Commission de coopération environnementale, que je viens de mentionner, a souligné que le Canada n'appliquait pas sa propre Loi sur les pêches.
J'exhorte le Comité à s'écarter de la tendance des gouvernements précédents et à en faire plus que de soulever temporairement cette question. J'espère que vous envisagerez d'appliquer des mesures soutenues et efficaces. J'espère que nos conversations nous permettront d'explorer ensemble ce que pourraient être ces mesures.
Je vous remercie de votre attention.
Bonjour, monsieur le président, membres du Comité et autres témoins.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui au nom de l'Alberta Irrigation Districts Association, l'AIDA.
Je m'appelle Alex Ostrop. Je suis agriculteur dans le Sud de l'Alberta et président de cette association. Je suis accompagné de Richard Phillips, notre vice-président.
Dans le domaine de l'eau et de la gestion de l'eau, l'irrigation fait partie intégrante du tissu social de l'Alberta. Représentant 11 districts qui irriguent plus de 600 000 hectares de terres agricoles, les membres de l'AIDA utilisent environ 8 000 kilomètres d'infrastructures de transport et 52 réservoirs d'eau pour alimenter le Sud de l'Alberta. Ils soutiennent ainsi les entreprises, la faune et l'habitat humide. Ils permettent aussi d'organiser des activités récréatives qui autrement n'auraient pas lieu, car le climat est trop sec dans cette région.
Les infrastructures d'irrigation approvisionnent les collectivités de plus de 50 municipalités. Notre industrie génère environ 5,4 milliards de dollars par année du PIB de l'Alberta. Elle crée près de 50 000 emplois et contribue énormément à la production agricole et à la sécurité alimentaire du Canada.
Les investissements dans des expansions extraordinaires de 600 millions de dollars, comme celle de l'entreprise McCain près de Lethbridge, ne seraient pas possibles sans l'irrigation et sans sa capacité de fournir aux producteurs un approvisionnement en eau fiable.
Comme, au Canada, les événements climatiques extrêmes augmentent en fréquence et en gravité et perturbent particulièrement les cycles d'inondation et de sécheresse, nous devrons compter toujours plus sur l'irrigation et sur les activités de gestion de l'eau pour assurer la résilience agricole et communautaire du pays. Nous pourrons ainsi surveiller cette ressource importante, la prévoir, la conserver et la répartir efficacement.
Les réservoirs servent de mesure clé d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques. Ils nous permettent de protéger et de contrôler l'approvisionnement en eau, qui est extrêmement variable. Chaque jour, nous constatons à quel point il est important que tous les partenaires collaborent et coordonnent leur planification proactive de la gestion de l'eau dans le Sud de l'Alberta. Nous comptons aussi sur les pratiques novatrices que le secteur agricole ne cesse de créer.
Nous voyons aussi les risques de l'inaction et les difficultés auxquelles les producteurs, les entreprises et les collectivités font face lorsque la gestion durable de l'eau et des infrastructures n'est pas traitée en priorité. Nous voyons de multiples possibilités d'intégrer l'irrigation aux politiques, à la planification et aux programmes gouvernementaux.
Nos principales recommandations sont les suivantes.
Premièrement, le gouvernement devrait reconnaître l'immense contribution que l'irrigation apporte à l'environnement et à l'adaptation aux changements climatiques. Il devrait mettre en œuvre une politique qui encourage son développement et son maintien plutôt que de l'entraver.
Deuxièmement, l'Agence canadienne de l'eau devrait collaborer avec les industries non apparentes. Elle devrait tenir compte des considérations régionales particulières de la gestion de l'eau et des enjeux relatifs à l'eau dans les provinces. Un bureau régional à Lethbridge favoriserait l'inclusion et la consultation directe des partenaires sur les enjeux et les intérêts communs.
Troisièmement, le Canada devrait renforcer sa compétitivité réglementaire en finançant la recherche de nouveaux produits de gestion agricole. En évaluant les propositions, comme les suggestions de traitement pour lutter contre les espèces aquatiques envahissantes et les mauvaises herbes aquatiques, il pourrait ainsi mieux tenir compte des approbations et des données venant d'administrations comparables et fiables. Il est important que les intervenants et les intendants de l'eau au Canada aient accès aux outils et aux produits les plus efficaces et les plus à jour pour régler les problèmes propres à leurs régions. Ils éviteraient ainsi les effets néfastes qui menacent les systèmes d'approvisionnement en eau et les innombrables personnes qui en dépendent.
Quatrièmement, le gouvernement devrait continuer à investir dans les infrastructures d'irrigation. Il est essentiel d'appuyer les projets de remise en état, de modernisation et d'expansion pour que l'eau soit protégée et livrée aux municipalités, aux collectivités, aux producteurs agricoles et à tous ceux qui en ont besoin. Chaque dollar investi dans les districts d'irrigation de l'Alberta a généré un rendement de 350 % des revenus.
Dans le Sud de l'Alberta, cette précieuse ressource est au cœur de toutes les décisions que prennent les gestionnaires et intendants de l'eau douce qui sont membres de l'AIDA. Nous sommes convaincus que le succès du secteur agricole et des provinces des Prairies fait partie intégrante de l'avenir du Canada. L'industrie de l'irrigation est essentielle à l'avancement de solutions durables pour assurer la disponibilité de l'eau douce.
Le Canada a la capacité de développer les infrastructures, la recherche et les programmes nécessaires pour protéger et assurer l'avenir de ses ressources en eau douce. Il est crucial de le faire avant que la pénurie d'eau n'ait des répercussions sur les industries agricoles, sur les entreprises, sur la sécurité alimentaire, sur la biodiversité, sur les municipalités, sur les collectivités et, en fin de compte, sur tous les Canadiens.
Merci de m'avoir consacré de votre temps. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord proposer la motion que j'ai présentée vendredi demandant que nous invitions immédiatement le à comparaître devant le Comité afin de déterminer s'il y a eu violation du privilège parlementaire. Avant que mes collègues libéraux ne déplorent le fait que les conservateurs soulèvent des questions qu'ils n'aiment pas, permettez-moi de dire qu'un certain nombre de faits indiquent que le ministre de l'Environnement a induit le Comité en erreur ou qu'il cache les noms de sénateurs qu'il a personnellement pressentis pour retirer de sa substance au projet de loi .
Quelle que soit notre allégeance politique, il nous incombe, dans nos fonctions de députés, de protéger ces privilèges pour lesquels nous nous sommes battus et qui doivent être défendus dans le cadre de notre tradition de Westminster. Il est essentiel que cette institution fonctionne bien et qu'à la demande d'un comité, les ministres fournissent des renseignements exacts en temps opportun .
Soit dit en passant, le projet de loi est une mesure législative essentielle. Il concerne tous les députés, quelle que soit leur allégeance politique, parce que ce projet de loi est crucial non seulement pour les agriculteurs, mais pour tous les Canadiens, puisqu'il contribuera à ralentir la hausse continuelle du prix des aliments.
Ce projet de loi exempterait les céréaliers de la taxe sur le carbone généré par le propane et le gaz naturel qu'ils doivent utiliser pour sécher leurs céréales et qu'utilisent les éleveurs de bétail pour climatiser leurs étables. Cette exemption s'élèverait à un milliard de dollars d'ici à 2030. Elle générerait des économies immédiates pour les producteurs canadiens et pour l'achat d'aliments. Elle avantagerait beaucoup nos agriculteurs, qui pourraient réinvestir cet argent dans leurs exploitations afin d'offrir des produits écologiques aux Canadiens.
Ce projet de loi a reçu l'appui de tous les groupes agricoles nationaux et il a franchi toutes les étapes au Parlement par la Chambre des communes. Il s'agit d'un cheminement plutôt judicieux pour un projet de loi d'initiative parlementaire. Il a reçu l'appui des députés du Parti conservateur, du Bloc québécois, du NPD, de certains libéraux et même du Parti vert. Ces députés ont reconnu que ce projet de loi corrigerait efficacement le fait que les agriculteurs ne peuvent tout simplement pas faire la transition vers une autre source de carburant dans le cas de ces activités particulières. À l'heure actuelle, les agriculteurs sont punis pour une activité dont leur exploitation ne peut pas se passer, et cela hausse les prix des produits d'épicerie pour les Canadiens.
À la suite de son adoption plutôt rapide à la Chambre des communes, ce projet de loi a été renvoyé au Comité sénatorial de l'agriculture et des forêts, où nous avons assisté à des manœuvres partisanes. Un certain nombre d'amendements visaient à éviscérer le projet de loi et à en retarder le processus. Heureusement, ils ont été rejetés par cette chambre qui a effectué un second examen objectif, le Sénat. Toutefois, pour des raisons inconnues, le nombre de votes a diminué au fur et à mesure que les sénateurs présentaient des amendements précis, afin de perturber et de détruire ce projet de loi qui permettrait aux agriculteurs d'économiser 1 milliard de dollars.
Cette diminution graduelle du nombre de votes a fini par générer des changements, et le projet de loi a été renvoyé à la Chambre des communes. Il se trouve maintenant en zone neutre, parce que sans l'appui du gouvernement, il ne pourra jamais être adopté, parce qu'aucun précédent ne peut le soutenir.
Les agriculteurs canadiens sont extrêmement frustrés. Cette situation s'est politisée lorsque le gouvernement a décidé que certains Canadiens méritaient une réduction de la taxe sur le carbone généré par le mazout domestique, alors que les agriculteurs se voyaient refuser cette exemption. Ils ont considéré cela comme une politique qui visait clairement à éviter que 1 milliard de dollars ne se retrouvent dans leurs poches.
En ce qui concerne la motion que je propose maintenant, lorsque le a comparu devant le Comité le 14 décembre, mon collègue conservateur, M. Dan Mazier, lui a demandé s'il avait parlé du projet de loi à des sénateurs. La ministre a répondu qu'il en avait discuté avec cinq ou six sénateurs.
Nous lui avons posé cette question, parce qu'il avait déjà déclaré publiquement qu'il en avait parlé à des sénateurs. Dans un article de CTV daté du 14 novembre 2023, il aurait dit qu'au cours des semaines précédentes, il en avait discuté avec une demi-douzaine de sénateurs afin de leur expliquer pourquoi le gouvernement fédéral s'opposait à ce projet de loi.
Un article de la CBC paru le 28 novembre de la même année indiquait que le ministre avait dit qu'il avait parlé à environ six sénateurs pour expliquer la position du gouvernement, mais qu'il ne leur avait pas dit comment voter.
À trois reprises, il a mentionné cinq ou six sénateurs, même lorsqu'il a comparu devant notre comité dans cette même salle. Il a fallu 49 jours à partir de cette comparution, au cours de laquelle il avait promis à mon collègue de communiquer les noms des sénateurs auxquels il avait parlé de ce projet de loi , pour que nous en recevions la liste.
Il lui a fallu 49 jours. Il me semble que c'est très long pour se rappeler de trois à six noms.
Le fait est que nous nous attentions à ce qu'il nomme les cinq ou six personnes qu'il venait de mentionner dans les médias et à notre comité. Cependant, pour une raison quelconque, cette liste ne contenait que trois noms. Il semble vraiment étrange qu'il y ait repensé et qu'il nous revienne en affirmant qu'il n'avait parlé qu'à la moitié de ces sénateurs. Il y a quelque chose qui cloche. De ce fait, nous ne pouvons que conclure qu'il a rendu un faux témoignage devant le Comité ou qu'il a fourni de faux renseignements en donnant les noms des sénateurs qui ont fait du lobbying pour éviscérer le projet de loi .
Quoi qu'il en soit, le a induit le Comité en erreur, et je crois que nous devons l'inviter à comparaître immédiatement devant le Comité pendant une heure afin de régler la divergence des renseignements qu'il a fournis et de décider s'il faut en faire rapport à la Chambre. Tant que le ministre ne viendra pas répondre à nos questions, le Comité ne pourra pas déterminer s'il a commis un outrage à ce comité. À première vue, il semble évident qu'il l'a fait, ce qui devrait inquiéter tous les députés, quelle que soit leur allégeance politique.
Les uns après les autres, les présidents ont énoncé clairement trois critères à démontrer pour arriver à une conclusion d'outrage par des déclarations ou des renseignements trompeurs. Premièrement, l'énoncé doit être trompeur. Deuxièmement, le député qui fait cette déclaration doit savoir qu'elle était inexacte. Troisièmement, nous devons prouver que le député avait l'intention d'induire la Chambre en erreur en faisant cette déclaration.
Sur le premier point, il s'agissait très évidemment d'une déclaration ou d'une réponse écrite trompeuse, l'un ou l'autre était faux, c'est indéniable. En ce qui concerne le deuxième point, si le avait intentionnellement induit le Comité en erreur, il aurait su que sa déclaration était inexacte lorsqu'il l'a prononcée le 14 décembre. Il n'a jamais essayé de concilier sa réponse écrite avec le témoignage qu'il avait présenté au Comité. Quant au troisième point, nous ne savons pas s'il avait l'intention d'induire le Comité en erreur, alors nous devons faire enquête. Seul le , et non sa légion d'en face, peut nous éclairer sur cette question.
Nous savons qu'il a subi des pressions considérables l'exhortant à éviscérer le projet de loi . Il a même mis sa propre réputation en jeu en affirmant que tant qu'il serait ministre de l'Environnement, il n'y aurait plus d'exemptions à la tarification du carbone. C'était, bien sûr, à la suite de la décision d'abolir la taxe sur le carbone généré par le mazout domestique pour 3 % des Canadiens.
Il avait donc une raison de faire tout son possible pour empêcher l'adoption du projet de loi des conservateurs. Ce projet de loi avait été appuyé par tous les partis à la Chambre des communes et visait à exempter les agriculteurs de la taxe sur le carbone. Je ne doute aucunement que le a induit le Comité en erreur. La question est de savoir s'il avait l'intention de le faire.
Je sais que certains députés d'en face aiment courir, mais je les implore de ne pas fuir cette question, car s'ils le font, ils en diront long sur l'ampleur de la pourriture qui règne au sein du gouvernement.
Il est temps de faire enquête, monsieur le président. J'encourage tous mes collègues de toutes les allégeances politiques à appuyer cette motion demandant au de préciser s'il a induit le Comité en erreur ou non.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord m'excuser auprès de nos témoins. C'est malheureusement devenu une tendance. Cela se produit à presque toutes les réunions. Des experts viennent ici ou sacrifient de leur temps pour comparaître sur Zoom afin de nous aider à étudier les meilleures façons de protéger l'eau douce au Canada, et les conservateurs font de l'obstruction en se servant de ce comité comme de leur tribune personnelle.
Vous avez des téléphones. Vous avez la capacité de produire une vidéo. Faites‑le pendant votre temps libre. C'est pitoyable. Vous faites perdre un temps précieux à ces gens qui ont la générosité de se présenter aux réunions de ce comité.
Nous aurons le temps de mener une autre étude lorsque nous aurons terminé celle sur l'eau douce. Ce sera un processus démocratique. Ce comité choisira ce que nous étudierons après cela.
Quant au scandale que M. Leslie essaie de faire éclater, il n'y a absolument rien de mal à avoir une conversation avec un sénateur. Les conservateurs, de leur côté, discutent avec les sénateurs tous les mercredis pendant leur caucus, parce que les seuls sénateurs qui sont partisans sont conservateurs.
J'aimerais parler très brièvement de l'un de ces sénateurs conservateurs, le leader conservateur Don Plett. Il est tout à fait normal de discuter avec un sénateur de la façon dont il entend voter sur un projet de loi. C'est de la politique. Nous l'avons tous fait, et c'est normal. Vous le faites tous les mercredis. Les sénateurs ne participent pas aux réunions de notre caucus, mais ceux qui sont conservateurs le font. Les conservateurs ont donc chaque semaine l'occasion de discuter avec ces sénateurs des projets de loi dont le Sénat est saisi.
Lorsque le a rencontré des sénateurs, je peux vous garantir qu'il n'y a pas eu d'intimidation ou de harcèlement. Cependant, lorsque M. Don Plett a rencontré des sénateurs, il n'était pas d'accord...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Famiglietti, vous avez mentionné tout à l'heure, dans votre allocution d'ouverture, que la sécurité alimentaire était importante. C'est un dossier qui me tient particulièrement à cœur. Beaucoup d'agriculteurs de ma circonscription me disent que même l'eau, malgré ce qu'on croyait, n'est pas une ressource inépuisable. Il faut donc la prioriser, la protéger et éviter de la gaspiller. C'est ce qui explique l'importance de la présente étude.
Nos ressources en eau, telles que les eaux souterraines, dont vous avez parlé, sont utilisées par les agriculteurs et par plusieurs autres usagers. Par exemple, plusieurs témoins sont venus nous parler des conséquences de l'utilisation de l'eau aux fins de l'exploitation pétrolière au Canada.
À un moment donné, nous devrons faire une priorisation en ce qui concerne l'utilisation de l'eau. D'une part, elle est utilisée par les compagnies pétrolières, et nous devons les amener à gérer l'eau de manière beaucoup plus efficace et durable. D'autre part, l'eau est utilisée par nos agriculteurs, qui ont la responsabilité de mettre de la nourriture sur nos tables et d'assurer notre sécurité alimentaire.
Je regardais les chiffres. Environ 75 % des parts des compagnies de pétrole au Canada sont détenues par des personnes vivant à l'étranger. Par ailleurs, en 2022, 4,7 millions de barils de pétrole ont été exportés aux États‑Unis.
Dans ce contexte, comment gère-t-on la priorisation de l'usage de l'eau, entre les agriculteurs et les compagnies pétrolières? Est-ce que c'est un problème?
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Merci de votre question. Je suis très heureux de vous livrer quelques réflexions à ce sujet.
La sécurité de l'eau, à mon sens, c'est avoir assez d'eau pour tout ce qu'on veut faire. Il peut s'agir de la sécurité d'une ville, d'une province, de l'ensemble du pays. Les utilisations sont celles dont vous venez de parler: l'environnement, la production alimentaire, la croissance économique, la production d'énergie. Il faut établir les priorités aux niveaux national, provincial et local.
Je n'ai aucune influence là‑dessus, Je peux par contre vous décrire ce qui se passe dans l'ensemble du Canada — nous pourrons entrer dans les détails après la séance — et communiquer cette information aux décideurs que vous êtes.
J'ai observé le phénomène de la disparition des eaux souterraines partout dans le monde et j'en ai conclu qu'il fallait pratiquer une gestion commune des eaux de surface et des eaux souterraines et faire un usage beaucoup plus efficace des eaux souterraines. Au Canada, la demande d'eau souterraine augmentera à cause des changements climatiques, puisque la ressource hydrique fluctuera de plus en plus et que, comme l'un des autres témoins l'a dit, il faudra très probablement donner de l'expansion à l'infrastructure d'irrigation pour maintenir une production alimentaire durable.
Il n'y a pas de solution unique. Je conclurai en disant que je conçois toujours comme un tout l'efficacité agricole, l'efficacité dans l'utilisation de l'eau, l'efficacité de l'industrie et de reddition de comptes sur l'utilisation de l'eau par l'industrie — toutes les industries, et pas seulement l'agriculture et la production pétrolière.
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C'est une bonne question et c'est certainement une grande préoccupation.
Je précise que ces contaminants ne sont pas dans le spectre direct de mon expertise, mais je connais un peu le problème qu'ils posent.
Effectivement, la gestion intégrée de l'eau est toujours pertinente. Dans ce cas, la solution serait qu'il n'y ait pas de PFAS qui entrent dans les ressources au départ.
J'utilise le terme de contaminants éternels, puisque ces contaminants se transforment très peu et très lentement. Une fois qu'ils sont dans l'hydrosystème, dans le cycle de l'eau, ils y restent. C'est particulièrement le cas dans les eaux souterraines, où le temps de séjour est très long. C'est un problème et c'est l'une des grandes préoccupations pour la population quand les niveaux de contaminants sont élevés.
Je dirais que c'est un phénomène assez récent. Je voudrais peut-être juste proposer un regard un peu différent. Ce n'est que récemment qu'on a pu découvrir ces concentrations et être capable de les analyser. En fait, chaque fois qu'on cherche un contaminant dans l'eau souterraine, on le trouve. On a fait des études où on a trouvé dans l'eau souterraine des pesticides, des problèmes bactériologiques, des produits pharmaceutiques alors qu'on ne s'attendait pas à en avoir. Les eaux souterraines circulent très lentement, mais elles ne sont pas à l'abri de la contamination.
Je pense que la solution est la prévention. C'est l'action en amont. Maintenant, c'est malheureux, mais on devra probablement vivre avec ces problèmes de contamination pendant encore plusieurs décennies.
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Je vous remercie de la question.
Nous avons abordé certaines de ces questions au cours de nos discussions de cet après-midi. Il est impérieux que le pays comprenne comment nous répartissons les ressources en eau entre tous les besoins. Il faut de l'eau pour les êtres humains, l'environnement, la production d'énergie, la production alimentaire et la croissance économique. Il est donc très important de définir une orientation.
L'Agence a un rôle très réel à jouer pour veiller à ce que chaque province dispose d'une protection adéquate contre les inondations. Il faut assurer dans chaque province une protection adéquate des eaux souterraines et de la qualité de l'eau. D'autres questions ont été soulevées au sujet de la dimension interprovinciale. Il y a là un rôle évident pour une agence de l'eau.
Voyons ce qui se passe aux États-Unis. En Californie, par exemple, les eaux souterraines commencent à manquer. Cet État produit des denrées alimentaires pour l'ensemble du pays. Aux États-Unis, la sécurité de l'eau en Californie est considérée comme un problème californien, même si l'État produit des aliments pour l'ensemble du pays.
Au Canada, nous devons veiller à préserver les régions qui produisent des denrées alimentaires en leur assurant un approvisionnement en eau adéquat, et cela peut nécessiter une surveillance, une politique, une planification — je ne sais quel terme employer — au niveau national.
Ce ne sont là que quelques exemples.
Le gouvernement a adopté le projet de loi . Pour la première fois, il a consacré dans une loi le droit à un environnement sain, ce qui est un grand progrès. Il y aura des consultations ouvertes à ce sujet dans les prochains jours, ainsi que des consultations distinctes sur la participation des Canadiens au sujet de la justice environnementale et du racisme. C'est important.
Excusez-moi si vous ne pouvez pas entendre mes questions à cause de tout le boucan des gens d'en face.
Vous savez sans doute que les Canadiens se soucient d'environnement, mais la pollution ne les touche pas tous de la même façon. En fait, elle touche de façon disproportionnée les collectivités pauvres et racisées. Les substances perfluoroalkylées ne sont qu'un exemple de polluant à ce titre.
J'aimerais vous donner l'occasion de compléter votre réponse à la question de Mme Collins. J'aimerais m'assurer que nous sommes tous au courant de la consultation à venir qui définira l'approche du gouvernement à cet égard.
Si l'un ou l'autre de nos témoins présents ici souhaite parler de l'importance de limiter la présence de substances perfluoroalkylées dans notre environnement, je pense que ce serait utile pour cette étude.
Merci.
Bonsoir, monsieur le président et distingués membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui et de prendre part à la discussion sur l'eau douce et sa durabilité.
Je suis hydrogéologue. Au cours des 27 dernières années, j'ai enseigné à l'Université de Guelph en génie hydrologique et, auparavant, à l'Université de Waterloo en sciences de la Terre. J'ai enseigné et mené des recherches dans le domaine des régimes d'écoulement des eaux souterraines et du comportement des contaminants dans ces eaux. Je travaille dans des sites contaminés et avec des municipalités en vue de concevoir et de construire des réseaux de surveillance des eaux souterraines afin d'orienter les stratégies d'assainissement et de protection des sources d'eau dans le monde réel.
Les eaux souterraines, qui représentent 99 % de l'eau douce à la surface du globe sont le lien étroit qui unit les eaux souterraines à l'atmosphère, aux sols et aux eaux de surface. Les eaux souterraines peuvent amortir les extrêmes climatiques et constituent donc la source d'eau douce la plus fiable pour l'approvisionnement en eau potable, l'assainissement des eaux et l'irrigation en agriculture. La durabilité de l'eau douce est, en fin de compte, liée à la fois à la quantité et à la qualité des eaux souterraines.
On fait souvent référence au fait que seulement 30 % des Canadiens, y compris ceux qui vivent dans des régions rurales et éloignées, et les peuples autochtones, comptent directement sur les eaux souterraines pour s'approvisionner en eau. Toutefois, les deux tiers des eaux de surface proviennent des eaux souterraines. Ainsi, quand on tient compte de la contribution des nappes aquifères aux eaux de surface, on constate que les eaux souterraines sont responsables de 75 % des apports en eau potable au Canada. Donc, s'agissant d'eau douce, il est en fait question d'eaux souterraines.
Malgré l'importance cruciale des eaux souterraines pour l'environnement et la société, celles‑ci sont sous-évaluées, mal comprises, mal gérées et souvent ignorées dans les politiques. La nouvelle Agence canadienne de l'eau a pour mandat d' améliorer la gestion de l'eau douce au Canada ». Cependant, sa page d'accueil mentionne le mot « rivière » six fois et le mot « lac » neuf fois. Il n'est fait aucune mention des eaux souterraines.
En ma qualité d'hydrogéologue spécialisée dans la contamination, j'ai passé ma carrière à étudier l'incidence de l'activité humaine sur les eaux souterraines. Qu'il s'agisse de l'élimination des déchets ou bien de fuites accidentelles ou de déversements de contaminants, en fin de parcours, la pollution de l'environnement aboutit dans les eaux souterraines. Celles‑ci se déplaçant beaucoup plus lentement que les eaux de surface, il faut parfois des décennies pour mettre au jour leur contamination.
D'ailleurs, nous continuons de découvrir de nouveaux contaminants issus des activités humaines menées il y a des décennies. Parmi les contaminants récemment découverts, qui sont à l'origine des proliférations d'algues dans les lacs Érié et Simcoe, figurent les substances perfluoroalkylées et les microplastiques que l'on trouve presque partout.
Comme il faut beaucoup de temps pour décontaminer les eaux souterraines, les effets néfastes sur la qualité de l'eau sont souvent cumulatifs. Les moyens de subsistance futurs des Canadiens étant en jeu, il y a lieu de se demander quelles mesures sont nécessaires pour améliorer notre rapport avec les eaux souterraines et les ressources en eau douce dans leur ensemble.
Entre autres choses, nous devons agir maintenant pour accroître les systèmes de surveillance des eaux souterraines financés par l'État en vue d'acquérir une compréhension globale de nos bassins d'eaux souterraines, quelle que soit leur profondeur. Les systèmes de surveillance actuels au Canada ne sont pas en mesure de représenter le caractère dynamique et la complexité du système hydrologique, en particulier la composante des eaux souterraines. La pratique courante en matière de caractérisation et de surveillance des eaux souterraines est désuète par rapport à la technologie disponible. Des outils de surveillance et de modélisation avancés — dont bon nombre ont été conçus au Canada — sont disponibles sur le marché, mais ils demeurent sous-utilisés.
Au Canada, nous sommes en train de perdre notre expertise en eaux souterraines en raison des départs à la retraite et du manque de jeunes générations qui épousent la profession pour assumer ces rôles de leadership. Les programmes de géoscience et de génie des ressources en eau dans les universités canadiennes sont sous-peuplés. Nous devons investir davantage dans la formation de nouvelles compétences et dans la recherche au Canada. Ce manque d'expertise survient à un moment où les changements climatiques, la demande croissante pour la production alimentaire et énergétique et l'extraction des ressources naturelles créent une crise mondiale de l'eau. Les eaux souterraines sont au cœur même de cette crise.
Nos demandes en eau douce atteignent les limites de ce que la nature a à offrir. Il est nécessaire de s'engager à améliorer les régimes de surveillance de l'eau, en particulier l'eau souterraine, pour comprendre ces limites et ne pas les dépasser.
Merci.
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Bon après-midi, mesdames et messieurs.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
J'ai acquis toute mon expérience professionnelle en Colombie-Britannique, où je vis, et c'est donc dans cette perspective que je m'adresse à vous.
Ce n'est qu'en 2016 que la Colombie-Britannique a commencé à autoriser l'utilisation des eaux souterraines — soit des décennies après d'autres administrations canadiennes. L'investissement historique dans la science et la surveillance des eaux souterraines a donc été minime et insuffisant pour nous permettre d'acquérir la compréhension scientifique nécessaire pour appréhender toute l'étendue des décisions requises de nos jours. La Colombie-Britannique est en mode rattrapage.
À l'avenir, la province sera confrontée à d'énormes pressions en ce qui concerne l'exploitation des terres et des ressources naturelles, la croissance démographique et l'eau nécessaire pour soutenir le tout. D'un autre côté, la Colombie-Britannique doit se réconcilier avec les nations autochtones à propos des territoires non cédés. Elle souffrira également de sécheresses régulières sur l'ensemble de son territoire ainsi que d'apports d'eau de surface et souterraine limités. Nous devrons remédier au grave manque de confiance du public relativement à la façon dont l'eau est gérée. Tout ce qui précède aura une incidence négative sur le développement durable en Colombie-Britannique et au Canada.
L'octroi de permis relatifs à l'utilisation des eaux souterraines fournit un cadre juridique, ainsi qu'une occasion d'atteindre la durabilité environnementale, la prospérité économique, la sécurité alimentaire et la réconciliation avec les nations autochtones. Toutefois, un investissement important et soutenu, y compris de la part du gouvernement du Canada, sera nécessaire pour y parvenir.
Voici quelques recommandations à prendre en considération.
Accroître les investissements par le palier fédéral et la collaboration avec ce palier: pour appuyer la science de l'eau, la surveillance et la planification en Colombie-Britannique, par les gouvernements locaux et par les nations autochtones; pour appuyer le financement des infrastructures d'eau pour les petites exploitations agricoles et les PME afin de leur permettre de résister aux pénuries chroniques d'eau et de poursuivre leurs activités, par exemple en augmentant le stockage de l'eau pendant les périodes plus sèches de l'année; et pour appuyer les initiatives d'éducation en matière d'eau en collaboration avec d'autres ordres de gouvernement pour contribuer à renforcer la participation du public aux processus de planification et de prise de décisions.
Améliorer la relation de travail entre le Canada et la Colombie-Britannique pour ce qui est des eaux souterraines afin de reconnaître la nature unique de l'hydrogéologie, des apports d'eau limités, des lois et des conditions d'exploitation en Colombie-Britannique. Le Canada et la Colombie-Britannique doivent faire preuve d'un leadership fort et courageux dans cette entreprise.
En ce qui concerne le dernier point, la responsabilité fédérale en matière de science de l'eau et d'infrastructures de gestion des eaux est répartie entre différents organismes et semble ne pas être coordonnée avec les provinces. Il serait utile de songer à des façons de regrouper les données là où il est logique de le faire et d'améliorer les méthodes actuelles de recherche d'une contribution et d'une collaboration provinciales significatives.
Sur la base de mon expérience de la fonction publique britanno-colombienne, je suis convaincu d'une chose: quand les gouvernements considèrent que les eaux souterraines sont non seulement un problème en temps de crise, mais beaucoup plus encore une ressource précieuse — c'est‑à‑dire un aspect hautement prioritaire —, la confiance, la réconciliation et le développement durable suivent.
Si vous voulez en discuter davantage, n'hésitez pas à communiquer avec moi ou à me poser des questions.
[Français]
Merci beaucoup.
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Bonjour, distingués membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Comme je l'ai mentionné, je m'appelle Jillian Brown et je représente la Saskatchewan Irrigation Projects Association. Notre organisme apprécie sincèrement que le Comité reconnaisse la nécessité de tenir compte de l'irrigation en Saskatchewan dans cette discussion.
Je tiens à souligner que notre industrie est consciente de l'importance de la durabilité des eaux de surface, et je vais vous faire part de quelques caractéristiques de l'irrigation qui échappent parfois à l'analyse. Je vais parler des conditions de sécheresse en Saskatchewan au cours de la dernière année, des occasions importantes que le Canada a perdues en raison de retards répétitifs du projet d'expansion de l'irrigation du lac Diefenbaker et, surtout, du rôle des irrigateurs dans la recherche de solutions. Je soulignerai également le rôle essentiel que joue le partenariat fédéral avec la Saskatchewan dans ce contexte.
Les irrigateurs et les parties prenantes de la Saskatchewan se concentrent sur la recherche proactive et collaborative de solutions qui répondent aux besoins de gestion durable de l'eau et des aliments. La recherche sur la répartition des eaux, l'exploration et l'adoption de technologies à faible consommation d'eau — comme l'irrigation souterraine ou au goutte-à-goutte —, ainsi que les avancées en matière de buses et de pivots rotatifs à haut rendement, et la participation à des séances de consultation avec d'autres consommateurs d'eau sont autant d'exemples de mesures prises actuellement par les irrigateurs en Saskatchewan.
L'irrigation est certes synonyme de gains pour le milieu des affaires, de création d'emplois et de durabilité des collectivités, mais elle donne aussi lieu à des résultats environnementaux auxquels les non-producteurs ne pensent pas toujours. Comme l'ont souligné des universitaires dans des revues comme Global Change Biology et Canadian Journal of Soil Science et Agronomy for Sustainable Development, l'irrigation offre aux producteurs de meilleures options en matière de rotation des cultures ainsi que d'amélioration de la santé des sols et de l'efficacité de la consommation d'eau. De plus, il a été démontré que l'irrigation augmente la séquestration du carbone dans le sol de 11 à 35 % en moyenne dans les régions semi-arides du Canada. Aucune autre technologie agricole n'offre la même efficacité d'utilisation des terres que l'irrigation.
Malgré ces caractéristiques, la Saskatchewan n'a toujours pas une capacité suffisante sur le plan des infrastructures pour étendre l'irrigation, ce qui a entraîné des difficultés considérables pour les collectivités et des coûts pour le gouvernement.
En 2023, plus de 50 municipalités rurales de la Saskatchewan ont déclaré l'état d'urgence agricole en raison de la sécheresse, ajoutant quelque 2,5 milliards de dollars pour l'année aux paiements d'assurance-récolte. Comme vous pouvez l'imaginer, cela représente un très gros fardeau financier pour les contribuables canadiens.
Au moment même où survenaient cette sécheresse et cette perte de récoltes, le lac Diefenbaker — le plus grand réservoir de la Saskatchewan — perdait plus d'eau par évaporation que par irrigation. Aujourd'hui, ce lac est l'un des plus grands réservoirs sous-utilisés au monde, avec une capacité nominale non utilisée qui devait permettre d'irriguer plus de 400 000 acres supplémentaires de terres cultivées dans la province.
Pour mettre les choses en contexte, même une fois le projet parvenu à pleine maturité, si chaque acre des 400 000 acres potentielles était irrigable, il faudrait quatre pieds d'eau de plus dans ce réservoir qui a une profondeur moyenne de 22 mètres.
Pour réaliser le potentiel du lac Diefenbaker et permettre aux Canadiens de profiter des gains envisagés, il faut que les gouvernements fédéral et provinciaux fassent preuve d'une vision et d'un leadership coopératifs qui n'ont tout simplement pas été possibles depuis le remplissage du réservoir en 1967. Les progrès réalisés sur le lac Diefenbaker sont une véritable occasion de prendre des mesures durables sur le plan environnemental en vue de soutenir la sécurité alimentaire nationale.
En conclusion, le partenariat entre les gouvernements fédéral et provinciaux pour appuyer le développement de l'irrigation est essentiel à la productivité agricole et à la résilience environnementale et climatique, qui sont toutes deux absolument nécessaires pour le Canada. La Saskatchewan possède actuellement un vaste potentiel inexploité de solutions dans cet espace qui offre des possibilités monumentales.
Je vous remercie de votre temps et de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions ou de contribuer à la discussion.
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Je vais avoir une question pour Mme Parker, qui a parlé des PFAS dans son allocution d'ouverture.
Avant de ce faire, cependant, je veux revenir sur l'affirmation de mon collègue M. van Koeverden, qui nous a dit tout à l'heure que le gouvernement comptait bannir certains plastiques et les PFAS. C'est une bonne chose, mais le véritable problème est que les petites municipalités aux prises avec des problèmes liés aux PFAS sont laissées à elles-mêmes. On sait entre autres que les bases militaires font l'utilisation de mousses extinctrices à forte concentration de PFAS. Partout où il y a des bases militaires, on retrouve probablement ces mêmes problèmes. Or, le gouvernement peine à reconnaître ce problème.
Les sommes qui y sont associées sont considérables. Simplement pour la Ville de Saguenay, il y a eu une entente de 11 millions de dollars avec le gouvernement fédéral. Cet argent ne permet toutefois pas de régler le problème; il permet simplement de donner aux gens touchés un accès temporaire à l'eau potable.
Au-delà du fait de reconnaître la nécessité de bannir les plastiques et les PFAS, il faut que le gouvernement soit en mesure de reconnaître sa responsabilité lorsqu'il est lui-même impliqué dans des événements qui causent l'introduction de PFAS dans des sources d'eau potable.
Cela dit, je reviens à ma question pour Mme Parker.
Connaît-elle des technologies qui permettent de se débarrasser de ce type de contaminants que sont les PFAS?
Je remercie les témoins de leur présence.
J'aimerais aborder deux éléments, soit l'utilisation ou l'allocation de ressources rares, en l'occurrence l'eau, et en deuxième lieu, la façon de réduire la demande d'eau.
Bien que nous ayons beaucoup parlé de l'irrigation et de son augmentation, nous savons qu'elle comporte également des coûts environnementaux. Plus tôt, nous avons entendu un professeur qui s'est montré très passionné au sujet des répercussions sur le cycle hydrologique et du fait que les précipitations peuvent être touchées sur une assez grande superficie, qui peut aller au‑delà de la zone touchée par l'irrigation.
Bien que ce soit nécessaire et que les gains réalisés au chapitre de la consommation d'eau soient louables, en ce sens qu'il y a eu d'importantes réductions, nous n'avons pas vraiment envisagé de changer notre façon de manger. Je me demande si vous pourriez nous dire comment une augmentation des régimes alimentaires à base de plantes réduit la demande d'eau en agriculture.
Je suppose que l'un ou l'autre d'entre vous pourrait répondre à cette question. Je ne sais pas qui en sait le plus à ce sujet. Je viens d'examiner certaines recherches. Il faut en moyenne 1 800 gallons d'eau pour produire une seule livre de bœuf, alors que pour le tofu, c'est 300 gallons. Si nous voulons nourrir le monde, lutter contre la faim dans le monde et lutter contre la rareté des ressources en eau, je me demande s'il a été question de la possibilité d'adopter davantage des régimes alimentaires à base de plantes.
Quelqu'un a‑t‑il des commentaires à ce sujet?
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Je pourrais faire quelques commentaires à ce sujet, du point de vue des producteurs.
L'accent n'a pas nécessairement été mis sur les changements de régime alimentaire ou la modification de notre façon de manger.
Une autre dimension de cette conversation au sujet de notre système alimentaire est qu'en Saskatchewan en particulier, nous avons un système d'exportateurs et de transformateurs. En ce qui concerne l'utilisation de l'eau, je suppose que la première remarque est que les légumineuses sont des cultures importantes sur des terres irriguées. L'irrigation et la durabilité de l'eau sont nécessaires pour la plupart des variétés de légumineuses.
Deuxièmement, en Saskatchewan, depuis 10 ans, nous exportons 70 % de notre production. Évidemment, nous produisons plus que ce que nous pouvons manger, mais nous exportons cette production, qui est transformée et qui nous revient. Nous n'avons pas de contrôle sur les environnements réglementaires ou environnementaux des endroits où notre production est envoyée.
L'irrigation permet le développement de cultures de plus grande valeur et attire les transformateurs. Nous l'avons vu en Alberta avec la transformation de la pomme de terre. Cela nous permet de ramener cette production chez nous et d'avoir un impact réel sur les producteurs de notre industrie et sur l'utilisation qu'ils font de l'eau ou sur leurs positions réglementaires concernant divers...