:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Nous sommes heureux de comparaître devant votre comité pour parler de cinq rapports, qui ont été déposés à la Chambre des communes mardi.
Je tiens à reconnaître que cette audience se déroule sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Je suis accompagné de Kimberley Leach, James McKenzie, Susan Gomez et David Normand, qui sont responsables des audits.
[Français]
Trois de ces rapports abordent les réductions des émissions de gaz à effet de serre qui s'imposent d'urgence pour gérer la crise climatique mondiale.
Les émissions au Canada sont plus élevées aujourd'hui que lorsque le pays et le monde se sont engagés pour la première fois à lutter contre les changements climatiques, il y a de cela plus de 30 ans.
[Traduction]
Des objectifs et des plans ont été établis puis abandonnés, et le Canada tarde encore à parvenir à des résultats. Entretemps, la nécessité de renverser la tendance des émissions de gaz à effet de serre au Canada est devenue de plus en plus pressante. Ce n'est pas la première fois que je lance ce cri d'alarme, et je continuerai à le faire tant que le Canada n'aura pas renversé cette tendance.
Notre premier audit porte sur le Plan de réduction des émissions pour 2030 établi par Environnement et Changement climatique Canada au titre de la nouvelle Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité. Même si nous n'étions pas tenus de rendre compte de la mise en œuvre de ce plan avant la fin de 2024, étant donné le besoin pressant pour le Canada d'intensifier ses efforts dans la lutte contre les changements climatiques, nous avons décidé de présenter un rapport plus rapidement.
Nous avons constaté que le plan ne suffirait pas pour atteindre l'objectif du Canada de réduire les émissions de 40 % à 45 % par rapport au niveau de 2005 d'ici 2030.
[Français]
Selon ses projections les plus récentes, Envionnement et Changement climatique Canada a indiqué que les mesures détaillées dans le plan entraîneraient une réduction des émissions de seulement 34 % par rapport au niveau de 2005.
Les mesures qui s'imposent pour atteindre l'objectif de 2030 n'ont pas obtenu la priorité des ministères ou ont été retardées. Nous avons constaté un manque de fiabilité et de transparence en ce qui concerne la modélisation économique et celle des émissions, ce qui a porté le gouvernement à avancer des hypothèses trop optimistes sur les réductions attendues.
Je suis aussi préoccupé par le fait que la responsabilité de réduire les émissions était répartie entre des organisations fédérales multiples qui ne relèvent pas directement du ministre de l'Environnement et du Changement climatique. Le ministre n'a donc pas le pouvoir d'obliger les autres entités à atteindre l'objectif.
[Traduction]
Sur une note positive, les mesures prévues dans le plan, comme la tarification du carbone et les mesures réglementaires, pourraient entraîner des réductions considérables des émissions, si elles sont assez rigoureuses et appliquées à grande échelle. Le gouvernement fédéral pourrait encore réduire ses émissions et atteindre son objectif pour 2030 en faisant preuve de leadership et en prenant des mesures ciblées et dynamiques. La mise en œuvre de nos recommandations serait un pas dans la bonne direction.
Passons maintenant à notre rapport sur la mise en œuvre des stratégies de développement durable par des ministères et organismes fédéraux. Nous avons évalué les progrès de la Défense nationale, de Parcs Canada, de Pêches et Océans Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada quant à la cible de convertir 80 % du parc automobile du gouvernement fédéral en véhicules à émission zéro d'ici 2030. Collectivement, ces quatre organisations détiennent la plupart des véhicules appartenant au gouvernement fédéral.
Nous avons constaté que le pourcentage de véhicules à émission zéro dans les quatre organisations en 2022 était très faible, soit entre 1 % et 3 %.
[Français]
À ce rythme, seulement 13 % des véhicules fédéraux seront sans émission d'ici 2030, ce qui est très loin de la cible de 80 %. Aucune des organisations n'avait d'approche stratégique pour indiquer comment elle comptait atteindre la cible.
Avec 2030 comme objectif et étant donné que le gouvernement renouvelle habituellement ses véhicules aux sept ans, ces organisations doivent agir rapidement pour élaborer et mettre en œuvre des plans réalistes qui leur permettront d'acquérir des véhicules à zéro émission afin que la flotte du gouvernement puisse contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
[Traduction]
Toujours au sujet des véhicules à émission zéro, notre audit du Programme d'infrastructure pour les véhicules à émission zéro a montré que Ressources naturelles Canada avait contribué, dans l'ensemble, à l'expansion de l'infrastructure de recharge. Le programme est en voie de dépasser l'objectif d'installer 33 500 points de recharge d'ici 2026. En date de juillet 2023, 33 887 points de recharge étaient soit en chantier ou achevés.
Nous avons cependant aussi constaté que, lors du financement des bornes de recharge, le ministère n'avait pas accordé la priorité aux régions mal desservies, comme les collectivités rurales, éloignées, autochtones et à faible revenu. La grande majorité des points de recharge étaient situés en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique.
[Français]
Même si le gouvernement fédéral n'est pas le seul responsable du financement des bornes de recharge pour les véhicules à zéro émission, il peut en faire davantage pour aider à corriger les écarts d'infrastructure qui sont peu susceptibles d'être comblés par le secteur privé. Nous avons constaté que Ressources naturelles Canada n'avait pas recueilli de données pour l'aider à cerner ces lacunes et qu'il n'avait pas établi d'objectifs pour les régions où ces services étaient peu accessibles.
[Traduction]
Il reste un large écart entre le nombre actuel de bornes de recharge et le nombre requis d'ici 2035. Ressources naturelles Canada doit collaborer avec les autres ordres de gouvernement et avec le secteur privé afin de combler les manques qui touchent l'infrastructure de recharge pour faire en sorte que les Canadiennes et les Canadiens se sentent en confiance de passer aux véhicules à émission zéro.
[Français]
Passons maintenant à notre audit de la surveillance des prises de pêche maritime commerciale.
Nous avons constaté que Pêches et Océans Canada n'avait pas réussi à recueillir des données fiables et opportunes sur les prises de poissons. Le ministère n'avait pas une vue d'ensemble de la santé des stocks de poissons du Canada. Nous avons aussi signalé que le ministère devait améliorer sa surveillance des renseignements fournis par de tierces parties.
Nous avons constaté qu'un grand nombre des faiblesses que nous avions signalées il y a sept ans, lors de notre dernier audit de ce secteur, posaient toujours problème. Par exemple, le ministère a créé une politique de surveillance des pêches en réponse à une recommandation formulée dans notre rapport de 2017, mais nous avons constaté qu'il ne l'avait pas mise en œuvre et que cette politique n'était pas soutenue par des ressources ou un plan d'action.
[Traduction]
Il y a sept ans, nous avions également signalé que les systèmes de gestion de l'information du ministère devaient être modernisés pour appuyer la collecte de données fiables et opportunes. Nous avons constaté que les progrès réalisés dans ce secteur étaient très lents.
Pêches et Océans Canada a dépensé environ 31 millions de dollars pour mettre en œuvre un système qui fournit des données facilement accessibles et qui intègre les renseignements de toutes les régions. Cependant, nous avons constaté que le déploiement de ce nouveau système était incomplet et que le lancement de l'ensemble du système avait été reporté de 10 ans.
Sans données fiables et à jour sur les prises de poissons, Pêches et Océans Canada ne sait pas si les stocks de poissons commerciaux sont surexploités. L'effondrement de la population de morue franche dans les années 1990, avec des conséquences économiques et sociales profondes, a démontré qu'il est beaucoup plus difficile et coûteux de rétablir des stocks épuisés que d'éviter le problème en veillant plutôt à maintenir des niveaux sains.
[Français]
Mardi dernier, nous avons également publié notre rapport annuel sur les pétitions en matière d'environnement. Les pétitions permettent à la population canadienne de soulever ses préoccupations en matière d'environnement et de développement durable et d'obtenir des réponses des ministres responsables.
En conclusion, je souhaite rappeler qu'il sera bientôt trop tard pour éviter les effets catastrophiques des changements climatiques. Les feux de forêt intenses, la fumée dans le ciel, les vagues de chaleur, les orages violents et les inondations sont de plus en plus graves et fréquents, et ce sont les Canadiennes et les Canadiens partout au pays qui en subissent les conséquences.
[Traduction]
Le Canada est le seul pays du G7 qui n'a réalisé aucune réduction des émissions depuis 1990. La prise de mesures concrètes pour réduire les émissions est l'action la plus importante que le Canada puisse prendre pour remédier à l'urgence climatique mondiale.
Des solutions existent, comme le renouvellement de la flotte automobile du gouvernement avec des véhicules à émission zéro ou la mise en œuvre de mesures financières et réglementaires efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le problème n'est pas que les solutions manquent, mais plutôt qu'elles sont mises en œuvre bien trop lentement. Il faut que cela change maintenant.
Monsieur le président, voilà qui clôt ma déclaration liminaire. Nous serions heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tout le monde d'être présent.
Merci, monsieur DeMarco. J'ai beaucoup aimé vous entendre dire que vous allez continuer à sonner l'alarme tant que le Canada n'aura pas renversé cette tendance. Pour moi, cela révèle un grand professionnalisme que je veux souligner.
Mes questions s'adresseront toutefois au sous-ministre adjoint M. Ngan.
Le rapport 6 du commissaire à l'environnement et au développement durable révèle ce que nous savions déjà, finalement: le gouvernement libéral échoue à respecter ses engagements en matière de lutte contre les changements climatiques, et le Canada va une fois de plus rater sa cible de réduction des émissions.
Pour savoir s'il va réussir à atteindre son objectif de réduction des émissions, le gouvernement doit chiffrer ses projections d'émissions pour un certain nombre d'années, et le rapport du commissaire à l'environnement nous apprend que les calculs du gouvernement ne sont pas bons. Je le cite: « La modélisation est un outil important pour évaluer l’efficacité potentielle des mesures d’atténuation contenues dans un plan et pour aider à déterminer si des ajustements sont nécessaires. » Ensuite, on dit essentiellement que la modélisation doit être de grande qualité et fiable, parce que le Canada ne réalise aucune réduction soutenue depuis au moins 2005. Beaucoup de gouvernements se sont succédé depuis.
Il me semble que, si les calculs ne sont pas bons, ce n'est pas surprenant que le Canada n'atteigne pas ses objectifs. Cela fait 10 plans de suite qui échouent.
Alors, pourquoi les calculs ne sont-ils pas bons? Le commissaire nous apprend que c'est parce que les hypothèses du gouvernement sont trop optimistes. En d'autres mots, le gouvernement est jovialiste. D'après moi, il pense que tout va bien juste parce que c'est lui qui est au pouvoir. J'ai même le goût d'ajouter qu'il pense que la magie libérale est à l'œuvre.
Je cite encore une fois le rapport du commissaire: « Les modèles supposaient qu’il n’y aurait pas de retard dans la conception et la mise en œuvre des mesures d’atténuation. » Le gouvernement n'avait pas prévu ses propres retards. Alors, cela a été surestimé. Pourtant, le règlement sur le plafonnement des émissions, une promesse libérale, est en retard de deux ans. Le règlement sur l'électricité propre, une promesse libérale, est aussi en retard. Selon le commissaire, ce sont ces retards qui expliquent que le Canada n'atteindra pas sa cible de réduction des émissions. C'est comme si le gouvernement n'avait pas évalué sa propre capacité à échouer.
Alors, monsieur Ngan, comment expliquez-vous que le gouvernement réussisse à faire des promesses et à produire des hypothèses trop optimistes, mais qu'il ne réussisse pas à mettre en œuvre des mesures réelles qui permettraient de lutter contre les changements climatiques?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à remercier M. DeMarco de son travail et de sa détermination à faire en sorte que, grâce à ce processus de reddition de comptes, le gouvernement se remette sur les rails. C'est une volonté que partagent bon nombre d'entre nous autour de cette table. Ce n'est pas une occasion de dénigrer le gouvernement. Nous avons grandement besoin qu'il honore les engagements qu'il a pris sur l'enjeu le plus important de notre époque.
Je tiens à vous remercier, monsieur DeMarco, de votre contribution.
Je m'inquiète un peu de ce qui semble être un désaccord entre M. Hermanutz et vous-même au sujet du caractère optimiste des projections. Notre dispositif de responsabilisation fait intervenir le travail du commissaire à l'environnement. Selon lui, les projections sont trop optimistes et nous n'atteindrons pas l'objectif. J'espère qu'Environnement et Changement climatique Canada prendra cette information très au sérieux et qu'il respectera les recommandations et l'orientation ferme préconisées par le commissaire.
J'essaie de voir par où commencer. Les questions sont tellement nombreuses.
L'une d'entre elles, c'est que, lorsque nous avons étudié la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, nous nous sommes battus très fort au sujet de l'objectif de réduction des émissions de 2026. Nous estimions que 2030, c'était trop loin et que le gouvernement allait traîner les pieds et, à la dernière minute, baisser les bras en avouant son impuissance. Ou peut-être qu'à ce moment‑là, nous aurions un autre gouvernement qui ne se soucie aucunement de la question de toute façon.
Il était important d'avoir une cible ou un objectif à court terme.
Monsieur DeMarco, tenez-vous compte de cet objectif? Pourriez-vous nous dire si nous sommes sur la bonne voie pour l'atteindre en quelques années seulement?
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Merci, monsieur le président, et merci à M. DeMarco et aux fonctionnaires d'être là.
Je ne veux pas passer beaucoup de temps là‑dessus, parce que j'en ai peu, mais à propos des véhicules zéro émission, le Comité a réalisé une étude qui a montré que les programmes provinciaux et fédéraux combinés donnent des résultats. Elle conclut que nous en sommes maintenant à 7 % à l'échelle nationale, mais à 21 % en Colombie-Britannique et à 18 % au Québec, où il y a aussi des programmes provinciaux pour inciter les consommateurs à opter pour des véhicules zéro émission.
Les progrès s'accélèrent, mais la question sous-entend évidemment que la chaîne d'approvisionnement ne suit peut-être pas la demande sur le marché, même si nous constatons des améliorations.
Je voudrais revenir à la loi sur la responsabilité. Nous n'avions pas de Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, et certains membres du Comité — M. Bachrach et Mme Pauzé — ont beaucoup fait pour que nous en arrivions à des résultats. Bien sûr, les libéraux... J'étais également présent. Je suis très heureux que nous ayons le rapport d'audit sous les yeux. Je croyais que nous devrions l'attendre encore quelques années.
Monsieur DeMarco, pourriez-vous nous parler de la démarche? Nous essayons d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050 et nous avons des objectifs pour 2030. Si nous avons fait cet audit, c'est pour nous aider à atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
En quoi cette loi nous aide‑t‑elle à cet égard?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tantôt, j'ai parlé du jovialisme du gouvernement libéral. Ensuite, j'ai parlé du fait qu'il misait sur des mesures qui n'existaient pas encore. Maintenant, j'ai le goût de vous parler du fait qu'il mise sur des technologies qui n'existent pas.
Dans le rapport 6, on peut lire ceci: « Selon les modèles, certaines des technologies nécessaires pour réduire les émissions seraient disponibles sous peu. Par exemple, les résultats de la modélisation semblaient indiquer que des installations de captage et de stockage du carbone seraient construites, grâce auxquelles 27 [mégatonnes d'équivalent] C02 d'émissions seraient évitées par année d'ici 2030. » J'aimerais qu'on retienne cette information.
Les experts ont dit au gouvernement que les technologies de captage et de stockage du carbone n'étaient pas au point et qu'en conséquence, il ne fallait pas s'y fier. Elles sont dispendieuses et inefficaces. Elles seront peut-être plus efficaces dans 10 ou 15 ans, mais ce n'est pas le cas à l'heure actuelle. Ces experts sont venus en parler à notre comité parlementaire. Les constatations des experts ont été reprises dans des journaux. Des dizaines de scientifiques ont écrit au ministre concerné et au bureau du . Le Bloc québécois le répète au gouvernement depuis deux ans. Le gouvernement a quand même décidé de donner des milliards de dollars aux pétrolières pour qu'elles mettent au point ces technologies, au lieu d'investir dans des énergies renouvelables. Un total de 83 milliards de dollars sera donné aux pétrolières d'ici 2035, mais l'objectif climatique est 2030. Nous voyons que ça ne va pas du tout.
Monsieur Ngan ou madame O'Brien, pourriez-vous nous dire comment le gouvernement a pu comptabiliser de telles réductions dans le Plan de réduction des émissions pour 2030, malgré tous les avertissements des scientifiques? Non seulement les technologies en sont au stade de balbutiement, mais elles sont actuellement inefficaces et dispendieuses. Même si elles existaient, les installations ne pourraient jamais être mises en service de façon à atteindre les projections de 2030.
Comment le gouvernement a-t-il pu faire cela?
:
Merci, monsieur le président.
Je ne voulais pas entrer dans ce débat, mais je vais le faire. Les Canadiens auront à faire un choix assez clair, le moment venu: soit nous continuons de lutter contre les changements climatiques, soit nous retournons à l'âge de pierre, nous nous retirons de l'Accord de Paris et nous nous retrouvons isolés sur le plan économique.
Je veux parler des retombées économiques et de la réduction des gaz à effet de serre qui découlent de la tarification du carbone.
L'Organisation de coopération et de développement économiques, soit l'OCDE, parle beaucoup de ces retombées. Les grandes économies du monde, comme la Californie, le Canada, le Royaume‑Uni et des pays de l'Union européenne, ont choisi les bourses du carbone ou la tarification du carbone comme levier économique. Elles ont choisi d'aller de l'avant.
Vous disiez tout à l'heure qu'un tiers de la réduction des émissions de gaz à effet de serre au Canada était attribuable à la tarification du carbone. Un rapport de l'OCDE sur les tarifs effectifs du carbone mentionne que la tarification du carbone a mené à une réduction de 73 % des émissions du secteur de l'électricité au Royaume‑Uni. Voilà une donnée qui risque d'intéresser mes collègues. Des données, il y en a. De ce côté-là de la Chambre, on n'est pas très érudit en la matière, parce qu'on veut tout simplement abolir l'outil le plus important permettant de faire la transition vers une économie plus verte.
Monsieur DeMarco, au bénéfice des Canadiens qui ne connaissent peut-être pas très bien les mécanismes de la tarification du carbone, est-ce que vous pouvez dire de façon claire et simple comment on utilise ces leviers économiques?
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux témoins d'être venus et au commissaire d'avoir préparé ce rapport plus tôt que nécessaire. Nous prenons tous cela très au sérieux.
Je suis réconfortée de voir tout ce que nous faisons. Je sais que nous n'atteignons pas nos objectifs, mais nous avons fait beaucoup de progrès.
J'ai aimé la discussion sur le mécanisme de tarification de la pollution. Je voudrais savoir s'il y a une sorte de guide sur cette tarification que vous pourriez également présenter au Comité, parce qu'il semble y avoir une grande compréhension du fonctionnement de ce mécanisme et des répercussions qu'il peut avoir. Cela ne fonctionne pas en vase clos, mais en interaction avec de nombreux autres facteurs.
En parlant des facteurs, nous discutions de la délimitation des compétences. Si on compare le Canada aux autres pays du G7 et constate le pourcentage de notre économie qui dépend du pétrole et du gaz, on s'aperçoit que la seule raison, je crois, pour laquelle le Canada ne s'en tire pas aussi bien que d'autres, c'est parce que le secteur pétrolier et gazier représente une grande partie de notre économie et que ce secteur n'a pas réduit ses émissions.
À propos des technologies comme le captage, l'utilisation et le stockage du carbone, le CUSC, et d'autres programmes, nous entendons souvent les représentants du secteur pétrolier et gazier dire qu'ils travaillent à des plans de décarbonisation, qu'ils vont réduire leurs émissions et qu'il n'est pas nécessaire de réduire la production.
Pouvez-vous nous en parler, et nous parler aussi de la Pathways Alliance en particulier? J'ai entendu bien des choses à son sujet. Elle a des publicités partout à Ottawa.
Avez-vous vu des plans particuliers de la Pathways Alliance sur ce qu'elle fait ou a fait pour réduire les émissions dans l'industrie pétrolière et gazière?
:
Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord. Je pense qu'il est important que les provinces et le gouvernement fédéral travaillent ensemble. C'est pourquoi il me semble très intéressant que toutes les provinces aient exprimé leurs préoccupations au sujet de la décision du gouvernement fédéral de modifier le régime de taxation du carbone.
J'aimerais passer aux questions. Si je comprends bien, vous ne représentez pas la direction de la taxe sur le carbone. Je suis toujours aussi perplexe et je crois que la plupart des gens de ce côté‑ci de la table aimeraient comprendre pourquoi diable cette modélisation de l'économie et de la réduction des émissions se dissimule sous le secret des documents du Cabinet. Ce privilège a généralement servi à camoufler les scandales de SNC-Lavalin ou d'ArriveCAN — des scandales.
J'aimerais donc savoir pourquoi le ministère est si réticent à fournir une information qui ne semble intéresser aucun de nos concurrents. On ne voit pas bien pourquoi le commissaire ne pourrait pas avoir accès à l'ensemble des données pour mieux comprendre comment nous allons arriver à une réduction de 40 % d'ici 2030 et nous faire une idée complète de la modélisation économique.
Ma question au représentant du ministère est la suivante: pourriez-vous demander à vos collègues pourquoi il en est ainsi et envoyer une lettre ou ce qui, je suppose, sera une quantité assez importante d'information à notre comité pour que nous puissions l'examiner?
Je pense, comme le commissaire l'a souligné dans sa recommandation, que la transparence et la fiabilité de ces données sont très importantes. Le fait que lui-même et son bureau ne soient pas en mesure de l'obtenir est, à mon avis, une source de préoccupation pour tous les membres du Comité, et tous les Canadiens devraient savoir pourquoi il en est ainsi.
:
Merci, monsieur le président.
Tout à l'heure, mon collègue M. Deltell a dit qu'il avait acheté un véhicule non polluant d'occasion au Québec. Je m'en voudrais de ne pas souligner que sa province, le Québec, et ma province, la Colombie-Britannique, sont les deux seules qui offrent des incitatifs pour les véhicules non polluants usagés. Nous avons, dans deux lettres de mandat, demandé au gouvernement fédéral d'instaurer une mesure incitative pour les véhicules d'occasion, mais rien n'a été fait. Il me semble que ce serait une chose à faire. .
Concernant le parc automobile du gouvernement, à chaque fois que je me trouve dans la capitale, je marche de mon bureau, situé dans l'édifice de la Confédération, jusqu'à l'édifice de l'Ouest en passant par la petite colline. Et il m'est arrivé, bien souvent, de passer devant une longue file de VUS noirs mis à la disposition des ministres pour aller dans divers endroits de la ville. Je me trompe peut-être, mais, durant mes quatre années ici, je n'ai vu qu'un seul véhicule non polluant transportant un ministre de ce gouvernement. Il s'agit de la Chevrolet Bolt noire qui transporte le .
Ce serait, me semble‑t‑il, pour un gouvernement qui semble parfois préférer l'apparence à la substance, non seulement une mesure facile, mais la mesure la plus facile. C'est à portée de la main, sans le moindre effort à faire.
Des voix: Oh, oh!
M. Taylor Bachrach: Nous parlons d'une perspective pangouvernementale... Je ne sais même pas à qui je vais poser cette question, monsieur le président, parce que c'est, en fait, plutôt un commentaire.
M. DeMarco fait, entre autres, remarquer dans son rapport qu'il manque une perspective pangouvernementale. Il me semble que ce symbole — le fait qu'il n'y ait qu'un seul véhicule non polluant parmi ceux qui transportent les ministres à Ottawa — est un exemple vraiment flagrant de l'absence de perspective pangouvernementale.
Ma question, qui mettra fin à notre réunion d'aujourd'hui, s'adresse à M. DeMarco: êtes-vous d'accord?