Bonjour. La Fondation David Suzuki vous est reconnaissante de l'invitation à comparaître aujourd'hui. Je suis désolée de ne pas pouvoir participer en personne.
Je m'appelle Lisa Gue. Je suis la responsable de la politique nationale à la Fondation David Suzuki. Je suis accompagnée de ma collègue Rachel Plotkin — qui est dans la salle —, qui est la gestionnaire de projet boréal.
Je vais rapidement aborder trois éléments. Je donnerai ensuite la parole à Mme Plotkin, qui terminera notre déclaration préliminaire.
Tout d'abord, je vous remercie d'avoir entrepris cette étude préliminaire. Lorsque le projet de loi a été présenté en juin, nous avons demandé au Parlement de lui accorder la priorité dans son programme législatif de l'automne. Nous pensions qu'il aurait déjà été renvoyé au Comité et qu'un rapport contenant des amendements pour le renforcer aurait été présenté. Au lieu de cela, l'automne est arrivé et le projet de loi n'a même pas encore fait l'objet d'un débat. Nous sommes très préoccupées par le fait que cet important projet de loi soit au point mort. Nous vous encourageons à poursuivre cette étude préliminaire après la pause afin que vous puissiez passer rapidement aux amendements lorsque, je l'espère, le projet de loi vous sera enfin renvoyé. Nous vous implorons également de travailler avec vos collègues parlementaires pour trouver une façon de débattre du projet de loi C‑73 en deuxième lecture et le mettre aux voix dès que possible au cours de la nouvelle année.
Mon deuxième point est que les engagements du Canada dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique bénéficient depuis longtemps d'un large soutien de la part de l'ensemble des partis. Le premier ministre Brian Mulroney a signé la Convention pour le Canada en 1992. Plus tard, c'est sous le gouvernement Harper que les cibles mondiales pour 2020 ont été adoptées. Bien que le gouvernement actuel mérite des félicitations pour le rôle de rassembleur joué par le Canada lors de la COP15 à Montréal, où les nouvelles cibles pour 2030 ont été négociées, il n'était pas seul. Je sais que certains d'entre vous y étaient également. Il serait bon et éloquent que tous les partis appuient le projet de loi et les amendements visant à le renforcer. Ce serait là une approche « Équipe Canada » pour s'attaquer à la crise de la biodiversité.
Mon troisième point est que des cibles audacieuses et une loi sur la responsabilité ne sont pas une panacée. Ce projet de loi ne peut pas remplacer les nombreuses autres mesures qui doivent être prises pour freiner et inverser le déclin de la nature. Toutefois, il est essentiel de se doter d'un cadre législatif pour la planification, la présentation de rapports sur la mise en œuvre et les résultats et l'amélioration continue pour poursuivre les progrès. Ce cadre améliorera également la prévisibilité et la transparence.
Je vais céder le reste de notre temps à Mme Potklin qui vous expliquera pourquoi les cibles de 2030 pour protéger la nature sont importantes.
Comme l'a dit Mme Gue, je m'appelle Rachel Plotkin. Je suis la gestionnaire de projet boréal à la Fondation David Suzuki, où je travaille à la protection des espèces en péril ainsi qu'à la conservation et à la restauration d'écosystèmes forestiers sains.
Je vais suivre l'exemple de Mme Gue et aborder, moi aussi, trois éléments. Ils s'inscrivent dans le contexte de la biodiversité forestière.
Mon premier point est que les outils politiques et réglementaires actuels qui sont censés protéger la biodiversité ne fonctionnent pas, car l'approche du Canada en matière de protection de la nature se fonde souvent sur des mesures d'atténuation. Cette approche est logique pour lutter contre les changements climatiques. Cependant, elle a entraîné une perte de biodiversité. Dans le cadre de cette approche, les aires protégées sont à l'abri — enfin, jusqu'à un certain point — des répercussions de l'extraction et de l'exploitation des ressources. Par contre, à l'extérieur des aires protégées, donc sur plus de 70 % des terres et des eaux du Canada, des dommages ne cessent d'être causés à la nature, même s'ils sont atténués ou rendus moins néfastes. Cela entraîne la destruction et la fragmentation continue de l'habitat; c'est ce que nous appelons une mort à petit feu.
Prenons l'exemple du caribou des forêts boréales pour illustrer les répercussions de cette approche. Cette espèce est menacée d'extinction dans presque toutes les provinces et tous les territoires du Canada, principalement en raison de la fragmentation de l'habitat attribuable à l'exploitation forestière et aux activités d'extraction de pétrole et de gaz.
Mon deuxième point est que le changement ne peut se produire qu'avec une feuille de route ambitieuse qui décrit la façon d'opérer ce changement. Si nous voulons préserver et restaurer la nature, nous devons mettre au point des outils plus efficaces qui posent des limites sur l'empreinte des activités d'extraction et d'exploitation des ressources et délimitent de façon claire les zones d'importance écologique. La nouvelle stratégie du Canada pour la nature, qui décrit les étapes à suivre pour déterminer les aires dégradées, soutenir le leadership autochtone et évaluer les aires de restauration prioritaires, est un début, mais elle doit être assortie d'une mesure législative.
Mon troisième point est qu'une loi efficace sur la responsabilité à l'égard de la nature apportera plus de certitude et de transparence, ce qui peut récompenser les pratiques forestières progressistes sur le marché mondial. Des objectifs clairs et des mécanismes de reddition de comptes peuvent contribuer à obtenir la confiance des investisseurs et des consommateurs, ce qui est d'une importance capitale dans des industries comme l'industrie forestière.
La décision relative au Bilan mondial que 193 pays ont signé l'année dernière lors de la COP28 à Dubai, prévoit l'échéance de 2030 pour freiner et inverser la déforestation et la dégradation des terres. De plus, l'Union européenne a adopté un règlement sur la déforestation qui interdit le commerce lié à la déforestation et à la dégradation des forêts. Cela signifie que la prévention de la dégradation des forêts est essentielle au succès de l'industrie forestière canadienne sur le marché mondial.
Au Canada, nous sommes encore, la plupart du temps, figés dans cette approche qui se concentre sur l'atténuation. Nous ne faisons que limiter les dommages site par site, alors que, de façon générale, les forêts continuent à se dégrader. La conservation et la restauration de la biodiversité sont la responsabilité collective de cette génération. Si nous voulons connaître de bons résultats, nous avons besoin d'une feuille de route assortie de cibles, de calendriers, de politiques et de dirigeants bien définis, car malgré les bonnes intentions, jusqu'à présent, nous avons avancé à tâtons, ce qui a été manifestement insuffisant pour freiner et inverser le déclin de la nature.
Merci.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner.
Je vais d'abord vous fournir un peu de contexte. La Manitoba Wildlife Federation est le plus ancien et le plus important organisme de conservation du Manitoba. Il existe depuis plus de 80 ans. Nous représentons les défenseurs de l'environnement, les chasseurs, les pêcheurs à la ligne et les amateurs de plein air. Nos membres viennent de tous les horizons et de toutes les origines ethniques.
Ils ont à cœur la protection de notre environnement et croient fermement que toutes les ressources de notre pays sont des ressources communes. Qu'il s'agisse de l'eau, des arbres, de la faune, des minéraux ou des poissons, ces ressources appartiennent à tous les Canadiens, peu importe leur situation économique et leur origine ethnique. Nous sommes également convaincus que ces précieuses ressources doivent être gérées et exploitées de manière durable.
Voilà pour le contexte.
Je vais maintenant passer à mes commentaires qui portent sur le projet de loi . Nous estimons que le gouvernement fédéral met en œuvre des cibles environnementales déterminées par l'ONU et envers lesquelles il s'est engagé sans consulter les provinces, les propriétaires fonciers et les utilisateurs des ressources qui gèrent et jouissent de ces espaces publics. Nous croyons que ce projet de loi fournit au un chèque en blanc pour mettre en œuvre des changements sans surveillance parlementaire supplémentaire. Nous sommes d'avis que ce projet de loi utilise des mots symboliques qui paraissent bien sur papier, mais qui ne contiennent que peu de détails et qui sont dépourvus d'objectifs mesurables.
Nous estimons que ce projet de loi permet au gouvernement fédéral d'empiéter sur les compétences des provinces. Ce projet de loi mentionne la collaboration à de nombreuses reprises, mais, en réalité, il fournit au une grande latitude pour consulter, ou non, les provinces, les administrations municipales, les propriétaires fonciers privés et les utilisateurs des ressources, y compris les chasseurs et les pêcheurs à la ligne.
Ce projet de loi ressemble beaucoup à d'autres initiatives du gouvernement fédéral qui se fondent sur ce que font les Nations unies, comme les aires protégées autochtones et les corridors écologiques. Il réserve un grand nombre de terres publiques, de terres de la Couronne — qui sont des ressources que nous partageons, au Canada — et confère l'autorité, délègue le contrôle et la gestion de l'accès pour ces terres à des autorités de gestion non élues.
Je peux vous donner un exemple de ce que je viens de décrire. Au Manitoba, le gouvernement fédéral est en train d'imposer la création d'aires protégées autochtones et de corridors écologiques sans consulter les propriétaires fonciers, le gouvernement provincial, les administrations municipales ou les organismes communautaires comme le nôtre.
Le gouvernement fédéral a permis à Parcs Canada de mettre sur pied l'aire protégée autochtone de la rivière Seal dans le Nord du Manitoba. Cette vaste étendue de terres publiques couvre une superficie équivalente à celle de la Nouvelle-Écosse. Il s'agit de la première des neuf aires protégées autochtones qui ont été proposées pour le Manitoba. On y a accordé un financement fédéral initial de 600 millions de dollars.
On impose la mise en place de cette aire protégée autochtone et de corridors écologiques conçus pour relier les aires protégées autochtones sans mener de consultations en bonne et due forme. De plus, cette aire protégée autochtone ne bénéficie pas d'un vaste appui, comme on l'a déjà dit. Si les parties prenantes concernées ne sont pas consultées, il suffit d'un peu de bon sens pour comprendre que ces initiatives sont vouées à ne pas atteindre leurs objectifs.
Comment pouvons-nous, en tant que société, envisager de restreindre l'accès aux ressources de la Couronne et de mettre en œuvre des pratiques de gestion sur des terres privées sans inclure les agriculteurs, les chasseurs et les pêcheurs à la ligne qui vivent dans ces régions et qui sont les véritables champions de la protection de nos précieuses ressources naturelles?
Nous exhortons ce comité et le gouvernement fédéral à revoir cette approche qu'il nous impose et qui est dictée par les Nations unies, à cesser de déléguer le contrôle de ces terres à des conseils de gestion non élus et à élaborer une approche canadienne qui tient compte de l'avis de toutes les provinces et de tous les Canadiens, qui chérissent nos espaces extérieurs.
Je vous remercie.
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Bonjour. Je remercie le président et les membres du Comité de m'avoir invitée à prendre la parole sur cet important projet de loi.
Je suis avocate-conseil à l'interne à la West Coast Environmental Law, où mon expertise se concentre sur le droit constitutionnel, la biodiversité, le climat et le droit relatif aux évaluations d'impact. Je travaille sur le projet de loi en étroite collaboration avec mes collègues Josh Ginsberg et Stephen Hazell d'Ecojustice et de Greenpeace, qui comparaissent également devant vous aujourd'hui.
Nous avons soumis un mémoire conjoint dans lequel nous proposons des amendements. Nous avons également divisé nos notes d'allocution afin d'être le plus efficaces possible ce soir.
Je vais me concentrer sur les raisons pour lesquelles la nature et nous-mêmes avons besoin d'une loi rigoureuse sur la responsabilité à l'égard de la nature.
J'ai participé activement à l'élaboration et à la mise en œuvre de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité. J'aime employer son acronyme: LCRMC. J'ai été témoin de la façon dont une loi sur la responsabilité peut pousser un gouvernement à faire preuve de transparence en établissant des cibles pour protéger la nature et l'environnement et le motiver à les atteindre.
Mes commentaires se fondent principalement sur les leçons que nous avons tirées de la LCRMC et que nous pouvons mettre à profit dans le cadre du projet de loi .
En deux mots, le Canada a toujours prononcé de grands discours sur la nature, sans toutefois parvenir à joindre le geste à la parole. Il en est de même pour le climat.
Depuis 1993, nous sommes partie à la Convention sur la diversité biologique, ou CDB, et, comme l'exige la convention, nous avons publié, en 1995, une stratégie nationale en matière de biodiversité qui établit un cadre pour la protection de la nature.
En 2010, nous avons approuvé les cibles d'Aichi. Il s'agit d'un ensemble de cinq objectifs stratégiques et de 20 cibles conçus pour relever les défis relatifs à la mise en œuvre de la CDB.
Nous disposons également d'une stratégie fédérale de développement durable qui comprend des objectifs relatifs à la protection et au rétablissement des espèces et à la conservation de la biodiversité, ainsi qu'une foule de lois axées sur la protection de la nature, comme la Loi sur les espèces en péril, la Loi sur les pêches et la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs.
Pourtant, comme l'ont souligné nos collègues de la Fondation David Suzuki, notre biodiversité est en chute libre. Le déclin des espèces se poursuit à un rythme alarmant, l'habitat continue de se dégrader et de se fragmenter et les espèces envahissantes et la pollution ne cessent de s'accumuler. Qui plus est, les changements climatiques exacerbent ces dommages.
Je dirais que si la biodiversité du Canada s'est détériorée à ce rythme — malgré toutes nos lois et tous nos instruments internationaux et nationaux —, c'est parce que le Canada a manqué à sa responsabilité de définir et d'atteindre des objectifs pour protéger la nature.
Même si la CDB oblige le Canada à soumettre des plans nationaux en matière de biodiversité et des rapports d'étape, rien ne l'empêche de présenter des brochures sur papier glacé plutôt que des documents détaillés et sérieux.
La Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité a démontré qu'une loi sur la responsabilité peut contribuer à fixer des cibles nationales ambitieuses, à rendre crédibles les plans suivis pour atteindre ces cibles et à garantir que des rapports honnêtes sur les progrès accomplis soient présentés.
Avant l'adoption de la LCRMC, la cible climatique du Canada était de réduire les émissions de 30 % d'ici 2030, ce qui était bien en deçà de ce que les experts considéraient comme l'obligation du Canada en vertu de l'Accord de Paris. De plus, son plan climatique ne contenait aucun des détails qui auraient été nécessaires pour savoir si nous allions être en mesure d'atteindre cette faible cible.
Après l'entrée en vigueur de la LCRMC, le gouvernement a établi une cible plus ambitieuse afin de réduire les émissions de 40 à 45 % et a adopté un nouveau plan plus étoffé sur la façon d'atteindre ces cibles. En décembre dernier, le premier rapport d'étape a montré que depuis l'entrée en vigueur de la loi, nous avons revu nos ambitions à la hausse et sommes davantage sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs climatiques.
Le projet de loi pourrait faire de même pour la nature, mais malheureusement pas dans sa version actuelle. Il contient si peu de détails qu'il ressemble davantage à l'une de ces brochures sur papier glacé dont nous ne voulons pas qu'à une véritable loi sur la responsabilité.
Pour être à la hauteur des promesses qu'il contient, le projet de loi doit faire six choses.
Tout d'abord, il doit exiger que le ministre établisse des cibles nationales pour protéger la nature afin que nous sachions dans quelle direction nous voulons aller.
Deuxièmement, il doit être plus prescriptif quant au contenu des plans et des rapports afin que nous disposions d'une feuille de route pour atteindre ces cibles et que nous sachions si nous sommes sur la bonne voie.
Troisièmement, il doit veiller à ce que le comité consultatif sur la nature dispose du mandat, de l'expertise et des ressources nécessaires pour fournir des conseils indépendants.
Quatrièmement, il doit inclure une disposition sur la protection de la biodiversité afin que les décisions du gouvernement fédéral ne compromettent pas notre capacité à atteindre nos cibles pour protéger la nature.
Cinquièmement, il doit exiger que le commissaire à l'environnement et au développement durable effectue des examens périodiques.
Enfin, et sixièmement, il doit garantir le respect des droits, des connaissances et du droit des peuples autochtones dans toutes les mesures et décisions prises dans le cadre de son application.
Je vais m'arrêter ici. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et, comme je l'ai mentionné, mes collègues Josh Ginsberg et Stephen Hazell vous donneront plus de détails sur ces recommandations.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie d'avoir entrepris l'étude préliminaire de cet important projet de loi, et je vous remercie également de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui pour discuter de nos propositions visant à améliorer le projet de loi . Je suis avocat à Ecojustice et je dirige également le programme de droit clinique en droit de l'environnement à l'Université d'Ottawa. Je suis spécialisé en droit constitutionnel, administratif et environnemental.
Le projet de loi représente un progrès bienvenu pour la nature. Le Canada abrite une grande partie du monde naturel, que nous avons la responsabilité de protéger. On y trouve environ 24 % des forêts boréales et environ 25 % des forêts tempérées sur la planète. Ses 1,5 million de kilomètres carrés de milieux humides représentent environ 25 % du total mondial. Le Canada a également le plus long littoral du monde, deux millions de lacs et la troisième plus grande superficie de glaciers au monde. Tout cela fait face à un déclin sans précédent dans l'histoire de l'humanité.
Le Canada a besoin d'une loi nationale pour coordonner et mettre en œuvre ses engagements visant à stopper et à inverser le déclin de la nature, qui ont été pris lors de la réunion mondiale historique qui s'est tenue à Montréal en 2022. Je suis toutefois préoccupé par le fait que la , dans sa forme actuelle, est plus faible que celles de ses homologues d'autres pays, notamment le Royaume-Uni, et même plus faible que sa loi complémentaire au Canada concernant le climat, soit la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité.
Contrairement à ces deux lois, la , dans sa forme actuelle, n'exige pas que le gouvernement fixe une cible ou un objectif final en matière de biodiversité. Il n'y a pas d'objectif clair dans la loi pour la planification et les rapports exigés. C'est un peu comme équiper un navire pour un voyage en mer, mais sans fixer de destination. On risque de se perdre ou de tourner en rond.
Si on y apporte des amendements pour la renforcer, cependant, la aiderait le Canada à vivre en harmonie avec la nature d'ici 2050. Les amendements que nous proposons renforceraient cette loi en ordonnant au gouvernement d'établir des cibles nationales pour protéger la nature et de dresser des plans détaillés pour les atteindre. Cela ressemble beaucoup à la loi du Royaume-Uni, qui intègre directement dans sa réglementation des objectifs et des cibles, y compris des cibles visant à réduire le risque d'extinction et à restaurer et créer des habitats riches en faune. Les cibles sont, en outre, assorties d'obligations détaillées en matière de rapports pour assurer la reddition de comptes.
Il est essentiel d'établir des cibles nationales pour des lois de ce genre qui mettent en œuvre des engagements mondiaux, comme l'Accord de Paris sur le climat et le Cadre mondial de la biodiversité adopté à Montréal, et ce, pour deux raisons.
Premièrement, le Canada a un système dualiste, ce qui veut dire que les accords internationaux ne s'appliquent pas ici tant que le Parlement — vous — ne le dit pas. Une loi signifie que le Canada a l'obligation d'agir et montre aussi au monde que nous prenons au sérieux nos engagements à l'égard de la nature.
Deuxièmement, ces accords établissent une ambition mondiale générale, en laissant chaque pays libre de déterminer ce qu'il fera à l'intérieur de ses frontières pour y contribuer. Le fait de préciser ces contributions dans la loi rend le gouvernement responsable de leur réalisation. Ces cibles sont donc en grande partie une réponse aux engagements que nous avons pris au niveau international, mais l'approche adoptée pour y donner suite est typiquement canadienne.
Nous n'avons pas respecté nos engagements passés à l'égard de la nature. L'absence de fondement juridique de ces engagements en était l'une des principales raisons. Le vérificateur indépendant a constaté que la raison de l'échec était l'absence de leadership national solide à cet égard, et notamment l'absence d'une approche nationale intégrée qui coordonne les mesures, suit les progrès et apporte les corrections nécessaires, et c'est ce que la , avec les amendements que nous proposons, accomplirait.
Je veux dire un mot au sujet de la compétence, parce que la question a déjà été soulevée par un autre témoin ici.
Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer dans la protection de la nature, tout comme les provinces et les nations autochtones. Il faut respecter les compétences de tous les gouvernements et leur permettre de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger le monde naturel.
C'est pour cette raison que la définition des cibles nationales que nous proposons établit une distinction entre les cibles à atteindre qui relèvent de la compétence fédérale, et les cibles à caractère national pour lesquelles le gouvernement fédéral s'emploierait nécessairement à collaborer avec les provinces, les territoires et les peuples autochtones, et nous insistons sur le fait que les droits et la compétence des Autochtones doivent être respectés et priorisés dans l'établissement des cibles.
Dans le mémoire qui accompagne nos observations, nous vous avons fourni des propositions détaillées d'amendements pour permettre l'établissement de cibles, améliorer les exigences en matière de rapports afin que le public ait une vue d'ensemble des progrès réalisés à l'égard de ces cibles, et assurer une surveillance indépendante et une approche pangouvernementale à l'égard de la nature.
Je serai très heureux de répondre à vos questions sur ces propositions.
Permettez-moi de conclure en disant que, encore une fois, nous remercions le Comité de cet important travail. Nous l'exhortons à appuyer le projet de loi et à appuyer nos amendements pour le rendre encore plus efficace.
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Si nous voulons atteindre l'objectif que vous décrivez, avec lequel je suis tout à fait d'accord, il est absolument essentiel que nous planifiions soigneusement et que nous comprenions les étapes à suivre pour y arriver.
Par le passé, nous ne l'avons pas fait, et bien que des progrès individuels aient pu être utiles, nous n'avons pas planifié de manière générale ou cohérente pour atteindre l'objectif final souhaité. C'est pourquoi nous avons besoin de ce que j'ai décrit comme un plan typiquement canadien qui respecte et met en œuvre nos accords internationaux, mais tout en étant adapté à la réalité canadienne.
Permettez-moi de préciser, en réponse à l'échange avec mon voisin ici, et simplement pour m'assurer qu'on ne crée pas de division là où il n'y en a pas, que je ne dis pas, et aucun de nos accords ne dit, que la conservation et l'état final que vous avez décrit empêchent le genre d'activités dont les membres de l'organisme que représente mon voisin ici profitent et dont ils font la promotion. En fait, je pense que ces personnes devraient être à la table; rien dans le projet de loi ne les en empêche, et cela fait partie de ce que signifie une approche typiquement canadienne.
Je remercie tous les témoins d'être parmi nous, aujourd'hui.
J'aurais bien aimé être avec vous en personne, mais, pour éviter de répandre de petits microbes, c'était préférable que je participe à la réunion depuis mon bureau.
Je commencerai par vous, monsieur Ginsberg.
Nous croyons que le gouvernement peut colliger ses politiques dans la loi, ce qui est correct. Toutefois, nous ne nous faisons pas d'illusion sur la probabilité que la loi contribue de manière positive à la protection de la nature et de la biodiversité.
Depuis longtemps, nous exigeons du gouvernement qu'il cesse de prendre des décisions incompatibles avec ses propres objectifs en matière de biodiversité. Nous voulons qu'il arrête de ne faire que de beaux discours.
Je vais vous parler d'une annonce qui a été faite au début de la semaine à propos de la mine de charbon Vista. Vous voyez sans doute où je veux en venir.
Le 6 décembre, le président de l'Agence d'évaluation d'impact du Canada a annoncé que ce projet d'agrandissement de la phase II de la mine de charbon sur une superficie d'environ 630 hectares se poursuivra sans examen.
Si aucune évaluation n'est faite, comment va-t-on pouvoir connaître les répercussions que cela aura?
Votre organisme, Ecojustice, a dit à ce propos qu'une fois agrandie, la mine Vista serait la plus grande mine de charbon thermique de l'histoire du Canada.
Un tel passe-droit pour le charbon ne vient-il pas contrecarrer les gains potentiels du projet de loi sur la responsabilité à l'égard de la nature?
Un tel passe-droit ne nous permettra sûrement pas d'atteindre nos objectifs, n'est-ce pas?
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Je vous remercie de votre question.
Vous avez raison. Un projet tel que celui de la mine Vista a des répercussions profondes sur la biodiversité, et il touche des intérêts fédéraux, particulièrement les pêches et d'autres espèces en péril.
Un grand projet de charbon thermique comme Vista aurait certainement dû être évalué. Je vois cependant qu'en vertu de la Loi sur la responsabilité envers la nature, on ne pourrait pas prendre de décision réglementaire comme celle-là. Ce n'est pas son objectif. Cependant, elle permettait de mieux comprendre comment de telles décisions s'inscrivent, ou non, dans les cibles du Canada.
En ce moment, nous n'avons aucune méthode pour évaluer si une décision réglementaire va miner notre objectif. C'est pourquoi nous avons besoin d'un bouclier pour protéger la biodiversité — c'est une de nos suggestions — et garantir que les autorités fédérales prennent en compte les répercussions de projets comme Vista sur les objectifs du Canada en matière de biodiversité.
Cela aurait dû être pris en compte dans la décision de ne pas évaluer le projet.
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Oui. Merci de me permettre de m'exprimer sur cette question.
Tout d'abord, nous savons que la lutte contre les changements climatiques représente une tâche colossale, mais en comparaison, le seul fait de fixer des cibles pour la biodiversité est beaucoup plus difficile. La biodiversité est un concept très complexe qui comporte de multiples facettes. Notre amendement propose de rendre normatives les portions du projet de loi qui traitent des domaines à prendre en compte par le gouvernement lors de l'établissement des cibles, puisque comme nous l'avons dit, mon collègue et moi, un nombre très élevé de facteurs entrent en jeu dans l'appauvrissement de la biodiversité.
Ensuite, le concept de biodiversité englobe les espèces, les habitats, la connectivité et les écosystèmes. Il est nécessaire de fixer plusieurs cibles pour s'attaquer aux causes profondes de l'appauvrissement de la nature et pour protéger toutes les valeurs. Les cibles sont importantes parce qu'elles nous indiquent l'état auquel nous aspirons. Comment allons-nous mesurer nos progrès si rien ne jalonne notre parcours?
Il s'agit de la même notion de responsabilité que celle qui est inscrite dans la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité. Ce n'est pas une responsabilité juridique parce que le fédéral et les provinces jouent un rôle capital dans la protection de la nature. Le projet de loi ne prévoit pas ce type de responsabilité...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je sais que nous sommes serrés dans le temps.
Madame Gue, ma question s'adresse à vous. Le projet de loi ne va peut-être pas assez loin par rapport à l'établissement d'objectifs. Toutefois, vous êtes probablement d'accord pour dire qu'il renferme de nombreux éléments importants. Je me demande quelle est la meilleure option entre l'adoption immédiate du projet de loi ou l'intégration de tous ces amendements qui ont été proposés.
J'ai l'impression que l'établissement de cibles détaillées nécessitera beaucoup de consultations. En ce qui touche la responsabilité, si le gouvernement fédéral a du mal à atteindre les cibles, c'est évidemment en raison des différents paliers de gouvernement au pays. Les champs de compétence fédéraux sont limités.
J'aimerais que vous disiez quelques mots sur l'importance d'adopter le projet de loi rapidement et sur ce que nous pourrions faire pour régler, après son adoption, certaines des inquiétudes que vous avez soulevées. Est‑ce possible et important d'aller de l'avant?
:
[
La témoin s'exprime en tutchone du Sud et fournit un texte en anglais dont voici la traduction:]
Bonjour. Je m'appelle Kluane Adamek. Je suis membre de la Première Nation de Kluane. J'appartiens au clan Daḵłʼaweidí. Mon nom traditionnel est Aagé. Je salue et je remercie la nation algonquine; c'est sur son territoire que nous nous réunissons.
[Traduction]
Merci beaucoup de me donner l'occasion de m'adresser à votre important comité dans le cadre de votre préétude sur le projet de loi . Durant ma déclaration préliminaire, je vous présenterai des recommandations d'amendements précis à apporter du point de vue des Premières Nations.
Le projet de loi est absolument essentiel pour assurer la mise en place de mécanismes de reddition de comptes liés à sa mise en œuvre. Il s'agit d'un composant important du plan du Canada pour stopper et renverser la perte de biodiversité. Toutefois, pour atteindre cet objectif, il faut apporter quelques modifications à la version actuelle du projet de loi. Premièrement, le projet de loi doit prévoir plus d'engagements, y compris des dispositions axées sur les résultats plutôt que sur la seule évaluation des progrès. Je vais vous donner quelques exemples dans un instant. Deuxièmement, il doit prévoir un examen des lois, des politiques, des subventions et des programmes canadiens qui nuisent à la biodiversité, ainsi que l'élaboration d'un plan pour revoir ces mécanismes. Troisièmement, il doit conférer des pouvoirs et des responsabilités au comité consultatif du ministre, il doit y allouer des ressources et il doit prévoir expressément la participation d'un représentant des Premières Nations.
Maintenant, je présume que les Métis et les Inuits auront aussi l'occasion de vous présenter leurs amendements. Je fais donc la déclaration suivante au nom des Premières Nations: le comité consultatif doit comprendre un membre des Premières Nations. Comme j'ai été membre du Groupe consultatif pour la carboneutralité du Canada, je peux témoigner de l'importance de notre participation. Assurez-vous que les voix autochtones sont représentées partout où des décisions sont prises et où des conseils sont donnés relativement aux terres, à l'environnement, à l'eau et, bien entendu, à la biodiversité. C'est un élément essentiel d'une approche fondée sur les droits.
Pour respecter ses engagements les plus fermes, le projet de loi doit tenir les ministres responsables de chaque cible et mettre en place des mécanismes pour rendre compte de l'absence de progrès à l'égard des cibles ratées. La version actuelle du projet de loi ne prévoit rien en ce sens. Par ailleurs, pour cerner les principaux facteurs entraînant la perte de biodiversité, un élément essentiel au succès du projet de loi et des stratégies et plans d'action nationaux pour la biodiversité, c'est l'exigence d'établir un processus visant à identifier les lois, les politiques et les programmes — les subventions y comprises — qui contribuent à la perte de biodiversité. En l'absence d'un processus de la sorte et d'interventions découlant des constatations, le Canada fixe des cibles de conservation tout en prenant des mesures qui nuisent à leur atteinte et qui participent ainsi à la dégradation continue de la biodiversité. L'examen doit servir à cerner les lois, les politiques, les subventions et les programmes qui nuisent à la biodiversité; à identifier les ministres responsables; à faire des recommandations quant aux mesures à prendre pour éliminer les mécanismes cernés; et à faire état des progrès au moyen des rapports nationaux.
Puisque la raison d'être du comité consultatif est d'assurer le succès des mesures prises pour stopper et renverser la perte de biodiversité au Canada, il doit disposer de fonds suffisants et de ressources adéquates. En outre, il doit intégrer le savoir traditionnel et la science occidentale dans l'orientation qu'il fournit à l'égard de la conservation, et le savoir traditionnel doit provenir directement des détenteurs de savoirs autochtones. Le comité consultatif doit donc veiller à ce que l'approche adoptée soit fondée sur les droits. À cette fin, le projet de loi doit autoriser le comité à examiner les facteurs liés à l'atteinte des objectifs du Canada en matière de biodiversité et à donner des conseils à ce sujet. Il doit également prévoir que le comité reçoive les ressources nécessaires pour accomplir ce travail de façon pérenne.
Je vais faire part d'une observation au Comité. Je viens de la Première Nation de Kluane. Vous pouvez taper « Parc national Kluane » dans un moteur de recherche. Au cours des 10 dernières années, le niveau de l'eau de notre lac a baissé de 10 pieds. Les poissons ne croissent plus comme avant. Le nombre élevé de loups qui occupent notre territoire a modifié notre façon de chasser l'orignal et le caribou. Si le projet de loi omet de prévoir des mécanismes de reddition de comptes, on observera les espèces et la biodiversité, mais on n'aura aucune obligation de rendre des comptes par rapport à la mise en œuvre des mesures et à l'examen des données.
Voilà pourquoi les amendements que j'ai présentés sont nécessaires. Plus précisément, l'approche fondée sur les droits exige la participation des Premières Nations. À notre avis, malgré la partisanerie qui règne dans l'environnement géopolitique canadien, tous les partis devraient appuyer le projet de loi, car nous devons être tenus responsables de nos actes.
Si nous ne suivons pas les progrès que nous réalisons pour atteindre nos objectifs, nous ne pouvons pas avancer. Voilà un point de vue autochtone sur le projet de loi.
Je le répète, malgré les amendements qui s'imposent, tous devraient appuyer la mesure législative, car nous sommes tous le fils, la fille ou la petite-fille de quelqu'un, ou nous avons peut-être nous-mêmes des enfants. Si nous ne faisons pas bien les choses aujourd'hui, nous subirons les effets de nos manquements demain.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de m'avoir invité à témoigner.
La B.C. Wildlife Federation est la plus grande et la plus ancienne organisation de conservation de la Colombie-Britannique. Elle compte plus de 40 000 membres et de 100 clubs dans toute la province. Nos clubs et nos membres consacrent des centaines de milliers d'heures de bénévolat et de dollars à la restauration des zones humides et des habitats du poisson et de la faune, ainsi qu'à la promotion de changements législatifs, réglementaires et politiques afin de défendre un avenir où les poissons, la faune et leurs habitats seront en bonne santé.
Ces 2 dernières années, la BCWF a réalisé plus de 100 projets d'une valeur totale de plus de 7 millions de dollars pour protéger les poissons, la faune, leurs habitats, l'eau et les zones humides, tout en établissant des partenariats avec plus de 50 communautés autochtones. Ces projets comprennent la construction de 71 barrages de castor factices en 2024 et la collecte de près de 45 000 kilogrammes de déchets dans le marais littoral du fleuve Fraser. Depuis 2021, nous avons mené à bien plus de 230 projets et investi plus de 11 millions de dollars dans des projets au profit de l'environnement.
Nos partenaires et bailleurs de fonds incluent les Premières Nations, les ONGE, les collectivités locales, les propriétaires fonciers privés, le gouvernement du Canada et la province de la Colombie-Britannique. D'après les estimations que nous avons réalisées en 2016, à l'époque, nos membres faisaient plus de 300 000 heures de bénévolat par année. Aujourd'hui, je crois que ce nombre est beaucoup plus élevé.
Nos membres ont à cœur la conservation des poissons, de la faune et de leurs habitats; ils investissent temps et argent dans la science et la protection de l'environnement sur le terrain. Cela dit, nos membres ont aussi de grandes préoccupations par rapport à l'avenir de l'accès du public aux habitats du poisson et de la faune, et à la nature en général.
La BCWF craint que le projet de loi ne défende pas un avenir où la population canadienne pourra s'adonner au camping, à la randonnée, à l'excursion pédestre, à l'observation d'oiseaux et à la chasse et la pêche durables. Ces modes de vie durables et ces loisirs durables doivent être mis au premier plan lorsqu'il est question de désigner de nouvelles terres.
Le projet de loi confère des pouvoirs au ministre de l'Environnement et du Changement climatique, sans prévoir une surveillance adéquate par les parlementaires. Il parle de collaboration, sans assurer la participation et la consultation des parties prenantes, comme la population de la Colombie-Britannique. De plus, le projet de loi confère le pouvoir de réserver des terres publiques et d'en déléguer le contrôle à des responsables de la gestion non élus. En outre, les dispositions relatives aux consultations mentionnent les provinces, les peuples autochtones du Canada et un comité consultatif. Toutefois, aucune disposition ne précise qui seront les membres du comité consultatif.
Nous avons plusieurs exemples de dossiers par rapport auxquels le a omis de consulter et parfois même de représenter le public. Ces dossiers comprennent le rétablissement du caribou dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique. Ce projet a effacé des dizaines d'années de progrès dans nombre de nos communautés. On pourrait aussi parler du manque de leadership pour assurer la préservation des modes de vie durables et des activités de plein air durables dans le contexte des mécanismes mis en place pour atteindre l'objectif de conservation de la nature de 30 % d'ici 2030. Nous croyons qu'il est bon pour la santé mentale et physique des gens de la Colombie-Britannique et du Canada de se rapprocher de la nature. Nous sommes aussi convaincus que ce sont les personnes liées à la nature qui la protégeront.
La BCWF appuie l'intensification des efforts de conservation. Cependant, nous craignons que le coût de ces efforts soit l'élimination des activités de plein air durables et de l'utilisation durable des terres. La BCWF a vécu une situation pareille avec le projet de réserve de parc national dans la région du Sud de l'Okanagan et de Similkameen. Nos membres ont appuyé un projet de recherche sur le cerf mulet dans cette même région — le plus grand projet et le projet le plus collaboratif de l'histoire de la province —; ils y ont consacré fonds, dons et heures de bénévolat. Nos membres ont aidé les responsables du projet à capturer les cerfs mulets et à leur mettre des colliers de repérage; ils ont participé aux enquêtes sur la mortalité des cerfs mulets; et ils ont installé et assuré l'entretien de plus de 150 caméras de sentier utilisées pour la télédétection, en plus d'examiner des millions de photos.
Aujourd'hui, le gouvernement du Canada dit à ces personnes qu'il ne veut pas qu'elles pratiquent la chasse sur les terres qui les entourent parce qu'il compte les transformer en réserve de parc national. Nous avons aussi été touchés par des moratoires sur la chasse avec permis décrétés par d'autres mécanismes de conservation relevant du gouvernement fédéral.
Nous craignons que le projet de loi empêche la population de la Colombie-Britannique et du Canada de jouir de la nature et de s'en rapprocher aux mêmes endroits et de la même manière qu'elle le fait aujourd'hui. Le gouvernement du Canada devrait se réjouir de voir les familles canadiennes s'adonner au camping, à la randonnée, à l'excursion pédestre et à la chasse et la pêche durables. Il devrait chercher à faire en sorte que plus d'adultes et d'enfants délaissent les écrans et se rapprochent de la nature. Il devrait promouvoir et soutenir les modes de vie durables et les activités de plein air durables. Le projet de loi devrait en reconnaître l'importance.
Pour terminer, tout le monde doit se voir dans notre avenir commun.
Je vous remercie pour votre attention.
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Monsieur le président, distingués membres du Comité, bonjour.
Je m'appelle Stephen Hazell. Je suis heureux de représenter Greenpeace Canada aujourd'hui sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe. Merci de cette occasion de comparaître.
Greenpeace est une organisation indépendante sans but lucratif qui organise des manifestations pacifiques dans le but de progresser vers un monde plus vert et plus pacifique. Je suis conseiller au sujet des lois et des politiques fédérales sur la nature. Auparavant, j'ai été directeur général dans un certain nombre de groupes nationaux de protection de l'environnement et de la nature. J'ai occupé le poste de directeur des affaires réglementaires à l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et les fonctions de professeur auxiliaire en droit de l'environnement à l'Université d'Ottawa.
Le message fondamental de Greenpeace est le suivant. Avec des amendements, le projet de loi pourrait être un outil important pour demander des comptes au Canada par rapport à ses engagements internationaux en vue de stopper et d'inverser le déclin de la nature. La nature au Canada traverse une crise terrible. En 2020, 873 espèces étaient considérées comme étant gravement en péril. Le nombre de chouettes tachetées du Nord, une espèce très menacée, a diminué au point où il n'y a plus qu'une seule femelle à l'état sauvage. Les populations de caribou boréal sont en net recul partout dans le Nord du Canada. La population de baleine noire, une espèce menacée, a poursuivi son déclin au cours des 10 dernières années, malgré les efforts déployés pour réduire le nombre d'enchevêtrements et de collisions avec des navires.
De manière générale et à plusieurs reprises, le Canada n'a pas respecté ses engagements de protéger la nature depuis la signature de la Convention sur la biodiversité de 1992. Les lois fédérales et provinciales de protection de la nature sont en grande partie inefficaces et mal appliquées. Les Canadiens demandent maintenant une loi rigoureuse de protection de la nature. Une pétition de Greenpeace a d'ailleurs permis de recueillir 90 000 signatures. Le Cadre mondial pour la biodiversité de 2022, un document phare signé par 196 pays, offre au Canada une excellente occasion de stopper l'extinction causée par l'humain de nombreuses espèces menacées et de protéger 30 % des aires terrestres et marines du pays. Ces objectifs peuvent et doivent être atteints tout en respectant le principe du consentement préalable accordé librement et en pleine connaissance de cause du régime de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Mes collègues ont parlé de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité. La mise en œuvre a montré que des cibles et des plans juridiquement contraignants permettent effectivement de réaliser des progrès — en ce qui concerne le climat dans ce cas‑ci. C'est la même chose pour la protection de la nature. Une responsabilisation est nécessaire pour assurer le progrès, et une mesure législative est nécessaire pour assurer une reddition de comptes.
Le projet de loi doit être renforcé. Greenpeace Canada appuie fermement les amendements proposés par Ecojustice et la West Coast Environmental Law Association au cours de la première heure. Je vais parler de quelques-uns de ces amendements.
L'amendement pour la protection de la biodiversité appuierait une approche pangouvernementale, ce qui est essentiel pour assurer une cohérence dans les efforts de protection de la nature du Canada afin d'éviter d'avoir un ministère qui dit une chose et un autre ministère qui fait exactement le contraire. C'est ce que nous entendons par des approches pangouvernementales.
Il faut également apporter des amendements pour que le comité consultatif proposé possède un mandat législatif afin d'assurer son indépendance et son efficacité. Je dirais que les pêcheurs, les chasseurs, les propriétaires fonciers et les éleveurs sont également tous des experts. Ce sont eux qui gèrent la faune sur leurs terres. Je ne vois pas de raison pour qu'ils ne siègent pas eux aussi au comité consultatif. En fait, le Comité consultatif sur les espèces en péril comptait des pêcheurs et des chasseurs parmi ses membres. Je ne sais pas pourquoi nous n'en ferions pas autant dans le cadre de ce projet de loi.
Dans un pays bâti grâce à l'extraction coloniale des ressources, le projet de loi doit également accorder explicitement la priorité aux droits et au leadership des peuples autochtones. Le projet de loi C‑73 devrait également reconnaître que les droits de la nature sont inhérents au droit à un environnement sain que le gouvernement propose actuellement dans l'ébauche du cadre de mise en œuvre de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.
Je fais remarquer que le cadre de responsabilisation du projet de loi oblige le gouvernement fédéral à prendre des mesures, comme l'établissement d'objectifs pancanadiens, mais pas les gouvernements provinciaux et territoriaux. Les provinces et les territoires possèdent toutefois une grande partie, voire la totalité du pouvoir pour conserver et restaurer la nature en vertu de la Constitution du Canada, ce qui signifie que la collaboration entre plusieurs ordres de gouvernement est absolument essentielle à l'atteinte des objectifs nationaux.
En conclusion, je souligne qu'un projet de loi rigoureux indiquerait que nous avons un véritable leadership au Canada et un leadership à l'échelle nationale pour stopper et inverser la perte des milieux naturels.
Merci beaucoup. Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité de m'avoir invité à participer aux délibérations sur le projet de loi .
Je m'appelle Akaash Maharaj et je suis directeur des politiques à Nature Canada, une des plus vieilles institutions de conservation de notre pays. Nature Canada rallie plus de 250 000 Canadiens et possède un réseau comprenant plus de 1 200 organisations réparties dans l'ensemble des provinces et des territoires.
Je vais être direct: le monde traverse actuellement la sixième extinction massive de l'histoire de la planète, l'anthropocène. Contrairement aux cinq grandes hécatombes du passé, celle‑ci n'est pas attribuable à des catastrophes naturelles, mais plutôt à l'activité humaine et, plus particulièrement, à la destruction d'habitats naturels. Les espèces disparaissent actuellement 1 000 fois plus rapidement que le rythme d'extinction naturel, et près de 30 % des espèces survivantes sont menacées d'extinction. Pour le dire franchement, nous sommes au milieu de la pire extermination de la vie sur notre planète depuis la disparition des dinosaures.
Pour cette raison, les membres de Nature Canada sont convaincus que le Canada a pris la bonne décision en adhérant à la Convention sur la diversité biologique, et surtout en s'engageant à conserver nos terres et nos eaux. Les Canadiens ne se sont pas engagés à respecter les normes internationales pour faire plaisir aux institutions internationales. Nous nous sommes engagés à les respecter dans l'intérêt des Canadiens, pour le bien-être et la prospérité des collectivités canadiennes et pour laisser un meilleur pays aux futures générations de Canadiens.
Cela dit, l'efficacité d'un engagement dépend des mesures qui sont prises par la suite. Lorsque les Canadiens disent qu'une promesse est politique, nous sommes rarement convaincus qu'elle sera tenue. C'est pour cette raison que Nature Canada se montre enthousiaste à une loi sur la responsabilité à l'égard de la nature, une loi fédérale qui obligerait le à faire ce qu'il a promis aux Canadiens en matière de conservation et de biodiversité.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi n'est pas cette loi. La seule notion de responsabilité dans le libellé actuel se trouve dans le titre. Le projet de loi demande au ministre d'établir des cibles nationales, mais il ne prévoit aucun mécanisme pour s'assurer qu'elles sont utiles. Le projet de loi encourage le ministre à élaborer des mesures liées à ces cibles, mais il n'exige pas qu'elles soient atteintes, et il n'impose aucune conséquence si elles ne le sont pas. Essentiellement, le projet de loi ne donne aucun nouveau pouvoir au ministre et ne le contraint pas à obtenir le moindre résultat.
Il pourrait toutefois faire tout cela et encore plus si les législateurs dans la pièce étaient disposés à faire preuve de détermination en apportant des amendements. Nous vous demandons de prendre en considération les amendements suivants et d'y donner suite.
À l'article 4, il faut explicitement indiquer que le ministre doit rendre des comptes au Parlement et aux Canadiens en ce qui a trait non seulement à l'élaboration d'un plan pour atteindre les cibles, mais aussi à la mise en œuvre du plan et à l'atteinte des cibles.
À l'article 5, il faut s'assurer que les cibles du ministre sont liées à l'abondance des espèces, à leur distribution, à leur risque d'extinction et à la qualité de leur habitat, et qu'elles sont fondées sur un processus d'évaluation mené par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
À l'article 6, il faut établir un lien entre les rapports du ministre et les nouvelles dispositions de lutte contre l'écoblanchiment de la Loi sur la concurrence qui interdisent aux entités de faire des affirmations fausses ou trompeuses sur les avantages environnementaux de ce qu'elles proposent.
À l'article 7, il faut renforcer le mandat et l'indépendance du nouveau comité consultatif afin que le ministre ait la responsabilité positive de faire rapport de ses raisons au Parlement s'il décide de ne pas donner suite à une recommandation du comité.
À l'article 9, il faut obliger le commissaire à l'environnement et au développement durable à mener et à publier des audits indépendants sur la conformité ministérielle à la loi.
Ces amendements feraient en sorte que la loi sur la responsabilité à l'égard de la nature serait digne de ce nom. De plus, et c'est encore plus important, ils réaffirmeraient le rôle des parlementaires en tant que gardiens de notre démocratie.
Partout dans le monde, les démocraties sont en déclin. Elles ne disparaissent pas à la suite d'un noble combat pour les défendre contre des tyrans. On les abandonne plutôt volontairement à des démagogues et à des régimes autoritaires parce que les gens en sont venus à croire que les institutions publiques ne donnent pas de résultats et n'assument pas leurs responsabilités. Je vous demande donc d'amender ce projet de loi pour défendre le patrimoine naturel du Canada et notre démocratie.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer mes questions par M. Zeman de la British Columbia Wildlife Federation.
Je le remercie de son témoignage et je le remercie également, tout comme ses membres, des énormes efforts qu'il déploie pour faire le travail sur le terrain dans l'intérêt de tous les Britanno-Colombiens et de tous les Canadiens, en protégeant des milieux naturels et en les améliorant.
Monsieur Zeman, la dernière témoin qui en a parlé — et je suppose que vous avez vu Mme Anna Johnston de la West Coast Environmental Law Association — a dit que cette loi est une loi axée sur des processus, ce qui signifie qu'elle n'a pas d'effet sur le terrain.
Quel était le rôle de la B.C. Wildlife Federation pour aider le gouvernement à concevoir cette mesure législative? Avez-vous été consultés avant qu'elle soit élaborée? De plus, puisque c'est une loi axée sur des processus, comment aiderait‑elle la B.C. Wildlife Federation à offrir des programmes de conservation utiles sur le terrain, si c'est le cas?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
En Outaouais, juste de l'autre côté de la rivière des Outaouais, il y a plus de deux ans, nous avons organisé une COP15 régionale. J'ai rassemblé plus de 70 dirigeants communautaires, y compris les gardiens autochtones de Kitigan Zibi, car nous voulions que les efforts de conservation soient locaux, efficaces et crédibles.
Dans le cadre de ce rassemblement, nous avons créé quelque chose d'unique. Le projet s'appelle Kidjīmāninān, ce qui signifie « notre canot ». Cela signifie que nous sommes tous concernés. C'est un projet de conservation dirigée par des Autochtones auquel participent 40 municipalités ainsi que 10 organisations et industries. Nous avons reçu 2 millions de dollars d'Environnement Canada et nous avons lancé le projet l'été dernier. L'Outaouais deviendra alors la première région au Canada qui essaie d'élaborer une feuille de route pour atteindre nos objectifs en matière de biodiversité.
Ma question est pour la cheffe Adamek. Comment le projet de loi pourrait‑il exiger une reconnaissance, un financement et un soutien accrus pour des initiatives similaires dirigées par des Autochtones partout au Canada?
:
Je vous remercie de votre question.
Je pense que le fait d'avoir un comité est une façon de s'assurer que le ministre responsable de l'implantation de la loi rend des comptes.
[Traduction]
Il faudrait certainement qu'il en soit question dans la loi et les détails concernant, comme on l'a dit, une partie de la responsabilité liée à la collecte de données, à la surveillance et à l'évaluation. Vous avez mentionné le projet « un canot », et je pense que c'est un excellent exemple, mais à long terme, quel sera le suivi du projet et quels seront les résultats concrets? Comme l'a dit l'un de vos collègues du Comité, la cible de 50 % d'ici 2050 est ambitieuse, mais elle n'est pas impossible selon moi.
En fait, nous voyons des aires de conservation et de protection autochtones, comme au Yukon avec le Conseil des Dénés Kaska. J'encouragerais vraiment les personnes qui bavardent et rient en aparté à regarder ce que les Dénés Kaska ont fait avec leurs aires de conservation et de protection autochtones.
Je répète que je pense que les objectifs sont ambitieux, mais c'est la seule planète que nous avons. Il n'y a pas de plan B. L'option ici consiste à vraiment se pencher sur ces enjeux et à travailler ensemble pour faire progresser et pour soutenir les efforts de conservation et de protection de la biodiversité dirigés par, bien entendu, des Premières Nations.
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Pour ce qui est des cinq principaux... Je pense que mes collègues du groupe précédent en ont mentionné quelques-uns. Intégrer l'établissement de cibles dans le projet de loi est important, car cela n'y figure pas. Voilà le premier.
Un deuxième serait certainement d'étoffer les dispositions relatives aux stratégies et plans d'action nationaux sur la biodiversité dans le projet de loi en décrivant le rôle du ministre quant à leur élaboration.
Troisièmement, il faut apporter des amendements relativement au comité consultatif pour assurer son indépendance et lui permettre d'établir son propre mandat. Je reviens au point que j'ai soulevé plus tôt. Je pense qu'il faut essayer de combler l'écart entre ce qui se passe à Ottawa et les excellents travaux de conservation réalisés en milieux terrestres et aquatiques par les représentants de la fédération de la faune, dont on a parlé, ou par les peuples autochtones. Nous devons trouver une façon de combler cet écart.
Ce projet de loi est beaucoup plus modeste que l'on a fait valoir. C'est essentiellement une question de responsabilité et de mesure des progrès. Je ne vois tout simplement pas comment on peut être contre cela.
Un autre amendement serait lié au commissaire à l'environnement. Je pense qu'il est important que le commissaire à l'environnement et au développement durable ait le pouvoir explicite, en vertu de la loi, de mener des vérifications comme il le fait actuellement en vertu de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité.
Ce sont...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Monsieur Hazell, dans votre allocution, vous avez notamment parlé du fait que le Canada n'avait pas respecté et ne respectait pas ses engagements.
Je vais donc vous rapporter certaines citations qu'on a pu lire dans les journaux depuis des semaines ou des mois: « Ottawa met la table pour un boom pétrolier en milieu marin »; « Un projet de 60 forages pétroliers jugé sans répercussions majeures »; « ExxonMobil cherche un gisement trois fois plus gros que Bay du Nord au large de Terre-Neuve ». En voici une dernière, parue dans un journal européen: « Le Canada, gardien de la biodiversité mondiale, autorise le pétrole dans les aires marines protégées ».
Dernièrement, le ministre est venu témoigner devant le Comité, et je lui ai posé une question. Il me disait qu'il ne pouvait pas y avoir de forages pétroliers à l'intérieur ou près des refuges marins. Or on voit que le gouvernement autorise des forages exploratoires pour découvrir des gisements. Si l'entreprise découvre les gisements, il retire le statut de protection accordée à ces zones ciblées.
Si le projet de loi était en vigueur actuellement, le texte, tel qu'il est rédigé actuellement, empêcherait-il le gouvernement fédéral de favoriser le développement de l'exploitation pétrolière dans les Grands Bancs de Terre‑Neuve et de retirer les mesures de protection lorsque des gisements de pétole sont découverts?
[Traduction]
Je pense que ce projet de loi a été assez soigneusement rédigé jusqu'à maintenant. Nos amendements vont dans le même sens, qui est de garantir que les obligations prévues par la loi incombent au ministre fédéral et non aux provinces. Ils n'obligent pas vraiment les provinces à faire quoi que ce soit.
Étant donné le pouvoir de légifération considérable des provinces pour les questions liées à la nature, la participation des gouvernements provinciaux et territoriaux et des gouvernements autochtones est primordiale. Il est essentiel qu'ils contribuent à l'atteinte des objectifs nationaux.
Ce projet de loi est beaucoup plus modeste que certains le laissent entendre. En fait, ce projet de loi vise uniquement à essayer de savoir si nous faisons des progrès ou non en matière de biodiversité.
Malheureusement, il y a dans ce pays une longue histoire de gouvernements qui font dans la dissimulation et prétendent que nous faisons des progrès en rédigeant les rapports qui donnent une impression de progrès, alors que la science indique que la nature est en déclin à tous les égards.
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Les trois organismes — Écojustice, West Coast Environmental Law et Greenpeace — avaient deux idées relativement à cette protection de la biodiversité, mais le principe fondamental, c'est la nécessité d'une communication entre les ministères et organismes fédéraux pour veiller à la prise en compte des questions liées à la nature et à la biodiversité dans l'ensemble des décisions gouvernementales.
Malheureusement, l'appareil fédéral est très vaste et, dans leurs activités diverses, bon nombre de fonctionnaires se trouvent à travailler à contre-courant les uns des autres. Cette mesure législative permettrait de regrouper tout cela. Le but, que la décision concernant une mine de charbon ou un projet pétrolier et gazier extracôtier relève de Ressources naturelles Canada ou non, est de veiller à ce que les questions liées à la nature soient prises en compte dans ces décisions.
Nous avions deux suggestions.
La première, la plus simple, serait que les ministères incluent les questions liées à la nature et à la biodiversité lors de la présentation de propositions au Cabinet. C'est la suggestion la moins révolutionnaire des deux.
La deuxième consisterait à leur imposer une obligation positive de veiller à ce que chacune de leurs décisions ne nuise pas ou ne contrevienne pas aux obligations du Canada en vertu de la loi ou d’ententes internationales. Ce serait une solution plus difficile à accepter pour le gouvernement, je suppose, mais nous considérons toujours que les deux seraient utiles.
J'ai posé des questions à ce sujet au groupe de témoins précédent, mais en vérité, étant donné la lenteur des progrès du Canada en matière de conservation, j'ai de vives préoccupations quant à savoir si nous atteindrons nos objectifs de 25 % d'ici 2025 et de 30 % d'ici 2030.
Je vais commencer par les trois personnes présentes dans la salle.
Oui ou non, pensez-vous que le Canada est en voie de respecter ses engagements en matière de protection de la nature? En outre, j'aimerais avoir votre avis à tous: pensez-vous que ce projet de loi, s'il n'est pas modifié, peut vraiment nous mettre sur la bonne voie?
Je vais commencer par M. Hazell.
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Je suis peut-être l'optimiste du groupe, mais je pense que ces objectifs sont atteignables si vous travaillez en partenariat avec les peuples autochtones. Une bonne partie de ces 14 % est liée aux aires protégées et de conservation autochtones. Il faut donc trouver des façons d'appuyer ces collectivités en tant que titulaires de droits sur les terres, et de leur donner un élan. Plus tôt, il y a eu des questions au sujet de gens qui doivent quitter leur maison, et sur la plantation d'arbres. Prenez un instant pour y penser. On parle possiblement de terres en fief simple, ainsi que de terres de la Couronne. Plus important encore, toutes les terres, d'un bout à l'autre du pays, comme nous l'a appris le plus récent jugement de la Cour suprême, sont des terres des Premières Nations, des Inuits ou des Métis.
Encore une fois, étant l'optimiste, ici, l'atteinte de ces objectifs ne sera possible qu'en partenariat avec les peuples autochtones. Ce fait a été clairement établi, à mon avis, par la contribution des aires protégées et de conservation autochtones à ces 14 %, un pourcentage que nous aimerions voir augmenter.
Quant à la deuxième partie de votre question, à savoir si nous avons atteint ces objectifs, la réponse est non. Est‑il encore temps? À mon avis, et de l'avis de l'Assemblée des Premières Nations, il est encore temps, bien que l'objectif de 30 % d'ici 2030 soit plus important, peut-être, que celui de 25 % d'ici 2025.
Écoutez, si ce projet de loi n'est pas adopté, tout le travail qui est fait pour atteindre ces objectifs, qui ne sont pas seulement ceux du Canada, mais aussi...
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Je suis désolé. Je ne suis pas au courant du raccordement avec le site C ou du plan pour raccorder le Yukon à la Colombie-Britannique. Essentiellement, pour ce qui est des grands projets, nous nous concentrons sur le domaine de la conservation.
De manière générale, le message que nous sommes venus livrer, ici, c'est qu'Ottawa est déconnecté des gens qui vivent dans les collectivités qui sont touchées, ou non, par les résultats en matière de conservation. Je pense que c'est le message que nous essayons de faire ressortir. Je pense que tout le monde ici devrait en être conscient. Nous avons parlé de la réserve du parc national où cela a été introduit. Cela a suscité d'importants conflits sociaux dans toutes les communautés. Avant cela, des groupes comme Canards Illimités, Nature Trust, Conservation de la nature Canada, des chasseurs et des pêcheurs avaient acquis et restauré 44 000 hectares, et cela ne dérangeait personne.
Je pense que ce que nous essayons de faire valoir, ici, c'est qu'il existe un grand endroit appelé Ottawa, et qu'il est déconnecté des communautés et des gens qui sont sur le terrain et qui travaillent ensemble. C'est l'un des éléments manquants de ce projet de loi.
Nous voulons reconnaître qu'il y a des mesures positives par lesquelles on fait référence à la législation, mais d'autres éléments de la DNUDPA doivent être inclus dans le projet de loi. Dans ma déclaration préliminaire, j'ai spécifiquement fait référence au comité consultatif ministériel. D'autres éléments de cette mesure législative doivent être en corrélation directe avec la DNUDPA. Comme nous le savons, la bonne approche, c'est une approche fondée sur les droits.
Enfin, je pense qu'il est important de se rappeler que tout projet majeur, comme cela a été mentionné, doit faire l'objet des mesures prévues à la Loi sur l'évaluation d'impact.
Monsieur Kram, ce projet de loi n'est pas lié. Il vise spécifiquement à s'assurer que nous maintenons le cap pour atteindre nos objectifs en matière de conservation. Comme je viens du Yukon, il est important que je précise que les impacts du projet n'ont aucun lien avec ce projet de loi. Ils sont plutôt visés par la Loi sur l'évaluation d'impact.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Messieurs, et madame la cheffe Adamek, soyez les bienvenus à votre Parlement.
Monsieur Maharaj, bonjour à nouveau. J'ai eu le plaisir de vous rencontrer hier.
Dans votre témoignage, vous avez fait état du fait que la confiance du public pouvait s'éroder si on faisait beaucoup d'annonces, mais qu'on n'obtenait pas de résultats. Or, on a appris récemment que près des trois quarts des projets de l'initiative Accélérateur net zéro, dont l'objectif est d'atteindre le plus rapidement possible la carboneutralité pour 2050, n'avaient pas de cible. Il s'agit d'une enveloppe de 8 milliards de dollars de l'argent des contribuables qui est donnée à des entreprises pour atteindre l'objectif de la carboneutralité, mais on n'a pas de cible.
Pensez-vous que ce genre de gestion des fonds publics, qui a l'objectif louable de réduire les émissions, mine la crédibilité des efforts mis en ce sens?
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins experts de se joindre à nous aujourd'hui et de nous faire part de leurs points de vue.
J'aurais aimé que nous ayons plus de temps. J'aurais aimé que nous ayons plus de réunions et que nous ayons commencé l'étude il y a quelques mois, mais malheureusement, les partis de l'opposition ont fait obstruction à ma motion visant à présenter cette étude préliminaire à ce comité. Je suis toutefois heureux que nous soyons ici.
Malheureusement, certains témoins conservateurs ont tenu des propos alarmistes en ce qui concerne leurs préoccupations relatives aux terres privées et aux droits de chasse. J'ai l'impression que ces préoccupations ont été plus ou moins démenties par des experts qui savent comment cette mesure législative fonctionne.
Je suis de l'Ontario, et nous avons la chance en Ontario d'avoir une mesure législative sur les offices de protection de la nature. Malheureusement, le gouvernement provincial a récemment miné certaines des capacités de nos offices de protection de la nature d'accomplir leur important travail.
Si ce projet de loi est adopté, il n'empêcherait clairement pas les provinces d'exercer leurs droits et de faire ce qu'elles veulent, mais j'aimerais savoir quelles sont, selon le vous, les mesures qu'il est nécessaire de prendre, tant au niveau provincial que territorial, afin de garantir que tous les groupes continuent à faire leur bon travail.
Je vais commencer avec la cheffe Adamek, puis je poursuivrai avec M. Maharaj, si c'est possible.
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Je tiens tout d'abord à rappeler que j'ai commencé ma déclaration liminaire en soulignant les tensions politiques accrues qui existent. Si nous pouvions tous prendre un moment pour mettre ces tensions de côté...
Pour répondre à votre question, ce projet de loi vise à garantir, peu importe le gouvernement élu à l'avenir, qu'il y aura une obligation de rendre des comptes pour nous assurer que nous progressons en matière de conservation. Je pense sincèrement, si l'on fait fi des allégeances politiques, que ce projet de loi est dans l'intérêt de tous les Canadiens. Il faut certainement y apporter des amendements. Toutefois, si nous n'avons pas d'obligation de rendre des comptes sur l'utilisation des fonds publics pour faire avancer ce travail, alors pourquoi se préoccuper de la conservation?
Je reconnais qu'il reste du temps, mais dans la région d'où je viens, le Yukon, on termine la conversation, car il est important d'entendre les opinions des gens. Je vous remercie donc, monsieur le président. Je reconnais que c'est votre processus. Je viens d'une autre région, celle des Tinglits, où le processus est différent, où l'on discute jusqu'à ce que le travail soit fait.
Si j'ai l'occasion de revenir, je répondrai au reste de vos questions.
Merci.