:
Je déclare la séance ouverte.
[Français]
Je vous souhaite la bienvenue à la 145e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
Conformément à l'article 108(3)h) du règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 29 octobre 2024, le Comité reprend son étude de l'atteinte à la vie privée à l'Agence du revenu du Canada.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins de la première heure de cette réunion.
[Traduction]
Je suis heureux d’accueillir M. Peter Davis, vice-président associé, Relations gouvernementales et avec les intervenants.
Monsieur Davis, bienvenue au Comité. Vous avez jusqu’à cinq minutes pour présenter votre exposé au Comité, après quoi nous passerons aux questions.
Allez‑y, monsieur.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité de me donner cette occasion de témoigner aujourd’hui au nom de H&R Block Canada. Merci aussi pour la patience et la souplesse dont vous avez fait preuve envers moi en vous adaptant à mon horaire.
H&R Block Canada est fière de célébrer ses soixante années passées au service des Canadiens que nous aidons à payer leurs impôts et à recevoir leurs prestations. En 1964, le premier bureau fiscal de H&R Block Canada a été établi à Toronto, et notre siège social national trône aujourd’hui fièrement à Calgary. Au cours de ces 60 années au Canada, notre entreprise en est venue à compter près de 1 000 points de service et 10 000 associés qui servent les Canadiens de partout au pays pendant la période des impôts.
Je me propose de revenir sur certains aspects clés de notre déclaration du 15 novembre et du mémoire que nous avons remis au Comité le 6 décembre.
Durant ces plus de soixante années d’activité, H&R Block Canada a toujours accordé la priorité absolue à la protection et à la confidentialité des renseignements fiscaux de ses clients. H&R Block Canada est fière du cadre de protection des renseignements personnels de ses points de service, qui comptent parmi les meilleurs au Canada. Nous comprenons les responsabilités et les obligations importantes qui découlent de la protection des renseignements personnels des Canadiens, et nous avons mis en place des systèmes et des processus de sécurité solides pour les protéger.
Compte tenu de l’engagement pris par H&R Block Canada à l’égard de la confidentialité et de la sécurité des données, quand nous avons appris que nos clés d’accès électroniques avaient été compromises, nous avons immédiatement lancé une enquête interne exhaustive qui nous a permis de conclure que les données, les systèmes et les logiciels de H&R Block Canada n’avaient pas, quant à eux, été compromis. Nous n’avons eu vent d’aucune répercussion sur notre clientèle.
Je tiens également à assurer le Comité que H&R Block Canada n’a jamais envoyé de données personnelles de Canadiens ni d’images à des entreprises comme Google et Meta. Nous sommes au courant d’articles autrefois parus dans la presse américaine à propos de ce problème, mais nous sommes en mesure de confirmer que la description qu’en ont fait les médias ne s’applique pas aux clients de H&R Block Canada.
Permettez-moi de prendre un moment pour parler au nom de tout notre secteur.
En ma qualité de coprésident de l’Association canadienne des déclarants de revenus — l’association commerciale nationale de l’industrie canadienne des logiciels et de la préparation des déclarations de revenus — j’estime important d’expliquer le rôle essentiel de l’industrie des logiciels fiscaux en matière de protection des renseignements personnels des Canadiens. Les logiciels fiscaux mis au point par l’industrie, et qui sont destinés à être directement utilisés par les contribuables ou par des professionnels de la fiscalité au nom de leurs clients, sont annuellement soumis à un processus de certification très poussé appliqué par l’ARC afin que leur utilisation soit approuvée par le public et que la production électronique des déclarations de revenus à l’ARC soit autorisée. Les fournisseurs de logiciels fiscaux doivent également s’assurer que leurs produits et services sont conformes aux lois canadiennes sur la protection des renseignements personnels et la sécurité des données. Ces facteurs, conjugués à l’innovation au sein de l’industrie et aux investissements continus visant à améliorer et à faire évoluer continuellement la sécurité des données, donnent la possibilité aux Canadiens de se prévaloir de nombreuses options technologiques destinées à garantir l’acheminement de leurs renseignements personnels en toute sécurité.
La diversification des systèmes est une parade contre les risques liés à la cybersécurité, car les auteurs de menaces doivent tenter d’infiltrer plusieurs systèmes de TI sécurisés à la fois, plutôt qu’un seul système administré par l’ARC. Dans cette optique, outre que l’ARC est une cible de grande valeur pour les auteurs de menaces et qu’elle a déjà subi des failles de sécurité, la notion selon laquelle les renseignements des contribuables seront plus sûrs s’ils sont contrôlés et gérés uniquement par l’ARC au moyen d’une déclaration automatique ou de tout autre type de déclaration de revenus du gouvernement n’a pas de fondement crédible.
Avant de passer aux questions des membres du Comité, j’aimerais traiter d’un point. Ces procédures sont très probablement surveillées par des auteurs de menaces qui cherchent des occasions d’identifier et d’exploiter les renseignements potentiels sur la sécurité des données à des fins criminelles. En tant que plus grande entreprise de préparation de déclarations de revenus assistée au Canada, H&R Block Canada surveille de près ce qui se fait et se défend régulièrement contre les cybermenaces. Par conséquent, dans toutes nos déclarations au sujet de la cybersécurité, nous devons veiller à ne pas dévoiler d’informations sensibles qui pourraient aider les auteurs de menaces des renseignements à mener leurs activités criminelles. De plus, nous sommes tenus de respecter la législation canadienne sur la protection des renseignements personnels et les politiques de H&R Block Canada en matière de protection des renseignements personnels et de sécurité des données de nos clients, et de veiller à ce qu’aucun renseignement personnel de contribuables canadiens ne soit divulgué.
Merci encore, monsieur le président et distingués membres du Comité, de m’avoir invité à comparaître aujourd’hui au nom de H&R Block Canada. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions du mieux possible.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Davis, je suis heureux de vous rencontrer aujourd’hui. Merci de votre présence.
Certaines de mes questions ont peut-être été déjà posées de façon différente, mais toutes vont porter sur le même sujet.
Dans la lettre que H&R Block Canada a fait parvenir à notre comité, on peut lire en substance que les données, les systèmes et les logiciels de H&R Block Canada n’ont pas été compromis.
Je m’intéresse aux codes qui sont attribués à vos bureaux de spécialistes en déclarations de revenus. Parlez-nous un peu de vos stratégies et politiques internes pour assurer la sécurité de ces codes.
:
Merci de ce rappel, monsieur Green.
Monsieur Davis, je comprends la nature délicate du système de sécurité et des mécanismes en place à H&R Block. Vous l'avez expliqué très clairement dans votre déclaration préliminaire.
Je vous demanderais de répondre aux questions du mieux que vous le pouvez. Nous sommes protégés par le privilège parlementaire, mais nous ne voulons certainement pas compromettre — et je suis d'accord avec vous sur ce point — tout secret commercial de H&R Block qui pourrait causer des problèmes. C'est l'instruction que je vais vous donner à cet égard.
Monsieur Green, j'espère que vous comprenez que lorsqu'on a demandé à H&R Block de comparaître devant nous, la convocation ne visait pas une personne en particulier. H&R Block a désigné M. Davis pour la représenter et je suis convaincu qu'il répond aux questions du mieux qu'il peut étant donné la nature du sujet qui nous occupe.
Monsieur Fisher, j'ai arrêté le chrono au moment du rappel au Règlement. Il vous reste donc une minute.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais aborder quelques points. Je tiens à faire la distinction entre la raison pour laquelle nous sommes ici maintenant, qui est liée au rapport du Fifth Estate selon lequel il s'agit d'une utilisation frauduleuse des identifiants spéciaux de H&R Block pour accéder au site Web de l'ARC, quelque chose qui a été mis en place avec des sociétés privées et l'ARC au cours des deux dernières décennies pour l'utilisation de la déclaration en ligne… D'une manière ou d'une autre, quelqu'un a obtenu ces identifiants et les a utilisés pour modifier les informations et se faire passer pour un imposteur afin d'accéder au site Web de l'ARC. L'autre point concerne le partage des renseignements privés des clients.
Tout d'abord, je trouve intrigant votre manque de curiosité quant à la manière dont cela s'est produit, votre manque de coopération et le manque de coopération de votre entreprise. Historiquement, je pense qu'il y a eu une énorme coopération entre les sociétés privées de préparation des déclarations de revenus et l'ARC pour s'assurer que cela ne se produise pas.
:
Nous allons mettre cela de côté, mais je pense vraiment qu'il est important qu'il y ait une coopération entre toutes les parties à cet égard, aujourd'hui et à l'avenir.
En ce qui concerne la divulgation de renseignements personnels, vous indiquez ce qui suit sur votre site Web:
Nous ne divulguons pas vos renseignements personnels à des tiers, sauf dans les cas décrits dans la présente politique de confidentialité, avec votre consentement, ou dans les cas où la loi le permet ou l'exige. Vos renseignements personnels peuvent être divulgués…
Je comprends l'argument de M. Villemure selon lequel les gens ne savent pas toujours à quoi ils consentent, mais voici ce à quoi ils consentent:
À des fournisseurs externes employés ou retenus par nous ou par H&R Block US pour exécuter certains services ou fonctions… y compris… le traitement des transactions… le marketing, le traitement Remboursements instantanéMD…
C'est là pour ceux qui veulent le lire. J'ai un deuxième exemplaire si des gens veulent le lire.
Le site Web indique également que ces renseignements seront « utilisés ou stockés en toute sécurité aux États-Unis et seront, en plus des lois canadiennes, également soumis aux lois des États-Unis. »
Je pense que de nombreux Canadiens ne savent pas que leurs renseignements sont stockés aux États-Unis, ce qui peut poser problème à certaines personnes.
:
Laissez-moi m'en occuper, monsieur Davis.
Monsieur Green, je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que ces réponses peuvent être fournies par écrit au Comité, si le Comité le souhaite. Si c'est ce que vous voulez faire, monsieur Green, si nous voulons que des renseignements soient fournis au Comité, nous pouvons certainement le faire.
Je crois que M. Davis est sincère dans ses tentatives de répondre aux questions du Comité. Encore une fois, comme je l'ai dit précédemment, je comprends qu'il s'agit d'une question délicate. Si la nature des questions est suffisamment délicate, nous pouvons demander à M. Davis une réponse écrite sur ces sujets, dans l'intérêt du Comité.
Monsieur Barrett, vous avez la parole pour ce rappel au Règlement.
[Français]
Monsieur Villemure, j'ai arrêté le chronomètre.
:
Compte tenu des deux rappels au Règlement, je pense que la position du Comité à ce sujet est assez claire, monsieur Davis.
Je ne veux pas parler au nom des autres membres du Comité, mais si vous estimez que ces renseignements peuvent être fournis au Comité, je vous recommande de le faire, et le Comité en disposera comme il l'entendra, en fonction des répercussions qu'ils auront sur cette étude pour nous aussi, car il s'agit d'une question très sérieuse pour les Canadiens. J'espère que vous comprenez.
Une autre option s'offre également au Comité. Il s'agit de passer à huis clos et de régler cette question, mais je ne veux pas vraiment que cela se fasse à moins que le Comité en décide ainsi.
Monsieur Green, cela vous convient‑il?
:
Cela fonctionne-t-il, maintenant? Ce sont peut-être les écouteurs qui sont défectueux.
[Traduction]
Cela ne fonctionne‑t‑il pas du tout?
Je suis désolé, monsieur Davis. Nous allons nous assurer que M. Villemure entende votre point de vue.
Cela ne concerne pas vraiment le rappel au Règlement. Je vous ai donné un peu de latitude sur ce point, monsieur Davis, simplement parce que nous avons moins de temps que d'habitude.
[Français]
Cela fonctionne maintenant, monsieur Villemure.
[Traduction]
Monsieur Davis, vous pouvez peut-être exposer rapidement votre point de vue.
Je voudrais revenir sur les déclarations préliminaires concernant les atteintes à la sécurité dans le secteur privé.
Lors de sa comparution le 5 décembre 2024, le commissaire à la protection de la vie privée du Canada a déclaré: « Dans l'ensemble, les atteintes à la sécurité des données sont l'une des principales menaces qui pèsent sur les renseignements personnels. Durant l'exercice 2023‑2024, qui s'est terminé le 31 mars 2024, le Commissariat a reçu plus de 350 rapports de cyberincidents dont la vaste majorité, soit plus de 90 %, provenait d'organisations du secteur privé. »
Monsieur Davis, selon vous, ces statistiques montrent-elles que les cyberincidents sont plus fréquents et plus susceptibles de se produire dans les organisations du secteur privé que dans les institutions du gouvernement fédéral?
Monsieur Davis, je vais vous demander de partir, si vous le souhaitez. Je m'attends à ce que votre témoignage devant le Comité se termine avec la transition vers le prochain groupe de témoins et une discussion à ce sujet.
Comme je l'ai dit précédemment, la greffière a pris note de la demande du Comité. Elle vous communiquera ces informations, et le Comité s'attend à ce que vous nous les renvoyiez dans un délai raisonnable. La greffière indiquera la date à laquelle ces informations devront être fournies, et ce ne sera pas le jour de Noël. Je vous le garantis.
Merci, monsieur Davis, de votre témoignage.
Je donne maintenant la parole à M. Barrett.
:
Monsieur le président, le 2 décembre, la vérificatrice générale a publié un rapport qui est à l'origine de cette motion. Je parle du « Rapport 8: Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes » en lien avec la pandémie de COVID‑19. C'est un rapport indépendant. Le même jour, cet enjeu a fait l'objet d'une vaste couverture médiatique. Un avis de motion a été déposé et distribué dans les deux langues officielles à tous les membres du Comité le 6 décembre. Ceux‑ci ont donc eu amplement le temps de se familiariser avec la motion et avec la situation dans la langue officielle de leur choix. Les rapports de la vérificatrice générale sont évidemment disponibles en anglais et en français dans leur version complète en ligne, et ils ont été mis à la disposition de tous les députés sous forme imprimée, soumis à embargo avant d'être déposés à la Chambre.
La vérificatrice générale du Canada a constaté qu'Exportation et développement Canada avait accordé 314 millions de dollars en contrats à fournisseur unique pour l'administration des prêts. Le gouvernement a confié à EDC le soin d'administrer ce programme de prêts d'urgence, mais EDC a par la suite fait volte-face et déclaré: « Nous n'avons pas la capacité nécessaire, et nous allons donc externaliser. » Le ministère a externalisé des contrats représentant des centaines de millions de dollars de l'argent des contribuables.
Certains détails de ces contrats sont extrêmement préoccupants. On a payait 14 heures par jour à Accenture pour les activités du centre d'appels, qui, pourtant, n'était ouvert que neuf heures par jour. Le tarif horaire par personne allait de 60 à 750 $. Tout aussi préoccupant, Accenture a confié une partie des tâches à une filiale brésilienne. Ces gens recevaient donc des salaires horaires de 750 $ pour administrer un programme qu'EDC était censé mettre en œuvre. Dire que c'était « généreux » est un euphémisme. Je suis tout à fait certain qu'aucun fonctionnaire ne gagne 750 $ l'heure. Il y a là un énorme conflit d'intérêts.
Pour conclure, je vais citer Karen Hogan, la vérificatrice générale. À son avis, il était impensable de ne pas régler ce conflit d'intérêts. Je ne saurais dire mieux. Il s'agit évidemment des renseignements personnels des Canadiens, des programmes du gouvernement du Canada et d'un conflit d'intérêts extrêmement préoccupant. Ce conflit d'intérêts a été jugé « inacceptable » par la vérificatrice générale.
Cette question s'inscrit effectivement dans le mandat du Comité. C'est important. Je ne pense pas que cette étude exigerait beaucoup de réunions. Le Comité a pour mandat de régler ces conflits d'intérêts. Alors que d'autres comités peuvent faire ce que font d'autres comités, le nôtre doit faire ce que lui seul peut faire. C'est la raison de cette motion.
:
Je salue les efforts de mon cher collègue M. Barrett. Au Comité permanent des comptes publics, nous sommes en train de faire une étude sur la question du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Il le sait puisqu'il a comparu devant ce comité. En fait, nous essayons de faire une étude sur les comptes publics. Depuis quelques jours, nous essayons de la programmer, mais les conservateurs font de l'obstruction systématique pour ne même pas entendre les témoins. La vérificatrice générale était devant nous hier, et nous recevions aussi d'autres témoins, mais les conservateurs ont fait de l'obstruction systématique.
Avant de voter sur cette motion, j'inviterais M. Barrett à parler avec MM. Perkins et Genuis, ainsi qu'avec M. Cooper, qui siège aussi parfois au Comité permanent des comptes publics. J'invite donc M. Barrett à discuter avec ses collègues. Je suis entièrement en faveur de l'efficacité des comités parlementaires. Si le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique décide de faire cette étude sur le programme du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, vous pouvez être assurés que je ne serai pas d'accord pour gaspiller l'argent des contribuables en faisant la même étude au Comité permanent des comptes publics.
Je sais que c'est Noël et que nous sommes tous pressés d'adopter des motions et de retourner à la maison en disant que nous avons accompli des choses, mais j'invite mes collègues à avoir une discussion avec leurs autres collègues parlementaires.
[Traduction]
Dans cet esprit, monsieur le président, je veux m'assurer que nous ne dupliquons pas les services ou la responsabilité parlementaire. J'y crois sincèrement, mais la vérificatrice générale a déposé beaucoup de rapports le 2 décembre. Il y en a eu un sur les aînés. Et un autre sur les emplois d'été au Canada. Assurons-nous que nos comités parlementaires fonctionnent de façon efficace et qu'ils vont au fond des choses. Ne nous enfermons pas dans une situation comme celle que nous avons vécue avec TDDC, où le comité de l'industrie faisait la même étude en même temps et où les mêmes députés posaient les mêmes questions aux deux comités, avec les mêmes témoins.
J'aime bien cette idée, et je ne suis pas un membre régulier du comité de l'éthique, mais nous sommes en train de faire double emploi. Je suis certain que les conservateurs conviendront qu'on ne dépense pas efficacement l'argent des contribuables quand le comité des comptes publics... à moins qu'ils puissent convaincre leurs collègues du comité des comptes publics de laisser le comité de l'éthique se charger de cette étude pendant qu'ils se concentreront sur d'autres rapports de la vérificatrice générale. Cette solution me satisferait.
Je suis certain que les députés, puisqu'ils veulent former un gouvernement, en auraient déjà discuté avec leurs collègues pour que l'argent des contribuables soit dépensé plus efficacement. Nous aussi, nous dépensons de l'argent, et il est important de témoigner du respect aux contribuables.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis désolée de ne pas avoir eu la motion à portée de main. J'ai ici un dossier, comme vous pouvez le voir, contenant toutes les motions qui ont été présentées au Comité. J'essaie de suivre. Ce n'est pas facile. Je suppose que nous pouvons laisser celles‑ci de côté pour l'instant ou les garder pour une date ultérieure. Elles seront peut-être relancées. Je ne sais pas si quelqu'un peut... parce que c'est de plus en plus lourd. Je peux vous dire que ce n'est pas bon pour mon dos.
Je suis désolée. Je suis de la vieille école. J'aime le papier. Cela me permet de lire, d'analyser, de prendre des notes et ainsi de suite.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt mon collègue du comité des comptes publics. Je crois qu'il touche à quelque chose d'important. C'est un sujet qui a été soulevé très souvent, même ici, à savoir que nous ne devrions pas faire du travail en double.
Vous n'ignorez évidemment pas que les jours de notre mandat pour la 44e législature sont comptés. Nous devrions faire le meilleur usage du temps qu'il nous reste. Il y a de nombreuses questions à discuter. J'aimerais qu'on fasse le point sur les rapports qui ne sont pas terminés et sur le travail encore à faire au sujet de motions que d'autres députés semblent vouloir examiner.
Je comprends bien la proposition de limiter cette étude à deux réunions, mais pourquoi pas aucune? Laissons le comité des comptes publics faire son travail.
Parlant de laisser les autres faire leur travail, j'ai souvent remarqué que ce comité essaie de faire le travail de nos commissaires indépendants du Parlement, notamment du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, sans parler d'autres commissaires de temps à autre. Mais c'est surtout du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique qu'il s'agit. Nous essayons de prendre de l'avance sur lui quand il y a un problème. Je suis certaine que les députés sont tout à fait capables d'alerter le commissaire s'ils estiment qu'il y a un conflit d'intérêts, comme n'importe qui dans la population. Quiconque s'inquiète de cette situation pourrait la signaler au commissaire.
Nous l'avons vu, dans certains cas à plusieurs reprises pour la même plainte — une, deux, trois ou quatre fois —, revenir avec la même conclusion. Apparemment, ce n'était pas suffisant pour les députés à l'époque, mais c'est tout de même conforme au rôle d'un agent indépendant, d'un haut fonctionnaire du Parlement. Ils font leur travail, ils font leur enquête et ils remettent un rapport. Je proposerais effectivement d'aller dans ce sens.
En l'état, je ne peux pas appuyer cette motion.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Par respect pour les témoins qui sont ici, je serai bref.
Cette question est étudiée par un autre comité. Elle pourrait effectivement relever de notre mandat. Le comité des comptes publics y a déjà consacré deux réunions. J'ai entendu des députés ici présents déclarer assez catégoriquement qu'ils ne sont pas d'accord avec le double emploi, c'est‑à‑dire que deux comités étudient la même chose. Voyons comment ils voteront.
Je ne vais pas appuyer la motion pour l'instant. Cela ne veut pas dire que je ne l'appuierai pas plus tard, peut-être après l'étude du comité des comptes publics. Mais, pour aujourd'hui, je voterai contre. Nous pourrions ensuite écouter les témoins.
:
Merci, monsieur le président.
Je serai bref, moi aussi.
Je commencerai par dire que je ne suis pas tout à fait d'accord avec ma chère collègue, Mme Shanahan. La surveillance du travail de la vérificatrice générale et de tout le monde par les comités est à mes yeux tout à fait fondamentale. C'est le rôle des parlementaires. Je n'y vois aucun problème.
Ce qui me préoccupe, c'est que, après examen du rapport et de son résumé, je n'y ai rien trouvé au sujet de la protection des renseignements personnels, même pas dans le résumé. Ce rapport porte sur les contrôles financiers et les contrats, et cela n'est pas du ressort du comité de l'éthique. Cela relève du comité des comptes publics. Je ne comprends pas pourquoi le comité de l'éthique est saisi de cette question. J'ai lu le résumé. La protection des renseignements personnels n'y est même pas mentionnée. C'est vraiment là le problème pour moi.
Le comité des comptes publics s'en occupe déjà. S'il ne s'agit pas de protection des renseignements personnels, je ne vois vraiment pas en quoi que cela nous concerne. Il serait assurément fascinant d'examiner les modes de passation de marchés employés par EDC, dont il est question dans cette motion, mais je ne crois tout simplement pas que cela relève du comité de l'éthique.
Merci, monsieur le président.
Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 21 novembre 2024, nous reprenons notre étude de la liquidation de TikTok Technology Canada, Inc.
Je souhaite la bienvenue aux témoins de la deuxième heure de notre séance d'aujourd'hui.
Du Service canadien du renseignement de sécurité, nous accueillons Daniel Rogers, directeur, et Paul Lynd, sous-ministre adjoint, Collecte de renseignements.
Je vous donne la parole, monsieur Rogers. Vous avez cinq minutes pour présenter votre exposé au Comité. Allez‑y, monsieur.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
J'aimerais faire quelques remarques, et je vais essayer de les faire assez vite.
Je m'appelle Daniel Rogers et je suis directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS. Je suis accompagné de mon collègue Paul Lynd, le sous-ministre adjoint chargé de la collecte de renseignements.
C'est un honneur pour nous d'être ici aujourd'hui et d'avoir la possibilité de contribuer à votre importante discussion sur la liquidation de TikTok Canada. J'espère être en mesure de vous éclairer sur le rôle que joue le SCRS en matière de sécurité nationale, ainsi qu'en matière de protection de la population et des intérêts relatifs à la prospérité du pays.
Administrée par Innovation, Sciences et Développement économique Canada, la Loi sur Investissement Canada, ou LIC, garantit que les investissements importants qu'effectuent des non-Canadiens au Canada sont avantageux pour l'économie canadienne. Elle permet ainsi au gouvernement d'examiner ces investissements, afin de s'assurer qu'ils ne portent pas atteinte à la sécurité nationale.
La LIC vise à établir un équilibre entre la prospérité économique et la protection du Canada contre les acteurs étrangers qui cherchent à acquérir des biens, des technologies, des infrastructures ou des renseignements personnels sensibles ou à en prendre le contrôle, et ce, à des fins qui pourraient être néfastes pour la sécurité nationale du Canada.
[Traduction]
Conformément à son mandat, le SCRS passe régulièrement en revue les avis d’investissement suscitant des préoccupations liées à la sécurité déposés au titre de la LIC, et collabore avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada, avec Sécurité publique Canada et avec les organismes subventionnaires fédéraux pour alimenter le processus décisionnel du gouvernement. Il s’agit d’un travail essentiel, car le Canada constitue une cible pour nombre d’acteurs étatiques adverses qui, par leurs activités d’investissement, cherchent à favoriser leurs intérêts nationaux aux dépens de ceux du Canada.
Les auteurs de menaces s’intéressent particulièrement aux médias sociaux en raison des données qu’ils génèrent et recueillent: des sondages y sont effectués, des ensembles de données s’y constituent et, conformément aux conditions d’utilisation, les utilisateurs y donnent accès à leurs données personnelles, c’est‑à‑dire leurs albums photos, leurs messages et leurs listes de contacts, entre autres informations sensibles. Bien qu’elles soient plutôt anodines en elles-mêmes, certaines de ces informations, lorsqu’elles sont recueillies et réunies en quantité, peuvent permettre de cerner précisément des tendances et d’en apprendre davantage sur divers groupes, sur l’opinion publique, les communautés, et sur les réseaux sociaux et professionnels individuels.
Pour mener des activités d’ingérence étrangère, des États autoritaires comme la République populaire de Chine exploitent des mégadonnées provenant notamment du secteur privé. Au Canada, l’utilisation des données par le gouvernement est assujettie à des obligations sur le plan de l’éthique, de la loi et du respect de la vie privée; ce n’est pas le cas au sein des États autoritaires. La loi de 2017 sur le renseignement national adoptée par la RPC contraint les entités et les citoyens chinois à coopérer sur demande avec ses services de renseignement, ce qui implique de fournir toute information à l’État et à son appareil du renseignement. Cette politique appuie et reflète les tentatives d’ingérence de la RPC au Canada et dans les démocraties de même tendance. Par conséquent, le Canada et ses alliés doivent redoubler de prudence lorsqu’ils acceptent de communiquer leurs données à des plateformes liées à la RPC.
Le processus d’examen prévu par la LIC, auquel le SCRS a contribué, a permis d’établir que permettre à TikTok Canada de poursuivre ses activités porterait atteinte à la sécurité nationale. Bien que les dispositions de la LIC limitent ce que je peux communiquer sur un dossier en particulier, je souligne que l’évaluation faite par le SCRS et le gouvernement du Canada concorde avec l’Énoncé de politique sur l’examen des investissements étrangers dans le secteur des médias numériques interactifs formulé en mars 2024. En particulier, les facteurs suivants entrent en ligne de compte dans ces examens: la portée et le public cible, la nature et l’étendue des liens de l’investisseur avec un gouvernement étranger, ainsi que la propension de l’entreprise canadienne à être utilisée par l’État étranger afin de propager de la désinformation ou d’imposer une censure incompatible avec les droits et les valeurs des Canadiennes et des Canadiens.
[Français]
L'utilisation des médias sociaux soulève également des préoccupations relatives à la sécurité nationale lorsque ces derniers constituent un terreau fertile aux idéologies extrémistes et servent à radicaliser leurs utilisateurs. La quantité de propos violents qui se tiennent en ligne augmente, tout comme, en conséquence, la probabilité que les consommateurs de tels contenus se mobilisent à la violence. C'est une situation préoccupante. Principaux utilisateurs des médias sociaux, les jeunes peuvent être particulièrement vulnérables à la radicalisation en ligne.
Le Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS s'affaire à enquêter sur les menaces pour la sécurité nationale et à formuler des conseils à cet égard en vue de les contrer. Il est en outre résolu à renforcer la résilience grâce au pouvoir modernisé découlant du projet de loi qui lui a été conféré à cet effet.
Le nouveau pouvoir de renforcement de la résilience témoigne du fait qu'assurer la sécurité nationale du Canada est une tâche collective à laquelle doivent participer tous les ordres de gouvernement, les collectivités canadiennes, le milieu universitaire et le secteur privé, entre autres intervenants. Le SCRS entend collaborer avec ces groupes dans l'intérêt national, notamment par la communication accrue d'informations détaillées sur les menaces.
En conclusion, je profite de l'occasion qui m'est donnée pour répondre à vos questions. Gardez toutefois à l'esprit qu'il m'est impossible de fournir publiquement des détails sur certaines activités opérationnelles ou enquêtes du SCRS.
Merci.
Le manque total de transparence de ce gouvernement concernant cette décision est troublant. D'un côté, il ferme la filiale de TikTok. De l'autre, les Canadiens sont libres d'utiliser l'application. Je ne vois pas nécessairement pourquoi il ne devrait pas en être ainsi, mais il ne semble pas y avoir de cohérence. Si l'on s'inquiète effectivement de l'utilisation de renseignements personnels ou du partage de données personnelles par et avec le régime communiste chinois, la mesure adoptée par le gouvernement ne semble pas du tout être une solution.
J'aimerais au moins comprendre, du point de vue théorique du partage de données personnelles avec la République populaire de Chine, puisque TikTok a mis sur pied le projet Texas, qui garantit que les données américaines restent aux États-Unis.
J'essaie de comprendre. Quand vous dites que certaines de ces données risquent d'être partagées et qu'elles ne sont pas entièrement hébergées au Canada ou ne restent pas au Canada, que voulez-vous dire? Sont-elles stockées aux États-Unis?
Désolé. Vous êtes encore coincé avec moi.
Je vais revenir à l'algorithme dont vous avez parlé. Si j'ai bien compris, l'algorithme de TikTok Canada ne serait pas différent de l'algorithme que l'entreprise utilise aux États-Unis et dans d'autres pays, du moins d'après ce que l'entreprise déclare. Toujours si j'ai bien compris, l'un des problèmes associés à TikTok est qu'il s'y est répandu beaucoup de désinformation au sujet des élections américaines en 2016, en 2020 et peut-être en 2024.
Le SCRS a‑t‑il réfléchi à ce que nous devrions faire pour nous protéger au moment des élections canadiennes qui devraient avoir lieu l'an prochain, en 2025?
:
Il y a une très grande différence entre le choix individuel d'utiliser quelque chose et l'effet global sur la sécurité nationale canadienne.
Je peux vous donner un exemple personnel. Quand j'étais jeune, je n'imaginais pas être un jour le directeur du SCRS. À l'époque, j'ai peut-être examiné l'information disponible et j'ai décidé de continuer d'utiliser TikTok parce que je ne voyais pas alors en quoi cela pourrait être un souci, quand bien même la Chine aurait accès à mes renseignements. Je m'en soucie aujourd'hui parce que je suis le directeur du SCRS.
À mon avis, les gens doivent tenir compte de leurs propres risques. C'est un facteur important pour prendre une décision. À ce stade, je ne peux pas parler au nom du gouvernement, mais je peux dire qu'il y a des risques dont j'espère que les Canadiens tiendront compte lorsqu'ils décideront personnellement d'utiliser TikTok.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux représentants du renseignement de sécurité d'être parmi nous aujourd'hui.
Je vous remercie de votre travail, de vos mesures proactives en matière d'engagement communautaire et de votre travail concernant le projet de loi , notamment au sujet du renforcement de la Loi sur l'ingérence étrangère et la protection de l'information, ce qui n'avait pas été fait depuis plus de 20 ans. Je tiens à vous remercier, vous et le ministère, de votre travail à cet égard.
Je vais commencer par dire que la prolongation des activités de TikTok pourrait permettre à des acteurs étrangers d'exploiter les données des utilisateurs canadiens ou de répandre de la désinformation. Est‑ce un énoncé exact pour vous, monsieur Rogers?
Ce qui inquiète au sujet de TikTok est son association avec la Chine. Comme nous l'avons dit ici, TikTok recueille beaucoup de données personnelles et a accès à beaucoup de données personnelles sur nos appareils. Le SCRS a très publiquement signalé les risques liés à l'utilisation de TikTok. Il est tout à fait évident que la Chine a pour stratégie de recueillir des données massives et des données personnelles partout dans le monde.
La Chine est également la principale source de menace en matière d'ingérence étrangère au Canada. Quand on recueille une grande quantité de données personnelles et que, en plus, on dispose de l'intelligence artificielle et de l'apprentissage machine pour trier ces données et les utiliser contre des gens, on peut les utiliser pour s'ingérer dans les affaires de pays étrangers, pour cibler des personnes, pour organiser des cyberattaques, pour intimider, pour influencer et pour compromettre l'avenir.
Ce qui nous préoccupe, en fait, c'est le vaste accès que TikTok permet aux données personnelles et le fait que les lois sur la sécurité nationale de la Chine obligeraient l'entreprise à partager ces données.
Les risques dont j'ai parlé dans l'une de mes réponses s'appliquent particulièrement aux députés, qui peuvent intéresser le gouvernement chinois en raison de leur influence. Si vos données se trouvent sur TikTok et que la Chine les utilise, elle pourrait chercher à en savoir plus sur vous, sur vos réseaux personnels et sur l'écosystème dans lequel vous travaillez, pour orienter l'ingérence étrangère, l'espionnage, les cyberattaques ou d'autres choses dans votre direction.
Comme députés, vous avez évidemment tous un accès particulier au gouvernement et une influence sur lui que la plupart des gens n'ont pas, et je peux imaginer pourquoi vous seriez une cible particulièrement intéressante pour le gouvernement chinois.
À ce sujet, je vous laisse le soin, ainsi qu'aux autres membres du Comité, de décider comment vous voulez procéder. La motion adoptée par le Comité visait à traiter cette question comme nous le faisons. On nous a demandé de convoquer certains témoins, et nous faisons tout, par l'entremise de la greffière, pour les faire venir. Je vous laisse décider de la façon dont vous voulez procéder.
Nous essayons toujours de communiquer avec M. Vigneault, l'ancien directeur du SCRS. J'ai aussi invité des représentants de TikTok. La motion n'en parlait pas, mais j'ai estimé qu'ils seraient utiles pour notre étude. Ils ont respectueusement refusé, et je suppose que cela est attribuable aux circonstances de la procédure actuelle au civil.
On me rappelle qu'il y a aussi le ministre. Il nous a fait savoir qu'il serait disponible à la fin de janvier. Je crois que ce sera une réunion intéressante. Nous verrons ce que nous pouvons faire pour que tout le monde soit présent.
Je n'ai pas d'autres questions à aborder. Je vous écoute, madame Shanahan.