:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Mesdames et messieurs les députés, au nom du Congrès canadien-polonais, je vous remercie de me donner l'occasion d'aborder cette grave question de l'ancien membre de la Division SS Galicie qui a été invité à recevoir un hommage à la Chambre des communes l'année dernière.
La communauté polonaise du Canada, tout comme la communauté juive du Canada, a regardé avec horreur les membres du Parlement, incités par inadvertance par le président de la Chambre de l'époque, se lever dans la salle pour applaudir Yaroslav Hunka et le saluer comme étant « un héros ukrainien et un héros canadien » ayant combattu les Russes. Cette formulation a immédiatement attiré notre attention, car il est rapidement devenu évident pour qui M. Hunka avait combattu, c'est‑à‑dire pour la Division SS Galicie. Ce moment a été un choc pour les Canadiens d'origine polonaise, puisqu'ils n'arrivaient pas à comprendre comment un tel événement avait pu se produire dans notre Chambre des communes.
Pour bien comprendre ce dont il est question, il est important de rappeler le contexte historique. Tout d'abord, la Waffen‑SS n'était pas une unité militaire allemande conventionnelle de la Wehrmacht. Il s'agissait plutôt de l'aile combattante de la Schutzstaffel — la SS — du parti nazi, qui avait été créée pour mettre en œuvre les objectifs de ce dernier. Ses membres devaient jurer fidélité à Adolf Hitler. La division SS Galicie, également connue sous le nom de 14e division SS, galicienne no 1, a été créée par l'Allemagne nazie dans le cadre d'une stratégie de portée accrue visant à recruter et à mobiliser des groupes ethniques non allemands dans les territoires occupés pour qu'ils combattent aux côtés des forces armées allemandes.
La Division SS Galicie était composée principalement de volontaires ukrainiens de la région de Galicie, qui faisait alors partie de la Pologne occupée par l'Allemagne nazie. Ces volontaires étaient motivés par divers facteurs, notamment l'opposition au régime soviétique, un sentiment nationaliste et des promesses d'autonomie. L'Allemagne nazie a exploité ces affects pour renforcer ses forces militaires et poursuivre ses objectifs d'expansion et de domination en Europe de l'Est.
M. Yaroslav Hunka était membre de la Division SS Galicie et il en était fier. Selon ses propres mots publiés en 2011 dans un blogue facilement accessible nommé The Combatant News, M. Hunka se souvient: « Dans un flot continu, l'armée polonaise et les civils fuient le long de la route en direction de Berezhany et les avions allemands les rattrapent de temps en temps. Chaque jour, nous regardions impatiemment en direction des Pomoryens [les Allemands] dans l'espoir de voir apparaître ces chevaliers allemands mystiques qui donnent des 'balles' aux lâches détestés. »
Ailleurs, il écrit: « À l'appel de l'OUN [l'Organisation des nationalistes ukrainiens], beaucoup ont rejoint les rangs de l'UPA [l'Armée patriotique ukrainienne]. D'autres, à l'appel du Comité central ukrainien, se sont portés volontaires pour la division 'Galichyna'. En deux semaines, quatre-vingt mille volontaires ont joint la division, dont de nombreux étudiants du lycée de Brejany.
L'Institut polonais de la mémoire nationale documente le rôle de la Division SS Galicie dans le massacre de Huta Pieniacka, qui s'est produit le 28 février 1944 dans la Pologne occupée par l'Allemagne nazie. Ce massacre s'est soldé par l'assassinat d'environ 500 civils polonais, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, par une force conjointe de soldats de la Division SS Galicie et d'autres unités sous commandement allemand.
En outre, dans un discours prononcé devant les soldats de la galicienne no 1, Heinrich Himmler, le tristement célèbre chef de la SS, aurait déclaré:
Votre patrie est devenue tellement plus belle depuis que vous avez perdu — sur notre initiative, je dois dire — les habitants qui ont été si souvent une tache sale sur la bonne réputation de la Galicie, à savoir les Juifs [...] Je sais que si je vous ordonnais de liquider les Polonais [...] Je vous donnerais la permission de faire ce que vous êtes désireux de faire de toute façon.
Compte tenu de ces exemples dûment documentés, il est regrettable que certains aient tenté de minorer la nature criminelle de la Waffen‑SS en utilisant de manière sélective le rapport de la Commission Deschênes comme une sorte de feuille de vigne. Ce qui n'est pas souvent mentionné, c'est que la Commission Deschênes a été limitée par la portée de son enquête, qui s'est concentrée sur l'identification des personnes qui étaient soupçonnées d'avoir participé à des crimes de guerre et qui avaient émigré au Canada après la Seconde Guerre mondiale. De plus, la capacité de la commission à accéder à des preuves, notamment auprès de témoins, de gouvernements et d'organismes étrangers, était limitée, étant donné que cette région était encore derrière le rideau de fer à l'époque.
La question de savoir si M. Hunka lui-même a été impliqué dans la perpétration de crimes de guerre n'est pas au cœur du débat. Ce que nous savons, c'est qu'il n'y a aucune ambiguïté sur la nature criminelle des SS, dont il était un membre volontaire, et ce fait historique ne peut être rejeté du revers de la main comme étant de la désinformation russe.
Les attaques brutales menées par les unités de la Waffen‑SS, y compris la division Galicie, et d'autres comme le massacre des Polonais en Volhynie et en Galicie orientale font à jamais partie de l'héritage tragique de la Seconde Guerre mondiale dans cette région que l'historien Timothy Snyder, de Yale, a appelé à juste titre « Terres de sang ».
Du point de vue de la communauté polonaise du Canada, il ne fait aucun doute qu'un ancien membre de la 14e division SS, galicienne no 1, n'aurait jamais dû être salué à la Chambre des communes ni, comme nous l'avons appris par la suite, être invité à une réception organisée par le premier ministre du Canada pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky en visite. Cet incident regrettable sur lequel ce comité a enquêté a embarrassé le président Zelensky lors de sa visite, a nui à la réputation du Canada et est venu étayer le faux récit que Vladimir Poutine colporte sur l'Ukraine moderne, et ce, en cette période difficile où le peuple ukrainien mène une lutte héroïque pour repousser l'agression russe. Le pire, c'est que cela était facilement évitable. Les propos de M. Hunka, que j'ai cités plus haut, et son association avec la Division SS Galicie étaient facilement repérables par une recherche élémentaire sur Internet.
Le Congrès canadien-polonais espère sincèrement que la Chambre des communes et le gouvernement du Canada réfléchiront à cette situation et qu'ils utiliseront les ressources importantes dont ils disposent pour s'assurer que les invités qu'ils choisissent d'honorer font l'objet de contrôles adéquats et respectent nos standards en matière de droits de la personne et de dignité.
Je vous remercie de votre attention. Je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie de m'accueillir au sein du Comité aujourd'hui. Je crois que c'est la première fois que j'assiste à une réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, mais je vous suis vraiment reconnaissante des éclaircissements qui sont apportés au sujet de cet incident.
Je vous suis également reconnaissante de votre témoignage, monsieur Roszak. Je vous remercie infiniment de vous être joint à nous et de nous expliquer comment votre organisation fait face aux retombées de cet incident, mais aussi de formuler des recommandations et de proposer des solutions pour faire en sorte qu'un tel incident ne se reproduise plus jamais.
Dans le passé, j'ai étudié l'histoire militaire canadienne et internationale, et l'autre aspect de cette question, c'est qu'à mon avis, nous devons réexaminer notre histoire afin de déterminer la façon dont elle influe sur notre présent et notre avenir. C'est un aspect que je vous remercie d'avoir également souligné.
Vous avez mentionné l'importance d'examiner adéquatement les antécédents de toute personne qui visitera notre Parlement, mais aussi, bien sûr, de toute personne qui est susceptible d'être honorée à la Chambre ou qui appuie notre conception des droits de la personne. J'ai apprécié cette citation.
Nous reconnaissons certainement la douleur, l'horreur et l'humiliation que nous avons tous ressenties en tant que députés et, en ce qui me concerne, l'effet néfaste que cet incident a eu sur le choix des personnes qui seront honorées à la Chambre à l'avenir. J'hésite beaucoup maintenant à honorer qui que ce soit, et j'ai l'impression de vouloir en savoir davantage à propos de toute personne que l'on propose d'applaudir à la Chambre. Je crois certainement qu'au niveau personnel, il y a certaines choses que nous prenons en compte, mais je précise encore une fois qu'il s'agit d'un enjeu plus large concernant la manière dont nous pouvons garantir qu'un tel incident ne se reproduira plus jamais, en ce qui concerne l'ensemble de notre gouvernement.
Comme je l'ai mentionné, ce sont là certaines des répercussions que je remarque en tant que députée, mais pouvez-vous nous en dire un peu plus au sujet des répercussions sur la communauté polonaise canadienne que vous avez observées depuis l'incident? Pouvez-vous nous relater des anecdotes personnelles ou nous dire ce que vous avez entendu au sein de la communauté?
:
Bonjour, madame la présidente. Bonjour, mesdames et messieurs les députés.
[Français]
Je m'appelle Michel Monette. On m'appelle Mitch. Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui pour témoigner devant ce comité pour une première fois depuis ma nomination au poste de directeur du Service de protection parlementaire, ou SPP, en novembre dernier.
[Traduction]
Je serai bref, mais je tiens à prendre quelques instants pour souligner ce que j'apporte à cette fonction.
Pendant 31 ans, j'ai fièrement servi les Canadiens en ma qualité d'agent de la Gendarmerie royale du Canada. Plus précisément, j'ai passé 23 de ces 31 années au sein du service des opérations de protection. Par conséquent, je connais très bien la Colline du Parlement et de nombreux membres de sa communauté.
[Français]
À ce jour, ma carrière m'a amené à vivre et à travailler dans de nombreuses régions du pays, des Maritimes au Grand Nord canadien. Cela dit, mes racines sont à Timmins, en Ontario, et je saisis toutes les occasions de me désigner comme un fier Franco-Ontarien.
Au cours des quelques mois qui ont suivi ma nomination, je me suis engagé à renforcer les relations solides que le SPP entretient avec ses partenaires en matière de sécurité, tant sur la Colline qu'à l'extérieur de celle-ci, et à en bâtir de nouvelles. La collaboration, la communication et la consultation sont au cœur de tout ce que je fais en tant que directeur.
[Traduction]
Compte tenu de mon engagement personnel en faveur du service à la clientèle, de mon amour de l'histoire et de mon respect sincère pour les personnes qui se dévouent pour servir notre démocratie, je suis ravi de mettre mon expérience en matière de protection au service du mandat privilégié du SPP. Il est essentiel, à mes yeux, de nouer des relations solides et efficaces avec nos partenaires internes en matière de sécurité, comme le sergent d'armes et le Bureau de la sécurité institutionnelle, et avec nos partenaires externes chargés de l'application de la loi. J'entretiens et valorise énormément ces relations.
[Français]
Depuis mon arrivée au SPP, je me suis dévoué et je suis resté sur place jour après jour pour prendre le pouls de notre communauté dans son ensemble, tant celui de mes employés que celui des parlementaires et des employés de la Colline en général. Mon engagement envers eux et envers vous tous est que je continuerai d'être présent et collaboratif pour faire avancer nos objectifs collectifs en matière de sécurité et de protection. Dans l'attente d'établir et de consolider des relations de collaboration qui permettent d'obtenir des résultats bénéfiques pour nos communautés, je reste présent et à votre disposition.
[Traduction]
Enfin, sachez que c'est un honneur et un privilège pour moi de servir la communauté parlementaire à titre de directeur, et que le SPP vous est très reconnaissant de votre soutien continu.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, ceci conclut ma déclaration préliminaire. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions, avec l'aide de mon collègue Matt Ritchie, qui travaille ici depuis longtemps.
:
Je vais répondre à cette question en essayant de résumer le mandat de notre service.
Je suis membre de la GRC, ce qui m'a amené a beaucoup travaillé dans le domaine de la protection avec la garde rapprochée du premier ministre, avec l'unité de protection des dignitaires, et avec l'équipe de protection de la gouverneure générale. À titre de directeur de la sécurité, j'ai également participé à l'organisation de plusieurs événements majeurs. Bref, je suis bien placé pour dire que la polarisation de la population s'est considérablement accrue. Il s'agit d'un constat évident, à moins que vous n'ayez vécu en ermite durant les dernières décennies. La plupart des gens ont des opinions de plus en plus tranchées. Ce phénomène a certes toujours existé, mais le degré de polarisation augmente réellement, ce qui a des répercussions considérables en matière de sécurité.
Dans un tel contexte, comment améliorer nos services de protection de manière équilibrée?
Les parlementaires canadiens, au-delà des tâches qu'ils accomplissent au quotidien, représentent les valeurs canadiennes, et la démocratie au premier chef.
Comment assurer un dispositif de sécurité adéquat, à la hauteur des menaces, tout en permettant à la population de conserver un lien de proximité avec ses représentants parlementaires?
J'aimerais pouvoir dire qu'il y a une réponse facile, mais c'est loin d'être le cas. En fait, ce difficile travail d'équilibre constitue une bataille de tous les jours pour nos services. Alors, quelle est la solution?
Je rappelle que des travaux majeurs de rénovation ont lieu au Parlement dans le contexte de la VPLT, notamment à l'édifice du Centre. Comment trouver l'équilibre entre la sécurité et l'utilisation de la technologie moderne, tout en veillant à ne pas se donner des airs d'État policier? Nous voyons cela se produire dans d'autres endroits de la planète, et ce n'est pas ce que souhaite la population canadienne. Ce n'est pas ce que notre Parlement représente.
Comme je l'ai dit, il s'agit pour nous d'un combat quotidien. J'aimerais pouvoir vous donner une réponse simple et rassurante. Notre rôle, notre raison d'être, c'est de toujours demeurer à l'affût des menaces.
L'ensemble des forces de l'ordre, de la GRC ici présente au sergent d'armes, ont augmenté leur capacité de renseignement pour détecter les menaces et faire la distinction entre une menace réelle et une menace perçue. Une personne qui reçoit des commentaires négatifs et des menaces risque de s'inquiéter, car elle ignore s'il s'agit simples paroles en l'air, ou si le danger est réel. Bien entendu, dans le cas d'un Parlementaire, cela risque d'avoir une incidence sur la façon dont il fait son travail.
Voilà l'essentiel de ce que représente pour nous l'institution du Parlement...
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Chers collègues, je vous remercie.
Je m'excuse auprès de mes collègues qui voulaient poser d'autres questions aux représentants du Service de protection parlementaire. J'ai l'impression, et je pense que plusieurs de mes collègues ici présents ont l'impression — du moins mes collègues conservateurs —, que nous ne sommes pas allés jusqu'au bout de la question. C'est‑à‑dire qu'il nous reste encore à formuler les recommandations qui conviennent et à faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé. Il semble y avoir suffisamment d'incohérences dans les témoignages sur la question de savoir si des renseignements ont été partagés ou non entre les parties... Des documents et des témoignages nous ont permis de comprendre que des listes ont fait l'objet de contrôles et que des renseignements ont été échangés entre les parties alors qu'ils n'étaient pas censés l'être. Nous ne saisissons toujours pas très bien comment M. Hunka a pu être invité ni qui aurait dû, au bout du compte, vérifier ses antécédents.
Madame la présidente, chers collègues, je ne pense pas que nous pourrons le savoir tant que nous n'aurons pas entendu la personne qui a envoyé l'invitation, à savoir notre ancien président, collègue et aussi ami, M. Rota, ainsi que des membres du personnel avec lesquels il aurait discuté et qui relevaient directement de lui. Nous avons entendu les représentants de l'Administration de la Chambre des communes. Nous avons entendu le chef du protocole du Parlement ainsi que les représentants du Bureau du Protocole du gouvernement du Canada. Les renseignements que nous avons obtenus sont truffés d'incohérences. C'est pour cette raison que nous devons essayer de comprendre comment M. Hunka a pu être salué à la Chambre des communes, et comment le a pu l'inviter à une activité de financement, à un événement spécial, à une réception exclusive — comme je le précise dans la motion —, à Toronto.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'insister davantage sur les dommages causés à la réputation. Tout le monde s'entend là‑dessus. Si nous voulons présenter un ensemble complet de recommandations qui pourraient nous permettre de changer les directives protocolaires pour qu'aucune autre atteinte à la réputation n'ait lieu, tout en continuant à saluer et à honorer les Canadiens présents dans la tribune... Je suis député depuis plus de 18 ans, et me lever pour applaudir non seulement d'éminentes personnalités du Canada et de l'étranger, mais aussi des êtres humains exceptionnels d'ici et d'ailleurs a été une expérience des plus extraordinaires.
Il serait regrettable que, sans informations suffisantes, et sans vraiment comprendre comment cet incident particulier s'est produit, nous finissions par formuler une recommandation qui affaiblirait, en quelque sorte, notre capacité à être une démocratie ouverte et libre, déterminée à célébrer les grandes réalisations et les grands talents, et que nous ne puissions pas savoir comment empêcher qu'un incident aussi malheureux que celui impliquant M. Hunka ne se reproduise.
J'encourage mes collègues à réfléchir à cela. La motion est rédigée avec de bonnes intentions. Je pense que nous devons obtenir d'autres renseignements pour trouver les pièces manquantes du casse-tête et combler les écarts dans les témoignages que nous avons entendus, et ainsi être en mesure de formuler les meilleures recommandations possible, non seulement dans l'intérêt de notre pays, mais aussi dans l'intérêt de cette institution et de notre démocratie.
Sur ce, je vais m'arrêter là.
Je vous remercie, madame la présidente, de m'avoir permis de parler de ma motion.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à exprimer tout de suite mon appui à la motion qui a été déposée par mon collègue M. Calkins.
Sans la relire au complet, j'aimerais revenir sur ses principaux éléments et expliquer pourquoi elle est importante.
Rappelons que tout cela découle de l'étude que nous sommes en train de réaliser sur l'événement qui s'est passé ici, à la Chambre des communes. Il semble qu'un autre événement auquel le même individu a été invité ait eu lieu pendant la même période.
Le libellé de la motion commence ainsi:
Que, étant donné que le mardi 19 septembre 2023, le premier ministre a invité Yaroslav Hunka à assister à sa réception exclusive avec le président de l'Ukraine à Toronto le 22 septembre 2023 [...]
Dans sa motion, M. Calkins parle évidemment des dommages et de l'embarras international résultant de l'honneur qui a été rendu à Yaroslav Hunka ici. C'est un embarras qui aurait pu être évité si le Cabinet du premier ministre avait fait preuve de diligence raisonnable en vérifiant la liste des invités qu'il avait envoyée au Bureau du protocole du Canada.
Il est même dit dans la motion que ni le premier ministre ni aucun membre de son Cabinet ne se sont encore excusés pour cette invitation. Par conséquent, nous demandons d'avoir la possibilité d'en parler.
Cette semaine, nous avons tenu une réunion. Comme vous avez pu le voir, madame la présidente, nous avons tenté à plusieurs reprises de poser des questions sur l'événement de Toronto. Les représentants du parti gouvernemental n'ont alors pas tardé à invoquer le Règlement pour nous dire que nos questions étaient hors sujet et qu'elles ne portaient pas précisément sur la motion à l'étude. Vous avez alors réagi à leur opposition en demandant à M. Duncan, qui était présent à ce moment-là, de revenir au sujet à l'étude, soit à la présence de M. Hunka à la Chambre.
Les deux événements sont tellement liés que, quand j'ai eu l'occasion de poser des questions au responsable du protocole, il s'est lui-même mis à parler de l'événement de Toronto. À partir de ce moment, j'ai pu continuer à poser mes questions.
Ensuite, le Règlement a de nouveau été invoqué par nos collègues libéraux pour vous demander de nous rappeler à l'ordre. Toutefois, comme vous l'avez d'ailleurs très bien déterminé, j'ai pu poursuivre sur le sujet puisqu'il avait été abordé par le témoin lui-même. Malheureusement, j'arrivais à la toute fin de mon tour de parole.
Cela m'amène à vous dire que j'avais plusieurs questions à poser concernant le lien entre les deux événements. Malheureusement, si nous continuons sur la lancée dans laquelle nous sommes actuellement, nous ne pourrons pas poser ces questions. Nous n'avons pas pu les poser au responsable du protocole et nous ne pourrons pas poser des questions en lien avec l'événement de Toronto, parce que, chaque fois que nous le faisons, un représentant du côté gouvernemental invoque le Règlement en disant qu'elles sont hors sujet.
Or, nous ne pouvons pas traiter ces deux événements, qui se sont déroulés à quelques heures d'intervalle, comme s'ils n'avaient aucun lien entre eux. On doit absolument être capable de faire des liens. Ce n'est pas vrai que les listes n'ont pas été diffusées ni qu'on ne peut pas obtenir de réponses.
Ce que nous avons voulu savoir au sujet de la présence de M. Hunka, c'est: comment se fait-il qu'il ait été invité à cette réception exclusive avec le président de l'Ukraine à Toronto?
Nous avons su qu'une liste des invités avait été fournie par le Congrès des Ukrainiens canadiens. Encore là, est-il normal qu'on ne vérifie pas une liste de 1 000 personnes? Nous aurions pu poser la question. Malheureusement, on nous a empêchés d'aller plus loin sur le sujet.
Le Bureau du protocole du Canada, dont je parlerai plus tard, a-t-il un certain rôle à jouer dans la vérification des antécédents des personnes invitées à des événements demandés par le premier ministre?
Je ne connais pas la réponse, parce que je n'ai pas pu poser la question. Cependant, si elle est affirmative, ne pourrait-on pas emprunter le processus suivi par le bureau du protocole pour l'appliquer aux invitations lancées par la Chambre des communes?
Y a-t-il des différences entre les deux bureaux protocolaires, qui doivent agir de concert quand il s'agit d'événements se déroulant au Parlement et qui, autrement, doivent agir de manière totalement indépendante? Après la rencontre, qui n'était malheureusement pas publique, j'ai eu l'occasion de discuter avec le chef du protocole. Il m'a expliqué que le Bureau du protocole du Canada était mis à contribution pour tous les événements, sans exception, où étaient attendus des diplomates ou des étrangers, ou pour tout événement nécessitant, d'une façon ou d'une autre, des activités protocolaires. C'est normal.
Par contre, cela ne s'applique pas aux activités protocolaires organisées par la Chambre des communes, qui sont automatiquement exclues, parce qu'il s'agit d'un autre champ de compétence. Ce n'est pas un problème. En effet, nous ne voulons pas que le bureau du protocole du gouvernement s'occupe du protocole de la Chambre des communes, parce que nous ne voulons pas voir le gouvernement teinter ou colorer les activités de la Chambre des communes, qui est non partisane par nature et qui permet à chacun des partis d'être présent.
Nous pouvons tout de même nous demander si le Bureau du protocole du Canada aurait pu nous aider en se servant de l'événement survenu à Toronto, en nous donnant des exemples de la façon dont il s'est déroulé et en nous permettant de savoir exactement comment nous aurions pu gérer la situation.
Les gens du Bureau du protocole du Canada pourraient-ils nous dire comment ils reçoivent ces listes et gèrent les invitations? Après la rencontre, j'ai aussi eu l'occasion de poser une question que je n'aurais pas pu poser pendant la rencontre, étant donné, je le rappelle, qu'elle n'était pas publique. Ma question consistait à savoir de quelle façon on reçoit les gens, qui a la responsabilité de s'assurer que la personne se présentant à l'événement a son invitation, s'il s'agit bel et bien de la personne qui a été invitée, et ainsi de suite. C'est la responsabilité du Bureau du protocole du Canada dans le cas de tous les autres événements. Ici, toutefois, notre façon de fonctionner est différente.
Beaucoup de questions très pertinentes pourraient être posées, selon moi, pour que nous puissions avoir l'heure juste et aboutir à un rapport comportant non seulement des réponses, mais surtout des façons de procéder permettant qu'un incident de ce genre ne se reproduise plus.
Comme vous le savez, je reçois des commentaires au moins une fois par semaine sur le fait que nous avons honoré cette personne dans la tribune du Président. Je ne vais pas citer le contenu de ces commentaires. Je pense que tous les députés ici présents en ont reçu. Pour ma part, j'en reçois encore, même s'il s'est écoulé plusieurs mois depuis l'incident. Nous n'avons pas d'autre choix que d'agir d'une manière responsable.
Nous ne pouvons pas fermer les yeux, mettre des œillères et considérer uniquement ce qui s'est passé ici, sans tenir compte de l'autre événement, qui s'est produit presque en même temps et qui a mis à contribution deux services protocolaires complètement différents. Je veux absolument savoir ce qui les différencie. Je veux pouvoir poser des questions sur cet incident afin d'être en mesure de mettre en contexte ce qui s'est passé ici.
Le Bureau du protocole du Canada organise un très grand nombre d'événements, beaucoup plus que le Service du protocole parlementaire. C'est normal. Le Canada est vaste, des événements se tiennent partout au pays et des invités y participent. Par exemple, nous avons rencontré aujourd'hui des gens du Service de protection parlementaire, qui préparaient la visite du premier ministre français. De son côté, le Bureau du protocole du Canada a dû gérer le reste de la visite un peu partout au pays, ce qui n'est pas rien. On parle ici d'une expérience utile dont nous devons traiter ici.
Pour toutes ces raisons, nous devons être en mesure de poser des questions sur l'événement de Toronto, parce qu'il concerne le même individu. Même s'il a décliné l'invitation, il avait été invité. Je veux savoir comment s'est déroulé le processus dans le cas de cette invitation, jusqu'où cela s'est rendu, pourquoi, qui était en cause, et ainsi de suite. La question se pose pour ici également.
Dans la deuxième partie de la motion, il est question de M. Rota, pour qui j'ai beaucoup de respect. Il avait accepté d'assumer la responsabilité d'un événement qui s'est avéré fâcheux. Par la suite, il a remis sa démission. Il est assez rare qu'une personne démissionne à la suite d'une erreur. Depuis 2015, la situation ne s'est pas produite souvent. Il pourrait aussi s'agir de raisons que nous ne connaissons pas. En effet, nous n'avons pas eu l'occasion de lui poser des questions à ce sujet.
Depuis le début de l'étude, tout le monde tourne autour du sujet. Nous tentons d'avoir des réponses du bureau du premier ministre et du bureau du protocole. Nous voulons savoir comment l'invitation a été faite et transmise.
Nous avons reçu une lettre de M. Rota, qui a assumé sa responsabilité de manière très digne, c'est le moins qu'on puisse dire. Cela dit, M. Rota a les réponses à plusieurs de nos questions.
Comme je l'ai dit, j'ai personnellement reçu des blâmes en lien avec cet événement, et j'en reçois encore. M. Rota pourrait nous expliquer les choses. Il pourrait mettre le couvercle sur la marmite ou nous dire autre chose. Il faut lui poser des questions et lui donner l'occasion de défendre sa réputation. C'est peut-être ce que M. Rota va faire, mais je ne le sais pas, parce que nous n'avons pas eu l'occasion de lui poser des questions. Comment cela s'est-il déroulé? De quelle manière M. Rota a-t-il transmis l'invitation? Comment a-t-il appris l'existence de M. Hunka? Quand a-t-il décidé de lui rendre hommage? Qui a rédigé son discours? De quelle manière son discours a-t-il été rédigé? A-t-il soumis cette information au bureau du premier ministre?
Il faut le dire, il s'agissait d'une visite importante, surtout dans le contexte du conflit avec la Russie. Une chose est sûre, il y a un manque de la part du gouvernement. En effet, s'il n'était pas au courant de chacune des étapes et de chacune des secondes de la visite de M. Zelenski, il y a un manque. S'il était au courant, alors il y a un manque sur le plan des vérifications préalables concernant l'invité.
À plusieurs reprises, nous avons tenté d'avoir des réponses de plusieurs témoins. Malheureusement, il semble que, tant et aussi longtemps que nous n'entendrons pas, de vive voix, les commentaires de l'ancien Président de la Chambre des communes, c'est-à-dire de M. Rota, nous ne serons pas en mesure d'avoir les réponses à ces questions.
M. Rota et son équipe...