La séance est ouverte.
Bienvenue à la 65e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour poursuivre son étude sur l'ingérence étrangère dans les élections.
Pendant notre réunion de ce matin, puisque nous avons également une réunion en soirée, nous accueillerons les étudiants d'une classe de 12e année du Havergal College de Toronto qui, avec leur enseignante Mme Buchanan, qui visitent aujourd'hui Ottawa dans le cadre du cours sur le Canada et la politique internationale. Lorsqu'ils seront avec nous, je vous invite à les saluer.
La greffière et moi-même tiendrons à jour une liste globale des membres du Comité qui souhaitent intervenir.
Conformément à la motion adoptée par le Comité, nous passons en revue les noms de toutes les personnes qui ont été invitées.
J'aimerais mentionner que M. Walied Solomon a été invité à comparaître, mais qu'il ne pouvait pas. Nous avons aussi invité Mme Jenni Byrne et Mme Tausha Michaud, et nous espérons les recevoir sous peu.
Nous accueillons aujourd'hui M. Jeremy Broadhurst, conseiller principal du , et M. Azam Ishmael, directeur national du Parti libéral du Canada. Pour la deuxième partie de la réunion, nos témoins seront M. Fred Delorey, ancien directeur de la campagne nationale du Parti conservateur, et M. Hamish Marshall, partenaire, Recherche, One Persuasion Inc. qui sera avec nous par vidéoconférence.
Je crois que vous avez levé la main, monsieur Fergus?
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Merci, madame la présidente.
Je ne veux pas prendre trop de temps non plus, mais je pense qu'il faut souligner qu'il est question d'une motion adoptée par le Comité. Les conservateurs ont passé énormément de temps à exiger que Katie Telford comparaisse, ce qu'elle a fait, tout comme les autres témoins que nous avons entendus jusqu'à maintenant.
Si la personne invitée est dans l'impossibilité d'être ici aujourd'hui ou jeudi, je recommanderais vivement qu'elle nous transmette les dates auxquelles elle sera disponible. Je voudrais surtout éviter que nous en arrivions aux mêmes questions que celles posées par les conservateurs pour tenter de savoir ce que cette personne cache et pourquoi elle n'est pas disposée à témoigner.
Madame la présidente, je m'en remets à votre solide leadership pour ce qui est de l'établissement du calendrier des réunions, mais je veux m'assurer que toutes les personnes invitées se présentent, considérant le tollé soulevé par les conservateurs pour obtenir que tous les témoins comparaissent.
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Merci, madame la présidente et membres du Comité.
Comme vous l'avez précisé dans votre présentation, je suis le directeur national du Parti libéral du Canada et j'ai été le directeur national de la campagne générale de 2021.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui et d'avoir accepté votre invitation à témoigner dans le cadre de votre étude sur l'ingérence étrangère dans les élections.
[Français]
L'intégrité de la démocratie canadienne a une importance primordiale non seulement pour mon organisation, mais aussi pour moi, à titre personnel.
En tant que professionnel de la politique ayant travaillé ardemment pendant de nombreuses années pour développer une réputation d'intégrité, de conformité, de diligence et de prudence, et disposant d'un bilan de réussite, je suis heureux de participer aujourd'hui aux travaux du Comité et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour faire la lumière sur les questions touchant votre étude.
[Traduction]
La presse a beaucoup parlé de cette question. Aujourd'hui, dans ma déclaration préliminaire et en répondant à vos questions, je dois respecter deux contraintes.
J'aimerais d'abord préciser que certaines de vos questions pourraient porter sur des renseignements qui m'auraient été transmis parce que je détiens une autorisation de sécurité accordée par le programme d'autorisation de sécurité du Canada. Par conséquent, sur le plan juridique, il m'est interdit de divulguer ces renseignements classifiés. Je comprends et je respecte la portée du privilège accordé aux membres du Comité de poser des questions, mais je ne peux pas enfreindre mes obligations juridiques en matière de confidentialité ou risquer de compromettre la sécurité nationale en répondant à ces questions.
Deuxièmement, après avoir pris connaissance des transcriptions de vos réunions précédentes, j'ai l'impression que vous examinez certains enjeux qui pourraient porter sur des sujets abordés lors de courtes réunions ou d'interactions qui se sont produites pendant une campagne électorale très intense et mouvementée qui s'est déroulée il y a quelques années. Bien que je sois déterminé à répondre le plus honnêtement possible à vos questions au sujet de mes souvenirs, je dois vous avouer bien franchement que je ne me souviens pas des détails de toutes les discussions que j'ai eues pendant cette campagne.
De façon générale, permettez-moi de rassurer le Comité sur trois points reposant sur mes connaissances, les renseignements dont je dispose et mes convictions.
Premièrement, pendant mon mandat à titre de directeur national, le Parti libéral du Canada n'a jamais sciemment accepté l'appui de quelque État étranger que ce soit ou fermé les yeux sur l'ingérence d'un État étranger dans une élection canadienne. Nous n'avons pas accepté tacitement l'aide d'un État étranger et nous ne l'avons pas encouragé.
Deuxièmement, le Parti libéral du Canada a mis en place de nombreuses mesures de conformité pour assurer le respect rigoureux de la Loi électorale du Canada et d'autres lois applicables par nos candidats, nos candidats à l'investiture et nos équipes de campagne. Ces mesures comprennent une formation poussée, un soutien à la vérification détaillée et des fonctions de conformité, ainsi que la coordination centralisée de plusieurs ressources de campagne. De plus, nous avons mis en place des règles qui régissent la conduite des campagnes d'investiture ainsi que des processus qui renforcent la confiance à l'égard de la participation du public à toutes les étapes du processus politique.
Comme tous les partis politiques, nous ne pouvons évidemment pas nous exprimer de manière vérifiable sur les agissements personnels de nos dizaines de milliers de bénévoles, de travailleurs de campagne, de collecteurs de fonds et de sympathisants dans l'ensemble du pays. Par contre, nous avons confiance en nos protocoles en matière de conformité.
[Français]
Troisièmement, je tiens à mentionner que je suis extrêmement fier du travail accompli d'un océan à l'autre par le personnel de la campagne électorale et les bénévoles du Parti libéral du Canada pour aider à protéger notre processus démocratique.
Nous avons tous un rôle à jouer dans la prévention de l'ingérence étrangère dans nos élections. Je suis fier de travailler pour un parti national qui bénéficie de l'appui et de la participation de millions de Canadiens et de Canadiennes représentant toutes les facettes de la société.
[Traduction]
Madame la présidente, j'aimerais beaucoup pouvoir partager tous les détails de cette affaire avec le Comité, car que je suis convaincu qu'un tel examen montrerait sans équivoque que les décisions qui ont été prises par moi et d'autres responsables libéraux étaient irréprochables. Nous pouvons être en désaccord avec les autres partis en matière de politiques, mais nous avons tous cherché à faire ce qu'il fallait pour protéger la démocratie canadienne contre l'ingérence étrangère.
Malheureusement, certains de ces détails ne peuvent pas être divulgués ici. À cet égard, vous devrez vous en remettre aux processus d'examen classifiés qui ont été mis en place en réponse à cette situation, y compris l'examen du rapporteur spécial.
Je remercie le Comité de son attention et, sous réserve des mises en garde qui précèdent, je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Jeremy Broadhurst. Je travaille actuellement au Cabinet du premier ministre à titre de conseiller principal du .
Au printemps 2019, j'ai pris un congé sans solde de mon poste de chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères pour agir à titre de directeur national de la campagne du Parti libéral du Canada pour les élections de 2019.
L'étude que le Comité mène actuellement porte sur deux sujets sur lesquels ma carrière en politique et au gouvernement m'a permis d'acquérir de bonnes connaissances.
Le premier concerne les activités de renseignement du Canada, et plus particulièrement les efforts déployés pour lutter contre l'ingérence étrangère dans notre pays. Bien que j'aie joué un petit rôle dans les efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre l'ingérence étrangère, tant au Cabinet du premier ministre qu'à Affaires mondiales, on m'a demandé aujourd'hui de comparaître en raison de mon rôle dans la campagne électorale de 2019.
Les allégations concernant des tentatives d'ingérence dans notre processus politique menées par des acteurs étatiques sont extrêmement troublantes et ont été prises très au sérieux par le gouvernement et, je crois, par tous les partis politiques.
Il est important de se rappeler qu'en 2019, nous avons également vu des groupes d'intérêts sans affiliation évidente avec un État travailler à l'étranger pour sciemment polluer notre paysage politique avec des mensonges et de la propagande idéologique visant à ternir la réputation des politiciens et à embrouiller et décourager les Canadiens, qui autrement auraient participé avec enthousiasme à notre système politique.
Le Parti libéral du Canada a déployé des efforts considérables, dont nous serions heureux de discuter, pour réduire les répercussions de tous les types d'ingérence étrangère. Le Parti libéral est toujours prêt à aider les autorités compétentes dans leurs efforts pour lutter contre l'ingérence étrangère, et il tente d'aider ses candidats et ses bénévoles à reconnaître les vulnérabilités possibles et lorsqu'ils sont ciblés. Il faut souligner un aspect qui a été négligé dans le récent débat public sur l'ingérence étrangère, c'est-à-dire que les politiciens sont la plupart du temps les victimes, mais qu'ils n'ont pas toujours eu les outils nécessaires pour la reconnaître et la prévenir.
L'autre question pour laquelle je participe à votre étude est celle des droits et privilèges des parlementaires. J'ai travaillé dans les bureaux de députés d'arrière-ban et de ministres. J'ai travaillé dans l'opposition et au gouvernement. J'ai un profond respect pour le Parlement, ses députés et le travail qu'ils accomplissent. J'ai toujours été persuadé que, pour réaliser le travail pour lequel ils ont été mandatés à Ottawa par les électeurs, les députés doivent détenir des pouvoirs et des privilèges extraordinaires.
En réfléchissant au travail que vous effectuez aujourd'hui, il me vient en tête un événement particulier auquel j'ai participé. De 2009 à 2011, j'occupais le poste de directeur des affaires parlementaires du chef de l'opposition alors que nous étions engagés dans une longue lutte avec le gouvernement conservateur de l'époque au sujet du droit du Parlement à avoir accès aux documents relatifs au traitement et au transfert des détenus afghans.
La lutte a fini par aboutir à une décision historique de Peter Milliken, qui était alors le Président de la Chambre, qui a jugé que les parlementaires avaient le droit d'obtenir des documents même si ceux‑ci contenaient des renseignements sensibles liés à la sécurité nationale qui en auraient autrement restreint la diffusion. Cependant, pendant toute cette affaire, les députés de l'opposition de tous les partis n'ont jamais affirmé que ces privilèges parlementaires étaient inconditionnels. Ils comprenaient que les privilèges s'accompagnent toujours de responsabilités connexes.
À ce moment, même avec le pouvoir accordé par la décision du Président, les partis de l'opposition comprenaient qu'ils iraient à l'encontre de leurs responsabilités s'ils demandaient l'accès aux documents en l'absence de mesures appropriées pour protéger les intérêts du Canada en matière de sécurité nationale.
À cette fin, tous les partis de l'opposition ont négocié avec le gouvernement, et finalement le Bloc québécois et le Parti libéral ont conclu une entente avec le gouvernement concernant un accès contrôlé aux documents. Les parties ont désigné des membres qui obtiendraient la cote de sécurité appropriée et qui pourraient ensuite prendre connaissance de ces documents dans un endroit sûr.
Le droit des parlementaires d'avoir accès aux documents dont ils ont besoin pour demander des comptes au gouvernement a été respecté sans que la sécurité nationale ne soit compromise. Il est important de préciser qu'il n'y a eu aucune fuite. Le privilège a été exercé de manière responsable.
Inspiré par cette expérience, le actuel s'est engagé en 2015 à établir un comité permanent de parlementaires qui seraient autorisés à examiner les documents très secrets. Cet engagement a mené à la création du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR.
En enchâssant ces garanties, en codifiant en fait les responsabilités, l'existence du CPSNR garantit qu'aucun gouvernement, actuel ou futur, ne peut refuser une demande d'information ou de témoignage au motif que l'information ne peut pas être transmise de façon sûre et sécuritaire.
Maintenant, il a été annoncé que le CPSNR entreprenait un examen portant sur le sujet qui vous occupe aujourd'hui. Le gouvernement s'est engagé à lui donner accès à tous les documents et à tout le personnel qu'il contrôle pour l'aider dans cette étude. Ce comité pourra déposer un rapport au Parlement dans lequel il tirera des conclusions en fonction des documents examinés pour faire la lumière sur cette affaire et rassurer les Canadiens sur ce qui s'est passé, ou soulever d'autres préoccupations et suggérer des solutions raisonnables pour y répondre.
Je terminerais en disant que je crois qu'il est bon que les parlementaires mènent cette étude dans le cadre du CPSNR, et que le public soit assuré qu'ils font ce travail de manière responsable. Dans ce contexte, les témoins ne se trouvent pas dans la difficile position de devoir choisir entre les serments prêtés pour protéger les secrets du Canada et les privilèges des parlementaires qui posent des questions, comme vous le faites dans le cadre de votre étude.
Pour ma part, je vais faire tout mon possible aujourd'hui pour répondre à vos questions en tenant pleinement compte du forum public dans lequel nous nous trouvons. Je ne violerai pas les serments que j'ai prêtés pour assurer la protection des secrets de notre pays. Je m'efforcerai aussi de ne pas contribuer à la propagation d'allégations non fondées qui portent atteinte à la vie et à la réputation de personnes qui ne sont pas représentées ici pour se défendre.
Merci, madame la présidente.
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Je vais répondre en partie à cette question. Je vais également demander à M. Ishmael de vous parler de sa participation, car je crois qu'il pourrait vous donner des renseignements supplémentaires.
Après avoir assisté à la séance d'information, M. Ishmael m'a mis au courant puisque j'étais le directeur national de la campagne. Je détenais la cote de sécurité requise, car je l'avais obtenue dans le cadre de mon emploi précédent et elle était encore valide même si j'avais pris un congé. C'est quelque chose que nous avions confirmé avant la campagne. C'est pourquoi nous n'avons pas utilisé un des créneaux prévus pour le parti à cet effet.
Ensuite, nous avons décidé qu'il serait approprié de transmettre au les renseignements communiqués lors de cette séance d'information. Nous devions veiller à ce que cela se déroule en toute sécurité, ce qui est parfois difficile pendant une campagne électorale, puisque le chef du parti se déplace.
En fait, puisqu'il devait être à Ottawa le lendemain, je l'ai informé de façon sécuritaire le 29 septembre.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Par votre entremise, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux deux témoins qui sont avec nous aujourd'hui.
Merci, messieurs, de vous joindre à nous.
J'ai quelques questions et j'aimerais commencer par M. Ishmael.
Nous savons que les représentants autorisés du Parti libéral du Canada ont participé à de nombreuses séances d'information sur l'ingérence étrangère lors des élections de 2019 et de 2021. Nous avons reçu un rapport du Bureau du Conseil privé indiquant quels partis ont reçu des séances d'information, à quelles dates, etc.
Je comprends que vous ne pouvez pas révéler les détails de ces séances d'information, mais j'aimerais savoir si elles vous ont été utiles. Avez-vous des recommandations sur ce qui pourrait être fait pour améliorer ces séances d'information?
Nous avons aussi entendu un peu parler de certains des outils qui sont fournis au personnel électoral, aux candidats, etc. Pourriez-vous nous donner des détails sur la formation que vous recommanderiez afin que le Comité puisse peut-être faire des propositions à l'intention des candidats lors des campagnes, et aussi des bénévoles?
Nous avons assisté à plusieurs séances d'information au fil des ans. De façon générale, elles ont été utiles pour obtenir ces renseignements. En tant que directeur national du parti, je ne travaille pas pour le Parlement. Je ne suis pas un employé du gouvernement du Canada. Je suis responsable du fonctionnement du Parti libéral du Canada, et le fait d'être amené dans cette sphère et d'être informé de certaines choses à surveiller, de choses que nous pourrions partager avec les nouveaux candidats… À peu près au moment où ces discussions se produisaient, je crois que le Centre de la sécurité des télécommunications Canada a préparé, et publié, un manuel sur la cybersécurité et la façon d'y sensibiliser les candidats.
Nous avons repris les points saillants de l'information transmise pour les diffuser de manière générale dans nos campagnes afin de nous assurer que la cybersécurité soit la responsabilité de tous, autant pour les libéraux que pour les conservateurs ou les néo-démocrates. L'intégrité de notre système est essentielle à son fonctionnement.
En ce qui concerne les améliorations qui pourraient être apportées au processus, je dirais que ces séances ont souvent lieu juste avant une élection. Nous sommes donc obligés d'essayer d'y réserver du temps alors que nous sommes déjà dans une période très occupée. Bien sûr, ce sont des rencontres importantes portant sur des renseignements qui sont importants à partager, mais ce serait beaucoup plus facile s'il y avait un engagement continu envers les partis politiques afin d'avoir une communication constante. Souvent, on nous apprend des choses, et, en toute franchise, lorsque nous ne connaissons pas bien le langage utilisé par les organismes de sécurité, nous nous sentons un peu à l'écart.... Chaque domaine a son propre vocabulaire, son propre jargon et il est parfois un peu difficile d'apprendre à le connaître, mais j'ai eu la chance d'agir à titre de personne habilitée à deux reprises et j'avais donc un peu plus d'expérience en 2021.
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Très rapidement, j'ai eu l'honneur de travailler à un niveau relativement élevé à six campagnes électorales fédérales. Les trois premières étaient avec l'opposition.
Nous avons trouvé qu'il était très frustrant de n'avoir aucun accès à l'univers du renseignement de sécurité pendant ces campagnes. Il y a eu des moments où nous avions des préoccupations sur certaines choses, comme des centres de télésollicitation basés à l'étranger, et nous n'avions nulle part où communiquer mes inquiétudes. Nous n'avions nulle part où nous renseigner sur ce qu'étaient nos droits et nos devoirs dans ces circonstances.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir en 2015, il n'y avait vraiment rien. Les partis avaient été abandonnés pour s'en occuper eux-mêmes, même s'ils étaient vraiment aux premières lignes de la lutte contre l'ingérence étrangère. Le gouvernement a jugé qu'il était très important de commencer à mettre en place des mesures de soutien destinées à tous les partis — pas seulement au parti ministériel, mais aussi aux partis de l'opposition — et de fournir un mécanisme permettant de communiquer les préoccupations, d'obtenir des renseignements et de comprendre les vulnérabilités.
Le système évoluera comme il se doit pour répondre aux besoins des partis. Les partis sont des institutions essentielles au fonctionnement de la politique et ils ont besoin de ce genre d'appui. Ils détiennent beaucoup de renseignements importants et de renseignements liés à la sécurité qu'ils doivent protéger sur le plan électronique. Ils protègent aussi les candidats qui sont visés pour la première fois par certaines de ces tentatives.
C'est une bonne chose que le système soit en place et j'espère qu'il continuera d'évoluer et de s'améliorer.
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Puis‑je vous interrompre? J'ai l'impression que je dois clarifier la question.
Je comprends votre rôle. Je suppose donc qu'en tant que responsable d'un parti, si vous apprenez quelque chose de préoccupant au sujet d'un candidat en particulier ou de sa campagne, peu importe de quoi il s'agit... Quel est votre processus pour entrer en contact avec le chef de votre parti pendant une campagne et, ensuite, avec le candidat?
Je ne vous demande pas d'être juge et partie, mais de dire ce qui se passe quand un sujet de préoccupation est soulevé et comment vous réagissez, autrement dit, quel est le processus. J'essaie de comprendre quel est le processus interne du parti.
J'espère être plus claire.
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Je suis désolée. J'ai l'impression d'avoir beaucoup de mal avec mes questions aujourd'hui.
J'ai dit précisément dans ma question si vous aviez une séance d'information, ce qui veut dire que je supposais que l'information viendrait du bon endroit. Quel est votre processus interne?
Nous sommes en train de parler de ce que cela représente d'être quelqu'un qui met sa vie entre parenthèses pour diriger un parti, et toutes ces histoires d'ingérence sortent dont les députés ne sont pas toujours au courant. Ce que j'essaie de comprendre, c'est, si vous obtenez l'information, au sein du parti, comment vous vous y prenez pour parler des prochaines étapes à votre chef, à vos candidats et au directeur de campagne de la personne concernée.
J'espère que cela clarifie la question.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais aussi remercier les témoins qui sont avec nous aujourd'hui. Leurs propos sont très intéressants.
Monsieur Ishmael, tout d'abord, j'aimerais vous exprimer ma reconnaissance pour l'important travail que vous faites.
Je veux que nous parlions de ce qui s'est passé pendant les élections de 2021.
[Traduction]
Le Parti conservateur prétend que des tentatives d'ingérence étrangère ont fait basculer des circonscriptions aux dernières élections, notamment dans la région du Grand Toronto et en Colombie‑Britannique. J'y viendrai dans un instant.
Il me semble important de commencer par rappeler aux députés que des membres du groupe d'experts chargé d'alerter les Canadiens en cas d'incident menaçant l'intégrité de nos élections ont confirmé au Comité que s'il y avait eu dans une circonscription un incident répondant au critère, ils auraient alerté les Canadiens. Comme vous le savez, ce n'est pas arrivé.
L'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, l'OSSNR, nous a également expliqué que le Parti conservateur a soulevé des questions et des préoccupations auxquelles il a été répondu de façon approfondie et que les renseignements ne corroboraient pas l'information et les allégations présentées.
Cela étant dit, j'ai ma propre idée sur le sujet, mais j'aimerais entendre vos points de vue sur l'information portée à l'attention du comité dont vous faisiez partie en 2021 et sur les suites qui y ont été données.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Le a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'a jamais reçu d'information disant que des candidats recevaient des fonds chinois. Pouvez-vous confirmer que le premier ministre n'a connaissance d'aucun candidat, d'aucune nomination, d'aucune association électorale de district ou d'aucun parti politique qui aurait reçu des fonds de Pékin, directement ou indirectement?
Ensuite, après les séances d'information des 28 et 29 septembre — avec le SCRS le 28 et le le 29 —, pouvez-vous confirmer si d'autres renseignements sur ces affaires ont été communiqués à des entités extérieures, y compris à des autorités ou aux forces de l'ordre?
Je vous remercie, madame la présidente.
:
Je suis d'accord avec vous.
Je pense qu'il est parfois facile pour les observateurs de la politique de faire l'erreur de penser, en particulier en ce qui concerne les communautés ethniques, qu'il existe une sorte de bloc monolithique qui a ses propres problèmes qui sont étrangers aux autres. Ce n'est évidemment pas le cas. Les Canadiens ont une drôle de façon de se faire leur propre opinion sur les questions qui sont importantes pour eux lors d'une campagne électorale.
Nous avons pu voir à plusieurs reprises en 2019 qu'un message portant sur la sécurité des collectivités, en particulier le contrôle responsable des armes à feu, y trouvait un écho.
Dans certaines de ces circonscriptions qui avaient précédemment voté pour les conservateurs, on avait le sentiment que le Parti conservateur avait perdu la main sur ce point. Nous avons été capables de repérer cela et de présenter de bons candidats pour remporter les élections.
C'est excellent.
Je voudrais, au nom des membres du comité PROC, vous remercier tous les deux de vous être joints à nous.
Des députés ont demandé certains renseignements. Si vous pouviez les envoyer à la greffière, elle les fera circuler. Si vous pensez à quelque chose d'autre que vous auriez aimé dire ou que vous vouliez partager, n'hésitez pas à en informer la greffière. Là encore, la greffière fera circuler l'information.
Sur ce, je vais ...
Monsieur Cooper, est‑ce que ça concerne ce dont nous parlons? Je dois serrer les rennes, car nous avons d'autres invités.
:
Madame la présidente, bonjour et merci de m'accueillir.
Je m'appelle Fred DeLorey. J'ai été directeur de la campagne nationale des conservateurs lors des dernières élections générales.
En ce qui concerne le sujet qui nous occupe, je vais vous dire ce que j'ai entendu et ce que je sais, mais étant donné le peu de temps dont je dispose pour ma déclaration liminaire, c'est dans mes réponses aux questions que vous poserez plus tard que je pourrai présenter mon opinion d'expert. Sur ce, je vais commencer tout de suite.
Sur le sujet de l'ingérence étrangère pendant la campagne, nous avons bien entendu quelques rumeurs sur ce qui se passait, mais elles étaient, au mieux, anecdotiques. Pendant les campagnes électorales, il est courant d'entendre des rumeurs de mauvaise conduite, et celles‑ci ne débouchent généralement sur rien. Cependant, une fois la campagne terminée, nous avons remarqué que certains résultats nous semblaient étranges. C'est à ce moment‑là que les rumeurs internes d'ingérence étrangère se sont intensifiées. En entendant cela, j'ai demandé à nos équipes fonctionnelles sur le terrain d'enquêter sur la question en communiquant avec les différentes campagnes locales et à me revenir là‑dessus.
Le rapport que j'ai reçu m'est parvenu sous la forme d'une note de service. Je vais lire cette note maintenant et je serai heureux de fournir au Comité sa version électronique plus tard, ainsi que les pièces jointes qui y sont mentionnées.
Voici un extrait de la note de service:
« Il y a de bonnes raisons de penser qu'un acteur extérieur a exercé une certaine influence sur la collectivité chinoise lors de la 44e élection générale. D'après nos entretiens avec les équipes de campagne et les organisateurs régionaux, nous pensons que cette influence a eu une incidence négative sur notre position dans ces circonscriptions: Metro Vancouver: Richmond-Centre, Steveston—Richmond-Est, Coquitlam—Port Coquitlam, Fleetwood—Port Kells; dans la région du Grand Toronto: Markham—Stouffville, Markham—Unionville, Richmond Hill, Willowdale, Don Valley-Nord, Scarborough—Agincourt, Aurora—Oak Ridges—Richmond Hill, Newmarket—Aurora et, dans une certaine mesure, Mississauga-Centre. »
« Par le truchement de groupes de messages sur WeChat, des articles textuels et de type contenu d'information ont été diffusés, qui visaient directement les conservateurs ou exprimaient un soutien aux libéraux. D'après ce que nous avons entendu, ces articles ont été publiés sur toutes sortes de groupes, en particulier des groupes non politiques. Cependant, lorsque l'un de nos sympathisants a publié certains articles proconservateurs, il s'est vu répondre que leur contenu était trop politique et a été retiré des groupes.
« Par exemple, un article commence par "Crise pour les Canadiens d'origine chinoise, nous devons nous sauver", "Empêchez les extrémistes conservateurs d'accéder au pouvoir". Un autre est "Les libéraux veulent votre argent, les conservateurs veulent votre vie", un troisième est "La version canadienne de Trump, le chef du Parti conservateur, veut bloquer WeChat et a promis de combattre la Chine jusqu'à la fin". Vous trouverez ci‑joint d'autres exemples d'articles qui ont été postés et partagés. »
Comme vous le savez, WeChat est la principale plateforme de média social de messagerie utilisée par la collectivité sinophone au Canada et est directement contrôlée par des sociétés chinoises. Des publicités anti-conservateurs sans code d'autorisation ont également été affichées sur les écrans numériques d'une épicerie chinoise à Scarborough—Agincourt.
La dernière partie de cette note interne qui m'est adressée se lit comme suit:
« Il semblerait qu'on ne s'attendait pas à ce que les libéraux fédéraux réussissent aussi bien au sein de la communauté chinoise et qu'ils n'ont pas coordonné directement cette campagne. »
Encore une fois, je suis prêt à transmettre au Comité cette note de service et les pièces qui y sont jointes.
Après avoir reçu la note, je l'ai transmise à nos représentants dans le groupe de travail, car nous avions reçu l'instruction de tout faire passer par là.
Nos représentants m'ont informé plus tard que lorsqu'ils ont apporté les preuves au groupe de travail, on leur a dit qu'il y avait un vide législatif et qu'il n'y avait rien à faire.
Voilà qui conclut ma déclaration liminaire, madame la présidente.
:
Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Hamish Marshall. J'étais le directeur de la campagne nationale du Parti conservateur du Canada lors des élections fédérales de 2019.
De toute évidence, les élections de 2019, ou la période qui les a précédées se sont déroulées dans l'ombre d'allégations d'ingérence étrangère dans diverses démocraties occidentales. Notre parti a pris cette question au sérieux et a poussé le gouvernement à agir. C'est un sujet que j'ai pris au sérieux en tant que directeur de campagne et avec notre équipe de campagne.
Au début de mon mandat de directeur de la campagne nationale, j'ai rencontré un universitaire chevronné de l'une des plus grandes universités du Canada, qui m'a clairement indiqué quelle devait être mon hypothèse de travail et celle de tous les membres de notre équipe de campagne: nous devrions supposer que toutes nos communications électroniques ont été compromises par les services secrets chinois et peut-être aussi d'autres pays. C'est une chose que nous avons prise au sérieux. Nous avons considéré qu'il s'agissait d'une affaire surveillée par des puissances étrangères, à tout le moins.
Le gouvernement a créé le protocole et un comité de hauts fonctionnaires avec la mission d'informer le public si un certain seuil d'ingérence était franchi, pas s'il y avait effectivement ingérence; nous avons vu qu'il y en avait une. Après les élections de 2019, des rapports ont fait état de petits cas d'ingérence, mais aucun d'entre eux n'a atteint le seuil fixé.
J'étais l'un des représentants du Parti conservateur du Canada qui a obtenu la cote de sécurité de niveau secret du Groupe de travail MSRE — le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections. J'ai assisté à des réunions d'information avant et pendant les élections. Il y a eu probablement une demi-douzaine de séances d'information en tout. Lors de ces réunions, on m'a demandé de ne pas parler des détails de ce qui a été discuté et de ce qui a été partagé avec nous sous la protection de notre cote de sécurité de niveau secret. Je ne pourrai donc pas donner de détails à ce sujet.
Je dirai cependant que l'inclusion des partis politiques était une bonne idée. Au début du processus, il était très clair que les services de renseignement et, franchement, de nombreux fonctionnaires avaient une vision confuse des partis politiques. Je crois que M. Broadhurst a dit tout à l'heure qu'il avait l'impression que ce que nous faisons et nos procédures n'étaient pas très bien compris, et je me ferai l'écho de cette opinion. On avait l'impression que les partis politiques étaient des institutions bizarres qui étaient en quelque sorte du côté du gouvernement. Il y avait presque un certain malaise à traiter avec les partis politiques.
À mon sens, les partis politiques sont des institutions fondamentales pour la nature de la démocratie au Canada, et il était donc bon de les intégrer dans le processus du Groupe de travail MSRE. Je regrette qu'il ait pris fin à ce moment‑là. Je pense que nous devrions envisager un scénario dans lequel les partis politiques seraient informés et impliqués dans ces questions d'ingérence électorale entre les élections, et pas seulement durant la période précédant immédiatement les élections et pendant celles‑ci. Je pense que cela renforcerait la confiance et constituerait une meilleure interaction entre les services de renseignement et les partis politiques, qui, franchement, seront souvent les premières organisations à voir des preuves d'ingérence étrangère. Je pense que la possibilité d'avoir ces dialogues est extrêmement précieuse.
Je dirai également, pour faire écho à ce que vient de dire M. DeLorey, qu'il semble y avoir une grande réticence, ou beaucoup de réticence — je ne peux parler que de 2019 — à déclarer tout ce qui dépasse le seuil de divulgation publique. Il me semble que les personnes concernées, les fonctionnaires touchés, étaient plus préoccupés par le fait d'être accusés d'interférer eux-mêmes avec les élections en rendant quelque chose public que par la possibilité d'une ingérence étrangère. Je pense que presque tout ce qui est arrivé n'aurait pas atteint le seuil, quel qu'il soit, de divulgation, parce qu'ils craignaient tellement d'être perçus comme des auteurs d'ingérence.
C'est peut-être à juste titre, mais c'est quelque chose qui doit être corrigé à l'avenir. Les élections de 2019 ont eu lieu. Il y a eu un rapport après coup disant qu'il y avait eu ingérence, mais ce n'était pas suffisant pour en parler pendant la campagne. Je pense que la question de savoir où se situe la limite ne peut que contribuer à miner la confiance dans les élections canadiennes. Nous devons tous être extrêmement prudents à ce sujet.
C'est avec plaisir que je parlerai davantage de cela.
:
J'ai une dernière question, je l'espère.
Nous savons que le Parti conservateur a déposé ces plaintes auprès du Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections, comme vous l'avez mentionné dans votre déclaration liminaire.
Nous savons que le conseiller à la sécurité nationale et au renseignement a déclaré que l'agent de liaison inscrit du Parti conservateur du Canada, qui, si j'ai bien compris, était Walied Soloman — qui n'est pas ici aujourd'hui et ne peut malheureusement pas confirmer ou infirmer cette information — a reçu « une réponse très détaillée qui lui a été adressée vers le 22 octobre 2021 », et qu'« il a reçu une réponse très complète à l'époque ».
Pouvez-vous confirmer que le Parti conservateur du Canada a reçu cette réponse que mentionne Jody Thomas dans son témoignage?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être avec nous.
Mes questions s'adresseront davantage à M. DeLorey, mais si vous désirez ajouter quelque chose, monsieur Marshall, n'hésitez pas à le faire.
Monsieur DeLorey, j'aimerais avoir vos commentaires sur le genre d'information que les directeurs de campagne pouvaient recevoir. Vous avez mentionné que c'était difficile d'obtenir de l'information sur des activités d'ingérence qui pouvaient, par exemple, nuire à votre campagne. Est-ce exact?
Selon ce que je comprends, l'information fournie portait davantage sur vos propres candidats que sur ce qui ne leur était pas lié, mais qui pouvait leur nuire.
Est-ce que je résume relativement bien la situation?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie ceux ici qui témoignent dans le cadre de cette importante étude.
Je me tourne vers vous, monsieur DeLorey. Je pense que certains des renseignements que vous avez partagés aujourd'hui sont intéressants, et je réfléchis vraiment à certaines de vos observations. Ce phénomène est assez nouveau, et nous devons déterminer comment nous allons aborder cette question efficacement.
De mon point de vue, le travail doit accomplir plusieurs choses. D'une part, il doit établir une sorte de lien entre ces renseignements — à partir de tous ceux qui les fournissent — et les partis. Mais il doit également être suffisamment transparent pour que le public comprenne le processus.
En écoutant les témoignages d'aujourd'hui — le témoignage précédent et celui‑ci — il me semble assez clair que personne ne sait vraiment comment tout cela fonctionne, et que tout le monde essaie de le comprendre. J'aime bien que vous parliez de combler le vide législatif.
J'aimerais revenir en arrière. Peut-être pourriez-vous m'expliquer le travail que vous faites. Bien sûr, si M. Marshall a quelque chose à dire... Au cours des élections précédentes... Qu'est‑ce qui a changé à l'interne dans la manière dont vous abordez certaines de ces questions ou dont vous recherchez ces questions? Il semble que ce que vous nous dites, c'est que vous n'obtenez pas assez de renseignements pour faire quoi que ce soit. Vous communiquez des renseignements, mais vous n'en recevez pas beaucoup.
Qu'avez-vous fait à l'interne, en tant que parti ou dans le cadre d'une campagne, pour résoudre certains de ces problèmes?
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Le jour où a quitté la direction du parti, j'ai également démissionné de mon poste de directeur de campagne.
Ce que je conseillerais bien sûr à la campagne... Je pousserais le caucus à travailler sur le plan de la législation afin que ces vides législatifs soient déterminés et examinés. On dit qu'il y a un vide, ou des lacunes. Je ne sais pas ce qu'il en est exactement, alors je m'efforcerais de les découvrir.
Comme l'a mentionné M. Marshall, la cybersécurité est un sujet qui nous préoccupe beaucoup, et c'est une activité permanente — la mise à jour constante des systèmes et d'autres mesures de ce type.
Encore une fois, tout cela est très nouveau pour nous. Je pense que les partis, et évidemment les législateurs présents dans cette salle, devraient se concentrer sur la réparation et le colmatage de ces failles.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins, MM. Marshall et DeLorey, d'être avec nous.
Depuis le début de notre étude sur l'ingérence étrangère dans les élections au Canada, il y a une chose qui me préoccupe, soit le processus qui est en place. Les témoins nous ont donné des détails là-dessus.
Selon ce processus, des membres d'un parti ont l'autorisation de sécurité nécessaire pour recevoir l'information pendant la campagne. Comme la durée de la campagne électorale est très courte, il n'y a pas beaucoup de temps pour réagir.
Je me demande ce que le directeur national d'une campagne peut apprendre de ces autorisations de sécurité. Depuis le début de notre étude, de nombreux témoins nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas parler de ce qu'ils avaient appris lors des breffages en matière de sécurité.
Compte tenu de votre expérience en tant que directeur de campagne, à quoi vous ont servi ces breffages?
Pour faire suite à cela, c'est même un candidat conservateur aux élections de 2021, Mark Johnson, qui, dans le Toronto Star du 22 février, aurait déclaré: « La collectivité sino-canadienne a été profondément offensée et contrariée par les critiques dénigrantes sur la Chine avancées par Erin O'Toole et quelques autres députés conservateurs. Le gouvernement chinois n'avait pas besoin de ses agents pour détourner les votes des Canadiens d'origine chinoise du parti conservateur. Nos propres députés s'en chargeaient très bien eux-mêmes. »
Je voudrais revenir sur le balado auquel vous avez participé avec David Herle, dans lequel vous avez dit: « En même temps, nous sommes confrontés à une pandémie où tout le monde accuse la Chine, et il y a beaucoup de racisme envers les Asiatiques, et ce n'était certainement pas l'intention de la campagne ou du parti, mais je pense que cela a pu être [...] ils ont simplement senti que nous ne les soutenions pas dans tout cela parce que notre message était très dur. » Vous poursuivez en disant: « Pierre Poilievre a été très rusé dans son message. Il n'utilise jamais le mot "Chine". Il dit "Pékin" ou "communistes de Pékin". Il a été très intelligent sur ce point ».
Étant donné le point de vue du candidat conservateur local à Scarborough—Agincourt et probablement certaines de vos propres réflexions après les élections — j'étais affecté à la santé à l'époque, et je me souviens certainement de certaines de ces opinions dures concernant la communauté sino-canadienne qui était très craintive après la pandémie, et l'augmentation de la haine envers les Asiatiques, et peut-être que le message et la campagne étaient en fait que les Sino-Canadiens, comme vous l'avez dit, avaient l'impression que les conservateurs ne les soutenaient pas. Pensez-vous toujours la même chose?
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Merci beaucoup de la question.
[Traduction]
À mon avis, il y a deux aspects qui doivent être améliorés. Le premier est, comme je l'ai mentionné précédemment, la coopération des partis politiques. J'ai participé à ces réunions d'information. J'étais l'un des représentants au groupe de travail. J'ai eu l'impression, certainement au début, que l'on demandait à ces gens de nous rencontrer et que c'était presque comme si nous étions un fardeau pour eux, que nous étions ces étrangers bizarres qui ne faisaient pas partie du gouvernement en ce qui est de la manière dont les choses fonctionnaient réellement, et que par conséquent, nos opinions seraient sollicitées de la façon la plus brève et la plus vague possible.
Peut-être que maintenant que nous avons vécu deux élections, la situation s'est améliorée. C'était très nouveau en 2019, j'espère donc que cela s'est amélioré. Je pense qu'une relation régulière y contribuera. Si les partis, entre les élections, participent à des séances d'information, peut-être trois ou quatre fois par an, qu'il y a un va-et-vient et que la confiance peut s'installer, ce serait utile. Si les services de renseignement en apprennent davantage sur la manière dont nous menons les campagnes, ce serait très utile.
Par ailleurs, nous devons vraiment comprendre quel est le seuil pour ce qui est d'informer le public, parce qu'il était très vague pour moi et que, manifestement, personne d'autre ne savait vraiment ce que c'était. S'agit‑il d'une influence sur une seule circonscription? Si trois circonscriptions ont été influencées par un parti — le parti A ou le parti B, peu importe —, cela a des conséquences sur le résultat de l'élection, les couleurs du gouvernement national, et dans un parlement minoritaire, trois sièges peuvent manifestement changer la donne.
Ils disent: « Eh bien, il n'y avait que trois sièges et cela ne correspondait pas aux critères du seuil ». Pour les centaines de milliers de Canadiens qui vivent dans ces trois sièges et qui sont maintenant représentés par un parti qui pourrait avoir été le résultat d'une ingérence étrangère, c'est fondamentalement problématique. Je ne sais pas quel est ce seuil. Nous devons en débattre, et il faut que toutes les personnes concernées le comprennent sans équivoque, parce que j'ai eu l'impression très nette qu'il n'y avait pas de seuil à moins que... Vous savez, le seuil est tellement élevé qu'il ne sera jamais atteint. Le comité était très inquiet: le greffier du Conseil privé déclarant qu'une élection est menacée est une barre tellement haute et un événement tellement perturbateur en soi qu'il n'était pas prêt à le faire.
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Je pense que le processus de nomination et le processus de retrait des candidats sont un parfait exemple. Nous avons vu le rapport selon lequel le SCRS a dit au d'écarter le candidat de Don Valley-Nord, et depuis que j'ai lu ce rapport, je me suis souvent demandé ce que j'aurais fait dans cette situation si le SCRS s'était adressé à nous.
Nos partis ne sont pas organisés de sorte que nous puissions prendre aveuglément quelque chose qui vient des services de sécurité et, par conséquent, estimer que nous devrions changer le candidat. Les candidats sont désignés par les membres. Je sais que c'est également le cas au sein du NPD. La procédure de révocation des candidats... En tant que directeur de campagne, je n'avais pas de baguette magique pour retirer ou nommer des candidats. Tout doit passer par le comité national de sélection des candidats. Dans une autre vie, il y a de nombreuses années, j'étais le président du comité national de sélection des candidats de notre parti. Il s'agit d'un poste bénévole que les membres de notre parti prennent au sérieux.
Sachant cela, il sera extrêmement important que les services de renseignement collaborent. Je pense que la solution est de travailler en permanence avec les autres, et pas seulement deux ou trois mois avant une élection, lorsqu'ils se présentent et disent: « Voici divers renseignements ».
Je pense qu'en travaillant en coopération, ils sauront mieux comment nous travaillons et nous saurons mieux comment eux travaillent, ce qui, je l'espère, sera bénéfique pour la démocratie dans l'ensemble du pays.
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Pour faire suite à ce qu'a dit M. Marshall, j'irais même plus loin.
Dans d'autres pays, les commissions électorales sont composées de partisans politiques nommés par les partis, qui ont une réelle influence sur la législation et sur ce qui se passe, et qui ont une réelle expérience de la manière dont tout cela fonctionne. Si vous voulez que les agents des services de renseignement sachent comment fonctionnent les campagnes, mettez autour d'eux des politiciens qui font des campagnes. Ce sont des experts. C'est une profession d'experts. Nous faisons appel à un grand nombre d'experts dans différents domaines, pour différentes choses, mais en politique, pour une raison quelconque, nous ne le faisons pas.
Encore une fois, à Élections Canada, personne n'a jamais mené de campagne, donc ils n'ont pas les mêmes... Tant que vous n'êtes pas plongés dedans, vous ne savez pas ce que c'est.
Je tiens à vous remercier d'avoir accepté de vous joindre à nous et de nous avoir accordé un peu plus de votre temps.
Si vous souhaitez ajouter ou partager quelque chose, n'hésitez pas à le faire savoir à la greffière. La greffière le distribuera aux membres.
Sur ce, je tiens à vous remercier pour votre temps, votre attention et votre service. J'espère que vous vous portez bien et que vous êtes en sécurité.
Je dois rappeler aux membres du Comité que nous nous réunissons ce soir de 18 h 30 à 20 h 30 dans cette salle. Nous avons deux groupes de témoins très intéressants.
Jeudi, nous commencerons à 10 heures par une réunion du comité directeur de 10 heures à 11 heures. Nous recevrons ensuite le sur l'ingérence électorale étrangère. Pour la troisième heure, nous passerons au premier groupe de témoins concernant le rapport de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour l'Ontario.
De plus, à partir de ce jeudi, mardi prochain et jeudi prochain, donc pendant trois jours, nous nous réunirons dans la salle 225 de l'édifice de l'Ouest à l'étage. C'est donc la salle 225 de l'édifice de l'Ouest pour jeudi, mardi et jeudi prochains, mais ce soir, revenez ici.
Nous nous verrons à 18 h 30. Bonne soirée.
Sur ce, la séance est levée.