:
Merci, monsieur le président.
Avant tout, nous tenons à faire part de nos condoléances et de notre soutien aux habitants de Fort McMurray et de la région, qui doivent affronter une catastrophe terrible. J'ai pu m'entretenir avec trois chefs hier soir. Il est étonnant d'apprendre que Fort McKay accueille des réfugiés venus d'autres régions. C'est là une question dont le Comité voudra beaucoup s'occuper.
Je remarque moi aussi l'absence du député de Fort McMurray—Cold Lake, M. Yurdiga. Nous sommes tous d'avis qu'il se trouve là où il doit être, en train d'aider sa collectivité à affronter cette navrante catastrophe. C'est ce que les députés doivent faire. J'espère que vous lui ferez savoir que, si le ministère peut faire quoi que ce soit ou que s'il apprend quelque chose de spécial sur place, nous voudrions qu'il nous contacte directement, si possible.
C'est un plaisir d'être de retour devant le Comité et de reconnaître l'existence du territoire traditionnel des Algonquins.
[Français]
Aujourd'hui, je suis accompagnée par notre nouvelle sous-ministre, Hélène Laurendeau, et par notre dirigeant principal des finances, Paul Thoppil.
[Traduction]
Ils promettent de répondre à toutes les questions difficiles.
Vous devez savoir que, à mon avis, le rôle des comités revêt une énorme importance, et nous voulons nous assurer que vous savez bien que nous croyons dans votre rôle. Il est fondamental dans le processus parlementaire, et leur rôle vraiment important consiste à exiger des comptes du gouvernement. C'est le rôle de tous les parlementaires de tous les partis, et nous prenons votre travail très au sérieux.
[Français]
Je veux collaborer avec vous pour m'assurer que vous disposez de toute l'information nécessaire pour ce travail essentiel.
[Traduction]
Sachez que, s'il y a des réponses que nous ne pouvons pas donner aujourd'hui, nous les communiquerons plus tard. Je crois que nous l'avons fait raisonnablement bien jusqu'à maintenant. Je dois savoir s'il y a de l'information dont vous avez besoin et que je n'ai pas. Nous vous la procurerons.
C'est aussi pour nous tous l'occasion de saluer ceux qui nous écoutent attentivement à la maison et s'intéressent aux travaux du Comité. C'est l'occasion de donner un exemple du fonctionnement du gouvernement et de la façon dont les comités parlementaires exigent des comptes du gouvernement. Nous verrons aujourd'hui qu'il y a décalage entre les plans et priorités, le Budget principal des dépenses et le budget de 2016. Il sera très intéressant de voir comment nous nous débrouillons en pareille situation.
Comme nous étudions à la fois le Budget principal des dépenses et le budget de 2016, je remarque une certaine confusion au sujet de la nature du Budget principal des dépenses. Comme la plupart d'entre vous le savent, il s'agit du total des fonds déjà approuvés par le Conseil du Trésor. C'est un contrôle distinct que le président du Conseil du Trésor met en place. Il ne correspond jamais aux dépenses totales de l'année. Il se limite à ce qui a déjà été approuvé.
Lorsque le Conseil du Trésor approuve de nouveaux fonds ou revoit des programmes existants, nous consultons de nouveau le Parlement et ce comité-ci, à la faveur des budgets supplémentaires des dépenses. On croit parfois qu'il s'agit de choses auxquelles nous n'avions pas pensé; c'est plutôt qu'il n'y avait pas assez de détails pour que le Conseil du Trésor donne son approbation.
Nous savons qu'il y a aussi un décalage entre le Budget principal des dépenses, les rapports sur les plans et les priorités et le budget. Nous savons tous que le système est archaïque et manque de clarté. C'est pourquoi le président du Conseil du Trésor s'est engagé à moderniser le processus des prévisions budgétaires de façon à offrir au Parlement une information pertinente et exacte.
Comme vous l'avez tous lu, notre Budget principal des dépenses totalise quelque 7,5 milliards de dollars, ce qui représente un recul net de 726,3 millions de dollars. Certains s'en inquiéteront, mais je suis ici pour vous rassurer: cette réduction est due en grande partie à des initiatives ciblées dont les crédits ont été reportés sur les prochains exercices ou remplacés par de nouveaux crédits dans le budget de 2016.
[Français]
Je suis heureuse que nous ayons aujourd'hui l'occasion de discuter du Budget principal des dépenses et du Rapport sur les plans et les priorités dans le contexte du budget de 2016.
[Traduction]
Dans le budget de 2016, on le sait, nous sommes résolus à garantir l'égalité des chances pour les peuples autochtones et à donner espoir aux jeunes des Premières Nations, inuits et métis, où qu'ils habitent au Canada. Vous avez entendu dire bien des fois que le budget de 2016 prévoit des investissements d'une ampleur sans précédent pour les peuples autochtones. Ils totalisent 8,4 milliards de dollars sur cinq ans. Nous sommes très heureux que le chef national de l'APN, Perry Bellegarde, ait déclaré:
Ce budget investit dans des priorités importantes pour les Premières Nations et tous les Canadiens. Les investissements dans le logement, l'alimentation en eau potable, l'éducation, et la protection des enfants offriront un soulagement très attendu aux gens qui vivent dans des conditions dignes du tiers monde, et ils permettront de bâtir une économie plus forte pour tout le monde.
Le budget n'est qu'un point de départ. Au-delà des nouveaux investissements de 2016, nous travaillons en partenariat avec les Premières Nations afin d'établir une nouvelle relation financière pour que leurs collectivités bénéficient d'un soutien financier suffisant, prévisible et soutenu. Il doit s'agir d'une relation nouvelle. Les peuples des Premières Nations auront la possibilité de planifier leur avenir comme d'autres collectivités le font, et le président le sait pertinemment.
[Français]
Bien que le temps ne me permette pas de décrire tous les investissements proposés dans le budget de 2016 qui ont trait aux peuples autochtones, je veux tout de même mentionner quelques initiatives clés.
[Traduction]
Dans la recherche de solutions, l'éducation a toujours été au premier plan pour tout le monde. Il est essentiel de combler le retard dans les résultats des Premières Nations en matière d'éducation. Nous devrons rendre des comptes sur ces résultats. De nombreux rapports, notamment du vérificateur général, ont confirmé que le sous-financement chronique des systèmes d'éducation des Premières Nations a freiné le développement de leurs élèves.
Le budget de 2016 prévoit des fonds transformationnels de 2,6 milliards de dollars sur cinq ans pour l'enseignement de la maternelle à la 12e année. Nous axons les investissements sur les programmes permettant d'améliorer les taux d'alphabétisation et de compétence en calcul, de construire et de moderniser des écoles et salles de classe, et de mieux soutenir l'intégration de la langue et de la culture à l'éducation des élèves des Premières Nations. C'est la voie de la réussite, nous le savons.
[Français]
Je veux dire très clairement que nous respectons la compétence des Premières Nations en matière d'éducation et que nous n'allons pas agir unilatéralement dans ce domaine.
[Traduction]
Nous allons travailler dans un rapport de nation à nation, en partenariat, afin d'atteindre les buts que se sont fixés les Premières Nations et de soutenir les initiatives qu'elles pilotent.
[Français]
Le gouvernement s'est aussi engagé à promouvoir la réconciliation avec la nation métisse et à y parvenir par la reconnaissance des droits, par le partenariat et par une relation renouvelée, de nation à nation.
[Traduction]
Comme Clément Chartier, le président du Ralliement national des Métis, l'a déclaré récemment, le gouvernement Trudeau a déjà reconnu la nation métisse et il est prêt à travailler dans un rapport de nation à nation.
Comme première étape, et en reconnaissance de l'esprit d'entreprise des Métis au Canada, le budget de 2016 propose un investissement de 25 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir le développement économique de la nation métisse.
Nous devons aussi accroître le soutien proactif offert aux enfants autochtones et à leurs familles, réduire le nombre d'enfants en placement familial et aider les jeunes Autochtones à se former une identité culturelle personnelle affirmée.
Les services à l'enfance et à la famille dans les réserves doivent être remaniés, et nous sommes déterminés à y parvenir avec la collaboration de Cindy Blackstock, de l'Association des Premières Nations, des provinces et des territoires. Nous commencerons par verser des fonds additionnels de près de 635 millions de dollars sur cinq ans au programme des Services à l'enfance et à la famille des Premières Nations. Cela nous permettra de répondre aux appels des Autochtones, qui demandent qu'on étende les projets pilotes de l'Approche améliorée axée sur la prévention aux Services à l'enfance et à la famille des Premières Nations dans les réserves de toutes les provinces et de tous les territoires.
En outre, nous allons travailler en partenariat avec les provinces, les territoires et les collectivités autochtones afin que le principe de Jordan soit élargi et appliqué de manière à toujours placer la santé et le bien-être des enfants au coeur de notre action.
Chaque famille, chaque enfant doit avoir accès à une eau saine. Le budget de 2016 prévoit 2,24 milliards de dollars pour les collectivités des Premières Nations pour améliorer l'infrastructure d'approvisionnement en eau et de gestion des déchets dans les réserves. Ces fonds vont appuyer notre engagement à mettre un terme aux avis prolongés d'ébullition de l'eau dans les réserves d'ici cinq ans.
[Français]
Le logement est aussi un besoin essentiel et tous les Canadiens devraient pouvoir demeurer dans des logements sûrs.
[Traduction]
Pour répondre à des besoins urgents en matière de logement dans les réserves, le budget de 2016 prévoit 554,3 millions de dollars sur deux ans à compter de cette année.
Le besoin de logements abordables est aussi particulièrement criant dans les collectivités du Nord et inuites. Les députés autochtones ont dit clairement que mettre l'accent seulement sur les réserves n'allait pas permettre de répondre aux besoins, et qu'il fallait des fonds à part pour les collectivités du Nord et inuites.
Comme l'a dit Natan Obed, président d'ITK:
Nous nous réjouissons du fait que 170 millions de dollars ont été prévus dans le budget pour la construction de logements abordables dans l'Inuit Nunangat, étant donné la gravité du surpeuplement dans nos quatre régions. J'ai hâte de travailler avec le gouvernement pour trouver des moyens d'obtenir l'investissement beaucoup plus important qui est nécessaire.
[Français]
L'insécurité alimentaire est aussi un problème particulièrement criant dans les collectivités nordiques.
[Traduction]
Nous voulons actualiser et élargir le programme Nutrition Nord en collaboration avec les habitants du Nord afin que ces derniers puissent nourrir leurs familles et se procurer plus facilement des aliments traditionnels. Le budget de 2016 propose, dans un premier temps, un investissement de 64,5 millions de dollars sur cinq ans, et par la suite, des crédits annuels de 13,8 millions dans le but d'étendre le programme Nutrition Nord à toutes les collectivités nordiques isolées.
Le gouvernement estime que ces investissements sans précédent de 8,4 milliards de dollars consacrés aux collectivités autochtones et à leurs priorités dans le budget de 2016 amélioreront les conditions de vie ainsi que les résultats en matière sociale et économique.
Je tiens aussi à dire qu'un grand nombre d'autres investissements prévus dans le budget, au-delà des 8,4 milliards de dollars, auront des effets très positifs sur la vie des Autochtones au Canada. De la nouvelle allocation canadienne aux enfants, qui est plus juste et exonérée d'impôt, à l'augmentation de la déduction pour les habitants de régions éloignées en passant par la revalorisation des bourses canadiennes pour étudiants, voilà autant de mesures qui profiteront à tous les Canadiens, y compris les Autochtones.
En juin dernier, l'aîné gwitch'in Ray Jones a dit ceci, en gitxsan, au matin de la dernière cérémonie de la Commission de vérité et réconciliation:
Shed Dim Amma gauu dingus Mel
Cela veut dire:
Il faut redresser le canoë.
Je crois que le budget de 2016 est une importante première étape pour redresser le canoë et parvenir à une vraie réconciliation.
Merci.
J'ai trois questions pour lesquelles j'espère pouvoir obtenir des réponses, donc je vais vous les poser en même temps et j'espère que nous pourrons y arriver.
Ce n'était pas mon intention d'aborder ce sujet, mais je dois revenir sur la Loi sur la transparence financière des Premières Nations. Je vais me servir de deux exemples.
Si je suis un citoyen de Kamloops, rien ne m'empêche de consulter les états financiers vérifiés de Kelowna, et vice versa, ou de consulter ceux de Timmins, par exemple. Je vous ai entendu parler d'un code d'accès, donc, croyez-vous qu'un membre de la bande d'Osoyoos ne devrait pas pouvoir consulter les états financiers de Kamloops? Dans le même ordre d'idées, Bell Canada rend accessibles en ligne des documents contenant des renseignements sur les actions de l'entreprise, et TELUS fait de même. J'ai examiné bon nombre d'états financiers qui ont été publiés, et je ne crois pas que leur contenu pourrait nuire aux intérêts des entreprises. Des membres de bandes m'écrivent et me disent qu'ils sont très mal à l'aise à l'idée que vous vous soyez écartés de la Loi sur la transparence financière des Premières Nations. Encore une fois, il s'agit d'un niveau élémentaire de transparence, qu'il s'agisse de Kelowna, Kamloops, Bell ou TELUS, sur le plan des renseignements accessibles. Vraiment, pour un membre d'une bande, la possibilité de faire des comparaisons est parfois importante. Voilà mon premier point.
Deuxièmement, je suis heureuse de vous entendre parler du Projet Venture. J'ai reçu des appels des administrateurs. Ce programme de prévention de la criminalité a connu beaucoup de succès. Ils sont vraiment très préoccupés en ce moment. Habituellement, ils auraient déjà reçu des sommes d'argent à consacrer aux activités, et ils croient qu'ils devront mettre fin au programme. Je sais qu'il ne relève pas de votre compétence, mais je souhaitais seulement vous en faire part.
Mon troisième point est que quand nous avons soutenu l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nous étions aussi très préoccupés par les incidences sur la prestation des programmes de prévention sur le terrain et sur le soutien de ces programmes; donc, j'aimerais être rassurée parce qu'il semble y avoir une diminution du financement du Programme pour la prévention de la violence familiale. Si je prends en compte le budget, les estimations et le reste, le gouvernement précédent avait consenti environ 12 millions de dollars au soutien financier des activités du Programme pour la prévention de la violence familiale. Nous espérions que ce montant serait égalé ou dépassé. Le nouveau budget est plutôt flou quant à ce volet. Il y a 6,7 millions de dollars de prévus au cours des cinq prochaines années et 3,5 millions de dollars de consentis pour améliorer des centres d'hébergement, donc c'est très flou. Vos responsables souhaiteraient peut-être examiner...
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais dire que, personnellement, je me réjouis du fait que la Loi sur la transparence financière des Premières Nations ait été abrogée, tout comme de nombreux Autochtones du Nord, j'en suis sûr, et probablement les populations autochtones de partout au Canada. J'ai travaillé avec de nombreuses entreprises des Territoires du Nord-Ouest, à l'égard desquelles des conseils de bande des Premières Nations possédaient des parts, et cette loi nous mettait constamment des bâtons dans les roues. Chaque société affiliée comptant le conseil de bande parmi ses actionnaires était tenue de divulguer ses revenus, ce qui permettait aux concurrents d'avoir accès à ces renseignements; des partenaires potentiels refusaient alors de s'engager, car ils ne voulaient pas travailler avec des entreprises ou des projets de conseils de bande qui étaient visés par une obligation de divulgation.
Ce n'était pas une loi judicieuse. Elle contrevenait au principe de génération autonome de revenus. Nous essayons de créer des collectivités saines. Nous essayons de créer des collectivités indépendantes. Cette loi ne nous aidait pas à faire cela. Elle allait à l'encontre du concept de relation de nation à nation, et je suis heureux qu'elle ait été abolie.
Concernant l'examen du programme Nutrition Nord, j'espère que nous adopterons une approche holistique à cet égard. Je continue à penser — et je l'ai déjà mentionné, alors vous ne serez pas surpris — que nous devons inviter le ministère des Transports à venir examiner la taille des pistes d'atterrissage dans les petites collectivités autochtones. Nous avons des pistes d'atterrissage dont la longueur est tout juste inférieure à celle nécessaire pour accueillir des avions-cargos, ce qui fait que les avions ne peuvent transporter qu'un demi-chargement. Certains avions de passagers arrivent à moitié vides. Lors de ma campagne, dans certaines collectivités, j'ai vu des gens qui devaient attendre: un avion à 18 places atterrissait, et seulement neuf personnes pouvaient y monter.
Je crois que, si nous voulons du changement, nous devons tenir compte de plusieurs éléments, et non pas seulement de la subvention. La subvention de 60 millions de dollars sera toujours là, mais si nous changeons la longueur des pistes d'atterrissage et commençons à construire des routes, nous allons éliminer cette subvention. Nous devrions aussi incorporer des jardins communautaires et des aliments issus de la flore et de la faune sauvages locales. Ces éléments devraient faire partie de l'examen et des éléments à prendre en considération.
J'aimerais vous entendre à ce sujet, si vous êtes d'accord.