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Bonjour à tous. Bienvenue au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord du Parlement du Canada. Nous menons une étude sur le renforcement des capacités communautaires et la conservation des talents dans les réserves.
Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir des représentants locaux de la Première Nation dakota de Whitecap et du conseil des écoles publiques de Saskatoon.
Ici, à Ottawa, nous avons entamé un processus afin de reconnaître une part de la vérité et la réconciliation. Le fait est que les édifices du Parlement se trouvent sur le territoire non cédé du peuple algonquin.
Permettez-moi d'expliquer un peu le déroulement. Normalement, vous avez un maximum de 10 minutes pour faire votre exposé. Les autres témoins ont ensuite 10 minutes, après nous passerons aux questions des députés.
Je cède la parole au chef Darcy Bear.
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D'accord. Je voulais simplement m'en assurer.
Tout d'abord, bonjour tout le monde à Ottawa. Nous sommes ici pour parler de notre alliance avec le conseil des écoles publiques de Saskatoon.
Permettez-moi de mettre les choses en contexte; Whitecap est située à 20 minutes au sud de Saskatoon. Nous sommes à cet endroit depuis 1879. Notre chef, Whitecap, est reconnu comme l'un des pères fondateurs de la Ville de Saskatoon. Il a rencontré un dénommé John Lake en 1882. De plus, en tant que peuple dakota, nous sommes des alliés de la Couronne britannique et nous avons participé à la Révolution américaine et à la guerre de 1812, laquelle a été très importante et a contribué à faire de notre pays une nation. Je dis toujours que si nous avions perdu cette guerre, un drapeau américain flotterait au-dessus de la nation et nous aurions Donald Trump au pouvoir, mais ce n'est pas le cas.
Notre histoire est une source de fierté et nos ancêtres ont toujours travaillé en partenariat. D'ailleurs, le mot « Dakota » signifie « allié ». Depuis les années 1960, notre communauté collabore avec le conseil des écoles publiques de Saskatoon en ce qui concerne nos élèves...
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Les membres de notre communauté ont commencé à fréquenter les écoles du conseil des écoles publiques de Saskatoon dans les années 60. J'ai grandi dans ma communauté à Whitecap et je suis allé à l'école dans ma communauté jusqu'en 5
e année. Puis de la 6
e à la 12
e année, nous devions prendre l'autobus pour aller à Saskatoon. J'ai donc mon diplôme du conseil des écoles publiques de Saskatoon.
J'ai été élu chef en 1994. J'ai ensuite approché le conseil des écoles publiques de Saskatoon — un homme du nom de George Rathwell qui était directeur adjoint d'une des écoles — pour voir comment nous pourrions travailler ensemble pour revoir le programme et nous assurer que la transition de Whitecap à Saskatoon se fasse en douceur pour nos élèves. Dans un sens, cette initiative a abouti à ce que nous appelons aujourd'hui une entente d'alliance sur l'éducation.
Nous faisons maintenant partie du conseil des écoles publiques de Saskatoon. Nous exploitons toujours une école dans notre communauté. Je vais expliquer comment fonctionne notre partenariat.
Dans le cadre de notre partenariat, nous nous sommes dotés d'un comité mixte de gouvernance, un comité mixte des opérations. Tous nos enseignants sont des employés du conseil des écoles publiques de Saskatoon, alors nous avons des enseignants accrédités dans la communauté. Nous avons accès à toutes les ressources documentaires du conseil des écoles publiques de Saskatoon, aux activités de perfectionnement professionnel et aux services offerts au secteur, et nous faisons également partie du quartier 7. C'est un très bon partenariat. Ray parlera probablement de certains des résultats lorsqu'il prendra la parole.
Notre entente a été vue comme un projet pilote par le gouvernement fédéral. Elle est maintenant en vigueur depuis six ans. Elle était considérée comme un projet pilote à l'époque où nous avons signé l'entente officielle. Elle a permis de combler le fossé en matière d'éducation pour nous, parce que, par le passé, les écoles dans nos communautés recueillaient environ les deux tiers de ce que les écoles provinciales recueillaient en frais de scolarité, mais nous ne recevions pas beaucoup de soutien. Depuis que nous avons conclu ce partenariat, nous avons réglé de nombreux problèmes de financement et nous avons mis fin aux disparités en matière d'éducation à Whitecap. Le partenariat a été très positif pour notre communauté et nos étudiants.
Nous avons également négocié des capitaux dans le cadre du partenariat avec le gouvernement fédéral. Nous avons rénové notre école, qui avait été construite en 1996, pour qu'elle réponde aux normes du conseil des écoles publiques de Saskatoon. Nous avons également fait un agrandissement et consulté les membres de notre communauté, parce qu'il y avait de la prématernelle à la 6e année dans notre école, mais les membres de notre communauté, les parents et les gardiens d'enfants voulaient que nos enfants intègrent plus tôt le conseil des écoles publiques de Saskatoon. Aujourd'hui, notre école va de la prématernelle à la 4e année, et nos élèves de 5e à 12e année sont transportés par autobus.
Nous avons examiné la situation de nos élèves de la 5e à la 8e année. Ils sont dans trois écoles différentes à Saskatoon. Aucune école ne pouvait tous les accueillir. Puis, à une vingtaine de minutes de chez nous, une nouvelle communauté a bâti une nouvelle école en collaboration avec le conseil des écoles publiques de Saskatoon, alors nous avons voulu faire partie du projet. Nous représentons environ 10 % des élèves. Il s'agit d'un projet de construction d'environ 27 millions de dollars, alors nous avons fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il investisse 2,7 millions de dollars dans cette école en notre nom. C'est la nouvelle école de nos élèves de la 5e à la 8e année.
Le conseil des écoles publiques de Saskatoon a adhéré à la proposition. Les responsables ont même nommé l'école Chief Whitecap, reconnaissant le chef Whitecap comme l'un des pères fondateurs. C'est l'une des raisons. De plus, dans l'école, il y a une salle culturelle. Des aînés s'y rendent tous les jours. Ils y font des cérémonies de purification tous les jours pour les élèves. C'est une école publique; ce n'est pas une école ségréguée pour les élèves de Whitecap seulement. Elle est ouverte à tout le monde.
Toutes les salles de classe dans l'école sont bilingues. On y parle l'anglais et le dakota. Le drapeau de Whitecap flotte à l'extérieur de l'école. C'est un excellent partenariat jusqu'à maintenant. Nos élèves du secondaire fréquentent les écoles Aden Bowman et Walter Murray, à Saskatoon.
De plus, nous avons grâce à notre partenariat investi dans un centre d'éducation préscolaire. Nous exploitions autrefois une garderie de 20 places, mais comme nous sommes l'un des signataires de l'Accord-cadre sur la gestion des terres des Premières Nations, nous avons éliminé 25 % de la Loi sur les Indiens, ce qui nous permet de gouverner nous-mêmes nos terres. Nous avons ainsi pu travailler à l'aménagement du territoire, au zonage, aux normes de développement, à l'investissement dans l'infrastructure et aux régimes fiscaux. Ces mesures nous ont ouvert de nouveaux débouchés. Nous sommes passés d'un taux de chômage de 70 % à un taux de 5 %.
Cela dit, nous avons plus de 600 emplois dans notre communauté. Nous nous sommes penchés sur notre service de garde de 20 places et nous avons envisagé de l'agrandir, puis de construire une toute nouvelle installation, un centre d'apprentissage de la petite enfance de 56 places dont le programme est basé sur l'alphabétisation, la culture et la langue. Il s'agissait d'un partenariat entre le gouvernement fédéral, Whitecap et la province et, bien sûr, avec le conseil des écoles publiques de Saskatoon et ses centres d'apprentissage de la petite enfance. Le centre a ouvert ses portes. Cette année, nous avons sur la planche à dessin d'autres projets à hauteur de 62 millions de dollars et 225 autres emplois seront créés dans notre communauté l'an prochain.
Nous nous concentrons sur la rétention puisque les études ont montré que, grâce à l'apprentissage et à la littératie à un jeune âge, les enfants restent à l'école et terminent leur 12e année. Ces initiatives ont d'autres répercussions à Whitecap. Comme nous insistons sur la rétention, nous avons beaucoup de diplômés de 12e année. Ces étudiants veulent faire des études postsecondaires, mais encore une fois, il y a un plafond au programme de Services aux Autochtones Canada. Cependant, comme Whitecap a sa propre source de revenus, nous ajoutons des fonds pour que nos étudiants ne tombent pas entre les mailles du filet et pour qu'ils puissent fréquenter un établissement d'enseignement postsecondaire.
Le programme postsecondaire actuel est assorti d'un mécanisme souple de transfert des fonds. Les Premières Nations qui n'ont pas d'étudiants de niveau postsecondaire peuvent utiliser les fonds pour d'autres dépenses, ce qui n'est pas juste pour les étudiants qui veulent vraiment aller à l'école. Nous espérons que le gouvernement fédéral se penchera sur la question et commencera à débloquer des fonds pour les études postsecondaires en fonction des chiffres réels et des demandes. Ainsi, les étudiants ne seront pas les laissés pour compte. Ce n'est plus un paiement de transfert souple, ce devrait être un transfert fondé sur les chiffres réels et les résultats.
Je vais m'arrêter ici. Je vais céder la parole à Ray.
Je remercie le Comité de m'avoir invité et de me donner l'occasion de parler de notre alliance avec Whitecap. En particulier, je remercie le greffier d'avoir organisé la vidéoconférence pour que nous puissions être présents. Comme les gens ont des horaires différents, c'est toujours difficile.
J'aime toujours prendre la parole après le chef Bear, parce qu'il parle de la plupart des choses dont j'aimerais parler, ce qui me facilite la tâche.
Permettez-moi de parler un peu de l'histoire du conseil des écoles publiques de Saskatoon. Nous existons depuis 1864, alors nous sommes dans cette région du pays depuis un certain temps. Nous sommes le plus grand conseil scolaire de la Saskatchewan. La population étudiante des Premières Nations, des Inuits et des Métis est de 16 à 22 %, selon l'année, la période de l'année et le nombre d'inscriptions. Nous avons une importante population d'étudiants autochtones, laquelle représente une grande partie de notre travail.
Nous avons aussi deux autres écoles associées, une école musulmane et une école chrétienne, qui sont toutes deux confessionnelles. Ces écoles font partie du conseil des écoles publiques de Saskatoon, mais elles jouissent d'une certaine indépendance.
Je souhaite soulever quelques éléments concernant notre partenariat avec Whitecap. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'entrer dans les détails de son fonctionnement. Je répondrai plutôt à vos questions.
Le chef Bear a parlé de l'évolution de ce partenariat. Il a évolué au cours des 24 ou 25 dernières années. Le partenariat fonctionne grâce aux relations que nous avons établies, pas nécessairement en raison des documents requis. C'est en grande partie ce qui nous a permis de devenir ce que nous sommes aujourd'hui.
L'une des clés de notre succès jusqu'à maintenant est que nous demeurons branchés sur ce qui est le mieux pour les étudiants lorsque nous asseyons à une table pour discuter de la situation. C'est toujours notre priorité.
Ensuite, nous respectons les compétences des deux parties. Nous travaillons dans des environnements différents, alors j'ai beaucoup appris sur le financement pour l'éducation que reçoivent les Premières Nations, et je pense que le chef et son personnel ont beaucoup appris sur le financement provincial. Nous avons conclu une entente entre Whitecap et le conseil des écoles publiques de Saskatoon, mais les gouvernements fédéral et provincial ont participé aux négociations. Le processus a été intéressant.
Nous continuons d'espérer que, dans le cadre de la réponse du conseil des écoles publiques de Saskatoon à la Commission de vérité et réconciliation, nous jetons des ponts et qu'à long terme, comme le chef Bear l'a dit plus tôt, certains des programmes et des mesures que nous avons prises dans certaines de nos écoles mèneront à une plus grande réussite des élèves autochtones, à de meilleurs taux de délivrance de diplômes et à des taux de réussite plus élevés à l'avenir.
La seule chose que le chef n'a pas mentionnée au sujet de l'école Chief Whitecap, c'est que dès qu'on y entre, la Première Nation dakota de Whitecap est bien présente. Sur la porte de toutes les salles de classe, il y a le nom de la salle en anglais et en dakota. Nous essayons d'atteindre un niveau que nous n'avons pas réussi à atteindre dans les autres établissements. Nous avons aussi un programme d'immersion crie dans une autre école. Beaucoup de choses se brassent. Mais dans ce cas-ci, notre relation avec Whitecap nous a permis de vraiment nous concentrer sur ce que nous pensons être le mieux pour les étudiants à long terme.
Je crois que je vais m'arrêter là, chef, et nous pouvons regarder...
Le chef vient de me rappeler de parler des résultats. Je m'excuse.
Nous avons vu certains résultats à court terme. En 2014, environ 40 % des élèves de la 1re à la 4e année à Whitecap avaient atteint les niveaux de lecture prévus pour ce groupe d'âge. En 2017, soit la dernière année pour laquelle nous avons des données pour le moment, nous avons fait passer la barre à 80 %. En nous concentrant sur ce qui est important pour ces étudiants et en travaillant avec Whitecap, nous avons déjà changé le cours des choses.
Pour ce qui est des taux d'obtention du diplôme d'études secondaires, c'est encore trop tôt pour nous. Comme je travaille dans le domaine de l'éducation de la maternelle à la 12e année depuis plus de deux décennies, je peux dire que les résultats seront pour toute une génération. Nous verrons les retombées de notre travail dans 10, 12 ou 13 ans, mais nous suivrons la réussite de ces étudiants tout au long de leur cheminement dans le système d'éducation, jusqu'à l'obtention de leur diplôme et, espérons-le, dans la société.
Merci. Je vais m'arrêter ici.
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Je pense que le plus grand défi serait exactement ce que vous avez dit. Les échelles salariales, l'absence de grille salariale, etc., et le fait de ne pas payer les enseignants et de ne pas leur offrir de sécurité d'emploi.
Je sais que, dans le passé, pour Whitecap — et nous ne sommes pas dans le Nord, mais nous sommes à 20 minutes d'un centre urbain —, lorsque nous ne faisions pas partie du conseil des écoles publiques de Saskatoon, il nous était difficile d'attirer les meilleurs enseignants. C'est la nature humaine que de chercher la sécurité d'emploi. Lorsqu'un enseignant n'a pas de sécurité d'emploi, il ne voudra pas venir enseigner dans nos communautés.
Étant donné que nous avons maintenant établi un partenariat avec le conseil des écoles publiques de Saskatoon et que nos enseignants sont des employés du conseil dans le cadre de cette entente, nous pouvons attirer certains des meilleurs enseignants accrédités du conseil des écoles publiques de Saskatoon. Les enseignants voulaient venir travailler dans notre communauté, mais nous n'avions pas la même grille de salaire que le conseil des écoles publiques de Saskatoon. Comme le financement est insuffisant, les communautés essaient souvent d'embaucher des enseignants de première et de deuxième année parce qu'ils se trouvent au bas de la grille. Ici, nous n'avons plus besoin de le faire, parce que nous sommes dans la moyenne... et nous pouvons attirer les meilleurs enseignants.
Je vais revenir à la question. Pour les communautés du Nord, il y aura certainement des problèmes de financement, des problèmes de logement. Il y aura aussi des problèmes d'infrastructure.
Nous vivions à côté de Saskatoon avant d'être une ville. Nous étions là en 1879. La réunion des chefs Whitecap et John Lake a eu lieu en 1882.
Cependant, j'ai grandi dans ma communauté et à ce moment nous n'avions pas d'infrastructure moderne. Auparavant, nous devions transporter de l'eau jusqu'à nos maisons. Nous avions l'habitude de couper du bois pour chauffer nos maisons. Je ne suis pas un pionnier, mais c'est ainsi que nous avons été élevés. Il n'y avait pas d'infrastructure moderne; il n'y avait pas de possibilités. Il n'y avait pas d'installations de loisirs. Nos écoles ne répondaient à aucune des normes des établissements du conseil des écoles publiques.
Vous pouvez voir les défis que ma communauté a dû relever, mais je ne peux pas imaginer ce que celles du Nord doivent faire pour essayer de retenir et de recruter des enseignants autochtones, surtout lorsqu'il y a une pénurie de logements. Vous pouvez imaginer que s'ils construisaient des logements pour les enseignants alors que la communauté même est surpeuplée et connaît une pénurie de logements, ce ne sera jamais une initiative populaire dans la communauté.
Beaucoup de nos Premières Nations n'ont pas le choix. Le peu de logements qu'ils ont, ils doivent le donner à leurs membres. Il serait difficile d'avoir un logement pour le personnel, mais c'est quelque chose qui devrait certainement être envisagé à l'avenir.
Encore une fois, il faut tenir compte de l'infrastructure qui l'accompagne et de la mise en place d'une certaine norme en ce qui concerne les salaires. On ne peut pas s'attendre à ce que chaque enseignant qui arrive dans une communauté du Nord soit un enseignant de première ou de deuxième année. Si vous voulez attirer les meilleurs, vous devez investir dans ces ressources.
Ray voudra peut-être ajouter quelque chose au sujet des enseignants de notre personnel.
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Les observations du chef Bear sont très justes.
Nous avons maintenant des enseignants qui voudraient travailler à l'école des Premières Nations Charles Red Hawk, parce qu'ils savent qu'au pire, ils pourront toujours retrouver du travail dans une école publique.
Vous avez soulevé une question intéressante, mais très complexe.
Il y a environ deux ans, je présidais un groupe d'experts du gouvernement de la Saskatchewan. Nous faisions une tournée de la province pour examiner la situation en matière de gouvernance et d'éducation. Nous avons passé beaucoup de temps dans le Nord pour discuter justement de ces problèmes avec les membres des communautés.
D'un autre côté, et je vais m'écarter un peu du sujet de Whitecap, dans le cadre de mes fonctions au conseil scolaire, je communique régulièrement avec mes collègues de toutes les régions du Nord. Nous avons commencé à chercher des solutions pour ce problème. Nous voudrions lancer des programmes d'échange. Les enseignants des régions urbaines pourraient passer un trimestre ou une année dans une de nos écoles afin de se familiariser avec la culture des communautés, sachant qu'ils pourraient revenir y enseigner. Ils comprendraient ainsi quelle contribution ils apporteraient à ces communautés nordiques.
Nous commençons à examiner certaines possibilités. Je voudrais bien trouver une solution magique pour résoudre tous ces problèmes, mais malheureusement, il n'y en a pas.
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La crise du logement ne se réglera pas du jour au lendemain. Je dirais qu'elle est bien loin d'être résolue. Même dans ma communauté, nous avons une liste d'attente d'environ 100 membres.
Nous avons aussi beaucoup d'employés qui voudraient habiter dans la communauté. Nous avons le seul projet provincial d'habitation mené dans une réserve en Saskatchewan, parce que nous avons un régime foncier. Nous avons des lotissements formellement arpentés et nous travaillons en partenariat avec la Saskatchewan Housing Corporation pour créer des logements abordables pour les employés. Nous avons environ 34 logements, mais il y a 90 employés à loger.
Le logement a toujours constitué un défi, et je ne pense pas que nous le surmonterons de sitôt. Cette année seulement, la SCHL a réduit son budget de 20 à 30 %. Cela va toucher nos communautés de toutes les régions du Canada. On n'a pas assez investi dans le logement, et à mon avis, il faut corriger cela.
Par ailleurs, au cours de ces 10 dernières années, on n'a développé aucun lotissement résidentiel en Saskatchewan. J'en ai discuté avec le directeur général régional, qui m'a dit que l'on n'a jamais affecté de ressources au développement des lotissements résidentiels. Nous avons un besoin urgent d'en développer un, mais nous n'avons pas de ressources pour la planification et la conception.
Si vous pouviez résoudre ce problème, nous vous en serions très reconnaissants, parce que nous avons un besoin criant de ressources pour cela.
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Je vous remercie tous les deux de vous être déplacés à l'aube pour comparaître devant nous depuis Saskatoon.
Je vous avouerai que je siégeais au conseil d'administration quand nous avons conclu cet accord entre Whitecap et le conseil des écoles publiques de Saskatoon. C'était un excellent accord, mais comme c'est toujours le cas des organismes fédéraux et provinciaux, on ressentait beaucoup d'appréhension. Vous pourriez peut-être nous en parler un peu.
À l'époque, notre ministre était John Duncan. Il a fallu plusieurs années pour conclure cet accord. Quels étaient les obstacles? Comme vous le savez, Darcy, lorsqu'on discute d'écoles dans des réserves, toutes les parties veulent conserver leurs fonds, leurs modes d'éducation et leur culture. La situation entre vous et le conseil des écoles publiques de Saskatoon était très particulière. Pourriez-vous nous la décrire un peu?
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On sent certainement beaucoup d'appréhension autant du côté du gouvernement provincial que de celui du conseil des écoles publiques de Saskatoon. Chacune des parties s'inquiète des répercussions de cet accord sur les ressources que le conseil des écoles publiques de Saskatoon reçoit de la province. Est-ce que Whitecap en retirera une partie? Nous avons dit que non. Nous voulions être sûrs de pouvoir payer notre part et, s'il fallait payer des frais de scolarité pour nos élèves de la 5
e à la 12
e année, que l'argent soit disponible et que toutes les ressources nécessaires pour nos élèves de la prématernelle à la 4
e année à Whitecap soient disponibles aussi.
Nous voulions une véritable entente, et non un protocole d'entente. Nous voulions une alliance qui accorde quand même à Whitecap une certaine autonomie, un certain contrôle. Nous avons donc créé un comité mixte de gouvernance et un comité mixte des opérations. Nous avons dit que nous accepterions que la loi provinciale sur l'éducation demeure en vigueur sur les terres de Whitecap. Toutefois, si Whitecap s'engageait sur la voie de l'autonomie gouvernementale, sa loi sur l’éducation respecterait ou dépasserait la loi provinciale, et le conseil des écoles publiques de Saskatoon la respecterait. Voilà ce que nous avons convenu.
Pour conclure cet accord, nous avons également dû joindre Whitecap au quartier 7 afin que le conseil des écoles publiques de Saskatoon puisse administrer notre école, de la prématernelle à la 4e année, qui se trouve dans la réserve. Toutefois, Whitecap a encore un certain poids au sein du comité de gouvernance et du comité des opérations, alors notre communauté aura toujours son mot à dire.
Nous pouvons aussi voter aux élections pour élire le commissaire du quartier 7 à Saskatoon. Nous devions aussi inclure le centre de la petite enfance. Nous avons rencontré le ministre provincial de l’époque, M. Don Morgan. Il fallait aussi que les règlements provinciaux sur la garde d’enfants s’appliquent sur les terres de Whitecap pour conclure cet accord.
Nous avons fait des compromis, mais nous n’avons rien cédé de notre compétence. Ce sont nos enfants, et nous voulons qu'ils reçoivent la meilleure éducation possible. Nous voulons qu’ils restent à l’école, qu’ils terminent leurs études, qu’ils obtiennent leur certificat de 12e année. On estime qu'en Saskatchewan seulement, le départ à la retraite des baby-boomers libérera 86 000 emplois.
Notre population autochtone est jeune, mais nous devons continuer à collaborer et ne pas craindre de nous allier en partenariat pour améliorer nos systèmes d'éducation. Nous collaborons avec l'un des plus grands conseils scolaires de la province et pourtant aujourd'hui, par exemple, le gouvernement fédéral vient d'annoncer qu'il allait accorder 1 500 $ par élève pour enseigner la langue et la culture. Il ajoute que cette allocation ne s'appliquera que dans les réserves, alors elle ne s'appliquera qu'à nos élèves de la prématernelle à la 4e année. Nos jeunes de la 5e à la 8e année qui vont à l'école Chief Whitecap, administrée par le conseil des écoles publiques de Saskatoon, ne recevront pas un cent, même si nous leur enseignons aussi notre langue et notre culture.
Ces enfants se réveillent chaque matin à Whitecap. Même si nous avons pris la décision stratégique d'investir dans la construction d'une école pour les élèves de la 5e à la 8e année à 20 minutes de là, ces fonds devraient suivre nos élèves. Malheureusement, les fonctionnaires ne comprennent pas cela. Ils ne considèrent pas cet accord comme étant conclu avec une autorité scolaire régionale, parce qu'il est meilleur que cela.
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Quant aux taux d'obtention de diplôme des élèves du conseil des écoles publiques de Saskatoon, la province compte ceux qui réussissent leur 12
e année en trois ans, mais nous donnons un peu plus de latitude à nos élèves. Nous examinons le succès des membres de la communauté qui ont terminé leur secondaire, soit dans le marché du travail, soit aux études postsecondaires. Nous nous concentrons sur ces données depuis plusieurs années, je crois. Nous avons consacré beaucoup de temps, d'efforts et de ressources à l'observation de notre population d'étudiants autochtones, qui est nombreuse. Les taux d'obtention de diplôme commencent à grimper, simplement parce que nous nous concentrons, je ne dirais pas sur leurs besoins, mais sur ce qu'ils nous disent qu'il leur faudrait pour obtenir leur diplôme ou pour réussir la transition entre le primaire et le secondaire.
Nous collaborons à plusieurs programmes — comme le programme Following Their Voices et autres — où nous écoutons l'opinion des étudiants et discutons en profondeur de ce que nous pourrions faire pour les aider à réussir leurs études. Ces programmes commencent à produire des résultats. Au cours de ces trois ou quatre dernières années, les taux d'obtention de diplôme en trois ans de la 10e à la 12e année ont augmenté. Dans le cas des étudiants qui le font en quatre ou cinq ans, ces taux ont grimpé en flèche. Avec le temps, nous constatons une hausse significative dans les taux de diplomation. Cela a valu la peine de répondre aux besoins des étudiants.
Comme vous le savez, notre système d'éducation date de l'époque de la révolution post-industrielle. Nous regroupons encore les jeunes par tranches d'âge, mais bien souvent, cette méthode n'est pas efficace. Nous essayons maintenant d'aborder leurs besoins d'une manière plus holistique, et cette façon de voir commence à produire de bons résultats.
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Je vais aborder cette question de deux points de vue: celui du travail que nous accomplissons d'abord à l'école Chief Whitecap et ensuite à notre autre école, Confederation Park, qui offre un programme d'immersion en cri.
Comme l'a dit le chef Darcy Bear, l'école Chief Whitecap dessert une collectivité située dans le quartier sud de Saskatoon. Il s'agit d'une collectivité très diversifiée, multiculturelle. Pendant la mise en oeuvre de cette initiative, nous avons consulté les membres de la collectivité. Nous avons organisé des réunions pour discuter des programmes de cours, pour présenter ce que nous pensions faire et pour voir comment les gens y réagiraient. À la surprise d'un grand nombre d'entre nous, ils désiraient vraiment que nous leur enseignions l'histoire et la culture de Whitecap. Comme une grande partie des étudiants de cette collectivité viennent d'autres pays et d'autres cultures, ils désirent sincèrement apprendre à connaître notre culture et l'histoire du Canada ainsi que des langues et des traditions qui ne sont pas les leurs.
Nous avons constaté le même intérêt pour notre programme d'immersion crie. Nous l'offrons à tous les étudiants. Un grand nombre d'entre eux viennent de toutes sortes de contextes; ils désirent apprendre le cri.
Avec le temps, nous avons constaté que cela renforce les liens et ouvre l'esprit des membres de la collectivité et des étudiants. Dans les salles de classe — vous pensez peut-être que je plaisante, mais je dis cela sérieusement —, les jeunes ne remarquent plus l'ethnie de leurs camarades; ils sont tous là pour apprendre. Ils se connaissent tous. Ils passent du temps ensemble à l'école et au-dehors. D'après ce que j'ai pu observer, ce programme a apporté beaucoup de bienfaits.
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Elle a été créée pour nous tenir loin des yeux et de l’esprit. Ils nous ont placés sur ces petites parcelles de terre appelées réserves. J’ai été élevé par mes grands-parents. Mon grand-père, lorsqu’il était jeune, devait obtenir un laissez-passer s’il voulait quitter Whitecap pour se procurer des fournitures. S’il voulait vendre son bétail, il devait obtenir un permis de l’agent des Indiens. S’il voulait vendre une récolte, il devait obtenir un permis de l’agent des Indiens. Donc, nous vivions ici dans un pays soi-disant libre, sous une règle de dictature, en dépendance totale de l’agent des Indiens. Nous n’avions pas les mêmes possibilités que d'autres administrations.
Toutes les autres administrations entourant Whitecap et toutes les collectivités des Premières Nations du Canada pouvaient investir dans les infrastructures, développer leur économie et créer des emplois, des débouchés et même de l’espoir. Ensuite, pour ajouter l’insulte à l’injure, nous avons subi les pensionnats où l’on voulait dénaturer l’Indien, et tous les jeunes ont été déplacés. Les parents ne pouvaient même pas voir leurs enfants pendant 10 mois par année. Malheureusement, certains de ces enfants mouraient parfois pendant l’année scolaire et les parents n’en étaient pas informés avant la fin de l’année scolaire. Donc, les compétences parentales... Vous savez, vous dites que les pensionnats ont enlevé la culture, la langue, la fierté, l’identité et même la capacité d’être parent. Comme ma mère est allée dans un pensionnat, elle ne m’a jamais élevé. J’ai été élevé par mes grands-parents. Cela a donc été difficile.
Cela dit, lorsque nous avons commencé à nous pencher sur le développement économique, nous avons commencé à dire que comme Autochtones, nous devions prendre la place qui nous revient et participer à la vie économique. Comment pouvions-nous y arriver? La Loi sur les Indiens est très restrictive. Si nous voulions, par exemple, louer une parcelle de notre territoire, nous devions faire une désignation, une cession de terre, puis demander au ministre de signer le bail. Cela prend trois ans. À ce moment-là, l'occasion est passée et l’entreprise intéressée est partie.
Lorsque 14 Premières Nations, y compris les Muskoday de la Saskatchewan, ont exercé des pressions sur le gouvernement fédéral pour qu’il crée l’Accord-cadre sur la gestion des terres des Premières Nations, qui était une entente de gouvernement à gouvernement, et pour que les Premières Nations puissent s’autogouverner sur leurs terres, une fois que nous en avons entendu parler, nous l’avons adopté. Nous l’avons présenté à notre collectivité et, en 2004, nous avons ratifié notre code foncier. Aujourd’hui, nous nous autogouvernons sur nos terres. Nous avons éliminé 25 % de la Loi sur les Indiens.
Cette initiative de gestion des terres des Premières Nations a permis à notre collectivité non seulement d’autogérer ses terres, mais aussi de s’occuper de l’aménagement du territoire, du zonage et des normes de développement, de préparer ses terres au développement économique et d’ouvrir ses portes. Notre première entreprise a été le Dakota Dunes Golf Links, qui a ouvert en 2005. Le parcours en soi a été reconnu par Golf Digest comme l’un des meilleurs nouveaux parcours de golf au Canada, classé seizième au pays et premier en Saskatchewan.
Ensuite, il y a eu un casino à Saskatoon qui devait être construit, mais les citoyens ont tenu un plébiscite. Whitecap était le plan B, mais c’est devenu le plan A. Encore une fois, comme notre code foncier avait été mis en place, nous n’avions pas à passer par ce processus, cette fenêtre de trois ans. En fait, nous avons immédiatement accordé un bail à la Saskatchewan Indian Gaming Authority. Nous pouvons agir à la vitesse des entreprises, et c’est très important. Maintenant, bien sûr, nous avons aussi un magasin, et nous en sommes à la première phase de notre parc commercial. Nous construisons actuellement un hôtel pour ajouter à la zone de villégiature. Ensuite, nous ouvrirons un spa nordique en Saskatchewan. Nous lancerons ce projet plus tard cette année, et nous ouvrirons l’an prochain.
Il y a donc 225 emplois de plus qui viendront s'ajouter aux 600 qui existent déjà. Tout cela pour dire que nous voulions faire partie de l’économie, que nous avions besoin de solutions et que nous n’avions pas peur d’établir des partenariats, ni de travailler seuls. Je pense qu’il est important d’avoir des alliés. Lorsqu’on examine les possibilités... Nous avons toujours mis l’accent sur l’éducation depuis que j’ai été élu en 1994 — c’est ma 25e année comme chef —, mais le simple fait d’approcher les écoles publiques de Saskatoon pour dire ce que nous voulons faire... Nous en sommes maintenant arrivés à une entente officielle et à une relation très solide. Nous espérons qu'encore une fois, Services aux Autochtones Canada pourra examiner notre entente et conclure qu'elle va au-delà d’une administration régionale de l’éducation, parce que c’est l’une des choses qu’on nous reproche constamment. Nous ne sommes pas admissibles au financement parce que nous ne sommes pas une administration régionale de l’éducation. Vous n’y êtes pas admissible parce que vous n’êtes pas une administration régionale de l’éducation. À cela, nous répondons que nous avons toutes les capacités d'une administration régionale de l’éducation, et même davantage, et qu'il est temps que quelqu'un s'en rende compte. C’est l’un des défis que nous devons relever face aux bureaucrates.
Mme Rachel Blaney: Merci.
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Nous réussissons très bien à amener nos jeunes à faire des études postsecondaires.
De plus, je crois que Services aux Autochtones Canada a beaucoup mis l’accent par le passé sur les enseignants et les travailleurs sociaux. Nous disons qu’il faut aller plus loin.
Par exemple, je préside le Saskatchewan Indian Institute of Technologies, qui offre un programme de diplôme en administration des affaires. L’un des problèmes que nous avons eus avec notre programme, c’est que si les étudiants voulaient être transférés au College of Commerce, leurs crédits ne sont transférés qu'à 80 %. Mais pour un collège de l’Alberta, ce serait un transfert de crédit de 100 %. Il y a environ six ans, j’ai rencontré le doyen du College of Commerce de l’Université de la Saskatchewan pour discuter de la façon dont nous pourrions faire en sorte que le programme de diplôme en administration des affaires offert par le SIIT puisse permettre le transfert complet des crédits à l’Université. L’Université et le SIIT y ont tous deux travaillé pour s’assurer que notre programme d’études répondait à toutes les exigences préalables requises pour un transfert complet. Cela s’est produit.
C’est notre cinquième année de partenariat. Dans ma petite collectivité seulement, du côté du commerce, nous avons eu six diplômés en commerce, dont quatre environ ont suivi cette voie. Encore une fois, ils font valoir leur sens des affaires. Tous ces diplômés en commerce sont des femmes. Elles travaillent toutes dans notre collectivité parce que nous avons beaucoup d'occasions d’affaires à leur offrir.
Nous travaillons également avec le College of Medicine. Nous aurons une autre réunion le 17 avril pour commencer à faire la promotion des sciences. Nous avons également conclu un partenariat avec une firme d’ingénierie appelée Allnorth. Nous avons eu des discussions avec l’Université de Waterloo et nous espérons trouver une autre façon de commencer à promouvoir le génie, et toutes ces disciplines.
Bien sûr, il n’y a rien de mal à exercer des métiers. C’est l’autre volet sur lequel nous travaillons, la promotion des métiers. Lorsque nous avons construit le casino il y a un certain nombre d’années — il s’agissait d’une installation d’environ 60 millions de dollars —, Saskatoon était en plein essor à l’époque. Il y avait une pénurie de travailleuses et de travailleurs des métiers. Beaucoup de collectivités d’affaires ont dit que nous ne pourrions jamais terminer la construction à temps ou dans les limites du budget. Encore une fois, comme président du SIIT, nous avons créé un programme d’acquisition rapide de compétences, un programme de carrière en construction. Si les sous-traitants avaient besoin de poseurs de cloisons sèches, d’électriciens ou de plombiers, nous pouvions offrir un programme de formation rapide de trois semaines. Ils embauchaient les personnes comme apprentis. Nous nous sommes retrouvés avec plus de 45 000 heures-personnes des Premières Nations consacrées au projet. En plus d’être en avance sur le calendrier, nous avons également respecté le budget.
Nous faisons la promotion de l’éducation postsecondaire. Lorsque nos étudiants y ont accès, ils réussissent.
L’autre chose que nous avons constatée dans le cas du casino, c’est qu’un grand nombre de nos membres commencent comme croupiers, par exemple. Ils constatent alors que ce n’est pas ce qu’ils veulent faire pour le reste de leur vie. Ils retournent à l’école et terminent leurs études secondaires. Ils font ensuite des études postsecondaires. C’est vraiment agréable à voir. Beaucoup d’étudiants adultes obtiennent leur diplôme.
Il y a assurément des besoins de logements pour étudiants dans la ville. Nous avons également eu cette discussion au sujet du logement des étudiants à Saskatoon, surtout pour beaucoup de mères célibataires. Nous avons parlé de la création, du moins dans le cadre d’un projet pilote, d’un établissement de 56 unités rattaché à un centre d’éducation préscolaire pour les mères célibataires qui font des études postsecondaires.
Il est à espérer que ce concept suscitera un certain intérêt auprès du gouvernement fédéral.
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Tout d’abord. Je n'ai pas de conseils à donner aux autres Premières Nations. Elles sont assez autonomes pour prendre leurs propres décisions.
La voie que nous avons empruntée est celle que nous avons choisie comme collectivité, grâce à la consultation communautaire. Nous tenons chaque année au moins quatre réunions communautaires pour discuter avec nos membres.
Même lorsque nous avons commencé à parler du partenariat avec les écoles publiques de Saskatoon, des préoccupations ont été exprimées. Comment la langue et la culture s’intégreraient-elles dans tout cela? Vont-ils reconnaître notre langue et notre culture? Vont-ils travailler avec nous? Allons-nous avoir une certaine indépendance pour ce qui est de la sélection du directeur d’école?
La collectivité a posé beaucoup de questions à ce sujet, mais il s’agissait d’un dialogue ouvert. Les écoles publiques de Saskatoon ont participé à bon nombre de nos réunions communautaires avec les parents et les gardiens. Le modèle que nous avons créé est inspiré par notre collectivité. C’est l'orientation qu’ils ont donnée à leurs leaders. Même lorsque nous sommes passés de la prématernelle à la 6e année à la prématernelle à la 4e année il y a cinq ou six ans, c’était une autre discussion que nous devions avoir avec les parents. C’est l’orientation qu’ils voulaient prendre en matière d’intégration. Tant et aussi longtemps que la nouvelle école de la 5e à la 8e année était inclusive et faisait à notre langue et notre culture la place qui lui revient, ils y étaient très ouverts. Nos partenaires étaient également très ouverts.
La communication est très importante parce que si les parents et les gardiens ne sont pas d’accord, le partenariat ne fonctionnera pas. Il faut aussi que les partenaires se respectent les uns les autres et qu’ils se fassent mutuellement confiance. Tout ce partenariat a commencé en 1994 par une tasse de café, et aujourd’hui, c’est un véritable accord d’alliance. Je pense que c’est un excellent modèle, mais encore une fois, je ne dirais jamais à aucune Première Nation comment faire son travail.
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On a dit à ma collectivité à la fin de la semaine dernière que le budget de la SCHL, du moins pour la Saskatchewan, sera de 20 à 30 % inférieur, alors pour le Conseil tribal de Saskatoon, dont nous faisons partie, ce sera une réduction importante pour le logement.
Le programme lui-même doit être élargi. Dans notre collectivité, on nous dit que nous allons obtenir 1,4 maison. Que donnera cette offre de 1,4 maison à une collectivité où la liste d’attente compte environ 90 membres? N’oubliez pas que nous avons un défi unique à relever à Whitecap. Nous avons plus de 600 emplois et nous en aurons 225 de plus. Comme il est dans la nature humaine de profiter des possibilités offertes, beaucoup de nos membres veulent emménager dans leur propre maison.
Ce n’est pas différent de n’importe quelle petite ville où, s’il n’y a pas de débouchés, les gens déménagent dans les centres urbains. La même chose se produit avec les Premières Nations, mais lorsqu’il y a des possibilités, les gens se déplacent là où il y en a. C’est certainement une véritable préoccupation pour nous en ce qui concerne la diminution de 20 à 30 % de la SCHL. Nous avons certainement essayé de rencontrer des représentants. J’espère que j’aurai bientôt l’occasion d’aller à Ottawa pour discuter de la façon dont nous pouvons travailler ensemble.
J’ai rencontré notre ministre provincial, Paul Merriman, qui est responsable de la Saskatchewan Housing Corporation. Les responsables se sont penchées sur la situation à Whitecap et estiment que c’est un beau défi puisqu'il y a de l'emploi, et qu’il est possible de loger les gens et de leur fournir un emploi avec le logement. Nous allons essayer de nous associer de nouveau à un autre projet avec la province. Nous avons un projet d’appartements avec la province à l'heure actuelle. Nous espérons en avoir un deuxième, mais nous n'en sommes qu'au début des discussions.
Je sais que des milliards de dollars ont été versés par la SCHL dans les revenus généraux, et c’est inquiétant d’entendre dire qu’on réduit les dépenses sans qu’il y ait d’indication de ce qui sera offert en remplacement, ou d'un nouveau programme.
L’autre chose que j’ai trouvée très intéressante, c’est que vous avez parlé du fait que votre collectivité a choisi d’aller seulement jusqu’à la 4e année parce qu’elle pensait qu’il était bon de réunir les collectivités. C’est un aspect qui me pose problème. Je comprends tout à fait la méfiance des collectivités autochtones de tout le pays à l’égard du système d’éducation, en raison de l’horrible histoire des pensionnats, et ainsi de suite. Mes enfants, bien sûr, ont grandi dans une petite collectivité et sont allés à l’école côte à côte...
Je pensais qu’il était très utile d’assister aux fêtes d’anniversaire, de pratiquer des sports ensemble et d’apprendre la culture et la langue de l’autre. Même si j’ai bien compris lorsqu’une nouvelle école a été construite dans la réserve, j'ai aussi éprouvé un certain regret, parce que je trouvais qu'on perdait certains bénéfices dans le fait d’être ensemble, de jouer ensemble et d’apprendre ensemble.
Votre collectivité est la première dont j’ai entendu parler qui a décidé d'accorder une certaine valeur au fait de laisser ses élèves côtoyer d'autres cultures à l’école.
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Je pense que cela découle de la relation de longue date entre la ville de Saskatoon et Whitecap, qui remonte à la réunion entre John Lake et le chef Whitecap et au fait que le chef Whitecap a choisi un deuxième emplacement pour la ville de Saskatoon pendant la résistance de Riel. Le chef Whitecap a été accusé de trahison, et un citoyen de Saskatoon est venu témoigner en sa faveur. Il s’appelait Willoughby, et il parlait Dakota.
Il ne faut pas oublier qu’il y avait un système de laissez-passer et de permis. À une certaine époque, Whitecap était la seule collectivité autochtone dont les membres allaient régulièrement à Saskatoon, après avoir obtenu un laissez-passer, pour aller chercher des fournitures, bien sûr. Les membres de la collectivité connaissaient beaucoup de gens du coin et entretenaient de bonnes relations. C’était à l’époque — dans notre collectivité, du moins — où il n’y avait pas de véhicules. Pour obtenir des fournitures, nos membres devaient se déplacer avec des chevaux. C’était un voyage d’une journée complète. Certains magasins locaux disposaient d'écuries où l'on installait les chevaux pour la nuit, puis les gens rentraient chez eux avec toutes leurs fournitures. Il y a donc cette relation de longue date.
Vous avez aussi parlé des équipes sportives. Je pense que le fait de faire partie d’une division scolaire plus vaste et d’avoir des classes plus grandes donne à nos enfants la possibilité de participer à des activités sportives. Ils ont pu participer aux activités de hockey mineur de Saskatoon. Encore une fois, nous travaillons de concert avec la Ville de Saskatoon. À une certaine époque, nous ne faisions pas partie de l'organisation du hockey mineur de Saskatoon et nous devions jouer dans les régions rurales de la Saskatchewan, mais il n’y avait pas vraiment de route permanente pour nous rendre à Dundurn, et nous devions donc faire un long détour en voiture. Maintenant, nous faisons partie de l'organisation du hockey mineur de Saskatoon.
Je pense qu’il y a eu beaucoup de possibilités, et encore une fois, c’était sous l’impulsion des parents. Certains d’entre eux ont même commencé à conduire leurs enfants à Saskatoon pour se rendre à la division scolaire, parce que les parents avaient une plus grande confiance envers la division scolaire de Saskatoon et ce qu’elle faisait. Ils avaient certaines réticences à l'égard de notre propre système scolaire. Maintenant que les écoles publiques de Saskatoon gèrent et exploitent notre système scolaire, tous nos parents ont confiance, parce qu’ils veulent que leurs enfants reçoivent une éducation de qualité.
L’autre chose, c’est la transition entre, disons, la 4e et la 5e année. C’est une transition qui se fait désormais en douceur, parce que, comme on sait déjà que des enfants de l’école Chief Whitecap viendront en visite en 3e et 4e année, on est déjà en train d’établir ces relations. Lorsque les jeunes arrivent en 5e année, la transition se fait en douceur pour nos enfants. Nous avons aussi un bureau de liaison, avec un conseiller étudiant qui travaille avec les enfants de Whitecap, pas seulement dans le cas de la 5e année, mais aussi avec les élèves du secondaire, pour s’assurer que, dans cette transition, s’ils ont des difficultés, ou s’ils ont besoin de tutorat ou de quoi que ce soit du genre, ils peuvent l'obtenir pour que l’expérience soit un succès. Jusqu’à maintenant, l’expérience a été formidable.
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Je pense que la prochaine étape, c’est que nous allons certainement continuer de faire du lobbying auprès des bureaucrates, mais nous espérons également avoir une rencontre avec le pour parler de notre partenariat et lui dire que nous espérons qu'il donnera à ses bureaucrates l’instruction de reconnaître notre entente à titre d’administration régionale de l’éducation.
Il s’agit en fait d’une administration régionale de l’éducation « plus », et c’est le libellé qui est prévu pour les enfants de Whitecap, parce que s’ils vivent dans la collectivité, ces 1 500 $ par enfant devraient les suivre, qu’ils fréquentent ou non une école hors réserve qui offre des programmes linguistiques et culturels à nos enfants.
Cela dit, un autre défi concerne les Premières Nations en milieu urbain, et les enfants qui vivent en ville. Lorsqu’il est question de leur langue et de leur culture qui leur ont été enlevées par les pensionnats, pourquoi n’y a-t-il pas d’investissement pour eux? Beaucoup de nos familles qui vivent hors réserve ne le font pas par choix. C’est parce qu’il n’y a pas de logements disponibles dans leurs réserves, alors ils vivent dans les centres urbains. Pourtant, il n’y a pas d’argent pour la culture et la langue qui suit leurs enfants. C’est un autre problème qu’il faut régler.
Je pense que notre partenariat continuera de progresser de façon positive. Il a fonctionné jusqu’à maintenant, et je ne vois pas comment nous pourrions aller dans une autre direction. Je ne vois pas les membres de ma collectivité me demander de nous retirer de cet accord, parce qu'il n'a aucun sens. Jusqu’à maintenant, cet accord est tout à fait logique. Même le pouvoir d’achat de la division des écoles publiques de Saskatoon, que ce soit pour des tableaux intelligents ou d’autres outils — le soutien en TI, les psychologues en éducation —, tout le soutien de deuxième niveau est sans pareil. Ensuite, si nos enfants ont des difficultés d’apprentissage, si nous ne pouvons pas leur offrir d'aide à Whitecap, en raison de la grande division scolaire, nous pouvons envoyer nos enfants ici. Par exemple, un de nos enfants est atteint de paralysie cérébrale. Elle doit fréquenter une école de Saskatoon qui offre tous les services dont elle a besoin. C'est un partenariat qui fonctionne bien. Mais encore une fois, nous ne sommes qu'à 20 minutes d’un grand centre urbain.
Cela fonctionne pour nous. Nous ne disons pas que cela va fonctionner pour qui que ce soit d’autre, mais certainement pour notre collectivité. L’approche de partenariat, comme je l’ai dit, découle d’une relation de longue date entre la ville de Saskatoon et la nation dakota de Whitecap.
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La Sioux Lookout First Nations Health Authority est un organisme sans but lucratif établi à Sioux Lookout.
Nous offrons ce que j’appelle des « services non médicaux » aux 32 collectivités du Nord-Ouest de l’Ontario. Parmi ces collectivités, 28 sont éloignées. Elles ne sont accessibles que par avion et par route d’hiver en saison. Dans ces collectivités, on commence à utiliser les routes d’hiver au début de janvier, et on vient tout juste de terminer de les utiliser, parce que les températures sont devenues trop élevées.
Les services que nous offrons sont les soins primaires, les soins de santé mentale, les soins adaptés aux besoins spéciaux, les soins de santé publics et les services à la clientèle. Par « services à la clientèle », j’entends les services de transport et d’hébergement des patients et des clients qui se présentent à Sioux Lookout pour obtenir des services. Janet vous expliquera ces services plus en détail. Nous fournissons également des services de gestion et d’administration pour tous les services médicaux dans toute la région.
L’une des choses que je veux vous faire comprendre, c’est que toutes les collectivités dont je viens de parler sont disséminées dans une région à peu près de la taille de la France, dans le Nord de l’Ontario. La population est d’environ 30 000 personnes, réparties dans toutes ces collectivités.
N’oubliez pas qu’aucune de ces collectivités n’a d’hôpital, de pharmacie ou de centre de santé mentale pour enfants. Tout ce qu’ils ont, ce sont des postes de soins infirmiers, des cliniques qui sont dotées de professionnels de l’extérieur. Des infirmières et des médecins viennent en consultation.
Les infirmières sont là toute l’année, mais je crois qu’environ 60 % de toutes les infirmières qui travaillent dans notre région sont des infirmières d’agence qui viennent travailler pour des périodes de deux semaines à la fois. Je ne sais pas si Janet a des détails à ce sujet, mais c’est une façon très coûteuse de fonctionner.
L’une des choses dont nous allons vous parler, c’est de la formation des travailleurs de la santé, qui seront formés pour se concentrer davantage sur les choses dont les gens ont vraiment besoin — même si les gens qui vont là-bas pour des périodes de deux semaines à la fois, les infirmières et les médecins, peuvent continuer de fournir leurs services professionnels.
Nous devons trouver des façons moins coûteuses et plus cohérentes de fournir des services de santé aux gens qui vivent dans nos collectivités.
En 2006, les chefs de notre région ont approuvé ce que nous appelons le plan de santé anishinabe, qui est un plan de santé de district. Si vous en voulez des exemplaires, nous pouvons vous les faire parvenir. C’est essentiellement le plan que nous avons suivi depuis. Il établit un modèle intégré de soins de santé primaires et un plan de mise en œuvre. Nous travaillons lentement à la mise en oeuvre de ce plan.
Je suis heureux que nous soyons ici pour parler du renforcement des capacités. C’est l’un de nos plus grands besoins. Le système d’éducation canadien, si je peux l’appeler ainsi, n’est tout simplement pas assez rapide pour nous. Il ne permet pas de former du personnel de notre région qui resterait dans notre région pour occuper un emploi. C’est un processus très lent. Je me disais justement ce matin que si nous examinions ce que le système a fait au cours des 50 dernières années pour former des professionnels de la santé, nous allions attendre longtemps avant de former suffisamment de travailleurs de la santé qualifiés dans notre région pour vraiment avoir un effet positif sur la santé de nos gens dans le Nord. J’espère que vous pourrez examiner ces chiffres plus en détail dans le cadre de vos travaux actuels.
Je vais maintenant céder la parole à Janet, qui vous parlera plus en détail de certaines des choses que nous avons dans notre région.
Meegwetch.
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Dans le document que nous avons présenté, nous avons cerné certaines des mesures que nous avons été en mesure de mettre en oeuvre, en ce qui concerne la formation dans nos collectivités, sachant qu’avec le plan de santé anishinabe, les collectivités ont déterminé qu’une stratégie locale répondrait à leurs besoins et favoriserait l’avancement professionnel. Nous voulons soutenir les travailleurs de la santé communautaire, ou les travailleurs communautaires, non seulement dans le domaine de la santé, mais aussi pour accroître nos compétences et nos connaissances et leur permettre de rester et de fournir des soins de meilleure qualité. Qu’il s’agisse de la promotion de la santé ou de la prévention de la maladie, nous voulons jumeler le bon fournisseur au bon service, offrir les services qui correspondent aux besoins de nos collectivités, et aussi pour qu’elles travaillent main dans la main avec des infirmières et infirmiers professionnels.
Nous aimerions certainement voir plus d’infirmières et infirmiers, de médecins et d’autres travailleurs de la santé provenant de nos collectivités. Comme vous le savez, nos collectivités sont aux prises avec de nombreux problèmes — la pauvreté, une infrastructure déficiente et une base économique insuffisante —, aggravés par un lourd fardeau de maladie et d’autres situations de crise, comme les problèmes de santé mentale et de toxicomanie. Nous sommes en train de mettre sur pied des équipes de soins de santé primaires, car nous avons pu obtenir des ressources du gouvernement de l’Ontario. Nous attendons toujours de voir si ce financement va se poursuivre, et nous nous sommes concentrés sur le recrutement et la dotation de ces postes pour offrir des services à nos collectivités.
Nous sommes également en train d’élaborer une stratégie régionale en matière de soins infirmiers qui, pour l’instant, est principalement mise en oeuvre par la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits. Nous aimerions qu’elle appuie le maintien en poste et le recrutement et qu’elle offre un programme de formation professionnelle en soins infirmiers plus ciblé, plus de possibilités de formation et un programme de mentorat complet.
La rémunération constitue un énorme problème dans notre région, car elle exige que les gens aient un mode de vie qui les éloigne un peu de leur foyer et de leur famille. Nous avons besoin d’un programme de rémunération plus complet qui permettra d'attirer et de garder les gens dans nos collectivités. Nous sommes également en train d’encourager les jeunes à faire carrière dans le domaine des soins de santé et nous avons produit des vidéos et des affiches. Nous espérons lancer tout cela d’ici septembre.
Nous travaillons en collaboration avec Dignitas International à un programme de formation de nos travailleurs en santé communautaire. Il vise surtout le diabète. Nous avons des travailleurs qualifiés. Nous examinons différents modèles et nous continuons de nous en inspirer. Nous pensons que la façon dont nos collectivités pourraient composer avec leurs nombreux fardeaux ou problèmes de santé serait de former nos propres gens et de les garder dans les collectivités, d’avoir des niveaux plus élevés de compétences et de connaissances et d’être plus facilement accessibles dans la collectivité — pas d’aller et venir, comme c'est actuellement le cas avec beaucoup de fournisseurs de soins de santé.
Nous avons besoin d’un soutien continu pour ce genre de choses. Nous avons de la difficulté à y arriver au moyen des subventions et des propositions qui ont été élaborées.
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Je vous remercie de votre exposé et du travail très difficile que vous faites pour prendre soin d’un si grand nombre de collectivités qui ont de la difficulté à trouver du personnel qualifié dans la région.
J’ai plusieurs questions. Tout d’abord, j’aimerais poser une brève question.
Lorsque le gouvernement a légalisé la marijuana, il s’est engagé à verser 75 % de la taxe d’accise aux provinces, et il a semblé oublier les collectivités autochtones partout au pays. Cet argent devait servir à appuyer l’éducation et à faire face à ce qui constitue un changement important dans l’orientation des politiques.
Avez-vous reçu de l’argent des provinces à partir de leur part de la taxe d’accise, ou le gouvernement fédéral a-t-il indiqué que vous obtiendriez une partie de cet argent pour que vous puissiez travailler dans vos collectivités à ce très important changement d'orientation des politiques?
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On m'a fourni récemment les taux de diplomation pour notre région. Je n'ai pas apporté les statistiques, mais c'est certainement beaucoup mieux qu'avant.
Lorsque j'étais orienteur au secondaire à Thunder Bay au début des années 1990, nous commencions l'année avec 200 élèves. En juin, il nous en restait 90 à 95. C'était un bon taux, nous a-t-on dit.
La situation s'est considérablement améliorée depuis. Notre région compte deux écoles secondaires qui sont des écoles autochtones: une ici à Sioux Lookout et l'autre à Thunder Bay. Ces deux écoles secondaires ont amélioré le taux de réussite, mais le nombre de diplômés qui entreprennent des études postsecondaires reste faible. Je n'ai pas l'impression, aujourd'hui, que nous avons une pleine salle de diplômés universitaires ou collégiaux en ce moment. Ils ne sont tout simplement pas là.
Je sais que le Collège Canadore de North Bay a un bon programme. Il forme beaucoup de spécialistes de la santé qui se concentrent sur les besoins communautaires, et cela semble donner de bons résultats.
La formation des jeunes à ce qui est utile pour eux et leur collectivité est un moyen d'attirer des stagiaires. Les envoyer dans une université ou un collège où ils ne retrouvent pas leur mode de vie n'est pas une façon de les motiver à rester à l'école et à réussir. Réussir quoi?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos deux témoins. Il ressort de votre témoignage et des questions de Mme Blaney que vous avez affaire à des enjeux très difficiles, qui compliquent la problématique. Si vous n'avez pas de logement de qualité convenable, si vous n'avez pas les investissements nécessaires en éducation, si vous n'avez pas les investissements en santé, alors tout cela finit par créer un cercle vicieux. Votre témoignage est très clair, et je vous en remercie.
Si l'on essayait de remonter aussi loin que possible en amont pour trouver des solutions pour l'avenir, de quoi auriez-vous besoin pour vos jeunes et leur formation afin de régler les problèmes de renforcement des capacités pour l'avenir? Il me semble que vous voulez, en réalité, un moyen de résoudre les problèmes fondamentaux. Je me demande donc si vous aimeriez aller dans cette direction et nous donner des conseils sur la manière de régler les problèmes de capacité dans une perspective jeunesse.
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Le premier problème à étudier — et l'autorité sanitaire elle-même n'a pas un grand rôle à jouer à cet égard — c'est la formation des jeunes. À Thunder Bay, nous avions une école secondaire qui accueillait jadis 200 élèves, mais à cause des décès d'élèves, lorsque je m'y suis trouvé là le printemps dernier, l'école secondaire n'avait qu'une soixantaine d'élèves. Cela s'est produit parce que les parents ne tenaient pas à envoyer leurs enfants à l'école secondaire de Thunder Bay, à cause du taux de mortalité des élèves. Je ne sais pas qui travaille à l'amélioration de cette situation, mais il faudra du temps.
Une des solutions que j'ai souvent entendu proposer, c'est que ces enfants ne devraient pas quitter leur foyer pour aller faire des études secondaires. Nous devons trouver un moyen d'offrir un enseignement secondaire à tous ces enfants chez eux. Je ne sais pas encore comment cela pourra se faire. Certaines collectivités ont une forme d'école secondaire, mais pas les mêmes normes que les écoles secondaires de Thunder Bay. C'est un problème à régler.
Lorsque ce sera fait, il nous faudra une politique et un programme pour former ces jeunes à faire un travail utile en santé. Il ne s'agit pas d'en faire des médecins comme les médecins ordinaires que nous formons; c'est trop long et trop difficile pour eux à l'heure actuelle. Il faut adapter les programmes de formation en fonction du travail à faire dans les collectivités. Cela peut comporter certaines choses que font les médecins, mais pas tout, parce que ce n'est pas vraiment ce dont nous avons besoin. C'est mieux que d'attendre trois semaines qu'un médecin s'amène, sans trop savoir s'il va vous voir ou pas. Nous devons consacrer beaucoup d'efforts à la conception de programmes qui fonctionnent pour les collectivités autochtones isolées.
Voyons si Janet a quelque chose à ajouter.
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Janet et James, merci de votre présence ce matin.
Vous avez tous les deux parlé de suicide. Janet, vous avez cité un chiffre: 500. James, vous avez parlé de la situation à l'école.
Que faisons-nous?
La collectivité de Thunder Bay fait parler d'elle dans l'actualité nationale depuis deux ou trois semaines. Manifestement, personne n'écoute, parce que nous n'avons rien vu. Vous avez tous deux parlé des suicides et des tentatives de suicide ce matin. C'est une épidémie dans votre région.
Où dirigez-vous vos efforts? De toute évidence, il y a un problème dans votre région.
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Oui. De fait, la crise du suicide dans notre région remonte à 1986. Si vous consultez les statistiques antérieures, vous verrez qu'il y avait des suicides, mais pas de tendance observable. En 1986, une tendance s'est dessinée, d'abord chez les jeunes de sexe masculin de 15 à 21 ans. Elle a culminé en 2000, avec 26 suicides dans la région dans une seule année. C'est plus de deux suicides par mois. Dans les petites collectivités, l'effet a été dévastateur.
Il n'y a pas de facteur particulier pour expliquer ces suicides; il y en a beaucoup. Il faut considérer l'environnement dans lequel vivent ces enfants avec les choses qui leur sont arrivées personnellement, afin de dégager un semblant d'explication de leur décès. Ils ne peuvent pas nous le dire: ils sont morts. Il n'y a rien à faire, sauf analyser leurs antécédents et comprendre que leur mort est imputable à tout ce que représente la vie dans une réserve. J'ignore si certains d'entre vous ont déjà vécu dans une réserve. C'est un mode de vie qui laisse fort à désirer. Beaucoup de ces enfants ont toujours faim. Ils sont mal vêtus. Ils sont victimes de beaucoup de violence familiale, dès la petite enfance. Certains sont tout simplement fatigués. Ils abandonnent et vont se pendre. Ce sont des enfants. Il n'y a rien; les systèmes en place ne suffisent pas pour s'occuper convenablement de tous ces enfants. Certains abandonnent, tout simplement. Ils ne peuvent pas continuer.
Qu'y faisons-nous? Il n'y a pas de politique et donc pas de programme de santé mentale pour les Premières Nations au Canada. C'est le plus gros problème. Lorsque j'étais à Ottawa à la fin des années 1980, et qu'on m'a dit que nous avions une crise, j'ai appris que le gouvernement fédéral n'a pas de politique en matière de santé mentale; c'est une responsabilité qui incombe à la province. Je me suis donc adressé à la province, qui m'a dit: « Oui, nous avons tout un train de programmes de santé mentale, sauf pour les Indiens inscrits vivant dans une réserve. » Donc, nous n'étions nulle part.
Il n'y a donc toujours pas de politique pour aider les enfants vivant dans les réserves à obtenir des soins de santé mentale. Nous n'avons qu'un ensemble disparate de programmes fédéraux et provinciaux de santé mentale. Il n'existe pas de programme global pour réduire le nombre de suicides. C'est la première chose. Nous devons prendre tout ce que nous pouvons, partout où nous pouvons, pour gérer l'enjeu. Et des enjeux, il y en a beaucoup. Nous avons eu des pédophiles dans notre région, nous connaissons la pauvreté... et j'en passe. Ces enfants ne peuvent tout simplement pas s'en sortir sans...
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Merci beaucoup à tous les deux d'être ici ce matin pour nous faire part de vos expériences et de l'expérience de la collectivité.
Si vous vous souvenez, la députée McLeod et moi sommes allés à Sioux Lookout et nous vous avions rencontrés dans le cadre d'une étude que nous faisions à l'époque sur le suicide chez les jeunes. Vous nous aviez servi un dîner extraordinaire au cours duquel nous avons eu une conversation très intéressante.
Vous parliez à l'instant de la situation entourant la santé mentale et d'autres domaines où les choses commencent à changer, mais la route a été longue. Je vous regarde tous les deux et je vous sens encore las du fardeau que vous avez dû porter pendant longtemps. Je me souviens que durant le repas, quand vous racontiez vos histoires, la moitié des gens dans la salle étaient exténués à cause des innombrables heures investies et du fardeau accablant que beaucoup doivent supporter dans leur collectivité. Ces personnes constituent la seule ressource pour les cas de suicide chez les jeunes, les incidents de santé mentale et de toxicomanie. Il devient tout simplement écrasant pour une seule et même personne de devoir porter ce fardeau.
Juste avant votre groupe, nous avons entendu des témoins de la région de Saskatoon qui nous ont parlé de leur pénurie de main-d'oeuvre. Comme ils avaient des postes qualifiés à combler, ils se sont présentés dans un des collèges locaux pour dire: « Écoutez, il faut absolument développer ces compétences et il n'y a pas une minute à perdre, parce qu'en ce moment, il y a un boom de la construction, et quelques gros projets. »
J'essaie, comme vous, de trouver des solutions. C'est tellement difficile d'offrir de la formation dans les collectivités éloignées, surtout qu'elles sont nombreuses, mais une chose est certaine, il faut que la chose se passe sur le terrain. Il faut que ce soit une formation pratique.
Quelqu'un a-t-il examiné les possibilités du côté d'un institut comme le First Nations Technical Institute ou d'un autre collège des Premières Nations? Ces établissements pourraient-ils former une équipe d'infirmières embauchées expressément pour offrir de la formation dans les collectivités, et ce, de façon continue? L'équipe pourrait se déplacer à l'année d'une collectivité à une autre pour offrir cette formation sur place, de sorte qu'après quelques années — ce serait un peu long au début, mais après un certain temps —, vous auriez des personnes parfaitement formées. A-t-on envisagé des solutions de ce genre?
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D'accord, il semble qu'une bonne connectivité à large bande soit indispensable. Encore une fois, ce n'est pas la réponse à tous les problèmes, mais je sais que dans certains domaines, les pathologies de la parole, par exemple, du soutien est offert. Même, dans une certaine mesure, le counselling en santé mentale devient... Avec des connexions adéquates, comme celles dont nous parlons, il est possible d'établir des contacts, des relations thérapeutiques. Je pense qu'on pourrait faire de même avec le domaine de la santé mentale.
C'est intéressant parce qu'hier, je parlais avec un groupe appelé Orbis, qui fait des chirurgies oculaires qui ont permis à des personnes partout dans le monde d'échapper à la cécité. Or, des gens d'Orbis m'ont dit que le groupe n'était jamais allé dans des collectivités autochtones du Canada. Je peux vous mettre en contact avec eux.
Orbis a même un hôpital ophtalmologique volant. Il a son propre avion qui se déplace avec des médecins de l'Institut de la vue d'Ottawa à son bord. Il accomplit un travail phénoménal. Si cela vous intéresse, je peux vous donner ses coordonnées.
Les gens d'Orbis ont clairement indiqué qu'ils savaient que certaines collectivités du Nord étaient touchées par de graves problèmes et qu'ils seraient enthousiastes de travailler là-bas.
Qu'en est-il des soins dentaires? Quelle est la situation de ce côté-là?
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Nous avons récemment fait une expertise dentaire.
Environ 500 enfants naissent chaque année dans nos collectivités. En tout temps, je dirais qu'environ 500 enfants sont sur la liste d'attente pour une anesthésie générale pour faire effectuer des travaux dentaires, qu'il s'agisse de la pose de couronnes ou de l'extraction de dents. Il existe une ligne directrice qui précise que si les travaux dentaires à effectuer portent sur plus de sept dents, ils doivent être effectués sous anesthésie générale.
Nous avons un programme de soins dentaires dispensé par la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits. Ce n'est pas un programme fondé sur les besoins. La plupart des travaux dentaires se font sur des personnes qui souffrent de douleurs aiguës, qui sont en crise. Bien souvent, c'est pour arracher des dents et non pour faire des traitements réparateurs ou des nettoyages. Il y a des hygiénistes dentaires qui travaillent dans le Nord, mais là encore, les services offerts ne réussissent pas à répondre à la demande de services dans les collectivités.