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Madame la présidente, mesdames et messieurs, bonjour. Je vous remercie de nous avoir invités. Quel plaisir de me retrouver ici. Je suis accompagné de mes collègues, qui m'aideront à répondre à vos questions sur cette thématique fort importante.
Permettez-moi de vous dire que votre étude arrive à point nommé. Comme vous le confirmeront sans doute d'autres témoins, la Politique de prévention et de gestion des manquements et ses dispositions, particulièrement celles liées à la gestion par un séquestre-administrateur, ont présenté de nombreux défis et ont fait l'objet de bon nombre de commentaires critiques au fil des ans. Par conséquent, elles ont été, et le sont toujours, une source de préoccupations importante pour le ministère.
Cela étant dit, je voudrais souligner que la Politique de prévention et de gestion des manquements, la PPGM, fournit un cadre utile. Tout d'abord, elle permet de s'assurer que les situations de manquement sont traitées le plus tôt possible par des actions progressives qui n'utilisent que le niveau d'intervention nécessaire; ensuite, elle vient appuyer les efforts déployés par les Premières Nations pour prévenir, identifier et éliminer leurs propres manquements; enfin, elle aide les Premières Nations à se sortir des situations de manquement afin d'assurer la viabilité à long terme de la prestation de programmes et de services à leurs citoyens.
Avant d'aller plus loin, je devrai définir la notion de manquement dans la Politique de prévention et de gestion des manquements. Manquement, c'est une condition qui peut comprendre un ou plusieurs des éléments suivants: premièrement, lorsque la santé, la sécurité ou le bien-être des citoyens est à risque. Ce risque peut être causé par des inondations, un incendie, une interruption de la prestation des services ou des changements soudains qui font en sorte que les citoyens sont privés des services essentiels. Deuxièmement, lorsque le gouvernement de la Première Nation ne respecte pas ses obligations principales dans le cadre de l'entente de financement. Il peut s'agir notamment du refus de signer l'entente de financement, ce qui compromet potentiellement la prestation des services essentiels aux citoyens et laisse le ministère sans recours juridique pour transférer les fonds aux citoyens. Troisièmement, il peut s'agir d'une opinion contraire du vérificateur sur les états financiers annuels vérifiés du bénéficiaire, ce qui exprime un manque de confiance de la part du vérificateur de la collectivité des Premières Nations. Quatrièmement, des cas où la situation financière de la Première Nation fait en sorte que la gestion des fonds publics ou la prestation des programmes et des services financés sont à risque.
Avec le temps qu'il me reste, je vais vous parler des principaux défis auxquels nous avons fait face concernant la PPGM. Je traiterai également des problèmes que nous éprouvons et des efforts que nous déployons au sein du ministère, en collaborant étroitement avec des organisations autochtones représentatives et les Premières Nations, pour trouver des solutions. Ces efforts visent ultimement à aider les Premières Nations à remédier aux manquements dès que possible et à être en meilleure posture, à éviter des manquements futurs, et à renforcer leur capacité de gérer leurs affaires de façon durable, responsable et dans l'intérêt de leurs citoyens.
La politique a été adoptée en 2008, puis revue et mise à jour en novembre 2013. C'est avec cette politique que nous travaillons aujourd'hui, quoiqu'elle fasse actuellement l'objet d'un examen puisque la ministre a signé un protocole d'entente avec l'APN, c'est-à-dire l'Assemblée des Premières Nations, qui prévoit la création d'une nouvelle relation financière. Y est visée notamment la Politique de prévention et de gestion des manquements. Nous sommes donc ravis de voir le sujet de votre étude, car nous aimerons nous inspirer du fruit de votre travail dans notre examen.
La politique vise principalement à assurer la prestation ininterrompue des programmes et services destinés aux citoyens des Premières Nations lorsqu'une Première Nation est en situation de manquement. Cette politique s'aligne sur la politique des paiements de transfert du Conseil du Trésor, qui exige que les ministères évaluent le profil de risque des bénéficiaires des transferts financiers gouvernementaux et gèrent ces transferts en fonction du profil de risque, qu'il s'agisse d'une Première Nation ou de toute autre organisation. C'est donc en vertu de la politique sur les paiements de transfert du Conseil du Trésor que nous avons élaboré notre politique de prévention et de gestion des manquements, qui s'inscrit dans notre gestion des fonds au nom des Canadiens.
Ce que nous tentons de faire au moyen de la politique, c'est d'établir un principe selon lequel les citoyens des Premières Nations ne doivent pas subir de préjudices et sont protégés contre les manquements de leurs dirigeants ou administrateurs, ou encore les circonstances sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle.
De concert avec Santé Canada, qui est responsable de la majorité des dépenses relativement aux affaires autochtones, nous avons tenté de collaborer sur de nombreux fronts afin d'appuyer la gestion des subventions et contributions. Nous utilisons des approches conjointes pour ce qui est de l'évaluation générale des risques, de l'identification des manquements et des mesures de redressement afin qu'il y ait, autant que possible, des démarches conjointes auprès de la collectivité.
Tout le monde connaît bien l'expression « gestion par un séquestre-administrateur », mais ce n'est pas en quoi consiste la Politique de prévention et de gestion des manquements. En fait, il y a plusieurs piliers qui sous-tendent la politique. Le premier pilier est la prévention des manquements, dont l'objectif est d'éviter les manquements en étant proactifs et en collaborant avec le ministère. En observant la politique sur les paiements de transfert du Conseil du Trésor, nous tentons d'évaluer la situation pour ce qui est des risques, ou dans une optique plus positive, le profil en matière de santé et de bien-être de la collectivité. Nous avons défini un certain nombre d'indicateurs pour évaluer le profil de risque ou la santé et le bien-être de la collectivité. Nous nous servons, par exemple, du score ou de la méthodologie d'évaluation générale afin d'étudier la situation et de voir s'il n'y a pas des signes d'alerte. Si nous en constatons, nous communiquons avec la Première Nation pour voir si on peut corriger la situation et obtenir un meilleur score afin d'éviter le manquement.
Si nous ne réussissons pas à collaborer avec la Première Nation pour éviter le manquement, nous passons au pilier numéro deux, qui est la gestion des manquements. Nous utilisons un outil d'évaluation des manquements qui établit le degré du manquement axé sur les risques. Comme je l'ai dit auparavant, en vertu de la Politique de prévention et de gestion des manquements, lorsqu'on tombe dans la gestion du manquement, cela ne veut pas forcément dire que nous avons d'office recours à un séquestre-administrateur. C'est l'étape la plus interventionniste et nous essayons de l'éviter.
Il y a divers niveaux d'intervention ou de collaboration avec la Première Nation que nous tentons avant d'imposer la gestion par séquestre-administrateur. Ainsi, on a recours à un bénéficiaire. Cette première phase, très peu interventionniste, prévoit que nous demandons à la collectivité d'élaborer un plan de gestion afin de remédier au manquement. La collectivité conçoit à elle seule un plan pour se sortir de la situation de manquement. À la deuxième phase, nous disons: « Vous avez besoin d'aide. Vous avez besoin d'un conseiller pour vous sortir de la situation de manquement. Vous pouvez même nommer le conseiller que vous voudrez. » La Première Nation embauche un conseiller pour l'aider à mettre en oeuvre le plan d'action qui l'aidera à remédier au manquement. Ces conseillers sont rémunérés avec les fonds de la bande.
La dernière phase, et c'est celle qui est la plus critiquée et la plus interventionniste, s'appelle la gestion de l'entente de financement par un séquestre-administrateur. C'est dans ces cas que nous recrutons et embauchons un séquestre-administrateur pour gérer l'entente de financement entre le ministère et la Première Nation.
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Elle est rarement utilisée, et seulement dans des circonstances où toutes les autres options ont échoué. C'est normalement parce qu'il y a rupture de la gouvernance de la Première Nation ou une incapacité à régler les conditions à l'origine du problème.
Le troisième pilier, qui est le dernier, est la durabilité, qui vise à aider la Première Nation à avancer, et à ne jamais retomber dans une telle situation.
J'aimerais vous présenter des statistiques clés. On dénombre 142 incidents, avec divers profils d'intervention. Environ un tiers de ces Premières Nations ont une faible capacité. Soixante-dix sur les cent quarante-deux font l'objet de plans d'action gérés par un bénéficiaire très peu interventionniste. Il y a ensuite quelque 62 Premières Nations pour lesquelles un conseiller a été nommé par le bénéficiaire. Dix Premières Nations sont gérées par un séquestre-administrateur. D'ici la fin d'avril, nous nous attendons à ce que ce nombre soit réduit à huit. Essentiellement, environ 1 % des collectivités des Premières Nations sont gérées par un séquestre-administrateur, ce qui est un signe positif. Il est encourageant de constater que le nombre baisse au fil des ans. Autrefois, c'était 15, 12, 10 et maintenant nous passons à 8. Les choses vont dans la bonne direction.
Nous examinons divers moyens pour régler le problème, tels que l'innovation. Par exemple, nous travaillons avec le Conseil de gestion financière des Premières Nations, un organisme autochtone qui travaille avec certaines Premières Nations et les séquestres-administrateurs afin de remédier aux manquements. C'en est un exemple.
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Merci pour votre exposé.
C'est un problème que nous observons partout au Canada. La situation est un peu différente dans le Nord, en raison des arrangements financiers qui varient légèrement. Toutefois, les défis sont semblables. À mon avis, vous avez bien décrit votre politique, mais la politique ne veut rien dire si le financement est insuffisant, et s'il y a d'autres facteurs qui créent la situation.
J'ai pu parler à de nombreux chefs autochtones dans ma circonscription au fil des ans. J'ai travaillé comme administrateur de bande et j'ai donc vu le problème sous divers aspects. Au cours des 10 dernières années, nous avons observé une réduction de 40 % du financement de base des bandes. Les conseils de bande se retrouvent donc dans une situation où ils essaient de déplacer des fonds d'un poste budgétaire à l'autre pour tout simplement couvrir des situations de crise.
J'ai parlé au chef dans ma collectivité ce week-end, et il m'a raconté que son conseil de bande se trouve dans une situation déficitaire depuis 16 ans et qu'à moins d'éviter toute dépense et de ne payer aucune facture, la collectivité ne s'en sortira probablement pas.
Nous avons des collectivités qui ont des dettes de plus d'un million de dollars parce qu'elles n'ont pas les moyens de gérer leurs bureaux, et pourtant, elles ont des responsabilités. Le gouvernement fédéral a cédé de nombreuses responsabilités aux conseils de bande avec l'attitude suivante: « Vous avez votre argent, occupez-vous de vos gens. » C'est une situation de « ça passe ou ça casse » et pour les gens qui sont confrontés à des défis réels et se retrouvent dans une situation déficitaire, il est très difficile de s'en sortir.
Le vérificateur général a effectué des études dans le Nord pour évaluer nos obligations et il nous a donné une note d'échec pour ce qui est de respecter les obligations à l'égard des organisations de revendication territoriale et d'autonomie gouvernementale. Ce n'est pas là qu'on trouvera une solution à nos problèmes.
Nous avons demandé au vérificateur général d'effectuer des études sur le financement de nos collectivités, parce que nous n'avons pas de réserves. Il y a deux réserves dans les Territoires du Nord-Ouest, mais les autres collectivités sont des entités dont les habitants sont des Autochtones. Le vérificateur général a conclu que nous ne respectons pas nos obligations.
Je voulais parler de quelques-uns des facteurs que nous constatons. Vous en avez mentionné certains, mais je voudrais que vous vous concentriez sur le fait d'accorder un financement suffisant et j'aimerais savoir si vous avez l'intention de rétablir certains crédits qui ont été supprimés.
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Je suis tout à fait d'accord avec vous que la mise en oeuvre de la politique n'a pas beaucoup de sens pour certaines Premières Nations si le financement global est insuffisant. Le tout dépend des circonstances.
Parfois, il y a un manque de gouvernance. Ce n'est pas forcément un financement insuffisant qui a mené au manquement. Chaque cas de gestion par séquestre-administrateur, si l'on ne retient que cette intervention prévue par la politique, présente des circonstances différentes.
Cela dit, dans les cas d'insolvabilité et de gestion et d'administration financière insatisfaisante, vous avez raison de dire que lorsqu'il n'y a pas suffisamment de fonds pour le soutien de la bande ou le développement de la capacité... À titre d'exemple, Affaires autochtones et du Nord a un budget très modeste pour le développement professionnel et institutionnel afin d'allouer des crédits aux Premières Nations pour les aider à dresser un plan d'action de gestion, mais ce n'est qu'un coup de pouce dont les effets ne sont pas durables. Si la bande ne jouit pas d'un financement global suffisant, il est probable, notamment dans le cas des Premières Nations qui n'ont pas d'autres sources de revenu pour couvrir leur déficit, qu'elles emprunteront de l'argent.
C'est la raison pour laquelle la ministre nous a chargés de communiquer avec les organismes centraux concernant...
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Merci, madame la présidente.
J'ai été frappée par quelque chose que vous venez de dire. Nous entendons régulièrement à la Chambre que si les députés le souhaitent, il est possible de consulter les états financiers vérifiés des bandes. Je suis sidérée d'apprendre que vous ne pouvez pas nous faire un rapport sur l'état des déficits, car cela va tout à fait à l'encontre de ce qu'on nous affirme régulièrement.
Je tenais à le dire. Je suis très inquiétée par le fait que vous ne pouvez pas nous fournir de renseignements sur la situation déficitaire. C'était ma première observation.
J'ai une question. Vous avez parlé en termes généraux et vagues, mais serait-il possible d'envoyer le document au Comité? Vous avez parlé de 142 Premières Nations et des divers niveaux d'intervention, mais il serait très intéressant de savoir depuis combien longtemps les Premières Nations en sont à ces divers niveaux. J'aimerais voir la tendance sur une période donnée, car j'ai entendu que parfois il y a des intérêts qui jouent et que même si l'objectif c'est d'aider les gens à se sortir de la gestion par séquestre-administrateur, la motivation n'est pas toujours au rendez-vous. J'aimerais que vous transmettiez au Comité des données qui portent sur les tendances sur une période de temps. Cela nous serait très utile.
Je suis d'accord avec mon collègue, M. McLeod, qui est d'avis qu'il faudrait en savoir plus sur la nature suffisante du financement par rapport aux besoins. C'est une autre question, mais elle est importante et il faut en tenir compte.
Lorsqu'on examine les états financiers qui ont été affichés, il serait bon de prendre connaissance, notamment à des fins de transparence, de la tendance baissière depuis le recours à la gestion par séquestre-adminstrateur.
Il y a une bande, celle de Neskantaga, pour laquelle le vérificateur a dit qu'il était incapable de s'assurer de l'exactitude, de l'existence et de l'évaluation des immobilisations. Il le dit depuis quelques années déjà. Cette bande est-elle assujettie à une gestion par séquestre-administrateur? Quel est le plan dans le cas de cette bande particulière?
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Merci, madame la présidente.
J'ai cette habitude de reprendre la conversation dans la langue que j'utilisais lorsque je me suis couché la veille. Je vais donc intervenir en français ce matin.
Je ne suis pas certain que l'étude que nous menons aujourd'hui soit la plus grande priorité des communautés autochtones. Par le passé, les dossiers autochtones ont été tellement négligés que tout est devenu une priorité dans les communautés. Je ne suis pas certain que le sujet de cette étude soit prioritaire.
Cela étant dit, comprenez-moi bien: j'ai toujours cru que la transparence et la reddition de comptes dans les communautés étaient deux piliers de toute gouvernance, qu'elle soit autochtone ou non autochtone, d'autant plus que nous étudions de multiples manières cette question précise de la politique de prévention et gestion des manquements.
Un groupe de travail ministériel doit se pencher non seulement sur les lois, mais également sur les politiques gouvernementales. Je suppose que ce sera un des sujets traités, du moins je l'espère. Selon le rapport d'Affaires autochtones et du Nord Canada de 2016-2017, on a l'intention d'entreprendre l'examen des politiques en cette matière. Il y a évidemment ce comité qui remettra, j'en suis certain, un excellent rapport, comme d'habitude. Évidemment, le protocole d'entente avec l'Assemblée des Premières Nations traitera également de cette politique. Je ne suis donc pas certain que nous sachions exactement qui va faire quoi à l'intérieur de cette panoplie de démarches liées au sujet.
Ma première question traite des coûts de ces démarches, que ce soit au premier, au deuxième ou au troisième palier. Ces coûts relèvent des communautés. Vous avez insisté sur les mots « who we choose », c'est-à-dire « que nous choisissons », mais vous avez omis de dire que ce sont les communautés qui paient pour que ces démarches soient effectuées.
Par conséquent, qui détermine de quel poste budgétaire sont tirés les montants pour payer des séquestres-administrateurs ou couvrir les autres aspects de la politique?
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Merci beaucoup d'avoir posé cette question, car je n'ai pas pu terminer ma déclaration.
J'ai commencé mon exposé en disant que ces défis n'étaient pas nouveaux. La politique a été élaborée en 2008 et a fait l'objet d'un examen. Elle a été mise à jour en 2013. Quatre ans plus tard, elle fait de nouveau l'objet d'un examen parce qu'il faut bien sûr la revoir et la mettre à jour selon les commentaires des collectivités. Effectivement, grâce à nos discussions avec l'Assemblée des Premières Nations, nous tentons de voir comment il faudrait procéder pour régler les problèmes et, nous l'espérons, l'améliorer encore plus. En attendant, nous pouvons prendre certaines mesures. Nous ne restons pas les bras croisés, car nous voulons bien sûr aider là où nous pouvons. Le fait d'imposer un séquestre-administrateur à une collectivité est une mesure extrêmement interventionniste. Nous rechignons vraiment à le faire.
Par exemple, nous participons à un projet pilote avec le Conseil de gestion financière des Premières Nations. Notre ministère lui a versé un financement par contribution souple qui servira à travailler avec cinq Premières Nations intéressées qui se trouvent assujetties à la gestion par séquestre-administrateur afin de les sortir de cette situation, par opposition à la façon traditionnelle de faire. Nous espérons que cette façon de procéder donnera des résultats plus durables.
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Selon nous, notre mandat prévu par la loi consiste à réduire les écarts socioéconomiques connus par les collectivités. Or, il est très difficile de réaliser cet objectif lorsqu'il y a cette source de friction dans nos rapports avec la collectivité, qui est la Politique de prévention et de gestion des manquements. Comment réduire les frictions qui découlent de cette politique afin de se concentrer sur les facteurs qu'a soulevés M. McLeod, c'est-à-dire les causes fondamentales?
Lorsqu'il y a ce mécontentement, il est difficile de se concentrer sur la priorité de la ministre, à savoir élaborer un plan de développement compréhensif pour la collectivité auquel participent tous les membres de la collectivité, ce qui nous permet d'investir dans les priorités qu'elle a retenues. Lorsque la Première Nation se retrouve en situation de manquement, il y a du ressentiment, car elle ne veut pas forcément avancer avec nous pour trouver des solutions positives aux problèmes, mis à part la question du financement accordé. Voilà un problème.
Nous devons reconnaître qu'outre le progrès réalisé récemment, c'est-à-dire que le nombre des Premières Nations assujetties à la gestion par un séquestre-administrateur est passé de 15 à 8 d'ici la fin avril, bon nombre de Premières Nations sont assujetties à la gestion par un séquestre-administrateur ou à une certaine intervention depuis trop longtemps. Il y a là un problème systématique et nous devons en trouver les causes. Il se peut que ce soit le financement de soutien accordé aux bandes. C'est peut-être le financement global. Pourquoi certaines nations n'arrivent-elles pas à ne s'en sortir? Pourquoi sont-elles tombées dans cette situation? Nous avons une Première Nation qui vit dans cette situation depuis 1998. C'est une grande préoccupation pour moi; cette Première Nation a essentiellement baissé les bras et s'est habituée à ce qu'une tierce partie gère ses affaires. Il faut y mettre un terme.
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Un plan d'action est établi dans tous les cas. Chaque situation est différente et dépend de la façon dont la collectivité s'est retrouvée dans cette situation en premier lieu. Pour certaines, comme je l'ai dit, c'est une simple question de quorum. La collectivité est divisée et n'arrive tout simplement pas à s'entendre pour former un conseil de gouvernance en bonne et due forme et se gérer elle-même. Voilà une première raison.
La gestion financière est une autre raison. Certaines collectivités n'ont aucun règlement financier. Elles n'ont aucune habileté technique en matière de finances, de sorte qu'elles doivent se soumettre à ce processus.
Il se peut aussi que la collectivité n'ait pas remboursé des prêteurs. Par l'entremise du conseiller, nous devons alors réduire sa dette pour qu'elle puisse accéder au troisième volet de notre politique, qui porte sur la durabilité. Nous prenons ensuite nos distances lorsque la dette accumulée au fil des ans a été remboursée.
Tout dépend de chaque situation. Nous surveillons les progrès réalisés, et lorsque les choses bougent, nous laissons tomber le séquestre-administrateur au profit d'une intervention plus légère, pour éventuellement nous retirer complètement. C'est ce que nous faisons dans le cadre de notre examen du tableau de bord, lorsque nous évaluons comment les collectivités se portent: sont-elles en train de s'en sortir ou sont-elles encore coincées? Dans le dernier cas, pourquoi restent-elles enlisées? Pourquoi ne passerions-nous pas à une intervention moins musclée pour les sortir du système?
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Nous ne prétendons pas que nous le faisons bien. Diverses choses pourraient être examinées. Comme nous l'avons dit, le fondement de la politique est d'essayer d'éviter l'intervention — d'intervenir beaucoup auprès du séquestre-administrateur. Est-ce que nous le faisons bien? Je ne le sais pas. Nous aimerions qu'une source extérieure arrive à la conclusion que « non, vous n'êtes pas assez proactifs quand il s'agit de les sortir de la situation ». Nous sommes prêts à accepter la critique, de même que les solutions qui viendront avec cela.
Notre ministre insiste beaucoup pour que les institutions dirigées par les Autochtones fassent ce travail, plutôt qu'AINC. Est-ce une avenue permettant d'éviter toute cette situation? Que nous ne le fassions plus et qu'une institution dirigée par les Autochtones en fasse partie? Cela correspondrait à l'orientation donnée par la ministre. Nous aimerions savoir si le Comité trouve qu'une institution axée sur la culture devrait le faire, plutôt qu'AINC.
Je comprends ce que dit M. McLeod au sujet du financement du soutien des bandes et du développement des capacités, et la question qu'il soulève à savoir si notre budget — notre Programme de développement professionnel et institutionnel — est convenable, compte tenu des besoins et du nombre de collectivités qui n'ont pas de sources de revenus propres, du nombre de collectivités éloignées et isolées. Il est très difficile de trouver des spécialistes qualifiés dans ces collectivités pour commencer, et ce, pour tous les niveaux de compétence.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais faire un commentaire relativement au dernier échange que j'ai eu avec M. Beaudoin.
Selon moi, lorsqu'on en est au troisième palier d'intervention, il est très cruel d'obliger les communautés autochtones à déterminer où elles vont puiser les ressources pour payer pour ce qui leur arrive. La plupart des communautés souffrent déjà d'un manque de revenus et de ressources. Malgré cela, on les oblige à déterminer où elles vont prendre les fonds pour payer cette intervention. Je trouve cela cruel, à proprement parler. Je voulais absolument mettre cela sur la table.
Monsieur Thoppil, j'ai trouvé intéressante la conclusion dans votre document de présentation, qui dit ceci:
[Traduction]
En conclusion, chacun des défis mentionnés rend compte de préoccupations stratégiques réelles dans le contexte d'une relation renouvelée avec les Autochtones. Il sera important que le Comité les prenne en considération.
[Français]
Plusieurs points ont été soulevés dans ce paragraphe. Il y est question des défis, de politiques inquiétantes et de nouvelles relations avec les peuples autochtones. Nous devons prendre en considération tous ces points dans notre rapport; c'est ce que vous dites. J'aimerais que vous nous en disiez plus à ce sujet.