:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je tiens à vous dire au nom du vérificateur général qu'il regrette de ne pas pouvoir être présent aujourd'hui.
Madame la présidente, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de deux audits présentés dans nos rapports du printemps 2018. L'un des audits portait sur les écarts socioéconomiques dans les réserves des Premières Nations et l'autre, sur la formation à l'emploi pour les Autochtones.
Je suis accompagné aujourd'hui du directeur principal, Joe Martire, et de la directrice, Maria Pooley.
[Français]
Le Bureau du vérificateur général du Canada audite depuis longtemps les activités et les programmes fédéraux qui touchent les peuples autochtones. Même si les divers gouvernements qui se sont succédé ont pris de nombreux engagements pour améliorer le bien-être des peuples autochtones, le vérificateur général constate malheureusement, après des décennies d'audits, que les résultats des programmes pour les peuples autochtones sont inacceptables. Comme vous pourrez le constater grâce aux consultations des deux récents audits dont nous discutons aujourd'hui, les problèmes chroniques comprennent le manque d'information et la mauvaise utilisation des données disponibles pour comprendre et améliorer l'impact des programmes sur la vie des Autochtones.
Dans le premier audit, nous avons évalué le progrès réalisé par Services aux Autochtones Canada pour combler les écarts socioéconomiques entre les membres des Premières Nations vivant dans les réserves et les autres Canadiens. Nous avons aussi déterminé si le ministère en avait fait dûment rapport. Nous avons également voulu savoir si le ministère avait bien utilisé les données à sa disposition pour améliorer les programmes d'enseignement et ainsi combler les écarts en matière d'éducation et améliorer le bien-être socioéconomique.
[Traduction]
Nous avons constaté que le principal outil du ministère pour mesurer le bien-être socioéconomique dans les réserves, soit l'Indice du bien-être des collectivités, n'était pas complet. En effet, l'indice intégrait des données de Statistique Canada sur la scolarité, l'emploi, le revenu et le logement, mais il ne tenait pas compte de plusieurs facteurs du bien-être qui sont aussi importants pour les membres des Premières Nations, tels que la santé, l'environnement, la langue et la culture.
Nous avons aussi constaté que le ministère n'avait pas utilisé de façon adéquate la grande quantité de données sur les programmes fournies par les Premières Nations, ou les autres données disponibles, pour mesurer si la vie des membres des Premières Nations vivant dans des réserves s'était améliorée, et en faire rapport.
Par exemple, le ministère n'a pas mesuré ni communiqué adéquatement l'écart en matière d'éducation. À partir des données recueillies par le ministère, nous avons établi que l'écart dans l'obtention du diplôme d'études secondaires, ou l'équivalent, entre les membres des Premières Nations vivant dans des réserves et les autres Canadiens s'était élargi entre 2001 et 2016. Nous avons constaté que les Premières Nations avaient un accès limité au système d'information sur l'éducation du ministère, malgré l'engagement pris par le gouvernement en 2008 de leur donner accès à l'information versée dans le système.
Services aux Autochtones Canada a aussi mal utilisé les données sur l'éducation qu'il avait recueillies pour améliorer les résultats en éducation. Par exemple, le ministère a consacré 42 millions de dollars sur quatre ans pour préparer les élèves des Premières Nations à poursuivre des études postsecondaires. Nous avons cependant constaté que seulement 8 % des personnes inscrites à ce programme préparatoire l'avaient terminé. Malgré ces mauvais résultats, le ministère n'a pas collaboré avec les Premières Nations ou les établissements d'enseignement pour améliorer le taux de réussite.
Nous avons constaté que le ministère n'avait pas communiqué la plupart des résultats en matière d'éducation qu'il s'était engagé à communiquer au cours des 18 dernières années pour déterminer si des progrès avaient été réalisés afin de combler l'écart. Par exemple, il n'a pas fait rapport sur l'assiduité scolaire ni sur l'enseignement des langues des Premières Nations.
Nous avons aussi constaté que les résultats publiés par le ministère sur l'éducation des Premières Nations n'étaient pas exacts.
[Français]
Nous avons conclu que Services aux Autochtones Canada n'avait pas mesuré de manière satisfaisante les progrès accomplis par le Canada pour combler les écarts socioéconomiques entre les membres des Premières Nations vivant dans les réserves et les autres Canadiens. Nous avons également conclu que le ministère n'avait pas utilisé adéquatement les données à sa disposition pour améliorer les programmes d'enseignement.
Dans le deuxième audit, nous avons examiné comment Emploi et Développement social Canada avait géré deux programmes: la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones et le Fonds pour les compétences et les partenariats.
L'objectif commun de ces deux programmes était d'augmenter le nombre d'Autochtones qui occupent un emploi stable et intéressant. Pour ces deux programmes, le ministère a travaillé avec les organisations autochtones de partout au pays qui fournissaient de la formation et de l'aide à l'emploi aux Premières Nations, aux Métis et aux Inuits.
Dans l'ensemble, nous avons constaté que le ministère n'avait pas fait la preuve que ces programmes avaient augmenté le nombre d'Autochtones ayant obtenu et gardé un emploi. En particulier, nous avons constaté que le ministère n'avait pas défini les indicateurs de rendement nécessaires pour montrer si les programmes avaient atteint leurs objectifs. Par exemple, le ministère a établi une cible annuelle pour le nombre de clients ayant trouvé un emploi après avoir reçu des services. Cependant, il a compté tout emploi décroché comme un résultat positif, que l'emploi soit à court terme, saisonnier, à temps partiel ou à temps plein. Cela signifie que le ministère ne savait pas jusqu'à quel point les programmes avaient aidé les clients à trouver des emplois durables.
[Traduction]
Nous avons aussi constaté que le ministère n'avait pas fait assez pour s'assurer que les données fournies par les organisations autochtones sur les résultats obtenus par leurs clients après avoir reçu des services étaient complètes et exactes. Ainsi, le ministère ne savait pas, pour plus de 20 % de tous les participants aux programmes ayant reçu des services, si ces derniers avaient effectivement trouvé un emploi ou étaient retournés aux études.
Nous avons aussi constaté que le ministère n'avait pas analysé les données qu'il avait recueillies sur les programmes pour en faire ressortir les tendances, les problèmes ou les pratiques exemplaires pouvant aider les organisations autochtones à améliorer leurs services et leurs résultats. Par exemple, entre les exercices 2010-2011 et 2016-2017, le ministère a consacré 130 millions de dollars aux subventions salariales pour les employeurs qui embauchaient des clients pour des périodes déterminées. Cependant, le ministère n'a pas fait un suivi pour savoir si ces clients avaient conservé leur emploi une fois que les subventions avaient pris fin.
De plus, le ministère n'a pas fait de suivi systématique auprès des organisations autochtones pour vérifier qu'elles s'acquittaient de leurs obligations prévues aux ententes de financement; il n'a pas non plus utilisé l'information obtenue du suivi exercé pour déterminer dans quelle mesure les programmes fonctionnaient. Cela signifie qu'il a manqué l'occasion d'explorer des moyens d'améliorer l'exécution des programmes et de trouver des enjeux systémiques auxquels il fallait remédier.
[Français]
Après le dépôt en mai de nos rapports au Parlement, Services aux Autochtones Canada et Emploi et Développement social Canada ont tous deux préparé un plan d'action pour donner suite à nos recommandations. Votre comité souhaitera peut-être demander aux deux ministères une mise à jour de leurs progrès dans la mise en oeuvre de leurs engagements.
Madame la présidente, c'est ainsi que se termine ma déclaration préliminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Je vous remercie.
:
Madame la présidente, j'aimerais d'abord remercier le Comité de m'avoir invité à participer aux discussions aujourd'hui, et je tiens à souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel et non cédé du peuple algonquin.
Madame la présidente, mes collègues et moi accueillons favorablement le rapport du printemps du Bureau du vérificateur général sur les écarts socioéconomiques et les données sur l'éducation visant les membres des Premières Nations vivant dans les réserves.
[Français]
Services aux Autochtones Canada souscrit aux trois recommandations qui sont formulées dans le rapport concernant le ministère et travaille déjà à répondre aux préoccupations soulevées.
[Traduction]
Si vous me le permettez, je vais utiliser le temps dont je dispose aujourd'hui pour donner au Comité un aperçu des progrès réalisés par le ministère dans l'application des recommandations, après quoi je serai heureux de répondre à vos questions.
Dans nos interventions, nous gardons à l'esprit la détermination du gouvernement du Canada de renouveler sa relation avec les peuples autochtones ainsi que la nécessité de veiller à ce que nos initiatives ministérielles appuient l'objectif ultime de l'autodétermination.
[Français]
Cela comprend le contrôle par les Premières Nations de leur éducation, un appel lancé au gouvernement du Canada à maintes reprises depuis des décennies.
[Traduction]
En tant que ministère, nous travaillons avec nos partenaires des Premières Nations pour atteindre cet objectif. Nous devons aborder les questions essentielles, qu'il s'agisse de renforcer la capacité des Premières Nations à créer des établissements d'enseignement qui offrent aux élèves des programmes et services de qualité adaptés sur le plan culturel, ou de veiller à ce que les Premières Nations aient accès au financement suffisant et prévisible dont elles ont besoin pour maintenir et améliorer leur système d'éducation à long terme.
Pour ce qui est des recommandations, la première souligne l'importance de collaborer avec les Premières Nations et d'autres partenaires pour mesurer le bien-être socioéconomique général des membres des Premières Nations vivant dans les réserves et pour faire rapport à cet égard. Cela consiste notamment à examiner d'autres aspects du bien-être socioéconomique jugés prioritaires par les Premières Nations, comme la langue et la culture.
[Français]
Dans un premier temps, nous collaborons déjà avec des partenaires, dont l'Assemblée des Premières Nations et le Centre de gouvernance de l'information des Premières Nations, à la mise en place d'une proposition de cadre national axé sur les résultats.
[Traduction]
Je crois, en fait, que nous vous avons distribué aujourd'hui une ébauche de ce que nous appelons le cadre national.
Nous voulons et devons disposer d'un mécanisme qui nous permettra de déterminer avec un degré de certitude élevé ce qu'on appelle, à juste titre, les écarts inacceptables entre les Autochtones et les non-Autochtones au Canada en ce qui a trait au niveau de vie, à l'éducation et à la santé. Cela est essentiel pour savoir si nous faisons des progrès dans la réduction des écarts.
Le cadre s'harmoniserait avec les objectifs de développement durable des Nations unies, prévoyant ainsi l'établissement d'un tableau de bord complet de tous les résultats escomptés et des indicateurs clés associés au bien-être socioéconomique, y compris à la langue et à la culture. Un tel outil est indispensable pour orienter nos travaux avec les peuples autochtones.
En conjuguant nos efforts, nous souhaitons parvenir, d'ici trois ans, à un ensemble complet de données de base sur les écarts socioéconomiques. Cette base de référence, de même que l'expérience et les connaissances acquises au cours de sa création constituent les outils dont nous avons besoin pour mesurer nos progrès à l'égard de l'élimination des écarts et produire des rapports utiles à cet égard.
Je tiens à insister sur le fait que nous ne proposons pas de nous acquitter seuls de cette tâche. Nous nous engageons à mettre en place un processus de collaboration respectueux pour l'élaboration du cadre, en reconnaissant qu'il est essentiel de connaître les points de vue des Premières Nations pour définir des indicateurs socioéconomiques pertinents.
La deuxième recommandation découle de la première et propose de travailler en partenariat avec les Premières Nations pour recueillir, utiliser et communiquer des données afin d'améliorer les résultats en matière d'éducation dans les réserves.
[Français]
Encore une fois, ces travaux sont déjà en cours.
[Traduction]
En collaboration avec les Premières Nations, nous nous efforçons de déterminer les indicateurs liés aux résultats en matière d'éducation qui sont les plus significatifs pour les Premières Nations. Dans certains cas, peut-être même dans de nombreux cas, ces indicateurs remplaceront les indicateurs actuels.
Je tiens à signaler que ces travaux s'inscrivent dans le mouvement vers le contrôle par les Premières Nations. Les Premières Nations recueilleront des données et rendront des comptes à leurs collectivités.
Une étape essentielle consiste à renforcer la capacité de gouvernance des données des Premières Nations. Comme vous le savez, dans le cadre de l'établissement d'une nouvelle relation financière, le gouvernement a prévu des fonds dans le budget de 2018 pour aider le Centre de gouvernance de l'information des Premières Nations à mettre en place une stratégie nationale de gouvernance des données et à coordonner les efforts pour établir des centres régionaux de gouvernance des données pour les Premières Nations.
[Français]
J'insiste sur le fait que l'appui à une stratégie nationale de gouvernance des données n'équivaut pas à une approche universelle de gouvernance des données des Premières Nations, y compris en matière d'éducation.
[Traduction]
Nous mettons l'accent sur les approches régionales afin de respecter la diversité des collectivités des Premières Nations. Je suis heureux de dire qu'en décembre dernier, l'Assemblée des Premières Nations a ratifié une approche stratégique élaborée conjointement avec les Premières Nations en vue de l'élaboration d'une nouvelle politique en matière d'éducation de la maternelle à la 12e année. Cette politique orientera l'élaboration et la mise en oeuvre d'approches régionales en matière d'éducation des Premières Nations, y compris l'amélioration de la collecte, de l'utilisation et de la communication de données, ainsi que la responsabilisation mutuelle.
J'aimerais attirer votre attention sur l'entente tripartite en matière d'éducation qui a récemment été conclue en Colombie-Britannique et qui est un exemple de cette approche. Il s'agit d'une entente régionale globale conclue avec les Premières Nations et d'autres partenaires qui aidera à faire en sorte que tout le monde soit sur la même longueur d'onde en ce qui concerne ce que nous mesurons et la manière dont nous le mesurons.
La troisième recommandation souligne la nécessité de veiller à ce que les résultats communiqués en matière d'éducation soient complets et exacts.
[Français]
Comme l'a fait remarquer le vérificateur général, même si les rapports du ministère sur les taux de diplomation sont exacts, des améliorations peuvent être apportées en ce qui concerne l'aspect significatif des données.
[Traduction]
Nous sommes d'accord. La façon d'en arriver à une comparaison significative des taux d'obtention de diplôme d'études secondaires à l'échelle nationale pose problème depuis un certain temps. Les provinces ont compétence sur leur système d'éducation, y compris sur la mesure de la réussite. À titre d'exemple, chaque province a sa façon de déterminer les taux de diplomation. De plus, de nombreux étudiants des Premières Nations finissent leurs études secondaires ailleurs que dans leur collectivité d'origine ou les finissent à tire d'étudiants adultes, des réussites qui ne sont pas nécessairement consignées dans nos rapports.
Notre travail de transformation de l'éducation consiste, entre autres, à élaborer un nouveau cadre de résultats qui produira des rapports à la fois exacts et utiles.
En conclusion, madame la présidente, mon ministère accueille favorablement et approuve les recommandations formulées par le vérificateur général qui, à bien des égards, appuient le travail déjà en cours pour transformer l'éducation des Premières Nations, notamment la recommandation selon laquelle le ministère devrait travailler en partenariat avec les Premières Nations et d'autres partenaires pour recueillir, utiliser et communiquer des données qui permettront de mesurer avec exactitude les écarts socioéconomiques existants et la réussite des efforts que nous déployons pour éliminer ces écarts.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je suis accompagnée de ma collègue, Stephanie Hébert, et nous aimerions d'abord vous remercier, ainsi que tous les membres du Comité, de nous donner l'occasion de nous exprimer. Nous voulons aussi souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel et non cédé du peuple algonquin.
Nous accueillons favorablement le rapport du vérificateur général sur la formation à l'emploi pour la population autochtone. Les recommandations qu'il contient portent sur deux programmes visant le marché du travail: la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones, que j'appellerai la SFCEA, et le Fonds pour les compétences et les partenariats, le FCP.
[Français]
Nous acceptons ces recommandations et avons déjà lancé des mesures importantes pour améliorer ces programmes pour les peuples autochtones.
[Traduction]
Madame la présidente, avant de parler en détail du rapport, j'aimerais faire une mise en contexte importante.
Nous savons que l'écart sur le plan des compétences et de l'emploi entre les Autochtones et les non-Autochtones existe toujours. Personne ne comprend mieux l'incidence de cet écart que les fournisseurs de services aux Autochtones avec lesquels nous travaillons dans le cadre de la SFCEA et du FCP. Pour obtenir des résultats et diminuer cet écart de façon significative, nous devons nous éloigner d'une approche unique et pancanadienne qui s'applique à l'ensemble des Autochtones et reconnaître que les peuples autochtones sont ceux qui comprennent le mieux leurs besoins.
Le gouvernement a été clair et constant en ce qui a trait à son engagement à l'égard de la réconciliation par l'entremise d'une nouvelle relation de nation à nation, de gouvernement à gouvernement et entre les Inuits et la Couronne, fondée sur la reconnaissance de droits, le respect, la collaboration et le partenariat.
C'est pourquoi le budget de 2018 comporte de nouveaux investissements.
[Français]
Ces investissements se chiffrent à 2 milliards de dollars sur cinq ans et à 408,2 millions de dollars par année en financement continu, ce qui représente une augmentation de 99,4 millions de dollars par année pour la nouvelle Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones. Ce nouveau programme est fondé sur des consultations approfondies et une approche basée sur les distinctions.
[Traduction]
Nous collaborons activement à l'élaboration de la mise en oeuvre de cette nouvelle approche avec nos partenaires. Durant mon exposé, je vais expliquer comment les recommandations formulées dans le rapport sont déjà en train d'être appliquées dans le nouveau programme d'ISDE, qui a été annoncé dans le budget.
La SFCEA est un programme unique de subventions et de contributions. Elle repose entièrement sur des organismes de prestation de services aux Autochtones. Ce sont ces organismes qui prennent les décisions quant à la conception et à la prestation des services, en fonction des besoins et des priorités des clients et des communautés et conformément aux modalités de ce programme.
[Français]
Pour sa part, le programme des partenariats stratégiques a grandement bénéficié à plus de 375 000 Autochtones. Il est offert par un réseau national qui représente 85 accords de contribution et plus de 600 points de service.
[Traduction]
En dépit d'un financement inchangé et d'une croissance continue de la population, les fournisseurs de services aux Autochtones ont réussi à offrir un programme adapté, souple et novateur, qui permet de répondre à une vaste gamme de situations économiques ainsi qu'aux divers besoins des clients.
Le Fonds pour les compétences et les partenariats est un programme axé sur la demande et fondé sur les partenariats qui vise à offrir de la formation à l'emploi aux Autochtones pour des postes à pourvoir chez des employeurs. Il cible des possibilités de développement économique nouvelles ou émergentes afin de répondre aux besoins des secteurs où la demande est élevée et des domaines où il y a une pénurie de main-d'oeuvre.
Une évaluation effectuée en 2015 de la SFCEA et du FCP, qui s'appuyait sur les 10 évaluations précédentes de ces programmes, a fait état de résultats positifs et durables, notamment une hausse du revenu annuel moyen de 1 600 $ et une amélioration de l'employabilité pour les participants aux programmes.
Le rapport du vérificateur général portait sur la gestion des programmes par le ministère. Nous prenons ce rapport au sérieux et nous acceptons les conclusions, qui ont mis en évidence des domaines où il y a lieu d'améliorer notre gestion. Nous sommes ravis de constater que le rapport ne remet pas en question les normes du ministère en matière de contrôle financier et d'assurance de la qualité ni la gestion effectuée par les organismes de prestation de services aux Autochtones.
[Français]
Les conclusions du rapport peuvent être regroupées en deux domaines thématiques: les mesures de rendement et la gestion du programme.
[Traduction]
Il y a donc premièrement la mesure du rendement. Le ministère travaille en collaboration avec des organismes de prestation de services aux Autochtones à l'élaboration d'une nouvelle stratégie visant à évaluer le rendement, qui comportera des indicateurs plus solides, des objectifs clairement définis et un meilleur compte rendu des résultats postérieurs aux programmes. Il y a quelques semaines, plus de 150 représentants d'organismes chargés de la prestation de services aux Autochtones ont participé à un atelier sur les données nationales pour discuter des indicateurs de réussite à utiliser pour le nouveau programme d'ISDE. Cette nouvelle stratégie permettra au gouvernement et aux partenaires d'évaluer la mesure dans laquelle le programme profite aux Autochtones et à leurs communautés.
En deuxième lieu, il y a la gestion des programmes, qui inclut le modèle d'allocation des fonds, la communication de renseignements sur le marché du travail et l'observation de ce marché.
[Français]
Madame la présidente, le ministère travaille avec les organisations autochtones afin de déterminer la meilleure façon d'allouer de nouveaux fonds aux organismes de prestation de services. Nous nous basons sur des volets de financement qui reflètent les besoins variés des collectivités et de leur clientèle.
[Traduction]
Nous reconnaissons qu'il est important de fournir des renseignements exacts sur le marché du travail à nos partenaires chargés de la prestation de services aux Autochtones. Nous mettons sur pied des groupes de travail qui prennent en compte les distinctions afin de déterminer les types de renseignements sur le marché du travail et d'analyse de ce marché qui seraient le plus utiles pour nos partenaires.
Plus précisément, nous avons déjà commencé à travailler avec les Premières Nations sur un projet pilote visant à combler les lacunes sur le plan des renseignements au cours des trois prochaines années. Ce projet nous permettra d'établir de l'information adaptée ainsi qu'un répertoire des compétences pour une soixantaine de collectivités.
Nous travaillons également avec nos partenaires sur un nouveau modèle de gestion des risques afin de mieux évaluer et d'accroître les capacités de ces partenaires. Cela permettra de nous assurer que la surveillance est constante et de mieux orienter la prestation des programmes et des services.
[Français]
De plus, le nouveau modèle de gestion des risques mettra en place le soutien nécessaire à une gestion efficace des ententes auxiliaires et à l'atteinte des résultats.
[Traduction]
Comme vous pouvez le constater, nous prenons les recommandations au sérieux. Nous considérons qu'il s'agit d'une occasion pour nous tous de continuer à travailler en partenariat afin de nous assurer que les programmes offrent aux Autochtones le soutien dont ils ont besoin pour réussir.
[Français]
Je vous remercie encore une fois de nous avoir invitées aujourd'hui.
Je suis heureuse de travailler avec le Bureau du vérificateur général du Canada afin d'accomplir nos objectifs communs.
:
Madame la présidente, cela fait beaucoup dans une question très brève. Je vais commencer par le dernier volet de la question du député, qui porte sur l'autodétermination et l'éducation.
Il me semble que le Canada et les Premières Nations vont continuer de traverser une période de transition vers l'autonomie gouvernementale et un modèle gouvernemental d'éducation. Une fois ce modèle mis en oeuvre, lorsque les Premières Nations assumeront la responsabilité en la matière, la relation entre le gouvernement fédéral et les Premières Nations ressemblera davantage à celle entre le gouvernement fédéral et les provinces, et le financement sera davantage comme un transfert de fonds du gouvernement fédéral au gouvernement des Premières Nations.
Entre-temps, ce que nous vérifions, c'est un programme fédéral assorti d'objectifs précis, qui s'inscrit dans une entente de contribution assortie de modalités. Ce n'est pas une situation idéale, à mon avis, pour promouvoir l'autonomie gouvernementale, car les personnes qui organisent les services d'éducation et se chargent de leur prestation se concentrent sur les modalités de l'entente et le respect des exigences de déclaration au gouvernement fédéral plutôt que de mettre l'accent sur la collectivité et les enfants.
Dans la transition, nous devrons trouver un moyen. Je pense que mes collègues à Services aux Autochtones s'efforcent de passer d'une sorte d'entente fondée sur la contribution à une entente qui mise davantage sur l'autonomie gouvernementale et qu'ils ont en fait, d'après ce que j'ai compris, signé en Colombie-Britannique une entente qui, s'il n'est pas question de compétence, aidera à effectuer la transition vers l'autonomie gouvernementale.
J'espère que cela répond au deuxième volet de la question du député.
Pour ce qui est du premier volet de la question, je vais peut-être demander à mon collègue, Joe Martire, le principal responsable de l'audit, de parler plus précisément des questions de suivi.
:
Je vais commencer par dire que pour la suite des choses, nous avons tendance, en tant qu'auditeurs, à revenir en arrière. Nous pouvons parler de ce qui s'est produit à la suite de choses qui n'ont pas donné de bons résultats et qui peuvent être améliorées.
Quand on parle de mesurer le bien-être de la collectivité — l'Indice du bien-être des collectivités —, nous reconnaissons que l'indice englobe certains points, mais que ce n'est pas une mesure globale. Le ministère le sait depuis de nombreuses années.
L'autre aspect, c'est que même si nous le savons, jusqu'au toutes dernières initiatives — nous parlons d'une période de 18 ans —, on n'a pas tenté de rendre la mesure plus globale ou de créer un autre indice à cette fin. De plus, comme nous l'avons indiqué dans le rapport, l'indice n'était accompagné d'aucun engagement véritable et significatif auprès des Premières Nations pour assurer son développement. Je suis donc heureux d'entendre que des échanges auront lieu, de manière à ce que les deux parties sachent ce qu'il faut inclure dans l'indice et comment il sera utilisé.
À propos de l'éducation, le ministère s'est essentiellement engagé il y a 20 ans à rendre compte de l'écart en la matière et de la façon dont il diminuait. Il ne l'a jamais fait. Nous nous sommes servis de ses propres données pour montrer ce que vous pouvez voir sur le graphique de la pièce 5.1, à savoir que dans les faits, l'écart s'est agrandi pendant ces années. Une fois de plus, ce sont des renseignements que le ministère avait.
De notre point de vue, nous essayons de montrer dans le rapport comment le ministère peut se servir des renseignements à l'avenir. Je pense qu'il s'en sert, mais le temps nous montrera s'il le fera avec succès.
:
Je remercie tous les fonctionnaires présents aujourd'hui.
Je suis un peu déçu que nous n'ayons pas reçu cette ébauche, qui a été présentée à un autre comité. Quand vous l'avez déposé devant nous... Comme vous saviez que vous alliez comparaître aujourd'hui devant notre comité, j'aurais aimé la recevoir un peu plus tôt. Elle contient de bons renseignements. C'est une ébauche, mais je pense qu'on peut voir — nous avons eu 30 secondes pour la consulter — que les nouvelles ne sont pas très bonnes.
Votre ministère consacre plus d'argent à l'éducation qu'à quoi que ce soit d'autre. Vous dépensez environ 2,1 milliards de dollars pour que 107 000 personnes aillent à l'école — d'après ce que nous savons — au pays. Nous avons aussi environ 24 000 personnes qui mènent des études postsecondaires. Nous savons que ces données comportent des lacunes depuis des années. J'aurais pu vous le dire. Je suis administrateur en Saskatchewan depuis 10 ans. J'ai siégé au conseil scolaire. Je n'avais pas besoin de venir consulter ces données aujourd'hui. Je sais depuis longtemps qu'elles comportent des lacunes. C'est toujours le cas, pour être honnête. Je le constate parce que je vois les résultats de la troisième année en compréhension écrite. Nous n'en avons même pas parlé. C'est en troisième année.
Monsieur Tremblay, lorsqu'on ne sait pas lire en troisième année, c'est foutu. Nous le savons tous. Chaque conseil scolaire au pays tente de faire en sorte que les enfants de troisième année savent lire selon le niveau qu'on attend d'eux ou un niveau supérieur, et si ce n'est pas le cas...
Aucune donnée ici ne l'indique, aucune. À votre avis, pourquoi échouons-nous au chapitre de la diplomation? Cela remonte à la troisième année. Nous n'avons aucun résultat, où que ce soit, à l'appui.
Pouvez-vous me dire rapidement, car le temps commence à manquer, pourquoi nous ne parlons pas des niveaux de compréhension écrite en troisième année?
:
Ils étaient tout simplement partis.
L'autre question, c'est de savoir comment nous pouvons assurer la participation des élèves inuits, métis et des Premières Nations lorsque nous ne savons pas s'ils sont là. Nous ne faisons aucun suivi des présences.
Comme pour tout le monde au Canada, la première chose qu'on fait à 9 heures ou à 8 h 30, quand les élèves arrivent, c'est vérifier une rangée à la fois s'ils sont présents.
On ne fait pas de suivi des présences. Quand je me rends dans le Nord, je constate que Johnny est absent depuis 10 jours. Quelqu'un a-t-il appelé ses parents pour savoir où il se trouve? C'est le travail des écoles. À défaut de prendre les présences et de faire un suivi, nous n'allons jamais régler le problème. Vous allez revenir sans cesse ici avec ces résultats imparfaits. Ils ne seront jamais corrigés.
Les élèves doivent se présenter à l'école, et nous devons faire un suivi, que nous ne faisons toujours pas. Ce système ne fonctionne pas.
Vous avez dit que vous avez un système en Colombie-Britannique, mais comment vais-je faire pour comparer ces résultats à ceux de la Nouvelle-Écosse? Au bout du compte, je dois prendre le pays entier et déterminer quels programmes fonctionnent. Comment allons-nous finir par savoir si c'est un bon système que nous pouvons reprendre à l'échelle nationale?
Nous avons besoin d'une politique pancanadienne.
Je suis consternée par ce que j'entends aujourd'hui de la part des deux ministères et du gouvernement fédéral.
Nous parlons de la vie d'enfants et de jeunes des Premières Nations qui aspirent à devenir quelqu'un à l'aide des services offerts. Vous devriez avoir honte.
Quand je me rends dans la réserve de la circonscription, cela me fait vraiment mal d'entendre parler d'un jeune qui n'a nulle part où vivre, d'une école délabrée n'ayant pas assez d'équipement.
Le Canada est un pays riche. Vous devriez avoir honte de vous. C'est vraiment pathétique, et je trouve cela vraiment choquant.
Les gens des deux ministères ont-ils lu le rapport de la Commission de vérité et réconciliation?
Vous l'avez lu, et vous avez pourtant de la difficulté à effectuer les mesures nécessaires en matière d'éducation, de langue et de culture pour améliorer la vie de nos enfants et de nos adolescents.
Comment pouvez-vous parler ici de l'établissement de relations quand vous n'avez pas la bonté nécessaire pour même apporter des améliorations? Je n'ai aucune confiance dans le système, et cela me brise le coeur.
Comment pouvez-vous même parler du jeune qui fréquente l'école, mais pour lequel aucun suivi n'est fait.
Que dites-vous de cela, tous les deux?
:
Merci, madame la présidente.
Merci tout particulièrement à nos fonctionnaires de tous les efforts qu'ils déploient pour maintenir la reddition de comptes et améliorer la gouvernance, de même qu'à nos représentants des ministères de leur intervention, car il semble y avoir une réponse corrélative.
Comme vous le savez sans doute tous aussi, je sais que le budget de 2016 proposait 2,6 milliards d'investissements sur cinq ans en enseignement primaire et secondaire pour les collectivités autochtones. Il y a déjà 156 projets qui sont en cours, si bien que des investissements sont manifestement effectués.
Je pense que les Canadiens sont en droit de vouloir que la collecte de données sur les résultats soit bien faite. Je pense que c'est une conversation franche qu'il faut avoir.
J'aimerais obtenir plus de renseignements concernant le type d'informations et de recommandations que les organismes qui représentent les Autochtones comme l'APN, sans toutefois s'y limiter, ont fournies à Services aux Autochtones Canada sur la manière dont les données devraient être colligées et le type de données qui devraient être colligées.
Nous avons une idée, mais je veux entendre précisément ce que ces organismes disent, pour comparer avec ce qu'ils vous ont dit.
:
Merci, madame la présidente. Merci à tous les témoins.
Je sais que le Comité des comptes publics a alloué deux heures pour les témoignages du vérificateur général et des représentants du ministère. Au nom de ce comité, qui est responsable de ce dossier, et de mes collègues, je tiens à dire que je suis préoccupée qu'on ne prévoit pas un délai raisonnable. Je pense que cela montre un manque d'intérêt à l'égard d'un rapport qui a relevé des problèmes que nous devions, en tant que parlementaires... Il nous fallait une occasion de poser les questions importantes car nous avons une responsabilité.
Je pense que deux choses sont en train de se produire. Premièrement, il y a un changement, et je pense que c'est un changement important, car la responsabilité de l'éducation sera confiée aux Premières Nations et le gouvernement se retirera de ce domaine. Deuxièmement, comme le vérificateur général nous l'a révélé, nous utilisons mal les données, nous n'utilisons pas les données disponibles et nous n'avons pas d'indicateurs pour faire le travail exigé.
La question que j'ai posée au Comité des comptes publics la semaine dernière — et je me demande si nous avons maintenant une réponse... Dans le cadre de l'accord en matière d'éducation conclu avec la nation des Anishinabes, que nous avons tous adopté au cours de la présente législature, et de l'Entente avec la Colombie-Britannique que vous avez mentionnée, quels sont les engagements qui ont été pris à l'égard de la collecte de données pour que d'autres communautés puissent savoir dans quelle mesure ce modèle d'autonomie gouvernementale leur permettra de comparer des pommes avec des pommes et d'évaluer les progrès — ou n'y a-t-il pas d'engagement sur cette question particulière? Avez-vous la réponse à cette question maintenant?
:
Nous l'avons déjà fait dans le passé. Je pense que c'est une pratique courante du Comité, absolument.
Je suis désolé; nous ne pouvons pas continuer la période des questions, car l'heure est écoulée.
Au nom du Comité, merci, thank you, meegwetch, d'être venus.
De toute évidence, le sujet suscite beaucoup de passion et d'intérêt. EDSC s'en est très bien tiré, mais je suis certain que nous aurons d'autres discussions avec vous dans le cadre de la prochaine étude.
Merci beaucoup au Bureau du vérificateur général d'avoir soulevé ces questions importantes.
Nous allons passer à huis clos.
Je veux remercier tous nos invités et tous ceux qui ont assisté à la réunion.
La séance est suspendue.
[La séance se poursuit à huis clos.]