:
La séance est ouverte, s'il vous plaît.
Bienvenue à tous. Nous sommes comme toujours reconnaissants de pouvoir tenir notre réunion sur un territoire algonquin non cédé.
J'aimerais prendre un instant pour quelques questions d'ordre technique, après quoi nous allons passer à notre séance proprement dite, avec nos invités.
J'aimerais d'abord souhaiter la bienvenue à David Yurdiga, qui a passé les dernières semaines à Fort McMurray où il a rendu un service inestimable à sa collectivité. David, beau travail. C'est agréable de vous revoir ici.
J'aimerais présenter aux membres du Comité Grant McLaughlin, qui agira pendant quelque temps à titre de greffier. Vous allez souvent le voir; bienvenue à vous, Grant.
En ce qui concerne notre étude sur le suicide, j'aimerais vous rappeler que, si vous désirez ajouter des témoins sur la liste, vous avez jusqu'au 15 juin au plus tard pour le faire; les analystes pourront ainsi s'occuper de la logistique de ce voyage et de cette étude.
Pour finir, vous vous souvenez peut-être que, lors de la dernière séance, nous avions évoqué la possibilité que chaque membre indique, au regard des collectivités que nous visitons, quels représentants il juge obligatoire d'inviter et lesquels il apprécierait de convoquer.
Michelle Legault, notre greffière, a eu la gentillesse de nous préparer un petit formulaire. Il est facile à remplir. Il suffit de cocher des cases. Je vais lui demander de le distribuer. Vous pouvez le remplir vous-même ici, aujourd'hui, ou demander au membre de votre personnel qui vous accompagne de le faire. Ce serait magnifique, mais si c'est impossible, j'aimerais que vous nous remettiez le formulaire rempli à notre séance de jeudi, afin que nous puissions élaborer un budget et continuer notre étude.
Merci beaucoup d'en tenir compte. Allons-y.
Nous avons le très grand bonheur de recevoir quelques représentants du ministère des Affaires autochtones et du Nord canadien. Nous accueillons Paula Isaak, sous-ministre adjointe du Secteur des programmes et des partenariats en matière d'éducation et de développement social. Daniel Leclair, directeur général, Infrastructures communautaires, Opérations régionales, est également des nôtres. Nous recevons Keith Conn, sous-ministre adjoint des Opérations régionales, à Santé Canada. Nous recevons de nouveau le Dr Tom Wong, directeur exécutif du Bureau de santé de la population et santé publique et nous recevons le Dr Alain Beaudet, président des Instituts de recherche en santé du Canada.
Bienvenue à vous tous.
Puisque nous disposons de deux heures complètes, je me demandais si nous ne pourrions pas accorder aux intervenants 15 minutes chacun plutôt que les 10 minutes habituelles. Est-ce que les membres du Comité sont d'accord?
:
J'aimerais pour commencer reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel du peuple algonquin. Merci de nous avoir réunis ici aujourd'hui et de nous inviter à parler du très important problème du suicide dans les collectivités autochtones du Canada.
En tant que médecin et en tant que père, je sais la douleur que cause le décès d'un enfant. Le suicide d'un enfant de 10 ans ajoute à cette douleur des répercussions profondes sur les familles et les collectivités entières. Les circonstances sont tragiques, et il est difficile de leur trouver un sens. Quand nous nous posons la question, nous devons reconnaître que la colonisation a eu des impacts qui se font toujours sentir aujourd'hui chez les peuples autochtones. La Commission de vérité et de réconciliation a été pour le Canada l'occasion de constater et de reconnaître que les politiques d'assimilation forcée ont visé l'élimination de la culture autochtone depuis que le Canada existe en tant que nation.
En tant que nation, nous avons aujourd'hui la possibilité de reconnaître que la création des réserves, au XIXe siècle, l'expérience des pensionnats, au XXe siècle, et les politiques d'adoption forcée des années 1960 et des années 1970 ont entraîné la disparition de la culture, la perte de la langue, l'érosion des valeurs traditionnelles et l'anéantissement des structures familiales traditionnelles. Ces répercussions se transmettent d'une génération à l'autre, phénomène qu'on appelle souvent le traumatisme intergénérationnel, et elles ont déclenché les tragédies qui nous frappent collectivement aujourd'hui.
Santé Canada, plus précisément la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, reconnaît qu'il lui faut réorienter ses relations avec ses partenaires autochtones afin de pouvoir, grâce à ces relations, soutenir une offre de services complets adaptés à la culture et respectueux de cette culture, qui seront dirigés par la collectivité et intégrés à un continuum plus étendu de programmes de mieux-être.
[Français]
Notre travail est guidé par l'engagement politique inclusif et participatif des approches avec les organisations des Premières Nations et des Inuits, comme on le voit dans plusieurs cadres clés développés en partenariat avec les organisations autochtones.
[Traduction]
Pour remplir le mandat touchant la promotion de la santé auprès des peuples autochtones, je prône des programmes équitables qui cibleront les déterminants sociaux de la santé et viseront à renforcer toutes les activités de prévention, de diagnostic, de traitement, de soutien, de surveillance et de collecte de données qui éclairent les mesures en santé publique.
Au Canada, le taux de suicide chez les Autochtones est beaucoup plus élevé que pour la population générale. Le taux global au Canada diminue, pendant qu'il continue à augmenter dans certaines collectivités autochtones. De manière générale, les facteurs de risque de suicide comprennent la dépression, le découragement, une faible estime de soi, la dépendance, le suicide d'un membre de la famille ou d'un ami, des antécédents de violence physique ou sexuelle, la violence familiale, le traumatisme intergénérationnel, de mauvaises relations avec ses pairs, l'isolement social, le mauvais rendement scolaire et le chômage, pour n'en nommer que quelques-uns.
Les facteurs de protection qui favorisent la résilience comprennent la cohésion de la famille, de bonnes communications, le sentiment d'être compris par les membres de sa famille, la participation aux activités familiales et communautaires, l'usage d'une langue autochtone, le savoir culturel, les activités avec les Aînés et les guérisseurs traditionnels, l'autonomie de la collectivité, de bonnes relations avec les pairs et la réussite scolaire.
Le suicide n'est qu'un indicateur parmi tant d'autres de la détresse d'une collectivité. Pour chaque suicide, on peut supposer qu'il y a de nombreuses personnes souffrant de dépression, d'anxiété et de désespoir.
Santé Canada finance cinq éléments clés qui appuient la santé des Premières Nations et des Inuits: promotion de la santé, protection de la santé, soins primaires, prestations de santé supplémentaires et soutien à l'infrastructure de la santé. Santé Canada consacre 300 millions de dollars par année à des programmes et services communautaires mis en place conformément aux cadres du mieux-être mental. À l'aide de divers programmes ciblés, les organisations et les collectivités offrent des services axés sur la promotion de la santé mentale, la prévention de la dépendance et du suicide, l'intervention en cas de crise, le traitement et le suivi, y compris pour la dépendance aux médicaments d'ordonnance, et un appui, pour ceux qui y ont droit, aux anciens élèves des pensionnats et aux membres de leur famille.
Les équipes de santé mentale, dirigées par les collectivités, offrent une gamme complète de services adaptés à la culture, notamment le renforcement des capacités, des soins tenant compte des traumatismes subis, des activités sur le terrain, une intervention et un dépistage précoces, un suivi et la coordination des soins avec les services provinciaux et territoriaux. Chaque équipe de bien-être mental s'occupe d'au moins deux et d'au plus 10 collectivités, le choix se faisant en fonction de la taille de la collectivité, de son emplacement et de ses besoins. Santé Canada a versé aux régions un financement suffisant pour 10 équipes de santé mentale, et l'autorité de la santé des Premières Nations de la Colombie-Britannique finance elle aussi une équipe dans la province. Toutefois, le mode de financement flexible permet aux régions de mettre sur pied davantage d'équipes et de leur donner les moyens de répondre aux besoins régionaux.
Les programmes Grandir ensemble et Pour des collectivités en bonne santé, offerts dans toutes les collectivités des Premières Nations et des collectivités inuites, soutiennent l'amélioration de la santé mentale, le développement des enfants, l'acquisition des compétences parentales, la santé des bébés, la prévention des blessures et les interventions en cas de crise liées à la santé mentale, tout cela, en fonction des besoins de la collectivité.
Le Programme de soutien en santé — résolution des pensionnats indiens — offre un soutien sur les plans culturel, paraprofessionnel et professionnel à d'anciens étudiants admissibles, à leur famille et à leur collectivité.
Le Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones et le Programme national de lutte contre l'abus de solvant chez les jeunes prévoient le financement de 43 centres de traitement de la dépendance et programmes de prévention communautaires s'adressant aux Premières Nations afin de lutter contre la toxicomanie.
La Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes autochtones soutient plus de 130 projets communautaires de prévention du suicide dans les collectivités des Premières Nations et les collectivités inuites du Canada. Le financement versé dans le cadre de cette stratégie a permis de former plus de 800 travailleurs communautaires de première ligne afin qu'ils puissent fournir une information adaptée à la culture sur la prévention du suicide. Nous avons obtenu des résultats positifs.
C'est le cas par exemple du camp d'aventures Taïga, qui accueille des jeunes filles âgées de 11 à 17 ans originaires de l'une des 33 collectivités des Territoires du Nord-Ouest. Son but est l'amélioration de l'estime de soi et la promotion d'un mode de vie sain, de relations saines et du bien-être mental, facteurs de protection contre le suicide des jeunes. Les activités proposées permettent aux jeunes d'acquérir des compétences pour le plein air, d'exercer un rôle de leadership, de se faire davantage confiance et d'apprendre à respecter les autres. Elles ont pour résultats des améliorations au chapitre de la confiance en soi, de l'esprit d'initiative, du leadership et de l'optimisme, une meilleure capacité de s'attaquer aux conflits et une meilleure connaissance touchant les facteurs de protection.
Le ministère finance également l'élaboration d'une ressource Internet sur les « pratiques exemplaires » des Premières Nations, qui doit permettre aux collectivités de se renseigner sur les stratégies de prévention du suicide chez les jeunes prometteuses ou éprouvées dans le but de les mettre en oeuvre.
La Commission de la santé mentale du Canada a reçu 1,2 million de dollars de la DGSPNI qui visent à aider les Premières Nations et les Inuits à adapter son programme de formation de premiers soins en santé mentale.
Santé Canada, l'Assemblée des Premières Nations et les responsables de la santé mentale en milieu communautaire ont ensemble élaboré un cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations, qui plonge ses racines dans la culture.
[Français]
L'application du cadre est soutenue par une équipe de mise en oeuvre dont les membres viennent de toutes les régions et collectivités, ainsi que du ministère.
[Traduction]
La DGSPNI aide également l'organisme ITK, qui est en train de mettre sur pied une équipe de bien-être mental et d'élaborer une stratégie de prévention du suicide s'adressant aux Inuits. La stratégie et le cadre devraient être prêts d'ici la fin de 2016.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord remercier le comité de m'avoir invité à parler de la question cruciale qu'est la prévention du suicide dans les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis. À titre de président des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC, je suis heureux d’avoir l’occasion de renseigner le Comité sur le rôle essentiel joué par la recherche pour répondre à cette tragédie.
Comme vous le savez peut-être, les IRSC sont l'organisme subventionnaire fédéral chargé d'appuyer la recherche en santé dans les universités, les hôpitaux, les centres de recherche et les collectivités de toutes les régions du Canada. Nous sommes fermement résolus à éliminer le fardeau disproportionné qui pèse sur les Autochtones du Canada en matière de santé. C'est pour cette raison que nous avons aussi fait de la santé et du bien-être des collectivités et des familles autochtones une des quatre priorités de recherche dans notre plus récent plan stratégique quinquennal.
Dans le dossier du suicide, la science joue un rôle crucial, car elle nous aide à comprendre les causes profondes de ce problème des plus complexes et délicats et à trouver des moyens de le prévenir qui soient axés sur des données probantes. Nos recherches s'articulent autour de deux questions fondamentales: quelles sont les causes de la prévalence élevée et insoutenable du suicide chez les Autochtones, et comment faut-il concevoir et évaluer des interventions visant à favoriser le bien-être mental?
[Français]
Il faut comprendre que la recherche financée par les IRSC sur le suicide et la santé mentale couvre un vaste éventail des sciences de la santé. Cela va de la recherche fondamentale à la recherche appliquée en passant par des études sur le fondement biologique de la dépression et par d'autres études sur les facteurs de risque culturels, sociaux et environnementaux susceptibles d'engendrer des idées suicidaires.
Cela comprend, entre autres, des projets qui visent à étudier les effets de l'environnement sur la prédisposition génétique des troubles de santé mentale, l'incidence intergénérationnelle des pensionnats autochtones sur la santé, le lien possible entre le suicide et les variations d'exposition à la lumière du jour dans le Nord du pays, ou encore les effets psychosociaux des conditions de logement, pour n'en nommer que quelques-uns.
La recherche est de tout ordre, car il est indispensable de comprendre l'étiologie et les facteurs de risque à l'origine des taux élevés de suicide pour être en mesure de s'y attaquer et de les prévenir. Bien sûr, la recherche sur le suicide n'est pas uniquement destinée à mieux cerner le problème, mais également à concevoir des interventions et des programmes fondés sur des données probantes. Autrement dit, il s'agit d'appliquer les connaissances à la pratique.
Des interventions bien conçues peuvent se révéler fructueuses. C'est le cas des efforts de prévention au Québec, qui se sont soldés par une réduction du taux de suicide de plus de 50 % chez les jeunes, la réduction étant particulièrement notable chez les jeunes hommes.
De telles recherches s'imposent pour venir en aide aux communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis. II s'agit ici de deux questions et approches de recherche bien différentes. La première, que l'on appelle « approche interventionnelle » ou « recherche sur l'efficacité comparative », vise à concevoir des interventions et à évaluer leur efficacité théorique dans des conditions étroitement contrôlées. La seconde, appelée « science de la mise en oeuvre et de la prestation », consiste à appliquer concrètement et à porter à grande échelle des interventions fructueuses. Il s'agit de savoir quelles sont les interventions efficaces, qui sont les personnes qui en bénéficient et dans quelles circonstances? De plus, comment est-il possible d'adapter des stratégies de prévention efficaces selon les différents milieux et les différentes communautés?
Les sciences de la mise en oeuvre demandent que la recherche soit intégrée aux soins et adaptée aux contextes socioéconomiques et culturels pour en optimiser l'efficacité pratique et l'impact.
[Traduction]
Les sciences de la mise en œuvre et la recherche sur la prestation constituent un domaine relativement nouveau de la recherche en santé, et les IRSC ont décidé de s’en servir au moment de s'attaquer à un certain nombre d'enjeux de santé mondiaux, y compris la santé des Autochtones. Dans le cadre d'une initiative de recherche stratégique d'envergure, intitulée « Voies de l'équité en santé pour les Autochtones », nous avons soutenu une série de projets sur les sciences de la mise en œuvre visant à favoriser le bien-être psychologique et à réduire la prévalence du suicide chez les Autochtones.
À titre d'exemple, la Dre Claire Crooks, du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, a dirigé un projet visant à adapter le programme Premiers soins en santé mentale à la réalité des collectivités des Premières Nations au Canada. Ce programme original maintenant utilisé partout au pays s'était révélé efficace pour aider les personnes à acquérir des compétences et des connaissances quant à la façon de réagir aux situations de crise en santé mentale.
Ce programme est maintenant utilisé partout au Canada, mais de précédentes évaluations avaient révélé qu’il fallait absolument qu’il soit adapté au contexte culturel unique des Premières Nations. Au moyen d’entrevues, de groupes de discussion, d’un suivi et de sondages, les chercheurs ont étudié la mise en œuvre du programme adapté dans plusieurs collectivités des Premières Nations et ont pu en confirmer l’efficacité.
L'initiative ACCESS Esprits ouverts est un autre exemple de recherche financée par les IRSC visant à passer de la théorie à la pratique. Ce réseau national révolutionnaire, consacré à la santé mentale des jeunes, est soutenu en partenariat avec la Fondation Graham Boeckh. Il permet aux chercheurs d'adapter les pratiques et les traitements actuels en santé mentale à des jeunes de diverses tranches d’âge. Les interventions adaptées aux jeunes ont été mises à l'essai un peu partout au pays, dans douze centres, dont cinq qui travaillent avec des collectivités autochtones, et leur évaluation permettra au réseau de déterminer quelles approches sont le plus efficaces pour évaluer et traiter les jeunes Canadiens aux prises avec une maladie mentale.
Ces initiatives de recherche sont toutes deux multicentriques et favorisent l'apprentissage entre les diverses collectivités et administrations. La collaboration dépasse les frontières des provinces et des territoires canadiens, et la collaboration pour la prévention du suicide s’étend à d’autres pays. Le Canada n’est pas le seul à être aux prises avec un problème de suicide dans les populations autochtones. Ce problème touche aussi, par exemple, les États-Unis, le Danemark, la Suède et l'Australie.
Ainsi, bien que les causes et les manifestations du suicide diffèrent d'un pays à l'autre, ainsi qu’entre les collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada, nous notons des similitudes et des chevauchements. Ce problème commun constitue donc une occasion d'unir nos efforts et d'échanger des pratiques exemplaires. C'est pour cette raison que les IRSC participent depuis 2013, dans le cadre du Conseil de l'Arctique, à des efforts de recherche internationaux pour la prévention du suicide dans les collectivités autochtones. Lorsque le Canada a présidé ce forum international, de 2013 à 2015, les IRSC ont piloté une initiative de recherche réunissant des chercheurs et des gens du milieu de quatre pays arctiques et visant à cerner les pratiques prometteuses en prévention du suicide. Ces efforts ont débouché sur le Symposium de l'Arctique, organisé à Iqaluit en mars 2015, où les chercheurs ont pu mettre en commun des pratiques exemplaires en la matière. Les hôtes de ce symposium étaient les IRSC, le gouvernement du Nunavut et des partenaires internationaux.
Pour la deuxième phase de ce travail, les IRSC s'allient maintenant à une organisation américaine, les National Institutes of Health, pour réaliser un projet de suivi visant à poursuivre la lutte contre le suicide dans les régions arctiques. Dans le cadre de cette initiative de suivi, appelée RISING SUN, des partenaires des États arctiques s'unissent pour définir des paramètres communs, permettant de suivre les comportements suicidaires, les corrélats clés et les résultats, qui faciliteront l'échange, l'évaluation et l'interprétation des données des interventions de prévention du suicide.
Les IRSC lanceront bientôt un autre vaste programme international de recherche en santé mentale avec l’aide de l’Alliance mondiale contre les maladies chroniques, l’AMMC, consortium international de commanditaires de la recherche en santé, actuellement sous la présidence du Canada. Ce programme, qui représente un investissement international total de plus de 60 millions de dollars, financera la recherche sur la prévention et la prise en charge des troubles mentaux, principalement dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, de même que chez les populations vulnérables des pays à revenu élevé, y compris les Autochtones du Canada. Encore une fois, les IRSC auront l’occasion de mettre à profit les connaissances recueillies dans des contextes internationaux pertinents pour le Canada et qui fourniront des outils pour s'attaquer au problème du suicide dans nos collectivités.
[Français]
Ce ne sont que quelques exemples nationaux et internationaux de la manière dont nous appuyons la recherche orientée vers le bien-être et la prévention du suicide dans les communautés autochtones. Par l'intermédiaire des initiatives de recherche fondamentale et appliquée que je vous ai décrites, les IRSC s'engagent à continuer de soutenir la recherche visant à trouver des façons de promouvoir la résilience et la santé mentale chez les Autochtones et à faire en sorte que les données issues de la recherche soient prises en compte dans l'élaboration des politiques par une application efficace des connaissances.
À cet égard, les IRSC entendent poursuivre leur collaboration avec Santé Canada et d'autres partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux pour guider les politiques et les programmes en matière de santé autochtone.
Avant de conclure, je tiens à souligner que tous les projets de recherche financés par les IRSC à ce sujet sont conçus et réalisés en étroite collaboration avec les communautés autochtones. Notre objectif à long terme est de développer et de soutenir un groupe de chercheurs autochtones qui, à l'intérieur du milieu, sera le mieux à même de comprendre les déterminants culturels susceptibles d'apporter des solutions.
Voilà pourquoi le développement de la capacité de recherche au sein de la population autochtone occupe une part importante du programme d'action des IRSC.
[Traduction]
Pour finir, permettez-moi de souligner que la recherche n'est qu'un des éléments de la solution à ce problème complexe et difficile, mais elle joue un rôle crucial dans la détermination de la meilleure voie à suivre pour parvenir au bien-être.
Monsieur le président, merci encore de m'avoir donné l’occasion de vous parler de notre travail dans ce domaine très important. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
J'aimerais remercier le Comité de son invitation et souligner le fait que nous sommes rassemblés sur un territoire algonquin ancestral. La présente étude est importante, et j'aimerais offrir le soutien complet d'AANC tout au long de son déroulement.
Comme l'ont fait remarquer mes collègues, le suicide est souvent la conséquence tragique d'un éventail complexe de facteurs.
[Français]
Cela comprend des problèmes de santé mentale comme la dépression ainsi que l'abus de substances, les facteurs sociaux et familiaux, un mauvais rendement scolaire et les problèmes d'intimidation ou relationnels.
[Traduction]
Un des facteurs contribuant au taux élevé de suicide chez les Premières Nations et les Inuits, y compris chez les jeunes, est le soutien de base inadéquat. Par exemple, il peut s’agir d’un manque de soutien au revenu, de possibilités d'éducation, de logements convenables ou de services de santé et de services sociaux. Ces facteurs d'instabilité ont des répercussions directes sur le déclin de la santé mentale dans les collectivités autochtones, et chaque élément fait partie d'un continuum qui est essentiel pour donner de l'espoir, la volonté de vivre et le sentiment de contribuer à la société.
[Français]
Je sais que le Comité étudiera, entre autres choses, ces facteurs de risque de manière générale, ainsi que les facteurs de protection qui favorisent le bien-être et contribuent à diminuer la vulnérabilité.
Cette approche globale est utile puisque de nombreux acteurs veillent à ce que les besoins de base des communautés autochtones soient comblés.
[Traduction]
Ma déclaration préliminaire va cibler ces éléments, car je veux vous donner le meilleur aperçu possible du rôle et des programmes d'AANC. Comme vous le savez, notre ministère est le point focal des enjeux autochtones au sein du gouvernement fédéral. Nous sommes l’un des 34 ministères fédéraux chargés de s'acquitter des obligations et des engagements du gouvernement du Canada à l'égard des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
[Français]
Le ministère fournit un soutien financier aux collectivités des Premières Nations par la prestation de services dans les réserves. Ces services englobent l'éducation, le logement et le soutien social aux Autochtones.
[Traduction]
Nos programmes sociaux ont pour objectif d'aider les membres des Premières Nations et leurs collectivités à devenir plus autonomes, et ils mettent de l'avant des stratégies pour atténuer les facteurs de risque qui nuisent à la santé et au bien-être des collectivités.
Bon nombre de ces programmes comportent un volet de financement de la prévention. Ce financement doit aider les familles et les collectivités autochtones à prendre des mesures afin d'éviter les situations de crise et entraîner une amélioration des résultats, qu'il s'agisse de soins aux enfants ou d'un soutien général pour une participation accrue au marché du travail.
[Français]
Le ministère verse des fonds aux bandes des Premières Nations, à des organisations et, dans certains cas, à des fournisseurs de services provinciaux qui offrent aux résidants des réserves des services sociaux individuels et familiaux dans le cadre de programmes culturellement adaptés aux besoins de ces personnes et de ces familles.
[Traduction]
AANC fournit également du financement de base pour une série de programmes d'enseignement primaire et secondaire, et il finance des programmes d'éducation complémentaires ciblés lorsqu’il reçoit des demandes ou des propositions qui visent des éléments précis du soutien à l’éducation et à la réussite scolaire.
Le financement du Programme d'enseignement primaire et secondaire d'AANC s’inscrit dans une stratégie d'investissement générale ciblant les enfants et les jeunes des Premières Nations. En plus de financer l’éducation primaire et secondaire, AANC fournit un soutien aux étudiants inuits et aux étudiants des Premières Nations qui fréquentent un établissement d'enseignement postsecondaire. Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada fournissent des programmes d'aide préscolaire aux Autochtones qui favorisent la préparation à l'école des enfants autochtones. Emploi et Développement social Canada a mis en place des programmes liés au marché du travail qui sont adaptés aux Autochtones du Canada, notamment le Fonds pour l'emploi des Premières Nations et la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones. Les ministères cherchent de plus en plus de nouvelles façons de renforcer la collaboration.
Dans tous les cas, les programmes sont axés sur la collectivité.
[Français]
Les programmes de ce genre sont efficaces pour favoriser la création de collectivités fortes et saines ainsi que pour réduire la vulnérabilité et améliorer le bien-être mental des membres de ces collectivités.
[Traduction]
Le principal défi que nous devons tous relever est celui de l’amélioration des fondements qui permettront aux collectivités autochtones de s'épanouir. Lorsque les besoins de base ne sont pas comblés, cela donne lieu à une réalité tragique, où surviennent des crises et des situations d'urgence. Dans de tels cas, comme les membres du Comité le savent, notre ministre et les fonctionnaires du ministère prennent rapidement contact avec les dirigeants locaux afin de savoir quelle est la meilleure façon d’aider, dans l’immédiat et à long terme.
Cette communication directe éclaire certainement nos efforts continus pour déterminer la façon de réaliser l’engagement du gouvernement du Canada, qui est de travailler dans une relation de nation à nation et d'améliorer les résultats sur le plan de la santé et de la situation sociale des collectivités des Premières Nations, de fournir des programmes qui répondent aux besoins en matière de services et de renforcer la résilience des enfants et des familles dans les réserves.
[Français]
Dans tous les cas, la collaboration entre les partenaires est essentielle aux efforts pour faire en sorte que le continuum de services fonctionne et que les mesures mises en oeuvre pour répondre aux besoins essentiels ne se limitent pas à résoudre des crises lorsqu'elles éclatent, mais qu'elles contribuent avant tout à les éviter.
[Traduction]
Grâce aux investissements historiques de 8,4 milliards de dollars du budget de 2016, le ministère est sur la bonne voie pour verser aux bénéficiaires des Premières Nations le premier cycle d'investissements. Une grande partie de ce financement hâtif est réservé aux besoins fondamentaux. En parallèle, AANC reste déterminé à tenir la promesse qu'a faite le gouvernement d'instaurer une nouvelle relation financière avec les Premières Nations, afin de procurer aux collectivités des Premières Nations un financement suffisant, prévisible et durable.
Je suis également en mesure d'annoncer que la continue de travailler avec ses collègues du Cabinet à plusieurs initiatives importantes, qui sont exposées dans leurs lettres de mandat respectives.
[Français]
Elles portent entre autres sur l'enseignement primaire et secondaire, sur la Stratégie emploi jeunesse destinée aux jeunes des Premières Nations et aux jeunes Inuits, ainsi que sur les études postsecondaires.
[Traduction]
Le travail que fait notre ministère aide en outre le gouvernement du Canada à tenir l’engagement qu'il a pris de donner suite à l'ordonnance du Tribunal canadien des droits de la personne de réformer le Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières Nations. Avec tous nos partenaires, nous travaillons également à étayer les diverses options de réforme du programme.
Récemment, nos fonctionnaires se sont joints à la pour annoncer notre entier soutien à la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Un des principes de cette déclaration prévoit que [les Autochtones ont] « droit au plus haut niveau possible de santé physique et mentale ».
[Français]
Le ministère est déterminé à travailler en collaboration avec des partenaires pour faire en sorte que ces écarts entre Autochtones et non-Autochtones soient comblés et à aider les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis à améliorer leur bien-être.
[Traduction]
Sur l'un des fronts, le ministère et la ont passé les mois de décembre à février à échanger avec des survivantes, des familles et des proches des victimes, des organisations et des gouvernements autochtones, les provinces, les territoires et des experts au sujet de la conception d'une enquête sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées. Nous pensons que cette enquête jettera aussi plus de lumière sur bon nombre des conditions qui ont, tragiquement, abouti à des suicides dans certaines collectivités.
Je soulignerai également que la travaille avec son homologue le pour entamer des consultations avec les provinces et les territoires et les peuples autochtones sur le cadre national pour l'apprentissage et la garde des jeunes enfants. II s'agit d'un premier pas vers la prestation de services de garde d'enfants qui soient abordables, adaptés, de grande qualité, flexibles et pleinement inclusifs.
Un élément essentiel de la lutte contre cette tragédie qui perdure consiste à collaborer avec les collectivités autochtones afin de promouvoir une identité culturelle affirmée et de s’assurer que tous les Autochtones l’assument personnellement et pleinement. II s'agit d'un enjeu crucial pour la et pour notre ministère. Je suis convaincue que mes collègues de Santé Canada confirmeront que le renforcement du sentiment identitaire et de l'autonomie peut effectivement aboutir à une réduction des taux de suicide dans les collectivités autochtones.
[Français]
Comme mes collègues et moi-même l'avons remarqué, pour améliorer véritablement la situation des Autochtones, nous devons mettre carrément dans notre collimateur l'amélioration des conditions socioéconomiques auxquelles ils font face.
[Traduction]
Nous continuerons d’inviter les provinces, les territoires, les dirigeants autochtones et d'autres intervenants à trouver des solutions concrètes, et nous examinerons les besoins à long terme en matière de santé mentale, de protection de l'enfance, d’éducation, d'infrastructure et d'emploi dans les collectivités autochtones. J'ai hâte de voir quels conseils, quel soutien et quel dévouement votre Comité consacrera à ces questions pendant que nous nous approchons d’une forme de résolution de ces problèmes.
Je me ferai un plaisir de répondre à toutes les questions que vous pouvez avoir.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup de participer à ce qui pourrait être, je crois, une étude très importante; tous les députés essaient de résoudre certains de ces problèmes. J'espère vous revoir lorsque nous disposerons d'une plus grande quantité de données probantes.
Certes, la question du suicide est très complexe, mais d'une certaine façon, elle est également très simple: les organismes, les adultes et les établissements dont le travail est de protéger les enfants échouent. Voilà la question sur laquelle nous devons nous pencher.
Je vais vous rappeler le cas d'Azraya Kokopenace, âgée de 14 ans, qui a connu une mort horrible dans le lac des Bois. La protection de l'enfance et la police étaient intervenues auprès d'elle. Elle avait été transportée à un hôpital, avait quitté cet hôpital au milieu de la nuit, et sa dépouille avait été découverte deux jours plus tard. Sa famille réclame une enquête. Je ne veux pas me pencher sur ce cas individuel; j'aimerais seulement attirer l'attention sur le fait que, dans cette tragédie, la victime a tenté d'obtenir des services de santé mentale, et que ces services n'étaient pas disponibles. En fait, aujourd'hui à Queen's Park, dans l'appel pour l'enquête, Sarah Campbell, députée provinciale, a déclaré ce qui suit: « Pour être bien honnête, ces services n'existent pas. »
Faites-vous un suivi des statistiques, du nombre de demandes de services de santé mentale pour les jeunes à risque? Faites-vous le suivi du nombre de demandes qui sont refusées, des temps d'attente pour l'obtention d'un traitement?