D'abord, je vous remercie infiniment de nous permettre non seulement de témoigner devant le comité permanent, mais aussi de participer au processus de réconciliation en favorisant une meilleure compréhension mutuelle. La nation de Sandy Bay vous remercie énormément de nous donner l'occasion de prendre part à cette discussion particulière, mais aussi d'expliquer dans quelle situation se trouve la nation de Sandy Bay et comment les décisions qui sont prises dès aujourd'hui peuvent faire une différence non seulement pour notre collectivité, mais pour bien d'autres nations autochtones du pays.
Je vais vous donner un aperçu de l'évolution des capacités de la nation de Sandy Bay. Les capacités sont en constante évolution et s'appuient sur certaines compétences qui sont essentielles non seulement à la vie professionnelle, mais aussi à l'épanouissement de toute personne, y compris l'enfant autochtone.
Depuis toujours, la nation de Sandy Bay parvient à assurer le développement de ses capacités. Ce développement découle directement de la croissance de la population et de la demande pour les services spécialisés.
Dans les années 1970, la nation de Sandy Bay a mis en oeuvre un excellent modèle de développement des capacités efficace. Le chef de l'époque, le regretté Howard Starr, a alors clairement indiqué à la communauté qu'il était temps de changer d'approche pour former les membres de la nation. On a surtout misé sur le domaine de l'éducation.
Par la suite, dans les années 1990, la nation de Sandy Bay était en mesure de former de nombreux membres de la communauté pour qu'ils puissent non seulement devenir des professeurs agréés, mais aussi voir au développement des enfants selon une approche culturelle unique en son genre. Ces gens ont obtenu un diplôme d'enseignement et ont adopté une approche qui convient aux nations autochtones. D'autres personnes ont suivi cette voie les années suivantes et, aujourd'hui, la majorité des enseignants dans les écoles sont des membres de la communauté autochtone.
La nation de Sandy Bay est parvenue à résoudre bon nombre des difficultés associées aux modèles actuels de renforcement des capacités, mais il reste encore bien des défis à relever. Il reste encore à surmonter les difficultés liées aux paramètres de financement de certains projets ou des projets en cours afin d'assurer le maintien des services. C'est l'un des objectifs que nous visons lorsqu'il s'agit de renforcer les capacités de la nation de Sandy Bay.
La Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones, ou SFCEA, aide la nation de Sandy Bay à développer ses capacités depuis la fin des années 1980. Jusqu'à présent, ce programme, autrefois appelé la Stratégie de développement des ressources humaines autochtones, a permis d'atteindre en partie les objectifs fixés dans nombre de domaines. Ces objectifs sont fixés par et pour la communauté.
Nombre de programmes de formation ont été offerts à la communauté, dont certains en collaboration avec le gouvernement provincial, Service Canada, les services chargés des programmes d'éducation et d'autres programmes ainsi que Services aux Autochtones Canada. Je vais seulement citer quelques exemples: le programme d'éducation aux adultes de 12e année et d'autres programmes mis en oeuvre en partenariat avec de nombreuses organisations, dont l'ACC; le Programme d'accès communautaire, axé sur la technologie de l'information; la Stratégie emploi jeunesse, qui offre des emplois d'été; et les programmes d'éducation spécialisée, qui permettent d'établir la main-d'oeuvre nécessaire et qui forment ceux qui veulent entrer dans le domaine de l'éducation.
L'initiative s'est avérée particulièrement utile pour ce qui est des programmes de formation dans les métiers spécialisés et des programmes d'apprentissage, notamment les programmes suivants: programmes d'apprenti plombier, électricien ou charpentier; programme de soins infirmiers; programme de soins à domicile; certificat d'opérateur d'équipement lourd; formation pour l'obtention du permis de conduire de classe 1; formation d'échafaudeur; formation pour travailler dans un établissement de coupe et de transformation des viandes.
Encore une fois, je remercie Mme Mihychuk d'avoir contribué non seulement à concrétiser ce programme, mais à assurer la réussite du projet que nous menons depuis des années. La formation de la septième cohorte commencera la semaine prochaine. Je vous remercie infiniment de cette initiative.
Par ailleurs, j'aimerais seulement fournir des exemples de projets que nous avons menés dans le cadre de la SFCEA. Voici quelques exemples: divers cours de premiers soins; séances et systèmes d'information sur les risques en milieu de travail; sécurité au volant; transport pour raison médicale, en partenariat avec les services de santé; sécurité et aptitudes; techniques de survie, en partenariat avec les services d'éducation; maniement sécuritaire des armes à feu.
Il y a des avantages au fait de former les gens de notre communauté, mais, la réalité, c'est que les perspectives d'emploi sont limitées pour nombre d'Autochtones, y compris ceux qui ont terminé leur programme de formation avec succès. Pire encore, ce problème force nombre d'Autochtones à sortir de leur réserve.
Avec ces projets, il y a eu un complément de services encadré par des accords de contribution non négociés et des politiques volontaires. Ce cadre imposé limite la possibilité d'adopter une véritable approche axée sur la communauté en misant davantage sur les besoins. L'administration régionale et la prestation de services non négociée dans certains domaines sont aussi limitées. Le domaine des services secondaires fournit un excellent exemple des mécanismes intermédiaires qui existent entre le gouvernement et les fournisseurs de services secondaires.
On sait que ces services secondaires doivent être offerts par des professionnels spécialisés qui peuvent mettre au point des outils d'évaluation et cibler davantage les approches, qu'il s'agisse de cerner les étapes du développement d'un enfant ou de comprendre les paramètres d'apprentissage qui conviennent à une personne qui apprend plus facilement avec des outils visuels, auditifs ou tactiles.
Dans le cas de la nation de Sandy Bay, nous avons remarqué notamment que les intermédiaires comme FPDI, AMC, SCO et MKO — et je ne veux pas manquer de respect à ces organisations — nous empêchent de mettre en oeuvre une véritable approche communautaire avec les fonds fédéraux et provinciaux, et cela ne reflète pas le véritable objectif derrière le modèle axé sur les besoins communautaires.
Lorsqu'il s'agit de développer les capacités communautaires, il y a constamment des obstacles à surmonter, et ils découlent notamment des accords sous-financés, des accords qui sont le plus souvent conclus sous la contrainte et sans véritable consultation, des accords qui sont conclus avec des conseils tribaux sans égard aux besoins individuels ainsi que des autorités, puisque Services aux Autochtones Canada est incapable de répondre aux besoins en matière de financement.
Dans le cas de la nation de Sandy Bay, la difficulté reposait directement sur le fait que les contributions étaient préétablies et qu'il n'y avait aucune façon de négocier un financement supplémentaire en fonction des besoins réels de la nation autochtone plutôt que des besoins perçus par les fournisseurs de fonds. Par ailleurs, toute entente auxiliaire sur un dossier communautaire se solde par un échec.
Cela découle directement du fait que l'approche n'est pas axée sur la communauté, mais aussi du fait que les coûts des programmes communautaires non financés sont déterminés par les fournisseurs de fonds et que bien des régions ne sont pas consultées, un problème fréquent, ce qui revient à dire que les modèles de financement à l'égard des fournisseurs de services secondaires ratent la cible.
Pour conclure, j'ai souligné, dans une certaine mesure, les critères à considérer dans le cadre d'un processus d'autonomisation ainsi que l'importance d'avoir une connaissance générale des paramètres qui sont établis pour encadrer les aspects de la prestation des services qui sont offerts selon le modèle de développement axé sur les besoins perçus. L'approche est incohérente, car aucun besoin n'est plus important que les autres. Les priorités sont plutôt fondées sur les besoins urgents.
Qu'on soit politicien, intervenant ou fournisseur de services, les décisions que l'on prend dès aujourd'hui amélioreront l'accès à nombre de services et de programmes nécessaires qui reflètent véritablement un modèle axé sur les besoins des nations ou des communautés autochtones. Pour aider la communauté à progresser, il est à noter qu'il y a une méthode claire et concise pour évaluer les résultats escomptés et les processus dans le cadre d'un programme communautaire ainsi que les compétences transférables qui répondent aux besoins de chaque participant qui réussit à les acquérir. Ces types de programmes et d'initiatives devraient être entièrement financés et adaptés selon les réalités démographiques et l'emplacement de la collectivité visée. Je le souligne parce que les secteurs non financés ne reflètent pas forcément les besoins de la nation de Sandy Bay et des autres communautés autochtones.
Je conclus mon exposé en vous remerciant.
Je ne sais pas combien de temps il nous reste exactement. J'aimerais laisser Virginia faire d'autres observations.
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J'aimerais seulement ajouter des précisions concernant les obstacles dont le chef a parlé. Habituellement, le financement est fourni à un organisme intermédiaire au lieu d'être versé directement à la communauté, ce qui réduit les chances des membres de notre communauté d'avoir accès à cette formation.
Par exemple, le Centre de ressources éducationnelles des Premières Nations du Manitoba est une autre organisation qui reçoit du financement du système d'éducation au nom de notre communauté. Ce centre forme son personnel pour qu'il vienne fournir les services à la communauté, et nous estimons que cette approche va à l'encontre de ce que nous souhaitons. Nous aimerions que la formation soit offerte à des membres de notre communauté. Cela contribuerait à garder les gens dans la communauté, puisqu'ils pourraient y vivre.
Cela contribuerait aussi à l'économie locale, car ces gens vivraient dans la communauté. Ce n'est pas comme faire venir quelqu'un de l'extérieur qui ne comprend pas la culture de notre communauté et qui ne parle peut-être pas notre langue. Je suis fière de dire qu'environ 80 % des membres de notre communauté parlent très bien notre langue. Tôt ou tard, nous aimerions avoir un système d'éducation dans lequel l'enseignement se fait dans notre langue, de la maternelle à la 12e année. Nous croyons que c'est un aspect très important de notre identité autochtone.
Je crois qu'il est très important de souligner que nombre de services communautaires qui pourraient aider les gens de notre communauté à s'instruire ne nous sont pas offerts. Je parle de programmes comme le programme de soins de santé maternelle, qui aident les parents et les enfants pendant l'apprentissage en bas âge, ainsi que le programme d'aide préscolaire aux Autochtones. Nous n'avons pas ce genre de programme dans notre communauté. De telles initiatives contribueraient à subvenir aux besoins des enfants en bas âge pour qu'ils partent du bon pied dans le système d'éducation et dans la vie, et nous espérons que cela aiderait plus de gens à terminer leur 12e année.
Je crois qu'il est aussi très important de souligner que nous aimerions voir ce genre de relations avec des organisations d'enseignement postsecondaire qui viendraient dans notre communauté pour fournir la formation nécessaire afin de répondre à l'appel récent à la transformation des services de santé. Nous faisons partie de ceux qui veulent élaborer un modèle de services de santé dans leur communauté en fonction des réalités de la population locale. On n'a jamais vu cela auparavant. Notre communauté est l'une des plus grandes du Manitoba, mais, à l'échelle provinciale, elle n'est pas considérée au même titre que les grandes populations régionales qui reçoivent les autres services offerts aux non-Autochtones. Nous voulons plus d'équité à cet égard.
Merci.
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Oui, je pourrais ajouter quelque chose.
Comme on l'a clairement répété, nos besoins en matière de services spécialisés ne sont pas satisfaits. J'aimerais vous faire part d'une expérience personnelle.
Ma fille n'a pas subi les évaluations nécessaires pour que l'école soit en mesure de comprendre exactement quelles sont ses difficultés d'apprentissage. Elle est âgée de 16 ans et s'apprête à commencer la 7e année. On l'a fait passer d'une année à l'autre sans lui faire subir d'évaluation, ce qui a nui à sa compréhension de certaines informations. Pire encore, son handicap auditif n'a pas été détecté jusqu'à récemment, après que je lui aie fait passer un examen.
Il y a beaucoup de choses que nous négligeons de faire, non seulement en tant que parents, mais aussi en tant qu'éducateurs. Cela m'a vraiment sapé le moral. J'aurais dû être plus proactif et faire plus d'efforts pour défendre notre cause. Le fait que des outils et des fonds vont à un autre programme nous empêche de déterminer les difficultés d'apprentissage qu'ont nos enfants. Le cas de ma fille est loin d'être rare.
Je suis heureux de vous entendre soulever la question, car il faudra en tenir compte si nous voulons assurer une éducation de la meilleure qualité. Nous avons besoin d'outils et de formation spécialisée, quitte à former des gens de chez nous à cet égard.
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Encore une fois, merci de nous avoir aidés et de m'avoir fait participer au dialogue sur le programme de la coupe des viandes. Le programme de coupe des viandes de Sandy Bay est un programme de formation autochtone qui est unique en raison de l'endroit où nous sommes situés. C'est l'un des premiers. Sept cohortes sont passées par le programme, avec un taux de réussite de 96 %. Le programme est en train de s'étendre à la coupe de boeuf. Nous avons été en mesure de former de nombreux partenariats pour la rétention d'employés, avec HyLife par exemple, mais aussi avec des entreprises du Nord, lesquelles ont embauché pas mal de gens qui ont terminé le programme.
Prenons l'exemple d'HyLife. Nous offrons un service de navette à peu de frais aux personnes qui n'ont pas de moyens de transport pour se rendre au travail. Nous avons deux chauffeurs qui transportent 12 personnes dans chacune des camionnettes. Cela fonctionne très bien. Certaines personnes ont déménagé à Neepawa et sont devenues plus autonomes et ont des responsabilités assez uniques. C'est particulier de voir à quel point les personnes acquièrent une certaine connaissance d'elles-mêmes après avoir terminé le programme.
Quelques-unes de ces personnes avaient tendance à demeurer en retrait. À les voir aujourd'hui, il est difficile de croire qu'elles s'isolaient, car elles sont vives et engageantes. Cela fait chaud au coeur.
Pour ce qui est de l'avenir du cours de coupe des viandes, des obstacles se dressent devant nous, parce qu'on passe par Service Canada et Services aux Autochtones Canada, puis par First People Development Inc., pour arriver à la nation. Les gens de First People Development Inc. se sont donné le droit de dicter à la communauté ce que devrait être le modèle de service et ils ont tort.
Résultat: la nation a eu du mal à se faire acheminer des fonds. Cela ne devrait jamais se produire, mais c'est le cas. Nous tentons de trouver une solution. Nous avons envoyé des lettres à Service Canada pour tenter de renouer une relation directe. Nous avons bon espoir d'y arriver d'ici six mois.
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Oui. Nous en avons fait beaucoup avec l'ACC, le Red River College et l'Université du Manitoba pour l'apprentissage de métiers.
Comme vous le savez, dans l'économie d'aujourd'hui, les métiers sont très en demande, qu'on pense aux électriciens, aux plombiers ou aux charpentiers. Nous avons actuellement un groupe qui suit le cours de charpentier de niveau 3, et les étudiants obtiendront leur sceau rouge sous peu. Je pense qu'il y a 16 étudiants en tout, une combinaison d'hommes et de femmes, qui participent à ce programme.
Nous offrons aussi de la formation au maniement d'équipement lourd; 18 personnes ont suivi ce cours, puis obtenu leur diplôme. Sur les 18, une seule était une femme, et elle a réussi le programme avec brio.
La question de la diversité dans les corps de métiers est encore et toujours un obstacle en soi, parce que de part et d'autre, les intérêts diffèrent. La communication nous aide beaucoup, de même que le réseautage, autant que possible, pour clarifier les choses des deux côtés. La clé est toujours de favoriser une relation directe.