[Traduction]
Bienvenue à tous. Nous sommes à une réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord pour étudier le renforcement des capacités dans les réserves.
Avant de commencer, je veux reconnaître que nous sommes sur le territoire non cédé du peuple algonquin.
Le processus de réconciliation auquel se livre l'ensemble du Canada est opportun. Hier, au Manitoba, nous avons célébré le Jour de Louis Riel, une autre étape importante dans le cadre de la réconciliation, et je sais qu'il y avait le Jour de la famille ailleurs au pays. N'oublions pas notre passé et progressons dans la bonne direction.
Nous accueillons aujourd'hui des représentants de ministères, et je ne veux pas les retarder. Nous recevons de nombreux experts. Je vous remercie de votre présence; nous allons commencer.
Si je me fie à ma liste, nous avons quatre déclarations, et nous commencerons avec les représentants du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Nous entendrons par la suite les représentants du ministère des Ressources naturelles, du Conseil de recherches en sciences humaines et du Bureau du vérificateur général.
Bienvenue à vous tous. Habituellement, nous accordons 10 minutes à chaque intervenant. Si vous prenez moins de temps, nous vous en serions reconnaissants, mais nous voulons que votre déclaration soit la plus complète possible. De nombreux députés veulent vous poser des questions.
Sans plus tarder, je demanderais aux représentants du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien de bien vouloir commencer leur déclaration lorsqu'ils seront prêts.
:
Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Merci de cette occasion de comparaître devant votre comité.
[Français]
J'aimerais en profiter pour vous remercier, car le travail réalisé par votre comité soutient les efforts d'élaboration de politiques et de programmes en cours à Services aux Autochtones Canada. Vos observations sur le renforcement des capacités communautaires et le renouvellement des compétences au sein des collectivités des Premières Nations sont bienvenues. En fait, ces aspects sont essentiels à la réalisation des objectifs d'autodétermination et d'autonomie gouvernementale des Premières Nations.
[Traduction]
C'est pourquoi nous avons le plaisir de comparaître devant vous aujourd'hui. Je suis accompagnée de collègues de Services aux Autochtones Canada, de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord.
De Services aux Autochtones Canada, j'ai le plaisir de vous présenter Keith Conn, de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, Lynne Newman, dirigeante des finances, Secteur des résultats et de l'exécution, et Adrian Walraven, du Secteur des programmes et des partenariats en matière d'éducation et de développement social.
De Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, j'aimerais vous présenter Christopher Duschenes, du Secteur des terres et du développement économique, et Allan MacDonald, du Secteur de la mise en oeuvre.
[Français]
Comme vous le savez, le a annoncé en août 2017 la dissolution de l'ancien ministère des Affaires autochtones et du Nord canadien et la création de deux ministères distincts mais complémentaires: Services aux Autochtones Canada, qui travaille en collaboration avec ses partenaires pour assurer aux membres des Premières Nations, aux Inuits et aux Métis un meilleur accès à des services de qualité supérieure, ainsi que Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, qui appuie la relation de nation à nation et les efforts en vue de réaliser les objectifs de réconciliation.
La création des deux ministères offre une occasion sans précédent d'apporter des changements durables et profonds qui permettront d'avancer plus efficacement sur la voie de la réconciliation avec les Autochtones.
:
Le ministère s'engage à renouer des relations avec les Premières Nations et travaille en partenariat et en coopération avec elles d'une manière basée sur le respect, la reconnaissance des droits et l'autodétermination des Autochtones.
[Français]
Afin de préparer les collectivités autochtones à prendre les rênes, nous avons mis en œuvre des initiatives comme la planification communautaire globale. Celle-ci favorise de nouvelles approches en matière de planification communautaire, mettant en évidence des pratiques exemplaires et facilitant la mobilisation des membres des Premières Nations autour de sujets tels que l'infrastructure, la santé, la culture et le développement économique.
D'ailleurs, la vision de Services aux Autochtones Canada consiste à appuyer les Autochtones de manière à leur donner l'autonomie nécessaire pour fournir des services à leur collectivité et améliorer leurs conditions socioéconomiques. Nous souhaitons que les services soient conçus, offerts et administrés par les Autochtones pour les Autochtones. En fait, notre but ultime est de voir le ministère des Services aux Autochtones Canada disparaître avec le temps.
[Traduction]
La planification communautaire est un processus global, basé sur les forces et dirigé par la communauté, qui permet a une communauté de créer un plan pour la durabilité, l'autosuffisance et une capacité de gouvernance améliorée. Avec la durabilité comme principe central, la communauté fait participer tous ses membres — des enfants aux aînés — dans la planification et la mise en oeuvre de la vision à long terme de leur communauté en abordant des domaines tels que les infrastructures, la santé, la culture et le développement économique. Il y a actuellement 147 plans communautaires intégrés terminés au Canada.
Services aux Autochtones Canada a lancé des projets pilotes de planification dirigés par la communauté qui font participer 140 communautés réparties dans 19 projets pilotes dans les 10 régions afin de démontrer qu'en investissant dans la planification dirigée par la communauté et les soutiens associés, la capacité de gouvernance est renforcée. Pour mesurer la capacité de gouvernance des communautés pilotes de manière significative et pertinente sur le plan culturel, et pour illustrer comment ces communautés évoluent dans le continuum de la gouvernance de manière quantitative, trois ou quatre indicateurs seront élaborés conjointement avec chaque pilote, sur la base des 10 principes de gouvernance, reflétant les besoins et les priorités uniques à chaque communauté.
:
Un autre exemple de la manière dont nous appuyons le renforcement des capacités des communautés pour soutenir le transfert des responsabilités et l'autonomie gouvernementale est la planification de la santé et du bien-être dirigée par la communauté. Le ministère aide les communautés à élaborer des plans locaux de santé et de bien-être, ce qui leur permet d'exercer un plus grand contrôle et une plus grande flexibilité sur leurs programmes et services de santé, tout en favorisant le renforcement des capacités locales.
Le ministère aide également les communautés à élaborer des plans de santé et de bien-être uniques et propres aux besoins locaux. Cette approche favorise une planification culturellement appropriée, holistique et intégrée pour améliorer les résultats pour la santé.
Les ententes de financement à plus long terme et plus souples offrent aux collectivités un contrôle accru et une autodétermination des programmes de santé fédéraux. Les succès à ce jour ont été possibles grâce aux relations et aux partenariats établis avec des associations telles que l'Association des gestionnaires en santé des Premières Nations. L'association a dirigé l'élaboration d'un Guide pour la planification de la santé et du mieux-être des Premières Nations, lancé en novembre 2018. J'en ai une copie. Ce document bien pensé, visionnaire et des plus intéressants, a été conçu avec des communautés, des techniciens et des professionnels des Premières Nations. Le guide préconise des approches de planification intégrées, adaptées à la culture et visant à améliorer les résultats pour la santé.
Le ministère investit également partout au Canada dans la transformation de la santé menée par les Premières Nations au cours des trois prochaines années. Ce financement soutient les Premières Nations du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Ontario et du Québec qui ciblent et conçoivent des solutions de prestation de services adaptées aux besoins de leur communauté. L'objectif immédiat est d'appuyer les Premières Nations dans la transformation des systèmes de santé et d'améliorer la capacité régionale des Premières Nations en matière de gouvernance de la santé. L'objectif à long terme est de s'assurer que la santé des Premières Nations est appuyée par la gouvernance autochtone, avec des modèles conçus, mis en oeuvre et entretenus par les Premières Nations en fonction des besoins de la communauté.
Par exemple, le ministère travaille en partenariat avec le Manitoba Keewatinowi Okimakanak afin de concevoir un processus qui permettra un meilleur contrôle des services de soins primaires communautaires. L'objectif est de créer un système dans lequel les soins primaires sont élaborés et fournis par les communautés. Ces initiatives rapprochent les services des foyers et soutiennent les solutions locales permettant d'améliorer les résultats pour la santé des Autochtones.
Madame la présidente, nous pourrions nommer une longue liste d'initiatives dans un large éventail de domaines de programme où une approche similaire de l'autonomisation des Premières Nations est utilisée. Celles-ci vont de l'établissement de nouvelles relations financières entre le Canada et les Premières Nations à la gestion des terres des Premières Nations, en passant par des stratégies de croissance économique des communautés autochtones entourant le Cercle de feu du Nord de l'Ontario, de manière à ce qu'elles soient mieux placées pour les possibilités de développement.
Plus précisément, depuis 2010, nous avons adopté une approche pangouvernementale coordonnée pour soutenir le développement du Cercle de feu, une région riche en minéraux du Nord de l'Ontario. Les premiers investissements visaient à aider les Premières Nations de la région à se préparer à l'exploitation minière. En raison du ralentissement économique dans le secteur des minéraux et des défis socioéconomiques persistants auxquels font face les communautés des Premières Nations, l'objectif stratégique s'est déplacé pour s'attaquer aux conditions préalables sous-jacentes au développement économique, soit le bien-être individuel et collectif. À cette fin, les ministères fédéraux et la province de l'Ontario collaborent avec les Premières Nations de Matawa et des partenaires non gouvernementaux dans des domaines tels que la planification communautaire, le renforcement de la gestion financière et de la gouvernance, et la gestion de cas axée sur le client.
Le ministère appuie également l'autonomisation des communautés par l'entremise de la Loi sur la gestion financière des Premières Nations. Cette loi à adhésion facultative fournit un cadre législatif et institutionnel qui renforce les capacités de base et les systèmes de gouvernance nécessaires pour passer à de plus hauts niveaux d'autodétermination et à une autogouvernance.
En outre, la loi peut également aider les Premières Nations autonomes et visées par un traité qui souhaitent bénéficier des dispositions de la loi, notamment en matière de gestion financière, de certification des systèmes et d'emprunt collectif, par l'entremise de règlements d'adaptation.
:
Merci de nous avoir invités ici. Je suis accompagné de mes collègues, Ursula Gobel et Manon Tremblay, du CRSH.
Je veux commencer, comme vous l'avez fait, en soulignant que nous sommes sur le territoire non cédé du peuple algonquin.
À titre de président du Conseil de recherches en sciences humaines et du Comité de la coordination de la recherche au Canada, je suis très heureux de m'adresser aux membres du Comité pour leur parler d'une initiative très particulière qui a été lancée par les organismes fédéraux de financement de la recherche, en collaboration avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits, dans le but de renforcer la capacité de recherche autochtone.
En 2015, comme nous le savons tous, la Commission de vérité et de réconciliation du Canada a lancé un appel à l'action dans le but d'établir un programme national de recherche pour mieux comprendre les facteurs associés à la réconciliation. L'appel à l'action 65 se lit comme suit:
Nous demandons au gouvernement fédéral, par l'intermédiaire du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, et en collaboration avec les peuples autochtones, les établissements d'enseignement postsecondaire, les éducateurs, de même que le Centre national pour la vérité et la réconciliation et ses institutions partenaires, d'établir un programme national de recherche bénéficiant d'un financement pluriannuel pour mieux faire comprendre les facteurs associés à la réconciliation.
[Français]
En 2017, le Comité de coordination de la recherche au Canada, ou CCRC, a été créé. Il réunit les dirigeants des organismes de financement de la recherche au Canada, soit les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Conseil national de recherches du Canada, la Fondation canadienne pour l'innovation, ainsi que le conseiller scientifique en chef, le sous-ministre d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada et le sous-ministre de Santé Canada.
L'objectif du CCRC est d'améliorer l'harmonisation, l'intégration et la coordination des programmes et des politiques en matière de recherche, et d'aborder des enjeux communs aux différents organismes.
[Traduction]
Le CCRC a réaffirmé l'engagement des organismes subventionnaires fédéraux de donner suite aux appels à l'action de la CVR et a établi parmi ses priorités la nécessité d'instaurer un dialogue national visant l'élaboration, de concert avec les communautés autochtones, d'un modèle de recherche et de formation à la recherche interdisciplinaire autochtone de nature à favoriser la réconciliation. Dans le budget de 2018, le gouvernement fédéral a affecté 3,8 millions de dollars au CRSH, à l'appui de cette priorité et de l'élaboration d'un plan de recherche stratégique qui cernera de nouvelles façons de mener des recherches avec les communautés autochtones. Ce plan comprendra des stratégies visant à améliorer la capacité des communautés de mener des recherches et d'établir des partenariats avec l'ensemble du milieu de la recherche.
Afin d'atteindre ces objectifs, le CRSH, en collaboration avec les autres organismes subventionnaires fédéraux, dirige la mise en oeuvre de l'initiative Renforcer la capacité de recherche autochtone. Cette initiative de mobilisation a pour but de favoriser l'acquisition de connaissances plus poussées sur les stratégies efficaces de renforcement de la capacité de recherche des communautés autochtones et d'améliorer les relations avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits.
Les activités de mobilisation de notre initiative sont axées sur le renouvellement des liens avec les peuples autochtones du Canada et ont été guidées par les trois objectifs clés suivants. Le premier est axé sur le développement conjoint de manière que tout ce que nous faisons soit élaboré en partenariat avec les collectivités autochtones. Le deuxième objectif clé consiste à établir de nouvelles relations avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits en ouvrant la voie à l'établissement et au maintien de relations de respect réciproque avec les peuples autochtones et d'un dialogue continu. Le troisième objectif consiste en l'adoption d'une approche coordonnée entre les organismes subventionnaires fédéraux et d'autres partenaires clés dans le cadre de cette initiative.
[Français]
Dans le cadre de consultations menées depuis la publication du rapport de la CVR, à la faveur de tables rondes et de dialogues avec les peuples autochtones, nous avons dégagé quatre thèmes stratégiques qui guideront les activités de mobilisation de notre initiative.
Ces thèmes sont les suivants: soutien aux talents et aux carrières en recherche autochtone; mobilisation des connaissances autochtones; mobilisation des connaissances et partenariats en vue de la réconciliation; relations empreintes de respect mutuel. Chacun de ces thèmes correspond à un domaine où les chercheurs, les étudiants, les leaders communautaires et les dirigeants d'entreprises autochtones peuvent participer activement à notre travail.
[Traduction]
Le processus de mobilisation s'est déroulé au cours des derniers mois et comportait deux volets.
Dans le cadre de l'un de ces volets, une série d'activités régionales, notamment des tables rondes et des ateliers, ont été organisées en collaboration avec des partenaires et des communautés autochtones. Entre les mois de juillet 2018 et mars 2019, 14 activités régionales auront eu lieu avec des communautés autochtones de tout le Canada. Ces activités ont mobilisé les Premières Nations, les Métis et les Inuits et permis à de nombreuses personnes, notamment des aînés et des gardiens du savoir, des jeunes et des étudiants, des dirigeants d'entreprise, des groupes de femmes, des organismes communautaires et de recherche et des établissements d'enseignement postsecondaire de faire entendre leur voix. Une plateforme de participation en ligne, offerte sur le site GCcollab, a en outre permis de pousser plus loin la mobilisation et le dialogue.
Dans le cadre de l'autre volet, des subventions de recherche multidisciplinaire appelées subventions Capacité de recherche autochtone et réconciliation ont été financées au titre du programme Connexion du CRSH. Récemment, 116 subventions Capacité de recherche autochtone et réconciliation, d'une valeur maximale de 50 000 $ chacune, ont été attribuées à des organismes autochtones, ainsi qu'à des chercheurs d'établissements d'enseignement postsecondaire et à d'autres organismes sans but lucratif.
Ces subventions appuient l'organisation de rassemblements communautaires, d'ateliers et d'autres initiatives qui mobilisent le savoir existant et favorisent l'échange de connaissances sur la recherche autochtone de manière à susciter la transformation et à contribuer à l'effort de réconciliation.
D'autant plus que les organismes autochtones sans but lucratif pouvaient pour la première fois présenter une demande et diriger leurs propres projets. En fait, environ 85 % des projets proposés par des organismes autochtones ont été retenus, et plus de la moitié des subventions Capacité de recherche autochtone et réconciliation ont été attribuées à ces organismes.
Les enseignements et les perspectives issus de ces activités de mobilisation donneront lieu à la rédaction d'une ébauche de plan stratégique qui sera présentée au CCRC au printemps. Nous espérons que cette ébauche jettera les bases d'une mobilisation durable visant à renforcer la recherche autochtone et à favoriser la réconciliation avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits.
Les activités de mobilisation dans les communautés autochtones ont fait ressortir un grand nombre d'idées et de sujets de réflexion importants. Les participants à ces activités, aussi passionnés que perspicaces, ont démontré que la manière dont la recherche scientifique a été traditionnellement, et dans bien des cas continue d'être, réalisée avec les communautés autochtones du Canada mérite une sérieuse remise en question.
[Français]
Lors de nos activités d'engagement, les Premières Nations, les Métis et les Inuits ont parlé de manière convaincante de la nécessité de décoloniser la recherche, et en particulier de mettre fin à la « recherche héliportée », où des chercheurs non autochtones se posent dans les communautés le temps de recueillir des données et repartent sans avoir vraiment établi de relations avec la communauté, sans avoir bien compris certaines notions autochtones comme celle du consentement de la communauté, et parfois sans même avoir véritablement informé ou consulté la communauté.
[Traduction]
Les peuples autochtones exigent donc un meilleur contrôle sur les données recueillies à leur sujet, estimant qu'il s'agit de l'une des principales mesures à prendre en vue de décoloniser la recherche. Elles veulent pouvoir décider de quelle manière ces données seront utilisées, publiées, stockées et diffusées. Elles ont notamment souligné qu'il leur est même difficile d'accéder à ces données pour leur propre usage et à leur propre avantage.
Les Autochtones ont également demandé à avoir davantage voix au chapitre dans l'établissement des programmes de recherche, afin que la recherche soit conçue d'entrée de jeu en fonction des besoins et des priorités des communautés autochtones. Ils ne veulent plus de partenariats symboliques en guise de partenariats de recherche et ils tiennent à ce que ces partenariats donnent lieu à une collaboration sérieuse et durable.
Les communautés aimeraient également obtenir plus de soutien dans la réalisation de leurs propres projets de recherche communautaires et dans l'établissement de leur propre infrastructure de recherche, à tous les niveaux.
[Français]
Les communautés autochtones ont clairement affirmé qu'elles ont besoin de plus de soutien pour perfectionner les talents autochtones en recherche, notamment par la reconnaissance et l'utilisation des modes de savoir autochtones.
[Traduction]
Nous considérons que le travail réalisé par les trois organismes subventionnaires en vue de renforcer la capacité de recherche autochtone est utile, novateur et essentiel à une meilleure compréhension des facteurs associés à la réconciliation avec les peuples autochtones. Ce travail est également important parce qu'il permet de reconnaître et de corriger les nombreux torts infligés aux peuples autochtones dans le passé dans le cadre de processus de recherche scientifique inconsidérés.
[Français]
Je vous remercie.
Je m'appelle Mary-Luisa Kapelus et je suis sous-ministre adjointe par intérim du Secteur des affaires autochtones et de la réconciliation à Ressources naturelles Canada.
Je tiens d'abord à reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire ancestral algonquin, qui ne nous a jamais été cédé. Je tiens également à vous remercier de cette occasion qui m'est donnée de m'adresser au Comité, dans le cadre de son étude sur le renforcement des capacités communautaires et le maintien en poste des personnes talentueuses.
[Français]
Cet important travail arrive à un moment opportun à Ressources naturelles Canada, car le ministère s'emploie à remplir l'engagement du gouvernement de faire progresser la réconciliation et de renouveler la relation entre le Canada et les peuples autochtones.
[Traduction]
Avant d'aller plus loin, je voudrais vous présenter mon collègue, John Kozij, qui est directeur général de la Direction du commerce, de l'économie et de l'industrie du Service canadien des forêts, ainsi que Jean Gagnon, arpenteur général pour le Secteur des terres et des minéraux.
À l'instar de mes collègues des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada et des Services aux Autochtones Canada, nous considérons qu'il est essentiel d'appuyer le renforcement des capacités des communautés autochtones.
[Français]
Comme vous le savez sans doute, Ressources naturelles Canada est responsable des données géospatiales ainsi que des sciences forestières, minières, énergétiques et terrestres, qui demandent de collaborer avec des partenaires provinciaux et territoriaux, le milieu universitaire, l'industrie et les collectivités autochtones. À Ressources naturelles Canada, il est capital que l'importance des partenariats et du renforcement des capacités mutuelles avec les communautés autochtones soit soulignée dans le cadre de ce travail.
[Traduction]
C'est avec cette vision en tête que RNCan a créé récemment le secteur dont je suis responsable, celui des affaires autochtones et de la réconciliation. Ce nouveau secteur veille à ce qu'il y ait au ministère une approche coordonnée dans le cadre des efforts de mobilisation et de consultation auprès des Autochtones, notamment en renforçant nos relations avec les organisations autochtones nationales, en soutenant les divers secteurs de RNCan dans les activités qu'ils mènent avec les Autochtones et en améliorant l'approche pangouvernementale en matière de réconciliation.
Je vous donnerai maintenant un aperçu de cinq initiatives où RNCan soutient le renforcement de capacités au sein des communautés.
Premièrement, le Centre canadien de cartographie et d'observation de la Terre soutient le renforcement des capacités par l'entremise de la station-relais pour satellites d'lnuvik, qui fait d'lnuvik, et du Canada, une destination prisée dans le monde entier pour ses données. Cette station de réception de données satellites de 20 millions de dollars, qui est un centre mondial de services géospatiaux et de science de données dans l'Arctique, a été construite en partenariat avec les Gwich'in et les lnuvialiut, la Ville d'lnuvik et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, et avec l'appui des agences spatiales canadiennes et internationales et celui du secteur privé.
[Français]
Le projet soutient également le développement des compétences et des capacités d'étudiants autochtones recrutés pour occuper des emplois de collecte, de gestion et d'application de données géospatiales dans le cadre de projets précis, tout en apprenant à comprendre l'exploitation de satellites.
Ressources naturelles Canada a également parrainé l'élaboration d'évaluations des besoins des utilisateurs en matière de données géospatiales au sein des collectivités autochtones afin d'accroître la pertinence des données telles que celles sur le changement climatique, la gestion des catastrophes et la gestion des océans.
[Traduction]
Le deuxième domaine concerne les efforts de RNCan pour renforcer les capacités des Autochtones dans le secteur forestier. Ce secteur est une importante source d'emplois, surtout dans les régions rurales et éloignées de notre pays. L'Initiative de foresterie autochtone est la plus récente démarche entreprise dans le cadre du soutien offert par RNCan depuis 30 ans pour renforcer les capacités en foresterie autochtone.
[Français]
Ressources naturelles Canada collabore avec les collectivités pour renforcer leurs capacités en gestion des ressources forestières et soutenir le développement d'entreprises détenues et exploitées par les Autochtones.
[Traduction]
Par exemple, depuis 2016, RNCan soutient le renforcement des capacités de gestion forestière de la Confederacy of Mainland Mi'kmaq, qui gère directement les terres forestières de la Couronne en Nouvelle-Écosse en intégrant le savoir autochtone et la science occidentale, ce qui assure un appui plus complet des activités forestières.
Les investissements de RNCan ont également aidé la nation des Cris de Chapleau à élaborer la stratégie d'économie de la conservation des chefs régionaux du Nord-Est du lac Supérieur, une pierre angulaire du développement économique du secteur forestier. Ce travail a contribué à l'établissement de Wahkohtowin, une société de développement dirigée par des Autochtones, qui comprend une entreprise prospère de production de sirop de bouleau et une exploitation forestière qui apporte des emplois et des revenus à la collectivité locale.
[Français]
L'Initiative de foresterie autochtone favorise les partenariats avec les communautés autochtones. Ce n'est pas seulement une question de rendement de programmes; il s'agit de bâtir des relations durables. Notre présence sur le terrain, par l'entremise des centres de foresterie régionaux, nous permet de développer des projets en collaboration avec les communautés.
[Traduction]
Le troisième domaine que j'aimerais aborder est celui des efforts concertés et novateurs que nous déployons pour bâtir un avenir énergétique plus propre. Dans le cadre du Programme Énergie propre pour les collectivités rurales et éloignées, RNCan a reçu 220 millions de dollars sur six ans pour appuyer des projets d'énergie propre. Nous collaborons avec les collectivités et les organisations autochtones pour faire progresser les projets d'énergie renouvelable et de renforcement des capacités afin de réduire leur dépendance au diesel.
Avec l'aide du gouvernement fédéral, le Conseil des Tlingits de Teslin, au Yukon, a construit une usine de bioénergie forestière pour chauffer sa collectivité. Teslin a optimisé les retombées locales à chaque étape du projet. Les responsables ont supervisé la planification, la construction et, enfin, l'exploitation et l'entretien continus de leurs systèmes de bioénergie.
Notre programme d'élimination du diesel a affecté des fonds totalisant 10 millions de dollars à des projets de renforcement des capacités liés à l'énergie propre. Dans le cadre de la première ronde de financement, nous soutenons 11 projets de renforcement des capacités dans diverses régions du Canada, projets qui concernent tant la planification énergétique communautaire que la littératie énergétique ou les programmes de formation pour les jeunes.
[Français]
Ces projets sont à la base même de nos efforts visant à aider les communautés autochtones à acquérir un plus grand pouvoir décisionnel concernant leur avenir énergétique. Chaque projet est piloté par la collectivité et vise à engendrer des répercussions socioéconomiques plus vastes.
[Traduction]
Par exemple, RNCan appuie un projet qui permettra de recruter et de former de nouveaux gestionnaires de l'énergie autochtones à temps plein dans de nombreuses collectivités éloignées de l'Ouest canadien, et de leur offrir du perfectionnement professionnel.
La semaine dernière, RNCan a également lancé le projet intitulé « Créer de nouvelles possibilités: Initiative autochtone pour réduire la dépendance au diesel à Whitehorse ». L'objectif de cette initiative consiste à aider jusqu'à 15 collectivités autochtones éloignées à abandonner le diesel comme source d'énergie principale.
[Français]
Au cours des 18 derniers mois, Ressources naturelles Canada a dialogué avec de multiples communautés d'un bout à l'autre du pays pour s'assurer que leurs divers besoins et points de vue sont incorporés dans le développement de ces initiatives. Ce dialogue a mené à une approche de conception flexible, où les participants ont accès aux formations et au soutien nécessaires pour développer des projets d'énergie propre ajustés aux besoins des communautés.
[Traduction]
Les investissements dans les solutions d'énergie propres pour réduire la dépendance au diesel dans les communautés autochtones, bien que modestes, font un apport d'importance vitale au soutien de la réconciliation et de l'autodétermination.
Le quatrième domaine est le programme de gestion des terres des Premières Nations. Dans le budget de 2018, le gouvernement a investi 8,4 millions de dollars sur cinq ans pour mettre à l'essai un programme pilote de renforcement des capacités d'arpentage pour les collectivités des Premières Nations afin d'éliminer les obstacles à une gestion efficace des terres.
Dans le cadre de ce programme, RNCan offrira à 24 collectivités des Premières Nations 12 semaines de formation en milieu communautaire et une formation pratique personnalisée sur les principes fondamentaux de l'arpentage
[Français]
Ce programme vise à mieux faire connaître les avantages que représente l'arpentage pour ce qui est du soutien à la gouvernance et de la capacité de prendre des décisions au sujet des terres.
[Traduction]
Le maintien des compétences acquises dans la collectivité est important. Ces compétences seront conservées en offrant de la formation dans la communauté plutôt qu'en obligeant les participants à quitter la collectivité pour suivre une formation et en élaborant des outils, des documents et des procédures internes.
Enfin, en 2014, RNCan a entrepris un engagement précoce et continu avec les peuples autochtones dans le cadre de l'Initiative sur l'infrastructure énergétique de la côte Ouest. Cette initiative permet aux fonctionnaires fédéraux et aux collectivités autochtones de s'investir dans des projets d'infrastructure énergétique. En collaboration avec divers ministères partenaires, RNCan a approuvé 235 projets évalués à près de 61 millions de dollars. Par exemple, la nation Tsleil-Waututh a entrepris de nombreuses initiatives visant à rétablir la santé de l'écosystème dans le bras de mer Burrard. Ces démarches comprennent l'établissement d'un plan d'action environnemental, la tenue d'une table ronde cogérée pour mettre à jour les objectifs de qualité de l'eau dans le bras de mer et l'installation d'un réseau d'instruments scientifiques pour surveiller la qualité de l'eau.
[Français]
Grâce à ces travaux, la collectivité a récolté des myes dans la baie Burrard pour la première fois en 44 ans.
En réponse à cette situation, le Conseil tribal Carrier Sekani a élaboré le programme de formation destiné aux agents de référence des Premières Nations, une initiative de formation technique pour les collectivités des Premières Nations de la Colombie-Britannique. Le but de cette initiative est de permettre de mieux comprendre et gérer les renvois liés à la consultation et d'améliorer la prise de décisions ainsi que la gestion des ressources naturelles dans leurs territoires.
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Madame la présidente, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de deux audits présentés dans nos rapports du printemps 2018. L'un des audits portait sur les écarts socioéconomiques dans les réserves des Premières Nations, et l'autre, sur la formation à l'emploi pour les Autochtones.
Je suis accompagné des directeurs principaux de ces audits, Mme Dawn Campbell et M. Glenn Wheeler.
Le Bureau du vérificateur général du Canada audite depuis longtemps les activités et programmes fédéraux qui touchent les peuples autochtones. Même si les différents gouvernements qui se sont succédé ont pris de nombreux engagements pour améliorer le bien-être des peuples autochtones, je constate malheureusement, après des décennies d'audits, que les résultats des programmes pour les peuples autochtones sont inacceptables.
Comme vous le verrez grâce aux constatations des deux audits dont nous discuterons aujourd'hui, les problèmes chroniques comprennent le manque d'information et la mauvaise utilisation des données disponibles pour comprendre et améliorer l'impact des programmes sur la vie des Autochtones.
[Traduction]
Dans le premier audit, nous avons conclu que Services aux Autochtones Canada n'avait pas mesuré de façon satisfaisante les progrès du Canada pour combler les écarts socioéconomiques entre les membres des Premières Nations vivant dans les réserves et les autres Canadiens, et qu'il n'en avait pas fait dûment rapport. Nous avons également conclu que l'utilisation des données pour améliorer les programmes d'enseignement et ainsi améliorer le bien-être socioéconomique n'était pas adéquate. Nous avons constaté que le principal outil du ministère pour mesurer le bien-être socioéconomique dans les réserves, soit l'indice du bien-être des collectivités, n'était pas complet. En effet, l'indice intégrait des données de Statistique Canada sur la scolarité, l'emploi, le revenu et le logement, mais il ne tenait pas compte de plusieurs facteurs du bien-être qui sont aussi importants pour les membres des Premières Nations, tels que la santé, l'environnement, la langue et la culture.
Nous avons aussi constaté que le ministère n'avait pas utilisé de façon adéquate la grande quantité de données sur les programmes, ainsi que les autres données disponibles, pour mesurer précisément si la vie des membres des Premières Nations vivant dans des réserves s'était améliorée, et en faire rapport. Par exemple, nous avons établi que l'écart dans l'obtention du diplôme d'études secondaires, ou l'équivalent, entre les membres des Premières Nations vivant dans des réserves et les autres Canadiens s'était élargi entre 2001 et 2016. Nous avons aussi constaté que le ministère avait surévalué dans une proportion allant jusqu'à 29 points de pourcentage les taux d'obtention d'un diplôme d'études secondaires des élèves des Premières Nations, parce qu'il n'avait pas tenu compte des élèves qui avaient décroché entre les 9e et 11e années.
Services aux Autochtones Canada a aussi mal utilisé les données sur l'éducation qu'il avait recueillies pour améliorer les résultats en éducation. Par exemple, le ministère a consacré 42 millions de dollars sur quatre ans pour préparer les élèves des Premières Nations à poursuivre des études postsecondaires. Nous avons cependant constaté que seulement 8 % des personnes inscrites à ce programme préparatoire l'avaient terminé. Malgré ces mauvais résultats, le ministère n'a pas collaboré avec les Premières Nations ou les établissements d'enseignement pour améliorer le taux de réussite.
Dans le deuxième audit, nous avons examiné comment Emploi et Développement social Canada avait géré deux programmes: la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones et le Fonds pour les compétences et les partenariats. L'objectif commun de ces deux programmes était d'augmenter le nombre d'Autochtones qui occupent un emploi stable et intéressant. Pour ces deux programmes, le ministère a travaillé avec les organisations autochtones de partout au pays qui fournissaient de la formation et de l'aide à l'emploi aux Premières Nations, aux Métis et aux Inuits.
Dans l'ensemble, nous avons constaté que le ministère n'avait pas fait la preuve que ces programmes avaient augmenté le nombre d'Autochtones ayant obtenu et gardé un emploi. En particulier, nous avons constaté que le ministère n'avait pas défini les indicateurs de rendement nécessaires pour montrer si les programmes avaient atteint leurs objectifs. Par exemple, le ministère a établi une cible annuelle pour le nombre de clients ayant trouvé un emploi après avoir reçu des services. Cependant, il a compté tout emploi décroché comme un résultat positif, que l'emploi soit à court terme, saisonnier, à temps partiel ou à temps plein. Cela signifie que le ministère ne savait pas jusqu'à quel point les programmes avaient aidé les clients à trouver des emplois durables.
Nous avons aussi constaté que le ministère n'avait pas analysé les données qu'il avait recueillies sur les programmes pour en faire ressortir les tendances, les problèmes ou les pratiques exemplaires pouvant aider les organisations autochtones à améliorer leurs services et leurs résultats. Par exemple, entre les exercices 2010-2011 et 2016-2017, le ministère a consacré 130 millions de dollars aux subventions salariales pour les employeurs qui embauchaient des clients pour des périodes déterminées. Cependant, le ministère n'a pas fait un suivi pour savoir si ces clients avaient conservé leur emploi une fois que les subventions avaient pris fin.
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De plus, le ministère n'a pas fait de suivi systématique auprès des organisations autochtones pour vérifier qu'elles s'acquittaient de leurs obligations prévues aux ententes de financement. Il n'a pas non plus utilisé l'information obtenue du suivi exercé pour déterminer dans quelle mesure les programmes fonctionnaient.
Cela signifie qu'il a manqué l'occasion d'explorer des moyens d'améliorer l'exécution des programmes et de collaborer avec des organismes autochtones pour trouver des domaines où il serait nécessaire de consolider les capacités.
En mai, après le dépôt de nos rapports au Parlement, Services aux Autochtones Canada et Emploi et Développement social Canada ont tous deux préparé un plan d'action pour donner suite à nos recommandations. Votre comité souhaitera peut-être demander aux deux ministères une mise à jour de leurs progrès dans la mise en oeuvre de leurs engagements.
Je voudrais souligner que plusieurs de nos rapports précédents qui touchent au renforcement des capacités pourraient intéresser le Comité à l'heure où les organismes autochtones assument de plus en plus de responsabilités relativement aux programmes. Ainsi, vous pourriez trouver utile de consulter notre rapport d'étape de juin 2011 sur les programmes pour les Premières Nations dans les réserves, dans lequel nous avons ciblé des obstacles structurels qui nuisaient à l'amélioration de la mise en oeuvre des programmes.
Dans un autre rapport publié à l'automne 2015 sur la création de la Régie de la santé des Premières Nations en Colombie-Britannique, nous avons recensé divers facteurs pour faciliter le transfert des responsabilités aux Premières Nations en matière de santé.
C'est ainsi que se termine ma déclaration d'ouverture.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Votre question porte sur le CRSH. Je serais ravi d'essayer d'inclure dans ma réponse les autres conseils de financement aussi, soit les Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, ou CRSNG, car le travail qu'ils font est aussi très importants. Je tiens à le préciser. Si je suis ici pour parler de mon organisation, il m'incombe de le faire.
Pendant de nombreuses années, nous avons financé la recherche autochtone, que nous définissons comme étant la recherche réalisée par ou avec les collectivités autochtones du Canada. Au fil des années, nous avons consacré des dizaines de millions de dollars à ce type de travail dans le cadre de divers programmes, qu'il s'agisse de subventions d'équipes, de subventions à des chercheurs individuels ou autres. Par exemple, au cours des cinq dernières années, nous avons consacré plus de 20 millions de dollars à des travaux sur la protection des langues autochtones et ainsi de suite.
Nous avons une politique sur la recherche autochtone dont l'objectif est, d'abord et avant tout, de valider les modes de connaissances autochtones et le savoir autochtone, et de soutenir l'importance de les reconnaître comme étant des sources de données légitimes à tenir en compte. Nous avons une politique qui garantit la présence des peuples autochtones à la table quand des projets sont examinés par des pairs. En ce moment, nous sommes engagés dans un important projet avec nos autres organismes partenaires et avec le Comité de la coordination de la recherche au Canada, le CCRC, et nous appliquons bon nombre des principes que nous avons conçus au fil des années à l'appui de la recherche autochtone.
Si vous me le permettez, j'aimerais céder la parole à Ursula, pour qu'elle vous parle des autres choses que nous faisons dans le cadre de ce projet.
À titre d'agence de financement située à Ottawa, nous estimons très important de profiter des conseils des collectivités autochtones et d'entendre leurs voix. Nous accueillons très favorablement les conseils du Cercle consultatif autochtone, qui se fait le reflet des points de vue des universitaires autochtones de partout au pays et maintenant également de ceux des membres des collectivités autochtones, ainsi que de l'engagement de tous à l'égard de l'amélioration continue.
C'est une chose que nous entendons souvent, mais notre président a mentionné nos politiques et nos lignes directrices qui sont régulièrement mises à jour. Nous avons très récemment abordé la question de l'amélioration de l'accessibilité et du soutien pour les étudiants autochtones, sachant qu'il existe des obstacles administratifs. Comment pouvons-nous donner aux étudiants autochtones diplômés la possibilité d'envisager de poursuivre leurs études s'ils le souhaitent, compte tenu de leurs besoins comme aidants naturels? Comment pouvons-nous veiller à ce que les membres d'un comité d'évaluation du mérite reconnaissent les connaissances traditionnelles, les épistémologies et méthodologies différentes, pour la formation des diplômés? Il faudrait reconnaître cela. Nous sommes donc constamment à réévaluer nos processus administratifs et nos lignes directrices, et à veiller à ce qu'ils respectent les besoins des collectivités autochtones et contribuent véritablement à soutenir leur croissance.
Dans le contexte de l'harmonisation des trois organismes, Ted a passé en revue toutes les activités qui ont cours depuis plusieurs mois. Certains éléments très clairs ont été relevés dans toutes les régions, par les Inuits, les Premières Nations et les Métis: les problèmes relatifs à l'éthique et aux politiques sur l'éthique, les problèmes relatifs à l'admissibilité et les problèmes relatifs à la gouvernance des données. Maintenant que nous en arrivons à une meilleure compréhension des besoins de la collectivité, des différences entre les collectivités et les régions, et des différences entre les Premières Nations, les Métis et les Inuits, ainsi qu'entre les mandats des trois agences, comment pouvons-nous mieux harmoniser nos pratiques?
C'est un travail complexe, mais nous sommes résolus à l'accomplir. Par exemple, nous avons établi un groupe de travail interorganismes directement avec Inuit Tapiriit Kanatami. L'approche que nous avons adoptée est de nous asseoir à la table, de retrousser nos manches, et de nous attaquer à ces problèmes avec les représentants de la collectivité à l'avant-plan.
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Nous travaillons activement avec le conseil tribal Kee Tas Kee Now pour établir une des ententes régionales en matière d'éducation dont je parlais plus tôt. Toutes nos discussions et l'élaboration conjointe de ces stratégies menées dans les régions avec des Premières Nations sont possibles parce que nous avons établi un financement de base direct comparable à celui des provinces afin qu'un élève qui fréquente une école dans une réserve bénéficie essentiellement du même financement qu'il recevrait dans une école albertaine située à l'extérieur de la réserve, dans une collectivité voisine.
C'est la base. C'est le point de départ. Nous prenons des mesures et nous discutons avec des partenaires des autres besoins multidimensionnels auxquels nous devons répondre pour la suite.
Pour répondre à votre question, si je l'ai bien comprise, nous ne discutons actuellement pas avec nos Premières Nations d'un système de bons ou de quelque chose d'aussi précis. À l'heure actuelle, le principal objectif de ces discussions est que... Je dois dire que nous n'avons jamais fait preuve d'autant de transparence, en ouvrant nos livres, en montrant comment nous donnons du financement et en discutant ainsi de la suffisance des fonds. À partir de là, les choses évolueront.
Dans différentes régions du pays, des Premières Nations se manifestent et disent que c'est excellent, mais pour ce qui est d'actualiser leurs objectifs en matière d'éducation, cela doit s'ajouter à ce qu'elles ont déjà, ou elles doivent accorder la priorité à ces domaines à l'aide de ressources supplémentaires. C'est sans aucun doute ce que nous voyons, alors qu'elles mettent l'accent sur la langue et la culture, sur des stratégies globales d'apprentissage continu qui engloberaient les premières années, l'enseignement postsecondaire et la formation professionnelle.
Je pense que le Comité s'intéresse beaucoup à la façon dont les élèves, à l'adolescence, reprennent leurs études après avoir décroché. Comment pouvons-nous les faire revenir sur les bancs d'école? Nous en discutons, mais les discussions sont avec les Premières Nations à l'échelle régionale. Notre attitude consiste à nous demander comment nous pouvons aider. À l'avenir, nous allons collaborer pour trouver des stratégies.
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Merci, madame la présidente. Je passe une matinée très agréable en tant que remplaçante à votre comité.
Une fois de plus, je tiens à remercier les témoins de tout leur bon travail. Je pense que toutes les personnes présentes conviendront qu'il faut multiplier ce genre d'efforts à l'avenir.
C'est dans ma circonscription, Winnipeg-Sud, que se trouve le Centre national pour la vérité et réconciliation. Le sénateur Sinclair, un Manitobain, a présidé la commission, comme vous le savez. Nous sommes très fiers des racines du Centre dans notre communauté. Notre ministre du Patrimoine, , est venu visiter le Centre avec nous vendredi.
Nous nous sommes vraiment fait une idée du travail très impressionnant qui est accompli là-bas pour numériser l'histoire des survivants des pensionnats autochtones et une partie des travaux de recherche en cours. Une fois de plus, je pense que nous serions tous d'accord pour dire que ce bon travail doit se poursuivre.
L'ancien grand chef, Ron Evans, le grand chef de l'Assemblée des chefs du Manitoba, est venu rencontrer notre caucus il y a un ou deux mois. Il a dit que le terme « réconciliation » est employé à toutes les sauces. On ne sait pas précisément ce qu'on entend par une mesure de réconciliation. Il a demandé d'élaborer ensemble une norme, comme les normes ISO pour l'environnement et la sécurité industrielle, dans le but d'apporter des précisions dans votre domaine de travail qui évolue très rapidement.
Je me demande si vous avez quelque chose à dire à ce sujet, s'il est nécessaire d'avoir un projet de recherche pour examiner les pratiques exemplaires partout dans le monde auprès des peuples autochtones d'autres pays et pour entamer ce processus de codification. Une fois de plus, nous avons tous entendu parler aujourd'hui de surveillance et de la mesure des résultats, et des raisons pour lesquelles c'est important.
Premièrement, ce que nous avons dit, c'est que, lorsque des chercheurs ou des étudiants, habituellement des étudiants diplômés, nous présentent une demande de financement, ils peuvent certes, dans le cadre des projets qu'ils élaborent — et nous les encourageons à le faire —, ne pas s'en tenir uniquement aux bases de connaissances occidentales, comme des rapports publiés, des données probantes obtenues lors de travaux d'observation et d'expériences, etc. S'ils souhaitent s'appuyer sur des histoires orales ou toute autre méthode autochtone de transmission des connaissances qu'ils estiment valable, que leur milieu estime valable, nous accepterons cela. Il y a un examen par les pairs, mais des Autochtones participent à cet examen. Le CRSH fait figure de pionnier depuis de nombreuses années à cet égard. C'est un principe très bien ancré. Ce sont les chercheurs et les étudiants qui définissent ce que sont les connaissances traditionnelles.
Deuxièmement, la propriété intellectuelle est devenue un sujet brûlant, car, à mon avis, l'information et les connaissances obtenues par les chercheurs autochtones leur appartiennent. Ils peuvent les utiliser comme bon leur semble. Le problème, d'après moi, dont nous entendons souvent parler tient au fait que les chercheurs d'universités, de collèges ou d'autres institutions qui ne sont pas autochtones ne communiquent pas aux communautés autochtones les nombreuses données qu'ils y ont recueillies et les conclusions qu'ils ont tirées. De leur côté, les Autochtones font valoir que l'information leur appartient parce que ce sont eux qui l'ont transmise, et les chercheurs, quant à eux, affirment qu'ils possèdent les droits de propriété intellectuelle.
Nous essayons de gérer cette situation. C'est un sujet qui revient souvent lors des diverses activités que nous organisons et dans les commentaires que nous recevons, mais nous comprenons tout à fait.