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Bonjour à tous. Merci d'être à l'écoute et de votre présence. Nous sommes au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord. Nous sommes très heureux de vous accueillir sur le territoire non cédé du peuple algonquin.
Tous les Canadiens se sont engagés dans un processus de vérité et de réconciliation. Le Canada a une longue histoire de colonisation et de politiques qui ont opprimé un groupe particulier de personnes lesquelles, historiquement, ont été extrêmement généreuses et serviables à l'endroit des colons, et elles le sont toujours. Nous disons cela non seulement comme une formalité, mais aussi pour créer une occasion de réfléchir à notre histoire, que nous venions d'ici, d'Ottawa avec le peuple algonquin ou, comme moi, de la patrie des Métis sur le territoire du Traité no 1. Tous les Canadiens ont joué un rôle dans cette histoire, et je demande à chacun d'y réfléchir.
Aujourd'hui, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous menons une étude sur la Première Nation de Grassy Narrows au sujet de la contamination au mercure du réseau hydrographique de la rivière Wabigoon. C'est quelque chose qui s'est passé il y a plusieurs décennies, et nous savons que les gens ont souffert à cause de cette activité industrielle.
Merci de votre présence.
Nous avons devant nous des représentants du ministère des Services aux Autochtones, du ministère de l'Environnement et du ministère de la Santé. Les témoins de chaque ministère disposeront de 10 minutes, et nous passerons ensuite à une série de questions.
Selon le Feuilleton, je commence avec le ministère des Services aux Autochtones.
Keith Conn et Tom Wong, peu importe comment vous voulez partager le temps, je vous invite à commencer lorsque vous êtes prêts.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour. Je vous remercie de nous avoir invités à témoigner devant le Comité pour discuter de l'important enjeu qu'est la contamination par le mercure, qui continue de toucher la communauté de Grassy Narrows.
J'aimerais tout d'abord souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Pour commencer, je vais vous donner un bref historique de la contamination par le mercure qui a touché la communauté Asubpeeschoseewagong, aussi appelé Grassy Narrows. En 1970, on a découvert qu'il y avait un niveau élevé de mercure dans le réseau hydrographique English-Wabigoon. La contamination a été attribuée à une usine de pâtes et papiers de la région, dont il a été démontré qu'elle déversait des effluents contenant de fortes concentrations de mercure dans le système d'alimentation en eau depuis plusieurs années.
Les communautés de Grassy Narrows et la Première Nation de Wabaseemoong, appelée Whitedog, ont été profondément touchées, une grande partie de la population des deux communautés ayant divers degrés d'empoisonnement au mercure.
En 1986, deux entreprises de pâtes et papiers, de concert avec le gouvernement du Canada et la province de l'Ontario, ont payé un montant total de 16,67 millions de dollars en une seule indemnité pour les deux communautés.
La même année, les gouvernements provincial et fédéral ont également créé le Conseil d'aide aux personnes souffrant d'incapacité due à la pollution au mercure qui s'occupe de l'administration d'un fonds en fiducie dont les prestations sont versées à ceux présentant des symptômes d'empoisonnement au mercure. Services aux Autochtones Canada continue de reconnaître l'importance des travaux continus qu'effectue le Conseil d'aide aux personnes souffrant d'incapacité due à la pollution au mercure, qui prête main-forte aux membres de la Première Nation de Grassy Narrows et de la Nation indépendante de Wabaseemoong.
La direction générale que je supervise, la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits, qui relevait de la compétence de Santé Canada avant l'annonce de la création de Services aux Autochtones Canada, a toujours participé à l'évaluation des impacts de la contamination au mercure sur la santé humaine dans le réseau hydrographique English-Wabigoon, et fourni des soins primaires et des services de santé publique à la communauté depuis des décennies. Des services de soins de santé primaires, des traitements et des services communautaires, y compris les programmes de mieux-être mental et le transport à des fins médicales, sont actuellement fournis à Grassy Narrows par le personnel infirmier.
Depuis 1970, nous étudions les effets de la contamination par le mercure sur les résidents de Grassy Narrows et de Wabaseemoong, notamment des prélèvements de cheveux et de sang chez les membres de la communauté et nous appuyons les évaluations connexes en plus d'assurer la surveillance et le financement d'études environnementales à la demande de la communauté.
Services aux Autochtones Canada collabore étroitement avec Donna Mergler, une éminente chercheuse en santé environnementale qui a été sélectionnée par la communauté de Grassy Narrows, et ses recherches sont financées par les Instituts de recherche en santé du Canada, pour étudier les effets à long terme sur la santé de l'exposition passée au mercure.
Nous avons également fourni des fonds en 2018-2019 pour la création d'un groupe d'experts chargé d'examiner les preuves médicales et scientifiques susceptibles d'informer le Conseil d'aide aux personnes souffrant d'incapacité due à la pollution au mercure. Les travaux sont bien avancés et devraient aboutir à des recommandations d'ici la fin de 2019-2020.
Même si les séquelles d'un empoisonnement par le mercure ont des répercussions sur toutes les familles de Grassy Narrows, les besoins et les aspirations de la communauté ne sont pas les mêmes. C'est toute la communauté que nous devons appuyer: enfants, jeunes, adultes et population âgée. Nous reconnaissons que la communauté a été directement et indirectement touchée par l'empoisonnement par le mercure. Quelles que soient les causes sous-jacentes, nous travaillons et continuerons de travailler avec les dirigeants de Grassy Narrows et les partenaires des Premières Nations pour améliorer la santé et le bien-être de tous les membres de la communauté.
C'est pourquoi lors d'une réunion avec la Première Nation de Grassy Narrows, qui s'est déroulée le 29 novembre 2017, les gouvernements de l'Ontario et du Canada se sont engagés à financer la conception, la construction et l'exploitation d'un centre de traitement du mercure dans la communauté. Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec Grassy Narrows, et nous sommes résolus à respecter l'engagement de Services aux Autochtones Canada à construire un établissement de santé qui répond aux besoins particuliers de la communauté.
Au début de 2018, un financement a été accordé à la communauté pour la réalisation d'une étude de faisabilité. Les représentants du ministère ont travaillé avec des conseillers techniques de Grassy Narrows et les ont rencontrés afin de faire avancer le projet. La province s'est récemment engagée dans les discussions et s'est engagée à fournir les services qui relèvent de sa responsabilité, comme les services de médecins, de spécialistes et d'autres professionnels de la santé.
Il est impératif que les dirigeants du Canada, de l'Ontario et de Grassy Narrows travaillent ensemble pour veiller à ce que la communauté obtienne le soutien dont elle a besoin.
Comme vous le savez, le ministre des Services aux Autochtones a récemment rencontré les dirigeants de Grassy Narrows pour discuter d'un protocole d'entente sur une approche qui répond aux besoins uniques des membres de la Première Nation de Grassy Narrows en matière de santé.
Cet accord n'a pas encore été signé. « Encore » est le mot-clé. Comme l'a dit le plus tôt cette semaine devant le Comité, il s'inscrit dans les négociations. Le gouvernement est déterminé à parvenir à un accord qui réponde aux besoins de la communauté. Nous continuerons de travailler avec le chef Turtle et son conseil jusqu'à ce que nous nous entendions sur une solution qui répond aux besoins en matière de santé de Grassy Narrows, aujourd'hui et à long terme.
Pour conclure, madame la présidente, en collaborant avec la communauté et la province de l'Ontario à ce projet novateur, Services aux Autochtones Canada continuera de démontrer qu'il s'engage fermement à favoriser la réconciliation et à améliorer les résultats relatifs à la situation socioéconomique et à la santé des Autochtones.
Merci, madame la présidente.
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Bonjour à vous, madame la présidente, et bonjour aux membres du Comité.
Je veux commencer par reconnaître que nous sommes rassemblés sur le territoire traditionnel et non cédé du peuple algonquin. Je m'appelle Susan Humphrey. Je suis directrice générale régionale déléguée de la région de l'Ontario pour Environnement et Changement climatique Canada.
Merci de m'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui pour discuter du rôle d'Environnement et Changement climatique Canada en ce qui concerne la contamination par le mercure dans le réseau hydrographique English-Wabigoon. La protection des ressources en eau douce du Canada est une priorité clé du gouvernement du Canada. Les gouvernements fédéral et provinciaux se partagent la responsabilité en matière de protection de la qualité de l'eau douce au Canada. Dans le cas de la contamination par le mercure dans le réseau hydrographique English-Wabigoon, le gouvernement de l'Ontario est responsable de la collaboration avec les communautés des Premières Nations de Grassy Narrows et de Wabaseemoong en vue de régler le problème.
Il s'agit d'un problème de longue date, la contamination par le mercure provenant des usines de pâtes et papiers dans les années 1960 et 1970. Le nettoyage de la contamination par le mercure dans le réseau hydrographique English-Wabigoon est un problème extrêmement complexe, la rivière coulant sur plus de 100 kilomètres entre le site de l'usine et les communautés des Premières Nations.
En 2017, le gouvernement de l'Ontario a annoncé une contribution de 85 millions de dollars pour le nettoyage de la contamination et a renouvelé son engagement de planifier et de mettre en œuvre des mesures de nettoyage en collaboration avec les communautés des Premières Nations. Environnement et Changement climatique Canada participe aux efforts d'assainissement menés par le gouvernement de l'Ontario. Plus précisément, le ministère fournit des avis techniques et scientifiques au ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l'Ontario, relativement à l'assainissement des sites aquatiques contaminés et aux technologies d'assainissement des sédiments contaminés.
Les représentants d'Environnement et Changement climatique Canada continueront de contribuer aux efforts déployés par le gouvernement fédéral afin d'apporter un soutien pertinent au gouvernement de l'Ontario et aux communautés des Premières Nations de Grassy Narrows et de Wabaseemoong dans le but de résoudre ce grave problème.
Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente, et merci aux membres du Comité.
Bonjour à tous. Je m'appelle Greg Carreau et je suis le directeur du Bureau de la qualité de l'air et de l'eau de Santé Canada.
J'aimerais tout d'abord souligner que le territoire sur lequel nous sommes réunis aujourd'hui est le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de discuter du rôle de Santé Canada dans la protection des Canadiens contre les risques pour la santé liés à l'environnement. Je parlerai des activités et de l'expertise du ministère en matière de mercure et de sites contaminés, d'abord dans une perspective générale, puis dans le cas particulier de Grassy Narrows. Dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques du gouvernement fédéral, Santé Canada travaille en étroite collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada afin de protéger la santé des Canadiens contre les contaminants de l'environnement, comme le mercure. Ce travail est accompli en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement de 1999, qui confère au gouvernement fédéral le pouvoir de prendre des mesures visant les produits chimiques nocifs.
Le mercure présente de nombreux risques pour la santé humaine. Les effets qu'il a sur la santé dépendent de sa forme chimique, de la voie d'exposition et du degré d'exposition. Le méthylmercure, qui est une forme organique de mercure, se bioaccumule dans la chaîne alimentaire, par exemple dans le poisson, puis est absorbé par le tube digestif et distribué dans tout l'organisme. Il pénètre facilement dans le cerveau, où il peut demeurer pendant une longue période. Chez la femme enceinte, il peut traverser le placenta et atteindre le foetus.
Le système nerveux en développement d'un enfant est particulièrement sensible au mercure. Les effets peuvent comprendre une baisse du quotient intellectuel, des retards dans la maîtrise de la marche et de la parole, la cécité et des crises épileptiques. Chez l'adulte, une exposition importante au mercure peut entraîner des changements de personnalité, des troubles visuels, des problèmes de surdité, une perte de coordination musculaire et de sensation, des déficiences intellectuelles et même la mort. Des problèmes cardiovasculaires, des lésions rénales et des effets cancérogènes ont également été observés.
Le gouvernement fédéral a pris des mesures dans le but de réduire les concentrations de mercure et les risques connexes pour la santé. De fait, un large éventail d'initiatives réglementaires et non réglementaires ont permis de faire baisser les émissions de mercure au Canada. Depuis les années 1970, les sources intérieures d'émissions de mercure ont diminué d'environ 90 %. Les efforts déployés à l'échelle planétaire sont aussi importants, et le Canada a ratifié en 2017 la Convention de Minamata sur le mercure, un traité mondial visant à réduire les émissions de mercure et l'exposition qui en découle.
De nos jours, l'exposition de la population canadienne au méthylmercure est souvent associée à la consommation de poisson. Santé Canada a établi des normes qui régissent la quantité de mercure permise dans le poisson vendu au détail. Afin de réduire encore davantage l'exposition, Santé Canada fournit aux Canadiens des conseils sur la consommation de certaines espèces de poissons commerciaux qui renferment des concentrations plus élevées de mercure.
Santé Canada a entrepris des travaux de recherche pour évaluer les concentrations de mercure au sein de la population canadienne. L'Enquête canadienne sur les mesures de la santé permet de recueillir auprès des Canadiens des renseignements sur leur santé et de mesurer les concentrations de certaines substances chimiques dans le sang et l'urine. Les résultats de l'enquête ont révélé que plus de 99 % des Canadiens échantillonnés présentaient des concentrations de mercure inférieures aux valeurs guides établies pour la concentration de méthylmercure dans le sang. Lorsque la concentration de méthylmercure dans le sang est inférieure aux valeurs guides, aucun effet négatif sur la santé n'est attendu.
En ce qui concerne les risques pour la santé que posent les sites contaminés, Santé Canada participe au Plan d'action pour les sites contaminés fédéraux. Le rôle du ministère est d'offrir des conseils spécialisés, de l'orientation, de la formation et des outils sur l'évaluation et l'atténuation des risques pour la santé. Or, la source historique de contamination au mercure qui touche la Première Nation de Grassy Narrows ne fait pas partie du Plan d'action pour les sites contaminés fédéraux.
Santé Canada contribue depuis longtemps à l'évaluation des répercussions sur la santé humaine de la contamination au mercure du réseau hydrographique English-Wabigoon. Dans les années 1970, le ministère a commencé à étudier les effets du mercure sur les résidents des communautés de Grassy Narrows et de Whitedog. Les travaux ont été exécutés par la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada, qui a été transférée à Services aux Autochtones Canada en 2017. Mon collègue de Services aux Autochtones Canada a déjà décrit ces travaux.
Les résidents de la Première Nation de Grassy Narrows ont été exposés à des concentrations élevées de mercure provenant d'activités industrielles passées. Santé Canada est résolu à continuer de travailler avec ses partenaires pour s'attaquer aux risques pour la santé associés au mercure, notamment en fournissant une expertise scientifique dans le cadre de toute activité future menée en collaboration avec la Première Nation de Grassy Narrows.
J'aimerais remercier le Comité de m'avoir permis de m'adresser à lui aujourd'hui.
Ayant entendu les exposés, je tiens tout d'abord à exprimer mes sentiments, car, en tant que députée autochtone qui écoute les exposés, je trouve cela très douloureux, et je pense que les peuples autochtones de tout le Canada sont très, très mécontents, parce que les deux ordres de gouvernement ont atermoyé à outrance. Des études ont été réalisées, des études approfondies — l'impact sur la santé, des études économiques, et la liste est longue. Ensuite, je trouve cela très troublant de constater que le ministre l'autre jour s'est assis ici et a déclaré qu'il n'avait pas signé l'accord, parce que... essentiellement, il a blâmé Grassy Narrows. Je trouve cela encore très dérangeant.
Cela me porte à croire que le gouvernement pense savoir ce qui convient le mieux. J'ai l'impression que le ministre et le ministère savent mieux que quiconque ce que les gens demandent. Les gens sont frustrés. Les gens souffrent, ils sont malades, ils ont besoin de plus, et il y a le manque de confiance — bien sûr, le problème de confiance existe —, mais le gouvernement continue d'atermoyer, et j'estime que la situation est très difficile et très frustrante.
Pour en revenir au financement, comment pouvons-nous nous assurer que le financement demandé par Grassy Narrows... Grassy Narrows, et non pas le gouvernement, demande que l'affaire soit conclue dès que possible. Comment pouvons-nous accélérer le processus?
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Vous avez raison. Il y a plus de 50 ans de données historiques dans environ 100 boîtes d'entreposage. Ces données appartiennent aux personnes qui ont été testées. Les renseignements médicaux personnels en question ont été communiqués aux personnes testées. S'il y a une personne qui, par exemple, est née d'une mère dont le cordon ombilical avait été testé au moment de la naissance, les données connexes ont été fournies à la mère.
Au cours des 50 dernières années, nous avons eu constamment des demandes de membres de la collectivité qui voulaient avoir accès à leurs renseignements médicaux personnels. Je suis en poste depuis environ deux ans, et de 40 à 50 personnes ont demandé leurs renseignements médicaux personnels. Cette information a été communiquée à la demande de personnes ou, selon la façon dont ils ont signé le formulaire de consentement, à la personne à qui ils voulaient que l'information soit communiquée, comme un chercheur ou un médecin. Il s'agit de renseignements médicaux personnels des gens.
Cela dit, depuis, je crois, le milieu des années 1970, à la demande de chercheurs qui avaient le soutien de la collectivité, nous avons communiqué les données en question, et ces données ont été remises aux chercheurs dans un format anonymisé. Cela signifie qu'on a retiré les dates de naissance et les noms. On ne peut pas identifier la personne dont il est question, mais nous avons communiqué les données sur demande.
Nous devons nous assurer de protéger les renseignements médicaux personnels des gens et nous devons respecter la Loi sur la protection de renseignements personnels. Si nous communiquons les données sans prendre des mesures appropriées, nous ne respecterons pas la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Je suis le chef Rudy Turtle. Je reconnais les terres autochtones sur lesquelles nous nous rencontrons. Merci de m'avoir invité aujourd'hui pour discuter avec vous.
Je vous demande de bien m'écouter et de laisser mes mots vous toucher droit au cœur. Je suis ici pour parler au nom des miens.
Notre collectivité a été empoisonnée par le mercure. Les nôtres sont malades parce que le gouvernement a laissé des entreprises jeter du mercure dans notre rivière. Nous souffrons encore en raison des longues décennies durant lesquelles le gouvernement a fait peu de choses pour s'occuper de nous. Nous obtenons seulement le même soutien inadéquat que celui avec lequel composent les autres Premières Nations, mais nous avons un fardeau supplémentaire, celui du mercure. Ce n'est pas assez. Le gouvernement du Canada le sait. Les rapports d'experts le répètent sans cesse. Cependant, lorsque nous demandons le soutien du gouvernement, nous faisons face à des retards et des lourdeurs administratives.
Il y a plus de 500 jours, le Canada a promis de bâtir et d'exploiter un centre de santé pour les victimes du mercure à Grassy Narrows afin que nos êtres chers malades bénéficient finalement des soins et du soutien qu'ils méritent. Il s'agissait d'une promesse solennelle, et nous l'avons célébrée. Je veux honorer Jane Philpott, qui était alors la ministre, de nous avoir traités de façon juste. Nous croyions à ce moment-là que l'aide allait enfin venir. Nous voilà rendus 18 mois plus tard, et seulement 1 % des fonds nécessaires pour bâtir l'établissement de soins pour les victimes du mercure ont été versés, et le projet est au point mort.
Nous savons que le gouvernement a souvent brisé les promesses qu'il a faites à Grassy Narrows. Nous souffrons chaque jour en raison de ces promesses brisées. Si le gouvernement prend tant de temps à tenir ses promesses, de quelle façon pouvons-nous croire que le prochain gouvernement les honorera? Nous ne pouvons pas nous permettre qu'on brise la promesse liée à un établissement de soins pour les victimes du mercure.
Nous avons donné au Canada l'occasion de tenir sa promesse et d'aider ceux d'entre nous qui, à Grassy Narrows, souffrent d'empoisonnement au mercure. J'ai dit au que j'étais prêt à signer un accord qui honore la promesse du Canada de réserver des fonds pour un établissement de soins pour les victimes du mercure, ce que le gouvernement pourrait faire en mettant l'argent dans une fiducie bien avant les élections. Nous aurions ainsi la certitude dont nous avons besoin que le centre de soins sera construit et que la promesse sera tenue, et ce, peu importe si le vent politique tourne à Ottawa. Après 50 ans de souffrance, les nôtres méritent cette certitude.
Le coût du cycle de vie de 30 ans de l'établissement s'élève à 89 millions de dollars: 17 millions de dollars pour la construction, et 72 millions pour l'exploiter au cours des 30 prochaines années. Ces fonds sont nécessaires pour nous assurer que les nôtres obtiennent les soins dont ils ont besoin. Le Canada doit aussi tenir sa promesse relativement à notre table de concertation exhaustive sur la lutte contre le mercure; il doit travailler en collaboration avec nous et éliminer le mercure si néfaste pour notre santé, notre culture et notre subsistance. Il faut le faire conformément à la recommandation d'une évaluation de la santé communautaire réalisée par des experts et en respectant les priorités de notre Première Nation. Le Canada a plutôt essayé de nous pousser à signer de mauvais accords en vertu desquels nous perdrons au change, sans nous fournir de certitude ni fournir aux nôtres les soins dont ils ont besoin.
Dans le passé, nous avons signé de très mauvais accords en raison des pressions gouvernementales, et nous composons encore aujourd'hui avec les répercussions de ces mauvais accords. Je ne vais pas signer un mauvais accord. Je vais seulement signer une entente si je suis sûr que mes petits-enfants pourront regarder en arrière et se dire que leur grand-père était un homme sage qui a défendu les siens. Avant de signer quoi que ce soit, je veux m'assurer que l'établissement de soins pour les victimes du mercure sera construit et qu'on donnera à nos êtres chers les soins qu'ils méritent. Je veux être sûr que l'argent nécessaire pour terminer le travail est là et que personne ne peut nous l'enlever. Après tellement de belles paroles, nous avons besoin d'actions sur lesquelles les nôtres peuvent compter. Nous demandons justice depuis 50 ans. Quand nos êtres chers qui souffrent d'un empoisonnement au mercure pourront-ils enfin avoir un endroit où on pourra prendre soin d'eux avec dignité?
J'ai invité le à venir à Grassy Narrows cinq fois pour voir la souffrance et nous aider. Il a refusé.
Premier ministre Trudeau, je vous invite aujourd'hui à montrer que vous avez à cœur ce qui se passe en venant à Grassy Narrows et en transférant dans une fiducie tous les fonds nécessaires pour l'établissement de soins à l'intention des victimes du mercure afin que nous sachions que vous allez tenir votre promesse. Je vous prie d'avoir à cœur de faire la bonne chose pour nous.
Pour ce qui est des nôtres, je m'engage en tant que votre chef à continuer la lutte pour vous jusqu'à ce qu'on ait obtenu la justice dont nous avons besoin. Nous allons lutter jusqu'à ce que le centre de soins pour les victimes du mercure soit construit, que tout le monde soit indemnisé pour les terribles répercussions du mercure et qu'on ait enfin la justice qu'on mérite.
Merci.
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Encore merci, madame la présidente.
Je m'appelle Grand Wedge. Je suis le sous-ministre adjoint de la Division des négociations et de la réconciliation du ministère des Affaires autochtones de l'Ontario.
Je suis ici aujourd'hui pour vous parler du rôle que joue notre ministère relativement aux prestations d'invalidité liées au mercure qui sont versées aux membres de la Première Nation de Grassy Narrows, que représente le chef Turtle, et ceux de la Première Nation indépendante de Wabaseemoong. Tout ça est, bien sûr, lié à la contamination au mercure des rivières English et Wabigoon.
Je suis accompagné aujourd'hui de mon collègue Frank Miklas, du ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs.
Je veux fournir au Comité des renseignements sur les mesures que l'Ontario a prises et continue de prendre concernant les prestations d'invalidité liées au mercure.
Le Fonds d'aide en cas d'incapacité due à la pollution au mercure et le Conseil d'aide en cas d'incapacité due à la pollution au mercure ont été créés conformément à la Loi de 1986 sur la convention de règlement relatif à la contamination par le mercure du réseau hydrographique English-Wabigoon de l'Ontario. Par souci de brièveté, appelons-la la « Loi sur le mercure ». Elle régit l'administration du versement des prestations aux membres de Grassy Narrows et de Wabaseemoong. En vertu de la loi, l'Ontario est responsable de maintenir le Fonds d'aide en cas d'incapacité due à la pollution au mercure à un niveau suffisant pour couvrir tous les versements aux bénéficiaires admissibles aux prestations. Si je peux préciser, cela signifie que le gouvernement de l'Ontario contribue à 100 % au fonds en question.
L'Ontario a fourni 35 millions de dollars en vue du versement des prestations de 1986 à janvier 2019. De plus, l'Ontario et le Canada participent à parts égales à l'administration et à l'exploitation du Conseil d'aide en cas d'incapacité due à la pollution au mercure, le CAIPM. Le représentant du gouvernement, Keith Conn, en a parlé durant son témoignage.
Le comité est composé de sept membres, y compris un président choisi par les parties. En passant, la dernière personne à occuper la présidence était Evelyn Baxter, une membre des Premières Nations qui a été nommée le mois dernier à la Cour de la justice provinciale de l'Ontario. Nous cherchons un nouveau président. Le conseil est aussi composé d'un membre de chacune des deux Premières Nations, de deux médecins qualifiés et de deux autres membres. Ces deux autres membres sont habituellement des représentants de l'Ontario et du Canada, mais cela n'est pas une exigence en vertu de la loi.
Les membres du conseil sont nommés par un comité de recrutement de quatre membres responsables de nommer et de remplacer les membres du conseil. Le comité inclut un représentant de l'Ontario, du Canada, de Grassy Narrows et de Wabaseemoong. En fait, ce sont actuellement les chefs des deux collectivités qui participent directement aux travaux de ce comité de recrutement.
Les prestations sont versées à partir du Fonds d'aide en cas d'incapacité due à la pollution au mercure aux membres de la Première Nation de Grassy Narrows et de Wabaseemoong présentant des symptômes qui se rapprochent de façon raisonnable de ceux d'un empoisonnement au mercure. Il peut s'agir de symptômes définis dans un tableau des affections connues, comme des tremblements, un manque de coordination, une déficience visuelle ou d'autres symptômes qui correspondent à un empoisonnement au mercure pouvant avoir une incidence négative importante sur leur qualité de vie ou limiter leurs activités. C'est quelque chose qu'on établit grâce à un examen d'un médecin.
En date du 30 avril 2019, 263 personnes des deux Premières Nations recevaient des prestations. Au total, 143 de la collectivité de Grassy Narrows du chef Turtle et 120 de Wabaseemoong.
À la suite d'un examen des indemnisations versées par le CAIPM, le gouvernement de l'Ontario s'est engagé l'automne dernier à indexer chaque année les prestations en fonction de l'inflation en s'appuyant sur l'indice des prix à la consommation. Par conséquent, les prestataires ont vu leurs prestations quasiment doubler à compter de novembre dernier. Par exemple, quelqu'un qui recevait le paiement maximum de 800 $ par mois avant l'indexation reçoit maintenant 1 720 $ par mois.
Au moment de l'annonce, notre ministre, le ministre Greg Rickford, a dit que l'Ontario espère que ces augmentations aideront à améliorer la vie des gens. J'ai fourni, en anglais seulement, le communiqué qui a été produit à ce moment-là. Le ministre Rickford a dit qu'il était inacceptable que les paiements aient été gelés au cours des 30 années précédentes.
Je veux être clair: le montant est exempt de l'impôt provincial et ne constitue pas un revenu aux fins de réduction de toutes autres prestations auxquelles les bénéficiaires peuvent être admissibles, y compris, par exemple, le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées. En plus de l'indexation des prestations à partir de maintenant, le montant de l'indexation a aussi été versé rétroactivement à ceux qui recevaient des prestations en date du 31 mars 2018. Par conséquent, si une personne a reçu des prestations au cours des 10 dernières années, alors elle a reçu un montant forfaitaire unique pour couvrir les 10 années d'inflation.
Au total, les paiements rétroactifs aux différents bénéficiaires en 2018 se sont élevés à 11 700 000 $. Le nombre de demandes de la collectivité qui ont été évaluées aux fins du versement des prestations en 2018-2019 incluait 164 adultes, 120 de Grassy Narrows, et 44 de Wabaseemoong, et 12 enfants, 11 de Grassy Narrows et un de Wabaseemoong.
Jusqu'à présent, en 2019, l'année actuelle, 75 adultes ont fait l'objet d'évaluation, 60 de Grassy Narrows, et 15 de Wabaseemoong, et il y a aussi eu trois autres évaluations pédiatriques qui visaient toutes des jeunes de Grassy Narrows. Le programme a affiché une augmentation de 14,3 % du nombre de bénéficiaires au cours de la dernière année. Ce sont de nouveaux bénéficiaires.
Si vous me le permettez, j'aimerais vous parler de certaines autres nouveautés.
L'Ontario traite maintenant de façon accélérée les demandes des bénéficiaires du CAIPM concernant des prestations ou d'autres paiements associés au Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, et ce, en plus des prestations qui leur sont versées par le CAIPM. En 2018, la réglementation provinciale régissant le POSPH a changé de façon à ce que quiconque a déjà reçu une indemnisation du CAIPM soit maintenant automatiquement admissible à un soutien provincial aux personnes handicapées si elles respectent les exigences financières.
Avant ce changement, quiconque recevait des prestations liées à une incapacité due à la pollution au mercure devait ensuite présenter une demande distincte dans le cadre du POSPH. Je comprends que cela peut sembler un changement limité, mais il a réduit de façon importante le fardeau lié à la présentation de demande des personnes qui reçoivent maintenant à la fois des prestations du POSPH et du CAIPM. Depuis 2018, il y a eu 20 nouveaux clients dans le cadre du POSPH de Grassy Narrows, dont 13 ont bénéficié de ce nouveau processus obligatoire, et 4 de Wabaseemoong.
De plus, le gouvernement fédéral fournit un financement pour un groupe d'experts chargé d'aider le conseil à cerner des occasions de moderniser le processus d'évaluation clinique du CAIPM.
Madame la présidente, mesdames et messieurs, en conclusion, je tiens tout simplement à dire que j'espère vous avoir donné une idée des enjeux liés au CAIPM dont mon ministère, Affaires autochtones, est responsable. Nous avons pris des mesures pour accroître les paiements aux gens qui n'ont bénéficié d'aucune augmentation en 30 ans tout comme nous avons fait des efforts pour réduire le fardeau lié à la présentation des demandes.
Je serai heureux de répondre à vos questions après la déclaration de mon collègue.
Je tiens à reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire ancestral non cédé du peuple algonquin.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord, je vous remercie d'avoir invité le gouvernement de l'Ontario aujourd'hui pour discuter du rôle des provinces dans le règlement du problème de la contamination par le mercure des rivières English et Wabigoon et des répercussions sur les collectivités autochtones locales.
Vous le savez déjà, mais je m'appelle Frank Miklas. Je travaille au ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs à titre de directeur, Région du Nord.
Mon objectif aujourd'hui est de fournir à votre comité de l'information sur le rôle de mon ministère dans le dossier de la contamination par le mercure des rivières English et Wabigoon, un problème grave et épineux. Je vais expliquer au Comité les mesures que le gouvernement de l'Ontario a appliquées et applique encore afin de cerner les sites contaminés et du plan d'assainissement qu'il a mis en œuvre pour les rivières English et Wabigoon.
Dans les années 1960 et 1970, une usine de production de chlore et de soude caustique basée à Dryden a rejeté dans la rivière Wabigoon environ 10 tonnes de mercure. Le mercure servait dans cette usine à la fabrication d'eau de Javel. Le mercure a été rejeté avec les effluents d'usine, contaminant ainsi les rivières English et Wabigoon. À l'époque, des usines similaires étaient exploitées aux quatre coins du monde.
C'est en 1970 que l'on a fait le lien entre les poissons contaminés par le mercure et l'usine de Dryden. La province de l'Ontario a alors pris un arrêté d'intervention concernant la pollution afin que l'usine cesse de déverser du mercure. L'usine de production de chlore et de soude a fermé ses portes en 1975.
Dans les années 1980, le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial ont mis sur pied un comité directeur conjoint dont le but était d'étudier la rivière Wabigoon afin de cerner des options d'assainissement adaptées aux endroits contaminés et à l'ampleur de la contamination. Les recommandations du comité ont été transmises à un comité d'examen technique conjoint indépendant, lequel a consulté des intervenants et présenté des recommandations au Canada et à l'Ontario.
En 1985, les gouvernements du Canada et de l'Ontario ont accepté les recommandations du comité conjoint d'examen technique, et les deux gouvernements se sont engagés à prendre des mesures nationales afin d'assainir le système hydrographique, étant donné les préoccupations concernant la remobilisation éventuelle du mercure.
La concentration de mercure chez les poissons a diminué depuis les années 1970 dans certaines parties des rivières English et Wabigoon. Cependant, la concentration actuelle de mercure chez les poissons demeure élevée, et les avis en matière de consommation de poisson sont toujours en vigueur dans plusieurs secteurs du système hydrographique.
La contamination par le mercure des rivières English et Wabigoon est une priorité pour le gouvernement de l'Ontario. En 2018, le gouvernement de l'Ontario a créé la Fiducie pour l'assainissement des rivières English et Wabigoo, conformément à la Loi sur le financement de l'assainissement des rivières English et Wabigoon et lui a donné un budget de 85 millions de dollars. La loi avait été adoptée en 2017 dans le but de financer les projets d'élimination des contaminants dans les rivières English et Wabigoon. Jusqu'ici, on a approuvé l'utilisation d'environ 13 millions de dollars de la fiducie.
Cette loi a également permis de créer le Comité d'assainissement des rivières English et Wabigoon, dont les membres représentent la Première Nation de Grassy Narrows, les Nations indépendantes Wabaseemoong et le gouvernement de l'Ontario, et qui est chargé d'encadrer les dépenses de la fiducie.
D'autres collectivités autochtones locales participent également aux discussions du comité, y compris la Première Nation d'Eagle Lake, la Première Nation de Wabauskang et la Nation Ojibway de Wabigoon Lake.
Les fonds de la fiducie peuvent être utilisés pour les activités d'assainissement suivantes: la prévention du rejet de contaminants ou la réduction du risque d'un tel rejet; la réduction de la présence, de la concentration ou de la biodisponibilité des contaminants, y compris leur présence et leur concentration dans les poissons; la surveillance des contaminants après l'assainissement.
Les fonds peuvent également être utilisés pour les activités connexes de mobilisation des collectivités autochtones.
On mène actuellement des travaux scientifiques majeurs dans les rivières English et Wabigoon ainsi qu'au site de l'usine de Dryden visant à évaluer la gravité actuelle de la contamination au mercure et à déterminer l'origine des contaminants. Ce genre d'information est nécessaire au moment de choisir les meilleures mesures d'assainissement.
L'Ontario mène des activités scientifiques préalables à l'assainissement de la rivière depuis 2016, en collaboration avec les collectivités autochtones locales.
Ces activités sont exécutées en collaboration avec la Première Nation de Grassy Narrows, les Nations indépendantes Wabaseemoong, la Première Nation d'Eagle Lake, la Première Nation de Wabauskang et la Nation Ojibway de Wabigoon Lake.
Grâce aux travaux d'évaluation menés dans le système hydrographique, nous espérons recueillir des données importantes sur les taux actuels de contamination des sédiments et chez les poissons.
À cette fin, nous prélevons des échantillons d'eau de surface, de sédiments et de biote, terme qui désigne les poissons et les invertébrés du réseau des rivières English et Wabigoon. Nous comptons entreprendre d'autres travaux au cours des prochains mois, dont des programmes de prélèvement d'échantillons qui seront dirigés par les nations de Grassy Narrows, Wabaseemoong et de Wabigoon Lake. Ces travaux ont été approuvés et seront financés par le comité.
Ces données nous aideront à cerner et à évaluer les options d'assainissement ainsi qu'à établir des cibles et des objectifs en matière d'assainissement. Le gouvernement de l'Ontario reconnaît l'importance de la transparence dans un projet de cette envergure. Pour cette raison, nous communiquons nos résultats scientifiques aux collectivités autochtones locales afin qu'elles puissent les examiner. Elles ont aussi accès à une équipe d'experts dévoués qui peuvent répondre à toutes leurs questions.
Parallèlement aux travaux dans le système hydrographique, le propriétaire de l'usine de Dryden évalue le site afin de déterminer s'il y a toujours des déversements de mercure dans la rivière, en vue de prendre des mesures en conséquence.
L'évaluation du site de l'usine se fait de façon transparente, et les collectivités le plus durement touchées par la contamination au mercure dans la rivière y participent. Nous croyons que les collectivités autochtones doivent participer à toutes les étapes. La Première Nation de Grassy Narrows, les Nations indépendantes de Wabaseemoong, la Première Nation d'Eagle Lake, la Première Nation de Wabauskang et la Nation Ojibway de Wabigoon Lake participent toutes à l'évaluation du site de l'usine qui a lieu présentement. Des mises à jour à propos de l'évaluation sont aussi communiquées par notre groupe de travail, créé en 2017 afin de servir d'intermédiaire régulier pour les communications entre le ministère, les collectivités autochtones et le propriétaire du site de l'usine.
L'évaluation du site est une étape nécessaire si nous voulons savoir s'il y a encore du mercure et s'il est possible qu'il se déverse dans la rivière. L'évaluation comprend deux phases: la première, qui s'est terminée en 2018, a révélé une forte concentration de mercure dans le sol et dans l'eau souterraine du site.
Cette année, notre plan de travail consiste à déterminer si le mercure présent dans le site se déverse dans le réseau hydrographique et, si oui, en quelles quantités. C'est la seconde phase de l'évaluation. Dans l'éventualité où l'évaluation révèle que le mercure du site coule jusque dans la rivière Wabigoon, l'Ontario veillera à ce que des mesures soient prises afin d'empêcher toute contamination par le mercure présent sur le site. La contamination par le mercure des rivières English et Wabigoon est un problème très complexe, et nous devons mener des études scientifiques rigoureuses afin de déterminer les meilleures options d'assainissement. Nous savons qu'il nous reste encore beaucoup de travail à faire.
Le gouvernement de l'Ontario s'est engagé sans réserve à collaborer avec les collectivités autochtones et nos partenaires, y compris le gouvernement du Canada, pour identifier les endroits contaminés par le mercure dans le réseau des rivières English et Wabigoon et pour élaborer et mettre en œuvre un plan efficace qui permettra d'assainir ces sites.
Au nom de la province de l'Ontario, je vous remercie, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, de nous avoir donné l'occasion de témoigner devant vous à propos de ce dossier si important.
Merci.
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Pour commencer, la rencontre initiale a eu lieu à Toronto. J'ai dit clairement à Mme Anne Scotton et à son équipe que je devais retourner dans ma collectivité pour montrer l'entente aux membres afin qu'ils l'approuvent. Dès le début, j'ai dit clairement que je ne pouvais pas simplement accepter et signer l'entente. Il fallait que je retourne dans ma collectivité, d'abord, pour que notre équipe puisse l'examiner. Ils ont présumé à tort que j'allais tout bonnement signer l'entente, alors que j'avais dit explicitement pendant la réunion à Toronto que je devais d'abord avoir l'approbation des gens de ma collectivité.
Comme vous le savez, il y a des processus à respecter. Comme chef, je ne peux pas simplement dire « oui ». Ce ne serait pas correct. Je serais un mauvais chef si je disais tout bonnement oui, même si c'était aujourd'hui à l'un d'entre vous. Il faut que je ramène ce genre de documents dans ma collectivité, pour que mon conseil et les membres de mon équipe puissent se pencher dessus, avant de signer quoi que ce soit. Voilà la première chose que j'ai dite, et je me suis exprimé très clairement.
Autre chose: on ne m'a pas donné tous les chiffres, seulement ceux pour la première phase, c'est-à-dire pour l'amélioration ou l'agrandissement de la clinique que nous avons présentement. Les représentants du ministère nous ont donné les chiffres à leur arrivée à Grassy Narrows. Comment pouvaient-ils s'attendre à ce que je signe une feuille vierge? J'accepterai seulement de signer une fois que tout sera rempli. C'est une première chose. Personne ne signerait une feuille vierge.
Nous avons aussi cerné d'autres problèmes. Premièrement, nous avions demandé un centre de traitement pour les personnes victimes d'un empoisonnement au mercure, non pas une résidence avec services. Deuxièmement, nous avions demandé une fiducie comme celle que l'Ontario a mise sur pied. Nous voulons simplement des certitudes, au cas où il y aurait un changement de gouvernement ou de politique. Ainsi, nous pourrions éviter de perdre le centre. Malheureusement, nos demandes ont été rejetées.
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Je tiens à remercier sincèrement le NPD de me donner l'occasion de prendre la parole.
Je veux saluer le chef Turtle et le remercier de son coup de téléphone d'il y a deux ou trois jours et de la discussion que nous avons eue hier. Je tiens à étendre mes salutations à toute la collectivité d'Asubpeeschoseewagong. Je soutiens la demande de fiducie de votre collectivité. Je crois que je partage l'opinion de mes collègues qui m'ont cédé leur temps.
Chef Turtle, quand nous avons abordé la question, vous m'avez donné les raisons de l'importance du dossier, de votre point de vue. Nous avons discuté de l'impératif moral et du fait que des milliers de personnes — autant dans votre collectivité que dans les collectivités avoisinantes — ont été touchées par la contamination au mercure du réseau hydrographique des rivières English et Wabigoon. Aucun autre groupe au Canada n'endurerait les répercussions que cela a sur la santé et sans un centre de traitement approprié.
Je sais pertinemment que l'engagement a été pris au nom du gouvernement, et je crois donc qu'il incombe au gouvernement de respecter son engagement.
Vous — parmi d'autres — avez établi qu'il y avait un besoin médical pressant. Je recommande vivement à ceux qui ne l'ont pas encore fait de lire le rapport de Mme Mergler. Il décrit les répercussions sur les adultes, mais il expose également les conséquences neurologiques graves de la contamination par le mercure chez les enfants.
Chef, vous m'avez parlé des circonstances exceptionnelles dans lesquelles votre collectivité se trouve et qui justifient votre demande d'une fiducie de 89 millions de dollars. Voici la question que je veux vous poser: selon vous, pourquoi ne vous a-t-on pas accordé ces fonds? J'ai moi-même cinq théories expliquant pourquoi l'entente n'a pas été conclue, et je voulais savoir si les motifs que vous percevez sont les mêmes.
Plus tôt, les fonctionnaires nous ont dit que le différend tenait d'une préférence pour un mécanisme d'entente de contribution plutôt que de fiducie. Je me demande si, dans les faits, ce n'est pas tant le mécanisme que le montant d'argent qui posait problème, étant donné que le montant prévu pour la fiducie est beaucoup plus élevé: il est de 89 millions de dollars. Cependant, je veux faire valoir que ce montant de 89 millions de dollars représente 0,025 % de ce que le gouvernement fédéral compte dépenser cette année. Je crois que la plupart des Canadiens reconnaîtraient que ce serait un bon investissement d'utiliser 0,025 % du budget de cette année pour donner 30 ans de traitement aux habitants de Grassy Narrows.
Une autre explication que j'ai entendue, c'est que le temps est un facteur. Les fonctionnaires ont dit qu'ils n'avaient pas le temps de régler tous les détails de la fiducie. Je me demandais donc, chef, si vous croyez vous aussi que les milliers de fonctionnaires qui travaillent pour Services aux Autochtones Canada — et leurs collègues, les milliers de fonctionnaires qui travaillent pour Finances Canada — ne peuvent pas trouver le temps, au cours des deux ou trois prochaines semaines, d'établir ce qui serait nécessaire pour la fiducie, surtout qu'il y a, en Ontario et ailleurs, des modèles que l'on pourrait reproduire, selon ce qu'on nous a dit ce matin.
La troisième hypothèse est qu'il y a un manque de volonté politique. Je doute que ce soit vraiment le cas, parce que je sais que mes collègues du Parti libéral et du gouvernement veulent agir pour le bien des peuples autochtones. Donc, à mon avis, ce n'est pas le problème. Comme d'autres ici l'ont dit, je crois que tous les députés ont une volonté politique commune que justice soit faite pour le peuple d'Asubpeeschoseewagong.
La quatrième théorie concerne la confiance. La semaine dernière, le a évoqué la possibilité que vous ne fassiez pas confiance au gouvernement en ce qui a trait au financement à long terme. Selon moi, cependant, c'est plutôt le contraire. Croyez-vous qu'il soit possible que le gouvernement ne croie pas que votre équipe et vous pourrez gérer adéquatement la fiducie? J'aimerais que vous réfléchissiez à cette possibilité.
Le cinquième obstacle, d'après ce que je comprends des circonstances, tient à la taille de cette fiducie de 89 millions de dollars, puisque cela supposerait d'approuver un financement en dehors du cycle budgétaire. Le gouvernement vient de déposer son budget final. Dans cette optique, je me demandais s'il serait possible de vous soutenir, chef — peut-être que tous les membres du Comité pourraient vous soutenir —, en demandant collectivement au d'approuver ce financement en dehors du cycle budgétaire, même s'il est tard, afin que vous ayez les fonds nécessaires pour la fiducie.
Imaginez que nous arrivions à mettre cela en place avant la fin de la session parlementaire; votre collectivité et vous, chef, ainsi que le gouvernement et les députés de la 42e législature laisseraient là un bel héritage.
J'aimerais donc connaître votre opinion; y a-t-il d'autres raisons auxquelles je n'ai pas songé? Y a-t-il aussi d'autres moyens de vous soutenir afin d'obtenir des résultats au cours des prochaines semaines?