:
Je vais commencer, madame la présidente, puisque je suis une habituée du Comité.
Je suis heureuse de me retrouver ici, en territoire traditionnel algonquin, pour vous présenter le Budget supplémentaire des dépenses (B) de mon ministère pour l'exercice 2017-2018. Comme vous le savez, il s'agit de ma première comparution devant votre comité à titre de ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord et je suis bien heureuse de discuter de ma nouvelle lettre de mandat avec vous. Je suis par ailleurs ravie d'être accompagnée par ma collègue, l’honorable Jane Philpott, ministre des Services aux Autochtones, qui s'adressera à vous bientôt.
Je suis aussi accompagnée d’Hélène Laurendeau, sous-ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, de Joe Wild, sous-ministre adjoint principal du Secteur des traités et du gouvernement autochtone, et de Paul Thoppil, dirigeant principal des finances.
[Français]
Par l'intermédiaire du Budget supplémentaire des dépenses (B), nous demandons un montant total de 445 millions de dollars.
[Traduction]
Le Budget supplémentaire des dépenses (B) représente une augmentation nette de 445,1 millions de dollars. Cette dépense est principalement répartie de la façon suivante: 200 millions de dollars pour le versement du règlement aux Cris d'Eeyou lstchee; 91,8 millions de dollars pour les accords sur les revendications territoriales globales, les accords liés aux traités et les accords sur l'autonomie gouvernementale; 52,2 millions de dollars pour le règlement de revendications particulières; 23,7 millions de dollars pour les investissements dans les Programmes urbains pour les peuples autochtones; et 21,6 millions de dollars pour l'appui aux droits des Métis et aux relations de ces derniers avec le gouvernement fédéral. Cela portera l'investissement total du ministère à environ 11,3 milliards de dollars en 2017-2018 pour répondre aux besoins des Autochtones et des résidants du Nord.
Je serais ravie de vous fournir une ventilation détaillée de ces dépenses en réponse à vos questions, mais il y a quelques points que j'aimerais aborder dans mon allocution.
L'été dernier, nous avons signé l’Entente historique sur la gouvernance de la nation crie — un véritable effort de nation à nation, fondé sur le partenariat et le respect du mode de vie traditionnel des Cris. Cette entente est un pas important en vue d'élargir le régime de gouvernance existant de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Comme je l'ai mentionné, ce budget supplémentaire comprend un montant de 200 millions de dollars, lequel correspond au dernier paiement à verser aux Cris d'Eeyou lstchee, conformément à l’entente concernant la nouvelle relation. Ce paiement est conditionnel à l’adoption de la législation pertinente et nous collaborons actuellement avec la nation crie à la rédaction de la loi. Nous prévoyons que la loi sera prête à l'hiver et nous demandons les fonds par l'intermédiaire du Budget supplémentaire des dépenses (B) afin de pouvoir agir rapidement dès l’adoption de la loi.
J'aimerais par ailleurs remercier le Comité d'avoir étudié les politiques sur les revendications particulières et globales dans le cadre de son examen actuel. J'ai hâte d'examiner vos recommandations, le gouvernement étant fermement résolu à entreprendre une réforme substantielle dans ces secteurs. Le Budget supplémentaire des dépenses comprend le report de 52,2 millions de dollars de 2016-2017 à 2017-2018 pour le règlement des revendications particulières. Comme nous en avons déjà discuté devant le Comité, il est d'usage au gouvernement de maintenir une source de fonds permanente en la reportant d'une année à l'autre de façon que les fonds soient disponibles lorsqu'une revendication est réglée.
J'aimerais clarifier qu'il ne s'agit pas de « fonds inutilisés », mais plutôt d'une politique de prudence, puisque le gouvernement a toujours eu l’intention de maintenir une enveloppe des revendications pendant un certain nombre d'années afin de pouvoir financer le processus. Le fait d'avoir des fonds réservés à cette fin précise souligne l'engagement du gouvernement à régler ces revendications d'une manière équitable et respectueuse.
En outre, les Premières Nations ont fait part à notre gouvernement de leurs réserves quant au processus de règlement des revendications particulières. Nous partageons les mêmes préoccupations et travaillons en partenariat pour trouver des mesures justes et concrètes pour améliorer le processus. Nous participons actuellement à des discussions avec des Premières Nations et des organisations de Premières Nations afin de trouver et de mettre en oeuvre des mesures pour améliorer le processus de règlement des revendications particulières. Un groupe de travail technique mixte, avec l'APN, travaille à une réforme du processus de règlement des revendications particulières.
[Français]
Les travaux de ce groupe et vos recommandations orienteront nos efforts pour réformer et améliorer la façon dont nous réglons les revendications particulières.
[Traduction]
Nous sommes résolus à accroître le nombre de traités modernes et de nouveaux accords sur l'autonomie gouvernementale d'une manière qui tienne compte d'une approche fondée sur la reconnaissance des droits des collectivités des Premières Nations. J'ai hâte de recevoir les recommandations du Comité sur la façon dont nous pouvons améliorer ces processus également. Nous participons déjà à des discussions avec des groupes autochtones par l'entremise de discussions sur la reconnaissance des droits ancestraux et l'autodétermination. Par ces discussions ouvertes, nous essayons de trouver des champs de compétence grâce auxquels les collectivités ou les groupes autochtones pourront tendre vers l'autodétermination.
Ces initiatives sont au coeur de mon nouveau mandat. Nous savons qu'une gouvernance et une autodétermination fortes sont les facteurs les plus importants qui contribuent à la santé économique et sociale d'une collectivité.
[Français]
Cela m'amène au deuxième point de la réunion d'aujourd'hui, à savoir mon nouveau mandat.
[Traduction]
Il y a un peu plus de 20 ans, la CRPA recommandait au Canada d'améliorer considérablement la prestation des services aux Autochtones et d'accélérer la transition vers l'autonomie gouvernementale et l'autodétermination. Nous croyons, avec la CRPA, que la reconnaissance des droits est essentielle. Nous savons que les relations fondées sur les structures coloniales ont contribué à creuser le fossé socioéconomique inacceptable actuel. C'est pourquoi le a annoncé la dissolution d'AANC et la création de deux ministères.
Le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord fera progresser les objectifs de réconciliation et sera responsable des programmes pour les résidants du Nord et de la politique de l'Arctique. Nous devons continuer à aborder directement les réalités quotidiennes qui prévalent dans les collectivités autochtones, mais nous devons aussi favoriser le changement systématique. La création de deux ministères vise à dissoudre une structure patriarcale coloniale, qui avait été conçue à l'appui de la Loi sur les Indiens.
Cela nous permettra de concentrer nos efforts sur l'établissement de relations solides, respectueuses et concertées entre la Couronne et les peuples autochtones. Il s'agit de comprendre qu'il nous faut collaborer d'une nouvelle façon. Nous avons maintenant la possibilité de bâtir deux ministères d'une manière où la structure découlera de la fonction.
[Français]
L'un des éléments clés de mon mandat sera de mener des consultations pour déterminer la meilleure façon d'atteindre ce but.
[Traduction]
En élaborant ce nouveau système, nous voulons connaître l’opinion des peuples autochtones — dont les communautés et les nations sont dans ce pays depuis des temps immémoriaux. Nous écoutons ce que les groupes autochtones ont à dire sur leur propre vision de la réconciliation.
Le ministère de Jane, dont elle va vous parler dans un instant, se concentrera sur l'élimination des écarts dans les résultats socioéconomiques. Toutefois, il faut aller au-delà de la prestation de services par le gouvernement fédéral aux peuples autochtones.
[Français]
Nous devons travailler de façon à ce que la prestation et le contrôle de ces services seront assurés par les collectivités autochtones.
[Traduction]
Nous travaillons pour atteindre l'objectif que les services soient livrés et gérés par les collectivités autochtones elles-mêmes. Mon travail est d'aider à établir les gouvernements autochtones et les institutions autochtones qui exécuteront les programmes auparavant offerts par AANC.
L'autodétermination — le droit de faire des choix au sujet de sa collectivité, de son gouvernement, de son avenir — est un droit fondamental. Nous savons que, si nous voulons véritablement faire des progrès en matière de partenariat et de réconciliation, nous devons jeter un regard neuf sur la façon dont nous construisons les relations entre la Couronne et les Autochtones. Une partie de mon travail est de veiller à ce qu'il y ait une approche pangouvernementale — une approche durable — à ces relations, cela afin de nous assurer que tous les ministères fédéraux font leur part sur les plans de la réconciliation et de la réponse donnée à l’appel lancé par la Commission de vérité et réconciliation.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Merci de m'accueillir aujourd'hui ainsi que mon honorable collègue, la ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord. Il me tarde de discuter du Budget supplémentaire des dépenses (B) et de mon mandat avec les membres du Comité.
Je tiens à souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Tout d'abord, je remercie le Comité de ses importants travaux sur un certain nombre de questions, notamment son étude sur la vague de suicides qui sévit dans les collectivités autochtones, la réforme du système de gestion par une tierce partie et, plus récemment, comme je l'ai appris, son étude sur les incendies de forêt et la sécurité-incendie dans les réserves dont j’ai hâte de voir les résultats.
[Français]
Je me réjouis à la perspective d'établir des relations de travail positives avec le Comité, alors que nous travaillons ensemble pour tracer la voie à suivre et faire progresser la réconciliation avec les peuples autochtones.
[Traduction]
J'ai le privilège d'être ici aujourd'hui en tant que toute première ministre des Services aux autochtones. Comme la ministre Bennett vient de vous l'expliquer, l'ancien ministère des Affaires autochtones et du Nord est remplacé par deux ministères distincts qui transformeront nos relations avec les peuples autochtones.
Transformer notre structure ainsi que la façon dont nous communiquons l’information et travaillons avec nos partenaires et nos clients nous permettra de faire progresser les relations de nation à nation, entre les Inuits et la Couronne et de gouvernement à gouvernement. La création du ministère des Services aux Autochtones permettra concrètement de forger une nouvelle relation avec les peuples autochtones, une relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. Vous avez tellement entendu tous ces mots auparavant qu'ils peuvent vous sembler être des termes à la mode. Chacun d'eux est lourd de sens, et tous obéissent à une intention résolue, si bien que nous les répétons à plusieurs reprises.
On m'a confié le mandat de modifier en profondeur la façon dont les programmes et services aux Autochtones sont conçus, élaborés et fournis, et de le faire en partenariat avec les peuples autochtones.
[Français]
De concert avec les partenaires autochtones, nous veillerons à ce que nos investissements substantiels produisent des résultats réels et améliorés. Ensemble, nous devons combler les écarts socioéconomiques inacceptables entre les Autochtones et les non-Autochtones au Canada.
[Traduction]
Madame la présidente, nous nous sommes engagés auprès des Canadiens à poursuivre les efforts de réconciliation dans un nouvel esprit de collaboration. Pour ce faire, je vais oeuvrer à mobiliser de façon productive les dirigeants et les collectivités autochtones afin de déterminer et de réaliser les réformes systémiques qui auraient dû être faites depuis longtemps.
Au-delà du changement de nom, la création d'un ministère dont le seul but est d'améliorer la qualité et la prestation des services — en partenariat avec les Autochtones — souligne le désir de mettre en oeuvre un changement porteur de transformation.
[Français]
Comme le l'a déclaré, « [a]ucune autre relation n’est plus importante pour le Canada que la relation que nous entretenons avec les peuples autochtones. »
[Traduction]
La seule raison qui motive ce changement est de permettre aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis de renforcer leur capacité de prendre leurs propres décisions et de fournir eux-mêmes leurs programmes et services, de manière à pleinement mettre en oeuvre leur vision de l'autodétermination. Cela comprend tout, des services à la famille aux programmes de santé et d'éducation, en passant par les infrastructures communautaires.
Une fois cela fait, nous espérons qu'il n’y aura plus besoin d'un ministère des Services autochtones, et nous misons même sur ce fait. Bien sûr, cela ne se fera pas du jour au lendemain. D'ici là, le ministère a la responsabilité de fournir des programmes et des services de grande qualité qui répondent aux besoins des Autochtones. Il doit notamment améliorer l'accès aux services pour les enfants autochtones, grâce à des programmes comme l’initiative du principe de Jordan.
Je vais prendre quelques instants pour vous en parler davantage. Comme le Comité le sait, ce principe a été nommé en l'honneur de Jordan River Anderson, qui est décédé à l'hôpital Norway House en 2005 à l’âge de cinq ans après qu'un différend soit survenu entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial portant sur la responsabilité du paiement des soins qu'il recevait. En 2007, la Chambre des communes a adopté une motion qui déclarait que les conflits de compétence ne doivent pas nuire aux soins dont les enfants des Premières Nations ont besoin. Bien que cette motion ait été adoptée en 2007, ce n'est que maintenant que l'on y donne suite. Jusqu'en 2015, aucun cas n'avait donné lieu à la prestation de soins en fonction de ce principe. L'an dernier, nous avons élargi la définition du principe de Jordan, réitéré que nous prévoyons le réaliser en entier et réservé les fonds nécessaires.
Jusqu'à maintenant, nous avons approuvé plus de 24 000 cas. Des enfants auxquels on avait antérieurement refusé des soins bénéficient à l'heure actuelle de services de soutien en santé mentale, de services de répit, d'équipement médical, de services de physiothérapie et d'orthophonie, entre autres. Le principe de Jordan vise à faire en sorte qu'aucun enfant ne soit privé des soins dont il a besoin. Personne ne doit être laissé de côté, peu importe le lieu de résidence et de qui il s'agit.
Dans cet esprit, je suis fière d'annoncer qu'une entente a été conclue avec les parties aux cas devant le Tribunal canadien des droits de la personne, le TCDP, afin de modifier deux aspects des ordonnances qu’il émet. Les modifications répondent à la décision du TCDP rendue en mai 2017 pour laquelle le gouvernement du Canada demandait une révision juridique à la Cour fédérale. Par conséquent, le Canada retire la demande du gouvernement fédéral.
Madame la présidente, je tiens à préciser qu'il faut changer la façon dont les programmes et services destinés aux Autochtones sont élaborés et fournis. Nous savons que nous devons mieux faire et faire davantage. Certains nous reprochent encore de ne pas en faire suffisamment et de ne pas agir assez rapidement. Je leur répondrai ceci: on ne pourra jamais réparer aussi rapidement qu'il le faudrait les effets causés par des décennies d'injustices historiques et de discrimination systémique à l'endroit des peuples autochtones du Canada.
Dans ma lettre de mandat, on m'a demandé de « travailler pour tirer parti de l'ingéniosité et de la compréhension des peuples autochtones, ainsi que celle des experts du secteur privé, des administrations provinciales, territoriales et municipales et des experts internationaux à l'égard de la prestation de services ». En travaillant étroitement avec les Autochtones et les autres partenaires importants, les fonctionnaires de mon ministère et moi-même favoriserons l’adoption d'approches novatrices pour tous les programmes et services qui appuient l’égalité des chances pour les Autochtones.
Nous avons l'intention d'agir sur plusieurs fronts importants. Je me ferai un plaisir d'en parler plus en détail. D'ailleurs, je vais en énumérer quelques-uns. Nous adoptons une approche qui transformera la façon dont les soins de santé sont offerts dans les collectivités des Premières Nations. Pour ce faire, nous travaillerons avec les Premières Nations qui élaboreront leurs propres solutions pour régler les problèmes cruciaux qui touchent directement leurs collectivités. Nous élaborons et adoptons une approche améliorée pour assurer le bien-être des enfants afin que leur intérêt supérieur soit toujours notre plus grande priorité. Cela passe par une approche holistique axée sur la prévention, la préservation et le bien-être des familles ainsi que le bien-être des communautés. Nous en discuterons avec nos partenaires lors de notre réunion d'urgence sur les services à l'enfance et aux familles en 2018.
[Français]
L'amélioration des infrastructures essentielles dans les collectivités autochtones, dont le logement, est une autre de nos priorités.
[Traduction]
Nous appuyons aussi la mise en place d'un cadre distinct pour les Autochtones, en ce qui concerne le cadre national sur l'apprentissage et la garde de jeunes enfants, qui tienne compte des besoins particuliers des enfants inuits, métis et des Premières Nations.
Nous avons entrepris un examen de tous les programmes fédéraux actuels de soutien aux étudiants autochtones qui font des études postsecondaires afin que ces programmes répondent aux besoins de tous les étudiants et mènent à des taux de diplomation élevés.
Nous optimisons les investissements dans la jeunesse et le sport et soutenons les sports culturellement adaptés afin de renforcer l'identité et la fierté culturelle des Autochtones.
[Français]
Nous faisons la promotion, dans les collectivités autochtones, des occasions de développement économique qui améliorent le niveau et la qualité de vie des résidants.
[Traduction]
Dans le Budget supplémentaire des dépenses (B) de cet exercice, nous finançons la nouvelle initiative des programmes urbains pour les peuples autochtones. Cette initiative vient en aide aux membres des Premières Nations, aux Inuits et aux Métis qui habitent en milieu urbain ou qui sont en transition vers un milieu urbain. Je serai heureuse d'en discuter plus en détail plus tard.
Dans tous les cas, nous adopterons une approche rigoureuse à l'égard des résultats et de la prestation des services qui se traduira par des changements concrets et utiles pour les Autochtones. Nous avons l'obligation de saisir cette occasion d'apporter un changement radical.
[Français]
Madame la présidente, soyez assurée qu'avant de passer à l'action dans le cas de ces priorités, nous consulterons les Autochtones et nous collaborerons avec eux pour établir la meilleure façon d'aller de l'avant.
[Traduction]
Je n'ai guère de doute qu'en réalisant ensemble ce programme ambitieux, nous ferons de grands progrès qui auront des effets positifs dans la vie des Autochtones. Je serai maintenant heureuse de répondre à vos questions.
[Français]
Merci beaucoup. Meegwetch. Nakurmiik.
:
Je vous remercie de votre question. Encore une fois, je tiens à remercier le Comité pour le travail qui a été accompli à ce sujet. Je suis certaine qu'il a été très difficile pour vous d'entendre les témoignages qui en faisaient partie. Merci de votre rapport et de vos recommandations. J'espère que vous avez eu la possibilité de jeter un coup d'oeil à la réponse du gouvernement au rapport du Comité, parce que je crois que cela montre réellement comment nous percevons notre responsabilité en ce qui a trait aux crises en santé mentale auxquelles sont confrontés les peuples autochtones.
Notre approche s'articulait autour de trois grandes catégories. La première concerne les réponses immédiates et urgentes aux besoins des collectivités, particulièrement lorsqu'elles traversent une période de crise. À cette fin, d'énormes investissements ont été consentis et beaucoup de travail a été accompli pour s'assurer, par exemple, de quadrupler le nombre d'équipes en santé mentale qui sont à la disposition des Premières Nations partout au pays, afin qu'elles puissent se rendre rapidement dans les collectivités. Nous avons fait d'importants investissements grâce au principe de Jordan. Nous utilisons une approche dirigée par les Premières Nations appelée « Choisir la vie », un programme que de nombreuses collectivités des Premières Nations du Nord de l'Ontario utilisent.
Cela permet ce genre d'interventions en cas de crise et donne accès à des travailleurs en santé mentale, mais il faut passer à l'étape suivante, à savoir les déterminants sociaux de la santé, parce que nous ne résoudrons pas la crise de suicides tant que nous ne pourrons pas nous assurer que les enfants puissent recevoir une éducation décente, vivre dans un logement décent, avoir de l'eau potable et toutes les choses qui donnent aux enfants espoir en l'avenir et qui leur permettent de croire que la vie vaut la peine d'être vécue. C'est à cela que se consacre mon ministère en partie, sinon entièrement: fournir ce qu'il faut pour être en santé, mentalement et physiquement.
Le travail du ministère de Mme Bennett va encore plus loin. Il s'agit du troisième élément de base. Les gens perdent espoir quand ils n'ont plus de contrôle sur leur vie. Les Premières Nations, les Inuits et les Métis du pays n'ont pas vu leurs droits reconnus et pleinement appliqués. La possibilité pour les gens de déterminer le cours de leur vie, d'avoir un contrôle sur leur vie, constitue en fait le fondement de la solution de ces terribles crises en santé mentale.
Je le répète, je pourrais préciser davantage, mais j'espère que cela répond à votre question.
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Merci. J'ai un commentaire, une demande, puis une question.
Premièrement, j'aimerais faire un commentaire en réponse à mon collègue Kevin Waugh. Je dirais qu'une approche patrilinéaire concerne une table secrète à Ottawa avec les chefs et le gouvernement. Quelque chose qui donne aux Premières Nations les outils de transparence est tout à fait l'opposé du patriarcat. En fait, cela donne aux membres de la collectivité des renseignements importants. Je veux tout simplement faire ce commentaire.
Ensuite, voici ma demande. Je pense que les deux ministres, plus que peut-être bien des gens, comprennent à quel point les choses sont difficiles et peuvent l'être dans le Nord. Elles savent que la ministre du Patrimoine a dépensé 5,6 millions de dollars pour une patinoire extérieure qui sera aménagée quelque part dans Ottawa-Vanier. Nous dépensons déjà 1,2 million de dollars de l'argent des contribuables pour le canal chaque année. Je vous demanderais donc de faire tout ce que vous pouvez pour que cette patinoire soit aménagée dans le Nord. Il me fera plaisir de venir couper le ruban avec vous lorsqu'on l'installera. Je pense que cela ne plaît pas très bien à de nombreux contribuables qui seraient peut-être rassurés de savoir qu'elle a été offerte à une collectivité dans le besoin.
En fait, je reviens à la question de la déclaration des Nations unies. Je sais que la ministre a dit que le chef national Bellegarde a dit que ce n'est pas un veto. Il a aussi mentionné à trois reprises que cela signifie le droit de dire « oui » et le droit de dire « non ». Je l'ai mentionné plusieurs fois. Nous avons parlé des complications qui surviennent lorsque des projets concernent plusieurs paliers de gouvernement. Nous parlons du consentement libre, préalable et éclairé. Nous prenons votre engagement envers le projet de loi , à savoir que vous allez essayer de trouver quelque chose, mais vous avez beaucoup d'engagements qui se recoupent, comme nous l'avons dit hier dans les discussions au sujet du projet de loi S-3. Nous en avons parlé au sujet des pipelines.
Pour vous rassurer un peu en ce qui concerne ce que vous faites et là où vous allez, avez-vous songé à un renvoi à la Cour suprême du Canada pour savoir ce que cela signifiera dans les situations compliquées, de sorte qu'avant d'emprunter une voie qui n'a pas été interprétée comme il se doit, nous ayons droit à une interprétation appropriée?
:
En ce qui concerne la mobilisation du public, il existe plusieurs possibilités, dont certaines proviennent du gouvernement, d'autres des Premières Nations et d'autres du public lui-même. Pour ce qui est de la population, je pense que tout le monde est incité à s'informer des questions autochtones au pays. Comme point de départ, à bien des égards, la lecture du rapport de la Commission de vérité et réconciliation est la chose à faire. J'invite tous les Canadiens à y jeter un coup d'oeil afin de comprendre les points qui y sont soulevés et à prendre le temps d'examiner les recommandations qui y figurent.
Autre chose, si un membre du public veut savoir quel rôle il peut jouer et comment il peut ouvrir le dialogue avec une collectivité des Premières Nations, il devrait regarder du côté des centres d'amitié. Il s'agit d'une bonne ressource pour commencer et amorcer un dialogue. Si une personne veut s'adresser à une Première Nation, qu'elle le fasse avec humilité et respect et qu'elle s'attende essentiellement à ce que la Première Nation lui donne une indication sur la façon dont elle aimerait que cette interaction se fasse, plutôt que de se présenter avec son idée faite sur l'interaction avec la Première Nation.
Plus précisément, dans le cadre du processus, chaque fois que nous concluons une entente concernant les titres de propriété et les terres autochtones, il y a toujours un processus de consultation. Comme gouvernement, nous avons l'obligation de consulter. Nous devons nous assurer que les Premières Nations des environs comprennent ce qui se passe, surtout pour nous assurer qu'il n'y a pas de répercussions sur leurs propres droits dans une région donnée. De plus, des séances publiques ont habituellement lieu pour nous assurer que le grand public a la possibilité de comprendre les dispositions et leurs répercussions éventuelles.
Ensuite, surtout si nous parlons des Algonquins de l'Ontario, ils ont pris des mesures sans précédent, à certains égards, pour essayer de faire participer leur collectivité à la communauté non autochtone plus vaste sur leur territoire. Ils ont beaucoup travaillé à la sensibilisation communautaire. Ils ont fait beaucoup pour essayer de rassurer les chasseurs, les pêcheurs et ceux qui utilisent aussi les terres de la Couronne qui pourraient être touchées par le règlement, en leur disant qu'ils vont agir de façon responsable et que cela permettra aux non-Autochtones d'avoir accès aux ressources, aux parcs, etc.
Il existe de nombreuses façons de procéder, et ce, sur différents fronts.