Nous demandons aux photographes qui ont un appareil photo de quitter la salle.
Bienvenue à la 31e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Conformément au paragraphe 108(3) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 26 juillet 2022, nous menons une étude des outils d'enquête sur appareil utilisés par la Gendarmerie royale du Canada, la GRC.
La réunion se déroulera selon une formule hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le jeudi 23 juin 2022.
La première heure de la réunion sera consacrée à l'honorable Marco Mendicino, conseiller privé, député et ministre de la Sécurité publique.
J'invite sans plus tarder le ministre, s'il est prêt, à nous transmettre ses remarques liminaires.
Monsieur le ministre, avez-vous un casque d'écoute approprié?
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci, chers collègues.
Je tiens d'abord à remercier le Comité pour ses études sur le croisement de la technologie et des services de police, y compris le rapport récent sur la technologie de reconnaissance faciale. Je me réjouis de l'occasion qui m'est donnée de parler de l'adoption de nouveaux outils et de nouvelles technologies, surtout en ce qui concerne la transparence, la protection de la vie privée et les normes juridiques et éthiques.
La technologie et les services de police ont toujours été étroitement liés mais, aujourd'hui, la technologie progresse de façon exponentielle.
[Français]
Cette progression s'étend de l'évolution de la technologie mobile et sans fil jusqu'à la superinformatique, à l'analyse avancée, à la biométrie, à la surveillance, à la criminalistique, et j'en passe.
Il est impératif que les organismes d'application de la loi suivent le rythme du changement. Cela est essentiel pour que nous puissions poursuivre ceux qui se servent des nouvelles technologies à des fins malveillantes.
Cela est nécessaire pour accroître l'efficacité, mais aussi pour examiner de près la façon dont les organismes d'application de la loi choisissent et mettent en œuvre ces technologies afin de garantir le respect de la vie privée et des droits et libertés des Canadiens. Nous devons trouver un juste équilibre.
[Traduction]
Pour ma part, chers collègues, je suis heureux de vous donner un aperçu des outils utilisés par la GRC.
La GRC utilise des technologies d'enquête et des outils scientifiques de pointe dans les domaines de la criminalistique, des empreintes digitales, des données biométriques et génétiques, et de la surveillance, entre autres. Par exemple, les Services des sciences judiciaires et de l'identité font partie intégrante des Services nationaux de police et s'appuient souvent sur des sciences et des technologies de pointe.
Grâce à ces services, une technologie révolutionnaire permet de détecter les preuves biologiques recueillies sur les scènes de crime, d'examiner les armes à feu, les pièces saisies et la fausse monnaie ou les pièces d'identité suspectes, de dépister un large éventail de drogues et de poisons, et de fournir des témoignages scientifiques d'experts devant les tribunaux.
En ce qui a trait plus particulièrement aux technologies d'enquête, les dernières technologies permettent à la GRC de relier les crimes entre eux, de sécuriser, d'enregistrer et de documenter les scènes de crime, d'identifier les suspects et les victimes et, en général, d'assurer la sécurité des Canadiens et des collectivités.
Le programme Équipe d'accès secret et d'interception de la GRC utilise une technologie approuvée pour recueillir des données qui ne peuvent être recueillies au moyen de techniques d'écoute téléphonique traditionnelles ou d'autres techniques d'enquête moins intrusives. Ce programme n'est utilisé que sur autorisation judiciaire pour les infractions les plus graves.
De plus, leur programme spécial « I » est principalement chargé du mandat de surveillance électronique légale de la GRC. Il s'agit de l'unité responsable de toutes les interceptions de communications privées qui peuvent être obtenues au titre de la partie VI du Code criminel. Il s'agit d'installations techniques et de déploiements d'équipement de surveillance électronique à l'appui des enquêtes policières. La surveillance et l'analyse des données et des communications qui ont été légalement interceptées en font aussi partie.
[Français]
Toutefois, chers collègues, pour tous ces exemples, je tiens à préciser que la transparence, la responsabilité, la protection de la vie privée ainsi que le respect des droits fondamentaux et de la loi sont primordiaux. Le commissaire à la protection de la vie privée fait écho à ces sentiments, et le gouvernement est déterminé à faire en sorte que cela soit fondamental pour toutes les activités, y compris la formation et les processus opérationnels.
En particulier, l'un des résultats principaux de l'enquête et du rapport du commissaire sur l'utilisation de la reconnaissance faciale était la nécessité d'un processus centralisé pour l'adoption de nouveaux outils et de nouvelles technologies.
En mars de l'année passée, la GRC a créé le Programme national d'intégration des technologies, ou PNIT.
[Traduction]
Le Programme national d'intégration des technologies, le PNIT, vise à centraliser, à normaliser et à rendre plus transparents les processus qui régissent la façon dont la GRC identifie, évalue, suit et approuve l'utilisation des nouvelles technologies et des outils d'enquête. Il sera le premier point de contact pour tout service intéressé par l'utilisation d'une nouvelle technologie opérationnelle. Il veillera à ce qu'une évaluation approfondie de la technologie soit effectuée, en s'assurant qu'elle respecte toutes les normes en matière de confidentialité, de droit et d'éthique.
Le PNIT a commencé à accepter de nouvelles technologies à des fins d'évaluation et continuera d'augmenter sa capacité à mesure qu'il deviendra pleinement opérationnel.
Je tiens à souligner que la GRC collabore pleinement avec le Commissariat à la protection de la vie privée pour s'assurer que les répercussions sur la vie privée sont évaluées pour toutes les nouvelles utilisations de la reconnaissance faciale envisagées.
Les considérations juridiques sont également prises en compte pour l'utilisation de la technologie à toutes les étapes, notamment par l'application du Code criminel, qui prévoit des dispositions pour l'autorisation judiciaire et exige que nous fassions un rapport annuel au Parlement sur l'utilisation de la surveillance électronique.
Compte tenu du mandat de la GRC et de la nécessité de préserver sa capacité à utiliser efficacement les outils d'enquête sur appareil, nous ne sommes pas en mesure de discuter de certains détails techniques ou opérationnels de ces outils. Toutefois, je peux confirmer que la GRC recourt à ces outils uniquement pour des raisons d'intégrité opérationnelle et de sécurité.
Je comprends qu'il y a des contraintes de temps et je m'arrête ici. Je répondrai volontiers aux questions du Comité.
:
Merci de poser cette question, madame Hepfner. J'ai rarement l'occasion de comparer des expériences tirées d'une ancienne profession dans le contexte que vous venez d'évoquer, soit les vôtres à titre de journaliste et les miennes à titre de procureur fédéral.
J'ai effectivement une bonne connaissance du processus rigoureux qui est suivi avant d'autoriser le déploiement de ce genre de technique de surveillance électronique. Cette autorisation est loin d'être facile à obtenir. Il faut franchir de multiples étapes, comme je l'ai expliqué dans mes réponses à M. Bezan.
Tout d'abord, la demande doit être soumise à un juge d'une cour supérieure, qui procédera à un examen très minutieux des faits afin d'y déceler des éléments de preuve ou d'information indiquant qu'une infraction très précise a été commise. Je tiens à souligner que, contrairement à ce que vous semblez sous-entendre dans votre question, l'autorisation d'utiliser ce genre d'outil d'enquête ou de faire de l'écoute électronique ne peut pas être demandée pour n'importe quelle infraction criminelle. La liste restreinte des infractions très graves pour lesquelles cette technique peut être autorisée figure à la partie VI du Code criminel.
Le juge doit ensuite peser différentes considérations et établir si, entre autres choses, l'interception ou l'utilisation d'une technique quelconque est justifiée et suffisamment pressante ou urgente pour autoriser l'État à y recourir en vue d'obtenir de l'information qui sera éventuellement déposée à titre de preuve dans une procédure pénale.
J'insiste sur l'attention accordée au détail. Il n'est pas rare qu'un tribunal demande aux agents de répondre à certaines questions avant de leur accorder l'autorisation sollicitée, justement parce que la priorité est toujours accordée à la protection de la vie privée, des droits des particuliers à cette vie privée, de même que des autres droits garantis par la Charte.
Le Code criminel prévoit un bon nombre de mécanismes de protection qui assurent l'équilibre entre le besoin de l'État d'avoir à sa disposition les outils requis pour protéger la sécurité et la paix des Canadiens sans brimer les droits que leur garantit la Charte.
:
C'est une question d'une grande importance. J'espère vraiment que votre étude et que le travail des membres du Comité contribueront à améliorer l'ouverture et la transparence concernant l'utilisation de ces techniques par les forces de l'ordre.
J'ajouterai qu'actuellement, le principal défi pour tous les agents étatiques chargés de protéger les Canadiens vient des méthodes de plus en plus complexes de chiffrement qui sont utilisées pour déjouer les forces de l'ordre et les moyens de détection. Des risques et des conséquences sont liés à ces technologies de chiffrement extrêmement perfectionnées puisqu'elles permettent à des individus de commettre impunément des crimes au détriment de la santé et de la sécurité des Canadiens.
Comme nous l'avons vu, certaines techniques ont pour seul objectif de contrer les efforts d'organisations criminelles complexes et d'autres agents, étatiques ou non, afin de protéger les Canadiens. Votre étude permettra certainement de réaliser des progrès en levant le voile sur ces techniques, et j'en dirais autant des rapports annuels sur l'utilisation de la surveillance électronique. J'invite de nouveau le Comité à prendre connaissance de ce rapport et à soumettre ses suggestions pour nous permettre de continuer à apporter les améliorations nécessaires. Je vous recommande aussi de vous intéresser au travail mené par les forces de l'ordre par l'entremise du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, le CPSNR, et de l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, l'OSSNR. Tout ce travail contribuera à une transparence et à une ouverture accrues relativement à l'utilisation prudente et en dernier recours, je le répète, de ces techniques pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Nous parlons d'une question de confiance. Je me demande ce que nous devons penser des révélations qui ont été faites par La Presse et le média web Politico.
Quel est l'effet de ces révélations sur la confiance des gens envers le ministère ou la GRC?
Vous nous dites que la GRC est pleinement engagée à l'égard du commissaire à la protection de la vie privée, mais, ce matin, ce dernier semblait nous dire que cet organisme ne l'était pas tant que cela.
Quel est l'effet cumulatif de cette situation sur la population?
De vos remarques liminaires, je retiens notamment que vous avez tenu à souligner la pleine collaboration de la GRC avec le Commissariat à la protection de la vie privée pour ce qui est de l'évaluation des répercussions des nouvelles utilisations envisagées de la reconnaissance faciale sur la vie privée. Ce n'est toutefois pas le thème de notre réunion.
Aujourd'hui, et vous vous êtes peut-être mépris dans vos remarques liminaires, nous nous intéressons aux outils d'interception sur appareil. Ce matin, durant la première partie de la réunion, nous avons réalisé que le commissaire à la protection de la vie privée n'avait pas été informé du sujet de la réunion.
Avez-vous un commentaire à nous livrer concernant la contradiction claire et évidente entre ce passage de vos remarques liminaires et les déclarations du commissaire sur ce qui fait l'objet de notre étude, soit les outils d'interception sur appareil?
:
Je vous remercie beaucoup.
Vous avez parlé d'ouverture, de transparence et de reddition de comptes. Ce sont de bonnes choses, nous en convenons. Toutes ces choses sont faites pour obtenir la confiance de la population. Nous sommes d'accord là-dessus.
Le gouvernement a pris un engagement en matière de transparence et de sécurité nationale, tout en soulignant qu'il allait être transparent, mais qu'il ne pourra pas toujours fournir les détails. Nous comprenons cela.
Selon ce que vous avez dit plus tôt, dans vos remarques préliminaires, des efforts sont faits pour assurer la transparence.
Pardonnez-moi de vous le dire, mais nous devons vous croire sur parole. Je me demande si le fait de devoir vous croire suscite la confiance.
Qu'en pensez-vous?
:
Nous prendrons cela comme un « oui », bien que vous ayez usé de faux-fuyants.
Monsieur le ministre, comme cela a été le cas, et certainement comme je l'ai vu plusieurs fois devant ce comité, la réponse du gouvernement semble être que nous devons renforcer la confiance, alors faites-nous confiance. Dans bien des cas, notamment dans le témoignage contradictoire que vous avez donné ici aujourd'hui avec ce dont le commissaire à la protection de la vie privée a parlé ce matin... et en voyant comment son bureau a donné son approbation, je crois, votre secrétaire parlementaire de l'époque, , et la lettre qui a été transmise, il y a une divergence. Il y a une disparité.
Tant dans le Code criminel que dans d'autres cadres législatifs, des dispositions permettent d'invoquer la sécurité nationale pour contourner la partie VI et les processus judiciaires habituels requis pour les opérations de surveillance. Monsieur le ministre, oui ou non: savez-vous si ces dispositions ont déjà été invoquées pendant que vous étiez ministre de la Sécurité publique, oui ou non?
:
Merci de cette question, monsieur Bains. Je pense qu'à certains égards, j'en ai déjà parlé en répondant à Mme Valdez.
Essentiellement, la GRC a créé cette direction générale ou ce bureau, si vous voulez, pour centraliser nos efforts à l'égard de l'utilisation de cette technologie. Ce faisant, nous pouvons nous assurer que les attentes sont très claires et très rigoureuses en ce qui concerne les normes professionnelles; que les membres qui ont été désignés pour utiliser cette technologie reçoivent une formation et que, dans le cadre de cette formation, ils sont tenus au courant de l'évolution de la jurisprudence et de la Loi, de sorte que lorsque des améliorations s'imposent, lorsqu'il faut corriger le tir et qu'il faut faire preuve d'une plus grande sensibilité pour nous assurer de protéger la vie privée, nous respectons ces valeurs.
Comme je pense que nous l'avons entendu tout au long de la discussion d'aujourd'hui, l'un des thèmes récurrents est que nous voulons tous renforcer la confiance, mais pour ce faire, la transparence, l'ouverture et la responsabilité sont de mise. Je pense que la création de ce bureau vise à faire exactement cela.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs du Comité, bonjour. La GRC vous est reconnaissante de l'occasion que vous lui offrez de vous parler aujourd'hui de cette importante question. Nous espérons que nos commentaires éclaireront votre étude sur l'utilisation par la GRC des outils d'enquête embarqués, ou « OEE ».
Le chiffrement est essentiel dans le monde moderne. Il protège les données financières et autres renseignements de nature délicate et permet de garantir la confidentialité des activités en ligne des Canadiens. Malheureusement, le chiffrement et les appareils qui contribuent à protéger la vie privée des Canadiens aident également les criminels à mener des activités illégales et à éviter d'être repérés par la police. Bien que la police soit parfois en mesure de recueillir les données stockées sur ces appareils, le chiffrement rend souvent les données inintelligibles.
Avant de décrire en détail ce qu'est un OEE, je tiens à préciser que la GRC n'a jamais acheté ni utilisé le logiciel Pegasus ou tout autre produit de NSO.
Les OEE sont utilisés dans des cas extrêmement rares et limités. Leur utilisation est toujours ciblée, limitée dans le temps, et ne sert jamais à effectuer une surveillance injustifiée ou de masse. Ces outils ne sont pas utilisés en secret. L'utilisation d'un OEE requiert une autorisation judiciaire préalable, et les éléments de preuve recueillis, y compris la façon dont ils ont été recueillis, peuvent être divulgués et examinés par les tribunaux.
Compte tenu de son mandat et de ses exigences opérationnelles spécifiques, la GRC ne divulgue pas les détails de nature délicate liés aux outils et techniques utilisés dans le cadre de ses enquêtes. Toute divulgation publique allant au‑delà de la documentation technique fournie au Comité et décrivant les capacités générales d'un OEE pourrait avoir des répercussions négatives sur nos enquêtes.
Notre utilisation des OEE est entièrement conforme aux lois canadiennes, y compris la Charte des droits et libertés, le Code criminel et la jurisprudence établie.
La technologie OEE peut être utilisée dans le cadre d'enquêtes hautement prioritaires liées à la sécurité nationale, à la criminalité grave et organisée et à d'autres infractions au Code criminel qui ont une incidence sur la sécurité des Canadiens, mais uniquement après l'obtention d'une autorisation judiciaire.
Maintenant, qu'est‑ce qu'un OEE? Un OEE est un programme informatique installé secrètement sur le téléphone portable ou l'ordinateur d'un suspect.
Les OEE facilitent les enquêtes en maintenant la capacité des organismes d'application de la loi à recueillir secrètement des communications privées et d'autres données qui ne peuvent plus être obtenues par des écoutes traditionnelles ou d'autres techniques d'enquête moins intrusives. La quantité et le type de données recueillies sont déterminés au cas par cas, conformément aux conditions strictes imposées par le juge qui a autorisé l'utilisation des OEE.
L'approche prudente et mesurée de la GRC est attestée par le fait que depuis 2017, les OEE n'ont été utilisés qu'à l'appui de 32 enquêtes dans lesquelles un total combiné de 49 appareils a été ciblé. J'aimerais insister à nouveau sur ce point: au cours des cinq dernières années et demie, la GRC n'a ciblé que 49 appareils pour le déploiement d'OEE.
La GRC évalue soigneusement les avantages et les inconvénients, y compris l'incidence sur la vie privée et les tiers, avant de demander l'autorisation judiciaire d'utiliser les OEE à l'appui d'une enquête criminelle. Cette évaluation est effectuée en étroite collaboration avec les enquêteurs, les spécialistes techniques et les procureurs de la Couronne fédéraux et provinciaux, et est supervisée par le Programme de gestion des cas techniques de la Direction générale de la GRC. Nous tenons à souligner à nouveau que les OEE ne sont utilisés que pour des infractions criminelles graves et uniquement s'ils sont approuvés par un juge qui autorise explicitement l'utilisation d'OEE sur l'appareil d'un suspect en particulier. Les juges reçoivent des documents d'accompagnement expliquant ce qu'est l'OEE et ses capacités.
Bien que nous ne divulguions pas le nom des organisations avec lesquelles nous travaillons dans ce contexte public, nous tenons à confirmer à nouveau que la GRC n'a jamais acheté ou utilisé Pegasus, ou tout autre produit de NSO. Le fait de partager les détails publiquement expose des informations sensibles qui pourraient avoir un impact négatif sur la capacité de la GRC, et de nos partenaires, à utiliser efficacement les OEE à l'avenir. Des éléments criminels utiliseraient ces informations sensibles afin de rendre les outils inefficaces. Aussi, en plus d'avoir un impact négatif sur les enquêtes de la GRC, l'exposition pourrait compromettre les enquêtes des partenaires étrangers et nos relations avec ces pays.
En avril de cette année, nous avons présenté un exposé détaillé sur l'utilisation des OEE par la GRC à l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement du Canada. Le 23 août, des représentants du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada recevront une séance d'information similaire.
J'aimerais également attirer l'attention du Comité sur le 4 juillet 2022, date à laquelle le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, le CPSNR, a informé le ministre de la Sécurité publique de sa décision de procéder à un examen de l'interception légale des communications par les organismes de sécurité et de renseignement, auquel nous participerons pleinement. Les objectifs de l'examen comprennent l'étude de l'état actuel de l'accès légal, des préoccupations soulevées par la société civile et les experts de la protection de la vie privée, ainsi que des défis et des lacunes technologiques. Sur la base des résultats de son examen, le CPSNR peut formuler des recommandations relatives à divers aspects des activités et des cadres d'interception légale.
:
Je suis vraiment désolé, monsieur Larkin, mais je vous ai laissé dépasser largement le temps alloué pour votre déclaration liminaire. Votre témoignage est important, mais nous allons devoir passer aux questions des membres.
Cependant, avant de le faire, au nom du Comité qui a voté pour obtenir des renseignements très précis de la GRC, je dirai qu'il a été très décevant, voire troublant, de recevoir dans la lettre de la commissaire Lucki ce qui équivaut à un refus catégorique de communiquer l'information.
En tant que grand inquisiteur du Canada, un comité du Parlement a le pouvoir absolu de demander des documents. Nous pouvons discuter de la pertinence de le faire, et vous en avez parlé dans votre déclaration. J'attends avec impatience les discussions que nous aurons avec les différents partis à ce sujet, mais un refus général opposé à un comité est troublant. Nous y reviendrons, j'en suis sûr, lors des questions des membres du Comité.
Sur ce, je vais passer au premier tour de table avec le premier intervenant, M. Bezan.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins de leur présence.
Je remercie la GRC pour son travail.
Le Parti conservateur souhaite que vous disposiez des outils nécessaires pour faire votre travail afin que vous puissiez assurer la sécurité des Canadiens et traiter des questions de sécurité nationale et de sécurité publique en tout temps, mais il faut aussi protéger les droits des Canadiens, leur vie privée et les droits que la Charte leur confère. Le déploiement des OEE suscite des inquiétudes en ce qui concerne leurs conséquences involontaires et la possibilité que ceux qui ne sont pas nécessairement ciblés soient aussi espionnés à l'aide de la technologie dont vous disposez.
Il y a eu aussi une certaine confusion à ce sujet, car lorsque nous avons eu la réponse à la question inscrite au Feuilleton que la GRC a déposée par l'intermédiaire de la secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique à la Chambre en juin dernier, il a été question de 10 ou 12 cas d'utilisation des OEE. Puis, dans la lettre plutôt décevante de la commissaire Lucki, il est question de 32 enquêtes. Vous dites maintenant que 49 personnes ont été espionnées. Le chiffre ne cesse de changer, monsieur Larkin, et nous sommes tous très soucieux de savoir où se trouve la vérité. Je pense que c'est la raison pour laquelle nous devons obtenir des renseignements plus clairs.
Nous savons déjà que vous n'utilisez pas Pegasus, mais que vous disposez d'une technologie. Est-elle conçue au Canada? Quel est le pays d'origine de cette technologie que vous utilisez dans vos enquêtes?
Comme vous le savez certainement, l'un des principes de l'arrêt Peel est que la capacité de la police à s'acquitter de ses fonctions dépend de l'approbation des interventions de la police par le public. Je pense que vous étiez présents lorsqu'on a fait état de problèmes de confiance dans des témoignages précédents.
Des membres de votre service ont refusé de nous fournir des renseignements fondamentaux, ce qui me semble en contradiction avec votre devoir de franchise. J'espère que, le moment venu, nous aurons l'occasion de vous inviter à nouveau à huis clos pour approfondir ce que nous avons appris en tant que comité. Encore une fois, nous avons quatre réunions. Je pense que nous aurons probablement l'occasion de revenir sur une partie de ces questions lorsque l'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée sera prête.
Monsieur le président, le ministre responsable nous a répété qu'il attendait avec impatience nos recommandations et, malgré certaines protestations de la part de membres du gouvernement faisant partie de notre comité, qu'il était en fait très heureux que nous nous penchions sur ce sujet.
S'il y a un point qui m'agace dans notre débat, c'est celui des processus de surveillance. On y fait référence dans une lettre type. Avez-vous eu connaissance de la lettre type que la GRC nous a fournie? Elle concernait un mandat. J'y ai fait référence ce matin. Il y est question des interceptions réalisées à l'aide d'outils d'enquête embarqués. C'est à la page 6, au point d, où l'on dit que:
d. Lorsque des communications orales ont été interceptées à l'aide d'un OEE, le moniteur qui examine ensuite la communication doit cesser de l'examiner dès qu'il détermine qu'aucune personne visée au paragraphe 3a n'est partie à la communication.
Seriez-vous prêt à dire officiellement que ce paramètre est une pratique courante dans le cadre de ces mandats?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci encore, messieurs, d'être venus aujourd'hui.
Je pense que l'équilibre le plus important que nous recherchons ici est l'équilibre entre la sécurité nationale ou votre travail d'enquête, qui est très important, puis l'assurance que nous avons la divulgation publique et la protection des lois sur la vie privée dans son ensemble. Nous savons que c'est parfois très difficile. Je pense que, comme l'ont indiqué nos collègues, si nous sommes ici, c'est en partie en raison d'un travail parlementaire qui consistait simplement à poser certaines questions au Parlement. Ce fut un choc ou une surprise pour les parlementaires de découvrir que quelque chose était utilisé et que personne n'en savait rien — y compris le commissaire à la protection de la vie privée auquel nous ferions confiance. Apprendre aujourd'hui que la technologie est utilisée depuis 10 ans...
Comme mes collègues l'ont dit, nous avons mené des enquêtes sur d'autres technologies, comme la technologie de reconnaissance faciale, et nous avons constaté que la GRC n'était pas totalement engagée dans le processus. Nous avons constaté l'absence de communication. Sachant cela, et sachant que l'outil demandé par le commissaire à la protection de la vie privée, qui sera mis en œuvre ici, en août, n'est pas encore disponible...
Je suppose que d'un point de vue général, pour que je puisse comprendre, pourquoi le commissaire à la protection de la vie privée n'a pas été invité à participer, même il y a trois ans, alors que cet outil était vraiment utilisé dans le système judiciaire pour différents processus? Quelle est la meilleure réponse à la question de savoir pourquoi le commissaire à la protection de la vie privée, qui dispose, comme il nous l'a expliqué ce matin, de systèmes complets et hermétiques permettant de garder tout confidentiel mieux que nous ne pouvons le faire dans un comité ouvert au public aujourd'hui...? Pourquoi cela n'a‑t‑il pas été la première mesure prise avec la GRC?
La façon la plus utile pour moi d'expliquer les critères utilisés est de vous présenter brièvement notre processus.
Au départ, nous organisons une consultation avec les enquêteurs qui envisagent d'utiliser ces outils. Au cours de cette consultation, nous leur expliquons — nous démystifions ces outils et expliquons — à quel point ils sont compliqués et le fait qu'ils ne vont pas forcément être en mesure de fournir les preuves qu'ils souhaitent, et nous les encourageons vraiment à envisager d'autres outils moins invasifs si possible.
Tout d'abord, nous nous assurons qu'ils comprennent vraiment dans quoi ils s'engagent et qu'ils ont les ressources nécessaires pour le faire. À la suite de cette consultation, ils doivent soumettre une demande officielle de leur chaîne de commandement à nos services d'enquête technique afin que la direction soit informée et supervise leur demande pour s'assurer qu'elle a été correctement contrôlée.
Ensuite, si cette demande est approuvée de notre côté, nous procédons à une deuxième consultation avec le procureur de la Couronne. Ou, s'ils n'ont pas de procureur de la Couronne, nous insistons pour qu'un procureur de la Couronne soit désigné afin qu'il comprenne les risques et les avantages potentiels de l'utilisation de ces outils.
Nous précisons clairement au cours de cette consultation qu'il s'agit de nouvelles technologies et que nous nous attendons à ce qu'elles fassent l'objet de litiges. Nous nous assurons qu'ils comprennent le risque de litige et le genre de renseignements délicats que nous ne pouvons pas partager et que nous chercherions à protéger en vertu de l'article 37 ou de l'article 38 de la Loi sur la preuve au Canada.
Tout ce processus jusqu'à présent vise vraiment à s'assurer qu'ils comprennent que s'il y a un autre outil qui fonctionne, ils devraient l'utiliser, parce que ces outils sont compliqués. Encore une fois, rien ne garantit qu'ils fonctionneront.
Après toutes ces consultations, nous rédigeons une note d'engagement entre notre unité et l'unité requérante afin de consigner toutes les conversations et d'établir la nécessité de protéger les outils. Ce n'est qu'après l'accusé de réception de cette note d'engagement par l'agent responsable de l'enquête que l'assistance est fournie. Bien entendu, tout cela n'a aucune importance à moins qu'une autorisation judiciaire n'ait été accordée par le biais du processus que nous avons décrit précédemment en ce qui concerne un représentant de la Couronne, une autorisation en bonne et due forme avec toutes les conditions que nous avons précisées.
J'espère que cela répond à votre question.
Monsieur le président, comme nous avons demandé des renseignements et que nous ne les avons jamais obtenus, j'aimerais proposer la motion suivante:
Que, conformément à la motion adoptée par le comité le 26 juillet 2022, le comité réitère sa demande de tous les documents décrits dans sa motion initiale; que tous les documents reçus de la GRC, y compris les mandats, les listes de mandats, la portée des mandats et les affidavits soumis à l'appui des demandes de mandats, soient étudiés par le comité à huis clos seulement, et selon les paramètres suivants:
que tous les documents émis en vertu de cette motion soient fournis au bureau du légiste et du conseiller parlementaire dans les 15 jours suivant l'adoption de cette ordonnance;
que tous les documents pertinents soient étudiés par le légiste et le conseiller parlementaire dans les sept jours suivant leur réception, afin de déterminer s'ils contiennent des renseignements personnels s'ils sont liés à des opérations policières en cours ou à la sécurité nationale;
que tous les documents soient distribués aux membres du comité, dans les plus brefs délais, après avoir été étudiés.
Je vais parler de cette motion, monsieur le président, car je veux assurer aux membres du Comité et à la GRC que nous ne voulons pas nuire aux enquêtes qu'ils mènent actuellement sur la criminalité ou la sécurité nationale.
Ce que nous voulons voir, c'est la portée générale de ces mandats et les documents qui y sont associés. Grâce au processus d'examen que nous avons utilisé par le passé dans un certain nombre de comités parlementaires, le légiste et le conseiller parlementaire s'assureraient que les documents sont expurgés et que l'information qui nous est cachée en tant que membres du Comité est conforme à la protection de ces enquêtes, de la sécurité nationale et de la vie privée des personnes qui sont mises en cause.
J'ai transmis le texte de cette motion au greffier et j'ai demandé qu'il soit distribué. Tous les membres du Comité devraient avoir la motion devant eux maintenant. Je viens moi-même de la recevoir. Elle est dans les deux langues officielles.
:
Merci, monsieur le président.
Pour parler de la motion elle-même, je suis sûre que M. Bezan a pris du temps pour la rédiger. Je suis sûre qu'il s'est entretenu avec ses collègues qui sont dans la salle.
Encore une fois, je l'ai dit plus tôt aujourd'hui également. Je répète que si vous aviez fait circuler le texte de la motion, à moi ainsi qu'aux autres députés libéraux, avec un petit préavis, nous aurions pu examiner le document. Nous aurions pu avoir une conversation de fond.
Il nous reste deux minutes dans une réunion de comité, et nous sommes maintenant forcés de voter sur quelque chose que nous n'avons même pas examiné. Nous n'avons pas eu l'occasion d'avoir une conversation à ce sujet. Les membres présents dans cette salle n'ont pas eu la courtoisie de nous dire: « Hé, écoutez, voici ce que nous proposons. Faisons‑le. »
Nous sommes présents et disposés à agir. Nous posons des questions. Nous nous intéressons à cette étude très importante. Nous aimerions simplement qu'il y ait un peu plus de coopération.
Je suis tout à fait d'accord avec le président. J'ai l'impression qu'avec un simple clic sur un bouton, vous auriez pu m'envoyer un courriel. Vous auriez pu m'envoyer un texte ou autre chose. Nous aurions pu avoir une conversation en parallèle ou simultanément durant l'audience du Comité. Maintenant, tout d'un coup, nous nous retrouvons dans une situation où je n'ai pas lu le texte complet de la motion. Oui, il est sur mon téléphone, devant moi. Je ne l'ai pas lu. Je n'ai pas envisagé quoi d'autre ou quelle portée. Je n'ai pas eu le temps de digérer ce que j'ai entendu de la GRC aujourd'hui pour voir ce qui manque.
J'aimerais qu'il y ait un peu plus de coopération, monsieur le président. Il est regrettable que nous devions nous plaindre auprès de vous de ce manque de coopération. Je comprends que vous avez tous les votes. Vous pouvez adopter votre motion de la manière que vous voulez.
Je vous demanderais simplement de respecter un peu le temps du Comité, le temps de tout le monde ici, de coopérer davantage et de faire en sorte que les choses se fassent ensemble sans être toujours aussi conflictuels. Nous sommes ici pour travailler tous ensemble.