:
Oui, monsieur le président; je vous remercie.
Chers membres du Comité, avant de commencer mon allocution, je tiens à souligner que nous sommes rassemblés sur le territoire non cédé du peuple anishinabe algonquin.
J'aimerais dire quelques mots sur la COP29, qui s'est conclue en fin de semaine. Le Canada s'est présenté à cette conférence avec un objectif clair en tête, soit démontrer toute l'importance du multilatéralisme climatique. Malgré les défis, notre ambition climatique demeure inchangée. Sur place, nous avons défendu les intérêts de la population canadienne, les droits de la personne ainsi que les droits des travailleurs et ceux des peuples autochtones. Nous avons demandé plus d'ambition en matière d'atténuation et avons collaboré avec, notamment, les pays insulaires et les pays les moins avancés, sur la coopération internationale. Nous avons également annoncé un nouveau modèle de financement climatique en coordination avec mon collègue le , M. Ahmed Hussen.
En signant le communiqué des dirigeants de la coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples lors de la COP29, nous avons montré que l'Accord de Paris fonctionne. Maintenant, nous nous préparons à assumer la présidence du G7 à partir du 1er janvier 2025.
[Traduction]
Alors que les conservateurs se concentrent sur une évaluation internationale quelconque qui ne cadre pas avec les politiques et la réalité canadiennes, nous continuons d'obtenir une reconnaissance pour les résultats obtenus grâce à notre plan de lutte contre les changements climatiques. Au cours des dernières années, notre plan a été examiné et évalué par des organismes internationaux crédibles, tels que l'Agence internationale de l'énergie. Lorsqu'ils ont classé les pays du G20, ils ont qualifié notre plan d'ambitieux. À une certaine époque, le Canada était l'un des pires élèves. C'était il y a neuf ans. De nos jours, des organisations telles que Climate Action Tracker décrivent le plan du Canada comme étant un plan crédible et transparent. Le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement, intitulé Rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, précisait que le Canada avait déposé le premier plan exhaustif visant à atteindre la cible de 2030. C'était impensable il y a neuf ans.
Notre gouvernement a présenté des mesures très ambitieuses. Des organisations internationales ont souligné que, à la fin de 2022, le Canada a honoré son engagement de cesser de financer les carburants fossiles à l'étranger, un engagement qui avait été pris, dois‑je le préciser, par le gouvernement de Stephen Harper. Elles ont également affirmé que nous avons créé le règlement le plus ambitieux, dont le but est de réduire les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier d'au moins 75 % en 2030 par rapport aux seuils de 2012.
Pour emboîter le pas aux millions de Canadiens qui ont agi, le gouvernement continue de travailler à la réduction des émissions afin de lutter contre les changements climatiques tout en renforçant l'économie du pays grâce à de bons emplois, à une croissance industrielle propre et à un environnement sain pour tous les Canadiens.
D'abord, parlons des progrès réalisés. Selon l'Institut climatique du Canada, depuis 2005, les émissions du Canada ont diminué de 8 %. Nos émissions n'ont jamais été aussi basses au cours des 25 dernières années. Nous sommes en voie d'atteindre notre objectif intérimaire de 2026, et nous avons de bonnes chances d'atteindre notre cible de 2030. Pendant ce temps, notre économie croît et l'inflation et les taux d'intérêt sont en baisse. Nous limitons la pollution provenant du secteur pétrolier et gazier, et non la production, ce qui constitue une étape cruciale dans la lutte contre les changements climatiques, et ce, tout en exigeant des investissements dans la décarbonation.
Si nous avions un gouvernement conservateur dirigé par Stephen Harper et , les estimations montrent que les émissions du Canada augmenteraient de 41 % d'ici 2030, soit l'équivalent d'ajouter 69 millions de voitures au parc automobile. Pierre Poilievre souhaite sabrer les mesures législatives visant à préserver notre environnement et permettre aux plus grands pollueurs de polluer sans limites, ce qui viendrait augmenter les coûts associés aux changements climatiques. Nous ne pouvons pas nous permettre une telle chose.
Parlons maintenant du plan de réduction des émissions du Canada à l'horizon 2030, une feuille de route détaillant chaque secteur de l'économie dans le but d'atteindre notre cible de réduction de 40 % d'ici 2030 par rapport aux seuils de 2005, et la carboneutralité d'ici 2050. Le plan a été présenté en 2022 et se fonde sur l'avis de plus de 30 000 Canadiens, des provinces et des territoires, des peuples autochtones, de l'industrie et du Groupe consultatif indépendant pour la carboneutralité du Canada.
[Français]
Depuis 2016, notre gouvernement continue de faire des investissements historiques dans la croissance propre et l'action climatique. La tarification de la pollution fait partie intégrante du plan climatique du Canada. Il s'agit d'une politique de tarification du carbone qui rend la vie abordable, tout en faisant croître une économie propre et en fournissant de l'argent dès le départ aux familles. Nous savons que la majorité des familles s'en sortent mieux avec les paiements de la remise canadienne sur le carbone tous les quatre mois, dans les provinces où le système fédéral s'applique.
[Traduction]
On estime que la tarification de la pollution contribue à environ un tiers de la réduction des émissions réalisées dans le cadre du Plan de réduction des émissions pour 2030 du Canada. Ce n'est pas par hasard que les pays du monde entier mettent en œuvre des systèmes de tarification de la pollution — c'est parce qu'ils fonctionnent. Permettez-moi de vous donner quelques exemples.
L'ensemble de l'Union européenne a un système de plafonnement et d'échange qui fonctionne. Le prix est de 70 euros la tonne, ce qui correspondrait à un peu plus de 100 $ canadiens, c'est‑à‑dire davantage que le prix actuel fixé pour notre système, soit 80 $ la tonne. De nombreux autres pays de l'Union européenne, dont la Finlande, la Suisse et la France, ont également une tarification de la pollution. L'Afrique du Sud a un mécanisme de tarification du carbone, tout comme la Nouvelle-Zélande, qui a adopté un système de plafonnement et d'échange à 50 $ la tonne.
Notre plan comprend plus de 140 programmes, politiques et règlements pour aider le Canada à infléchir la courbe, comme l'élimination progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles; l'ajustement des montants de la Remise canadienne sur le carbone en fonction de la tarification de la pollution, qui permet de veiller à ce que le remboursement continue de refléter les recettes prévues dans chaque province où la redevance sur les combustibles s'applique; un supplément de 20 % pour les ménages dans les régions rurales et dans les petites collectivités; des carburants plus propres pour alimenter nos véhicules et nos industries; l'augmentation de l'approvisionnement en véhicules zéro émission afin qu'un plus grand nombre de Canadiens puissent passer à des véhicules plus propres et moins chers; l'ajout d'électricité plus propre et plus fiable pour aider notre économie à rester concurrentielle; et la publication de la stratégie canadienne sur le méthane pour réduire les émissions de ce puissant gaz à effet de serre dans l'ensemble de l'économie.
Tous les secteurs de l'économie ont un rôle à jouer dans l'atteinte de l'objectif climatique du Canada pour 2030, du secteur du transport au secteur pétrolier et gazier, en passant par l'industrie lourde et les bâtiments. Chacun doit faire sa part.
Des mesures comme la proposition d'un seuil de pollution maximum sont essentielles pour lutter contre les émissions des secteurs les plus polluants du Canada. Cela encourage également les secteurs à réinvestir dans des projets d'énergie propre qui réduiront la pollution et créeront de nouveaux emplois.
[Français]
Nous nous concentrons sur la mise en place de mesures fondamentales pour l'avenir. Cela va bien au-delà de simples objectifs. Le Plan de réduction des émissions pour 2030 est la pierre angulaire de nos efforts, mais les objectifs climatiques ne sont efficaces que s'ils sont soutenus par des plans crédibles. Une fois que nous aurons fixé un objectif pour 2035, le Canada élaborera un plan détaillé pour aider à façonner les mesures et les stratégies nécessaires pour atteindre ce nouvel objectif.
[Traduction]
Le Canada a montré qu'il pouvait réduire les émissions tout en faisant croître son économie et en soutenant les Canadiens en créant de nouveaux emplois durables dans les secteurs émergents, en stimulant l'innovation environnementale, en offrant des possibilités économiques aux entreprises canadiennes et en augmentant les investissements dans les projets d'énergie propre.
Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant. Nous devons continuer d'aller de l'avant. Les générations futures — nos enfants et nos petits-enfants — en dépendent.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, chers collègues.
Monsieur le ministre, il est toujours agréable de vous voir à cette table. Vous êtes le bienvenu. Tant que vous voudrez venir, nous vous attendrons avec plaisir.
Les changements climatiques sont réels et il faut s'y adapter, mais l'objectif ultime est de baisser la pollution et les émissions polluantes. Pour y arriver, il y a deux approches. D'abord, il y a une approche dogmatique, celle que nous vivons depuis neuf ans et qui ne produit aucun résultat, puis il y a une approche qui se veut beaucoup plus pragmatique.
La semaine dernière, à peu près au même moment et au même endroit, on a posé une question très claire au commissaire à l'environnement et au développement durable. On lui a demandé si le Canada était en voie d'atteindre ses objectifs de 2030, et sa réponse a été claire et nette: non. Pourtant, le ministre affirme que c'est le cas.
Dans son rapport, le commissaire conclut que le Canada a le pire bilan environnemental du G7, après neuf ans sous cette administration. Il a aussi parlé de sa participation à la COP. Moi, j'y étais virtuellement et, à 1 heure du matin, il y a une semaine, la COP a déposé son rapport annuel concernant l'indice de performance en matière de changement climatique. Pour une deuxième année consécutive, le Canada se classe 62e sur 67 pays. C'est ça, le bilan libéral, après neuf ans de ce gouvernement donneur de leçons qui cherche à taxer les citoyens.
Il y a deux semaines, à la COP, le ministre a évoqué la possibilité d'imposer non pas une première ni une deuxième, mais une troisième taxe sur le carbone, celle-là concernant les envois. Était-il sérieux, ou s'agissait-il d'une bonne blague de sa part? Les Québécois et les Canadiens ne veulent vraiment pas d'une autre taxe sur le carbone.
D'abord, je vous remercie de votre question et de reconnaître la réalité des changements climatiques. Je ne suis pas sûr que, si on posait la question à tous vos collègues du Parti conservateur, on aurait la même réponse que la vôtre. Toutefois, je suis très heureux de voir que, vous, au moins, vous pensez que c'est un dossier important.
Concernant le rapport du commissaire à l'environnement et au développement durable, il est important de noter que ce dernier porte sur tout ce qui s'est fait depuis 1990 au pays. Or, vous n'êtes pas sans savoir que notre gouvernement a été élu en 2015. Lorsque le commissaire à l'environnement dit que le Canada a la pire performance des pays du G7, c'est par rapport à 1990, ce qui est tout à fait vrai. Cependant, si on tient compte des dernières années, le Canada a l'une des meilleures performances des pays du G7. L'organisation internationale E3G — on pourra faire suivre le rapport au Comité — note que le Canada a la deuxième meilleure performance de tous les pays du G7.
Vous dites que la COP a présenté un rapport qui montre que le Canada est en 62e position. Il faut nuancer un peu vos propos, monsieur Deltell. Ce n'est pas la Conférence des Parties qui a déposé ce rapport, mais une organisation allemande qui s'appelle Germanwatch, qui ne se rapporte pas aux Nations Unies et dont vous avez le rapport sous les yeux. Vous n'êtes pas sans savoir que la piètre performance du Canada dans ce rapport est due à la production de pétrole et de gaz. À moins que vous me disiez que le Parti conservateur est en train de faire la promotion de la réduction de la production de pétrole et de gaz pour améliorer notre score dans ce rapport, le Canada y aura une performance pas très intéressante tant qu'on évaluera la production de pétrole et de gaz.
Je vais partager un document d'une seule page avec les membres du Comité, que j'ai ici devant moi et qui est juste en anglais, ce dont vous m'excuserez. C'est un prix.
[Traduction]
Le prix du leadership climatique 2024 du Climate Scorecard dit: « Le prix suivant est décerné à Steven Guilbeault, pour ses efforts de sensibilisation à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. »
[Français]
C'est le prix que le Canada a reçu en 2024 en reconnaissance des efforts déployés par tous les Canadiens et toutes les Canadiennes, ainsi que par le gouvernement du Canada, pour réduire les gaz à effet de serre. Le document m'a été remis à moi, mais je pense que c'est grâce aux efforts de l'ensemble des Canadiens et Canadiennes que nous avons reçu ce prix.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à tous les témoins au Comité.
Je vais parler d'une mesure que nous attendons depuis longtemps, soit le plafonnement des émissions. Au Bloc québécois, nous sommes en faveur d'un plafonnement des émissions visant le secteur du gaz et du pétrole, mais nous ne sommes pas d'accord sur l'affirmation du , faite devant l'Organisation des Nations unies cet automne, selon laquelle le Canada était le premier pays à le faire. Le fait est qu'il n'a pas encore établi de plafond pour les émissions de gaz à effet de serre.
Dans son rapport, le commissaire à l'environnement et au développement durable dit que la mesure a été retardée. Elle a été proposée en 2021 et la conception du règlement devait être achevée au début de 2023. Toutefois, la conception du règlement n'a pas été publiée avant décembre 2023. Le projet de règlement était prévu au départ pour décembre 2023, mais n'a pas encore été publié, et le règlement définitif est attendu pour 2025.
Au Bloc québécois, nous sommes d'accord sur le plafonnement des émissions, mais nous trouvons que les délais sont trop longs quant à la mise en application. Cela n'a pas de bon sens. Le rapport du commissaire confirme finalement ce que le Bloc québécois dit, soit que le processus est beaucoup trop long. On peut se demander ce qui se passe de ce côté.
Monsieur le ministre, dans le règlement que vous avez publié, on prévoit que la période de conformité pour les pétrolières est établie pour 2030‑2032. Cependant, la cible de réduction globale de 40 % à 45 % pour le Canada est pour 2030. Comment les pétrolières peuvent-elles aider à atteindre cette cible globale de 40 % à 45 % alors qu'elles ont jusqu'à 2032 pour se conformer?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre.
Je suis un peu perplexe, parce que, tout à l'heure, mon collègue M. Deltell soulignait l'importance de la protection de l'environnement, alors que son parti veut enlever le meilleur outil pour atteindre nos objectifs en la matière, soit la tarification du carbone, une mesure qui a été proposée par des économistes conservateurs de partout dans le monde. J'ai travaillé à l'OCDE, et les économistes s'entendent pour dire que c'est une des mesures les plus efficaces. Par quoi le Parti conservateur veut-il la remplacer? On ne le sait pas. C'est le silence radio.
Plus tôt, vous avez mentionné l'Alliance Nouvelles voies, une organisation qui représente les grandes entreprises pétrolières et gazières. Elle affirme que des investissements dans les énergies propres pourraient aider ces entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, ce qui est l'objectif de tous les contribuables, qu'on parle d'entreprises ou de particuliers. Pourtant, les conservateurs ont voté contre ces investissements, qui étaient prévus dans le budget principal des dépenses, et la campagne de désinformation du chef conservateur contre la tarification du carbone s'attaque aux investissements dont on a besoin. Je suis très confuse.
Pouvez-vous m'aider à comprendre le raisonnement des conservateurs? Il doit bien y en avoir un, ou sont-ils tout simplement irresponsables?
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur le ministre, d'être ici aujourd'hui. Nous vous sommes vraiment reconnaissants de nous défendre au Canada en mettant en place ces dispositions pour essayer de lutter contre la pollution et de protéger nos espaces verts au Canada.
J'aimerais poursuivre sur la question de la tarification de la pollution pendant quelques instants.
Premièrement, je tiens à mettre en contexte certaines choses que nous avons entendues et à demander si elles sont exactes. Nous avons entendu un commentaire selon lequel le PIB en 2030 diminuerait de 25 milliards de dollars. C'était dans le rapport du directeur parlementaire du budget. De toute évidence, il s'agit d'une projection sur de nombreuses années. La projection sans le programme de tarification de la pollution, je crois, était de 2,68 billions de dollars, et la tarification de la pollution était de 2,66 billions de dollars. Il y a une différence d'environ 0,5 %.
Parfois, lorsque les gens présentent des chiffres et ne les placent pas dans le contexte des chiffres absolus, ils semblent extrêmement importants et effrayants. Je voulais simplement vérifier si j'avais raison.
Deuxièmement, le directeur parlementaire du budget n'a pas comparé ce que serait notre économie si les événements climatiques continuaient d'augmenter au rythme actuel. Est‑ce exact?
:
D'accord. Nous avons simplement le coût d'un programme par rapport à une projection de base, mais nous n'avons pas cette projection avec les avantages qui en découlent, alors cela pourrait facilement changer.
Comme nous le savons tous, les statistiques et les projections ne sont bonnes que si elles reposent sur des hypothèses. Nous faisons des projections jusqu'en 2030 et nous avons une différence de 0,5 %. Je dirais que, compte tenu des avantages que les Canadiens retirent de la réduction de la pollution et du respect de nos obligations internationales, c'est un très petit prix à payer.
J'aimerais revenir sur un commentaire du député d'en face au sujet de la Remise canadienne sur le carbone et de l'idée de pauvreté énergétique. Je sais que le député d'en face vit dans une circonscription rurale. Le combustible de chauffage a été exempté pour les trois prochaines années dans tout le pays parce qu'il est très coûteux et que, habituellement, ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent en consomment, en fait. Leurs maisons n'ont pas été rénovées, etc. Nous les avons complètement exemptées, de sorte qu'il n'y a pas de taxe sur le carbone pour ce combustible de chauffage.
Le directeur parlementaire du budget a déclaré que 8 ménages sur 10 reçoivent plus d'argent qu'ils n'en paient grâce à la Remise canadienne sur le carbone. Si ce député demande l'annulation de la tarification de la pollution, cela signifie‑t‑il que les chèques que ses concitoyens reçoivent pour la Remise canadienne sur le carbone, qui leur donne plus qu'ils ne paient, seraient également annulés?
:
Merci, monsieur le président.
L'identité du Canada est étroitement liée à son environnement naturel. Nos forêts, nos lacs, nos côtes et nos milieux humides ne sont pas que de simples points de repère. Ils sont le moteur de notre économie, de notre culture et de nos collectivités.
Le Canada joue un rôle vital dans la protection des écosystèmes de la planète. En tant que deuxième plus grand pays au monde, le Canada gère 25 % des forêts pluviales tempérées de la planète, 24 % des forêts boréales et 37 % des lacs d'eau douce, ainsi que le plus long littoral au monde. Par conséquent, ce que nous faisons ici a des répercussions dans le monde entier.
L'incidence croissante de la dégradation de l'environnement — de la perte de la biodiversité à l'instabilité climatique — ne peut pas être ignorée. L'industrie forestière, l'agriculture, la pêche et l'aquaculture sont directement menacées par les perturbations écologiques, ce qui a des répercussions sur l'emploi, la sécurité alimentaire et la santé publique.
Malgré les progrès que nous avons réalisés, par exemple en protégeant 300 000 kilomètres carrés de terres et d'eaux intérieures depuis 2017, nous avons encore du pain sur la planche. C'est une superficie qui représente environ la moitié de la taille du Manitoba, et il y a seulement deux semaines, nous avons annoncé le plus grand projet de conservation dirigé par des Autochtones au monde, monsieur le président, qui portera sur plus d'un million de kilomètres carrés dans les Territoires du Nord-Ouest.
[Français]
En 2022, le Canada a joué un rôle clé dans la mise en œuvre de l'ambitieux Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming‑Montréal, mieux connu sous le sigle de GBF, pour Global Biodiversity Framework. Le GBF présente une vision pour 2050 pour vivre en harmonie avec la nature et fixe quatre objectifs d'ici 2050, avec 23 cibles mondiales, pour mettre un terme à la perte de biodiversité d'ici 2030.
En juin 2024, le Canada a été l'un des premiers pays au monde à publier une stratégie nationale décrivant comment il mettra en œuvre ces objectifs au niveau national. Parallèlement, nous avons présenté le projet de loi à la Chambre des communes. Ce projet de loi reflète l'engagement du Canada à faire progresser les efforts pour stopper et inverser la perte de biodiversité, en établissant un cadre de responsabilité et de transparence pour respecter les engagements du Cadre mondial et assurer une action durable à l'échelle nationale.
[Traduction]
S'il est adopté, le projet de loi codifierait l'engagement du Canada à contribuer à l'atteinte de ces objectifs mondiaux, ainsi que de cibles futures et d'objectifs à long terme. Ce projet de loi m'obligerait, en tant que ministre de l'Environnement et du Changement climatique, tout comme mes successeurs, à élaborer et à présenter des stratégies nationales pour la biodiversité qui s'harmonisent avec les engagements internationaux pris en vertu de la Convention sur la diversité biologique. Ces stratégies décriront les mesures fédérales et donneront l'occasion aux provinces, aux territoires, aux peuples autochtones, aux municipalités et autres parties de souligner leurs actions, assurant ainsi une approche collaborative de la conservation de la biodiversité.
[Français]
C'est essentiel, car aucun ordre de gouvernement au Canada ne peut atteindre seul ces résultats. Les partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones, ainsi que l'industrie et la société civile, doivent travailler ensemble pour garantir une économie prospère, qui repose sur des écosystèmes résilients.
Cela implique d'assurer la sûreté et la sécurité des communautés, car les solutions climatiques fondées sur la nature aident à la fois à séquestrer les émissions et à atténuer les effets des changements climatiques, comme les dômes de chaleur ou les inondations.
[Traduction]
Afin de renforcer la responsabilité, le ministre sera également tenu de préparer des rapports nationaux qui s'harmonisent avec les engagements internationaux en vertu de la Convention sur la diversité biologique et il sera aussi tenu d'évaluer les progrès du Canada vers l'atteinte des cibles mondiales en matière de biodiversité.
[Français]
Ces rapports offriront une évaluation de nos réalisations, mettront en évidence les domaines nécessitant des corrections de cap et garantiront une amélioration continue. Les stratégies et les rapports seront déposés au Parlement et rendus publics.
Le projet de loi met fortement l'accent sur le leadership autochtone. Notre gouvernement reconnaît que les peuples autochtones protègent depuis longtemps les terres, les eaux et les glaces du pays.
[Traduction]
Par conséquent, le projet de loi exige l'intégration des connaissances autochtones dans les efforts de conservation et impose le respect des droits autochtones, conformément à l'article 35 de la Constitution canadienne et à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
[Français]
Pour soutenir une prise de décision efficace, le projet de loi exige également la création d'un comité consultatif. Ce comité fournira des conseils indépendants au ministre sur les meilleures mesures à mettre en place en matière de biodiversité. Il veillera à ce que les décisions soient éclairées par les disciplines scientifiques, les connaissances autochtones et l'expertise en matière de politiques sur la biodiversité aux niveaux national et international.
La composition du comité assurera la représentation des partenaires autochtones, dont les connaissances complémenteront la recherche scientifique, créant ainsi une approche globale de la conservation de la biodiversité.
[Traduction]
Cet organisme peut surveiller les progrès du Canada vers l'atteinte des cibles de biodiversité et recommander des mesures correctives, au besoin. Il aidera également le ministre à rester en phase avec les développements scientifiques et stratégiques.
Au cœur de ce projet de loi se trouvent plusieurs principes, dont celui de l'équité intergénérationnelle, qui signifie que les gestes que nous posons aujourd'hui façonneront le monde que nous laisserons aux générations futures. Le projet de loi permet de garantir que les générations futures hériteront d'un environnement sain.
Le projet de loi n'impose pas d'obligations aux provinces et aux territoires. Il fournit un cadre de consultation et de coopération entre tous les ordres de gouvernement et la société. La conservation de la biodiversité est une responsabilité collective qui requiert la participation des gouvernements, de l'industrie, des partenaires autochtones, des travailleurs, des organisations environnementales et des citoyens.
Pour maintenir la pertinence et l'efficacité de cette mesure législative, le projet de loi prévoit un examen parlementaire tous les 10 ans. Ce cycle d'examen s'harmonise avec l'échéancier de la Convention sur la diversité biologique pour l'établissement de nouvelles cibles mondiales, assurant ainsi que les efforts du Canada demeurent adaptés aux nouveaux défis et à l'évolution des engagements.
Monsieur le président, le projet de loi représente une occasion cruciale de réaffirmer le leadership du Canada en matière de responsabilité environnementale. Il fournit la structure dont nous avons besoin pour respecter nos engagements, tout en favorisant la collaboration et la transparence. C'est également une occasion pour les partis de l'opposition de défendre les intérêts du Canada. L'adoption de ce projet de loi est retardée parce que le Parti conservateur nous empêche actuellement de faire notre important travail au Parlement. Je demande à tous les partis d'accorder la priorité à ce projet de loi. J'espère que nous pourrons unir nos efforts. Je suis impatient de travailler avec chacun de vous pour faire adopter cette importante mesure législative.
[Français]
Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où la nature prospérera, où les écosystèmes seront restaurés et où la population pourra connaître un avenir prospère.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le de se joindre à nous pendant deux heures et de montrer ainsi son engagement à l'égard de notre comité. Je le remercie aussi de l'excellent travail qu'il accomplit dans la lutte contre les changements climatiques et de la mesure législative prometteuse qu'il a présentée et qui fait l'objet de la discussion d'aujourd'hui et dont nous parlerons, je l'espère, à d'autres réunions pour que nous puissions examiner l'essentiel de ce que nous avons devant nous.
Je remercie M. van Koeverden d'avoir présenté sa motion il y a plusieurs semaines. Nous avons essayé d'avoir cette discussion. Les conservateurs s'y sont opposés. Le NPD présente d'autres motions.
Il est formidable de pouvoir enfin entamer la discussion ensemble, car enrayer et inverser la perte de la biodiversité est un des grands défis auxquels nous faisons face, en plus des changements climatiques. C'est un défi parallèle. En procédant correctement, nous pouvons assurer une transition vers un Canada où la nature prospère en travaillant avec les Autochtones puisque nous savons que leurs connaissances nous aideront à trouver une solution ensemble.
Nous observons de profondes répercussions sur notre bien-être collectif. L'Université de Guelph a son programme « One Health » et dit que c'est une importante initiative. À propos de la perte de la biodiversité, à la Biodiversity Institute, nous surveillons les résultats de cette perte, mais nous devons commencer à inverser la perte que nous observons.
Pouvez-vous dire aux membres du Comité pourquoi le projet de loi est aussi important, afin que nous puissions vraiment bien entamer notre étude?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence, monsieur le ministre.
Dans votre allocution, vous avez dit que chaque gouvernement devait assumer ses responsabilités et que tout le monde devait travailler ensemble. Je pense que, là-dessus, le Bloc québécois est tout à fait d'accord. Le Québec et les provinces s'occupent donc du territoire, et le gouvernement fédéral s'occupe des océans.
Comme les océans relèvent de la compétence du fédéral, je vais donc vous ramener dans le temps et parler du projet de Bay du Nord. Tous les groupes environnementaux avaient demandé que ce projet ne soit pas approuvé, cependant, vous l'avez approuvé. Bien sûr, les groupes environnementaux ont été déçus et vous l'ont reproché. Or, ce projet risque de ne pas se concrétiser, faute d'investisseurs et par manque de viabilité financière.
Au fond, le projet de loi à l'étude est un peu une loi-cadre qui implique la participation du gouvernement à ce qui a été signé dans la Convention sur la diversité biologique des Nations unies. Toutefois, si on fait de ce projet de loi une loi-cadre, mais que les politiques publiques sont autres et qu'on favorise l'exploitation du pétrole, est-ce que ce projet de loi empêchera la mise sur pied d'un projet similaire à celui de Bay du Nord?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'avais très hâte de poser une question sur la biodiversité au ministre. Je remercie tous les députés qui ont soutenu l'étude préliminaire du projet de loi par le Comité depuis deux ou trois semaines.
Monsieur le ministre, merci d'être ici pour nous parler de l'importance du projet de loi pour protéger la biodiversité.
Comme nous l'avons dit, le financement des corridors est très important pour moi. Je vis dans une partie de l'escarpement du Niagara qui est une des plus diverses en matière de biodiversité de toute l'Amérique du Nord. Les gens qui y vivent trouvent cela étonnant, car on ne dirait pas une forêt tropicale ou quelque chose de ce genre, mais c'est beau.
Aujourd'hui, en votre nom, je dois dire que j'ai pu appeler un homme du nom de David Flood, un Autochtone du Nord de l'Ontario. Il fait partie de l'Initiative de leadership autochtone, pour laquelle j'ai beaucoup de respect. Ces gens sont fabuleux et représentent une excellente solution contre les changements climatiques et la perte de biodiversité auxquels l'environnement est confronté.
J'ai pu l'appeler et le féliciter pour plus de 1,3 million de dollars de financement pour l'organisation Wahkohtowin. C'est comme une société à but lucratif. Il me la décrivait au téléphone. Ces gens font un travail fantastique. Dans les territoires traditionnels de la Première Nation de Brunswick House, de la Première Nation crie Chapleau et de la Première Nation crie de Missanabie, ils vont appuyer le projet de corridor écologique Height of land de Wahkohtowin. C'est un partenariat avec diverses Premières Nations.
David Flood est un leader fantastique qui se soucie énormément de la biodiversité et de la préservation culturelle. Il travaille avec Parcs Canada.
Pourriez‑vous nous en dire plus sur les raisons pourquoi cette...