Bienvenue à la 136e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous une forme hybride, et j'aimerais rappeler aux participants les points suivants.
Veuillez attendre que je vous désigne par votre nom avant de prendre la parole. Tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Chers collègues, veuillez lever la main si vous souhaitez prendre la parole, que ce soit dans la salle ou par Zoom. Le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour gérer l'ordre des interventions.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 21 novembre 2024, le Comité entreprend son étude des impacts des mesures annoncées par le président élu Donald Trump en matière de sécurité des frontières et des migrants.
Je souhaite sincèrement la bienvenue à nos distingués invités d'aujourd'hui. Merci de nous accorder de votre temps. Nous savons certainement que les Canadiens sont préoccupés par ce sujet en particulier, et nous avons hâte d'entendre ce que vous avez à nous dire.
Nous accueillons aujourd'hui, de l'Agence des services frontaliers du Canada, Erin O'Gorman, présidente, et Aaron McCrorie, vice-président, renseignement et exécution de la loi.
Bienvenue.
Nous accueillons également, de la GRC, Michael Duheme, commissaire, et Mathieu Bertrand, directeur général, Crimes graves et crime organisé et Intégrité des frontières.
Bienvenue.
J'invite maintenant Mme O'Gorman à faire une déclaration préliminaire d'un maximum de cinq minutes.
Madame O'Gorman, allez‑y.
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Merci, madame la présidente, de m'avoir invitée à comparaître de nouveau devant le Comité.
[Français]
Aujourd'hui, j'aimerais commencer par quelques observations relatives à la façon dont l'ASFC, soit l'Agence des services frontaliers du Canada, continue de collaborer étroitement et de façon productive avec ses partenaires, tant au pays qu'aux États‑Unis. Tous les jours, les agents des services frontaliers aux points d'entrée de partout au Canada protègent les collectivités canadiennes, en empêchant les personnes et les marchandises dangereuses d'entrer au pays.
[Traduction]
Mais nous ne fonctionnons pas seuls. Le crime organisé est une entreprise transnationale. Il serait irréaliste de penser qu'un organisme, ou même un pays, pourrait contrecarrer ses efforts à lui seul. C'est pourquoi l'ASFC travaille de concert avec ses partenaires nationaux et internationaux d'application de la loi.
Par exemple, au pays, l'ASFC a mené, rien que cette année, huit opérations conjointes avec la Police provinciale de l'Ontario et la Sûreté du Québec. Ensemble, nous avons intercepté des centaines de véhicules volés et des milliers de kilogrammes de drogues illégales.
Pas plus tard que lundi dernier, les agents de l'ASFC en Colombie-Britannique ont procédé à une importante saisie de produits de contrebande et d'armes prohibées, grâce à la collaboration avec la division fédérale des crimes graves et du crime organisé de la GRC.
J'aimerais ajouter que le même jour, à l'aéroport international de Hamilton, nous avons saisi six kilogrammes de cannabis dans trois cargaisons différentes destinées à la France, parmi plusieurs autres saisies effectuées ce jour‑là. Je pourrais continuer ainsi.
Je vais vous donner un autre exemple international. En 2023, mon homologue du service des douanes de la Nouvelle-Zélande a écrit à l'ASFC pour nous remercier d'avoir partagé des renseignements essentiels et opportuns qui ont mené à la plus importante saisie de drogue dans l'histoire de la Nouvelle-Zélande, soit plus de 700 kilogrammes de méthamphétamine.
Nous collaborons continuellement avec des pays du monde entier pour empêcher l'importation et l'exportation illégales de drogues et d'autres activités criminelles. De plus, les agents de l'ASFC sont déployés dans 40 missions dans 35 pays, ce qui est notre façon de repousser la frontière et, en premier lieu, d'empêcher les éléments criminels de venir .
[Français]
Il va sans dire que nos liens de collaboration les plus étroits sont ceux que nous avons avec les États‑Unis. La coopération entre l'ASFC et le service des douanes et de la protection des frontières des États‑Unis existe depuis très longtemps, et elle s'étend sur tout le continent. Nous nous parlons régulièrement, aux points d'entrée comme à mon niveau, et partout entre les deux.
[Traduction]
Nous avons plusieurs agents de l'ASFC déployés aux États-Unis, dont deux sont intégrés au centre de ciblage de la U.S. Customs and Border Protection, la CBP, à Washington. Ils collaborent à l'effort international visant à cibler et à suivre les drogues illicites.
[Français]
L'ASFC et son homologue américain planifient ensemble des investissements en infrastructure. Nous avons harmonisé nos heures de travail aux points d'entrée et coordonné nos opérations.
[Traduction]
Dans certaines régions, nos agents partagent le même immeuble. Parfois, la frontière traverse même la salle de conférence. Dans un cas particulier, la moitié de la salle se trouve au Canada et l'autre moitié aux États-Unis. Nos deux organismes sont situés à Little Gold Creek, au Yukon, où la route du sommet du monde relie le Canada et l'Alaska. Nous travaillons littéralement côte à côte.
L'ASFC ne collabore pas seulement avec son homologue partenaire, la CBP. Nous travaillons avec Homeland Security Investigations, la garde côtière, la Drug Enforcement Agency et le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives.
Notre partenariat avec les États-Unis est une relation bilatérale caractérisée par des communications franches et ouvertes et la résolution continue de problèmes, ce qui nous sera très utile à l'avenir.
Merci.
:
Bonjour et merci, madame la présidente.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité pour parler des activités de la GRC en matière de sécurité à la frontière canado-américaine.
Je suis accompagné du surintendant principal Mathieu Bertrand, directeur général des Opérations criminelles de la police fédérale, Crimes graves et crime organisé, et Intégrité des frontières.
Je vais commencer par vous donner un aperçu de la responsabilité et des mesures prises par la GRC à l'égard de la frontière canado-américaine.
[Français]
Les fonctions et les pouvoirs de la GRC en matière de sécurité frontalière sont établis par la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et son règlement d'application, par la Loi sur les douanes et par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et son règlement.
La GRC est chargée de protéger les frontières du Canada entre les points d'entrée officiels contre les menaces criminelles qui arrivent au pays ou qui en sortent, et ce, dans tous les modes, qu'il s'agisse du mode aérien, terrestre, maritime ou arctique.
Pour délimiter les domaines de responsabilité partagée et de coopération en matière de sécurité frontalière, la GRC et l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, ont établi plusieurs protocoles d'entente.
Les protocoles d'entente entre l'ASFC et la GRC décrivent en détail la répartition des responsabilités et les domaines précis de collaboration et de responsabilité d'enquête en ce qui concerne l'exécution de la loi aux frontières, l'administration de celles-ci, la sécurité du public et l'appui des résultats en matière de sécurité nationale.
[Traduction]
Comme vous le savez, l'intégrité des frontières est une priorité pour la GRC. Je peux assurer aux membres du Comité que nous continuons de travailler avec notre portefeuille, les organismes d'application de la loi et nos partenaires autochtones partout au pays pour nous assurer d'être prêts à répondre à toute préoccupation concernant la frontière.
La GRC continue de collaborer régulièrement avec ses partenaires américains sur divers fronts, y compris l'intégrité des frontières, les crimes graves et le crime organisé, ainsi que les questions liées au changement d'administration, par l'entremise des mécanismes et des tribunes existants.
La GRC participe également à de nombreuses initiatives transfrontalières avec les États-Unis qui permettent de mener des opérations et des enquêtes conjointes. Des équipes multimodales hautement intégrées enquêtent sur les menaces criminelles à la frontière canado-américaine, y compris la migration irrégulière et le passage de clandestins. Ces équipes permettent le partage des communications, l'amélioration des délais d'intervention en cas d'intrusion à la frontière et le renforcement des capacités d'enquête.
De plus, la GRC collabore régulièrement avec ses partenaires autochtones en matière d'application de la loi par l'entremise des équipes intégrées de la police des frontières situées dans les provinces le long de la frontière canado-américaine.
La GRC sait que la criminalité transfrontalière va au‑delà de la migration irrégulière. Le Canada et les États-Unis sont tous deux aux prises avec une crise de surdoses qui continue d'être alimentée par des drogues synthétiques, dont le fentanyl. Cette crise continue d'avoir des effets dévastateurs sur les personnes et les collectivités dans les deux pays.
[Français]
La GRC et ses partenaires, comme l'ASFC, sont déterminés à s'attaquer à ce problème de sécurité publique et travaillent à tous les niveaux de la police, au Canada comme à l'étranger. Vous avez vu dernièrement des conférences de presse et des communiqués à ce sujet.
On peut citer, par exemple, l'importante collaboration entre la GRC, le FBI et d'autres partenaires dans le projet Giant Slalom, dirigé contre de grandes organisations criminelles qui produisaient de la drogue à l'étranger pour ensuite l'expédier au Canada, puis vers les États‑Unis; deuxièmement, une saisie, dans un point d'entrée, de cocaïne expédiée vers le nord; et enfin, plusieurs démantèlements récents de laboratoires de drogues synthétiques.
Il est essentiel que la GRC et les organismes d'application de la loi des États‑Unis collaborent étroitement pour lutter contre les menaces liées à ces substances nocives, à la frontière comme ailleurs.
Par exemple, la GRC collabore avec les États‑Unis dans le cadre du groupe de travail sur le fentanyl du Comité trilatéral sur le fentanyl, du Dialogue nord-américain sur les drogues, de la Coalition mondiale pour lutter contre les menaces liées aux drogues synthétiques et du Plan d'action conjoint canado-américain sur les opioïdes.
Le groupe de travail sur le fentanyl est une initiative bilatérale établie en 2023. Elle vise à accroître la coopération et l'échange de renseignements sur les tendances, les enquêtes et les schémas de consommation liés au fentanyl entre divers organismes d'application de la loi et du gouvernement fédéral, dont la GRC.
[Traduction]
De plus, dans le cadre du plan d'action canado-américain sur les opioïdes, la GRC collabore régulièrement avec la Drug Enforcement Administration des États-Unis, mieux connue sous le nom de DEA, en partageant des échantillons de substances illicites saisies au Canada pour qu'elles soient testées dans le cadre du programme de signature des drogues de la DEA. Cette coopération nous donne l'occasion d'échanger des renseignements entre nos deux pays afin d'accroître nos connaissances collectives sur les tendances en matière de drogues.
Nous demeurons confiants dans la capacité des organismes canadiens d'application de la loi à travailler ensemble pour maintenir l'intégrité de la frontière canado-américaine et appliquer les lois canadiennes.
Sur ce, je tiens à vous remercier encore une fois de m'avoir donné l'occasion de rencontrer le Comité. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Ces derniers temps, les médias ont beaucoup parlé de la situation à la frontière et des droits de douane de 25 % que les États-Unis parlent d'imposer, ce qui aurait une incidence considérable sur les Canadiens. Il y a beaucoup de Canadiens qui sont très nerveux et en colère à ce sujet. Cela pourrait toucher beaucoup d'entreprises et de gens. Il est même maintenant question de représailles de notre part.
Il est intéressant de constater que tout cela semble s'être produit très rapidement au cours des dernières semaines, lorsque le président élu Trump a annoncé que des problèmes liés au fentanyl et à l'immigration illégale se posaient à notre frontière. Il y a à peine une semaine, nous avons reçu le , et je lui ai demandé pourquoi il avait fallu les commentaires du président élu Trump pour commencer à agir dans cette situation grave.
Depuis cette réunion, nous avons fait des recherches approfondies et nous avons constaté que c'est un problème qui dure depuis un certain temps. C'est un fait bien connu. J'ai ici une note de réunion de septembre 2023. Cette rencontre a eu lieu entre le et l'ambassadeur des États-Unis, M. David Cohen. C'est un document officiel de Sécurité publique Canada.
En bref, il est question de la rencontre entre le ministre et l'ambassadeur des États-Unis, David Cohen, en septembre 2023. Une note de service préparée à l'intention du ministre avant la réunion, avec les commentaires fournis par l'ASFC, indiquait que les sujets qui intéressaient et préoccupaient l'ambassadeur étaient le fentanyl et l'immigration illégale à notre frontière commune.
Ma question s'adresse aux représentants de l'ASFC ici présents aujourd'hui. Est‑il juste de dire que le gouvernement du Canada et le , en particulier, étaient au courant des préoccupations des États-Unis à l'égard de ces dossiers bien avant l'élection de Donald Trump?
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Je ne vais pas parler au nom du ministre. Il est tout à fait capable de le faire lui-même.
Je tiens à souligner que, depuis mon entrée en fonction, j'ai assisté, avec le actuel et son prédécesseur, au forum sur la criminalité transfrontalière où le fentanyl, le trafic de drogues et d'armes à feu et le passage de clandestins occupaient une place importante dans le programme. Le Canada a apporté autant de substance à cette rencontre que nos collègues américains.
À partir de là, les ministres et les procureurs généraux ont reconnu le travail que nous faisions pour établir des ententes d'échange de renseignements, ils nous ont dit de nous dépêcher et ils ont demandé une rétroaction sur la façon dont nous fonctionnions ensemble. Nous avons été tout à fait en mesure de fournir cette rétroaction, et nous avons travaillé en étroite collaboration.
J'ai assisté à plusieurs réunions où ces questions étaient à l'ordre du jour et, comme je l'ai dit, le a été bien informé, par moi-même et la commissaire, des risques qui y sont associés.
L'ASFC a reçu du financement pour les armes à feu et la drogue au cours des dernières années, ainsi que pour lutter contre la migration irrégulière et le vol de véhicules. La mesure dans laquelle nous avons reçu des fonds supplémentaires pour la technologie, les outils de détection et l'application accrue de la loi...
Je suis désolé. J'ai très peu de temps. Il y a une deuxième partie à la question. Merci.
Ce que nous essayons vraiment de faire, c'est d'aller au fond des choses. Il semble qu'au cours des deux dernières semaines, cela ait été une grande surprise. Maintenant tout le monde panique, et essaie de régler la situation.
Après la réunion qui s'est tenue en septembre 2023, il y a eu une réunion, en mai 2024, qui a été affichée fièrement sur X. J'ai en main la photo et sa légende. Voici ce qu'on peut lire: « J'ai eu le plaisir de rencontrer [le ministre] LeBlanc à l'ambassade aujourd'hui, pour discuter de la façon dont les États-Unis et le Canada travaillent chaque jour afin d'approfondir notre coopération en matière d'application de la loi, de sécuriser notre frontière commune, de lutter contre le fléau du fentanyl et de combattre l'infiltration d'organisations criminelles transnationales. »
La deuxième réunion a eu lieu en mai 2024, et nous savons donc qu'il y a eu deux réunions à ce sujet. Cela ne peut surprendre personne au sein du gouvernement. L'ambassadeur des États-Unis a partagé cette photo sur X, avec cette légende, qui parle de la sécurité à la frontière, de la lutte contre le fléau du fentanyl et de la lutte contre l'infiltration d'organisations criminelles.
Encore une fois, serait‑il juste de dire que le gouvernement du Canada et le étaient au courant des préoccupations des États-Unis au sujet du fentanyl et de l'immigration illégale bien avant novembre 2024?
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie tous les quatre d'être avec nous aujourd'hui. Je vous remercie également du travail que vous accomplissez. On ne le fait pas assez souvent.
D'après ce que j'ai entendu, il y a une très belle collaboration entre l'Agence des services frontaliers et la GRC au sein du Détachement de Valleyfield, sous la direction de Martin Labrecque, je crois, et avec la députée de . Nous savons que plusieurs maires et préfets de MRC frontalières sont inquiets de la situation. Je veux donc vous remercier du travail qui est fait en ce sens et qui rassure certainement plusieurs citoyens.
La question des frontières est à l'ordre du jour depuis quelques semaines déjà. J'ai devant moi un article de Radio‑Canada qui s'intitule « Ottawa pourrait dépenser plus d'un milliard pour la frontière avec les États‑Unis ». Cet article fait suite à la volonté du gouvernement de consacrer un montant important à la protection de la frontière afin de calmer les inquiétudes de Donald Trump et d'éviter les tarifs douaniers de 25 % que celui-ci a menacé très récemment d'imposer.
Le ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales, , a dit avoir l'intention d'augmenter le nombre d'agents à la frontière et d'acheter de l'équipement supplémentaire. Des médias ont parlé d'un certain nombre de drones et d'hélicoptères. D'après ce que nous comprenons, des détails du plan seront dévoilés lundi prochain, lors de la mise à jour économique.
J'aimerais que les représentants de la GRC nous donnent plus de détails sur l'équipement et le nombre d'agents sur le terrain. J'aimerais aussi leur demander de nous donner des éclaircissements concernant des propos tenus dans des articles de Radio‑Canada. On y disait que, dans certains cas, seulement six agents patrouillaient à la frontière et qu'on ne comptait que quelques voitures de patrouille.
Pourriez-vous nous indiquer si les investissements prévus permettront d'acheter l'équipement nécessaire et d'augmenter le nombre d'agents sur le terrain?
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J'aimerais dire dans un premier temps que le chiffre de 1 milliard de dollars nous surprend. En effet, Mme O'Gorman et moi avions soumis notre demande, mais je n'étais pas certain de ce que cela allait donner.
Par ailleurs, le ministre LeBlanc a parlé clairement d'investir dans des ressources, des drones et des hélicoptères. La meilleure approche, selon nous, est de se fier à la technologie de façon à pouvoir réagir différemment. En effet, plutôt que d'utiliser l'être humain comme « détecteur », on peut ainsi se fier à une technologie moderne qui peut être acquise rapidement et donner des résultats probants. C'est ce que nous préconisons pour la frontière au complet, de la côte est à la côte ouest.
En ce qui concerne les agents sur le terrain, je ne suis pas au fait de leur nombre exact par patrouille. Par contre, je peux vous dire qu'à plusieurs occasions, il y aura en soirée une intensification des opérations, un genre d'impact énergique. Nous travaillons en parallèle avec la U.S. Customs and Border Protection quand nous faisons ce travail, mais aussi au quotidien. Il y a deux jours, nous avons intercepté deux personnes qui tentaient de gagner le sud de la frontière. Il y a une très belle collaboration dans ce domaine.
Cela dit, nous préconisons vraiment de se fier à la technologie pour moderniser l'équipement que nous avons.
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Dans un premier temps, je vais aborder la question du fonctionnement des drones.
Madame Michaud, vous l'avez bien expliqué: les drones sont utilisés, et ils le sont également dans les cas où les endroits sont plus difficiles d'accès, par exemple là où nous ne pouvons pas nous rendre en motoneige ou en véhicule tout-terrain. De plus, ils nous permettent de prévenir nos partenaires américains si nous voyons qu'il y a du mouvement près de la frontière.
Je pense l'avoir dit la dernière fois que j'ai témoigné devant le Comité, mais l'infraction se produit au moment où ils traversent la frontière. C'est là qu'il y a infraction. Évidemment, la GRC a l'autorité nécessaire pour arrêter les gens quand elle a un motif raisonnable de croire qu'une infraction va être commise; c'est basé sur la perception de l'officier ou de l'officière qui est sur le terrain et l'information qu'il ou elle possède.
Dernièrement, en ce qui concerne l'utilisation des technologies, nous voulons marier la technologie et les équipes. Si la technologie est déployée, nous voulons nous assurer d'avoir les effectifs nécessaires pour intercepter les gens ou prévenir nos homologues américains.
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C'est décevant d'avoir si peu de temps. Je vous remercie quand même, madame la présidente.
J'ai les mêmes chiffres que Mme Vandenbeld vient de mentionner. Cela provient d'un article de La Presse, du journaliste d'enquête Vincent Larouche, qui dit que, sur les 49 000 livres de fentanyl saisies au cours des deux dernières années — j'imagine que c'était à la frontière américaine —, seulement 53 livres provenaient du Canada; le reste provenait du Mexique. Il serait donc vrai de dire que 0,1 % ou 0,2 % du fentanyl entrant aux États‑Unis provient du Canada. Selon l'article, ces chiffres seraient tirés du document « National Drug Threat Assessment » de la Drug Enforcement Administration américaine, qui est un rapport périodique répertoriant les grandes menaces liées au trafic de drogues illégales. Je comprends que l'Agence des services frontaliers ne peut pas nécessairement confirmer ces chiffres, mais les quantités saisies semblent faibles par rapport à celles qui proviennent du Mexique.
Je ne sais pas si M. Trump a fait des déclarations au sujet de l'entrée de drogues illégales en provenance du Mexique, mais cela me rappelle les déclarations qu'il avait faites la première fois qu'il était entré en poste. On se souvient qu'il proposait de construire un mur à la frontière sud, celle du Mexique. Maintenant, il semble tout à coup s'en prendre au Canada. Il dit, peut-être à la blague, mais quand même, que le Canada pourrait devenir le 51e État des États‑Unis. Il parle aussi du premier ministre canadien comme d'un gouverneur. Bref, il semble se moquer un peu du Canada.
Selon vous, pourquoi M. Trump s'en prend-il ainsi au Canada? Je comprends que c'est une question difficile, parce que peu de gens peuvent saisir ce qui trotte dans la tête de M. Trump, ou expliquer ce qu'il pense.
La question serait donc plutôt celle-ci: quand on voit qu'une telle situation peut se produire avec notre plus grand allié, comment s'y prépare-t-on, à l'Agence des services frontaliers, en collaboration avec ses partenaires? Que peut-on faire pour prévenir ce type de comportement, peut-être impulsif, d'une administration américaine?
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Je ne veux pas me répéter, mais c'est un élément très important. Nous travaillons très étroitement avec les autres agences américaines, qu'il s'agisse de la U.S. Customs and Border Protection, ou CBP, la Drug Enforcement Administration, ou DEA, et le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives, ou ATF.
Cela dit, je ne sais pas si notre collaboration et nos succès sont bien connus de tout le monde.
[Traduction]
Sur le plan opérationnel, nous échangeons de l'information tous les jours. Chaque rapport de renseignement que nous produisons est envoyé à nos homologues américains. Si nous découvrons une nouvelle façon dont les drogues sont dissimulées, nous en faisons part aux États-Unis.
Sur le plan opérationnel, je ne m'en fais pas si quelqu'un estime que notre agence n'en fait pas assez.
[Français]
Je ne sais pas ce qui est dans la tête des gens qui disent qu'on n'en fait pas assez, mais le gouvernement a indiqué qu'on pouvait toujours en faire davantage, et c'est le sujet de discussions qui sont en cours. En fait, le ministre a dit publiquement qu'il envisageait de faire des investissements supplémentaires.
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Madame la présidente, pour ce qui est de la durée, je ne suis pas au courant, mais cela remonte à plusieurs années.
Pour ce qui est des réussites, je crois en avoir raconté une au Comité la dernière fois que j'ai comparu. Il y a eu cette fois au Manitoba où nos collègues de la Customs and Border Protection des États-Unis avaient repéré six individus, je crois, qui traversaient la frontière vers le nord par une nuit glaciale. Nous en avons été informés. Nous avons dépêché notre équipe là‑bas pour, je dirais, sauver les gens, parce que la plupart ont été transportés à l'hôpital. Il y en a un, je crois, qui est encore hospitalisé aujourd'hui en raison de ses graves engelures. C'est un bon exemple de collaboration avec la CBP des États-Unis.
Je reviens à ce que disait M. McCrorie plus tôt. Cela se fait sur une base quotidienne. Nos équipes intégrées de la police des frontières, les EIPF, travaillent en collaboration. Nous avons des gens de différents organismes et corps de police qui se réunissent pour échanger des renseignements et parfois planifier des opérations. C'est fort, parce que personne ne peut y arriver seul. La sécurité de la frontière, c'est un travail d'équipe.
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Merci, madame la présidente.
Je reviens au commissaire pour lui poser des questions au sujet du fentanyl.
Tout le monde doit convenir que, partout au Canada, le fentanyl pose un problème très grave. Il fait du tort à beaucoup de gens et affecte les familles. Il est partout au pays. Bien sûr, il est partout dans le monde, mais nous sommes ici aujourd'hui pour parler du Canada.
Récemment, le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le Canada est maintenant un exportateur net de fentanyl. Je crois qu'il a été question aujourd'hui des quantités qui entrent aux États-Unis et de celles qui entrent chez nous.
Dans l'ensemble, commissaire, êtes-vous d'accord avec la déclaration du ministère des Affaires étrangères selon laquelle le Canada est actuellement un exportateur net de fentanyl?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins de leur présence.
J'aimerais revenir sur les questions de M. Shipley concernant l'exportation de fentanyl, par exemple, car cela confirme en partie que ce n'est pas seulement une question de frontières. C'est une question de production. Je crois comprendre que, grâce aux ressources investies dans la GRC, 40 laboratoires de drogue ont fermé leurs portes depuis 2018.
Sans dévoiler des tactiques opérationnelles qui aideraient le crime organisé, pouvons-nous parler de...? J'imagine que les très grands laboratoires de drogue clandestins font l'objet d'échanges de renseignements et d'enquêtes poussées de la GRC, et que ce genre de travail exige des ressources.
Pourriez-vous nous parler un peu des investissements nécessaires pour faire ce travail? Si vous fermez un laboratoire au niveau de la production, l'exportation devient moins un problème aux frontières.
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Si vous avez lu l'article de CTV, c'est arrivé à la fin de la semaine dernière. La GRC a saisi plusieurs barils de produits chimiques grâce à des renseignements fournis par nos collègues américains.
Pour répondre à votre question sur l'orientation que nous prenons, il y a deux ou trois approches qui se dessinent ici du point de vue canadien.
Les gens de l'initiative RICCO, la Réponse intégrée canadienne au crime organisé, mettent la dernière main à une stratégie concernant le fentanyl. La RICCO est composée de hauts dirigeants de police de tout le pays qui se réunissent pour discuter des problèmes en cours et s'y attaquer ensemble. C'est une chose.
Ce que nous envisageons, c'est de passer à des équipes spécialisées qui ciblent strictement le fentanyl, parce que si vous avez une équipe de lutte antidrogue qui vise différents produits — mais compte tenu de ce que nous voyons... Avec le financement supplémentaire que nous espérons obtenir, les ressources nécessaires pour cibler des choses précises, non seulement nous, mais...
Nous communiquons avec le président de l'Association canadienne des chefs de police pour nous assurer que toutes les forces de l'ordre sont ralliées et informées de ce qui se passe à la frontière, ainsi que de la façon de s'attaquer au fentanyl.
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Merci, madame la présidente.
On parle beaucoup du plan du gouvernement pour éviter d'être assujetti aux tarifs douaniers de 25 %, imposés par le gouvernement américain. Cependant, je pense que ce plan doit aller dans les deux sens.
Je vais vous rappeler quelques déclarations que le président désigné Donald Trump a faites au cours de la dernière campagne électorale américaine.
Il a annoncé sa volonté de déclarer rien de moins que l'état d'urgence nationale et d'utiliser l'armée américaine afin d'appliquer des mesures concernant l'expulsion des personnes se trouvant en situation irrégulière aux États‑Unis. Lors d'une conférence de presse, il a même annoncé qu'il allait lancer la plus grande déportation de l'histoire américaine.
Revenons à 2017, lors de son dernier mandat. Plus de 60 000 personnes avaient demandé l'asile au Canada, à la frontière terrestre canado-américaine. Aujourd'hui, plus de 11 millions de personnes se trouvant aux États‑Unis sont sans statut. De plus, des centaines de milliers de personnes ont un statut limité, qui va expirer au cours des mois à venir.
Rappelons-nous son plan lors de son dernier mandat. Il parlait de construire un mur à la frontière sud, à la frontière américano-mexicaine; d'en finir avec la politique se contentant d'attraper et de relâcher les sans-papiers; de créer une force spéciale pour expulser les criminels en situation illégale; de bloquer l'immigration en provenance de certains pays après des enquêtes approfondies; de forcer les autres pays à rapatrier les personnes que les autorités américaines souhaitent expulser; et de mettre en place un système de traçage par l'entremise de visas biométriques. D'autres éléments y sont mentionnés, et je ne les nommerai pas tous.
J'ai donc l'impression que nous pourrions être aux prises avec un grand afflux de migrants à la frontière canadienne.
Je ne vous demande pas les détails du plan qui seront censément dévoilés la semaine prochaine, mais j'imagine que le a consulté vos différentes organisations pour savoir ce que vous lui recommandez.
J'ai l'impression que nous vous interrogeons souvent, et je ne veux pas que vous ayez l'impression que nous pensons que rien n'est fait en ce moment. Nous savons que bien des mesures sont prises desquelles nous ne sommes simplement pas au courant.
Dans ce contexte, j'imagine que des mesures additionnelles pourraient être prises et que c'est ce que va permettre l'investissement de 1 milliard de dollars.
Madame O'Gorman, pourriez-vous nous parler des recommandations que vous avez faites au , sans nous dire ce qui sera retenu? Peut-être ne le savez-vous pas vous-même.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de participer à cette importante étude que vous avez entreprise.
Je représente Sault Ste. Marie, une ville frontalière, dans la circonscription du même nom. C'est aussi une ville sidérurgique. Compte tenu de la menace tarifaire de Trump en raison de la frontière, je n'accepte pas la prémisse selon laquelle nous sommes un problème, tout comme je n'ai pas accepté que nous étions un problème en application des tarifs prévus à l'article 232.
J'ouvre mes fenêtres quand je me lève le matin et je peux voir les États-Unis. Il n'y avait pas de canons, de fil barbelé ou de ...
Aujourd'hui, quand je regarde les investissements que nous avons faits à la frontière à Sault Ste. Marie... Nous la traversons tous les jours. J'ai fait mes études à l'Université d'État du lac Supérieur, au Michigan. Chaque jour, je traversais la frontière et j'ai vu à quel point elle fonctionnait bien. Avec l'échange de renseignements entre les États-Unis et le Canada, quand je vais aux États-Unis, ils savent ce que j'ai pu faire. Je n'ai rien fait, mais c'est ce genre d'échange de renseignements.
Je me souviens d'une fois où j'étais à Lake State, nous avions une Chevrolet Chevette remplie de mes amis américains et nous sommes allés au poste frontalier. Nous attendions en ligne et l'un des Américains a dit: « Mon vieux, ne serait‑ce pas formidable si nous n'étions qu'un seul grand pays? » Je lui ai rapidement dit: « Bien sûr, ce serait formidable de n'avoir qu'un premier ministre », puis la discussion a commencé.
Ce poste frontalier a complètement changé. J'ai récemment coupé le ruban à l'occasion d'un investissement de 51 millions de dollars à la frontière à Sault Ste. Marie, investissement qui a permis d'agrandir l'installation en la dotant de salles d'inspection plus spacieuses, d'ajouter des voies et des zones où le personnel travaille.
Par votre entremise, madame la présidente, j'aimerais poser une question à nos bons amis ici présents. C'est un exemple que je vous ai donné, mais pourriez-vous s'il vous plaît nous donner des exemples d'investissements dans les installations?
Par la suite, j'ai également visité l'installation et j'ai vu le nouvel équipement qui y a été installé — les appareils de radiographie et tout ce qui permet d'identifier les drogues pour que les agents puissent les repérer immédiatement — sans oublier la formation qui est donnée.
Auriez-vous l'obligeance de faire porter au compte rendu les investissements que nous avons faits pour continuer à travailler en étroite collaboration avec les Américains et protéger nos frontières?
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Merci, monsieur le président.
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire des derniers commentaires de M. Lloyd, quand il a dit: « J'espère que vous obtiendrez » toutes les ressources dont vous avez besoin pour faire ce travail. Il a eu l'occasion de voter sur certaines de ces ressources et, en fait, il a voté contre.
Pour faire suite aux questions sur le crime organisé, cela me ramène en fait à ce que je disais. Je viens d'une région où les Hells Angels ont été actifs à différents moments. Ils ne disparaissent pas vraiment, mais il y a des pics dans leur activité. En fait, quand j'étais à l'école secondaire, j'ai fait un stage de criminalistique auprès de notre police locale. Le crime organisé était au centre d'une partie de ce travail.
Est‑ce que les groupes du crime organisé ont connu une augmentation immédiatement après l'abolition des peines minimales obligatoires par la Cour suprême?
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Je vous remercie de votre question.
Je trouve intéressant que le Syndicat dise que les agents pourraient patrouiller entre les postes frontaliers dès demain si un certain décret datant de 1981 n'existait pas, alors qu'il manque des milliers d'agents.
On ne peut pas tout faire en même temps. Chaque jour, aux points d'entrée, nous exécutons notre mandat.
[Traduction]
Nous travaillons ensemble avec la GRC, qui exécute son mandat. Si le gouvernement fournissait à l'ASFC les ressources et le mandat nécessaires, nous le ferions. Ce n'est pas l'aspect sur lequel je me concentre à l'heure actuelle. Je me concentre sur les points d'entrée, nos gens à l'échelle internationale, les ports maritimes et intérieurs. Nous avons 200 enquêteurs. C'est là‑dessus que je me concentre.
[Français]
C'est donc un peu facile de dire que ce décret est la seule chose qui nous empêche de faire cela. Maintenant, nous exécutons notre mandat aux points d'entrée partout au pays et ailleurs dans le monde.
Je vous remercie de m'avoir posé cette question et de m'avoir donné l'occasion de clarifier certaines choses relativement à un commentaire qui, de mon point de vue, était un peu simpliste.
Pour ce qui est des postes frontaliers et de la réduction des heures de service, la dernière fois que vous étiez ici, vous disiez que vous vous étiez alignés sur l'horaire des États‑Unis et que, de toute façon, environ deux voitures passaient par heure. Votre organisation nous a fourni les données concernant le nombre de passages ventilé par heure. On constate qu'entre 18 heures et 22 heures, aux postes frontaliers de Trout River et de Herdman, ceux dont je vous avais parlé, en moyenne, plus que deux voitures passent chaque heure. Dans le cas de Trout River, c'est 14, et à Herdman, c'est 18. L'effet est donc peut-être plus grand qu'on le pensait.
Est-il possible, à ce stade-ci, de reprendre les discussions avec les États‑Unis pour voir si on peut garder ces postes ouverts entre 18 heures et 22 heures?
Je vois même qu'avant 8 heures ou 9 heures, il y a moins de passages qu'après 18 heures. Cette décision prise avec les États‑Unis est-elle coulée dans le ciment ou peut-on encore leur en parler pour s'ajuster?
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Bien sûr. Je vais commencer.
L'une des bonnes choses qui se produisent, c'est que nous avons des gens intégrés au centre de ciblage américain et que du côté américain, ils vont nous envoyer quelqu'un à compter de janvier. Nous sommes donc très heureux de cela.
Comme je l'ai déjà mentionné, nous coordonnons nos investissements dans les infrastructures.
Nous allons entreprendre un projet pilote de prédédouanement dans le cadre duquel des agents de l'Agence des services frontaliers du Canada partageraient les locaux du côté américain et effectueraient le prédédouanement des personnes avant qu'elles n'arrivent au Canada. Je dirais qu'il s'agit d'un projet pilote qui vise expressément à voir si cela fonctionne, et je pense que c'est très important.
Quand nous envoyons des agents de liaison à l'étranger, les premières personnes qu'ils rencontrent, en plus de rencontrer des gens dans leur pays d'accueil, sont leurs homologues du U.S. Customs and Border Protection et de la DEA.
Comme je l'ai dit, l'information est communiquée tout le temps avec beaucoup d'efficacité.