:
Bonjour, tout le monde.
Je pense que tout le monde est présent, que ce soit par vidéoconférence ou en personne.
Je salue M. Boulerice, qui remplace Mme Collins et qui se joint à nous par vidéoconférence, et M. Maloney, qui remplace M. Ali.
Je ne vais pas lire les noms de tous les témoins maintenant, mais je vais les nommer lorsque ce sera à leur tour de prendre la parole. Cet après-midi, notre temps est précieux, puisqu'un vote va avoir lieu à 17 h 45.
Nous allons tout de suite céder la parole à M. Chandra Madramootoo, professeur distingué James McGill, de l'Université McGill.
[Traduction]
Monsieur Madramootoo, vous avez la parole pendant cinq minutes.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous.
[Traduction]
Je vous remercie également d'avoir souligné le rôle important que l'eau et l'agriculture peuvent jouer dans l'élaboration de la politique étrangère du Canada.
Je m'appelle Chandra Madramootoo. Je suis professeur émérite James-McGill à l'Université McGill.
J'ai eu la chance d'entreprendre une série de projets sur l'eau, l'agriculture et l'environnement au cours de quatre décennies dans plusieurs régions du monde. Mon intervention portera sur trois domaines interreliés: l'eau et la sécurité alimentaire; la protection des tourbières et des milieux humides; et la paix et la sécurité dans les eaux transfrontalières.
Le secteur agricole utilise environ 70 % des prélèvements d'eau dans le monde. Dans les bassins soumis à des stress hydriques, comme la mer d'Aral et le Nil, l'agriculture consomme jusqu'à 90 % de l'eau pour répondre aux besoins en irrigation. À une certaine époque, le Canada était un important donateur pour les projets agricoles liés à l'eau dans les régions en développement. Malheureusement, ce n'est plus le cas, et le Canada a perdu sa voix dans les grands forums consacrés à l'utilisation de l'eau en agriculture. L'eau en agriculture est essentielle aux moyens de subsistance des humains et au bien-être socioéconomique en raison des catastrophes climatiques, de la hausse des températures et de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Tout d'abord, la sécurité hydrique est au cœur des changements climatiques et de la sécurité nationale. Les effets des changements climatiques se manifestent déjà par une fréquence plus élevée de catastrophes hydroclimatiques, notamment des inondations, des sécheresses et la dégradation des terres. La Banque mondiale estime qu'environ 1,6 milliard de personnes vivent dans des pays affligés par une pénurie d'eau, et ce chiffre pourrait doubler dans deux décennies.
Selon les Nations unies, 258 millions de personnes dans 58 pays ont fait face à une insécurité alimentaire aiguë en 2022. L'insécurité alimentaire est particulièrement grave dans les régions en conflit, et elle est exacerbée par les phénomènes météorologiques extrêmes. Ces conditions entraînent des migrations de population et des tensions dans les camps de réfugiés.
Le Canada a l'obligation de travailler de façon bilatérale et régionale avec les organisations humanitaires et multilatérales pour mettre fin à ces conflits provoqués par l'insécurité hydrique et alimentaire. Les innovations du Canada en gestion de l'eau d'irrigation et en technologies modernes pour le drainage des terres agricoles sont de renommée mondiale. Le Canada est bien placé pour transmettre des connaissances et fournir une expertise en agriculture adaptée au climat dans les régions de l'Afrique subsaharienne, de l'Asie centrale, de l'Amérique latine, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les interventions qui renforcent la résilience aux sécheresses, à la rareté de l'eau, à la dégradation des terres et aux inondations — et qui mettent les femmes au cœur de l'action — doivent être encouragées auprès de nos partenaires en développement.
Il est essentiel de renforcer les plateformes existantes, comme le Cadre mondial contre la pénurie d'eau dans l'agriculture, ou WASAG, dont l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture est l'hôte. Le WASAG demande de toute urgence le leadership technique du Canada pour cette initiative qui vise les régions arides et semi-arides où résident les plus pauvres de ce monde.
Deuxièmement, le tiers des tourbières du monde se trouvent au Canada; elles couvrent environ 12 % de la superficie du pays. Elles stockent environ 150 milliards de tonnes de carbone, ce qui atténue les changements climatiques. Les milieux humides du Canada, qui couvrent environ 13 % de la zone terrestre, représentent près du quart des milieux humides restants dans le monde et, avec les tourbières, abritent une riche biodiversité.
Or, dans de nombreuses régions du monde, ces écosystèmes sont drainés à un rythme alarmant pour le développement économique et deviennent des sources de dioxyde de carbone et de méthane. En limitant le drainage injustifié, en modifiant le cycle hydrologique et en mettant en œuvre la restauration à grande échelle des milieux humides, nous pouvons ralentir les émissions de dioxyde de carbone et de méthane et atténuer les répercussions de l'augmentation des températures.
Le Canada est un chef de file dans le développement et le déploiement de technologies de surveillance environnementale. Il est recommandé que le Canada crée un observatoire international pour donner des conseils sur la restauration des milieux humides, y compris sur la façon d'équilibrer l'hydrologie, les sols et les flux de gaz pour atténuer les changements climatiques.
Enfin, les eaux transfrontalières représentent 60 % de l'eau douce dans le monde, 153 pays ayant des territoires dans au moins un des 286 bassins transfrontaliers. Bon nombre de ces bassins se trouvent dans des régions caractérisées par la rareté de l'eau, l'insécurité alimentaire, la dégradation de l'environnement et les conflits politiques. Le Nil, le Zambèze, la mer d'Aral et l'Amazone ne sont que quelques exemples.
Les intérêts économiques contradictoires et la montée du nationalisme sont au cœur des conflits transfrontaliers...
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Permettez-moi de transmettre les meilleurs vœux des Nations unies à tous.
J'aimerais d'abord faire remarquer que l'eau est déjà un pilier de la politique étrangère du Canada, et ce, depuis plus d'un siècle. Depuis la signature du Traité des eaux limitrophes en 1909, le Canada et les États-Unis ont montré au monde entier que l'eau peut être partagée de façon pacifique grâce à la coopération.
Même dans cette relation, il faut nous rappeler qu'aucun pilier ne peut subsister indéfiniment sans qu'on en prenne bien soin. Au fur et à mesure que les États-Unis se réchauffent et que la densité de la population du pays augmente, l'eau prend le devant de la scène tant sur le plan de la politique intérieure que de la politique étrangère. Le Pentagone a déjà qualifié de menace à la sécurité nationale la baisse de la fiabilité et de la qualité de l'approvisionnement en eau partout au pays. Les États-Unis ont, en même temps, fait de l'eau un pilier potentiel de leur propre politique étrangère.
Tandis que le Canada envisage de disséminer les bienfaits de son savoir et de sa gestion de l'eau en les mettant au cœur de sa politique étrangère générale, il devrait voir dans son voisin du Sud une représentation des menaces et des possibilités qui se présenteront à lui lorsqu'il collaborera avec des bénéficiaires potentiels de son expertise à l'étranger. Le Canada devrait également être conscient que les besoins des autres pays se reflètent dans ses propres défis immédiats en matière de gestion de l'eau, en cette période de perte rapide de stabilité hydrologique et d'urgence climatique à l'échelle mondiale. À cet égard, le Canada a beaucoup à offrir au reste du monde.
En 2018, j'ai été l'auteur principal d'un rapport de l'Université des Nations unies sur la capacité du Canada à être un modèle international en appuyant d'autres pays qui ont besoin d'aide pour atteindre les objectifs de développement durable de l'ONU en matière d'eau et du climat lié à l'eau.
La conclusion de ce rapport était que, si le Canada s'appuie sur une politique étrangère modérée et une diplomatie habile, le fait d'aider le reste du monde à faire face à la crise mondiale de l'eau pourrait rétablir sa réputation sur la scène internationale d'une manière aussi positive et durable que la façon dont le maintien de la paix définissait autrefois notre identité nationale à l'étranger. Plus important encore, en faisant de l'eau un pilier de sa politique étrangère, le Canada a l'occasion de jouer un rôle clé en soumettant le problème mondial de l'eau au Conseil de sécurité de l'ONU pour exhorter l'ONU et ses États membres à élaborer un programme d'action mondiale sérieuse en matière d'eau. Le monde pourrait ainsi relever les défis croissants liés à la sécurité humaine, d'autant plus qu'ils touchent maintenant directement l'agriculture et la sécurité alimentaire.
Le rapport de 2018 a clairement indiqué que tous les éléments nécessaires pour faire de l'eau un pilier efficace de la politique étrangère étaient déjà en place. Les volets éducatifs étaient là, tout comme la capacité de recherche, l'innovation technologique et l'expérience essentielle à long terme en matière de gouvernance hydrique, surtout en ce qui concerne la réconciliation en cours avec les peuples autochtones.
Tout ce qu'il manque, comme nous l'avons alors écrit, c'est un agent rassembleur pour rallier toutes ces capacités et les diriger vers l'étranger. Autrement dit, il faudra que le gouvernement fédéral assure la coordination et le soutien nécessaires à l'exploitation et à la pleine réalisation de l'importante capacité du secteur hydrique canadien à l'étranger.
La création d'une agence canadienne de l'eau pourrait être un moyen pour le Canada de faire progresser sa politique de l'eau au national, tout en améliorant considérablement sa visibilité et son influence sur la scène mondiale de l'eau, mais il ne peut pas agir seul. L'urgence de réagir à l'accélération du cycle hydrologique mondial causée par les changements climatiques devrait inciter tous les ordres de gouvernement, mais surtout le gouvernement fédéral, à travailler plus fort pour coordonner et orchestrer l'importante capacité du secteur hydrique canadien dans l'intérêt du pays et du monde.
Nous recommandons d'exploiter et de coordonner l'énorme capacité qui existe déjà. Utilisez les énormes liens nationaux potentiels avec l'ONU, comme l'Institut pour l'eau, l'environnement et la santé de l'Université des Nations unies, pour vous aider à agir avec plus d'audace sur la scène mondiale. Ensuite, prenez votre place sur la scène mondiale. Participez à des initiatives mondiales de sensibilisation à l'eau. Faites de l'eau le thème du pavillon canadien à l'exposition universelle d'Osaka l'an prochain. Participez à l'Année internationale de la préservation des glaciers des Nations unies en 2025 et accueillez la prochaine conférence mondiale des Nations unies sur l'eau.
Les Canadiens ne seront pas les seuls à tirer parti de ces efforts. Tous les pays auxquels le Canada offre de l'aide étrangère sous forme de solutions communes à la crise hydrique mondiale grandissante nous remercieront également.
En tant que Canadien travaillant pour l'ONU, j'en serais très fier.
Merci.
:
Merci, monsieur le président et membres du Comité.
Au nom de la Commission mixte internationale, ou CMI, je vous remercie énormément de nous avoir invités. Je suis ici en tant que coprésidente canadienne de la CMI avec ma collègue, Mme Susan Chiblow, commissaire canadienne. Comme on l'a déjà mentionné, M. Christopher Wilkie est ici à titre de secrétaire de la section canadienne.
Je vous appelle de Winnipeg, au Manitoba, le territoire visé par le Traité no 1 et la terre natale de la nation métisse. Je me trouve au milieu du bassin de la rivière Rouge, un bassin transfrontalier.
La CMI est une organisation binationale et impartiale qui est mandatée par les gouvernements du Canada et des États-Unis, en vertu du Traité des eaux limitrophes de 1909, pour prévenir et résoudre les différends relatifs aux eaux partagées le long de la frontière. D'ailleurs, 40 % de notre frontière est constituée d'eaux partagées. Nous travaillons avec tous les intervenants et les titulaires de droits pour recommander des solutions. Nous déployons des efforts tout au long de la frontière, y compris pour les questions d'inondations causées par le lac Ontario, les problèmes de répartition de l'eau dans les régions touchées par la sécheresse — par exemple, dans les Prairies — et la prolifération d'algues nuisibles dans le lac Érié.
Il est important que vous sachiez que les commissaires de la CMI, bien que nommés par le premier ministre et le président respectivement, n'acceptent pas de directives de leurs gouvernements respectifs au moment de prendre des décisions. Le personnel de la Commission travaille par consensus et trouve des solutions qui sont dans l'intérêt des deux pays. Cela dit, nous nous conformons aux mandats que nous ont confiés les gouvernements. La portée de notre travail est définie par nos gouvernements. Nos conclusions se fondent sur les meilleures données scientifiques accessibles, à la lumière du savoir et des réseaux de centaines d'experts et de citoyens locaux qui siègent à des conseils et à des comités binationaux. Nous établissons une base de faits binationale commune et proposons ensuite des options pour protéger le mieux possible les eaux partagées. C'est un modèle qui nous sert bien depuis 115 ans.
Une relation efficace avec les États-Unis est essentielle à toute approche canadienne de la gestion des eaux douces. On estime que 80 % de la population canadienne vit dans les bassins hydrographiques canado-américains. Ces eaux transfrontalières sont également les territoires traditionnels de bien des Premières Nations, collectivités métisses et nations tribales.
Nous aimerions vous parler de trois principaux défis auxquels nous faisons face aujourd'hui en ce qui a trait à l'eau douce au Canada.
Le premier défi tient à la nature complexe et plurigouvernementale de la gestion de l'eau douce et aux efforts scientifiques requis pour favoriser l'établissement d'un bon consensus. Lorsque nous cherchons des solutions locales, la limite du bassin hydrographique partagé a préséance sur les frontières politiques. Nous sommes uniques en Amérique du Nord à cet égard. Pour mieux composer avec cette réalité, puisque la collaboration est déjà assez difficile, nous devons mieux collaborer à l'harmonisation des données. Les changements climatiques et les défis qu'ils posent en sont un bon exemple.
Les inondations, les sécheresses et les feux de forêt se produisent régulièrement. Les changements climatiques en particulier continueront de modifier le débit et la distribution des ressources en eau, ce qui a une incidence profondément néfaste sur les collectivités. Il est donc essentiel de travailler ensemble pour assurer la résilience. Nous devons améliorer notre capacité de prédire les répercussions des changements climatiques, notamment en améliorant la prévision des inondations. Cela doit se faire de façon transfrontalière, ce qui n'est pas le cas actuellement. C'est essentiel à la résilience.
Deuxièmement, la contribution de la CMI est contrainte par la portée limitée de ses activités actuelles. Notre mandat varie de part et d'autre de la frontière. Nous ne tenons pas compte de façon holistique de la quantité d'eau, de la qualité de l'eau, de la santé des écosystèmes et des facteurs socioéconomiques dans tous les lacs et rivières où nous exerçons actuellement nos activités. À certains endroits, nous n'examinons qu'un sous-ensemble de ces éléments. De plus, notre mandat n'est pas universel dans tous les bassins transfrontaliers, puisqu'il reste des bassins hydrographiques où nous ne sommes pas actifs. La CMI a besoin d'un mandat lui permettant de trouver des solutions par consensus mutuellement acceptables tout le long de la frontière canado-américaine, et pas uniquement à certains endroits.
Enfin, la collaboration et la recherche de consensus, en elles-mêmes, sont de plus en plus difficiles. Une loi ou un traité n'a de valeur que si ses auteurs y demeurent fidèles et s'assurent qu'il atteint ses objectifs. Il est dans notre intérêt national de prévenir les conflits le long de la frontière. Même si nos pays font face à de nombreux problèmes au quotidien, la sécurité hydrique est, à notre avis, le fondement de tous ces enjeux. C'est ce que vise la lettre du traité, et chaque pays doit l'avoir à cœur. Je vous renvoie à votre étude précédente de 2004, dans laquelle vous aviez formulé une recommandation en ce sens.
Pour l'avenir, les deux parties nous ont déjà demandé d'établir des partenariats avec les peuples autochtones le long de la frontière et de les aider dans ces efforts. Nous encourageons fortement le gouvernement fédéral à appuyer davantage les efforts de la CMI auprès des peuples autochtones. Nous avons demandé aux deux parties de renforcer les efforts nationaux en ce sens.
Pour conclure, nous servons les deux pays de façon admirable en maintenant la paix le long de notre frontière où l'eau est partagée. L'impartialité, la recherche commune des faits, la consultation concrète de la population et la mise à contribution des intérêts divergents sont ce qui confère à notre modèle son originalité et son efficacité.
Merci.
:
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je vous remercie de l'invitation.
Je m'appelle George McGraw. Je suis le fondateur et PDG de DIGDEEO.org, un organisme à but non lucratif basé aux États-Unis et spécialisé dans l'accès à l'eau, et je suis un expert mondial du droit de la personne à l'eau et à l'assainissement.
Imaginez que vous vous réveillez un matin et que vous n'avez plus d'eau dans la cuisine. Imaginez que vous tirez la chasse d'eau de la toilette et que l'eau reflue dans votre cour arrière, rendant ainsi votre famille malade. Pour préparer le dîner, vous devez d'abord parcourir des kilomètres pour aller chercher de l'eau.
Au cours des 60 dernières années, les pays à revenu élevé, sous l'impulsion du Canada et des États-Unis, ont investi plus de 25 milliards de dollars américains en aide étrangère dans des projets relatifs à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène. Entre 1990 et 2015, plus de 2,6 milliards de personnes ont eu accès à une meilleure eau potable, ce qui est sans doute la contribution la plus importante à l'augmentation de l'espérance de vie dans le monde. Toutefois, l'insécurité en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène reste un grave problème, et l'objectif no 6 des Objectifs de développement durable des Nations unies en appelle maintenant à garantir l'accès de tous à des services d'alimentation en eau et d'assainissement.
Les habitants des pays à revenu élevé comme les nôtres pensent souvent que ce travail n'est nécessaire que dans d'autres pays, mais c'est un mythe. Des millions d'Américains et de Canadiens n'ont toujours pas accès à de l'eau courante potable ou à des toilettes en état de marche et, avec l'aggravation de la crise climatique, le nombre de familles qui risquent de se retrouver pour la première fois dans l'impossibilité d'accéder à de l'eau augmente.
Au Canada, selon les meilleures données disponibles, les membres des Premières Nations sont 90 fois plus susceptibles de vivre sans eau courante que les autres Canadiens. Nombre de ces communautés font l'objet d'avis sur la qualité de l'eau depuis des décennies, ce qui suscite de vives inquiétudes quant aux risques sanitaires et à leur prospérité à long terme, et le nombre de maladies d'origine hydrique dans les communautés des Premières Nations est 26 fois plus élevé que la moyenne nationale.
Le Canada n'est pas le seul pays dans cette situation. Plus de deux millions de personnes aux États-Unis sont touchées de la même manière. Les ménages autochtones sont 19 fois plus susceptibles que les ménages blancs d'être privés d'eau courante, et les ménages noirs et latino-américains sont deux fois plus susceptibles de l'être. Des problèmes similaires existent en Australie et dans l'Union européenne.
Il y a là un fil conducteur clair. Dans les pays à revenu élevé, les populations autochtones, les communautés de couleur, les immigrants, les sans-abri, les familles rurales et d'autres groupes défavorisés se trouvent dans un fossé invisible d'accès à l'eau et sont largement oubliés par leurs gouvernements. Ils connaissent des taux de mortalité et des problèmes de santé physique et mentale plus élevés que les autres groupes et sont victimes d'inégalités économiques. Aux États-Unis, nos recherches démontrent que le fossé d'accès à l'eau coûte à notre économie près de 8,6 milliards de dollars américains chaque année. Cela représente près de 16 000 dollars par ménage, soit, dans de nombreux cas, plus que ce que gagne une famille en un an. On peut facilement imaginer que les conséquences sont similaires pour les familles qui se trouvent dans la même situation au Canada.
Heureusement, nos recherches montrent également que, pour chaque dollar investi dans la réduction du fossé d'accès à l'eau, nous obtenons un rendement sur l'investissement de cinq dollars. Toutefois, voici le point crucial: en dépit du fait que l'accès à l'eau et à l'assainissement est un droit humain fondamental, pour des millions de personnes aux États-Unis et au Canada — deux des démocraties les plus riches de la planète —, ce droit n'est pas suffisamment protégé.
J'ai passé ma carrière à travailler aux côtés d'autres militants pour défendre le droit à des services d'eau et d'assainissement suffisants, sûrs, acceptables, accessibles et abordables, reconnu comme un droit de la personne par l'Assemblée générale des Nations unies en 2010. De nombreux pays à revenu élevé n'ont pas inscrit ce droit dans leur législation, et cela doit changer. Les gouvernements des Territoires du Nord-Ouest et du Québec ont ouvert la voie à la codification du droit à l'eau au Canada, mais des efforts similaires doivent être menés par les gouvernements nationaux ici au Canada, aux États-Unis et dans le monde entier.
La codification du droit à l'eau fait de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement de base un droit légal plutôt qu'une marchandise ou une œuvre de charité. Elle stimule le développement de programmes gouvernementaux visant à combler le fossé d'accès à l'eau et donne aux personnes faisant partie de ce fossé, en particulier les nations autochtones souveraines, un outil de défense essentiel, garantissant qu'elles sont respectées et qu'elles ont les moyens de participer à tout processus de prise de décision. Plus important encore, il garantit que la race et le code postal ne déterminent plus si vous et votre famille avez accès à un robinet et une toilette à chasse d'eau en état de marche.
Pour l'instant, la promesse d'un droit de la personne à l'eau au Canada reste sans suite. Si je vous dis tout cela, ce n'est pas pour faire rougir de honte qui que ce soit pour avoir manqué à ses obligations, mais pour vous mobiliser. Pour terminer, je vais vous donner un aperçu de la partie la plus incroyable de mon travail, le moment où quelqu'un ouvre son robinet pour la première fois.
Il est impossible de décrire cette expérience en une seule phrase. Parfois, ce sont des larmes ou des cris de joie qui l'accompagnent. D'autres fois, des hordes d'enfants se bousculent autour de l'évier en attendant d'être les premiers à toucher l'eau qui sort du robinet. Toutefois, les moments que je préfère sont sans doute les moments de silence, les quelques fois où une personne ouvre le robinet, regarde l'eau s'écouler et le referme sans dire un mot. C'est un rappel puissant que l'accès à l'eau en soi ne mérite pas vraiment de fanfare. Après tout, il s'agit d'un droit de la personne fondamental.
Je vous remercie de m'avoir invité et de m'avoir accordé de votre temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis bien heureux de revoir tous les collègues. Je salue notre collègue M. Adam van Koeverden, député de Milton. Je suis bien heureux de le voir en pleine santé.
Monsieur McGraw, je vais revenir sur votre réflexion relativement à l'accès à l'eau potable. Comme vous le mentionnez si bien, c'est essentiel. C'est un droit de la personne élémentaire. Tout le monde le reconnaît.
Vous avez relevé avec pertinence les problèmes que doivent affronter essentiellement les Premières Nations ici, dans ce pays. Vous avez bien chiffré et bien démontré que, malgré les efforts qui ont été déployés, les Premières Nations éprouvent de grandes difficultés quant à l'accès à l'eau.
J'aimerais savoir s'il y a d'autres communautés au Canada qui sont directement touchées par le manque d'eau potable et la difficulté d'y accéder.
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Je vous remercie beaucoup de la question.
À ma connaissance, les meilleures données dont nous disposons sont sur les communautés autochtones. Le Canada, comme les États-Unis, ne recueille pas de données détaillées sur l'accès à l'eau, ce qui rend difficile de repérer d'autres communautés dans le besoin. Aux États-Unis, par exemple, nous avons dû procéder indirectement, en utilisant les données des recensements et d'autres données, pour tout d'abord repérer ces communautés et ensuite envoyer des chercheurs sur le terrain pour examiner la situation.
Pour vous donner une idée des lieux où se trouvent ces communautés aux États-Unis, je vous dirais qu'on les trouve souvent dans les zones rurales pauvres, dans les zones multiethniques près de la frontière ou dans d'anciens corridors économiques prospères, aujourd'hui pauvres, et ce qui sont pour nous des réserves et des territoires autochtones américains.
Je n'ai pas plus de renseignements à vous donner sur les autres groupes touchés, mais si l'expérience canadienne ressemble beaucoup à celle aux États-Unis, comme je présume que c'est le cas, je serais surpris que vous ne trouviez pas d'autres communautés dans le besoin.
Le gouvernement du Québec a inscrit le droit de la personne à l'eau dans sa législation, et j'encourage le gouvernement fédéral à faire de même au niveau fédéral. Je prône la même chose aux États-Unis.
On constate que lorsque les droits de la personne sont inscrits dans le document fondateur d'un pays, comme sa constitution ou sa charte des droits, ou même dans des lois séparées, des efforts considérables sont alors faits pour protéger ces droits. Ils deviennent ainsi des outils très puissants que les communautés touchées peuvent utiliser pour défendre leurs droits.
À ce chapitre, oui, le Québec est un chef de file au Canada, mais aussi sur la scène internationale.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins qui se sont joints à nous aujourd'hui pour cette importante étude. Ma question s'adresse à M. Sandford.
Monsieur Sandford, ce n'est pas une coïncidence si je porte mon épinglette de l'ONU sur mon veston. Je la porte presque tous les jours. Je suis heureux de le dire. Je suis un inconditionnel des objectifs de développement durable, et l'introduction à ma question aujourd'hui porte sur quelque chose que je trouve très troublant.
Dernièrement, la députée conservatrice , la porte-parole de pour l'infrastructure et les collectivités, a non seulement parrainé et appuyé une pétition officielle à la Chambre des communes qui en appelle à un retrait rapide du Canada des Nations unies, mais il est devenu clair qu'elle a aussi participé à sa rédaction. Dans cette pétition, la députée Lewis parle des conséquences négatives qu'a, par exemple, le développement durable pour le Canada.
Je répugne à donner de la résonnance à ces théories complotistes nuisibles, mais elles sont régulièrement utilisées et diffusées par les conservateurs, et je pense qu'il est très important de comprendre que le Canada et l'ONU font un travail crucial ensemble. J'ai eu la chance d'en voir des exemples dans l'Afrique de l'Ouest francophone, en particulier dans le dossier de l'eau potable.
Monsieur Sandford, pouvez-vous expliquer au Comité pour son étude à quel point le travail que le Canada et l'ONU font ensemble est essentiel pour fournir aux plus démunis un accès à l'eau, à l'hygiène et à l'assainissement qui est fiable.
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Je vous remercie beaucoup de la question, et je vous remercie de soutenir l'ONU.
Il est important de mentionner à ce sujet que l'image de l'ONU et le point de vue que l'on en a sont très entachés par ce qui se passe actuellement et ce qu'en disent les médias, et que les tensions se trouvent très concentrées en ce moment sur le Conseil de sécurité, et en particulier sur les deux guerres en cours.
Toutefois, ce qu'il faut vraiment comprendre au sujet de l'ONU, c'est qu'il n'y a pas d'autre organisation de ce genre. C'est l'institution qui, à l'arrière-scène, avec l'aide de ses États membres, apporte un soutien humanitaire dont nous serions privés autrement pour aider les réfugiés ou aider les gens à reprendre leur vie en main. Nous sommes là surtout aussi quand il y a des sécheresses et que les conséquences des changements climatiques se font sentir. Des pays comme le Canada, en tant que donateurs et participants à ces programmes particuliers, sont indispensables pour empêcher le monde de se disloquer en cette période de très grande instabilité géopolitique.
J'espère avoir répondu à votre question.
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Je vous remercie beaucoup de la question. Je suis heureux de vous donner plus de détails.
L'image de marque du Canada dans la production alimentaire est bien connue dans le monde entier. Nous avons plusieurs points forts sur lesquels nous misons, notamment dans nos délibérations mondiales. Tout d'abord, nous avons un système d'approvisionnement alimentaire très sécuritaire. Nous avons des mesures de contrôle environnemental dans notre système — ce que d'autres pays n'ont pas —, et nous pouvons utiliser les technologies les plus modernes qui soient.
Qu'il s'agisse d'utiliser une agriculture ou une irrigation de précision, ou encore le meilleur matériel génétique qui soit pour les cultures ou le bétail, nous avons cela à notre portée, et nos agriculteurs font un usage optimal de toutes ces technologies. Si vous regardez nos statistiques de production pour nos principales cultures céréalières, par exemple, vous constaterez que nos rendements sont parmi les plus élevés dans le monde, malgré des conditions climatiques très difficiles. Nos agriculteurs ont relevé ce défi de production pour nous.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de venir nous aider à mieux saisir les défis qui concernent l'eau.
Ma question s'adressera à Mme Merrell‑Ann Phare, de la Commission mixte internationale.
Madame Phare, je pense que vous faites un travail super important, qui ne doit pas toujours être facile quand il s'agit de travailler avec les Américains.
Je vais remonter dans le temps. En 2002, le journal Le Devoir publiait un article qui portait sur le 11e rapport de la Commission mixte internationale. Il était écrit ce qui suit:
[…] la Commission mixte internationale ne se contente plus de faire le portrait de l'évolution de la pollution dans les écosystèmes. Elle propose cette fois un plan d'action sur deux fronts prioritaires pour la santé des écosystèmes des Grands Lacs et du Saint‑Laurent: le nettoyage des sédiments contaminés et l'arrêt de la pollution biologique par les introductions […] d'espèces étrangères envahissantes.
On parlait aussi de centaines de milliers de kilogrammes de biphényles polychlorés, ou BPC, et d'autres polluants. L'article rapporte que, selon la CMI:
[…] les résultats de plus d'une décennie de recherches démontrent de façon irréfutable les atteintes subtiles mais sévères que l'exposition aux substances toxiques rémanentes inflige à la santé des résidants du bassin. Et pourtant, les retards s'accumulent. La restauration de l'écosystème des Grands Lacs n'avance pas et la santé publique continue d'être affectée dans les secteurs préoccupants.
La situation n'était déjà pas facile en 2002. Depuis la parution de ce rapport, pouvez-vous dire avec assurance que les gouvernements ont favorisé la protection des eaux transfrontalières ainsi que la qualité non seulement de la ressource, mais aussi de la surveillance?
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Je suis désolée de vous interrompre.
Vous dites qu'il y a eu des resserrements législatifs et réglementaires et qu'il y a eu des avancées positives dans tout ce dossier.
En 2016, la Commission mixte internationale a créé le Groupe d'étude international du lac Champlain et de la rivière Richelieu. Un rapport a été produit sur l'étude des causes, des répercussions et des risques liés aux inondations dans le bassin du lac Champlain et de la rivière Richelieu, ainsi que sur les solutions possibles. Cela touche le Québec, le Vermont et l'État de New York. À la nouvelle Agence canadienne de l'eau, aucune somme ne sera consacrée à ces plans transfrontaliers.
Quelle serait votre position, à la Commission mixte internationale, sur le fait que l'Agence canadienne de l'eau ignore ces plans d'eau du Québec qui sont transfrontaliers?
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Merci beaucoup, monsieur le président, de m'accueillir dans ce comité si important qui fait une étude aussi cruciale.
Les intervenants de ce premier groupe de témoins ont décrit une situation fort inquiétante quant à la crise climatique qui sévit. L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée de l'histoire, et cela a eu malheureusement beaucoup de conséquences. Je pense aux sécheresses, aux inondations, aux feux de forêt, ailleurs et ici, au Québec et au Canada.
Certains ont dit que l'été 2023 était peut-être le pire des dernières années. Malheureusement, beaucoup d'experts nous disent que c'est probablement le meilleur des 50 prochaines années. Cela n'est pas pour nous rassurer à tout point de vue, que ce soit pour les populations les plus vulnérables ou pour l'agriculture.
Madame Lorra Hines, vous avez de l'expérience au Canada, en Grande‑Bretagne et en Islande. Vous avez assisté à plusieurs conférences internationales, comme la conférence de l'Organisation des Nations unies, ou ONU, sur l'eau.
Selon vous, ou d'après ce que vous avez vu ou entendu, comment le Canada est-il présenté dans le secteur de l'eau à l'international?
En fait, quelle est notre réputation?
C'est intéressant, même si ce n'est pas très satisfaisant de la part de nos différents gouvernements, tant ceux dirigés par le Parti conservateur que ceux dirigés par le Parti libéral. Notre pays a des grandes ressources d'eau potable et d'eau douce, et il me semble qu'il devrait donner l'exemple.
Au cours de notre étude, nous avons brièvement parlé d'inclure les jeunes dans la réflexion concernant les solutions à apporter en ce qui concerne l'eau propre et l'eau potable.
D'après vous, y a-t-il des obstacles à la participation des jeunes dans le secteur de l'eau? Comment peut-on les mobiliser davantage?
Ma collègue Mme Laurel Collins est une championne de l'idée d'établir un groupe de jeunes pour le climat.
Pensez-vous que cela pourrait être une occasion d'inclure plus de jeunes dans le secteur de l'eau fraîche et de l'eau potable?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins. Toutes nos excuses pour le manque de respect à votre égard.
Monsieur Madramootoo, c'est un honneur de vous accueillir parmi nous. Je vous remercie de tout le travail que vous faites depuis des décennies, comme vous l'avez dit, dans le domaine de l'eau.
En ma qualité de président du Comité permanent de la science et de la recherche, je veux me concentrer sur la science liée à l'eau.
À l'Université de Guelph, le professeur Thevathasan mène des recherches sur la plantation de végétaux riverains qui portent sur l'absorption des éléments nutritifs du sol lors de la croissance des plantes, ce qui séquestre également le carbone. Il y a aussi M. Ed McBean, titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 en sécurité de l'approvisionnement en eau. Pourriez-vous faire des commentaires au sujet de ces deux exemples?
Je sais que vous êtes allé à l'Université de Guelph et que vous visitez d'autres universités au Canada. Pourriez-vous parler de l'importance d'investir dans la recherche sur l'eau, et parler du rôle de la recherche universitaire dans la sécurité de l'approvisionnement en eau?
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Je vous remercie beaucoup de la question, monsieur le député. C'est une question très sérieuse qui, de toute évidence, exige une réponse adéquate, étant donné l'intérêt accru que suscitent les préoccupations relatives à l'eau de nos jours.
Il y a plusieurs lacunes dans la recherche sur l'eau au pays. Une poignée d'universités font d'excellentes recherches sur l'eau qui résistent certainement à l'examen international par les pairs. Cependant, il est important de cerner les lacunes dans la recherche.
Vous avez parlé de l'aménagement de bandes tampons de végétation pour réduire la pollution par les éléments nutritifs et d'autres domaines de recherche. Toutefois, dans le domaine des ressources hydriques, qui est très vaste, il existe des aspects plutôt méconnus, notamment certains nouveaux agents pathogènes et contaminants. Les microplastiques, par exemple, sont très préoccupants pour l'environnement. Nous devons accélérer la recherche et financer ce type de recherche sur les nouveaux enjeux.
Il faut accroître le recours aux technologies de télédétection dans la production agricole. Par exemple, nous sommes un chef de file de l'imagerie satellite RADARSAT. Comment pouvons-nous mettre cette technologie à l'avant-plan en attirant de nouveaux chercheurs et de nouvelles recherches scientifiques dans ce programme?
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Monsieur Sandford, je m'adresse de nouveau à vous, car vous avez un parcours très riche. Tantôt, je vous disais que le Canada projette toujours une espèce d'image sur la scène internationale, mais, quand on y vit, on voit les choses différemment.
M. Madramootoo en a parlé tantôt, la marque de commerce du Canada, c'est qu'on y trouve beaucoup de réserves d'eau douce. Au Québec, il y a un million de lacs. Les aliments sont salubres. Les technologies sont modernes. Il y a beaucoup de possibilités.
Nous avons beaucoup d'eau, mais sa qualité laisse parfois à désirer, particulièrement dans les communautés autochtones. On peut penser aux régions situées dans le nord de l'Alberta, où l'eau est polluée par les sables bitumineux, à la rivière des Outaouais, qui est menacée par les déchets nucléaires ainsi qu'aux communautés autochtones qui sont situées à quelques kilomètres à peine d'Edmonton et qui n'ont pas d'eau potable.
Ne pensez-vous pas que le Canada a un sérieux travail à faire avant de se donner en exemple?
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Je vous remercie beaucoup de cette question très importante. Cela me donne l'occasion de répondre à la question précédente en même temps.
Si nous voulons faire de l'eau un pilier de notre politique étrangère, il faut d'abord mettre de l'ordre dans nos propres affaires. Nous pouvons le faire simultanément en aidant les autres, car il existe des mécanismes, comme M. Madramootoo l'a souligné, et nous avons des technologies qui sont entièrement exportables.
Il peut toutefois y avoir un effet d'entraînement. Nous pouvons mettre de l'ordre dans nos affaires parce que cela s'impose, parce que le cycle hydrologique mondial s'accélère et, comme on l'a déjà indiqué, les choses ne seront plus ce qu'elles étaient. Nous devons nous préparer à cela afin de régler nos propres problèmes. Ce faisant, nous pourrons peut-être aider les autres.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Cela tombe bien, parce que je vais poursuivre la discussion avec M. Sandford.
Tout comme mon collègue M. Adam van Koeverden l'a fait, je veux le rassurer et lui dire qu'il peut compter sur moi et ma formation politique pour défendre le travail important et crucial des Nations unies et de ses agences, même si, parfois, elles sont un peu malmenées par certains médias ou commentateurs ces jours-ci.
Monsieur Sandford, toutes les données actuelles indiquent que les conditions climatiques à l'été et à l'automne prochains vont être assez terribles.
Nous parlions plus tôt des incendies, des inondations et des sécheresses. Cela va avoir des répercussions non seulement sur le Canada, mais aussi sur l'ensemble des Amériques.
Comme nous l'avons vu l'année dernière, le Canada doit être prêt à défendre son manque d'action lorsque cela va se produire, parce qu'il n'en a pas fait assez pour la lutte contre le changement climatique. Il s'agit sans doute d'une menace pour la sécurité nationale.
Que doit faire le gouvernement immédiatement pour s'y préparer?
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La chose la plus importante à dire en réponse à cette question, c'est que nous faisons face à une situation d'urgence.
Presque tous les indicateurs qu'on observe dans une bonne partie du pays, de la côte de la Colombie-Britannique au Québec, indiquent non seulement la sécheresse, mais aussi des conditions de sécheresse extrême et une vulnérabilité aux feux de forêt. Cela ne touchera pas seulement les secteurs auxquels l'on pense habituellement, mais aussi, de façon très délétère, un vaste éventail de secteurs économiques. Actuellement, nous ne voyons pas comment des précipitations de dernière minute sous forme de pluie ou de neige pourraient remédier à la situation.
Pour le pays, la préparation aux situations d'urgence est essentielle si nous voulons comprendre comment réaliser des économies et sauver des vies cet été. C'est une stratégie qui exige de faire des choix sans regarder en arrière, car nous savons que le réchauffement climatique continu nous obligera à nous préparer en conséquence et à modifier notre façon de réagir à ces situations d'urgence.
Au lieu de réagir, nous devrions nous préparer à ces situations et comprendre ce qu'il faut changer pour devenir plus...
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
Je vais d'abord m'adresser à M. Madramootoo.
Tout à l'heure, le représentant de la CMI, organisation créée par l'ONU, et vous-même avez parlé du changement climatique, dont les répercussions se font énormément sentir. Alors que les pays plus développés sont responsables de la plupart des émissions de gaz à effet de serre, les nations les moins développées ne sont responsables que de 1,1 % des émissions mondiales de CO2. Pourtant, ce sont ces populations les plus vulnérables qui subissent les conséquences extrêmement graves du changement climatique. On entend de plus en plus parler de sécheresse dans ces pays. Ils sont également très vulnérables aux catastrophes climatiques. Je pense aux grandes inondations, aux tsunamis et aux tempêtes extrêmes, comme les ouragans.
Les Canadiens s'attendent à ce que leur gouvernement agisse de manière responsable, à ce qu'il agisse comme un citoyen du monde responsable, comme on le disait tantôt. Je suis un peu inquiète lorsque j'entends que certains membres du caucus conservateur veulent se retirer de leurs responsabilités citoyennes.
M. Madramootoo, vous avez souligné notamment l'importance pour le Canada de s'imposer comme un leader et de démontrer un leadership sur le plan technique à l'échelle mondiale pour ce qui est de la lutte contre la pénurie d'eau dans le secteur agricole. Entre autres choses, vous dites que le Canada devrait être proactif dans la promotion des pratiques innovantes et responsables à l'échelle internationale.
Pouvez-vous nous donner plus de détails à ce sujet?
C'est très bien. Voilà qui nous amène à la fin de notre premier groupe de témoins.
Monsieur Madramootoo, si vous avez des exemples de projets que le gouvernement pourrait financer au niveau international pour atteindre les objectifs que vous avez énoncés, n'hésitez pas de les envoyer à la greffière, même s'il ne s'agit que de courts résumés. Ils enrichiront le rapport.
Nous allons nous arrêter là. Je tiens à remercier les témoins et les membres de cette série de questions et réponses.
Nous allons faire une pause quelques minutes pour accueillir notre deuxième groupe de témoins.
Merci encore une fois.
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Merci, monsieur le président.
Honorables membres du Comité, permettez-moi tout d'abord d'exprimer ma profonde gratitude, en tant que directeur de l'Institut universitaire des Nations unies pour l'eau, l'environnement et la santé, à la population et au gouvernement du Canada pour le soutien qu'ils nous apportent depuis près de 30 ans. La décision de 1996 d'accueillir ce que l'on appelle aujourd'hui le « groupe de réflexion sur l'eau des Nations unies » reflète la pensée progressiste et visionnaire du Canada, mais en ce qui concerne l'eau, le Canada a beaucoup plus à offrir sur la scène mondiale.
S'appuyant sur son engagement ferme à l'égard du multilatéralisme et sur son bilan solide en matière de consolidation de la paix, le Canada dispose d'une occasion sans précédent de faire de l'eau un pilier de sa politique étrangère, avec d'importants avantages pour la sécurité nationale et mondiale, et j'encourage donc votre comité à prendre ces trois recommandations en considération.
La première recommandation consiste à faire de l'eau une priorité de la politique étrangère, à utiliser l'eau pour la consolidation de la paix et à faire du Canada un chef de file dans le domaine de l'eau. Malgré son importance fondamentale, l'eau reste un enfant orphelin de la politique internationale, aucune agence des Nations unies ne lui étant entièrement consacrée. Cette lacune crée une grande occasion politique et commerciale pour le Canada, une nation qui a tout ce qu'il faut pour servir de chef de file mondial dans le domaine de l'eau. En plus de fournir des solutions, grâce à son bassin de talents solide, la géographie du Canada le place dans une position tout à fait unique du point de vue de l'eau. Avec un accès à 7 % des réserves d'eau renouvelables du monde, l'identité du Canada est liée à l'eau. L'expérience acquise en traitant les problèmes de gestion de l'eau les plus divers a doté le Canada de l'expertise et de la réputation nécessaires pour guider et définir une voie de solution efficace pour le monde.
Une occasion immédiate pour le Canada est d'influencer le programme d'action mondial sur l'eau qui, en plus de promouvoir ses scientifiques et ses entreprises, accueillera la prochaine conférence des Nations unies sur l'eau en 2026, peu de temps après la création de l'Agence canadienne de l'eau. J'encourage également le Canada à envisager de porter la question de l'eau devant le Conseil de sécurité des Nations unies, compte tenu de ses répercussions sur la paix et la sécurité. Le Canada doit également envisager de faire de l'eau une composante à part entière de ses missions de maintien de la paix et de ses projets de développement international.
La deuxième recommandation consiste à placer les agriculteurs au centre du programme sur l'eau. Aucun programme relatif à l'eau ne peut réussir sans une véritable reconnaissance du rôle des agriculteurs dans la gestion de l'eau. Malheureusement, de nombreux programmes nationaux et internationaux en matière de durabilité et de climat marginalisent les agriculteurs et négligent leur rôle important dans la gestion de 70 % de l'utilisation mondiale de l'eau. Ces politiques réductionnistes et souvent axées sur l'énergie, qui font fi de la façon dont les investissements dans les secteurs de l'eau et de l'agriculture profitent à notre lutte contre les changements climatiques, la faim, la mauvaise santé, la pauvreté et l'injustice, sont vouées à l'échec et doivent être immédiatement révisées. Les politiques de l'eau rigoureuses qui placent les agriculteurs au centre ne sont pas vulnérables aux changements dans l'intérêt politique à Ottawa ou dans n'importe quelle autre capitale au monde.
La troisième recommandation consiste à tirer parti de l'entité des Nations unies liées à l'eau que le Canada héberge. L'Institut universitaire des Nations unies pour l'eau, l'environnement et la santé n'aurait pas existé sans le soutien éclairé et réfléchi du Canada. Cet institut est l'une des rares entités des Nations unies au monde dont le mandat est axé sur l'eau et peut servir de passerelle entre le Canada et les agences des Nations unies et ceux qui ont besoin de la technologie et des connaissances canadiennes en matière d'eau. À l'heure actuelle, le Canada sous-utilise cette entité des Nations unies pour promouvoir ses talents, ses solutions et ses ressources.
Grâce à une coopération systématique avec le gouvernement du Canada, fondée sur une politique étrangère claire visant une utilisation judicieuse de l'eau, l'Université des Nations unies peut faire beaucoup plus pour que le Canada, ses chercheurs, ses innovateurs, ses entreprises, ses agriculteurs, ses politiciens et ses militants pour l'eau obtiennent la reconnaissance qu'ils méritent collectivement, car nous sommes conscients de ce que le Canada a à offrir et de la façon dont le monde peut bénéficier de son leadership en matière d'eau.
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Bonjour. Je crois savoir que vous avez probablement reçu un document qu'on vous a distribué et que je vais vous présenter.
Pour vous donner un peu de contexte, je milite pour que les droits de la nature soient reconnus comme étant le fondement de tous les autres droits.
Si nous voulons régler nos problèmes liés à l'eau douce, nous ne pouvons pas les examiner sans tenir compte de tous les autres systèmes. L'eau douce ne peut pas être isolée de nos systèmes océaniques ou du reste du cycle de l'eau. Si nous voulons de l'eau propre, nous devons également nous pencher sur l'agriculture et l'ensemble du système économique, car tout est lié. Si nous considérons notre société humaine comme un iceberg, toutes les crises que nous observons — les crises économiques, les six extinctions de masse, les changements climatiques, les pandémies et la mauvaise santé — se situent juste au‑dessus de la ligne de flottaison.
Si nous regardons sous la surface de l'eau, nous trouvons les structures et les systèmes — et les systèmes en silo — qui proviennent d'une vision mécaniste du monde et d'une séparation de la conscience qui distingue l'être humain de la nature, ce qui a été encodé dans la loi. Dans la loi, la nature est un objet, une propriété et une ressource, séparée de l'être humain. Cela mène à un cycle dégénératif qui produit toutes ces crises en pilotage automatique. La plupart de nos solutions sociétales consistent à intervenir en gestion de crise et à essayer de voir comment nous pouvons éviter les changements climatiques et les différentes crises qui sévissent. C'est le point de levier le plus bas où nous intervenons.
Si nous voulons vraiment résoudre nos problèmes, nous diriger vers un avenir prospère à long terme et être des chefs de file sur la scène mondiale, nous devons chercher des solutions à la base. Nous devons chercher à rebâtir cette relation avec la nature, qui est notre relation la plus fondamentale, et veiller à ce que ce changement soit enchâssé dans la loi. C'est ce que nous défendons avec Nature's Rights.
Dans le cadre du modèle actuel de développement durable, il y a les personnes, l'économie et la nature. Il s'agit de trois cercles imbriqués l'un dans l'autre, comme le montre le diagramme que j'ai distribué.
Ce modèle comporte quelques lacunes. La première est que les personnes ont des droits, que l'économie a des droits — droits des entreprises et droits de propriété — et que la nature n'a pas de droits. On suppose également que ces trois cercles peuvent fonctionner indépendamment les uns des autres, ce qui ne correspond pas à la réalité. En fait, le seul qui puisse fonctionner indépendamment des autres est la nature, car les autres systèmes sont dérivés de la nature. Sans la nature, il n'y a pas de société humaine. Sans la nature et les sociétés humaines, il n'y a pas d'économie.
Nous préconisons d'adopter dans notre système de gouvernance une hiérarchie imbriquée de droits qui suit l'ordre naturel. Les droits ne sont pas contradictoires; ils sont collaboratifs et synergiques.
Le modèle sur le droit est ce que nous avons proposé au Comité économique et social européen dans le cadre de l'examen d'une charte fondamentale européenne des droits de la nature qui engloberait les autres droits. Nous avons élaboré un cadre dans lequel, si l'on prend les trois cercles et que l'on trace les objectifs de développement durable des Nations unies sur chacun — nature, personnes et économie — et que l'on ajoute un quatrième cercle en bas, qui représente les limites planétaires, on obtient un système dans lequel on peut tracer les droits correspondants, où les droits économiques sont intégrés dans les droits de la personne, qui sont tous intégrés dans les droits de la nature. Cela permet de se débarrasser des conflits inhérents entre les droits.
À l'heure actuelle, les objectifs de développement durable n'ont pas été atteints. Une grande partie des critiques formulées à ce sujet tient au fait qu'il n'existe pas de cadre juridique qui permet de les atteindre. Avec ce modèle, nous présentons la hiérarchie imbriquée des droits, ou le modèle intégré des droits, comme moyen de faire avancer ces objectifs de développement durable, tout en respectant les limites planétaires.
Nous avons entendu parler des changements climatiques au cours de cette réunion, mais les changements climatiques ne représentent qu'une des neuf limites planétaires. Sept de ces limites planétaires ont déjà été dépassées...
Je vous remercie de m'accueillir parmi vous. Je suis Kat Kavanagh, la directrice générale de Water Rangers. J'ai cofondé Water Rangers en 2015 dans le cadre du concours « AquaHacking » d'AquaAction, un autre témoin que vous avez reçu la semaine dernière, je crois. L'idée m'est venue en voyant mon propre père, qui recueillait des données sur la qualité de l'eau depuis une vingtaine d'années sur notre lac local. Il ne disposait pas des outils nécessaires pour communiquer et comprendre ses données. Il s'agit là d'une situation assez courante dans les groupes communautaires qui s'intéressent de près à leurs cours d'eau locaux.
L'organisation Water Rangers a entrepris de répondre aux besoins des communautés en matière d'outils qui réduisent les obstacles et les aident à participer à la surveillance de l'eau dans les communautés. Nous avons conçu des trousses d'analyse et mis en place une plateforme de données ouvertes destinée au public, qui est utilisée par 300 groupes au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et même au Mexique. Au Canada, ces groupes peuvent automatiquement communiquer leurs données avec DataStream, qui a témoigné mardi, une base de données nationale sur la qualité de l'eau.
Nous savons que nous avons désespérément besoin de données sur la qualité de l'eau. Selon les Rapports sur les bassins versants de 2020, publiés par le Fonds mondial pour la nature Canada, les données concernant plus de 60 % des sous-bassins hydrographiques sont jugées insuffisantes. Cela signifie que nous ne disposons même pas de suffisamment de données pour leur attribuer une note. C'est mieux qu'en 2017, où plus de 70 % des données étaient insuffisantes. C'est grâce aux efforts d'organisations environnementales à but non lucratif comme DataStream et de groupes communautaires de surveillance de l'eau dans tout le pays que nous commençons à faire des progrès pour combler ces lacunes. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais nous commençons à voir la voie à suivre. Cette année, Water Rangers, avec le soutien d'AquaAction, publiera les prochains rapports sur les bassins versants. Restez à l'écoute pour connaître ces résultats plus tard cette année.
Puisque le thème d'aujourd'hui porte sur les relations internationales, je voudrais donner deux brefs exemples de notre collaboration avec des organisations américaines en vue de coordonner et de normaliser les activités des deux côtés du lac Érié par l'entremise du Lac Erie Volunteer Science Network. Les Canadiens doivent jouer un rôle plus important dans ce domaine, mais il existe une volonté et un désir de simplifier le partage transfrontalier.
Au Royaume-Uni, je fais partie d'un groupe composé de plus de 80 dirigeants d'ONG, d'entreprises et de gouvernements, ainsi que de chercheurs, dans le cadre d'un programme appelé CaSTCo. Ils investissent dans ma participation et dans nos outils pour aider à créer des voies qui permettent d'intégrer la surveillance de l'eau dans les communautés afin d'obtenir des rivières plus saines. Leur investissement à l'échelle nationale est considérable. Il repose sur la collaboration entre tous les intervenants à l'échelle du bassin hydrographique. Il existe un exemple dont nous pouvons nous inspirer au Canada.
Les Britanniques, en revanche, ont été impressionnés par la manière dont la collaboration canadienne des organisations à but non lucratif permet aux communautés de divulguer ouvertement des données et des résultats. Je leur ai donné l'exemple de groupes communautaires qui utilisent Water Rangers pour recueillir leurs données, les communiquer ouvertement, les afficher sur leurs propres sites Web, les divulguer à leurs communautés locales, les intégrer dans DataStream pour les placer avec les données gouvernementales et de recherche, et les intégrer ensuite dans des évaluations nationales telles que les rapports sur les bassins versants.
La coordination, l'établissement de relations fructueuses et l'échange de leçons tirées exigent du temps et des efforts. Les organisations à but non lucratif canadiennes accomplissent un travail remarquable avec une fraction des ressources d'autres pays. Nous devrions être fiers de ce que nous avons pu accomplir là‑bas. Un exemple est la collaboration en matière de surveillance de l'eau dans les communautés, que nous aidons également à diriger.
Nous créons des ressources telles que la boîte à outils pour l'analyse de rentabilisation des investissements dans la surveillance de l'eau dans les communautés afin que les groupes sur le terrain, dans ces communautés, qui se soucient profondément de leurs cours d'eau locaux, puissent exprimer leur valeur aux bailleurs de fonds pour qu'ils soutiennent des projets locaux. Des recherches menées par l'Institut international du développement durable ont montré dans un rapport que les groupes communautaires de surveillance de l'eau multiplient les investissements de 3 à 14 fois. D'autres témoins nous ont parlé du fonds de dotation en Colombie-Britannique qui commence à renforcer la résilience de l'eau dans cette province. C'est un modèle que j'aimerais que l'on reproduise dans tout le pays pour soutenir et renforcer la gestion de l'eau.
Je vais terminer en formulant deux brèves recommandations. Premièrement, il faut investir dans le leadership et l'innovation en matière de collecte et d'échange de données sur la surveillance de l'eau dans les communautés. Deuxièmement, il faut renforcer la capacité à long terme des communautés de participer à la prise de décisions fondées sur des données probantes concernant leurs cours d'eau locaux. Les communautés sont très attachées à l'eau.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Après deux tentatives ratées de négociation du traité des Grands Lacs, la crise a poussé les États-Unis et le Canada à ratifier notre mandat binational fondé sur des traités visant à établir et à maintenir des relations transfrontalières, à établir un corpus scientifique en eau douce sur lequel fonder les décisions en matière de gestion et, bien sûr, à contrôler la lamproie marine.
Ces tâches nous ont été confiées puisque les dirigeants politiques ont compris que pour lutter contre les espèces envahissantes, coordonner les politiques de récolte et tirer parti des ressources partagées, nous devions relever ensemble les défis. Autrement dit, là où l'eau traverse les frontières, la gestion doit se faire sans tenir compte de celles‑ci.
Les rédacteurs de nos traités considéraient l'eau comme faisant partie de la politique étrangère, et la stratégie d'engagement binationale de la Commission en est la preuve. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas besoin de politiques nationales rigoureuses sur l'eau douce. L'histoire souligne l'importance de respecter les compétences infranationales et les ayants droit. La Commission considère les partenariats, l'application des connaissances traditionnelles et le dialogue avec les Premières Nations comme des éléments de réussite.
Les rédacteurs des conventions ont fait de l'établissement et du maintien des relations de travail un objectif primordial, parce qu'ils ont compris que les menaces et les possibilités d'origine hydrique ne restent jamais dans un silo juridictionnel.
Le Canada possède d'impressionnantes ressources en eau douce qui contribuent à nos trois dimensions principales: le bien-être social, le bien-être économique et le bien-être écologique. Malgré cela, le bilatéralisme représente la seule façon de protéger la quatrième côte du Canada et de respecter les limites de compétence, y compris les droits des Premières Nations, tout en assurant la bonne gouvernance et la durabilité.
Les gouvernements des États-Unis et des États ont démontré leur compréhension du potentiel de la bonne gouvernance par le renouvellement des infrastructures, la restauration des habitats, la recherche et la gestion coordonnée. Cette gestion coordonnée relève du plan stratégique mixte pour la gestion des pêches des Grands Lacs de la Commission, qui a été signé par les unités infranationales.
Pour notre commission et nos partenaires, le plan stratégique mixte, que j'ai transmis au Comité, a fait ses preuves. L'Ontario, les États des Grands Lacs et les partenaires autochtones travaillent ensemble pour prendre des décisions communes. Cette stratégie non contraignante et consensuelle garantit que la gestion des ressources des Grands Lacs par chacune des administrations profite à toutes les administrations. L'eau, dans ce contexte, n'est pas une cause de division. Au contraire, l'eau nous unit. Notre plan stratégique mixte en est un exemple.
Les gestionnaires des pêches accordent la priorité à la protection et à l'amélioration de l'habitat, même si la tâche est difficile. Cinq comités des lacs, qui sont des éléments du plan stratégique mixte, offrent aux gestionnaires des organismes provinciaux, étatiques, autochtones et fédéraux une tribune à des fins de discussion. Les intervenants travaillent à partir d'un cadre commun pour désigner les obstacles à la production de poisson et les mesures de gestion ciblées, appelées « priorités environnementales ».
Ces priorités environnementales assurent une structure, une continuité et une valeur ici et aux États-Unis. Les partenariats trouvent ensuite les ressources requises pour instaurer des mesures de protection de l'habitat. Ces projets, dont le niveau de complexité varie de la restauration à grande échelle des récifs en eau profonde au remplacement des petits ponceaux, progressent après des décennies d'inaction.
Ce processus visant à cerner les obstacles et les mesures à prendre, les volets de financement et les objectifs de réalisation des projets représente la vision pour la durabilité des Grands Lacs, mais il n'est possible que grâce au plan stratégique mixte, qui aide les gestionnaires à trouver des priorités communes. Avant la création de la Commission, cet échange aurait été impossible. La réussite n'est devenue possible que lorsque nous avons a commencé à agir au‑delà de notre frontière.
Avec le recul, il est clair que le fait de considérer l'eau comme une question de politique étrangère n'est ni nouveau ni optionnel. Nous ne pouvons pas nous permettre de considérer les eaux limitrophes uniquement comme des ressources intérieures parce que nos partenaires commerciaux les considèrent selon l'angle de la politique étrangère. Ces points de vue divergents sont la raison pour laquelle l’interface qu'utilise la Commission aux États-Unis passe par le Département d'État, alors qu'elle passe par l'entremise du ministère des Pêches et des Océans ici au Canada. C'est une question de priorité.
En conclusion, je dirais que l'eau peut nous séparer ou nous unir. Après des années de gouvernance divisée et de conflits, l'eau des Grands Lacs est devenue une force d'unité, mais il a fallu déployer des efforts pour atteindre cet objectif. L'établissement et le maintien de relations de travail binationales de cette envergure ont nécessité des décennies de création de liens de confiance, mais l'investissement d'énergie a des effets positifs sur les trois dimensions principales des collectivités et des gouvernements du bassin.
Nous espérons que l'étude entraînera des résultats positifs, afin que tous les Canadiens puissent profiter des avantages de ressources en eau douce bien gérées et durables. Nous sommes prêts à aider de toutes les façons possibles.
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On m'a posé cette question il n'y a pas si longtemps lorsque j'ai traversé la frontière. Un garde-frontière m'a demandé quelle était la plus grande menace à la durabilité des Grands Lacs. Je pourrais répondre de nombreuses façons à cette question. La plus grande menace, c'est la complaisance.
Dans bon nombre des réunions que nous avons tenues avec des membres de l'autre côté de la table au cours des dernières années, nous avons parlé de la façon dont les gouvernements et les gens réagissent en situation de crise. Heureusement, dans le cas de la pêche, il n'y a pas de crise comme telle, mais nous avons besoin d'une vigilance constante. Par exemple, la lamproie devient immédiatement un problème si nous n'assurons pas un contrôle permanent. Dès que nous tenons la collaboration transfrontalière pour acquis, elle commence à s'effondrer.
Il y a beaucoup de menaces externes. Il y a beaucoup de défis environnementaux, comme les changements climatiques et autres, mais la complaisance est certainement en tête de liste.
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Notre organisation est fondée en grande partie sur les partenariats. La plupart de nos activités sont basées sur la collaboration avec l'industrie, les partenaires étatiques et provinciaux, les gouvernements fédéraux et ainsi de suite. C'est ce que nous faisons. Nous entretenons de solides relations avec nos partenaires.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, nous avons cerné un problème d'interface de la gouvernance ici au Canada qui constitue en quelque sorte un obstacle. Nous avons demandé d'y remédier. Dans le contexte de cette étude, l'idée de considérer l'eau comme une priorité en matière de politique étrangère conviendrait tout à fait.
En ce qui concerne les mesures que nous prenons pour établir ces partenariats, je demanderais à ma collègue, Mme Walter, de vous en parler. C'est son domaine d'expertise. Le plan stratégique mixte pour la gestion est le mécanisme phare. Avant cela, il n'y avait pas de possibilité ou de vraies conversations au‑delà des frontières. Il a donné de bons résultats.
Mme Walter a peut-être quelque chose à ajouter.
Monsieur Madani, j'ai aimé vos commentaires sur la façon dont les agriculteurs devraient être mobilisés en tant que fournisseurs de solutions et intendants de la terre, en particulier au Canada. Notre paysage fonctionnel du Sud se compose en grande partie de terres agricoles privées. Je pense que nous sommes très fiers, en tant que collectivités agricoles, de l'intendance que nous avons entreprise et des progrès que nous avons réalisés.
Compte tenu de votre perspective mondiale et des manifestations qui ont lieu actuellement dans divers pays européens — pas nécessairement toutes liées à l'eau, mais à une foule d'autres politiques imposées aux agriculteurs —, diriez-vous que nous sommes faces à un problème mondial?
Dans le contexte canadien actuel, je pense qu'il y a une frustration très réelle à l'égard de la façon dont nos agriculteurs se sont fait imposer des politiques qu'ils savent préjudiciables pour leurs impératifs économiques.
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Oui. Bon nombre de ceux qui établissent les politiques ne comprennent pas l'économie politique de l'eau. Dans de nombreux pays, l'eau est utilisée non seulement pour produire des aliments, mais aussi pour créer des emplois. Si vous ne comprenez pas le rôle essentiel de l'eau, vous ne pouvez pas établir des politiques qui s'attaquent à certains des autres problèmes et qui résolvent les menaces qui pèsent sur les agriculteurs.
Malheureusement, nous avons créé une concurrence involontaire entre certaines politiques de durabilité ou mesures climatiques et le secteur de l'eau. Nous pensions que l'eau était un secteur d'impact, bien que l'eau soit aussi un secteur permettant d'atténuer bon nombre des autres problèmes. Les possibilités qui existent dans le secteur agricole sont trop nombreuses. Toutes les mesures prises pour le secteur agricole — tout ce que l'on fait pour habiliter les agriculteurs et pour les préparer aux changements climatiques, aux autres catastrophes et aux événements extrêmes — profiteraient à d'autres luttes, comme la lutte contre la perte de biodiversité, les changements climatiques, la faim, les inégalités, et ainsi de suite. C'est cela que nous ne comprenons pas.
Le problème est plus grave dans l'hémisphère Sud et dans de nombreux pays qui n'ont pas le luxe que vous avez de pouvoir indemniser les agriculteurs et modifier un peu vos politiques. Dans ces régions, le chômage est synonyme de migration, de tension et de guerre. Il y a beaucoup d'autres effets qui ne se limiteraient pas à ces régions.
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J'aime vraiment le graphique que vous nous avez présenté, madame Ito, parce que cela illustre un peu ce qu'un citoyen de ma circonscription me disait. Nous ne pouvons pas avoir une santé économique sans avoir une santé écologique.
Pourriez-vous nous expliquer davantage cette conclusion très simple dont m'a fait part un citoyen de ma circonscription? Les municipalités de ma circonscription reconnaissent que le fait de ne pas s'attaquer au changement climatique représente un coût économique important.
Comme je le disais plus tôt, c'est une question de résilience pour les infrastructures municipales et pour les agriculteurs dans ma circonscription en raison des pénuries d'eau, des événements climatiques extrêmes et des insectes nuisibles qui apparaissent. Cela coûte cher sur le plan des récoltes agricoles et aux municipalités. Nous ne pouvons pas avoir une économie en santé si nous n'avons pas une nature en santé, un environnement en santé.
Pouvez-vous apporter des précisions à ce sujet? Comment ces deux aspects, soit la santé économique et la santé écologique, peuvent-ils s'intégrer?
Oui, bien sûr. Comme j'essayais de l'expliquer au début, si nous voulons vraiment adopter une approche intégrée et régler nos problèmes, nous devons penser à long terme. Les problèmes que notre société a créés sont en partie — ou, je dirais, principalement — causés par certaines des hypothèses qui sont ancrées dans notre système juridique et qui ont permis à nos économies de se développer comme elles l'ont fait. Cela nous a permis de surexploiter le monde naturel.
Si nous voulons vraiment renverser la vapeur, je pense que nous devons entreprendre un nouveau départ, et nous devons examiner nos structures juridiques et rétablir cette interdépendance, cette compréhension qu'il ne peut y avoir de santé humaine sans la santé écologique et voir comment nous pouvons intégrer cela dans nos structures juridiques...
Je remercie tous les témoins de leur présence.
Ma question s'adresse aux représentants de la Commission des pêcheries des Grands Lacs.
C'est un plaisir de vous voir, et c'est un plaisir de collaborer avec vous au fil des années pour appuyer le bon travail que vous faites. Je sais que mon collègue, , s'est donné pour mission de soutenir ce travail.
Dans votre exposé, vous avez dit qu'il ne fallait pas tenir compte des frontières. Il y a quelques années — je crois que c'était en 2019 —, nous avons plaidé en faveur d'un financement accru, et nous avons pu l'obtenir pour vous. Cependant, vous relevez du ministère des Pêches et des Océans et en tant que , je sais que vous devez faire face à certains défis lorsque vous traverser vers les États-Unis.
Pourriez-vous nous parler de la façon dont votre organisme pourrait faire son travail sans tenir compte des frontières, et peut-être faire une recommandation à ce sujet?
Aux États-Unis, nous sommes structurés. Nous interagissons au sein de l'appareil gouvernemental, ce qui signifie que nous entretenons des rapports avec le Département d'État américain. Le Congrès affecte des fonds au Départment d'État, qui nous rend des comptes en matière de finances et nous remet de l'argent, puis nous travaillons avec des partenaires de tous les horizons pour mettre en œuvre nos programmes. Ce système fonctionne très bien et s'est traduit par l'établissement de nombreux partenariats au fil des ans qui ont permis au gouvernement des États-Unis et aux différents gouvernements d'État d'économiser des millions et même des centaines de millions de dollars.
Au Canada, c'est un peu différent. Nous avons une relation dans laquelle le Parlement affecte de l'argent au ministère des Pêches et des Océans, et la discussion a ensuite lieu entre nous et le ministère. La nuance ici, c'est que nous concluons également des marchés avec le ministère des Pêches et des Océans, qui a créé des obstacles à ces partenariats. Pour mettre fin à ce conflit d'intérêts et certainement pour permettre d'établir des partenariats plus vastes, nous recommandons un processus à l'image de ce que nous voyons au sud de la frontière, ce qui signifie que nous serions hébergés dans Affaires mondiales Canada, que nous aurions des rapports avec ce ministère en matière de reddition financière et ainsi de suite, et que nous travaillerions encore main dans la main avec le ministère des Pêches et des Océans et les autres partenaires que nous obtiendrions ainsi.
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Vos propos sont très intéressants. Cela nous permet de voir la question du respect de l'environnement sous un autre angle.
Monsieur Madani, j'ai lu votre mémoire et j'ai beaucoup de questions à vous poser.
Dans la partie de votre mémoire intitulée « L'excellence de la gouvernance de l'eau au service de la politique étrangère », vous dites que « le Canada pourrait être parfaitement positionné [...] en continuant à présenter les succès de la gouvernance commune avec les Autochtones [...] »
Hier, j'ai rencontré deux groupes d'Autochtones. Le premier habite dans le nord de l'Alberta. Ces gens n'osent plus boire l'eau, parce qu'elle est contaminée et qu'ils développent des cancers très rares. Le deuxième groupe habite ici. Ces Autochtones s'opposent au projet de construction d'un monticule de déchets radioactifs, puisque ceux-ci pourraient se retrouver dans l'eau.
Je ne suis pas sûre que les Premières Nations seraient d'accord sur ce que vous avez écrit.
Pouvez-vous nous en parler davantage et nous donner d'autres exemples?
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Il n'y a pas de système parfait dans le monde. Aucun pays n'est parfait en ce qui concerne la gestion de l'eau. Chaque système à ses lacunes.
L'année dernière, nous avons publié un rapport qui montre l'injustice et l'iniquité systématiques, essentiellement, qui se cachent derrière les prélèvements effectués des États-Unis, chez nos voisins. C'est un pays riche qui est très avancé sur le plan technologique. Partout dans le monde, il y a des lacunes, mais n'oubliez pas la taille du Canada et la diversité des problèmes auxquels vous faites face. Il est difficile de trouver un autre pays de cette taille dont les problèmes diffèrent autant.
On peut assumer un rôle de leader, faire part de ses expériences et apprendre des autres lorsqu'on est plus actif sur la scène internationale, et je pense que c'est une bonne chose pour le Canada.
Vous parlez beaucoup de l'Agence canadienne de l'eau et vous lui donnez un rôle important, soit celui d'exercer une influence sur la scène mondiale. Dans son examen national volontaire de 2023, le Canada s'est donné 17 objectifs de développement durable, dont seulement 5 figurent parmi les objectifs prioritaires.
L'objectif de développement durable 6, qui porte sur l'eau propre et l'assainissement, et l'objectif 15, qui porte sur la vie terrestre et les écosystèmes, ne font même pas partie des objectifs prioritaires.
N'est-on pas en train de mettre la charrue devant les bœufs?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Ito, je suis évidemment d'accord sur le fait d'accorder des droits à la nature. Selon le scientifique français Aurélien Barrau, la crise climatique, la crise de la perte de biodiversité et la crise de la pollution plastique et chimique sont en fait des sous-crises d'un problème plus vaste et plus englobant, soit le rapport des êtres humains avec le vivant et la nature en général.
Votre mouvement est inspirant, madame Ito. Il a inspiré, entre autres, des gens de la Côte‑Nord et de la communauté innue au Québec, qui ont donné des droits, un statut de personnalité juridique, à la rivière Magpie. Cela m'a aussi inspiré. J'ai déposé un projet de loi au Parlement qui vise à donner un statut juridique au fleuve Saint‑Laurent et à ses affluents. Il s'agit d'une première en Amérique du Nord, et j'en suis très fier.
Ce mouvement vient beaucoup de l'Amérique du Sud, et il s'inspire des cultures autochtones.
Comment voyez-vous le rôle des gouvernements pour appuyer ce mouvement qui doit s'inscrire dans la conservation de la nature et dans un meilleur rapport avec le vivant?
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Je sais qu'en Amérique du Sud et au Canada, les protestations proviennent surtout des peuples autochtones qui n'ont jamais perdu de vue notre profonde dépendance à l'égard de la nature — sans elle, rien de tout cela n'existerait —, et ils ont donc encore leurs priorités de cette façon. Ce que nous avons fait en Europe, c'est voir comment ces principes sont applicables partout. La crise environnementale que nous traversons est attribuable à la façon dont nous avons structuré notre économie. Il est légal d'avoir une économie axée sur une croissance infinie parce que la nature n'a pas de droits. La nature, ce sont des objets, des biens et des ressources aux yeux de la loi. Cela n'a rien à voir avec les peuples autochtones. C'est applicable dans notre système juridique moderne dans le monde entier.
Je crois que le gouvernement du Canada, en intervenant pour appuyer les droits de la nature à l'échelle nationale et en changeant le fondement même de notre société pour en faire une société régénérative, ferait un énorme pas en avant en tant que leader mondial.
De plus, j'estime qu'en protégeant ainsi des écosystèmes individuels, c'est un bon départ. Cependant, cette mesure ne réalisera pas tout son potentiel si la législation nationale y fait entrave, car, dans les faits, toutes les activités que l'on observe autour de ces rivières, les activités mêmes qui détruisent la nature, sont légales. Elles font partie du fonctionnement de notre économie. Je pense que ce serait beaucoup plus rigoureux si nous pouvions utiliser les droits de la nature pour nous aider à réorienter nos économies vers une société régénératrice.
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La première étape de toute mesure prise consiste à comprendre la situation actuelle. Comment pouvons-nous savoir ce qu'il faut changer lorsque nous n'avons pas de données sur la situation actuelle?
Bien souvent, ces données sont peut-être recueillies, mais pas dans un format que nous pouvons facilement consulter pour obtenir ces renseignements, pour innover et pour parvenir à ces moments d'innovation ou de créativité. Plus nous serons disposés à communiquer cette information aux collectivités, à l'échelle des bassins versants et du pays, plus ce sera puissant sur la scène internationale.
Au Royaume-Uni, une partie du travail fait par le groupe qui communique l'information et cherche des moyens pour les collectivités de prendre des mesures afin d'améliorer l'état des rivières... lorsque l'industrie et le gouvernement sont disposés à examiner les données et des solutions possibles, c'est la voie à suivre. Cela fait partie du cycle.
Merci.