Bonjour à tous. Quel plaisir d'être de retour à Ottawa, dans cette salle, et de voir vos visages souriants! Je suis enchanté de reprendre les réunions en personne, pour une partie d'entre nous du moins, et de pouvoir communiquer virtuellement avec des personnes d'un peu partout au pays.
Bienvenue à la onzième réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes. La réunion se déroulera selon une formule hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 novembre 2021. Certains membres sont présents dans la salle et d'autres participent à la réunion par la voie de l'application Zoom. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Pour votre gouverne, je précise que pendant la webdiffusion, c'est toujours la personne qui a la parole qui figurera à l'écran plutôt que l'ensemble du Comité.
Les personnes présentes dans la salle doivent suivre les règles habituelles des séances plénières du Comité, y compris les directives du Bureau de régie interne relativement aux précautions sanitaires et au port du masque.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous nous joignez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer. Pour les personnes dans la salle, votre microphone sera réglé comme à l'habitude par l'agent de délibérations et de vérification. Faites attention de ralentir le débit et de parler clairement. Quand vous n'avez pas la parole, votre microphone doit être en mode sourdine. Je vous rappelle également de toujours vous adresser à la présidence.
Pour ce qui concerne la liste des intervenants, le greffier du Comité fera de son mieux pour informer la présidence quand des mains sont levées, et nous tâcherons de respecter l'ordre dans lequel les membres ont demandé la parole, qu'ils participent à la réunion en personne ou de manière virtuelle.
Conformément à l'ordre adopté par la Chambre des communes le mardi 7 décembre 2021, de même qu'à la motion adoptée le mardi 14 décembre 2021, le Comité poursuit son étude du contrôle des armes à feu, du trafic illégal des armes et de l'augmentation des crimes commis par armes à feu par des personnes issues des gangs de rue.
Nous accueillons aujourd'hui, en direct et en personne, l'honorable Marco Mendicino, le ministre de la Sécurité publique. Nous recevons également, en direct aussi, mais de façon virtuelle, des représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada, soit son président, M. John Ossowski, ainsi que le vice-président de la Direction générale du renseignement et de l'exécution de la loi, M. Scott Harris. Enfin, nous recevons M. Talal Dakalbab, le sous-ministre adjoint de la sécurité communautaire et de la réduction du crime au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile et, représentant la Gendarmerie royale du Canada, nous recevons Mme Brenda Lucki, la commissaire, ainsi que M. Stephen White, le sous-commissaire, Services de police spécialisés.
Distingués collègues, pour ce qui concerne le temps alloué, sachez que je lèverai un carton pour vous indiquer qu'il vous reste 30 secondes, et je soufflerai « 30 secondes » dans mon micro pour les personnes qui ne peuvent pas voir le carton. Je serai le plus gentil et le plus respectueux possible pour ce qui est de l'attribution du temps.
Bienvenue à tous.
J'invite sans plus tarder le ministre Marco Mendicino à nous présenter ses remarques liminaires. Nous vous écoutons.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis vraiment content de rencontrer le Comité en personne.
[Français]
J'aimerais d'abord reconnaître que ceux d'entre nous qui se trouvent sur la Colline sont réunis sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Je vous remercie de m'avoir invité ici aujourd'hui.
Chers collègues, j'ai suivi de près les témoignages présentés à ce comité au cours des derniers mois. Vous avez entendu des témoignages convaincants et révélateurs, notamment au sujet d'initiatives locales remarquables qui jouent un rôle important.
Vous avez entendu parler de l'organisation de services sociaux OPK, située à Winnipeg. Vous avez entendu dire que les hommes et les femmes autochtones ont pu trouver un moyen de se sortir de la vie de gang grâce à la consultation du programme et à l'accès aux ressources et aux liens communautaires.
Vous avez entendu parler de l'association Bear Clan Patrol, également située à Winnipeg, qui assure la sécurité de la communauté autochtone et contribue au maintien de la paix de manière solidaire.
Vous avez entendu parler de l'organisation STR8 UP, qui dessert la communauté autochtone à risque de Saskatoon, travaille avec les anciens membres de gang et leur famille, et soutient les personnes qui s'engagent dans une voie plus saine.
Les chiffres ne mentent pas. Grâce à des programmes comme ceux-là, des milliers d'heures par année consacrées au développement des compétences personnelles et des formations à l'emploi ont contribué à favoriser un changement personnel, un sentiment d'espoir et une solution de rechange à la vie de gang.
À l'échelon provincial, vous avez entendu parler du travail de la Colombie‑Britannique et de l'Unité d'exécution spéciale des forces combinées, laquelle est jumelée à un programme destiné à mettre fin à la vie de gang. L'objectif est d'offrir un soutien aux membres de gang pour les aider à quitter ce mode de vie.
Vous avez entendu parler d'initiatives lancées au Québec, qui prennent des mesures énergiques par le truchement de projets comme l'opération Centaure. Dans cette province, le projet contribue à fournir davantage d'agents de police, de médecins légistes et d'agents correctionnels pour soutenir l'intervention et l'échange de renseignements, et il réunit les organismes chargés de l'application de la loi pour enquêter, pour prévenir la violence armée et pour réduire la contrebande.
[Traduction]
Monsieur le président, je salue l'attention que vous et le Comité avez accordée aux initiatives lancées partout au Canada. Je suis impatient de discuter de ces initiatives et d'autres sujets à l'occasion des rencontres prévues avec nos partenaires un peu partout au pays.
Distingués collègues, vous avez certes entendu parler de signes de progrès encourageants, mais vous avez aussi reçu des témoignages de première main concernant nos défis communs dans la lutte contre la violence liée aux armes à feu. Je peux citer notamment le témoignage de Michael Rowe, le sergent d'état-major du service de police de Vancouver, qui a parlé du défi que représentent les armes fantômes, qui sont fabriquées par impression 3D. Ces armes sont fabriquées ou assemblées avec des pièces qui n'ont pas de numéro de série ni aucune autre forme de marquage, et il est donc difficile de les dépister au moyen des systèmes traditionnels et d'en faire le traçage. C'est un rappel que notre théâtre d'opérations est en pleine transformation et qu'il est complexe. C'est un rappel également que dans les périodes de changement, les intervenants de tous les échelons et de toutes les communautés doivent se serrer les coudes.
Lors de mon passage précédent, je vous ai donné un aperçu de la manière dont le gouvernement fédéral se positionne comme un chef de file pour favoriser cette collaboration. Je vous ai parlé des mesures les plus énergiques jamais mises en place pour lutter contre la violence armée. Je vous ai rappelé comment nous nous concentrons surtout sur le contrôle de l'usage et de la possession des armes à feu. Par exemple, nous avons pris des mesures qui nous permettent d'effectuer des vérifications à vie des antécédents et de délivrer les permis d'armes à feu en fonction de critères bien établis. Je vous ai aussi expliqué comment nous entendons restreindre l'accès aux armes à feu jugées inappropriées, notamment en interdisant plus de 1 500 modèles et variantes d'armes de style armes d'assaut par la voie d'un programme de rachat qui verra le jour sous peu. Je vous ai décrit la lutte que nous menons contre les armes à feu illégales, y compris en nous engageant à hausser la peine maximale de 10 à 14 ans d'emprisonnement pour le trafic, la contrebande et les infractions connexes. Je vous ai parlé de ce que nous faisons pour réduire l'adhésion aux gangs et la violence associée. Ces efforts de prévention sont essentiels parce que la répression ne suffira pas pour venir à bout de ce problème.
Comme l'a souvent répété mon collègue, le , ce n'est pas en multipliant les arrestations que nous nous débarrasserons de la violence qui sévit dans les rues de nos villes. C'est pourquoi, depuis 2018, nous avons versé plus de 115 millions de dollars aux provinces et aux territoires pour soutenir leurs activités de prévention, d'intervention, de répression et d'application de la loi par l'intermédiaire du Fonds de lutte contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs. J'ajoute que nous avons aussi prévu une aide de 250 millions de dollars sur cinq ans qui sera versée directement aux municipalités et aux communautés autochtones qui sont manifestement affligées par la violence armée et liée aux gangs afin qu'elles intensifient leurs efforts de prévention des gangs et d'intervention.
Je vous ai aussi dit que nos investissements dans les mesures coercitives visant à contrer la contrebande et le trafic portent leurs fruits. Comme les membres du Comité le savent déjà, l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, confisque tous les ans un nombre important d'armes à feu à des citoyens américains qui, pour la plupart, sont des voyageurs qui refusent de se plier à nos lois qui leur interdisent d'avoir une arme en leur possession.
Le traçage des armes à feu est un outil indispensable pour déterminer la provenance des armes illégales et les filières de détournement. Chaque année, les forces de l'ordre saisissent 21 000 armes à feu environ. Nous savons que les 125 millions de dollars versés à la Gendarmerie royale du Canada, la GRC, et à l'ASFC pour enrayer la propagation des armes illégales à la source et pour dépister et démanteler les réseaux de contrebande donnent déjà des résultats puisque plus d'un millier d'armes à feu ont été saisies à la frontière l'an dernier.
Je vous ai aussi mentionné l'investissement supplémentaire de 312 millions de dollars sur cinq ans afin d'améliorer les capacités de dépister, de réprimer et d'empêcher l'introduction d'armes à feu dans le marché noir. Notamment, la GRC a reçu 15 millions de dollars pour améliorer sa capacité de traçage des armes à feu, et plus de 40 millions de dollars pour soutenir ses activités de lutte à la contrebande, y compris la mise en place d'un nouveau système canadien de renseignement sur la criminalité qui aidera les forces de l'ordre à cibler et à réprimer les activités criminelles.
Nous avons des indices tangibles que ces investissements sont efficaces, comme d'autres témoins l'ont dit avant moi. Je pourrais citer les résultats de l'enquête menée par l'ASFC l'an passé dans le dossier des armes à feu fabriquées par l'impression 3D. Les efforts conjoints de l'ASFC et de la GRC ont permis de dépister et d'intercepter des pièces d'armes à feu non déclarées à Mississauga, ce qui a mené à des saisies, à la délivrance de mandats et à des arrestations grâce aux mesures musclées à la frontière et à la collaboration de plusieurs partenaires.
Cela dit, monsieur le président, je suis le premier à admettre qu'il reste beaucoup de travail à faire. Je tiens à répéter que le gouvernement s'est engagé à collaborer avec les provinces qui envisagent d'interdire les armes de poing. C'est l'un des sujets dont j'ai discuté la semaine dernière avec mes collègues des provinces et des territoires dans le cadre de notre conférence fédérale-provinciale-territoriale.
Je sais que le Comité étudie actuellement le contrôle des armes à feu, le trafic illégal des armes et l'augmentation des crimes commis par armes à feu par des personnes issues des gangs de rue, mais j'ai hâte aussi de connaître les résultats de votre étude et de vos délibérations sur la nouvelle législation sur les armes à feu qui sera présentée bientôt.
Je vais clore mon exposé en réitérant mes remerciements aux membres du Comité de faire cet important travail de réflexion. Je répondrai avec plaisir à vos questions et à vos observations.
[Français]
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de participer à nos travaux, monsieur le ministre.
Vous avez comparu devant notre comité à plusieurs reprises et vous avez pris la peine, semble-t‑il, d'écouter les témoignages. C'est tout à votre honneur.
Je conviens avec vous que ces témoignages étaient très convaincants et, pour certains de ceux dont vous avez parlé, très puissants. N'empêche, je crois que vous avez retenu seulement ceux qui font votre affaire. Nous avons reçu des témoignages accablants de représentants d'organismes d'application de la loi et de groupes communautaires militants, qui font un travail extraordinaire dans les communautés dont vous avez parlé, de même que de groupes de défense des droits des victimes selon lesquels le programme que propose votre gouvernement pour le rachat obligatoire d'armes auprès de propriétaires légitimes serait la mesure la moins efficace et la plus coûteuse possible.
Qu'avez-vous à leur répondre, monsieur le ministre?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Cela fait du bien de vous revoir en personne.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être avec nous aujourd'hui. Nous vous en sommes reconnaissants.
Vous vous souviendrez certainement que, lors de votre dernière comparution au Comité, je vous ai posé des questions sur la fameuse route des armes au Québec, que l'on connaît bien. Elle traverse le territoire d'Akwesasne. La majorité des armes illégales passent malheureusement par cette route, parce que les contrebandiers la connaissent bien et savent en tirer profit.
Nous avons accueilli au Comité des représentants du service de police mohawk d'Akwesasne ainsi que du Conseil des Mohawks d'Akwesasne. Ils nous ont dit être inquiets de la situation, vouloir en faire davantage et ne pas se sentir suffisamment consultés. Le Bloc Québécois avait alors proposé de créer une escouade mixte composée de membres de tous les corps policiers et de toutes les organisations susceptibles d'intervenir, pas seulement pour échanger des renseignements, mais aussi pour envoyer sur le terrain des agents qui se parlent et qui essaient d'intervenir au mieux.
Ce que nous avons entendu, c'est qu'il y a un manque pour ce qui est de l'échange de renseignements sur le terrain. Cela vise aussi bien les services de police situés de l'autre côté de la frontière, par exemple le service de police de New York, que les services de police de l'Ontario et du Québec, que l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, et que la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC. Tout ce beau monde pourrait peut-être se parler davantage et mieux mettre à contribution le service de police d'Akwesasne, qui ne se sent pas suffisamment consulté.
Votre gouvernement a-t-il l'intention de consulter davantage les communautés autochtones, comme la communauté d'Akwesasne?
:
Je vous remercie, monsieur le ministre.
En effet, ce n'est pas une tâche facile. Malgré la collaboration, qui est certainement de bonne foi, des centaines d'armes continuent de transiter par ce territoire chaque semaine. Ces armes se retrouvent au bout du compte dans les mains de membres de gangs de rue et de jeunes de Montréal. Ce qui est malheureux, c'est que cela donne lieu à des tueries.
J'ai fait un suivi auprès du service de police mohawk d'Akwesasne et du Conseil des Mohawks d'Akwesasne après avoir entendu leurs témoignages. L'une des solutions proposées était de reconnaître le service de police comme un service essentiel. Le chef de police semblait dire qu'il y avait des discussions avec le gouvernement fédéral à ce sujet.
Dans certains rapports présentés lors de la dernière législature, on recommandait que les corps de police autochtones soient reconnus comme des services essentiels.
Envisagez-vous de reconnaître les corps de police autochtones comme des services essentiels?
Pensez-vous que cela pourrait être utile?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, merci de vous présenter devant le Comité. J'ai apprécié vos remarques liminaires et les réponses que vous avez données à mes collègues.
Vous et moi étions présents quand votre gouvernement a adopté la Loi sur le cannabis durant la 42e législature. Je me rappelle que les justifications données pour adopter cette loi tenaient principalement à la nécessité de mettre un terme aux accusations et aux poursuites criminelles pour la possession et l'usage du cannabis à des fins personnelles.
Un avocat d'Ottawa, Michael Spratt, a témoigné devant nous du fait qu'il n'avait plus à accompagner de clients dans les dédales de la justice pour des infractions liées au cannabis, alors qu'ils étaient très nombreux avant l'entrée en vigueur de la Loi sur le cannabis. L'objectif a donc été atteint.
Cependant, plusieurs opioïdes sont encore visés par la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, et c'est un problème. Les représentants de la Ville de Vancouver, du gouvernement de la Colombie-Britannique et de l'Association canadienne des chefs de police que nous avons entendus demandent unanimement, et ils l'ont réclamé publiquement, que ces substances soient décriminalisées. J'ai d'ailleurs été très frappé d'entendre le sergent d'état-major Michael Rowe, du service de police de Vancouver, établir un lien très clair entre le commerce très lucratif des drogues illicites et les armes à feu.
Quand on considère les ravages du fentanyl... Le kilogramme de fentanyl vaut actuellement 1,6 million de dollars sur le marché, alors que le kilogramme d'héroïne vaut 80 000 $. La rentabilité est le nerf de la guerre entre les gangs. Ils se battent pour le contrôle des territoires en raison des profits obscènes qu'ils peuvent en tirer aux dépens des résidants de ma province et du pays tout entier.
Monsieur le ministre, en notre qualité de législateurs, nous pouvons faire quelque chose. Nous avons entendu beaucoup d'intervenants importants réclamer ce changement. Est‑il vraiment nécessaire de débattre encore de la pertinence de décriminaliser les drogues et de traiter la dépendance à ces drogues comme une question de santé alors que nous savons très bien que c'est la chose à faire?
:
Monsieur MacGregor, je voudrais tout d'abord vous remercier de plaider pour qu'on trouve une solution à la crise des opioïdes et aux problèmes liés à la toxicomanie. Je suis d'accord avec vous. Je crois que vous entendrez de la part de très nombreux experts que la lutte ne doit pas vraiment se faire aux premières lignes du système de justice pénale. Vous avez notamment parlé de la réforme opérée par le gouvernement autour du cannabis et des efforts déployés pour changer les choses et pour décriminaliser la possession simple. Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que cette infraction était loin de favoriser une utilisation efficace et efficiente des ressources limitées de nos tribunaux.
Si je vous ai bien compris, vous considérez que le même principe devrait s'appliquer à d'autres formes de possession simple de drogues visées par la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Vous avez souligné que cette décriminalisation reçoit beaucoup d'appuis, y compris de la part d'experts.
Je suis tout à fait d'accord pour que ce débat ait lieu, mais il devra se faire dans le respect de certains principes. Il faudra tenir compte des données probantes et trouver un moyen pour que le système de justice criminelle devienne vraiment une solution de dernier recours.
Les personnes aux prises avec des problèmes de consommation de substances... Je suis le premier à reconnaître que l'emprisonnement des personnes toxicomanes ne peut pas régler le problème. Ces personnes ont besoin d'aide. Elles ont besoin de traitements. Souvent aussi, elles ont besoin de soutien pour des troubles de santé mentale. C'est pourquoi je pense qu'il faut explorer des manières d'établir des liens entre ces différents domaines.
Pour compléter ma réponse, j'ajouterai qu'il faut garder à l'esprit que des personnes continuent de consommer du fentanyl et d'autres opioïdes, des substances aux effets dévastateurs, pour toutes sortes de mauvaises raisons. C'est pourquoi je considère que le système de justice criminelle doit intervenir de façon responsable.
C'est un point que je voulais aborder tout à l'heure quand j'ai répondu à M. Lloyd au sujet de la réforme des peines en matière criminelle. Il faut absolument nous assurer que pour ceux dont les actes ont des conséquences dévastatrices pour les innocents qui consomment des substances fortement réglementées...
:
Merci, monsieur le président. Je suis très contente d'être ici.
Merci, monsieur le ministre, d'être revenu nous voir. Je suis ravie de vous recevoir. Vous faites partie de nos fidèles, et je vous en suis reconnaissante.
Nous discutons du très grave problème de la violence par armes à feu dans nos villes. Vendredi dernier, j'ai visité le quartier général de la police de Winnipeg, où on m'a présenté un tour d'horizon assez large de ce qui se fait sur le terrain pour lutter contre les gangs de rue. C'était fort édifiant. J'ai vu un demi-million de dollars de méthamphétamines et des tonnes d'argent, beaucoup plus que je n'en ai jamais vu dans ma vie. Il y avait aussi une table pleine d'armes à feu illégales qui ont été saisies durant une grande opération. La police mène ce genre d'opérations sur une base continue et saisit presque tous les mois des quantités aussi importantes d'armes à feu, de drogues et d'argent liquide.
Comme toutes les armes à feu que j'ai vues sur la table sont déjà interdites au Canada, je me pose la question... Votre gouvernement parle beaucoup d'investissements de plusieurs milliards de dollars dans un soi-disant programme de rachat et l'interdiction des armes de poing, dont vous avez parlé aujourd'hui.
Comment l'interdiction de certaines armes à feu au Canada pourra‑t‑elle empêcher la circulation d'armes comme celles que j'ai vues de mes propres yeux puisqu'elles sont déjà interdites? Ce sont ces armes qui sont utilisées contre des Canadiens actuellement.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre.
Je vais commencer par un commentaire. Mon commentaire et la question qui suivra s'adressent aux représentants de la GRC, de la Sécurité publique et de la Justice.
Je n'avais jamais entendu parler des technologies d'armes intelligentes avant cette année. Je ne savais pas que ces technologies existaient. Nous avons aujourd'hui toutes sortes de technologies pour sécuriser les appareils. Les services policiers ont utilisé l'authentification à deux facteurs pendant des années pour protéger leurs ordinateurs. Ils utilisent des jetons électroniques et des mots de passe. Comme vous le savez, les automobiles sont munies d'une panoplie de dispositifs de sécurité.
En 2018, une fusillade a coûté la vie à deux jeunes femmes à Danforth. Elles étaient dans la fleur de l'âge. L'arme à feu utilisée lors de cette fusillade était légale, mais elle avait été volée chez un marchand en Saskatchewan, en 2015. Une poursuite a été lancée contre Smith & Wesson, dans laquelle il était allégué que même si les technologies d'armes intelligentes existent depuis plus de 20 ans, elles ne sont pas encore intégrées aux armes à feu vendues aux États-Unis et au Canada. Dans cette poursuite, il était reproché à Smith & Wesson d'avoir conclu une entente avec le gouvernement américain en 2000 par laquelle elle s'engageait à intégrer les technologies d'armes intelligentes à la conception des nouvelles armes en mars 2003. La société ne l'a pas fait. L'arme à feu utilisée dans la fusillade de Danforth a été fabriquée en 2005.
Pouvez-vous expliquer au Comité comment il est possible de restreindre l'utilisation d'une arme intelligente au moyen de données biométriques, ou de faire en sorte que seul le propriétaire de ce type d'armes puisse les utiliser? Est‑ce que c'est possible d'imposer ces restrictions?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vais profiter de ces deux minutes et demie pour vous parler du nouveau projet de loi que vous avez l'intention de déposer. Ce sera peut-être une nouvelle mouture du projet de loi . Je l'espère, parce qu'il n'avait pas fait plaisir à grand monde, y compris le lobby des armes à feu et les gens qui veulent un plus grand contrôle des armes à feu.
J'aimerais savoir quelles sont vos intentions quant à ce projet de loi. Allez-vous revoir l'interdiction de certaines armes à feu, qui avait été annoncée dans le décret de mai 2020?
Mme Dancho a bien expliqué à quel point cette interdiction comporte des lacunes. Par exemple, des armes ayant exactement les mêmes capacités ne se retrouvent pas sur la liste des armes prohibées et sont toujours légales au Canada, tandis que d'autres armes similaires sont interdites.
En ce moment, au Canada, au moins huit fusils semi-automatiques à percussion centrale ont été fabriqués et trois d'entre eux ont été mis sur le marché dans les dernières semaines. Des fabricants profitent pleinement des lacunes du décret de 2020 pour mettre constamment de nouvelles armes sur le marché et pour contourner ces interdictions.
Lors d'un débat à la Chambre, j'avais proposé à la secrétaire parlementaire, Mme Pam Damoff, qui est avec nous aujourd'hui, que nous puissions peut-être procéder autrement en définissant ce qu'est une arme prohibée dans le Code criminel, plutôt que d'y aller à la pièce en nommant des types d'armes. En effet, il y en a toujours de nouvelles qui peuvent arriver sur le marché.
Est-ce que cela pourrait être une avenue à explorer, soit de modifier directement la disposition dans le Code criminel au lieu d'y aller à la pièce?
:
Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins d'être ici.
Madame la commissaire Lucki, j'aimerais revenir sur des questions que je vous avais posées lors de votre dernière comparution, et M. Chiang s'engageait aussi dans cette voie.
Quand nous élaborons des lois et des règlements destinés à assurer la sécurité des Canadiens et à empêcher des criminels de se procurer des armes à feu, nous devons comprendre le problème. Pour ce faire, nous avons besoin de statistiques et d'analyses fiables et solides.
De nombreux témoins, dont vous, nous ont parlé de la provenance des armes à feu que les criminels utilisent et nous obtenons des données incohérentes, voire contradictoires. Je tiens donc à examiner cette question avec vous afin de mieux saisir la situation. Vous venez de dire que 69 % des armes à feu utilisées à des fins criminelles sont d'origine nationale, mais d'autres témoins nous ont dit tout le contraire, à savoir que 85 % de ces armes à feu seraient importées en contrebande des États-Unis.
Comme vous êtes tous des témoins crédibles, je suppose que nous utilisons des définitions différentes d'une arme à feu utilisée à des fins criminelles. Des représentants de Statistique Canada ont aussi comparu devant nous. Ils ont dit qu'ils se penchent sur cette même question.
Vous pourriez peut-être nous en dire plus à ce sujet. Avons-nous besoin de meilleures statistiques afin d'élaborer de meilleures lois?
:
Bien sûr, monsieur McKinnon.
Avant de vous donner l'essentiel de ma réponse, je veux prendre un moment pour saluer les victimes et les groupes de défense qui, depuis longtemps je pense, proposent des idées mûrement réfléchies et concrètes pour aider à créer des collectivités plus sûres. Je tiens à les saluer parce que je sais que pour bien des gens, les blessures sont encore très profondes. Je pense qu'il est très important que nous comprenions et que nous reconnaissions vraiment, quelle que soit notre allégeance politique, que les points de vue qu'ils présentent sont inspirés par certaines des tragédies les plus difficiles à imaginer dans nos sociétés. Il est certain que pas un jour ne passe sans que je me demande — et j'espère que nous nous demandons tous — ce que nous devons faire de plus. Pour ma part, la réponse consiste, entre autres, à nous assurer de mettre en oeuvre un programme de rachat, précisément en raison du point que vous avez soulevé, que M. Chiang a soulevé, et que bien des gens ont soulevé, à savoir que les armes à feu peuvent être détournées, qu'elles soient légales au départ ou qu'elles soient ensuite modifiées pour devenir quelque chose d'interdit ou d'illégal, et qu'elles peuvent être utilisées à des fins dévastatrices.
Nous avons entendu M. Chiang parler de la fusillade de Danforth, qui est survenue dans ma ville natale de Toronto. Nous devons réduire et éliminer complètement ce genre de possibilités, et un programme de rachat y contribuera sans aucun doute.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, de votre présence. Nous semblons fréquenter les mêmes cercles ces derniers temps, et c'est un plaisir de vous voir ici.
Monsieur le ministre, j'ai quelques questions à vous poser. Je n'essaie pas de vous mettre sur la sellette, c'est simplement pour mon information.
Je me fais chahuter de mon propre côté. Cela devient gênant.
Des voix: Oh, oh!
M. Doug Shipley: Je n'essaie pas de vous mettre sur la sellette, j'essaie de comprendre pour ma propre information.
Je ne possède pas d'arme à feu. Je n'ai pas de permis de possession et d'acquisition. Avez-vous votre permis d'acquisition, un PPA?
Je suis récemment allé au Barrie Gun Club, un grand club de tir situé, évidemment, dans ma circonscription de Barrie-Springwater-Oro-Medonte, pas très loin de chez vous. Nous serions ravis de vous y accueillir un jour. On y trouve trop de bonnes personnes. Je suis sûr qu'elles vous accueilleraient à bras ouverts.
C'était intéressant, et nous en avons déjà parlé un peu aujourd'hui. Ils ont étalé à mon intention tout un tas d'armes à feu sur une table de pique-nique, pour m'éduquer un peu. J'essayais d'apprendre et ils me montraient différentes armes à feu qui tiraient exactement de la même manière, mais certaines avaient un canon en plastique et d'autres en bois. Pour une personne comme moi, qui n'est pas un fervent propriétaire d'armes à feu et qui n'en connaît pas grand-chose, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi l'une était interdite et l'autre pas. Vous semblez être au même niveau que moi — peut-être un peu mieux renseigné, je vous l'accorde — mais vous ne les avez pas beaucoup utilisées non plus. Pourriez-vous essayer de m'expliquer pourquoi votre interdiction des armes à feu a visé une catégorie et non l'autre?
Je vais vous donner un autre exemple, si vous le permettez, monsieur le ministre. L'un de ces messieurs aide depuis 15 ans les agriculteurs de la région d'Oro à se débarrasser des coyotes au printemps et il utilise un Ruger Mini‑14 depuis de nombreuses années. J'ai dû faire des recherches, car je ne connaissais pas cette arme. C'est un citoyen honnête de notre communauté et il a aidé gratuitement les éleveurs en les débarrassant de quelques coyotes en zone rurale. Cette arme est maintenant interdite. Il ne peut plus l'utiliser, donc ce printemps, il ne pourra plus aller aider ces éleveurs, même s'il utilise cette arme depuis 15 ans.
Pouvez-vous expliquer certaines de ces différences et comment une personne comme elle pourrait désormais se voir interdire l'utilisation de cette arme à feu?
:
Je vous remercie de votre réponse.
Pour poursuivre, tous les critères que vous avez cités — et je ne suis pas un expert en armes à feu — étaient exactement les mêmes, le calibre, la longueur, tout. L'une est étiquetée « plastique » et l'autre « bois », mais je vais en rester là pour l'instant. Lors de votre visite, nous examinerons la question et nous obtiendrons la réponse par nous-mêmes. Nous pourrons examiner la question.
J'ai une autre question. Au cours de cette étude, nous avons entendu d'excellents témoins et des témoignages déchirants.
Entre autres, nous avons entendu le Dr Caillin Langmann, un universitaire et un médecin accompli qui a publié trois articles différents dans des revues à comité de lecture. Dans tous ses articles, il emploie différents modèles statistiques et analyse dans tous les cas le lien entre le cadre législatif et réglementaire sur les armes à feu et les homicides et les suicides.
Dans tous ces articles, il en arrive à la même conclusion, à savoir que la législation sur les armes à feu — qui comprend les rachats et les interdictions — ne fait pas baisser les taux généraux d'homicides et de suicides. Au contraire, il est possible de réduire les taux d'homicide et de suicide en se concentrant sur les problèmes de santé mentale, la toxicomanie, les facteurs socioéconomiques et d'autres facteurs systémiques.
Monsieur le ministre, pourriez-vous me dire alors ce qui vous distingue, le Dr Langmann et vous et peut-être votre gouvernement et vos procédures, en ce qui concerne le rachat et l'interdiction des armes à feu?
:
Merci pour la question.
Tout d'abord, je dirais que l'approche que nous adoptons dépend beaucoup du mode. Pour le mode ferroviaire, nous nous appuyons sur des renseignements commerciaux préalables. De plus, avec les transporteurs ferroviaires qui sont des négociants de confiance, les produits eux-mêmes sont considérés comme étant sous douane jusqu'à leur arrivée au pays. Nous savons comment ils assurent la sécurité des moyens de transport.
Pour mettre les choses en perspective, entre deux et deux millions et demi de wagons entrent au pays chaque année. Lorsque je compare ce niveau de risque avec celui du régime des voyageurs ou d'autres modes de transport, et compte tenu des données et du profil de risque, nous pensons que le rail ne représente pas un risque aussi important que le syndicat l'affirme.
Bien honnêtement, lorsque nous faisons des interventions, nous ne nous limitons pas à la frontière. L'intervention aurait lieu au premier point où nous pouvons la mener en toute sécurité. Cela dépend beaucoup des marchandises transportées.
Nous aimerions commencer à travailler en amont, là où les wagons sont assemblés aux États-Unis, en utilisant l'approche du renseignement sur laquelle nous nous concentrons actuellement, pour faire en sorte de cibler le bon train avant son entrée dans le pays.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, nous parlions des armes d'assaut de type militaire et du programme de rachat. J'étais contente de voir votre gouvernement s'engager à le rendre obligatoire, ce qui n'était pas le cas dans le défunt projet de loi , où l'on proposait de rendre ce programme facultatif.
Je vous remercie de votre ouverture quant à notre proposition de définir ce qu'est une arme dans le Code criminel. J'ai hâte que nous tenions des discussions à ce sujet. Cela fait quelque temps que le Bloc québécois le propose, et je suis contente de voir le NPD se ranger à notre avis. Je pense que cela peut être une bonne solution.
J'aimerais que nous parlions maintenant de l'interdiction des armes de poing. Dans les derniers mois, votre gouvernement a soudainement décidé que l'interdiction des armes de poing ne relevait plus de sa compétence. Il a pelleté cela dans la cour des municipalités. On comprend que c'était contre-productif de faire cela. Dans ma circonscription seulement, il y a 56 municipalités. S'il y avait une réglementation différente d'une municipalité à l'autre, on ne s'en sortirait pas. On a eu l'idée de transférer le dossier aux provinces, mais aucune d'elles n'a pris la balle au bond et décidé d'interdire les armes de poing.
Ne croyez-vous pas que ce serait plus productif et plus efficace que ce soit le gouvernement fédéral qui s'en occupe, comme c'est son devoir de le faire, et qu'il élabore une mesure fédérale pour interdire les armes de poing?
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Madame Michaud, je partage vos inquiétudes concernant le problème lié aux armes de poing.
Je sais que, au cours des derniers mois, la situation a été très difficile pour les communautés de Montréal. Plusieurs tragédies sont survenues. Plusieurs personnes ont trouvé la mort, et cela est inacceptable.
C'est l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement fédéral, par le truchement de mon ministère, a pris des mesures concrètes, par exemple le financement accordé au Québec et l'ajout de ressources pour aider la province. Je viens juste d'annoncer un autre programme pour Montréal la semaine dernière. C'est un autre exemple des mesures que prend le gouvernement pour Montréal et votre province.
Pour ce qui est de la réglementation sur les armes de poing, je travaille, et je suis toujours prêt à le faire, avec mon homologue du Québec, la ministre Geneviève Guilbault. Nous nous sommes parlé la semaine dernière pour rechercher des solutions afin que la province puisse mettre en place une réglementation provinciale tout en respectant les compétences fédérales concernant les armes à feu et les armes de poing.
C'est merveilleux d'être ici avec vous tous aujourd'hui.
J'aimerais revenir un peu en arrière, à l'époque où vous avez pris le décret en 2020, après l'horrible fusillade qui a eu lieu en avril en Nouvelle-Écosse, et aussi les incidents horribles qui se produisent dans vos collectivités, comme au centre-ville de Toronto, ainsi qu'à Montréal.
Je suis très préoccupée, toutefois, parce que nous parlons de ce programme de rachat d'armes à feu et nous disons: « Voici le décret; nous retirons ces armes ». Cependant, je remarque que, bien souvent, nous parlons de la violence faite aux femmes par rapport aux armes à feu et je suis très inquiète, car je pense que nous faisons parfois croire aux gens que nous allons régler ce problème si nous faisons cela.
Je vais commencer très simplement. En 2018, il y a eu un peu moins de 600 victimes d'incidents violents entre partenaires intimes déclarés par la police dans lesquels une arme à feu était présente, en hausse par rapport à 401 en 2013. Quelles mesures prend‑on pour garantir que les armes à feu n'entrent pas en jeu lorsqu'il s'agit de violence conjugale et de violence entre partenaires intimes?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, merci d'être ici, et merci à tous les autres témoins.
Je vais concentrer mes questions sur l'amont, l'aval et l'inclusion de la diversité en général. J'aimerais commencer par la commissaire Lucki.
Dans un témoignage précédent, M. Robert Henry, professeur adjoint au Département d'études autochtones de l'Université de la Saskatchewan, nous a dit que « l'embauche de policiers autochtones plus nombreux ne change pas vraiment grand-chose si la culture de la police elle-même ne change pas elle aussi ».
Pour ce qui est de la GRC, je suis sûr que vous êtes à l'écoute de la question de la condition autochtone et du respect de la culture autochtone, et j'aimerais que vous nous disiez dans quelle mesure la GRC se concentre sur la question des Autochtones et dans quelle mesure elle est reconnaît leur culture.
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Merci, monsieur le ministre.
Je vois d'un très bon oeil les investissements réalisés. J'ai le sentiment qu'un milliard de dollars peut faire toute la différence pour arrêter ce problème croissant, qui augmente en capacité au fil des jours et des années. Je l'ai vu de mes propres yeux.
Un autre problème est celui des programmes de déjudiciarisation pour les jeunes. Votre gouvernement a également investi de l'argent dans ce domaine, je lui en sais gré, mais nous avons entendu des organisations sur le terrain dire qu'elles n'ont pas encore vu une quantité significative de cet investissement quinquennal de 250 millions de dollars. Cela n'a pas eu l'effet escompté par votre gouvernement.
Nous avons entendu Marcell Wilson, par exemple, qui est un ancien membre de gang. Il avait l'habitude de faire entrer clandestinement des armes à feu au Canada, presque à un niveau professionnel du crime organisé. C'est en quelque sorte un expert en la matière.
Nous avons également entendu le Bear Clan, qui est une organisation autochtone à la base dirigée par une matriarche à Winnipeg. Selon lui, personne ne prévoit que, par le simple fait que quelque chose est interdit, les criminels qui manipulent ces armes illégalement, qui les possèdent illégalement ou qui possèdent des armes à feu déjà interdites vont vous remettre leurs armes. Rien ne laisse entrevoir une telle possibilité. Je vous ai déjà posé cette question.
Ce qu'il voulait dire, c'est que si votre gouvernement va dépenser des milliards de dollars, donnez-leur pour qu'ils puissent détourner les jeunes des gangs. Cela aurait vraiment un impact à long terme sur la violence armée si nous pouvions injecter un milliard de dollars, par exemple, dans des programmes de déjudiciarisation pour les jeunes plutôt que dans le rachat des armes de poing et leur interdiction.
Je pense que c'est urgent et je préférerais de loin voir votre gouvernement aiguiller cet argent vers des programmes de déjudiciarisation pour les jeunes.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je profite de l'occasion pour remercier les témoins qui ne sont pas avec nous en personne aujourd'hui. Je remercie la commissaire de la GRC, Mme Lucki, qui se rend souvent disponible pour nous. Nous lui en sommes très reconnaissants.
Quand nous avons l'occasion d'accueillir un ministre, nous aimons lui poser des questions.
Monsieur le ministre, je veux revenir sur l'interdiction des armes de poing. Lors de la campagne électorale, votre gouvernement, pour se dédouaner d'avoir dit que ce serait les provinces qui allaient gérer ce dossier, a décidé de leur donner un milliard de dollars à cette fin. Certains ont alors laissé entendre que ce milliard de dollars était peut-être prévu pour le programme de rachat des armes. Le directeur parlementaire du budget a dit que ce programme de rachat pourrait coûter jusqu'à 756 millions de dollars, ce qui laisse peu d'argent pour l'interdiction des armes de poing.
Je suis curieuse au sujet de la provenance de ce milliard de dollars. Pouvez-vous nous faire une ventilation des différents budgets et nous dire où les sommes doivent être dirigées?
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Vous avez tout à fait raison, monsieur Zuberi, et je pense que ce sont les organisations comme celles qui ont comparu à ce comité qui vous présentent une illustration concrète de la façon dont les investissements fédéraux se traduisent en collectivités plus sûres.
Je pense aux divers investissements que nous avons faits pour réduire la violence liée aux armes à feu et aux gangs, au fonds pour la création de collectivités plus sûres, que je suis fermement déterminé à faire en sorte qu'il ait un impact positif dans nos collectivités et aussi, une fois que le financement est là, à nous retirer du tableau.
Je pense que nous, au gouvernement, devons vraiment laisser la place aux jeunes dans un large éventail de collectivités, car ils sont mieux placés pour proposer des solutions en matière de mentorat mutuel. J'entends souvent dire dans ma propre collectivité que ceux qui ont eu une expérience au sein de gangs et qui se sont réhabilités sont vraiment bien placés pour offrir des conseils, des consultations et un soutien, ainsi que d'autres personnes qui œuvrent au sein de la collectivité.
Je pense que nous devons créer ces espaces, et il ne s'agit pas seulement d'espaces physiques réels. Nous devons nous assurer que nous donnons un siège à la table aux personnes qui vivent dans les collectivités et qui ressentent de manière très viscérale, quotidiennement, l'impact négatif de la violence armée, afin qu'elles puissent être le moteur des solutions et assumer un rôle de leadership. C'est ainsi que nous réduirons les crimes commis avec des armes à feu, à mon avis, et je m'engage à travailler avec vous et tous les parlementaires pour faire en sorte que cela se produise.