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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 109e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes.
Avant que nous commencions, j'aimerais demander à tous les députés et aux autres participants dans la salle de consulter les cartons placés sur la table pour connaître les lignes directrices visant à prévenir les incidents de retour de son. Veuillez prendre note des mesures préventives suivantes pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris, en particulier, des interprètes. N'utilisez qu'une oreillette noire approuvée. Tenez toujours votre oreillette éloignée de tous les microphones. Lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, placez‑la face vers le bas sur l'autocollant destiné à cet usage. Veuillez consulter les cartons qui sont sur la table pour connaître les lignes directrices. L'aménagement de la salle a été modifié pour augmenter la distance entre les microphones et réduire le risque de retour de son causé par une oreillette captant le son ambiant.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des membres du Comité et des témoins. Veuillez s'il vous plaît attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont offerts.
Conformément à la motion de régie interne du Comité sur les tests de connexion des témoins, on m'a informé que tous les témoins ont réussi les tests de connexion requis avant la réunion.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 29 janvier 2024, le Comité reprend son étude sur l'approche du Canada à l'égard de l'Afrique.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous avons la chance de recevoir trois ambassadeurs. Nous accueillons M. Michael Callen, notre ambassadeur en Algérie; M. Ben Marc Diendéré, observateur permanent auprès de l'Union africaine et de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique; et M. Christopher Thornley, notre haut-commissaire auprès de la République du Kenya.
Je dois ajouter, à l'intention des membres du Comité, que nous espérions également recevoir l'ambassadrice Lorraine Anderson, du Cameroun. Malheureusement, elle pensait avoir les bons écouteurs, mais il s'est avéré qu'ils ne convenaient pas. Elle ne sera donc pas des nôtres aujourd'hui.
Pour ce qui est des ambassadeurs, je crois comprendre que l'ambassadeur Diendéré s'exprimera au nom des trois ambassadeurs. Lorsque les membres vous poseront des questions par la suite et que votre temps sera presque écoulé, je brandirai cette carte, ce qui signifie que vous aurez 10 ou 15 secondes pour conclure.
Bienvenue, monsieur Diendéré. La parole est à vous. Vous disposez de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, j'ai l'honneur de vous parler aujourd'hui, même à une heure aussi tardive pour nous. Il est 23 heures pour moi et 21 heures pour mon collègue Michael Callan. Nous sommes quand même très heureux d'être ici pour rencontrer les membres du Comité.
Je m'appelle Ben Marc Diendéré. Je suis observateur permanent du Canada auprès de l'Union africaine et je suis le premier à occuper cette fonction à temps plein. Ce soir, je suis accompagné de mes collègues Michael Callan, ambassadeur du Canada en Algérie, et Christopher Thornley, haut-commissaire du Canada en République du Kenya et représentant permanent du Canada auprès du Programme des Nations unies pour les établissements humains et du Programme des Nations unies pour l'environnement.
Monsieur le président, nous témoignons aujourd'hui à peine deux jours après la Journée mondiale de l'Afrique. C'est vraiment un honneur d'être ici. Je suis certain que nous avons l'appui des 25 autres chefs de mission canadiens sur le continent africain.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs, mes remarques d'aujourd'hui décriront brièvement les possibilités et les défis liés à la promotion de l'engagement du Canada auprès des pays et des institutions d'Afrique. Mes collègues et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.
En ce qui concerne les possibilités, selon les prévisions, l'Afrique sera la deuxième région du monde à connaître la plus forte croissance en 2024, après l'Asie. Elle possède l'une des classes moyennes dont la croissance est la plus rapide, ce qui constitue une source de dynamisme et un vaste potentiel de marché. L'écart de richesse demeure important et 60 % des personnes extrêmement pauvres dans le monde vivent en Afrique subsaharienne.
[Français]
L'écart de développement reste profond sur ce continent. L'explosion démographique de la jeunesse du continent — 70 % de la population de l'Afrique subsaharienne est âgée de moins de 30 ans — représente une occasion, mais également des défis. Par exemple, le manque de compétences adéquates adaptées au marché et aux possibilités d'emploi est un obstacle à leur contribution importante au développement économique.
[Traduction]
Les effets du changement climatique et les défis en matière de paix et de sécurité accentuent les vulnérabilités, en particulier chez les femmes et les jeunes, et menacent le bien-être des jeunes Africains.
Les pays et les institutions d'Afrique explorent de manière proactive diverses options pour relever leurs défis nationaux, régionaux et continentaux. Ils recherchent des partenariats mutuellement avantageux qui répondront à leurs besoins et qui leur donneront les moyens de relever leurs propres défis.
Ils se diversifient et renforcent leurs relations avec des puissances économiques mondiales comme la Chine et l'Inde, et des partenaires comme la Turquie et les États du Golfe. Ils le font de manière bilatérale et dans le cadre de forums multilatéraux tels que le bloc BRICS et le G20.
Dans un environnement mondial qui évolue rapidement et en réponse aux appels de nos partenaires africains, Affaires mondiales Canada redéfinit son engagement à l'égard de ce continent afin de mieux tirer parti des intérêts mutuels avec les institutions et les pays africains et de soutenir des partenariats avantageux pour tous.
Ma nomination en tant que premier observateur permanent du Canada auprès de l'Union africaine témoigne de notre intention d'élargir et d'approfondir l'engagement du Canada sur le continent et de notre volonté de renforcer les partenariats avec l'Union africaine et ses organisations.
L'Union africaine est une organisation prééminente sur le continent et notre engagement auprès d'elle favorise nos intérêts mutuels en matière de commerce, d'investissements, de démocratie, de droits de la personne et de développement humain. Ensemble, nous explorons de nouvelles et meilleures façons de travailler, y compris avec le secteur privé, pour relever les défis du développement, ainsi que pour nous occuper d'autres priorités continentales telles que la paix et la sécurité.
[Français]
L'engagement global du Canada envers l'Afrique est guidé par la vision stratégique de l'Union africaine pour le continent présentée dans l'Agenda 2063. C'est la pierre angulaire de l'avenir du continent. L'Agenda 2063 présente également son projet pilote de la zone de libre-échange continental. Notre série de dialogues de haut niveau avec l'Union africaine s'est avérée être une plateforme où nos priorités communes peuvent être discutées et où des approches communes peuvent être établies.
Le plus récent de ces dialogues a eu lieu à Addis‑Abeba au début du mois. Le a coprésidé avec les dirigeants de la Commission de l'Union africaine des discussions sur la manière de faire évoluer notre aide internationale pour mieux répondre aux besoins et aux priorités indiqués par les pays et les institutions d'Afrique.
[Traduction]
En avril, le Canada a accueilli Adeoye Bankole, commissaire chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité, à Ottawa. Il a rencontré la et des responsables d'Affaires mondiales Canada et il a comparu devant le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international.
Si notre partenariat avec l'Union africaine est important pour les raisons que j'ai décrites, nous ne devons jamais perdre de vue que l'Afrique est un vaste continent composé de 54 pays différents avec des économies, des cultures et des langues diverses. Les institutions et les pays africains ont été très clairs quant à leurs intérêts et à leurs priorités.
À l'échelle continentale, l'Agenda 2063 de l'Union africaine présente une vision à long terme, axée sur une croissance économique durable et inclusive et sur la bonne gouvernance.
À l'échelle nationale, comme mes collègues peuvent en témoigner, des plans nationaux sont en place. Entre ces unités de gouvernance se trouvent les communautés économiques régionales, qui ont leurs propres plans stratégiques.
[Français]
Les gouvernements et les institutions d'Afrique ont été clairs sur leurs intérêts et leurs priorités.
[Traduction]
Ce que j'entends de la part des représentants des pays à l'Union africaine, et ce que nos chefs de mission entendent dans le cadre de nos relations bilatérales vitales...
:
Merci, monsieur Oliphant.
Je pense que notre plus grand défi consiste probablement à susciter davantage d'intérêt et d'efforts de la part du Canada, que ce soit du côté des entreprises et de la société civile, ou des relations de gouvernement à gouvernement. Il y a beaucoup de distractions dans le monde en ce moment, et de nombreux défis. Il ne faut pas perdre de vue que l'Afrique est un continent en pleine croissance, avec de nombreux pays qui ont un potentiel énorme et d'autres qui ont de grands besoins. La Somalie fait également partie de mon mandat, un pays qui a un besoin criant et continu d'aide humanitaire et au développement.
Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour redoubler nos efforts. J'ai également travaillé dans le domaine du développement commercial, et j'ai été très heureux de voir dans l'énoncé économique de l'automne dernier, ainsi que dans le budget, des mesures visant à accroître l'appétit pour le risque, par exemple, de la part de sociétés d'État comme EDC et la CCC, ce qui aidera à atténuer les risques liés à certaines activités commerciales.
Bien sûr, nous avons multiplié nos efforts pour tisser des liens interpersonnels et autres qui sont d'une importance critique au développement de nos relations avec les pays africains.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie infiniment nos témoins.
Je vous remercie de votre disponibilité, de votre présence à une heure aussi tardive et de vos observations.
Je pense que M. Diendéré a bien illustré, dans ses propos, l'importance de l'Afrique pour le Canada et les possibilités qu'elle offre. Encore faut-il que le Canada parvienne à mettre ses idées en place quant à ce qu'il entend faire. Dans la foulée de la publication de la Stratégie du Canada pour l'Indo‑Pacifique, il a été question d'une stratégie africaine, puis c'est devenu un cadre, puis une politique. Lorsque nous avons reçu les hauts fonctionnaires du gouvernement, on ne savait plus trop de quoi il s'agissait. Par conséquent, on a l'impression que le gouvernement gouverne ou navigue à vue pour ce qui est de la question de l'Afrique. D'après les hauts fonctionnaires d'Affaires mondiales Canada, il y a eu une consultation approfondie, au Canada et en Afrique, afin d'en apprendre davantage sur les possibilités de mobilisation sur le continent. Cette consultation aurait pris fin le 31 juillet dernier.
Ma question est fort simple. Le corps diplomatique canadien sur le continent a-t-il été appelé à prendre part à ces consultations?
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Merci beaucoup, monsieur Bergeron.
Oui, nous avons participé à des consultations. Pour ma part, je débutais dans mes fonctions. J'ai donc été consulté sur ce que je savais de ces questions. Je sais que des efforts sont déployés ici et là pour achever rapidement la réflexion.
Pour tout vous dire, la question en ce moment est plutôt de savoir si on suit le rythme de l'Afrique. On peut penser à ce qui arrive à l'Union africaine. Comme vous le savez, c'est une période de grande transition. On change tout le leadership, là-bas. Le Canada se prépare à soumettre une décision favorable. La décision concernant le nom pourrait revenir ici et là dans les échanges. J'ai suivi cela et l'ai entendu, mais mes observations sur le terrain m'indiquent que nous ne sommes pas les seuls à réfléchir à la façon dont nous allons définir notre engagement envers ce continent.
J'ai tenu des discussions avec des diplomates de très haut niveau, de pays très avisés, mais qui, néanmoins, en sont aussi à réfléchir à la façon de se positionner et de définir l'ensemble de la démarche qu'ils vont entreprendre avec le continent.
Ce n'est pas nouveau pour nous et ce ne sera pas la dernière fois que nous trouverons le ton approprié. Je suis très heureux qu'on prenne le temps de travailler à cela, parce que cette situation peut engendrer beaucoup de déceptions ou de questionnements, surtout au sujet de l'état actuel de notre relation avec le continent.
:
Merci, monsieur Bergeron.
Je ne peux pas répondre pour les Africains. Je peux cependant vous parler de la façon dont ils ont reçu la décision du Canada de nommer un observateur permanent.
J'aimerais préciser, pour que les membres du Comité le sachent, que seuls cinq pays ont deux représentants sur le continent, dont un qui se consacre aux relations bilatérales et un autre qui s'occupe des relations avec le continent, c'est-à-dire des relations multilatérales. Outre le Canada, il s'agit des États‑Unis, de l'Italie, de la Suisse et du Japon. Nous faisons donc partie d'une cour très réduite de gens que les Africains observent et qui pourraient, selon eux, s'engager de façon satisfaisante dans les projets qu'ils présentent.
Je continue à penser, sans toutefois m'appuyer sur un sondage scientifique, que la réputation du Canada est encore très bonne. Ces gens ont des attentes envers nous et les ambitions sont grandes, mais l'expérience du Canada couvre plusieurs secteurs, notamment ceux, très connus, de l'éducation et de l'agriculture. Je parlerais même de celui de l'énergie. Ces gens voient très bien que le Canada possède une expertise qu'il peut appliquer sur le terrain. Pour ma part, je suis très confiant quant à la relation qui se développe avec l'Union africaine en ce moment.
Pour ce qui est des pays qui ont une relation de désamour avec le continent, nous n'avons pas de rôle à jouer, à part celui d'observer clairement et de s'assurer de ne pas faire les mêmes erreurs que les autres pays quand ils ont décidé de travailler avec l'Union africaine, ses institutions et le continent lui-même.
:
Merci. Je vais donc tout de suite camper le sujet en prévision du prochain tour de questions.
La question de la Francophonie est l'un des éléments qui nous indiquent que l'Afrique est une terre de possibilités et qu'elle est prometteuse pour l'avenir. On estime que, grâce à l'Afrique, le français pourrait être la langue qui connaîtra la croissance la plus importante au cours des prochaines décennies. Cependant, M. Jean‑Louis Roy nous a indiqué lors de sa comparution devant le Comité que, pour ce faire, il fallait construire des écoles afin de suivre l'important développement démographique de l'Afrique et que, en l'absence d'écoles françaises, on allait évidemment apprendre l'arabe, l'ourdou, le wolof ou le swahili, mais pas le français.
Préparez-vous, messieurs, je vais revenir à cette question lors du deuxième tour.
Je remercie également tous les témoins d'être ici aujourd'hui et de nous faire profiter de leur expertise. Je vous remercie de votre service.
Je vais commencer par vous, monsieur Diendéré.
Vous avez parlé du pouvoir de l'Union africaine. Nous savons maintenant que l'Union africaine reconnaît de plus en plus que, lorsque ses membres votent en bloc et travaillent ensemble dans des tribunes multilatérales, ses chances de réussites sont meilleures. Je me demande si, selon vous, le Canada s'en est suffisamment rendu compte. Nous avons vu, par exemple, le vote sur le siège au Conseil de sécurité. Nous n'avons pas réussi, en partie parce que les pays du continent africain n'ont pas appuyé notre candidature.
Je me demande si notre façon d'interagir avec l'Union africaine a besoin d'être rafraîchie. Je sais que c'est une question à laquelle il vous est difficile de répondre, mais je tenais à la poser.
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Oui, laissez-moi parler.
Il est important de noter que, en ce moment, sur le continent, ce n'est pas seulement une question d'influence. Il s'agit de savoir qui peut apporter quelque chose de nouveau. La donne est effectivement en train de changer.
[Français]
Les choses changent rapidement du côté de la Francophonie, de la lusophonie et du Commonwealth.
[Traduction]
Les trois groupes sont actifs sur le continent. Ajoutez à cela les États du Golfe, l'Inde, la Chine et la Russie.
[Français]
C'est ce qu'il se passe sur le continent, en ce moment. Ces trois groupes linguistiques ne jugent pas le Canada. On ne m'a jamais jugé sur quoi que ce soit. En effet, les choses changent très vite sur le continent. Entre le moment où je suis arrivé et maintenant, l'Union africaine est entrée dans le G20, l'Éthiopie et quelques pays sont rentrés dans le BRICS. Cela change tellement vite que même la dynamique sur le continent a besoin d'un suivi constant.
Le Canada s'en rend-il compte? Je pense que oui, parce que toutes nos mesures, en ce moment, sont dirigées vers les communautés linguistiques. Nous y reviendrons avec M. Bergeron. Toutes nos discussions ont renforcé notre multilatéralisme, l'État de droit. Ce sont des moyens, pour nous, de rester pertinents.
Effectivement, l'influence de l'Afrique reste très forte. C'est un continent de 54 pays, dont plus de la moitié parlent français.
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Madame la députée, je vous remercie de votre question.
Nous sommes à toutes les tables de discussion, notamment au sein de l'IGAD, soit l'Autorité intergouvernementale pour le développement, qui est l'autorité régionale. Nous sommes autour de la table avec nos partenaires des États‑Unis ou de la Grande‑Bretagne pour renforcer le message de paix. Nous avons des experts sur la question du Soudan, qui suivent et appuient les autorités de l'Union africaine, en ce moment. Même l'Union africaine a eu de la difficulté à s'organiser en ce qui a trait au Soudan. Le sujet a glissé, de temps en temps, mais les experts sont revenus à la charge.
Je pense qu'on a organisé une table de concertation pour arriver à une solution avec le Soudan. Cette concertation aura lieu si, et seulement si, les belligérants veulent mettre fin aux conflits.
Nous avons des partenaires aux Nations unies que nous suivons, dont la responsable de la Corne de l'Afrique, qui est une très bonne alliée du Canada. D'ailleurs, nous l'avons rencontrée régulièrement. Quand ils sont arrivés, nos hauts fonctionnaires l'ont rencontrée pour renforcer la position du Canada en vue de trouver une solution pour le Soudan.
Notre pays a quand même encore beaucoup de crédibilité aux tables de discussion pour qu'on puisse avoir une oreille attentive.
Je vais poursuivre, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.
Je suis d'accord pour dire qu'il s'agit d'un environnement hautement concurrentiel. Le Kenya est un pays plus avancé. Nous observons les nombreuses démarches, par exemple, des pays comme la Turquie ou les États du Golfe. Leur présence est connue et bien en vue.
La Turquie a ouvert des ambassades dans presque tous les pays du continent. Je ne dis pas que nous devrions ouvrir beaucoup de nouvelles ambassades ou de nouveaux bureaux. Ce que je dis, c'est que nous devons être conscients de la concurrence, être prêts à agir et aussi à collaborer lorsque c'est possible.
Je pense que nous devons réfléchir très soigneusement aux liens interpersonnels et à nos diasporas. Nous avons de nombreuses diasporas africaines. Elles constituent un grand atout pour nous.
Nous devons réfléchir à la façon dont nous traitons l'immigration. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le Kenya, par exemple, sur une immigration ordonnée et... disons axée sur la demande. Le Kenya travaillera plus étroitement avec les provinces et les associations industrielles pour cerner les lacunes, offrir de la formation et faire venir au Canada des gens qui sont prêts à réussir. Tout le monde y gagne, en quelque sorte.
Enfin, je pense qu'il s'agit simplement d'être agile. On nous a demandé, par exemple, de jouer un rôle au Kenya. Nous avons demandé au Kenya d'intervenir en Haïti. Il y a des occasions pour les pays tiers de travailler avec l'Afrique. Nous ne devrions pas toujours considérer l'Afrique comme bénéficiaire de l'aide, mais aussi comme partenaire qui peut nous aider, en l'occurrence dans notre propre région.
Je vais terminer en parlant de quelque chose qui concerne ma région: la désignation du Kenya, par les États‑Unis, d'allié non membre de l'OTAN pendant la visite du président Ruto. C'est le seul pays de l'Afrique subsaharienne et cela témoigne du potentiel d'établir des relations très solides.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Messieurs les témoins, je vous remercie d'être parmi nous à cette heure tardive. Nous sommes très heureux que vous participiez à cette étude, qui est très importante pour nous, et pour vous aussi, je l'espère.
Monsieur Diendéré, nous avons entendu, à ce comité, beaucoup d'intervenants mentionner l'Agenda 2063 et les plans stratégiques. Des témoins ont aussi fait ressortir l'aide que le Canada est prêt à apporter.
Vous avez parlé de quatre secteurs importants: l'agriculture, l'énergie, l'éducation et les infrastructures. Vous avez aussi parlé du changement climatique et de la résilience des infrastructures ainsi que du savoir que le Canada peut apporter dans ce domaine.
Tout à l'heure, vous n'avez pas eu le temps de terminer vos propos, mais vous avez parlé de projets importants proposés par des entreprises canadiennes.
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets du savoir, de l'entraide et des mesures de développement économique que le Canada peut apporter à l'Afrique?
:
Merci beaucoup, madame la députée.
Je peux vous donner des exemples concrets. J'ai vu des compagnies canadiennes proposer des panneaux solaires rechargeables. J'ai aussi vu des compagnies canadiennes arriver avec des solutions en agriculture, notamment en ce qui concerne les fertilisants. D'autres sont arrivées avec des produits de nutrition, comme des vitamines, pour les enfants. Il y a de l'action. Permettez-moi de vous en parler autrement que dans ce forum, où je pourrai vous donner les noms de toutes les compagnies, qu'il faut mémoriser. Il y a du beau travail et de bons chefs de file sur le continent en ce moment.
On reconnaît le travail des minières canadiennes, mais il y a d'autres entreprises. Vous savez, notre pays est composé de petites et moyennes entreprises, et certaines d'entre elles sont très dynamiques sur le terrain. Ce qui est intéressant, c'est que nos entreprises apportent une approche axée sur le développement. Comme elles arrivent avec une expertise et une intention claire, par exemple, pour appuyer des entreprises détenues par des femmes, par des jeunes ou par des membres d'autres minorités, elles sont très appréciées. Il y a aussi des programmes de fonds locaux d'investissement qui accompagnent les organisations non gouvernementales. Il y a donc de belles choses qui se font en matière de développement du côté des Canadiens.
Pour revenir à la question que votre collègue a posée plus tôt, orienter notre action vers des terrains très précis constituerait un atout important. L'Agenda 2063 est un beau document qu'il faut apprendre à connaître. L'Union africaine a une université virtuelle, une compagnie aérienne et des systèmes de télécommunications panafricains à bâtir. Elle est en train de développer la plus grande zone de libre-échange qu'on peut imaginer sur cette planète.
Il y a de la place pour les Canadiens et pour les initiatives canadiennes, si on s'y met vraiment.
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Merci, monsieur le président.
Je poursuis le préambule de ma question.
On a vu des pays du Sahel expulser la France, si je puis dire. On sait que le gouvernement du Canada a travaillé très fort, par exemple, pour que l'Algérie se joigne à l'Organisation internationale de la Francophonie.
On se souvient que, en 2004, M. Saada était allé en Algérie, au nom du gouvernement du Canada, comme ministre délégué à la Francophonie, pour tenter de la convaincre de se joindre à l'Organisation. On sait que l'Algérie, comme plusieurs autres pays qui sont d'anciennes colonies françaises, cherche à accroître la présence de l'anglais sur son territoire. On pense également au Rwanda.
Le Canada cherche-t-il toujours à faire en sorte que l'Algérie se joigne à l'Organisation?
Les relations entre les gouvernements du Canada et de l'Algérie se passent-elles en français ou en anglais?
:
C'est une bonne question, merci.
Vous pourrez saisir toute l'ironie de ma réponse en anglais, puisqu'il se fait tard.
Nous ne communiquons qu'en français avec le gouvernement de l'Algérie, et vous avez raison, vous avez touché un point très sensible pour les Algériens. C'est à cause de leur histoire conflictuelle avec la présence française, qui fait partie de leur culture. Cela fait partie de leur identité, mais ils s'en éloignent de façon délibérée. Récemment, l'Algérie est passée à l'anglais comme deuxième langue officielle enseignée dans les écoles, donc il s'agit bien d'une distanciation délibérée.
Nous cherchons bel et bien à favoriser des liens plus étroits avec la Francophonie, pour toutes les bonnes raisons que vous connaissez bien, et nous en avons mentionné quelques-unes. Nous y travaillons surtout du point de vue opérationnel: cela ne présente qu'un autre réseau et une autre communauté que l'Algérie peut influencer et dont elle peut profiter. L'accueil est plutôt poli, mais on ne peut assez insister sur le traumatisme qui demeure dans cette culture. C'est très délicat de laisser entendre que ce pays devrait conserver cette partie de sa culture, alors que de nombreuses autorités algériennes font de leur mieux pour s'en éloigner.
Messieurs Callan et Diendéré, vous avez tous deux dit que l'image de marque du Canada est forte, et je vais contester ce point de vue quelque peu. Je ne veux pas vous placer en fâcheuse position, mais dans l'étude du Sénat, des témoins ont dit que l'empreinte du Canada était de plus en plus négligeable en Afrique. Je faisais partie du groupe parlementaire qui est allé en Tanzanie il y a peu. On nous demandait: où est le Canada? Le parlement de Tanzanie nous a posé cette question. De son point de vue, nous étions aux abonnés absents.
Nous savons qu'on accorde beaucoup de soutien au développement multilatéral en Afrique subsaharienne et moins de soutien aux organisations canadiennes, donc voici ma question aux trois témoins: que pourrait faire le Canada pour être plus pertinent sur le continent africain? Je comprends que vous ayez dit qu'il est très pertinent ou que son image de marque est forte, mais nous avons aussi entendu que c'était discutable. Je me demande comment nous pourrions renforcer cette image.
Monsieur Thornley, je ne vous ai pas encore posé de question. Pourquoi ne pas commencer par vous?
Je passerais ensuite à M. Callan.
:
Merci, madame. Je vais tenter d'être bref, parce que je sais que vous disposez de peu de temps.
Il faut toujours travailler à son image de marque. On ne peut jamais la tenir pour acquise. Je pense que pour renforcer notre image, nous devons constamment trouver des façons de communiquer et d'être à l'écoute — je crois que nous le sommes — de ce que cherchent nos partenaires africains. Je pense que cela passe en grande partie par notre participation commerciale, comme je l'ai dit plus tôt. Les Africains veulent nous voir investir.
Je suis ravi, par exemple, du travail que FinDev fait ici, au Kenya. Son principal investissement se fait au Kenya, avec une organisation nommée « M‑KOPA » qui offre du microfinancement très novateur, d'abord en énergie solaire et maintenant dans les transports.
Grâce à cet investissement, les conducteurs de motocyclettes qui offrent du transport conduisent des motocyclettes électriques et peuvent les financer au quotidien. Ce genre de contribution rehausse considérablement notre image de marque.
Nous pouvons toujours en faire plus dans ce genre de domaine avec un peu de créativité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Merci pour tous les témoignages présentés jusqu'à présent.
Je vais poursuivre dans la même veine que Mme McPherson.
La semaine dernière, un certain nombre d'entre nous sont allés au Caucus de la coopération mondiale. Stanley Achonu, le directeur nigérian de ONE, a affirmé que le Canada ne donnait que des miettes aux pays africains: il en offre juste assez pour établir un contact, en évitant de s'engager réellement. Nous avons tous entendu les doléances des ONG, des diasporas, de nous tous autour de la table et d'autres groupes pour que nous adoptions une approche ou une stratégie plus claire. On peut y accoler les mots que l'on veut.
Je vais commencer par vous, monsieur Diendéré.
N'avons‑nous pas besoin de plus de détails? Nous avons entendu des témoignages très généraux, et depuis une demie‑heure nous obtenons certaines précisions, mais pour en venir à une stratégie axée sur les résultats, le Canada ne doit‑il pas concentrer ses efforts et prendre des décisions difficiles en matière de priorités?
:
Merci beaucoup de cette question.
Je suis d'accord avec vous: oui, nous devons nous concentrer un peu, mais nous tenons deux dialogues. Le dernier que nous avons tenu, en un mois seulement, visait notamment à nous concentrer sur des initiatives excellentes pour le Canada et pour l'Afrique. Le dialogue sur le développement que nous venons de lancer comprend un volet d'éducation et de formation technique et professionnelle. Il y a des volets agriculture, entrepreneuriat au féminin et même recherche et développement.
[Français]
Ce que nous sommes en train de faire en amont, au moyen de ces trois politiques, nous donne des chances d'arriver au résultat que vous souhaitez, c'est-à-dire avoir des choses très ciblées.
Oui, les marques sont des marques. La nôtre est forte, parce que, comme on le sait, les gens veulent venir au Canada. Je n'ai jamais participé à une rencontre où quelqu'un n'avait pas déjà eu un lien avec le Canada, que ce soit par sa famille ou ses études, et n'en gardait pas un bon souvenir. C'est toujours très important de considérer comment on se voit dans le monde.
[Traduction]
Oui, nous devons mettre l'accent sur divers thèmes, mais je pense que nous y parvenons dans la relation que nous bâtissons avec la Commission de l'Union africaine.
:
Je vais commencer, puis je céderai la parole à M. Thornley.
Savez‑vous quoi? Je viens du secteur privé; c'est là que j'ai occupé mon dernier poste. Je connais l'importance du commerce, des projets pilotes et de la planification stratégique.
[Français]
Je comprends très bien l'idée d'avoir une relation de libre-échange avec l'Afrique. Cela dit, l'Afrique comprend 54 pays. De plus, c'est tellement volatil qu'il faut faire attention de ne pas créer des ensembles qui ne tiendront pas la route. Il est important de se concentrer sur certains pays pilotes ou sur certaines relations et de solidifier les relations existantes. Le Kenya est un bon exemple. L'Algérie est aussi un bon exemple, pour ce qui est du blé et des céréales. Dans certains pays de l'Afrique du Sud et de l'Afrique de l'Ouest, il y a des minières.
[Traduction]
Je ne sais pas si le libre‑échange avec l'Afrique est une bonne façon de parvenir à nos fins. Mon sentiment actuel m'amène à être plus prudent, parce que tout est instable sur ce continent. Nous devons réserver nos énergies pour les déployer aux bons endroits, à l'avantage de certains pays et du Canada.
:
Oh, merci. C'est un de mes sujets préférés.
Puisque je viens du secteur privé et de l'extérieur, j'ai le privilège de voir l'expertise qu'on trouve maintenant au ministère.
[Français]
Si on m'avait dit, il y a six mois, que je pouvais déterminer l'expertise...
[Traduction]
Je dirais que les gens au ministère sont très bien renseignés.
[Français]
Nous devons nous organiser et organiser nos mesures.
Je n'aime pas parler de choses que je n'aime pas ou que je ne comprends pas.
[Traduction]
Toutefois, je dirais que depuis mes neuf mois en poste, il est très précieux de pouvoir compter sur tous ces gens bien informés. Compte tenu de la transformation qui s'opère actuellement à Affaires mondiales Canada, nous allons mettre davantage l'accent sur certaines choses. Beaucoup de bonnes choses vont en ressortir.
:
Merci, monsieur le président.
On peut toujours s'améliorer, mais à l'heure actuelle, si nous avons besoin d'experts en finance, nous les avons. Si nous avons besoin d'experts en investissement, nous les avons. Il en va de même pour les experts en agriculture. En matière de développement et d'aide humanitaire, nous avons toute l'expertise nécessaire, une expertise que nous avons bâtie au fil du temps.
[Français]
Le ministère du Développement international travaille depuis longtemps à ces questions. En effet, les choses changent.
[Traduction]
Nous pourrions renforcer l'expertise en la matière. L'intelligence artificielle commence à prendre beaucoup d'importance en Afrique.
Sur ce continent, les gens font des bonds de géant. Nous devons nous adapter à toutes ces choses. Je présume que nous devons nous améliorer à certains égards, mais j'insiste pour dire que nous avons l'expertise nécessaire. Nous devons nous réorganiser, et c'est ce que nous faisons durant la transformation du ministère.
[Français]
Monsieur Thornley, voulez-vous ajouter quelque chose?
Vous le comprenez très bien, même d'un point de vue personnel. Il est très important de travailler avec des membres de grandes sociétés canadiennes et de savoir qui sont ces personnes. Je parlais à un Kényan qui occupait un poste assez élevé dans l'une de nos grandes banques, par exemple. On peut trouver certaines personnes, qui peuvent à leur tour nous aider à tisser des liens avec d'autres. Il n'y a donc pas de solution magique.
Des organisations comme la Chambre de commerce du Canada, qui compte beaucoup de membres de la diaspora, se sont manifestées, parce qu'elles veulent promouvoir des relations meilleures et plus solides entre le Canada et les pays africains dans les universités. Je pense que nous atteignons une masse critique où, honnêtement, il n'est pas trop difficile de trouver des gens vraiment compétents, et il s'agit de travailler avec eux.
Je suis très fier d'un bon programme que nous avons — je crois que le nom a changé, et je m'excuse de ne pas pouvoir vous le donner —, que nous sommes en train d'élaborer au Service des délégués commerciaux pour avoir des mentors pour les gens d'affaires expérimentés, tant au Canada qu'à l'étranger, afin d'aider les petites entreprises à pénétrer les marchés. Je pense qu'il faut réaliser ce genre de travail, soit développer des relations de mentorat, parce qu'il ne faut pas se leurrer: l'Afrique a un énorme potentiel, mais c'est un marché plus difficile que d'autres, alors nous devons offrir aux gens des voies d'accès pour leur faciliter la tâche le plus possible.
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Je vous remercie, monsieur le député.
À l'heure actuelle, nous avons deux dialogues. Le premier porte sur le commerce et le deuxième, sur le développement. Nous pouvons vous fournir le contenu de ces deux dialogues que nous entretenons avec l'Union africaine.
Les deux dialogues vont tout à fait dans le sens des objectifs de l'Agenda 2063, et nous tentons actuellement de
[Français]
nous assurer d'avoir des pistes d'action claires.
[Traduction]
Nous venons tout juste d'entamer tous ces dialogues, et après neuf mois — soit depuis que je suis ici —, tous les dialogues sont maintenant établis. Nous voulons nous concentrer sur la prochaine étape qui guidera les mesures que nous devrons prendre dans le cadre de notre engagement en Afrique.
[Français]
Il faut établir des mesures très claires, que nous pourrions vous présenter, mais nous voyons déjà poindre des sujets récurrents.
[Traduction]
Sur ce continent, il est crucial d'avoir de l'énergie électrique. Les changements climatiques et l'énergie verte sont des sujets importants, tout comme l'agriculture. Nous ne pouvons pas éviter de les aborder.
[Français]
Nous voyons déjà se dessiner quelques trames de notre stratégie.
[Traduction]
L'éducation professionnelle est un autre sujet d'importance.
[Français]
Nous avons déjà des pistes qui vont certainement se confirmer avec le temps avec l'Union africaine. Ses membres ne sont pas très pressés. Ils veulent des stratégies très claires.
[Traduction]
Ils veulent renouveler leur propre partenariat là‑bas.
[Français]
Ils ne veulent pas des partenaires qui vont les abandonner après deux ou trois ans. Ils veulent consolider leurs relations, et le nouveau leadership de l'Union africaine va certainement lancer le second plan décennal de mise en œuvre de l'Agenda 2063.
[Traduction]
La première décennie est terminée et la deuxième s'amorce. Je pense que nous serons bien placés pour la deuxième décennie de notre plan.
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Je vous remercie beaucoup.
Je pense que c'est ce que nous sommes en train de faire, mais peut-être ne le faisons-nous pas avec la même rapidité que les autres. Cela dit, c'est peut-être aussi la chance que nous avons. En effet, ceux qui ont signé des ententes l'ont fait dans un contexte qui évolue très vite. Avant le mois de mai, nous ne savions pas que la situation se détériorerait autant au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Or cela change toute la dynamique en ce moment. Il faut considérer les résultats concrets de ces ententes.
Quoi qu'il en soit, je pense que nous devons effectivement conclure des ententes. Nous ne pourrons pas faire quoi que ce soit avec les pays d'Afrique si nous n'établissons pas clairement des terrains d'entente. Maintenant, s'agira-t-il d'ententes de type classique? Mon expérience me dit que, à ce stade-ci, le continent africain n'a pas besoin qu'on fasse du mimétisme d’autres mécanismes qui existent ou de choses qui ont existé. Ce que les pays africains veulent, aujourd'hui, c'est de la créativité. Il faut faire les choses différemment pour que ce soit bénéfique pour tout le monde, c'est-à-dire pour ces pays comme pour celui qui a envie de faire affaire avec eux. Oui, il y a des ententes, mais il faudrait voir dans quelle mesure elles sont de l'ordre du papier plutôt que de la réalité. Je ne dis pas que l'Union africaine n'a pas une bonne entente. Toutefois, il s'agit de l'Union africaine. Ce sont 23 ou 24 pays ensemble, alors que le Canada est tout seul de son côté.
À mon avis, les ententes...
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L'ambassadeur Callan a indiqué que l'Afrique est devenue beaucoup plus concurrentielle et que, par conséquent, nous devons utiliser plus efficacement nos ressources pour promouvoir nos intérêts et nos valeurs.
Le haut-commissaire Thornley a ajouté que nous ne devrions pas considérer l'Afrique seulement comme un bénéficiaire de l'aide internationale, mais aussi comme une région qui est prête à travailler avec le Canada dans des domaines comme la sécurité et la défense et à des questions comme les investissements commerciaux bilatéraux.
Ma question s'inscrit dans ce cadre.
Pas plus tard que la semaine dernière, on a rempli un pétrolier Aframax de pétrole du pipeline TMX, avec 550 00 barils de pétrole pour un seul pétrolier. Cette première cargaison qui se dirige vers la Chine contient 550 000 barils.
Je crois que c'est l'ambassadeur Diendéré qui a indiqué dans sa déclaration préliminaire que cette année, l'Afrique est la région qui connaîtra la croissance la plus rapide après l'Asie. Si je mets tous ces faits ensemble, il me semble que l'Afrique aura un immense besoin de pétrole et de gaz au cours de la prochaine décennie.
À l'heure actuelle, l'Afrique est un exportateur net de pétrole. Elle produit environ sept millions de barils de pétrole par jour et en consomme environ quatre millions. Ses exportations nettes se chiffrent à environ trois millions de barils. Si l'Afrique veut rattraper le reste du monde sur le plan économique, il me semble qu'elle devrait au moins se conformer à la norme des pays en développement, qui prévoit une consommation de pétrole trois fois plus élevée que la sienne. Elle ne consomme qu'environ le tiers du pétrole par habitant par rapport aux pays en développement. Elle devrait donc passer de 4 à 12 millions de barils de pétrole par jour pour devenir un importateur net d'énergie.
Ma question s'adresse aux trois témoins. Quelles discussions avez-vous eues au sujet de l'exportation de l'énergie canadienne en Afrique, en ce qui concerne plus précisément le pétrole et le gaz naturel?
Quelle est la possibilité que cette région du monde devienne une destination pour les exportations canadiennes d'énergie?
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Je pourrais répondre en premier.
Merci beaucoup. C'est une observation réellement intéressante.
Lors de ma dernière affectation, j'étais haut-commissaire au Nigeria. J'ai vu l'énorme quantité de pétrole qui y est produite et constaté qu'il y a très peu de valeur ajoutée. Je pense que, de façon plus générale, cela montre que c'est un domaine où le Canada peut travailler en étroite collaboration avec les pays africains qui bénéficient de multiples et riches ressources naturelles, mais qui n'y ajoutent pas de valeur pour leur propre usage.
Au Nigeria, par exemple, l'homme le plus riche d'Afrique, Aliko Dangote, est en train de construire l'une des plus grandes raffineries au monde. Je pense que ce sera la plus grande raffinerie, ce qui pourrait changer la donne.
Il y a énormément d'inconnues à cet égard, notamment au chapitre de la gouvernance. Si la primauté du droit est faible et la corruption est élevée dans certains pays, il y a de la fraude. C'est très difficile.
L'autre observation que je ferais au sujet de notre production de pétrole et de gaz en vue d'une exportation potentielle, c'est que nous voyons des pays africains faire des pas de géants. Cette expression a déjà été utilisée.
Environ 90 % du réseau au Kenya est alimenté par des énergies renouvelables, géothermiques, solaires et autres. Ce sera 100 % dans quelques années. Je pense qu'en plus de protéger nos intérêts et les exportations potentielles de ressources canadiennes, il faut penser à soutenir la croissance verte sur le continent africain et à encourager ce genre de développement. Le Canada s'implique beaucoup dans ce genre de projets.