:
Bonjour, chers collègues.
Aïd Moubarak à tous ceux et à toutes celles qui célèbrent cela aujourd'hui au Canada et partout dans le monde.
Bienvenue à la 17e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Conformément à la motion adoptée le 31 janvier, le Comité se réunit dans le cadre de son étude sur la situation actuelle en Ukraine.
[Traduction]
Comme d'habitude, vous pouvez profiter des services d'interprétation en cliquant sur l'icône du globe, dans le bas de votre écran.
Je rappelle aux membres qui participent en présentiel les lignes directrices du Bureau de régie interne sur le port du masque et les protocoles d'hygiène.
[Français]
Je profite de l'occasion pour rappeler à tous les participants à cette réunion et à tous les observateurs qu'il n'est pas permis de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de son écran.
Avant de prendre la parole, s'il vous plaît, attendez que je vous nomme. Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, mettez votre micro en sourdine.
Je rappelle également que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
[Traduction]
Chers collègues, avant d'accueillir les témoins, je tiens à vous rappeler que nous devons discuter d'un certain nombre de questions courantes. Je propose que nous le fassions avec les vice-présidents et Mme McPherson, par courriel, en vue de jeudi, et que nous adoptions ces décisions jeudi.
Il faut nous occuper d'un certain nombre de demandes à comparaître. Nous sommes saisis d'une motion proposant de réinviter les témoins que nous n'avons pas entendus à la dernière session. Ce serait possible de le faire le 9 mai. Nous devons également, et c'est important, nous occuper de deux propositions de déplacements pour le Comité, que nous devrions adopter à l'unanimité et bien avant vendredi pour que le Comité s'en prévale de juin à octobre.
Si les collègues le veulent bien, je travaillerai en étroite collaboration avec nos vice-présidents et Mme McPherson, pour que ces décisions soient prêtes à être rapidement prises jeudi.
[Français]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue au premier groupe de témoins, que nous remercions de comparaître aujourd'hui.
Nous accueillons deux représentantes du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, soit Leslie Scanlon, ambassadrice du Canada auprès de la Pologne et du Bélarus, et Heidi Kutz, haute représentante pour l'Arctique et directrice générale, Affaires arctiques, eurasiennes et européennes.
[Traduction]
Nous accueillons le porte-parole de la Délégation conjointe du Canada à l'OTAN, l'ambassadeur et représentant permanent auprès du Conseil du Nord Atlantique, M. David Angell.
Chers témoins, soyez les bienvenus.
Monsieur l'ambassadeur, je pense que vous lirez votre déclaration préliminaire au nom d'Affaires mondiales Canada. Sur ce, je vous accorde cinq minutes pour le faire.
Nous vous écoutons.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux également souhaiter Aïd Moubarak à tous.
Je suis heureux de me présenter devant le Comité aujourd'hui.
Je vais faire de brefs commentaires introductifs, et mes collègues et moi sommes impatients de répondre à vos questions.
Au 68e jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, nous continuons d'être témoins d'énormes souffrances humaines, de la destruction de villes et d'infrastructures, de violences sexuelles généralisées en tant qu'arme de terreur, de bombardements indiscriminés de zones civiles, de déplacements forcés et, dans certains cas, comme à Boutcha, de ce qui semble être le massacre délibéré de civils.
C'est la guerre du président Poutine, une guerre qu'il a choisie et planifiée, et qu'il continue de mener contre un pays pacifique et démocratique.
Les actions du président Poutine constituent une attaque contre l'ordre international fondé sur les règles. Elles ont ébranlé la sécurité euro-atlantique et représentent la menace la plus grave pour l'Europe depuis des décennies.
Les conséquences des actions imprudentes du président Poutine vont au-delà de l'Ukraine et des frontières de l'Europe. La Russie remet en cause les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale des États, ainsi que l'égalité souveraine des États. Or, ces principes constituent le fondement de notre ordre international.
L'invasion a également injecté un nouveau niveau d'incertitude dans le système commercial mondial, au moment où le monde commençait à peine à sortir de la pandémie de la COVID‑19. La guerre a entraîné directement une hausse des prix de la nourriture et de l'énergie. En conséquence, la sécurité alimentaire et énergétique a été gravement perturbée dans le monde entier. Les pays en développement, dont beaucoup dépendent de la production agricole de l'Ukraine, sont particulièrement menacés.
Le plan initial de la Russie, qui prévoyait une opération militaire rapide pour opérer un changement de régime, a échoué. La Russie a surestimé les capacités de ses propres forces armées et sous-estimé la détermination et le professionnalisme des forces armées ukrainiennes, ainsi que l'héroïsme du peuple ukrainien. La Russie se concentre désormais sur la région du Donbass, où elle a concentré la plupart de ses forces.
Dans cette deuxième phase de la guerre, les forces armées ukrainiennes ont continué d'obtenir de bons résultats, mais la guerre d'usure risque d'être longue.
[Traduction]
Nos alliés et partenaires de l'OTAN ont répondu de trois manières déterminantes. D'abord, chacun d'eux a appuyé l'Ukraine par une aide militaire considérable. Ils ont fait preuve d'une solidarité remarquable.
Dans un premier temps, ils ont fourni aux Ukrainiens des armes légères et des systèmes lourds de l'ère soviétique qu'ils ont pu rapidement intégrer et déployer sur le champ de bataille. Les pays baltes, la Pologne et la Slovaquie par exemple, ont transféré des quantités importantes de leurs systèmes hérités de l'ère soviétique, mais ces stocks s'épuisent. Les alliés et les partenaires passent maintenant à la fourniture d'armes lourdes d'origine occidentale, au maniement desquelles les Ukrainiens auront besoin de formation. Dans cette opération complexe, le Canada est un participant de premier plan. La semaine dernière, à la conférence de Ramstein, en Allemagne, plus de 40 alliés et partenaires ont manifesté leur volonté collective d'assurer la réussite de notre soutien à l'Ukraine dans l'exercice de son droit de se défendre contre l'agression russe, comme le prévoit la Charte des Nations unies.
Ensuite, l'alliance défensive qu'est l'OTAN a renforcé son flanc oriental pour éviter le débordement du conflit en territoire allié.
Les alliés, parmi lesquels le Canada, ont déployé des effectifs supplémentaires, et l'OTAN a mis en branle ses plans de réponse graduée. Quatre nouveaux groupements tactiques multinationaux de présence avancée ont été créés en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie. En ce moment même, plus de 40 000 militaires sous commandement direct de l'OTAN se trouvent sur le flanc oriental, et les alliés font patrouiller plus de 100 navires et plus de 100 aéronefs dans les mers et les cieux de l'Europe.
En juin, au Sommet de Madrid, les chefs de l'OTAN actualiseront la doctrine-cadre de l'Organisation et adapteront sa posture de force à plus long terme pour répondre au contexte sécuritaire européen, qui est maintenant fondamentalement transformé.
Enfin, chaque allié et partenaire ainsi que l'Union européenne ont répondu par des sanctions d'une vigueur sans précédent, très lourdes, rigoureusement coordonnées, y compris avec le concours du G7. Encore une fois, la solidarité entre ces instances en communauté d'idées a été remarquable.
À l'OTAN et à l'Union européenne se sont joints des partenaires tels que l'Australie, le Japon, la République de Corée et la Suisse. L'un des objectifs des sanctions était de diminuer les capacités militaires de la Russie en coupant l'accès de son secteur de défense aux technologies occidentales.
La guerre a conduit de nombreux pays à réévaluer leur situation sécuritaire, notamment la Finlande et la Suède, qui sont des partenaires de premier plan de l'OTAN. La demande d'adhésion à l'OTAN est une décision souveraine, et nous respectons entièrement le droit de chaque pays de décider de ses propres mesures de sécurité, ce qui, bien sûr, s'applique également à la Finlande et à la Suède. Le Canada a toujours été le champion de la politique de la porte ouverte à l'OTAN et il continuera de l'appuyer malgré les menaces de la Russie. Le a déclaré que le Canada appuierait la Finlande et la Suède si elles optaient pour l'adhésion à l'OTAN.
Entretemps, le Canada continue d'inciter le reste de la communauté internationale à maintenir les normes mondiales, à condamner l'agression russe et à maintenir la pression sur le président Poutine.
Nous continuerons de collaborer avec nos alliés de l'OTAN, avec l'Union européenne, dans le cadre du G7, de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, de l'ONU et d'autres tribunes internationales et d'appuyer bilatéralement l'Ukraine dans son combat pour son indépendance, la démocratie et la liberté.
Merci.
:
Mesdames et messieurs, merci de m'avoir invitée, ainsi que le chargé d'affaires, à témoigner aujourd'hui à la réunion du Comité. Je vous remercie sincèrement du soutien total multipartite et pancanadien que vous offrez à l'Ukraine. Nous pouvons ressentir ce soutien sincère ici au Canada.
Nous sommes reconnaissants au Canada de son aide militaire, financière et humanitaire, des sanctions qu'il impose à la Russie et des pressions qu'il exerce sur elle, ainsi que des efforts pour l'isoler du monde. Nous lui sommes aussi reconnaissants d'accueillir des Ukrainiens déplacés au Canada. Nous sommes reconnaissants du soutien permanent du Canada en Ukraine dans les organisations internationales. Le soutien financier du Canada en Ukraine au cours des trois derniers mois est sans précédent. Le dernier approvisionnement d'armes lourdes et de véhicules armés est essentiel à la défense de notre territoire et de notre souveraineté. Très récemment, en appelant les choses par leur nom, le Parlement du Canada a reconnu les crimes russes en Ukraine comme étant un génocide contre le peuple ukrainien. Les livres d'histoire feront l'éloge du Canada pour sa position ferme aux côtés de l'Ukraine contre la guerre barbare de la Russie. Les Ukrainiens n'oublieront jamais que le Canada a été à leurs côtés dans ces moments dramatiques de notre histoire moderne.
Permettez-moi de vous informer brièvement de l'évolution de la situation en Ukraine sur le terrain. Nous avons déjà traversé deux mois de guerre à grande échelle en Ukraine. La Russie poursuit sa guerre non provoquée, mais les Ukrainiens résistent vaillamment grâce à notre courage, à nos tactiques militaires avisées et aux armes fournies par nos alliés. Comme l'a mentionné le président Zelenski, le courage est désormais la marque de commerce de l'Ukraine, et nous répandons cette marque dans le monde entier.
La Russie a regroupé ses principales forces dans l'Est de l'Ukraine. Elle vise désormais à occuper l'ensemble du territoire des régions de Donetsk et de Louhansk et à tenter de sécuriser le corridor terrestre vers la Crimée et à Marioupol. Entretemps, elle continue de lancer des frappes de missiles sur les infrastructures militaires et civiles dans tout le pays. Le territoire du Bélarus est activement utilisé par les Russes à des fins militaires. Un grand nombre des attaques de missiles pour soutenir l'armée russe sont en provenance de ce territoire.
Plusieurs villes et villages sont temporairement occupés, comme Kherson, Berdiansk et Melitopol. Certaines villes sont continuellement attaquées ou assiégées: Kharkiv, Mykolaiv et l'énorme désastre de Marioupol. Dans les villes et villages temporairement occupés, les Ukrainiens protestent activement contre les envahisseurs russes malgré les menaces importantes qui pèsent sur leur vie. Un certain nombre de maires, de membres de parlements locaux et de militants civils ont été enlevés. Certains d'entre eux ont été torturés et même assassinés.
On estime qu'environ un demi-million d'Ukrainiens ont été déportés de force en Russie. Les corridors humanitaires convenus sont régulièrement transgressés par les troupes russes. La moitié d'entre eux seulement ont été réalisés avec succès.
Hier, l'évacuation de Marioupol a enfin commencé. Plus d'une centaine de civils ont été évacués d'Azovstal. C'est une grande aciérie de Marioupol qui est contrôlée par les forces russes. Elle faisait office d'abri pour des civils à Marioupol. Imaginez un peu: Marioupol était une ville de 400 000 habitants, et 95 % de la ville a été totalement détruite.
Treize millions d'Ukrainiens ont fui leur foyer. Environ 5,4 millions d'entre eux ont quitté le pays pour se réfugier à un endroit plus sûr.
Les soldats russes ont démontré qu'ils sont des pillards sans vergogne. Les occupants volent actuellement des millions de dollars de céréales entreposées dans la région de Kherson et tentent de les transporter en Crimée sous occupation. C'est un rappel choquant pour tous des pratiques utilisées par Staline dans les années 1930.
Il y a également des dommages environnementaux considérables, car les approvisionnements en eau, les systèmes d'égouts et les communications sont également visés. Selon les dernières informations de l'Unicef, cette situation a déjà mené à 1,4 million de personnes à ne pas avoir accès à de l'eau potable et à 4,6 millions de personnes à n'avoir qu'un accès limité à l'eau. Cela s'est produit au milieu de l'Europe au XXIe siècle.
Outre le crime d'agression, la Russie allonge graduellement la liste de ses crimes de guerre en vertu de nombreuses conventions internationales.
Pour ne nommer que ceux‑là, il y a eu des attaques délibérées perpétrées contre des biens civils, des meurtres intentionnels de civils, l'utilisation d'armes interdites, de la violence sexuelle, y compris à l'encontre d'enfants, des actes de torture et des déportations forcées. Les troupes russes ont volé la centrale nucléaire occupée de Zaporijjia. Il s'agit de la plus grande centrale nucléaire d'Europe. On a rapporté que des missiles de croisière ont volé à basse altitude au‑dessus de la centrale de Zaporijjia et de deux autres centrales nucléaires. La Russie néglige en permanence le droit international et l'ordre fondé sur des règles.
Vendredi, des missiles russes ont frappé des immeubles résidentiels à Kiev, la capitale de l'Ukraine, à seulement deux kilomètres de l'endroit où le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors de sa visite à Kiev, à Boutcha et à Irpine, a rencontré le président Zelenski. Ainsi, le membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies a explicitement démontré au Secrétaire général des Nations unies son attitude à l'égard du droit international des Nations unies et de l'ordre fondé sur des règles.
J'aimerais souligner que ce n'est pas le fait d'un seul homme. La société russe entière, et non pas seulement Poutine et ses mandataires, doit assumer la responsabilité de la guerre de la Russie contre l'Ukraine. Imaginez ceci: 74 % des Russes soutiennent cette guerre.
L'économie ukrainienne, en raison de l'ampleur de l'invasion russe, connaîtra cette année une contraction d'au moins 35 %, selon le FMI. La guerre active pourrait faire grimper ce chiffre à 50 %. Le déficit budgétaire mensuel s'élève à 5 milliards de dollars, sans compter les dépenses militaires. Dans une période aussi difficile, l'Ukraine continue de s'acquitter de sa dette souveraine à temps et en totalité. Le système bancaire national est pleinement opérationnel.
En tant que chef de file mondial de l'approvisionnement alimentaire, l'Ukraine prévoit que plus de 70 % de ses terres agricoles seront plantées. L'exploitation des champs, touchés par la guerre, est une question urgente. La logistique de la récolte de l'année précédente et de celle de l'année prochaine demeure le plus grand défi, car les principales voies d'exportation, à savoir les ports maritimes de la mer Noire, sont bloquées par la Russie. Quatre millions et demi de tonnes de la récolte de la saison précédente sont maintenant bloqués dans les ports maritimes ukrainiens. Cela pourrait entraîner de nouvelles hausses des prix des denrées alimentaires à l'échelle mondiale.
Permettez-moi de répéter que dans cette situation difficile et tragique en Ukraine, nous sommes très reconnaissants du soutien exhaustif et robuste du Canada. Nous sommes extrêmement reconnaissants que le projet de budget de 2022‑2023 prévoit un soutien considérable aux besoins militaires, financiers et humanitaires. Cependant, j'aimerais que nous ayons tous une compréhension commune: l'Ukraine doit recevoir une aide financière et militaire de plus en plus importante et urgente à mesure que la guerre se poursuit.
Pour ce qui est du soutien militaire, nous sommes reconnaissants du soutien du gouvernement canadien, qui fournit des armes lourdes. Vous pouvez voir que cela fait une différence sur le terrain. Cependant, nous devons également garder à l'esprit que la guerre se poursuit et qu'il est primordial de continuer à fournir rapidement les armes nécessaires. Chaque jour, les Russes tentent de pénétrer et de briser notre défense, mais nous tenons bon. Il est donc temps de prendre rapidement des décisions courageuses, synchronisées avec nos alliés pour ce qui est du calendrier de livraison des armes nécessaires.
Nous sommes ici et avons des communications étroites et permanentes avec les organismes gouvernementaux. Tout d'abord, il y avait AMC et le MDN sur la liste des fournitures indispensables.
Les dommages estimés pour l'économie ukrainienne se comptent désormais en centaines de milliards de dollars. D'où la nécessité d'une stratégie de relance semblable au plan Marshall après la Seconde Guerre mondiale. Les biens et les actifs de la Russie étant gelés, les sites à l'étranger doivent devenir un élément majeur de ces plans de reconstruction. À cet égard, nous saluons les initiatives du gouvernement visant à établir un mécanisme de saisie et de fermeté des biens gelés de la Russie au Canada, qui seront ensuite transférés en Ukraine.
Nous vous sommes reconnaissants des efforts du gouvernement canadien pour travailler avec nous à la reconstruction future de l'Ukraine.
Le renforcement des relations commerciales, y compris l'expansion de notre accord de libre-échange, l'ALECU, sur les services et l'annulation de toutes les barrières tarifaires et non tarifaires pour les exportations ukrainiennes, à l'instar de la décision prise avec le Royaume-Uni et de la décision en cours de l'Union européenne, est envisagé comme un instrument supplémentaire pour soutenir l'économie ukrainienne.
En ce qui concerne les sanctions, vous pouvez imaginer qu'avec deux mois de guerre et des pertes importantes pour l'économie ukrainienne, la Russie a reçu 62 milliards d'euros pour son approvisionnement en pétrole et en gaz, principalement vers l'Europe. Par conséquent, l'interdiction totale de l'approvisionnement en pétrole et en gaz de la Russie est essentielle pour ne pas permettre à la Russie de financer cette guerre sanglante. Nous sommes convaincus que le Canada peut aider l'Union européenne à soutenir sa sécurité énergétique, tant en facilitant la transition vers des sources d'énergie renouvelables qu'en cas de pénurie urgente d'approvisionnement en hydrocarbures.
Nous demandons également au Canada d'appliquer et de surveiller rigoureusement la mise en oeuvre des sanctions et de travailler avec ses alliés pour éliminer les failles existantes qui peuvent donner à la Russie et aux oligarques russes la possibilité de se soustraire aux sanctions.
Nous espérons que le Canada suivra les autres partenaires et diminuera substantiellement la présence diplomatique russe au Canada.
Nous comptons également sur le leadership du Canada, et nous lui en sommes reconnaissants, pour isoler la Russie dans le monde entier de nombreuses organisations internationales, notamment le G20 et l'OACI, et l'inscrire sur une liste noire. Il s'agit également d'un outil diplomatique important et nous sommes reconnaissants du rôle de chef de file du Canada à cet égard.
En ce qui concerne l'aide humanitaire, nous travaillons également en étroite collaboration avec le gouvernement du Canada. Nous sommes reconnaissants du financement qui a été prévu et en partie versé pour l'aide humanitaire. Il serait très utile de mettre au point des outils rapides et flexibles pour la distribution des fonds destinés aux besoins humanitaires. Les besoins en matière de soutien humanitaire sont très vastes, allant de la nourriture et des médicaments essentiels aux unités de logement temporaires, en passant par les bombes utilisées pour l'exploitation minière, les ponts mobiles, etc.
Nous demandons également que tous les fonds ou les biens fournis aillent directement en Ukraine, car il y a encore des villes, en particulier celles qui ont été encerclées par les forces russes et qui ont été récemment libérées, où les gens ressentent encore le manque de nourriture. C'est l'un des points cruciaux.
Dans les premiers jours de l'invasion russe, nous avons également constaté que les canaux humanitaires internationaux bien établis n'étaient pas assez rapides pour répondre à une crise de cette ampleur et de cette magnitude.
Nous attendons avec impatience et apprécions le travail que le Canada fait pour soutenir l'Ukraine et aider les organismes ukrainiens chargés de l'application de la loi à traduire en justice les auteurs de crimes de guerre russes.
Il y a quelques jours, les Russes ont tué une jeune mère, ont attaché son enfant vivant à son corps et ont placé une mine entre eux. En se détachant, la mine a explosé.
Pour vous donner une idée de la situation actuelle sur le terrain, nous vous invitons également à vous rendre en Ukraine et à manifester votre solidarité avec le gouvernement et le peuple ukrainiens dans les moments les plus sombres de notre histoire moderne.
Merci, mesdames et messieurs. Gloire à l'Ukraine.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup, Votre Excellence, d'être parmi nous aujourd'hui. C'est un véritable honneur de vous accueillir à notre comité. Votre présence est gage de l'importance du travail qu'effectue le Comité des affaires étrangères depuis un certain temps. La situation était effectivement une priorité pour les membres de notre gouvernement bien avant l'invasion. Comme vous le savez peut-être, nous avons proposé une motion pour insister sur l'urgence de la situation et avons commencé à étudier la question à ce comité au début de février.
Je ne crois pas que ce soit un cliché de répéter que l'Ukraine se bat non seulement pour ses propres souveraineté et démocratie, mais aussi pour la démocratie de tous les pays, y compris au Canada. J'aimerais aussi vous remercier de reconnaître, comme vous l'avez fait dans votre déclaration liminaire un peu plus tôt, l'appui indéfectible du Canada envers l'Ukraine. Vous avez notamment mentionné notre soutien économique, mais aussi les envois d'armes létales et non létales. Je crois qu'il est important de souligner cet appui, de même que l'annonce récente de l'envoi d'obusions et de munitions supplémentaires ainsi que les 500 millions de dollars prévus dans le budget de notre gouvernement qui, pour reprendre votre dernier commentaire, serviront aussi à l'envoi d'armes. Étant donné votre appel à l'action d'aujourd'hui, j'espère que ce budget sera adopté très rapidement.
[Français]
Je crois aussi qu'il est important de souligner le travail communautaire extraordinaire qui est fait sur le terrain partout au Canada, y compris dans ma circonscription. En votre présence, j'aimerais entre autres mentionner le fait que Sandra Ezril, qui dirige l'hôtel Terrasse Royale, à Montréal, a récemment ouvert les portes de son établissement aux Ukrainiens, et ce, totalement gratuitement, afin d'aider ces nouveaux arrivants.
[Traduction]
En votre présence, Votre Excellence, j'aimerais aussi mentionner Katherine Smolynec, une membre de ma communauté. Elle est présidente de la Fédération nationale ukrainienne à Montréal. Pas plus tard que la fin de semaine dernière, elle a accueilli des Ukrainiens cherchant refuge dans notre pays.
Au sujet des civils qui tentent de trouver refuge en empruntant les couloirs humanitaires, j'aimerais entendre vos commentaires sur ce qui se passe en ce moment. Je crois comprendre que la Russie bombarde incessamment nos couloirs humanitaires en Ukraine et mine leur sûreté. Comment décririez-vous l'état actuel de ces couloirs humanitaires, en particulier à Marioupol où, comme vous venez de le dire, il règne une désolation absolue?