Bienvenue à la 122e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes. La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride.
J'aimerais rappeler les points suivants aux participants. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. De plus, chers collègues, si vous vous joignez à nous virtuellement, vous devez lever la main si vous souhaitez prendre la parole.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le jeudi 3 octobre 2024, le Comité entreprend une séance d'information sur la situation actuelle au Liban.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos trois témoins.
Nous sommes très heureux d'accueillir, du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, M. Sébastien Beaulieu, sous-ministre adjoint par intérim, Gestion des urgences et des affaires juridiques et consulaires; M. Alexandre Lévêque, sous-ministre adjoint, Secteur de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Arctique; et Mme Teresa Crockett, directrice exécutive intérimaire, Responsabilité, droits de la personne et droit des Nations unies.
Je crois comprendre qu'un seul d'entre vous fera une déclaration préliminaire.
Monsieur Lévêque, vous êtes un expert en la matière. Vous avez déjà comparu ici à maintes reprises. Vous disposerez de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions des députés.
Monsieur Lévêque, je vous remercie de votre présence. La parole est à vous.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Honorables membres du Comité, je tiens à vous remercier de nous avoir invités aujourd'hui pour parler de la situation au Liban.
[Français]
Comme vous le savez, le Canada et le Liban entretiennent des liens très étroits. La communauté libanaise au Canada compte plus de 200 000 personnes, tandis que plus de 50 000 Canadiens vivent au Liban.
[Traduction]
Nos deux pays cultivent des relations diplomatiques depuis 70 ans cette année. Depuis 2023, le Canada célèbre le Mois du patrimoine libanais en novembre. Cette année, cependant, ce mois se déroulera sur fond de crise dévastatrice dans ce pays.
L'escalade du conflit a déjà de graves répercussions. Plus de 2 500 personnes ont déjà été tuées et 9 000 ont été blessées. Plus de 1,2 million de personnes ont été chassées de leur foyer.
[Français]
Nous exprimons nos sincères condoléances à toutes les familles et à toutes les communautés touchées par cette violence. Nous notons avec tristesse le décès de citoyens canadiens.
[Traduction]
Depuis le début du conflit, le Canada exprime son inquiétude face aux combats soutenus entre le Hezbollah et Israël. Non seulement ont-ils des conséquences disproportionnées sur les civils des deux côtés de la ligne bleue qui sépare Israël et le Liban, mais ils constituent une grave menace à la sécurité et à la stabilité de la région dans son ensemble.
[Français]
Avec ses partenaires du G7, le Canada plaide en faveur d'un cessez-le-feu afin d'ouvrir la voie à une solution diplomatique. Nous avons également réaffirmé notre soutien total à la Force intérimaire des Nations unies au Liban, soit la FINUL, et au rôle essentiel qu'elle joue dans la promotion d'un règlement conforme à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
[Traduction]
Le Canada demeure déterminé à privilégier la diplomatie comme seule voie convenable pour stabiliser la frontière entre Israël et le Liban: pour rétablir pleinement la souveraineté du Liban, son intégrité territoriale et sa stabilité; et pour que les citoyens déplacés puissent rentrer chez eux en toute sécurité au Liban et en Israël.
Le Canada condamne fermement les attaques soutenues du Hezbollah contre Israël. Il ne faut pas oublier que l'un des objectifs avoués du Hezbollah, une entité terroriste inscrite à la liste, est la destruction même de l'État d'Israël.
Les attaques du Hezbollah contre Israël ne servent qu'à déstabiliser davantage la région. Par conséquent, le Canada reconnaît le droit d'Israël à l'autodéfense selon le droit international. En effet, toutes les parties au conflit doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international pour assurer la sécurité des civils, ainsi que la protection des premiers répondants et du personnel de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, la FINUL. À l'instar de ses partenaires du G7, le Canada est consterné par les attaques des forces de défense israéliennes qui touchent les positions de la FINUL le long de la ligne bleue.
[Français]
L'impact humanitaire du conflit au Liban est énorme. En 2024, le Canada s'est engagé à verser près de 50 millions de dollars en aide humanitaire au Liban. La population déplacée comprend également des réfugiés syriens, dont certains ont commencé à rentrer en Syrie. Le Canada insiste sur le fait que tout retour de réfugiés doit être sûr, digne et volontaire, conformément au droit international.
[Traduction]
Cette crise humanitaire frappe le Liban alors que le pays est déjà aux prises avec une grave crise politique et économique intérieure. La pauvreté au Liban a plus que triplé au cours de la dernière décennie et touche jusqu'à 44 % de la population totale. Le Liban est sans président depuis octobre 2022. Le Canada a toujours été là comme partenaire du Liban pour l'aider à relever les défis qui l'affligent en matière de développement à long terme, et il l'exhorte à élire un président, à former un nouveau gouvernement et à mettre en œuvre des réformes essentielles le plus rapidement possible. Depuis 2016, le Canada a versé plus de 136 millions de dollars en aide au développement au Liban dans le cadre de sa stratégie au Moyen-Orient.
[Français]
Le Canada a également financé des programmes de paix et de sécurité au Liban. En coopération avec le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes, nous fournissons une formation, des équipements et des infrastructures aux forces armées libanaises, afin qu'elles puissent contrer les menaces terroristes et criminelles transnationales, tout en assurant l'intégrité et la sécurité des frontières libanaises.
[Traduction]
Enfin, le Canada s'inquiète toujours du sort des milliers de Canadiens qui vivent actuellement au Liban. Depuis octobre 2023, nous conseillons aux Canadiens d'éviter tout voyage au Liban ou, pour ceux qui s'y trouvent, de partir pendant qu'il reste des options commerciales. Le ministère a également amélioré sa planification d'urgence de concert avec les autres ministères et des partenaires aux vues similaires, y compris en vue d'une évacuation de non-combattants, au besoin.
Quand la situation de sécurité s'est détériorée, à la fin septembre, Affaires mondiales Canada a offert aux Canadiens, aux résidents permanents et aux membres de leur famille admissibles diverses options pour quitter le Liban. Ainsi, plus de 1 500 départs ont été facilités, dont 300 à l'international. Le gouvernement du Canada continue de diffuser de l'information sur les possibilités de départ au moyen de vols commerciaux en partance du Liban.
[Français]
Je répondrai avec plaisir à vos questions.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de comparaître devant notre comité.
Vous avez mentionné avoir facilité 1 500 départs du Liban. Est‑ce exact?
Quand vous dites « départs », voulez-vous dire...
Permettez-moi de poser ma question différemment: combien de vols avez-vous facilités en provenance du Liban? Combien de sièges y avait‑il à bord de ces vols? Quelle proportion d'entre eux était occupée par des citoyens canadiens et des résidents permanents? Quelle proportion est allée à des ressortissants étrangers? Quel pourcentage des sièges était vide?
C'est ma première question.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier les membres du Comité de me permettre de participer à la première partie de la réunion. Je suis d'origine libanaise.
Tout d'abord, je vous remercie d'être ici pour nous informer, les parlementaires, sur un sujet d'une telle importance pour bon nombre d'entre nous, mais aussi sur le contexte historique des relations entre le Canada et le Liban. Je vous remercie de votre déclaration préliminaire. Cette année, nous célébrons 70 ans de relations diplomatiques entre le Canada et le Liban. En outre, les Libanais sont présents au Canada depuis les années 1880. Cela fait 140 ans. Nos liens ne sont donc pas nés du jour au lendemain. On parle de relations de longue date et je dirais qu'elles sont très bonnes.
Je tiens également à saluer, comme on me l'a demandé, Middle East Airlines, la seule compagnie aérienne commerciale qui a continué à aider les gens à partir, à arriver ou à apporter de la nourriture ou toute autre chose au Liban à l'aéroport. Merci à Middle East Airlines.
Je tiens également à saluer le départ assisté auquel le Canada a contribué. En fait, il a aidé certains habitants de ma circonscription, qui ont réussi à partir et qui sont rentrés à Halifax. Je vous en remercie.
Je voudrais parler de la diplomatie, à laquelle vous avez fait allusion, et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies. Je suis sûre qu'il y en a beaucoup. Où voyez-vous le Canada? Que peut encore faire le Canada pour apporter la paix et une solution et aider le Liban à retrouver son indépendance et sa souveraineté? Je veux vous donner l'occasion de me dire ce que le Canada peut faire d'autre.
La première chose que je dirais en réponse à cette question est que le rôle que joue le Canada au Liban, ou n'importe où dans le monde d'ailleurs, sera toujours renforcé et plus efficace lorsqu'il peut agir avec un grand nombre de partenaires. Dans le contexte...
Vous avez mentionné la résolution 1701. Aujourd'hui, la résolution 1701 a été violée par à peu près toutes les parties le long de la ligne bleue et de chaque côté. Sur le plan diplomatique, nos efforts consistent à réunir des partenaires aux vues similaires au sein d'une coalition la plus vaste possible afin de donner un élan à ces résolutions et de leur donner le plus de mordant possible.
Toutefois, en toute honnêteté, il ne s'agit pas d'une situation dans laquelle nous commençons tout juste à intervenir et à comprendre que le Liban a besoin d'aide. Nous sommes partenaires depuis très longtemps. Dans ma déclaration préliminaire, j'ai fait allusion au fait que notre pays est depuis longtemps un partenaire du Liban en matière de développement. Nous avons toujours été parmi les cinq premiers donateurs au Liban.
Tant pour les programmes de sécurité... Nous soutenons les forces armées libanaises en leur fournissant de l'équipement et de la formation. Nous avons offert beaucoup d'aide au développement dans le cadre de programmes économiques et sociaux. En particulier, cette année, beaucoup de choses ont été faites sur le plan humanitaire. Vous aurez vu, bien sûr, le dernier appel qui a été lancé il y a deux ou trois semaines, lorsque nous avons annoncé la création d'un fonds de contrepartie pour deux grandes organisations humanitaires canadiennes.
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C'est une excellente question.
Concernant la rencontre ministérielle de Paris qui vient de s'achever il y a deux ou trois heures, c'est intéressant, car ce que la France voulait, dans le cadre de cette conférence, c'était d'abord attirer l'attention sur la situation et, en particulier, rallier un certain nombre de pays pour qu'ils soutiennent davantage les forces armées libanaises.
Le fait est que le Sud du Liban est largement occupé par les forces du Hezbollah. C'est évidemment la partie avec laquelle Israël est en conflit. Israël ne veut pas d'une guerre contre le Liban. Israël se bat contre le Hezbollah et est allé de plus en plus loin dans le pays pour combattre les bases et les centres d'opérations du Hezbollah.
L'une des choses que nous, en tant que membres de la communauté internationale, voulons vraiment faire, c'est renforcer le rôle, la formation et la capacité des forces armées libanaises afin qu'elles puissent remplacer les forces du Hezbollah dans le Sud du Liban. Si cette substitution avait lieu et que les forces armées libanaises pouvaient être chargées de garantir la sécurité dans le Sud du pays, Israël se sentirait beaucoup plus en sécurité. Il pourrait en résulter la mise en place d'un processus politique, une amélioration des relations diplomatiques et, en fin de compte, la tenue de négociations sur la délimitation des frontières.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie infiniment les représentants d'Affaires mondiales Canada d'être des nôtres aujourd'hui et de nous éclairer sur la situation et la réaction du Canada. Je pense que notre objectif, ici, n'est pas d'essayer de mettre qui que ce soit en boîte, mais de bien comprendre ce qu'il en est.
Tout à l'heure, mon collègue Michael Chong a fait une comparaison avec les chiffres de 2006, alors qu'on avait évacué environ 15 000 personnes. Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, si j'ai bien compris, on a accompagné ou évacué 1 200 personnes.
Qu'est-ce qui justifiait qu'on évacue 15 000 personnes en 2006, et pourquoi cette justification ne serait-elle pas tout aussi valable aujourd'hui?
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Je comprends mieux votre question.
La réponse est essentiellement que, au moment où l'évacuation a été déclenchée en 2006, il n'existait plus de moyens de transport commerciaux pour permettre aux ressortissants canadiens de quitter le Liban. Comme mon collègue M. Beaulieu l'a expliqué, plusieurs dizaines, voire des centaines, de vols par jour sortent de Beyrouth en ce moment.
Le port et l'aéroport sont donc opérationnels. Les réseaux centraux de transport existent toujours et sont opérationnels, ce qui permet à tout le monde de quitter le pays par des voies commerciales, ce qui est plus économique et plus sécuritaire aussi.
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Merci. C'est effectivement très éclairant.
Lors de votre comparution devant notre comité sur l'étude du régime de sanctions du Canada, vous aviez expliqué que l'objectif ultime de ce régime est de modifier le comportement de la partie fautive, mais aussi de limiter la capacité d'agir de cette dernière sur les plans financier et économique.
Je crains que le Canada soit confronté à un problème de crédibilité et de cohérence. Il a invoqué le respect de l'État de droit, des règles du droit international et de la souveraineté des États pour prendre fait et cause en faveur de l'Ukraine quand la Russie a procédé à une agression illégitime, illégale et injustifiée contre le territoire souverain ukrainien. Toutefois, il n'est pas aussi expansif quant à la violation par Israël de la souveraineté du Liban, un État membre des Nations unies.
Ne serait-il pas opportun de mettre en place des sanctions afin, pour reprendre vos termes, de modifier le comportement de la partie fautive et de limiter sa capacité d'agir sur les plans financier et économique?
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Merci, monsieur le président.
Les deux situations comme celles qui viennent d'être mentionnées sont comparables sur certains points, mais il y a aussi certaines limites.
Il est aussi important de rappeler le concept de légitime défense. En effet, il est tout à fait légitime qu'un pays se défende d'attaques contre son territoire.
Je vous rappelle que, depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah, par sympathie envers le Hamas, a envoyé dès le lendemain des centaines de missiles et d'obus en territoire israélien. Un an et quelques mois, plus tard, ce sont des milliers d'obus, de missiles et de drones qui ont été envoyés sur le territoire israélien. Voilà pourquoi je dis que les deux situations ne sont pas analogues.
Le fait qu'Israël ait ressenti le besoin d'attaquer les positions dans le Sud du Liban, où les forces armées libanaises n'ont pas le contrôle du territoire, pour pouvoir repousser le Hezbollah — lequel présente une menace constante et empêche le retour de 60 000 à 80 000 Israéliens vivant proche de la frontière du Liban —, fait partie d'une légitime défense.
Maintenant, ce que le gouvernement a signalé à plusieurs reprises, c'est que le tout doit se faire dans une certaine mesure et en prenant toujours soin d'épargner le plus possible les civils. Cela fait partie des messages que vous aurez entendu répéter de la part du gouvernement et à l'issue de plusieurs communiqués nationaux et multilatéraux.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens d'abord à vous dire que je sympathise avec vous, madame Diab, monsieur El‑Khoury, ainsi qu'avec tous les Canadiens d'origine libanaise et les Libanais qui souffrent en ce moment. Je sais à quel point la communauté est inquiète. Je sais à quel point vous êtes inquiets pour vos proches et pour le pays du Liban. Je tenais à l'exprimer.
Je tiens également à préciser que les actions du Hezbollah et du Hamas sont manifestement du terrorisme. Ce sont clairement des organisations terroristes et elles sont évidemment armées par une autre entité terroriste, à savoir le régime iranien. Cela dit, je m'interroge sur le comportement d'Israël. Selon le Financial Times, Israël a utilisé du phosphore blanc, une substance chimique incendiaire, lors d'attaques contre une base de l'ONU. Quinze Casques bleus auraient été blessés.
Pouvez-vous confirmer ces informations?
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Je vous remercie de votre question.
Pour mener une telle opération en territoire souverain et y établir une force multinationale, il faut évidemment y être invité par le pays qui contrôle le territoire. À ma connaissance, une telle proposition n'a jamais été effectuée de façon formelle au sein des Nations unies. Par contre, nous avons une force multinationale, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, ou FINUL, qui bénéficie d'un énorme soutien. Ce soutien a été renforcé récemment, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies.
Étant donné, surtout, que la faiblesse de l'infrastructure de sécurité dans le Sud du Liban est due au fait que les forces armées qui contrôlent le territoire sont celles du Hezbollah, la communauté internationale est déterminée à renforcer la FINUL, et le Canada appuie cela entièrement. Il l'a exprimé à la fois aux Nations unies et ici, de façon très publique et bilatérale.