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Merci beaucoup, monsieur le président et distingués membres du Comité, de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Françoise Vanni, et je dirige l'équipe des relations extérieures et des communications du Fonds mondial. J'ai eu l'honneur de témoigner devant vous il y a trois ans dans le contexte de la sixième reconstitution des ressources du Fonds mondial, et je suis vraiment reconnaissante d'avoir l'occasion de le faire de nouveau aujourd'hui, au moment de notre septième campagne.
Je tiens tout d'abord, au nom du Fonds mondial et de nos partenaires du monde entier, à exprimer ma gratitude pour votre soutien et votre leadership de longue date dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et dans la promotion de la santé mondiale en général.
Le Canada est l'un des donateurs fondateurs du Fonds mondial et il a toujours été l'un de nos partenaires les plus solides. Notre cinquième reconstitution des ressources, organisée par le Canada en 2016, a été la plus fructueuse de toutes jusque‑là, et le Canada était notre sixième donateur en 2019, à Lyon, quand nous avons battu ce record en recueillant 14 milliards de dollars à la sixième édition. Cela a été possible grâce à l'appui solide et constant de nos alliés au Parlement canadien, et je vous en remercie.
Par ailleurs, en 2020 et en 2021, le Canada a soutenu les mesures prises par le Fonds mondial pour aider plus de 100 pays à revenu faible ou intermédiaire à lutter contre la COVID‑19. Le Fonds mondial est aujourd'hui le principal bailleur de fonds de toutes les composantes non vaccinales de la lutte contre la COVID‑19, notamment des tests, des traitements, de l'oxygène médical et l'équipement de protection individuelle destiné, entre autres, aux travailleurs de la santé.
Le Fonds mondial a récemment célébré son 20e anniversaire, et il faut savoir que les programmes que nous finançons ont permis de sauver plus de 44 millions de vies depuis sa création en 2002. Par ailleurs, le taux de mortalité attribuable globalement aux trois maladies a été réduit de plus de moitié dans les pays où le Fonds mondial investit. C'est la preuve que l'engagement mondial combiné au leadership communautaire peut faire reculer des maladies mortelles et faire progresser les objectifs de développement durable à l'horizon de 2030.
Dans les dernières années, les répercussions de la pandémie de COVID‑19 ont été catastrophiques, notamment pour les plus vulnérables. Pour la première fois de l'histoire du Fonds mondial, les principaux indicateurs de résultats des programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme ont diminué. La mortalité due au paludisme, par exemple, a augmenté de 12 %, ce qui représente environ 69 000 décès de plus, en grande majorité des enfants de moins de cinq ans en Afrique. La situation aurait pu être bien pire sans nos interventions rapides, mais elle est encore désastreuse, surtout quand on sait que ces maladies peuvent être prévenues et traitées.
La guerre en Ukraine est une autre grande tragédie humaine qui a un coût direct, mais ses répercussions sur les vies et les moyens de subsistance dans le monde seront également graves. Je parle des crises alimentaires, des crises énergétiques, des crises de la dette, etc. Là encore, ces crises toucheront de façon disproportionnée les plus vulnérables, qui sont déjà les plus exposés au VIH, à la tuberculose et au paludisme.
Dans ce contexte, la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial est cruciale. Nous devons recueillir suffisamment de dons pour regagner le terrain perdu et reprendre la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme afin d'atteindre les objectifs de 2030 tout en bâtissant des systèmes de santé plus solides qui permettront aux pays d'être mieux préparés aux futures pandémies qui, nous le savons, ne manqueront pas de se produire.
Notre objectif pour la septième reconstitution des ressources est de recueillir au moins 18 milliards de dollars. C'est une augmentation de près de 30 % par rapport au cycle précédent, et elle s'explique par l'énorme recul que le monde a connu au cours des deux dernières années. Avec au moins 18 milliards de dollars, nos partenaires techniques, l'OMS et d'autres estiment que nous pourrions sauver 20 millions de vies supplémentaires au cours des trois prochaines années et éviter environ 450 millions de nouvelles infections pour les trois maladies. Les enjeux ne sauraient être plus élevés. À défaut de fournir les ressources nécessaires, nous devrons reconnaître que, à toutes fins utiles, nous renonçons aux engagements de 2030. Ce serait une tragédie qui coûterait des millions de vies et nuirait à l'économie de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire.
Le président Biden, qui accueillera généreusement la septième reconstitution des ressources à New York en septembre, a déjà prévu dans son budget un engagement de 6 milliards de dollars à cette occasion. La loi américaine prévoit que chaque dollar engagé par les États-Unis soit suivi d'une contrepartie de deux dollars des autres donateurs. À défaut d'une augmentation correspondante de 30 % de la part d'autres grands donateurs, comme le Canada par exemple, il sera difficile de recueillir les 12 milliards de dollars nécessaires pour débloquer la totalité de la promesse des États-Unis. Nous sommes donc ici aujourd'hui pour vous demander de nous aider à obtenir un engagement canadien à la hauteur de cet objectif, car nous ne voulons pas laisser de l'argent sur la table.
Le Fonds mondial s'est révélé un partenaire efficace et rapide en matière de développement, mais aussi en temps de crise, que ce soit en soutenant les pays à revenu faible ou intermédiaire dans la lutte contre la COVID‑19 ou en assurant la continuité des traitements vitaux pour les populations touchées par la guerre, en Ukraine, mais aussi, en fait, dans de nombreux autres endroits.
C'est aussi un outil puissant pour faire valoir les droits de la personne et l'égalité des sexes, des principes qui sont au cœur même de notre stratégie. Nous avons, par exemple, considérablement augmenté nos investissements dans la prévention du VIH parmi les adolescentes et les jeunes femmes de 13 pays prioritaires où le taux d'infection est le plus élevé. Dans ces pays, le nombre de nouvelles infections a diminué de 41 % au cours des 12 dernières années. En outre, dans les pays soutenus par le Fonds mondial, le pourcentage de mères recevant un traitement pour prévenir la transmission du VIH à leurs bébés a atteint 85 % en 2020, comparativement à 44 % en 2010.
En mettant l'accent sur l'élimination des obstacles aux droits de la personne ou des obstacles à la santé liés au genre, le Fonds mondial veille à ce que personne ne soit laissé pour compte.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Merci beaucoup.
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Je n'ai pas insulté M. Chong. J'ai dit que j'avais le plus grand respect pour lui.
Il vient de faire valoir, me semble‑t‑il, qu'on ne devrait pas lui prêter d'intentions ou, en fait, présumer ou interpréter ses intentions. Eh bien, c'est exactement ce qu'il vient de faire au sujet de ma motion. Il a supposé qu'il y était question d'avortement. Je tiens à dire à M. Chong que j'ai présenté cette motion en décembre. On l'a balayée sous une table ou un tapis quelque part. Personne n'en a plus jamais parlé.
Je suis médecin. Je suis présidente de l'Association canadienne des parlementaires pour la population et le développement. J'aborde également ce sujet dans le cadre du G7 et du G20. C'est l'un des enjeux les plus importants. Cela fait partie des ODD, monsieur le président.
J'aimerais dire que cela n'a rien à voir avec l'avortement, mais c'est le cas. Quand on parle de l'éventail des enjeux de la santé sexuelle et reproductive, il faut commencer par la contraception. Il faut commencer par l'éducation des jeunes à la sexualité, à la prise de risques, etc., sans connaissance de la contraception et des maladies sexuellement transmissibles. Il faut ensuite parler des soins prénatals, de la grossesse et de l'accouchement, et des soins postnatals et néonatals.
Ce n'est pas nouveau, mais cela continue et s'amplifie. Depuis le début de la pandémie de COVID‑19, c'est un phénomène exponentiel partout dans le monde. Les statistiques du Fonds des Nations unies pour la population depuis 2019 révèlent une augmentation du nombre de décès attribuables à l'hémorragie post-partum, qui est, de nos jours, la cause de décès la plus importante en Afrique parmi les jeunes femmes de 15 à 19 ans. On parle ici d'un problème évitable. Les femmes représentent la moitié de notre monde, 51 % de la population mondiale. Si nous ne nous soucions pas de leur décès à l'accouchement, si nous ne nous soucions pas de leur décès à cause d'une hémorragie post-partum, si nous ne nous soucions pas de leur accès à un accouchement sécuritaire quand elles le désirent...
L'avortement est l'un des enjeux, mais ce n'est pas le seul. L'idée de sauter aux conclusions à partir de quelque chose de très clair...
L'UNFPA et l'Organisation mondiale de la santé considèrent qu'il s'agit d'une crise en ce moment. Quand une femme meurt d'hémorragie post-partum, la majorité de ses enfants de moins de cinq ans ne survivent pas. On parle ici d'un vrai problème dans la vie des gens et de la possibilité de faire quelque chose qui nous semble simple, c'est‑à‑dire d'avoir ou non un enfant, de décider d'enfanter ou non et d'avoir un accouchement en toute sécurité. Ce n'est pas le cas partout dans le monde.
Les besoins sont immenses, partout dans le monde, en matière d'infrastructure de soins cliniques. Nous en entendons parler à cause de la COVID. Nous en entendons parler à cause de la tuberculose. Nous en entendons parler à cause du paludisme. Nous en entendons parler à cause du VIH‑sida. Partout et tout le temps. Étant donné que le viol sert désormais de tactique de guerre en Ukraine et partout dans le monde et qu'environ 85 millions de personnes sont déplacées, les femmes et les enfants courent un grand risque d'agression et de violence sexuelles. La situation est en train d'empirer. Je ne peux pas croire qu'on puisse penser...
J'ai donc déjà soulevé cette question. J'ai attendu patiemment. Elle n'a pas été accueillie. Elle a été balayée sous le tapis. Je la soulève de nouveau parce qu'il s'agit d'une crise. C'est une question cruciale pour les femmes, les enfants et les nourrissons du monde entier. Il s'agit des maladies transmises sexuellement, dont l'une, le VIH, dont nous venons tout juste d'entendre parler par le Fonds mondial. On nous dit que des jeunes filles de 15 à 24 ans contractent le VIH. Elles ne meurent peut-être pas du sida, mais elles contractent le VIH, qui peut nuire à leur capacité d'avoir des enfants plus tard. Comme médecin, c'est quelque chose qui me tient vraiment à cœur.
Chaque année, nous remettons la question de la santé sexuelle et reproductive sur la table aux conférences du G7 et du G20. Les organisations internationales s'en préoccupent. C'est une question urgente, et on me dit qu'il faut la mettre de côté. Pour quoi faire? Les femmes ne comptent donc pas? Est‑ce que 51 % des adultes et des enfants de ce monde ne comptent pas? On s'en fiche? Est‑ce vraiment ce que ce comité me dit?
Nous pouvons nous entendre sur le processus. L'argument de M. Bergeron est important, et je l'entends bien. Il a peut-être raison, mais la question n'est pas là. Le fond de la question est tellement urgent que l'Organisation mondiale de la santé estime qu'il s'agit d'une crise. Je suppose que nous ne savons même plus ce qu'est une crise en raison de leur multiplication.
Les femmes et les enfants du monde entier sont en danger. Je soulève une question à ce sujet. On s'en est débarrassé en décembre. Je ne me retirerai pas de ce dossier parce qu'il est très important pour la vie des gens partout. Même le simple accès à la contraception est refusé en raison des coûts et du fait que les jeunes n'ont pas l'occasion d'aborder la question, et ce, pour de nombreuses raisons.
Les maladies transmises sexuellement comme le VIH, la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis sont encore très répandues dans le monde. Nous pensions nous en être débarrassés il y a environ 25 ans. Mais elles sévissent toujours. Nous devons aborder ce problème.
Je ne sais pas si certains d'entre vous savent que, quand une femme a plus de cinq enfants, son utérus devient comme un morceau de carton. L'utérus est un muscle. Il se contracte pour arrêter le saignement après la naissance d'un bébé. Quand une femme a son dixième enfant parce qu'elle n'a pas eu le choix et que son utérus est comme un morceau de carton et ne peut pas se refermer pour arrêter le saignement, elle meurt. Elle meurt. Dans certains pays, il n'existe aucune infrastructure pour la soigner.
Excusez-moi. Ce sujet me rend très émotive. J'ai accompagné l'accouchement de 800 bébés au cours de ma vie. Je ne voudrais pas qu'on pense que quelque chose qui n'est pas assez bien pour nous le serait pour les gens d'Afrique, d'Amérique latine et de nombreux pays où on n'a pas accès à ce genre de soins. Je ne me tairai pas.
Excusez-moi, monsieur le président. En général, je ne me laisse pas emporter par les émotions. Ce n'est pas mon genre. Je dois rester calme dans mon métier. Je ne peux pas me permettre d'être émotive. Mais je suis bouleversée par l'insensibilité des propos concernant cette motion. C'est de l'insensibilité, un manque d'humanité, un manque de compassion et d'empathie à l'égard des femmes. Allons-nous être jetées à la poubelle?
Je pense que l'époque où nous étions assimilées à des biens meubles et des possessions est révolue. Nous avons des droits. Nous siégeons tous à ce comité pour parler d'égalité des sexes et du fait que les droits des femmes sont des droits de la personne. Et, quand nous parlons de leurs droits, j'entends ce genre de remarque de la part de collègues. C'est honteux.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je sais que différents membres se sont exprimés avec divers degrés de passion et que des gens ont prétendu qu'il n'y avait pas de dessein politique derrière la proposition soudaine de prioriser la question de l'avortement dans les travaux du Comité. Cependant, je pense que le public sera bien avisé de prendre note de ce qui se passe plus généralement dans la Cité parlementaire. Les membres du Comité savent probablement — peut-être qu'ils ne le savent pas, mais les gens assis derrière la table le savent probablement très bien — que beaucoup de motions sur l'avortement sont présentées à de nombreux comités parlementaires.
Il semble que l'esprit stratégique de nos amis d'en face les a amenés à penser que ce serait une bonne idée de discuter autant que possible de l'avortement dans autant de comités parlementaires que possible. Il est un peu exagéré de prétendre que cela ne répond pas à un dessein politique.
Ce n'est pas à moi de dire ce que les autres comités devraient étudier. Bien entendu, des considérations concurrentes jouent dans d'autres comités aussi. Il peut être admis qu'un besoin particulier se fait sentir dans tel ou tel comité. Je ne peux parler que de ce qui nous concerne, c'est‑à‑dire l'ordre du jour du comité des affaires étrangères.
En présentant cette motion d'ajournement, mon objectif est de bien faire ressortir le choix qui s'impose au Comité, à savoir s'il faut accorder la priorité à une discussion sur le droit à l'avortement ou à une discussion sur l'invasion russe de l'Ukraine. Il faut choisir. Étant donné que le comité des affaires étrangères existe, ainsi que de nombreux autres: le comité de la condition féminine, le comité de la justice, le comité de la sécurité publique... Il y a le Sous-comité des droits de la personne et, en fait, une députée a déjà mentionné qu'elle y avait présenté une motion. Dans le passé, quand des questions portant précisément sur les droits de la personne se sont posées, certains membres ont fait valoir que c'est pour cela que nous avons ce sous-comité, que c'est sa raison d'être.
Je pense à l'ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le monde. Il y a, bien sûr, la question de Taïwan; il y a, bien sûr, la question de l'équité de la vaccination. Cependant, c'est l'invasion de l'Ukraine qui, je crois qu'il est juste de le dire, a vraiment retenu l'attention et suscité les préoccupations des Canadiens de tous les horizons. Je sais que j'en entends beaucoup parler dans ma circonscription, qui abrite un important groupe de la diaspora ukrainienne. Les gens ont suivi de très près le travail très sérieux, non partisan et mobilisateur qui a été fait par le Comité jusqu'à ce moment.
En ce qui concerne l'Ukraine, il y a eu des divergences d'opinions quant à l'approche recommandée par les partis. Il y a eu des moments où nous avons critiqué le gouvernement et il y a eu divers échanges, mais dans l'ensemble, devant ce cas d'agression étrangère, nous avons tenté de nous en tenir aux questions de fond. Cela correspond à la dignité et au sérieux que nous attendons du comité des affaires étrangères du Canada.
Devant le choix que nous envisageons au sujet de nos priorités et de la décision à prendre concernant la priorité à accorder à l'invasion russe de l'Ukraine en tant qu'événement d'importance primordiale, je pense qu'il faut prendre garde de ne pas discréditer le comité des affaires étrangères. Il arrive parfois que des députés ne saisissent pas toute l'importance de notre rôle.
Nous avons la possibilité, en tant que comité des affaires étrangères du Canada, d'orienter la discussion en ce moment critique des affaires mondiales, où nous sommes témoins de la toute première invasion d'un pays souverain par un autre en Europe depuis, je crois, la Deuxième Guerre mondiale. Elle a des répercussions sur la sécurité mondiale et sur notre propre sécurité. Les ministres et, bien sûr, les membres du Comité de même que les députés de tous les partis l'ont souligné à maintes reprises.
Dans le contexte de l'étude sur l'Ukraine, nous avons dit que nous commencerions à examiner la situation de l'Ukraine, mais de façon ouverte, sans prescrire un nombre déterminé de réunions. Nous avons dit que nous serions ouverts à l'idée de tenir d'autres réunions à mesure que de nouveaux renseignements seraient disponibles. Je crois que c'est Mme Bendayan qui l'avait proposé au départ. Je pense que c'était une très bonne idée. Je ne devrais pas dire que c'était avant l'invasion, puisque nous savons que l'invasion a vraiment commencé en 2014. C'était avant la reprise de l'invasion en février de cette année. Nous avions commencé à tenir des audiences à ce sujet. Nous avions commencé à entendre des témoignages très convaincants de divers fonctionnaires qui ont souligné ce que nous devions faire et les défis qui nous attendaient. Ils ont parlé du récent voyage de la en Europe avant l'invasion, des questions entourant l'opération Unifier — l'engagement pris en janvier de renouveler de l'opération Unifier — et des investissements considérables envisagés pour l'aide humanitaire.
Je me souviens qu'avant l'invasion, nous avions surtout insisté sur la nécessité de sanctions plus sévères et sur le fait que des sanctions ciblées joueraient un rôle de dissuasion de grande importance. De plus, nous faisions valoir les arguments en faveur de la sécurité énergétique même à l'époque. Bien entendu, la discussion sur la sécurité énergétique a pris de l'ampleur depuis. Encore une fois, je pense que le Comité devrait y revenir dans son examen de la situation de l'Ukraine.
Les propositions concernant les sanctions, l'envoi d'armes létales, l'entraînement militaire continu et d'autres formes d'aide à l'Ukraine devaient être axées sur la dissuasion. La meilleure façon de vaincre un envahisseur, c'est évidemment la dissuasion préalable. Ç'aurait été de créer des conditions telles que le régime Poutine se serait convaincu qu'il valait mieux ne pas envahir. Nous devons prendre très au sérieux le fait que la dissuasion préalable a échoué.
Si nous songeons aux époques historiques où nous avons été entraînés dans de grandes guerres, c'était en général attribuable à un quelconque échec de la dissuasion, qui a fait que les pays agresseurs ont pensé que la résistance à leur occupation progressive d'un territoire serait vaine. Pourquoi avons-nous permis que les conditions créées étaient telles qu'elles ont abouti à l'échec de la dissuasion devant l'imminence de l'invasion de l'Ukraine?
Je pense qu'il faut remonter à 2015. Le Comité aurait peut-être dû étudier la situation de l'Ukraine même à ce moment‑là. Je n'étais pas membre permanent du Comité en 2015‑2016. Je pense que certains des membres actuels y étaient. J'agissais souvent comme membre suppléant à l'époque. Nous avons soulevé la question de la suppression de l'accès aux images RADARSAT. À la suite de l'invasion de 2014, le gouvernement Harper avait mis en place un système d'échange d'images et d'information provenant de RADARSAT. Cela a permis de fournir d'importantes ressources stratégiques à l'Ukraine, mais a aussi constitué une importante expression de solidarité et de notre engagement à faire tout ce que nous pouvions pour soutenir et renforcer les Ukrainiens.
Je me suis rendu en Ukraine en 2016. J'ai vu l'espoir ressenti par les Ukrainiens du fait des armes et des ressources qu'ils obtenaient. Ils estimaient que leur armée était beaucoup mieux préparée que deux ans auparavant, et je sais que la préparation, le renforcement des moyens militaires et les combats se sont poursuivis et, bien entendu, se poursuivent encore aujourd'hui. La technologie RADARSAT a joué un rôle important. On n'a jamais vraiment expliqué pourquoi le nouveau gouvernement, dirigé par le , a choisi de ne plus communiquer cette information essentielle.
C'était aussi à l'époque où il y avait un débat interne évident au sein du caucus du parti ministériel entourant les sanctions Magnitski. Les sanctions de la loi Magnitski sont vraiment un élément prioritaire. Elles ont été et continuent d'être une priorité pour les Ukrainiens et la communauté des dissidents russes, qui font valoir la nécessité d'imposer des sanctions prévues par la loi Magnitski de façon à cibler les personnes impliquées dans des violations graves des droits de la personne. C'est une mesure importante qui a été proposée.
À l'époque, le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, et le gouvernement libéral avaient donné toutes les indications d'un faible enthousiasme pour l'idée de recourir au régime de sanctions Magnitski, mais, en fin de compte, la Chambre des communes a adopté à l'unanimité la loi Magnitski, ce qui constituait un net progrès, mais elle n'a pas été appliquée. Il y a eu beaucoup de cas, jusqu'à la fin de février, je crois, au moment de la deuxième invasion, où les conservateurs ont posé des questions au sujet de personnes impliquées dans des violations des droits de la personne en Russie et dans des actes d'agression contre l'Ukraine. Ces personnes n'avaient pas été sanctionnées.
Je pense que l'importance de l'étude sur l'Ukraine et du travail du Comité a été rehaussée par le fait que, dans le contexte de l'étude sur la situation en Ukraine, nous ayons pu nommer des personnes à cibler. Pour cela, nous nous sommes basés, entre autres, sur la liste de Navalny. Alexeï Navalny, la figure emblématique de l'opposition russe, avait établi une liste de personnes qui, selon lui, méritaient d'être sanctionnées. Nous avons fait mention de certains de ces noms devant le Comité. Finalement, certaines de ces personnes ont été sanctionnées. En fait, en prononçant les sanctions, le a expressément mentionné que ces personnes figuraient dans la liste de Navalny. Il n'a pas cité précisément le travail du comité des affaires étrangères, mais cela montre néanmoins à quel point il importe d'inscrire ces questions à l'ordre du jour et de faire savoir que, en tant que parlementaires siégeant au Comité, nous avons des opinions et qu'il arrive souvent, quand nous soulevons ces questions, qu'elles influent sur la position des ministres et du gouvernement.
Nous étions heureux de voir une certaine évolution quant à l'imposition de sanctions aux personnes qui ont été désignées au Comité, mais ce n'est qu'après le 23 février que cela s'est fait. Je crois que c'était le 23. Je me trompe peut-être d'un jour ou deux, mais cela ne s'est produit qu'après le 23 février. Les conseils que nous avons reçus de Marcus Kolga, de Bill Browder et d'autres qui ont comparu devant le Comité ont fait ressortir l'importance des sanctions et ont aidé en particulier à comprendre l'effet dissuasif qui pourrait en résulter.
On nous a donné l'impression que... C'est là qu'a joué la liste de Navalny. Il y avait des gens dans l'entourage de Vladimir Poutine qui étaient responsables de prendre et d'investir l'argent du régime. M. Poutine, en particulier, se préoccupe de ses propres intérêts, ses intérêts financiers, et de sa propre préservation et du renforcement de son pouvoir. Frapper fort à l'avance, non pas militairement, bien sûr, mais au moyen de sanctions, aurait été tout à fait justifié en raison d'actes d'agression passés et de violations des droits de la personne. Frapper à l'avance aurait, je pense, renforcé considérablement le message dissuasif.
Nous pouvons nous pencher sur certaines des mesures prises avant février de l'an dernier: l'interruption de la communication des images RADARSAT, l'incapacité de mieux appliquer la loi Magnitski, l'omission de sanctionner les personnes responsables d'investir la fortune personnelle des gens du régime. Si nous avions pris ces mesures, je pense que l'effet de dissuasion aurait été plus grand.
Nous pouvons être fiers du rôle que le Canada a joué immédiatement après la première invasion, celle de la Crimée, en 2014. En tant qu'acteur clé et membre de diverses organisations internationales, le Canada a réussi à amener les pays à adopter une position plus ferme. C'est alors que la Russie a été expulsée du G8. C'était vraiment la première fois que la Russie subissait des conséquences de cette importance. Nous étions au courant des violations des droits de la personne en Tchétchénie, bien sûr, et des opérations agressives en Géorgie.
Nous en avons vu d'autres exemples, mais c'est vraiment le leadership du Canada qui a joué un rôle influent pour promouvoir cette réponse mondiale renforcée et accentuée qui a suivi l'invasion initiale de l'Ukraine en 2014. C'est à ce moment‑là que remonte la violation des engagements pris par la Russie dans le mémorandum de Budapest, notamment l'engagement clair de respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
Je pense que la valeur de l'étude de la situation présente, de celle qui se profile à l'avenir, mais aussi de la situation antérieure, depuis l'indépendance de l'Ukraine, tient en partie à ce qu'elle aiderait à contrer beaucoup de la désinformation concernant cette invasion. Il est important de reconnaître d'emblée que, quoi que certains puissent tenter de dire sur certains points — « le rattachement territorial, les causes, la chronologie » —, la Fédération de Russie s'était engagée à défendre l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières d'avant 2014, qui demeurent celles reconnues internationalement.
Je pense que le Canada, après 2015, du moins dans la phase initiale, n'a pas été aussi agressif ou aussi précis. Il y a des cas évidents, comme ceux que j'ai mentionnés, où nous avons allégé les pressions qui s'exerçaient jusqu'alors. Je pense que cela a contribué à l'échec de la dissuasion qui nous a menés au point où nous en sommes maintenant, où la trajectoire d'après 2014 a été celle d'une réaction forte du reste du monde, suivie d'un assouplissement graduel.
Cela s'est produit différemment selon les pays, mais on a l'impression que pendant cette période, même si le conflit persistait et même si la Russie continuait d'occuper une partie du territoire de l'Ukraine et de commettre de graves violations des droits de la personne contre le peuple ukrainien, il y a eu dans certains pays une sorte de relâchement de la pression, une sorte d'oubli que la situation persistait.
Au cours des quelques mois précédant l'invasion, je pense que les députés voyaient clairement ce qui se préparait. Je crois évidemment que le gouvernement était conscient des risques. Il en a fait état directement par la voix des fonctionnaires qui ont comparu devant le Comité. Ceux‑ci nous ont dit que:
La mobilisation des forces militaires russes en Ukraine et ses environs se poursuit, sans signe de désescalade. La situation demeure imprévisible et les intentions militaires du président Poutine demeurent nébuleuses.
Nous collaborons de près avec nos alliés et nos partenaires afin de trouver une solution diplomatique au conflit militaire, en élaborant de multiples mesures rigoureuses de dissuasion.
Il s'agit de l'engagement politique pris par Affaires mondiales Canada. C'est le témoignage entendu par le Comité avant l'invasion.
Beaucoup de nos questions portaient justement sur cet engagement en matière de dissuasion. Comment pouvons-nous renforcer la dissuasion? Comment pouvons-nous renforcer notre position en vue de décourager l'agression?
C'est là où nous en étions à l'époque. Nous avons entendu d'autres témoins qui, encore une fois, ont réclamé des sanctions ciblant précisément ceux qui tirent profit du régime.
Je devrais également souligner que l'une des questions que nous avons abordées au Comité est la désinformation sous la forme de gazouillis partagés et de certains des efforts de la Fédération de Russie pour propager ici sa désinformation sur ce qui se passait avant, sur ce qui s'est passé pendant l'invasion et depuis.
C'est remarquable, vu les incohérences dans l'approche que nous avons adoptée...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Oliphant de ses observations, mais je maintiens qu'il s'agit d'une motion. Il s'agit d'une motion d'ajournement dans le cadre d'un amendement à une motion, mais le but de la motion initiale était d'établir le programme du Comité. Elle le fait avec une certaine précision. Elle ne dit pas à quelles dates les réunions auraient lieu, mais elle précise que le Comité doit procéder à une étude sur une question particulière. Cette question porte essentiellement sur le droit à l'avortement, ainsi que sur d'autres sujets. Le contexte, c'est que les libéraux veulent que le comité des affaires étrangères discute du droit à l'avortement au Canada, alors que nous avons l'invasion de l'Ukraine et les menaces à Taïwan. Nous sommes confrontés à divers autres défis dans le monde. L'intention des libéraux de rouvrir le débat sur l'avortement, devant le comité des affaires étrangères en particulier, et reconnaissons‑le, aussi devant toute une série d'autres comités, est fondamentalement une question qui a trait au programme du Comité.
Je présente donc une motion d'ajournement qui demande que nous portions notre attention pour le moment sur les événements bouleversants en Ukraine et sur leurs conséquences pour les femmes et les hommes qui vivent là‑bas et ailleurs dans le monde.
Je pense qu'il est important de reconnaître que, peut-être avant que le Cabinet du premier ministre lance la consigne de tout laisser tomber parce qu'il voulait qu'on parle d'avortement dans tous les comités où c'était possible, les députés libéraux insistaient sur l'urgence de se pencher sur la question de l'Ukraine.
Je peux même citer les propos de Mme Fry qui, ayant la prescience de la nouvelle invasion qui se préparait, a déclaré devant le Comité, le 14 février, je crois:
On assiste à un mouvement mondial pour jeter la démocratie aux orties. Les régimes de Taïwan et de l'Ukraine sont démocratiques. Nous assistons aux manœuvres de la Russie en Ukraine et de la Chine contre Hong Kong et Taïwan. Elles envahissent les espaces aériens, elles s'approchent de très près des lignes de démarcation en mer, etc. Avez-vous l'impression que ça fait partie d'un mouvement d'ensemble pour mettre fin à la démocratie dans deux grandes régions, l'Europe et l'Asie-Pacifique?
Puis elle a insisté:
Sommes-nous préoccupés par cette situation générale et par ce plan à long terme pour débarrasser le monde de ses institutions démocratiques et des nations démocratiques?
Si les membres reconnaissent que cela fait partie d'un effort stratégique visant à rendre le monde moins sûr pour la démocratie, et j'ai tendance à être généralement d'accord avec Mme Fry, alors que nous sommes, ma foi, le comité des affaires étrangères, c'est exactement une question dont nous devrions être saisis. Nous devrions être conscients de l'urgence de la situation.
Le 5 avril, le secrétaire parlementaire, M. Oliphant, y est allé de la déclaration suivante:
Cela fait plus d'un mois que le président Poutine a décidé d'envahir l'Ukraine. Chaque jour, le nombre de victimes et de blessés parmi les civils, y compris les enfants, ne cesse d'augmenter. Nous savons que les Russes ont bombardé des immeubles d'appartements, des espaces publics, des théâtres et des maternités. À cela se sont récemment ajoutés des reportages et des images horribles sur les atrocités qu'ils ont commises à Boutcha. Entendons-nous bien: notre gouvernement estime que ces actes constituent des crimes contre l'humanité, et il est résolu à obliger le président Poutine et ses affidés à rendre des comptes.
M. Oliphant disait à l'époque que nous étions témoins de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, et depuis — je ne me souviens pas de la date exacte du dépôt de la motion de Mme McPherson —, la Chambre a reconnu que les forces russes commettaient un génocide en Ukraine.
Je pense que les conservateurs ont dit des choses semblables un peu plus tôt, mais si on s'arrête à ce que des membres libéraux ont dit ces derniers jours, force est de conclure qu'il y a effectivement eu des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et un génocide dans le cadre d'un effort visant à éradiquer la démocratie et les institutions démocratiques. C'est le compte rendu que nous donnent les membres libéraux pour décrire où nous en sommes et où nous pourrions aller.
Il y a d'autres comités au Sénat, mais je dirais que, étant le seul comité de la Chambre chargé des affaires étrangères, il nous incombe de prendre cette question au sérieux et de maintenir notre engagement devant les événements qui ne cessent de survenir et l'évolution de la situation à mesure qu'elle se produit.
J'ai rappelé, et je crois que beaucoup de membres l'ont fait également, les événements qui se passent en Ukraine, ce qu'ils signifient pour le reste du monde et le genre de précédent qu'ils créent. La Russie et la Chine sont des États très différents à bien des égards, mais ils sont tous deux gouvernés par des dirigeants révisionnistes qui n'adhèrent pas à l'idée d'un ordre international fondé sur des règles. Ils croient que les pays devraient pouvoir exercer leur domination et leur pouvoir, s'ils en ont la capacité, dans la sphère d'influence qu'ils définissent eux-mêmes.
La position du Canada et de ses alliés a été d'affirmer que les relations entre les nations doivent être régies par des règles et un ensemble de principes et de mécanismes d'arbitrage de sorte que les différends entre nations puissent être réglés sans recours à la violence. C'est l'idée centrale d'un ordre international fondé sur des règles, qui est bénéfique partout, à tout le monde.
Ainsi, en envahissant l'Ukraine, le régime Poutine tente de renverser cet ordre international fondé sur des règles, ordre qui sera préservé seulement s'il est défendu et protégé et si ceux qui y portent atteinte ont à payer les conséquences de leurs actions. Autrement, les nations s'en serviront comme précédent pour tenter d'aller plus loin.
Le Comité mène une étude distincte sur la question de Taïwan, mais je pense que nous avons toujours compris qu'il y avait un lien notionnel ou des implications entre ces questions et ce qui s'est passé et se passe en Ukraine et à Taïwan. Cela a des répercussions sur d'autres pays qui pourraient être victimes d'agressions ultérieures. Si nous fermons les yeux sur les atteintes aux principes du droit et de l'ordre dans les affaires internationales et permettons qu'ils soient supplantés par le recours à la force, les conséquences seront d'une extrême gravité.
L'invasion a pourtant eu lieu. Je pense que certains ont été étonnés par la nature et l'échelle des opérations, même si on s'attendait toujours, je crois, à ce que les forces russes passent à l'attaque en Ukraine.
L'un des éléments fondamentaux que nous devons comprendre, et je pense que cela a été très bien exprimé dans certains des témoignages que nous avons entendus, c'est le désir de Poutine d'accroître chez lui sa popularité, qui était à la baisse avant l'invasion, et sa volonté de rehausser son image. Nous avons vu des efforts semblables délayés par ce régime auparavant, dès le début des horribles violences imputables à Vladimir Poutine en Tchétchénie. Ces actes de violence semblent avoir suscité une sorte de « ralliement autour du drapeau » de courte durée et, face à certaines de ces premières agressions, il n'y a pas eu de réaction notable de la part de la communauté internationale.
Il me semble que le régime de Poutine, dans un certain sens, a mal calculé la puissance et la profondeur de la résistance ukrainienne, ainsi que l'efficacité de la réaction de la communauté internationale. L'objectif de guerre déclaré à l'origine était la démilitarisation effective de tout le pays. Ce à quoi beaucoup s'attendaient et ce dont nos témoins ont parlé, c'est la volonté du régime Poutine d'installer un quelconque gouvernement fantoche. Les chances que cela réussisse paraissent minces.
Je me souviens qu'au cours de la première semaine de la guerre, je vérifiais assidûment le mot-clic Kiev pour savoir si la capitale allait tomber et comment la situation évoluait. Les Ukrainiens ont résisté héroïquement, et ce qui devait être une rapide promenade militaire s'est transformé, de toute évidence, en un combat acharné qui dure toujours. Les Ukrainiens méritent d'être félicités pour leur résistance héroïque.
La communauté internationale est intervenue de diverses façons. La position des conservateurs depuis la première invasion a été d'appuyer les mesures prises par le gouvernement jusqu'à maintenant. Nous continuons d'appuyer les mesures qui ont été prises et nous proposons sans cesse d'en adopter de nouvelles. De plus, nous avons continué de dire qu'il nous faut certainement prendre note, de la façon appropriée et au moment opportun, du fait que les mesures prises avant l'invasion n'étaient pas assez rigoureuses ou efficaces pour empêcher que notre vulnérabilité augmente.
Nous devrons par la suite examiner les moyens par lesquels nous pouvons soutenir l'Ukraine. Je pense que nous pourrions trouver des témoins qui appuient nos efforts sur tous ces fronts. Il y avait un besoin urgent d'armes, d'armes plus efficaces, capables de protéger les Ukrainiens et de contribuer à la résistance héroïque qui se poursuit. Encore une fois, « plus d'armes plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais », demeure la demande clé. Nous avons eu le plaisir d'entendre l'ambassadeur ukrainien Deshchytsia parler du besoin urgent d'armes. Je crois que le Comité trouverait utile d'entendre son témoignage. Nous pourrions aussi entendre des spécialistes des systèmes d'armement et du matériel militaire, puis revenir avec des recommandations concrètes à l'intention du gouvernement sur les mesures que nous devrions prendre.
Je vois toujours d'un œil favorable que les comités parlementaires assument leur rôle et formulent des recommandations très détaillées et précises. Je pense que les comités sont parfois tentés par la facilité et se contentent de dire que le gouvernement devrait étudier telle ou telle question. Il arrive qu'un comité qui vient d'effectuer une étude détaillée sur une question se borne à dire: « Eh bien, il paraît que nous devrions faire telle ou telle chose, mais nous n'allons pas recommander au gouvernement d'agir dans ce sens, mais plutôt de faire une étude plus approfondie sur ce point particulier. » À mon avis, c'est ordinairement une occasion ratée pour les membres d'un comité de mettre à profit leurs connaissances et leurs compétences collectives, de s'y appuyer pour donner une appréciation détaillée de la question, plutôt que de s'en tenir à recommander une étude plus approfondie.
Pour ce qui est du besoin vital d'armes efficaces, nous pouvons aller plus loin en convoquant davantage de témoins et en formulant des recommandations plus précises. Dans ma circonscription, j'entends constamment parler de moyens pour soutenir l'Ukraine, de sécurité énergétique et du rôle que l'énergie canadienne peut jouer dans le remplacement du gaz et des produits énergétiques russes exportés vers Europe. L'économie russe est fortement tributaire de l'exportation de ressources naturelles. L'Europe est son premier client; c'est elle qui importe la plus grande part des produits gaziers et pétroliers russes. La Russie est également un important exportateur de charbon, dont une partie est destinée à nos partenaires démocratiques de la région indopacifique, comme la Corée du Sud.
Étant un pays dont l'économie est à bien des égards très différente de celle de la Russie, mais qui est aussi un pays riche en ressources naturelles, le Canada voit s'ouvrir des possibilités de jouer un rôle essentiel dans le soutien à apporter à l'Ukraine dans sa lutte. Il s'agira d'amener nos partenaires démocratiques à imposer des sanctions plus sévères dans le domaine énergétique contre le régime Poutine en augmentant nos exportations de produits pétroliers et gaziers vers l'Europe et l'Asie-Pacifique.
Au Canada, nous avons l'habitude de discuter longuement des pipelines et du processus de leur mise en place. Je pense que ces discussions sont importantes, mais que nous devons aussi prendre conscience de l'urgence de la situation. Les facteurs qui jouent dans nos décisions... Oui, nous devons tenir compte des effets économiques, des répercussions sur l'emploi et les possibilités commerciales, des questions liées à l'acceptation par les communautés autochtones touchées par les projets d'exploitation des ressources naturelles, dont bon nombre y sont favorables, ainsi que des répercussions environnementales. Toutefois, jusqu'à maintenant, la question de la sécurité énergétique mondiale n'a pas pesé très lourd dans la discussion. Il faudra en discuter beaucoup plus à l'avenir. Comment pouvons-nous agir rapidement dans la crise que nous traversons?
Ce qui est intéressant, c'est de voir la réponse du gouvernement et la façon dont elle a évolué au fil du temps. Au départ, lorsque nous avons soulevé ces questions de sécurité énergétique, mon collègue, M. Chong, a présenté à la Chambre, dès le début de l'invasion, une motion faisant état de l'importance cruciale de la sécurité énergétique. Malheureusement, le gouvernement n'a pas appuyé cette motion. Au départ, le gouvernement disait que la solution de rechange, c'était les énergies renouvelables.
Je dirais simplement que c'est une autre option, c'est tout. Puisque l'Europe continue de permettre à l'économie russe de fonctionner en raison de son propre besoin de produits énergétiques et que nous pouvons remplacer ces produits énergétiques par nos propres exportations, il est évident que nous avons un rôle crucial à jouer, qui aura un impact considérable. Il suffit simplement de prendre conscience de l'urgence de la situation, mais cela ne peut attendre le développement de nouvelles technologies. Personne n'est contre les nouvelles technologies d'énergie renouvelable, mais l'urgence de la situation nous oblige à adopter une approche inclusive de toutes les options.
Il est bon pour l'environnement que le Canada produise et exporte davantage de ses produits énergétiques relativement propres comme solution de remplacement des exportations russes. Si nous sommes en mesure, par exemple, d'offrir des solutions de remplacement du charbon russe dans la région indopacifique en y exportant notre gaz naturel, tout le monde y gagnera. Ce serait avantageux tant pour l'économie que pour l'environnement. Plus important encore, il s'agirait d'une victoire pour la préservation d'un monde démocratique, libre et fondé sur des règles. Je crois que nous sommes tous très conscients de la nécessité de transmettre ces valeurs à nos enfants et nos petits-enfants. D'où la grande importance de nos discussions sur ce que devrait être notre réaction, surtout pour ce qui est de l'Ukraine.
J'ai rencontré plusieurs ambassadeurs qui ont fait état de l'importance de la sécurité énergétique. C'est un enjeu qui touche toute l'Europe. Son importance varie selon les pays. Par exemple, la Pologne produit beaucoup de charbon. Fournir du gaz naturel canadien comme solution de remplacement et apporter des technologies canadiennes de captage et de stockage du carbone, technologies que nous développons ainsi que l'exportation d'énergie... Il n' a pas nécessairement opposition entre la sécurité énergétique et la protection de l'environnement. Nous pouvons envisager les deux en parallèle, mais nous devons agir rapidement en matière de sécurité énergétique. J'aimerais que nous puissions entendre des témoins à ce sujet également.
En ce qui concerne l'Ukraine, une autre question sur laquelle nous devons nous pencher et, je l'espère, formuler des recommandations, c'est la proposition de zone d'exclusion aérienne. À cet égard, c'était formidable que le président Zelenski ait pu venir s'adresser au Parlement. Sa principale demande était que nous fermions l'espace aérien. Je crois que c'est , du Parti vert, qui a exprimé son désaccord. Les conservateurs ont présenté une proposition de rechange qui était une version modifiée d'une zone d'exclusion aérienne. Essentiellement, les autres partis, bien qu'ils aient déclaré leur solidarité et leur engagement à défendre le peuple ukrainien, ne se sont pas prononcés sur cette proposition précise. Cela a laissé une impression de dissidence, car une demande a été faite au gouvernement, et il n'y a toujours pas eu de réponse claire — du moins à ce moment‑là, dans le contexte de ce débat.
La cheffe du Parti conservateur, , a proposé que nous nous efforcions d'établir des couloirs humanitaires. Une mesure raisonnable que nous pourrions prendre et qui entraînerait un risque bien moindre de nouvelle escalade serait de dire que nous allons faire respecter et défendre les couloirs humanitaires pour assurer la sécurité des civils et leur évacuation vers la sécurité.
Nous avons vu l'horrible tribu que cette guerre a fait payer aux civils ukrainiens. L'OTAN pourrait-elle jouer un rôle? Le Canada a‑t‑il un rôle à jouer au sein de l'OTAN en proposant des idées et en prenant l'initiative de préconiser l'établissement de zones d'exclusion aérienne limitées aux couloirs humanitaires?
Dans le contexte de certaines des négociations qui ont eu lieu, les autorités russes en ont parlé, mais il n'y a pas vraiment eu de suivi. Il s'agit d'un défi de taille sur lequel le Comité doit entendre des suggestions et faire des recommandations au Parlement. C'est le rôle... c'est pour le comité des affaires étrangères la possibilité de s'engager face à l'immense gravité de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Au lieu de jouer la stratégie politique dirigée par le Cabinet du premier ministre qui semble consister à faire en sorte que chaque comité parlementaire parle d'avortement, c'est pour le Comité la possibilité de dire: parlons plutôt du fait que cette guerre est en cours et concentrons-nous sur les recommandations précises que nous pouvons faire pour y répondre. Concentrons-nous sur les recommandations précises que nous pouvons faire au sujet des armes létales, de la sécurité énergétique, de l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne ou de l'application de ces couloirs humanitaires.
Voilà le genre de recommandations que nous pourrions faire si, en tant que comité, nous disions que nous voulons travailler ensemble, avec sérieux, établir un programme de collaboration, et que nous voulons nous concentrer sur cet enjeu crucial auquel le monde est confronté, plutôt que sur un effort visant à susciter une controverse nationale.
Je pense que nous devons aussi, en tant que comité, vraiment nous pencher sur les changements de discours du régime Poutine sur son positionnement stratégique. D'une certaine façon, nous devons veiller à ne pas trop croire ce qui vient du Kremlin. Nous savons qu'il cherche à propager de la désinformation afin de nous leurrer sur ses intentions. Quoi qu'il en soit, il est important que nous soyons informés de ce qui est dit, que nous en prenions note, et que nous examinions les répercussions possibles.
La raison invoquée au départ pour justifier l'invasion — et j'hésite même à la répéter, parce que c'est tellement absurde — était la dénazification de l'Ukraine. Ce sont les allégations tout à fait ridicules qui ont été faites par le régime Poutine. Et puis c'est devenu la démilitarisation de l'Ukraine. Il est important, je crois, de comprendre que les intentions initiales exprimées par le régime concernaient l'ensemble du pays. Elles faisaient référence à une situation générale en Ukraine et ne se limitaient pas à des objectifs régionaux précis.
Comme tout le monde le sait, cela a commencé par une invasion de tous les côtés, et une tentative de traverser la frontière bélarussienne pour frapper Kiev. Cela n'a pas fonctionné, et nous avons assisté à un changement de discours en faveur d'un objectif plus régional. Qu'est‑ce que cela signifie? Je crois que nous devrions demeurer tout aussi déterminés et ne pas oublier que c'est l'ensemble du pays qui est menacé. Cependant, nous devrions aussi prendre note de ce changement apparent de position. Je crois que c'est le résultat de la détermination dont les Ukrainiens ont fait preuve pour défendre leur souveraineté, de la solidarité et de la force qu'ils ont apportées à la table et aussi de la capacité du reste de la communauté internationale d'intervenir pour dénoncer ce qui se passe et exercer des pressions de diverses façons.
Je pense aussi que nous devons être prêts à voir ce conflit se poursuivre, car il ne va pas disparaître. Nous avons besoin d'une stratégie à plus long terme, et je pense que cette stratégie doit faciliter le maintien et l'escalade des sanctions économiques, ainsi que des sanctions ciblant les personnes impliquées dans ces actes d'agression. Je pense que nous devons le reconnaître et vraiment intensifier la pression. J'en prends note.
Monsieur le président, pour faire valoir l'importance du travail que nous devons faire au sujet de l'Ukraine, je voudrais souligner un certain nombre de cas d'atrocités horribles dont nous avons été témoins en Ukraine. Les députés ont parlé plus tôt dans ce débat de l'égalité entre les sexes, de l'importance de lutter contre la violence faite aux femmes, et ce que nous voyons dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine, c'est une horrible victimisation des femmes, l'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre.
L'horreur de ce qui se passe est inconcevable. Comme les députés l'ont tous reconnu, il y a des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des génocides qui sont commis, et je tiens à souligner un certain nombre de ces histoires qui, à mon avis, devraient mettre en lumière le travail que nous devons faire et que seul le comité des affaires étrangères peut accomplir en réponse à cette situation. Récemment, la BBC a publié un reportage sur une femme qui racontait comment des soldats russes l'avaient violée et avaient tué son mari. Elle raconte l'histoire en détail. Elle a 50 ans, elle s'appelle Anna, elle vit dans un quartier rural à l'extérieur de Kiev, et quand les soldats russes sont arrivés, elle a été violée sous la menace d'une arme à feu et son mari a été tué. Ce n'est qu'une de ces histoires de violence. Sur la photo, on voit qu'il y a une croix de bois dans la cour où elle a enterré son mari après que les Russes se sont retirés de la région.
C'est l'un des nombreux exemples de la violence incessante que nous avons vue.
Une autre histoire que j'ai pu trouver, intitulée « L'ONU reçoit des allégations “crédibles” de violence sexuelle contre les enfants alors que la guerre russe chasse un tiers des Ukrainiens de chez eux », se lit comme suit:
L'ambassadrice de la Grande-Bretagne auprès des Nations unies a fait part, jeudi, d'allégations « crédibles » selon lesquelles les forces russes auraient commis des violences sexuelles contre des enfants en Ukraine, alors que selon les agences de l'ONU, l'invasion de Vladimir Poutine a poussé plus de 6 millions de personnes à fuir le pays. L'agence des Nations unies pour les réfugiés a fait état de statistiques sombres qui, combinées aux quelque 8 millions d'Ukrainiens qui ont été déplacés à l'intérieur de leur pays, signifient qu'un tiers des Ukrainiens ont été forcés de quitter leur foyer.
La guerre a eu des effets particulièrement dévastateurs sur la jeunesse ukrainienne, et l'ambassadrice de la Grande-Bretagne à l'ONU a déclaré que cela semblait inclure des violences sexuelles commises contre les enfants par les forces d'invasion.
L'ambassadrice britannique Barbara Woodward, citant l'agence humanitaire de l'ONU, a déclaré qu'au moins 238 enfants figuraient parmi les milliers de civils tués depuis le début de la guerre en Russie, et que 347 autres ont été blessés.
« Il y a des allégations crédibles de violence sexuelle contre des enfants par les forces russes », a ajouté Mme Woodward. « Comme d'autres l'ont dit, les déplacements massifs ont exposé les enfants à la traite des personnes et à l'exploitation sexuelle. »
Le mois dernier, la députée ukrainienne Kira Rudyk a déclaré à CBS News que la violence sexuelle était utilisée systématiquement « dans toutes les régions occupées par les Russes ».
« Le viol est utilisé comme arme de guerre en Ukraine pour nous démoraliser, nous humilier et nous montrer que nous pouvons être impuissants à protéger nos femmes et nos enfants ainsi que leur corps », a déclaré Kira Rudyk, députée au Parlement ukrainien, à CBS News. « Cela se produit systématiquement dans les territoires occupés. »
Il est tout simplement horrifiant d'entendre parler de ce qui se passe. Il est important que nous reconnaissions le rôle qui nous incombe en tant que comité dans la lutte contre ce fléau. Je pense que nous pouvons le jouer en examinant comment nous pouvons aider l'Ukraine à gagner la guerre en cours.
L'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre par les forces d'occupation dans toutes les régions de l'Ukraine occupées par la Russie, que rapporte ce témoignage, devrait nous faire comprendre l'importance de jouer un rôle pour prévenir la progression de l'agression russe et de l'occupation de l'Ukraine, et l'importance de faire passer notre engagement à l'égard de cette question avant les programmes politiques qu'on pourrait nous demander de promouvoir. Comment l'Ukraine peut-elle gagner et faire en sorte qu'un plus grand nombre de femmes et d'enfants ukrainiens n'aient pas à vivre avec les traumatismes qui accompagnent ces terribles exactions?
Je poursuis la lecture de cet article:
Au conseil de sécurité, jeudi, l'agence de l'ONU pour l'enfance... Le directeur exécutif adjoint Omar a déclaré: « Les enfants et les parents nous racontent leur « enfer », où ils ont été forcés de souffrir de la faim, de boire dans des flaques d'eau boueuse et de se mettre à l'abri de tirs et de bombardements constants, d'éviter les bombes, les balles et les mines terrestres alors qu'ils fuyaient. » Il a qualifié la guerre de « crise de la protection et des droits de l'enfant ».
« Les enfants en Ukraine ont été déplacés, blessés, rendus orphelins ou tués », a déclaré l'ambassadeur adjoint des États-Unis à l'ONU, Richard Mills, aux diplomates. « Sur les quelque 14 millions de personnes forcées de fuir leur foyer depuis l'escalade du conflit, environ la moitié sont des enfants innocents, des enfants qui méritent une chance de vivre, de grandir et de s'épanouir, mais qui luttent plutôt chaque jour pour survivre dans des circonstances horribles. »
Mme Joyce Msuya, sous-secrétaire générale de l'ONU pour les affaires humanitaires et coordinatrice adjointe des secours d'urgence, a déclaré lors d'une séance d'information à l'intention des diplomates au conseil de sécurité que ce sont « les civils, en particulier les femmes et les enfants, qui paient le plus lourd tribut » de la guerre.
Mme Msuya a déclaré que la situation était très préoccupante dans la région de Louhansk, dans le centre industriel du Donbass, dans l'Est de l'Ukraine, où la Russie concentre actuellement ses attaques. On estime à 40 000 le nombre de personnes qui n'ont pas accès à l'électricité, à l'eau et au gaz.
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU s'est réuni, entretemps, en session extraordinaire à Genève, où la haute commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a déclaré: « 1 000 corps de civils ont été trouvés dans la seule région de Kiev [...] certains ont été tués dans des hostilités, mais d'autres semblent avoir été exécutés sommairement. »
« Ces meurtres de civils semblaient souvent intentionnels, commis par des tireurs d'élite et des soldats. Des civils ont été tués en traversant la route ou en quittant leur abri pour chercher de la nourriture et de l'eau. D'autres ont été tués alors qu'ils fuyaient dans leur véhicule », a dit Mme Bachelet.
Le réseau partenaire de CBS News, BBC News, a documenté une de ces allégations de meurtre jeudi. Le réseau a obtenu des vidéos de plusieurs caméras de sécurité autour d'une entreprise à l'extérieur de Kiev qui semblent montrer plusieurs soldats russes tirer sur un gardien de sécurité civil non armé à l'arrière, avant de piller l'entreprise.
Un des soldats est vu en train de briser une caméra de sécurité avec la crosse de son fusil, apparemment après s'être rendu compte que ses actions et celles de ses collègues étaient enregistrées.
Il est vraiment pénible d'avoir à partager et à examiner ce genre d'informations, mais les atrocités dont nous sommes témoins en Ukraine sont horribles et inimaginables. Elles exigent que le Comité s'empare de toute urgence de cette question et que, dans le cadre de son programme plus vaste, il se penche sur les questions relatives aux atrocités qui sont commises.
J'aimerais vous faire part d'un article paru dans le New York Times, intitulé « Clear patterns of Russian rights abuses found in Ukraine, a report says ». Voici ce qu'on peut y lire:
Mercredi, des enquêteurs de près d'une douzaine de pays ont fouillé des villes bombardées et des tombes fraîchement creusées en Ukraine pour trouver des preuves de crimes de guerre, et une vaste enquête menée par une organisation de sécurité internationale a décrit en détail ce qu'elle a qualifié de « tendances claires » de violations des droits de l'homme par les forces russes.
Certaines de ces atrocités peuvent constituer des crimes de guerre, ont déclaré les enquêteurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, qui ont examiné une myriade de rapports de viols, d'enlèvements et d'attaques contre des cibles civiles, ainsi que l'utilisation de munitions interdites.
Mercredi, les civils ont encore fait les frais de la majeure partie de l'invasion, qui dure depuis sept semaines, lorsque les forces russes, qui se sont rassemblées pour une attaque à l'est, ont bombardé la deuxième ville d'Ukraine, Kharkiv, et frappé un immeuble d'habitation.
Lors d'un appel téléphonique d'une heure et demie avec Volodimir Zelenski, le président de l'Ukraine, le président Biden, a déclaré que les États-Unis, déjà un important fournisseur d'armes défensives à l'Ukraine, enverraient 800 millions de dollars supplémentaires en aide militaire et en aide à la sécurité. Cela comprendra « de nouvelles capacités adaptées à l'assaut plus vaste que la Russie devrait lancer dans l'Est de l'Ukraine »...
Je vais sauter un peu plus loin dans l'article où on peut lire ceci:
Une enquête de la Cour pénale internationale sur des crimes de guerre possibles est en cours depuis le mois dernier, et un certain nombre de pays cherchent à faire en sorte que l'ONU contribue à la création d'un tribunal spécial qui pourrait poursuivre la Russie pour ce qu'on appelle le crime d'agression. Parmi les autres possibilités, il y a celle de poursuivre les Russes devant les tribunaux d'autres pays en vertu du principe de la compétence universelle, le concept juridique selon lequel certains crimes sont si flagrants qu'ils peuvent être poursuivis n'importe où.
Je remarque également, et cela intéressera peut-être les membres du Comité, que le Sous-comité des droits internationaux de la personne effectue une étude sur la question des violations du droit international et des mécanismes par lesquels ces violations pourraient faire l'objet de poursuites. Je sais que certains membres du Comité en font partie. Je pense que c'est une étude importante également.
Ironiquement, il se passe la même chose au SDIR qu'ici, semble‑t‑il — je ne sais pas si les délibérations ont eu lieu en public ou non, mais je m'appuie sur ce que Mme McPherson a dit publiquement ici —, à savoir qu'en plein milieu de son étude sur les violations des droits de la personne et les atrocités commises en Ukraine, on tente de le réorienter vers une discussion sur l'avortement. Il se passe ici des choses semblables à ce qui se passe au SDIR où...
:
Comme vous le savez tous, je remplace aujourd'hui un membre du Comité, et cela a été très instructif. Nous avons commencé, il y a plusieurs heures, par ce que je croyais être une séance d'information, et nous devions nous occuper des travaux du Comité et de quelques motions. Nous en sommes encore là. Il est malheureux que je n'aie pas pu participer à la réunion à huis clos, car je crois que nous devions traiter de la déclaration sur l'importante question de l'Ukraine. Le comité des comptes publics est mon principal comité, mais j'ai bien sûr suivi avec intérêt le travail de tous nos comités.
Je tiens à féliciter mon collègue, M. Genuis, de Sherwood Park—Fort Saskatchewan, pour ses observations à ce sujet. Je suis d'accord avec sa prémisse sur la nécessité d'établir des priorités et avec son amendement, qui me semble raisonnable. Je crois que c'est juste et exact, et cela ressemble à ce qui se passe lorsque j'essaie de sonder les opinions des gens de ma région. Je pense à ma circonscription de Stormont—Dundas—South Glengarry, dans l'Est de l'Ontario. Maintenant que les choses reviennent à la normale, des événements ont lieu dans notre collectivité, et nous prêtons l'oreille à ce que nous disent nos électeurs sur les questions qu'ils croient que nous, les parlementaires, devrions aborder et sur lesquelles nous devrions centrer notre attention. Je suis tout à fait d'accord avec l'amendement de mon collègue disant que le Comité doit poursuivre son important travail sur l'Ukraine, car je crois que c'est quelque chose qui préoccupe beaucoup de nombreux Canadiens.
Comme on l'a mentionné, je crois que cette motion vise à semer la discorde. Comme M. Genuis et d'autres de mes collègues l'ont fait remarquer, ce n'est pas le seul comité qui cherche à rouvrir le débat sur l'avortement au Canada. Plusieurs comités tentent d'adopter des motions semblables. Les Canadiens ne veulent pas que le débat soit rouvert.
Je crois qu'il incombe au Comité qui s'occupe des affaires étrangères et du développement international d'examiner ce qui préoccupe le plus les Canadiens. Pour ce qui est du travail que le Comité devrait faire, je pense qu'il devrait terminer ses travaux sur l'Ukraine, entendre des témoins, travailler à l'ébauche de déclaration, qui, je crois, a été examinée à huis clos aujourd'hui, et aussi, encore une fois, produire un rapport final. Bien franchement, sur de nombreuses questions, lorsqu'on regarde le point de vue du Parti conservateur, du Parti libéral, du NPD et du Bloc québécois, il y a en fait un fort consensus sur la nécessité de se concentrer sur cet enjeu important, et pas seulement dans l'intérêt du peuple ukrainien, mais je crois, dans le contexte de la situation géopolitique plus vaste à laquelle notre pays est confronté.
Monsieur le président, comme j'en ai parlé, et c'est important, je crois que l'invasion illégale de l'Ukraine et les crimes de guerre horribles perpétrés dans le cadre des actions du régime Poutine ont contribué à placer cette question au centre des préoccupations d'un plus grand nombre de Canadiens. Elle demeure, à juste titre, à l'avant-plan du débat public et du discours dans notre pays, et c'est pourquoi je crois que le Comité doit centrer son attention sur cet enjeu.
Je pourrais peut-être faire une comparaison, car je sais que malheureusement, le comité sur l'Afghanistan qui devait entendre les interprètes ce soir a été annulé à cause de cela. C'est malheureux, mais cela en dit long sur l'évolution de la technologie, des médias sociaux et des téléphones intelligents en Ukraine. Nous avons des Canadiens, en temps réel sur Facebook, Twitter, Instagram, TikTok ou d'autres formes de médias sociaux, qui ont vu de leurs propres yeux, en temps quasi réel, les atrocités qui ont été commises, les actes horribles injustifiables du régime russe.
C'est sidérant. À titre d'exemple, comme je le disais, nous sommes de plus en plus présents dans nos circonscriptions, et j'étais à Morrisburg, au salon professionnel de South Dundas. C'était une excellente façon de prendre le pouls de ma collectivité. J'y ai passé deux jours et j'ai entendu les commentaires non filtrés — bons, mauvais ou indifférents — de mes électeurs sur les questions ou les sujets qui sont importants pour eux. Cela nous donne l'occasion de comprendre ce qui les interpelle. Pour ce qui est des gens à qui j'ai parlé au cours de la journée et demie que j'ai passée à cet événement, j'ai trouvé incroyable le nombre de personnes qui étaient bien renseignées sur la géographie de l'Ukraine, peut-être, mais aussi sur les aspects géopolitiques de ce pays, l'aide humanitaire ainsi que les armes létales que le Canada doit fournir. Je vais en parler un peu, de même que des raisons pour lesquelles cette question continue d'être et devrait être à l'avant-plan.
C'est la première invasion illégale... C'est une guerre. C'est une invasion illégale. Elle a reçu beaucoup d'attention parce que les gens l'ont vue en direct. Ils ont vu les vidéos. Ils ont vu la bravoure et la détermination du peuple ukrainien dans sa lutte contre ces actes horribles.
Comme on l'a mentionné, et encore une fois, je sais que de nombreux collègues de tous les partis s'entendent sur l'urgence et l'importance de cette question. Des crimes de guerre sont commis et M. Poutine pose de nombreux gestes inacceptables. Lorsque nous examinons la question de l'Ukraine et les sujets que nous devons aborder, ils sont très multidimensionnels, et c'est pourquoi le Comité devrait accorder la priorité à ce travail, et veiller à ce qu'il soit accompli. Nous entendons des témoins. Nous faisons des recommandations. Encore une fois, je le dis d'un point de vue constructif, en ce sens que je crois que les parlementaires sont assez d'accord sur un bon nombre des sujets et des approches à examiner.
Lorsque nous parlons de l'aide humanitaire, de notre aide étrangère et de la possibilité de fournir cette aide, et de fournir des armes létales aux militaires ukrainiens, je pense qu'il est absolument essentiel de formuler des recommandations en temps opportun sur la meilleure façon de le faire en tant que communauté internationale et sur la meilleure façon de le faire en tant que Canadiens.
De plus, une des choses qui me semblent particulièrement importantes, monsieur le président, c'est la compassion qui anime les Canadiens. Comme toujours, ils se sont mobilisés pour offrir leur aide. Encore une fois, cela me sidère. Lorsque nous parlons avec les gens de notre région, je dois admettre que, très souvent, les questions liées aux affaires étrangères et à la compétence internationale ne sont pas toujours au cœur des préoccupations de tous les citoyens, mais compte tenu de ce qui s'est passé en Ukraine et, encore une fois, des moyens de communication dont nous disposons, et simplement au vu des atrocités commises, de ces actes inimaginables et abominables, les Canadiens sont maintenant plus nombreux à s'y intéresser.
Ces derniers temps, j'ai été sidéré de constater que les Canadiens s'intéressent de plus en plus à la façon dont ils peuvent aider les réfugiés et soutenir les efforts humanitaires, surtout pour les femmes et les enfants qui tentent de se réinstaller au Canada. Il y a certaines choses que le Comité peut faire pour mieux les réinstaller. Encore une fois, quelques familles ukrainiennes sont arrivées dans ma région, dans l'Est de l'Ontario. Nous avons notamment entendu parler à ce sujet de la désorganisation et de la frustration entourant les formalités administratives et l'accès aux vols, ainsi que de la confusion et, disons‑le, du chaos qui entoure tout cela. Nous avons vu la même chose l'an dernier, pendant la crise en Afghanistan, lors de l'évacuation de nombreux citoyens afghans, ceux qui nous ont aidés quand nous avions besoin d'eux en Afghanistan. Nous avons été témoins d'un chaos et d'une désorganisation absolus.
Monsieur le président, encore une fois, je pense que la raison pour laquelle cette question doit être à l'avant-plan et doit continuer de faire l'objet de discussions au sein de notre comité, c'est qu'il y a encore du travail à faire à cet égard, et certainement des recommandations à formuler. Il y a des témoins que nous devons entendre dans la communauté des ONG et, du côté gouvernemental, des fonctionnaires du ministère, ainsi que des organisations internationales et celles qui sont sur le terrain pour ce qui est de la façon dont nous pouvons améliorer notre intervention en tant que Canadiens.
Je pense certainement que l'une des choses sur lesquelles nous pourrions nous entendre, c'est que plus nous agirons rapidement, plus nous entendrons ces voix au Comité, plus nous entendrons ces témoignages et ferons des recommandations pour exercer des pressions positives sur le gouvernement, la bureaucratie, les ONG et, franchement, je pense, même sur la communauté internationale, nous pourrons être constructifs et unis en tant que parlementaires canadiens, quel que soit notre parti politique. Il y a eu beaucoup d'appuis à cet égard. Je pense que le Comité doit se pencher sur cette question.
Il y a aussi une autre considération, monsieur le président. Nous parlons des aspects économiques, et c'est l'une des choses sur lesquelles le Comité doit continuer de se pencher, et c'est pourquoi j'appuie et je continuerai d'appuyer l'amendement, son principe et son importance, parce que c'est ce que j'entends. Je sais que bon nombre de mes collègues entendent dire que c'est une nécessité, et je pense que, franchement, nous en entendons parler partout au pays à propos de la politique énergétique et de la dépendance énergétique de trop nombreux pays d'Europe résultant d'une alliance avec la Russie.
Nous avons présenté des motions et nous essayons de nous faire entendre et d'amener le gouvernement à être plus agressif à cet égard. Aussi constructifs qu'aient été mes commentaires sur l'unité, monsieur le président, sur bon nombre des aspects que j'ai déjà mentionnés, je dirai qu'en ce qui concerne le rôle que l'énergie canadienne peut jouer dans la déstabilisation de la machine de guerre en Russie, il n'y a malheureusement pas eu un grand consensus à ce sujet.
Je crois important que le Comité ait le temps d'étudier et d'examiner cet aspect des relations et la façon dont l'énergie canadienne, que ce soit sur la côte Est ou dans l'Ouest, peut être utilisée à court terme pour déstabiliser — à juste titre — l'économie de Poutine, son régime et ses oligarques. À long terme, nous pouvons examiner comment soutenir l'économie canadienne, ce qui aide à soutenir des causes non seulement en Ukraine, mais aussi dans la communauté internationale. Nous pourrions aussi examiner certains aspects économiques. Cela pourrait appuyer, à long terme, ce que nous faisons et comment nous le faisons, tout en envoyant un message à d'autres régimes qui ont pris des mesures horribles semblables à celles que la Russie a prises. Le monde et le Canada nous regardent. Le Canada peut intervenir, et c'est une façon d'en faire plus.
Nous devons nous pencher sur la façon dont nos actions et notre détermination pourraient améliorer la situation et la résoudre, en particulier en Ukraine, en déstabilisant l'économie et les revenus du gouvernement de la Russie. Nous avons besoin d'un plus grand nombre de débats et d'ententes à ce sujet, et je pense qu'il serait avantageux pour notre comité, et pour les Canadiens, de comprendre le rôle que nous pouvons jouer, non pas en prenant un simple engagement verbal, mais grâce à des mesures économiques concrètes qui peuvent être bénéfiques pour les Canadiens, et aussi pour l'environnement.
Notre secteur de l'énergie n'a pas son pareil dans le monde. Je n'hésiterais pas à comparer les travailleurs, les entreprises, les trajectoires et les plans de notre secteur énergétique canadien avec ceux de tout autre pays du monde, n'importe quel jour de la semaine et n'importe quel mois de l'année. Un engagement a été pris à l'égard des droits de la personne et de l'environnement, et je pense que ces deux questions seraient mieux abordées s'il y avait plus de soutien, à l'échelle nationale, pour notre secteur de l'énergie. Plutôt que de l'éliminer progressivement, avec tous les inconvénients que vous voyez, adoptons les avancées technologiques afin non seulement de nous aider nous-mêmes sur le plan national et environnemental, mais aussi d'apporter notre aide sur le plan mondial. Je crois que, du point de vue des droits de la personne, nous devrions cesser d'envoyer de l'argent à des pays qui ne méritent pas d'obtenir des revenus, de la croissance et du soutien par ces moyens et qui se retournent et commettent des actions dévastatrices. Nous voyons cela se produire jour après jour, semaine après semaine et, malheureusement, mois après mois, avec ce qui se passe en Ukraine.
Une autre chose que je crois importante — et c'est la raison pour laquelle cet amendement est important —, c'est de veiller à ce que l'attention continue d'être accordée à cette question, non seulement pour nous, en tant que comité et en tant que Parlement, dans le cadre des travaux du Comité, mais aussi pour le message que cela envoie à la communauté internationale, et en particulier au milieu des affaires.
Cela tombe à point nommé aujourd'hui. Tout à l'heure, pendant que je participais à la réunion — j'étais attentif, comme je le suis toujours —, je me suis laissé captiver par les nouvelles. Cela tombe à point nommé parce que nous parlons des répercussions économiques, de la façon dont de nombreuses entreprises, sociétés internationales et entreprises de toutes sortes se retirent de la Russie et mettent fin à leurs relations avec ce pays. Beaucoup l'ont fait sur une base temporaire, à court terme, en attendant de voir ce qui va se passer, mais j'ai été impressionné par le nombre d'entreprises.
Il faut faire beaucoup plus au cours des prochaines semaines, des prochains mois et en fait, des prochaines années pour nous assurer de ne pas retourner là‑bas. Il doit y avoir de sérieuses conséquences à long terme. C'est une question d'actualité, et compte tenu des gestes posés par Vladimir Poutine et ses voyous au cours des derniers mois en particulier, nous devons nous assurer que le message que nous envoyons, non seulement dans ce cas‑ci, mais aussi pour de futurs actes d'agression inappropriés et inacceptables à l'avenir, ne reste pas sans réponse.
Il y a une raison pour laquelle je dis cela. Cet après-midi, probablement vers midi, BBC News a publié un article intitulé « McDonald's va quitter la Russie pour de bon après 30 ans de présence ». Selon cet article de Becky Morton, McDonald's a annoncé qu'elle quitterait définitivement la Russie après plus de 30 ans de présence et qu'elle avait commencé à vendre ses restaurants. Comme les mesures temporaires qui ont été prises par plusieurs membres du milieu des affaires à l'échelle internationale, cela aura un effet d'entraînement important et des conséquences continues, ce qui est positif, à mon avis. Cette décision survient après la fermeture temporaire de 850 comptoirs en mars. Voici ce que dit l'article:
Le géant de la restauration rapide a dit avoir pris cette décision en raison de la « crise humanitaire » et de « l'environnement opérationnel imprévisible » causés par la guerre en Ukraine.
Il est à noter que McDonald's a eu, depuis 1990, des activités en Russie qui devaient symboliser « un dégel dans les tensions de la guerre froide ». Je continue:
Un an plus tard, l'Union soviétique s'est effondrée et la Russie a ouvert son économie à des entreprises occidentales. Plus de trois décennies plus tard [...] fait partie d'un nombre croissant de sociétés...
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Merci, monsieur le président.
Comme je ne suis pas membre permanente, je tiens à souligner que je me joins à vous tous ici au Comité avec beaucoup de plaisir. Je suis heureuse de vous voir tous.
Je suppose que justement aujourd'hui, journée de la vychyvanka, nous devrions tenir ce débat pour montrer aux Canadiens d'origine ukrainienne que nous ne portons pas leurs vêtements culturels à la légère. Montrons-leur que les membres permanents de ce comité sont prêts à en faire bien plus. Ils sont prêts à assumer leurs responsabilités en se servant efficacement de leur influence pour aborder le problème urgent de l'attaque contre l'Ukraine.
Voilà presque trois mois que Poutine a commencé ses attaques. Évidemment que pendant des années avant cela, il amassait ses troupes, et les conservateurs ont demandé au gouvernement d'agir. Au début de cette année, les conservateurs ont demandé exactement ce que le président de l'Ukraine a ensuite demandé: des armes meurtrières pour que les Ukrainiens puissent se défendre.
Je suis convaincue qu'à la Chambre des communes, l'esprit de solidarité des députés de tous les partis est sincère. Je suis certaine que nous voulons tous aider les Ukrainiens à lutter contre cette attaque injuste et illégale de Poutine, et cela non seulement pour aider le Canada à contribuer à la paix et à la sécurité de ses alliés — le Canada a été la première nation à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine et à l'ajouter dans son propre patrimoine. Nous désirons le faire, évidemment, pour protéger les Canadiens des graves répercussions que cette attaque aura sur eux et sur les Canadiens d'origine ukrainienne de toutes les régions de notre pays.
Ma circonscription figure parmi les cinq régions principales où vivent des Canadiens d'origine ukrainienne. J'ai grandi dans le comté de Lamont, au sud d'un petit village que l'on a surnommé le berceau de l'immigration ukrainienne au Canada, parce que c'est le village que les 125 premières familles ukrainiennes ont fondé en s'établissant dans notre pays. Je ne suis pas ukrainienne, mais j'ai épousé un Ukrainien, et je le suis devenue par osmose. Cette culture repose sur le maintien de relations étroites entre les gens, sur leur sens de l'autonomie et sur le devoir de subvenir aux besoins les uns des autres et de prendre soin d'autrui.
Notre débat est évidemment crucial et urgent, non seulement sur le plan de la politique étrangère en général, mais aussi pour les Canadiens, car ils ressentent ces épreuves d'une façon profondément personnelle. Il me semble donc que c'est exactement la raison pour laquelle les membres de ce comité devraient accorder la priorité à l'étude qu'ils mènent sur l'attaque contre l'Ukraine. Je vous dirai franchement que si vous ne faites pas de ce travail une priorité urgente, alors nos gestes, nos paroles et la solidarité que nous promettons sembleront plutôt vides, n'est‑ce pas?
J'implore tous les membres du Comité, quel que soit leur parti, de continuer leur étude vitale et urgente sur l'attaque de Poutine contre l'Ukraine. Je vous exhorte à assumer sérieusement tous les rôles très importants que vous pouvez tous jouer en proposant des solutions et des recommandations concrètes et constructives sur la façon dont le Canada pourra aider les Ukrainiens qui fuient ce pays sous la menace d'une attaque. Vous êtes aussi responsables, bien sûr, de servir les Canadiens d'origine ukrainienne qu'un si grand nombre d'entre nous représentent. Il me semble évident que le Comité des affaires étrangères devrait en faire sa priorité absolue à l'heure actuelle.
Je tiens à reconnaître les efforts et le travail entrepris par le gouvernement canadien jusqu'à maintenant. Nous avons appuyé l'imposition de sanctions et d'un certain nombre d'autres mesures. Il ne fait cependant aucun doute que le Canada se heurte encore à de grands défis en venant en aide au peuple ukrainien et, en particulier, aux personnes et aux familles qui désirent s'installer au Canada pour y vivre en paix, en toute liberté et en sécurité. Certaines de ces initiatives exigeront beaucoup de dévouement et de coopération. Vous devrez redoubler d'efforts et concentrer votre cœur et votre esprit sur ce problème extrêmement urgent, parce que nous avons encore des projets importants à planifier en plus de ce que le gouvernement a accompli jusqu'à maintenant.
Je voudrais simplement souligner les problèmes liés au programme de visa accéléré que le gouvernement a promis. Les conservateurs ont bien sûr demandé que ces personnes puissent voyager sans visa, mais maintenant, il faudra des mois pour lancer ce soi-disant programme de visa accéléré. Il est extrêmement bureaucratique. Bien des Ukrainiens sont incapables d'y accéder et de satisfaire à ses exigences. Il faudra que vous fassiez des recommandations pour améliorer ce programme.
Le gouvernement a fait plusieurs autres promesses au sujet du permis de travail ouvert ou de permis d'études de trois ans pour les Ukrainiens ainsi que sur les séjours prolongés avec visa et sur les permis de travail ouverts pour les Ukrainiens qui sont déjà au Canada et qui ne peuvent pas rentrer chez eux. Par exemple, depuis l'annonce du 9 avril, nous n'avons toujours pas de détails sur l'aide financière à l'hébergement et sur le soutien au revenu. L'annonce a été faite en avril, et il n'y a pas de détails sur ce programme ni de financement réel pour les réfugiés ukrainiens qui sont ici depuis des mois. C'est un problème urgent que votre comité devrait étudier pour recommander les améliorations à apporter à ce programme.
Voyez, nous croyons toutes ces promesses sur parole. Je suis sûre que tous les membres du parti y croient, car le gouvernement et les députés libéraux ont promis de traiter les documents de voyage sans délai. Mais en réalité, ils ne l'ont pas fait. Les Ukrainiens qui fuient la terreur et les attaques de Poutine ne constatent aucune amélioration réelle et concrète. Voilà donc un autre problème qui mérite votre attention et vos recommandations.
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Merci, monsieur le président.
Je trouve un peu surprenant que les députés libéraux ne pensent pas que le fait de parler des expériences réelles — j'allais justement en parler — que vivent les réfugiés de l'Ukraine déchirée par la guerre soit pertinent pour cette motion et pour le Comité. Je suis convaincue que c'est exactement le genre d'expérience dont nous devrions discuter, compte tenu des commentaires sur la motion soulignant que la situation à la frontière entre la Russie et l'Ukraine empire et qu'elle a engendré 13 millions de réfugiés. Plus de six millions d'entre eux fuient l'Ukraine.
Permettez-moi de vous parler de l'expérience d'un des Ukrainiens qui se trouve maintenant à Vegreville, dans le comté de Lakeland. Il s'appelle Makita et il a 19 ans. Il est venu au Canada pour jouer au hockey. Il loge à Vegreville. La communauté l'a pris sous son aile, et cela ne nous surprend pas.
Lorsque la guerre a éclaté et que Poutine a lancé son attaque, il a tenté désespérément de rester en contact avec sa famille — sa mère, Natalia, et sa sœur, Anna, qui a 16 ans. Il voulait les faire venir au Canada. Il savait que son père ne pourrait pas venir, et sa mère envisageait d'envoyer sa sœur au Canada, car elle n'avait que 16 ans. Évidemment, il était difficile d'envoyer une mineure par elle-même.
Makita a travaillé dans un magasin de pneus. Les gens de la collectivité ont organisé d'intenses campagnes de financement pour obtenir l'argent nécessaire. Ils ont vendu son chandail de hockey aux enchères pour montrer leur appui. Makita voulait aller chercher lui-même sa mère et sa sœur, mais les gens de la collectivité l'ont supplié de ne pas le faire, parce qu'il risquait de ne pas pouvoir revenir.
Sa famille parle à peine l'anglais, et leur seule option était l'autorisation de voyage d'urgence entre le Canada et l'Ukraine. Makita a donc emprunté le portable d'un ami pour présenter une demande. Bien sûr, comme vos bureaux partout au pays le savent bien, le processus était très difficile à comprendre. Il a fallu à Makita des semaines pour l'exécuter, même après avoir reçu l'approbation pour sa famille. Ensuite, il a dû fournir des données biométriques, qui ne sont pas disponibles en Ukraine. Sa mère et sa sœur sont enfin arrivées le 19 avril, mais sans soutien financier, à part celui des gens de Vegreville qui les ont soutenus avec beaucoup de bonté. Évidemment, ils aimeraient refaire leur vie et trouver des emplois, puisque le gouvernement ne leur offre pas de financement, mais vous pouvez imaginer que ce n'est pas facile, comme pour tous nouveaux Canadiens et réfugiés qui ne parlent pas la langue. À l'heure actuelle, ils vivent dans une incertitude totale.
Ce sont là des problèmes liés à l'immigration, des difficultés et des retards que le Canada ne semble pas être en mesure de régler. Ce sont exactement les obstacles et les difficultés que votre comité devrait examiner en poursuivant cette étude en priorité. J'espère que vous déciderez de le faire afin de présenter des recommandations concrètes qui contribueront à redonner une vie de tous ces innocents.
Je pense que l'expérience de Makita est importante pour comprendre l'aspect humain réel de ce dont nous parlons. En effet, ces débats deviennent souvent théoriques, conceptuels et sont surtout axés sur le système.
La famille de Makita a dû poursuivre ce processus dans un site Web canadien qui n'est affiché qu'en anglais et en français. Sa mère et sa sœur n'y comprenaient rien. En plus, elles n'avaient pas un accès régulier à la technologie informatique. Elles ont essayé de faire les choses par téléphone, mais elles restaient si longtemps en attente qu'elles ont dû abandonner. C'est alors que Makita est allé chez un ami pour présenter la demande. Pour sa mère et sa sœur seulement, il lui a fallu près de quatre heures, car on lui posait des questions sur l'endroit où sa mère travaillait et où sa sœur allait à l'école, exigeant les adresses et les dates. On le mettait souvent en attente, et la ligne téléphonique était très mauvaise, elle se coupait souvent. Après avoir fait sa demande, Makita a dû continuer à visiter le site du gouvernement pour lire les messages. Ensuite, on a dit à sa mère d'obtenir des données biométriques, et elle a dû prendre rendez-vous en Pologne pour le faire. Elles n'avaient pas de voiture, et on ne leur a rien fourni. Elles ont dû y aller, non seulement pour la biométrie, mais une deuxième fois pour présenter leurs passeports. Ces réfugiées ont dû y aller deux fois pour présenter leur demande à partir d'un pays étranger.
Elles sont maintenant au Canada. La mère de Makita, qui parle à peine l'anglais, n'a pas d'emploi. Le gouvernement fédéral a annoncé qu'il accorderait — comme il l'avait promis — un soutien au revenu à court terme pour répondre à leurs besoins fondamentaux, mais, bien sûr, il n'a encore fourni aucun détail.
Les gens qui sont arrivés au Canada grâce à l'autorisation de voyage d'urgence ne savent pas s'ils y seront admissibles ou si cette allocation ne sera offerte qu'aux gens amenés à bord de vols nolisés par le gouvernement canadien. Évidemment, la première série de vols nolisés du gouvernement canadien ne se rendra pas en Ukraine avant la semaine prochaine.
Les gens appellent — je suis sûre que vos bureaux le savent bien — pour dire que leur demande est en suspens... parce qu'ils avaient déjà fait une demande de visiteurs, et maintenant les agents ne l'accordent pas pour des raisons ridicules. Ils disent ne pas savoir s'ils doivent accorder une entrée unique ou des entrées multiples, mais ce sont des réfugiés qui fuient un pays en guerre!
Dans un autre cas, un électeur de ma circonscription, Darren, a fait une demande pour son beau-père, qui désirait voir son petit-fils nouveau-né. L'agent lui a dit que sa demande n'avait pas été approuvée parce qu'on ne savait pas s'il voulait un visa d'entrée unique ou un visa d'entrées multiples. L'ensemble du système est défaillant, je crois, mais il l'est surtout dans ce cas‑ci. Je pense qu'il appartient aux députés ici présents d'user de leur influence pour exercer des pressions sur le ministre pour qu'il fournisse des directives adéquates, car ces politiques sont cruciales dans la vie de ces gens.
Je vous dirai que si les fonctionnaires de notre propre gouvernement ne savent pas quoi faire, je ne vois pas comment les Ukrainiens vulnérables qui fuient pour sauver leur vie sont censés comprendre tout cela. C'est pourquoi il est si important que votre comité poursuive son travail et redouble d'efforts et de détermination pour étudier la situation en Ukraine. Il est crucial que vous accomplissiez votre rôle de membres de cet important comité. Ne vous contentez pas de gestes, de démonstrations et de paroles vides de sens. Présentez des recommandations concrètes pour apporter des changements dans la vie du peuple ukrainien. Il est important que vous le fassiez pour les Canadiens d'origine ukrainienne partout dans le monde et que vous aidiez le Canada à soutenir l'Ukraine, qui est sous attaque, afin d'assurer la sécurité des Ukrainiens. Il est évident que nous tous, de tous les partis, répétons sans cesse que nous avons l'intention de faire cela.
Merci, monsieur le président, de m'avoir permis de comparaître devant le Comité.
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Merci, monsieur le président.
Je m'excuse auprès de M. Oliphant de ne pas avoir nommé sa circonscription — je ne la connais pas —, mais je n'apprécie pas, monsieur le président, qu'on me dise comment me sentir lorsque je me sens profondément offensée par un commentaire de .
Monsieur le président, encore une fois, je ne crois pas qu'il y ait lieu pour un homme ou une femme de ce comité de me dire comment j'ai interprété les propos d'une autre députée alors que, de mon point de vue, elle a profondément insulté les hommes conservateurs en général. Je tiens à dire que je suis très fière des hommes conservateurs de mon caucus et que, franchement, je suis très fière de M. Genuis. Personne au Parlement n'a défendu les minorités religieuses du monde entier avec l'acharnement et le dévouement de M. Genuis, et je suis très fière d'être sa collègue.
Pour ce qui est de la motion d'ajournement, monsieur le président, je suis tout à fait d'accord sur le fait que nous devrions traiter l'Ukraine en priorité. Je représente une circonscription où au moins un électeur sur quatre, sinon plus, est d'origine ukrainienne. Certains d'entre eux sont des Ukrainiens de première génération. J'ai aussi dans ma circonscription le plus grand nombre de personnes d'origine polonaise de toutes les circonscriptions du Canada.
De plus, le neveu d'un de mes très chers amis a été tué pendant les premières semaines de la guerre en Ukraine. Il avait 26 ans. Un bon nombre de proches de familles de ma circonscription ont été tués pendant cette guerre contre l'Ukraine. Je les représente quand je suis au Parlement.
Je ne vois rien de plus important pour le Comité des affaires étrangères à l'heure actuelle que d'étudier ou de se concentrer sur la guerre contre l'Ukraine. Nous devrions trouver pour le Canada des moyens de jouer un plus grand rôle en soutenant l'Ukraine. Nous devrions recommander des façons d'aider nos alliés à fournir plus de ressources et de soutien à l'Ukraine.
Je dois dire que je reçois un nombre considérable de commentaires de mes électeurs ukrainiens. Ils sont préoccupés par le fait que le gouvernement libéral ne fournit pas suffisamment de matériel de défense à l'Ukraine et qu'il s'y est pris beaucoup trop tard. Je pense que notre comité et le comité de la défense devraient se pencher sur les raisons pour lesquelles notre gouvernement a mis tant de temps pour se joindre à la défense militaire. Ce sont là des commentaires que je reçois constamment de mes électeurs ukrainiens. Le Comité voudra peut-être en discuter dans le cadre de son étude ou d'une étude future, afin que le gouvernement évite de commettre cette erreur et qu'il sauve des vies à l'avenir.
Lorsque la guerre contre l'Ukraine a éclaté, j'ai été frappée d'une profonde frayeur en lisant le gazouillis d'une jeune députée ukrainienne. Elle a mon âge et elle aussi est députée de l'opposition. Elle s'appelle Kira Rudik. Elle écrit dans son gazouillis qu'il y a quelques jours, elle était législatrice, mais qu'elle se bat maintenant pour la liberté de son pays. On la voit, photographiée avec une arme à feu, une très grosse arme à feu. Je n'oublierai jamais cette image. C'est pour moi le moment le plus frappant d'une guerre qui fait rage dans un pays qui est un allié, un ami. Voir une femme comme moi, qui fait son travail comme nous le faisons maintenant, et penser que dans quelques jours à peine elle va prendre les armes pour défendre sa patrie. C'est l'une des choses les plus choquantes, troublantes et effrayantes que je puisse imaginer.
J'appuie sans réserve les efforts qu'elle et les femmes déploient pour défendre leur patrie et leur souveraineté contre un agresseur. Il est bien évident que le président Zelenski et de nombreux dirigeants de sexe masculin en Ukraine le font aussi, mais je tiens à souligner que les femmes de leur pays sont tout aussi extraordinaires.
Parlons également de la première ministre de la Finlande, Sanna Marin, qui avait 34 ans lorsqu'elle a été élue pour la première fois. Elle a maintenant 37 ou 38 ans. Elle est très jeune, elle est l'une des plus jeunes dirigeantes au monde à l'heure actuelle. Elle a eu l'audace et le courage de proposer qu'après de nombreuses décennies de neutralité, son pays se joigne à l'OTAN. Son pays partage une frontière extrêmement longue avec la Russie.
Cette jeune politicienne, qui a à peu près le même âge que moi et qui tient tête à l'un des dictateurs les plus intimidants des temps modernes, m'inspire profondément. Je félicite les premières ministres de la Finlande et de la Suède d'avoir tenu tête à des intimidateurs, si l'on peut dire, en demandant que leurs pays se joignent à l'OTAN.
J'appuie sans réserve le gouvernement canadien, qui soutient ces initiatives des premières ministres de la Finlande et de la Suède. Je remercie aussi notre cheffe d'avoir expliqué de façon si éloquente à la Chambre des communes l'importance de faire comprendre aux Canadiens et aux députés la gravité de ce qui se passe.
Elle a dit une chose que je pensais moi-même... Je me souviens qu'en entendant ce qu'elle disait, j'en ai eu des frissons. Dans son discours, elle a dit au président Zelenski, qui nous rendait virtuellement visite à la Chambre des communes: « Monsieur, le leadership dont vous faites preuve se fait très rare et fait de vous une source d'inspiration pour nous tous qui sommes élus. Vous êtes le dirigeant de l'Ukraine en cette période difficile, et nous vous sommes tous redevables ».
Je viens de mentionner la première ministre Marin et la première ministre suédoise, dont le nom m'échappe en ce moment. En regardant ces dirigeantes ainsi que Mme Rudyk, députée de l'opposition en Ukraine, je ne cesse de penser au Canada. Si le Canada — Dieu nous en garde — devait faire face à une telle situation, aurais‑je le courage de faire ce que font les Ukrainiens? Seriez-vous assez courageux, monsieur le président? Notre ou la et du Parti conservateur le serait-elle? Je l'espère. Je pense que nous espérons tous que ce serait le cas, mais comme l'a dit notre cheffe, un tel leadership est extrêmement rare. Je pense que le leadership et la bravoure du président Zelenski passeront à l'histoire, car il est l'un des leaders les plus courageux du monde occidental du XXIe siècle.
Pour ce qui est de l'importance pour le Comité de se concentrer sur l'Ukraine, tout le monde a vu les photos. C'est tellement étrange de penser qu'un jour, mes électeurs rendent visite à leurs familles en Ukraine ou que leurs familles viennent leur rendre visite ici, qu'ils rompent le pain avec joie, et que le lendemain, nous voyons toutes ces images dans Instagram. Il y a tellement de vidéos que j'ai dû arrêter de les regarder, parce qu'elles m'affolaient. On y voit des familles entassées dans des abris antibombes, des hôpitaux pour enfants et des maternités détruits, des cadavres dans les rues, des femmes violées et des gens assassinés. Ce sont des pratiques de guerre absolument barbares que personne ici n'aurait pu imaginer. Quand je pense que les gens en Ukraine sont liés aux électeurs que je représente... Lorsqu'on m'a invitée à comparaître devant le Comité des affaires étrangères aujourd'hui pour expliquer à quel point il est important que le Comité se concentre sur l'Ukraine, j'ai sauté sur l'occasion, parce que cela concerne de très près les gens que je représente.
Je le répète, nous voyons émerger un nouvel ordre mondial. Voilà pourquoi le Comité des affaires étrangères, plus que presque tous les autres, devrait étudier l'Ukraine en profondeur. J'espère que vous examinerez la position du Canada dans l'ordre international et la façon dont l'agression russe a changé cette position. J'espère que vous étudierez cette position ainsi que celle de la Finlande et de la Suède. Je pense qu'il vaudrait vraiment la peine que le Comité mène une étude sur cette question ainsi que sur la façon dont le Canada envisage l'Arctique.
Au Comité de la sécurité nationale et de la sécurité publique, j'ai présenté une motion d'étude, dont nous débattons en ce moment, sur la capacité du Canada de se défendre contre l'agression russe si le pire devait se produire. Évidemment que c'est très peu probable, mais je pense que quoi qu'il en soit, notre devoir de législateurs est de veiller à ce que...
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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir d'être ici ce jeudi après-midi au Comité des affaires étrangères.
Je vais commencer par une observation. Évidemment que je ne connais pas la circonscription de M. Oliphant, mais j'ai été un peu préoccupé par son commentaire selon lequel nous ne sommes rien d'autre que des remplaçants, des remplisseurs de sièges. Franchement, étant donné l'importance internationale de l'agression russe contre notre pays, il s'agit d'une question humanitaire. Il s'agit d'une question parlementaire. Nous sommes de fiers conservateurs convaincus que cet enjeu que le Comité examine est extrêmement grave.
Lorsque M. Genuis m'a demandé de l'aider, je me suis senti honoré. J'ai sauté sur cette occasion de présenter mes préoccupations en fier parlementaire de la 44e législature que je suis. Je suis un nouveau parlementaire. Ma circonscription est Brantford—Brant. Elle comprend une importante population ukrainienne. J'ai grandi avec de nombreux Ukrainiens à l'école primaire et secondaire et j'ai encore aujourd'hui de nombreux amis ukrainiens. J'ai ressenti les répercussions de cette guerre dans notre localité.
Lorsqu'on m'a demandé de venir ici pour parler de ce que je ressens, je n'ai pas considéré cela comme une invitation à réchauffer le siège de la personne que je remplace. Cette invitation me donne l'occasion d'exprimer vraiment mon point de vue au‑delà des 30 secondes que l'article 31 du Règlement nous accorde pendant la période des questions. Je tenais à ce que cela figure au compte rendu, car cette remarque m'a offensé.
Je tiens également à remercier ma collègue, Mme Dancho, qui a défendu les intérêts de ses collègues conservateurs masculins à la suite de la déclaration de la députée d', parce que je partage le point de vue de Mme Dancho. C'était insultant. C'était injustifié. Je vois quelques députés qui connaissent mes antécédents, mais pour ceux qui ne me connaissent pas, j'ai quitté une carrière de 30 ans en droit pour faire de la politique. Au cours des 18 dernières années, monsieur le président, j'étais un procureur de la Couronne très fier de me spécialiser dans les crimes les plus graves, dans la violence extrême commise dans ma collectivité, particulièrement la violence conjugale, les agressions sexuelles et l'exploitation des enfants. Je suis très fier d'être un ardent défenseur des droits des femmes.
Je suis fier de mon mariage. Mon épouse et moi allons aussi célébrer une étape importante en octobre — nos 20 ans de mariage — et nous avons deux adolescentes qui viennent de fêter leurs 13 ans. Je ne me qualifie pas de féministe, mais je respecte profondément le point de vue des femmes et je défends activement leurs droits.
Je dis cela, parce qu'il est crucial de souligner l'importance de l'étude que vous avez déjà entreprise. Je ne sais pas combien de réunions vous avez tenues avant mon intervention, mais je sais que vous avez entamé cette étude il y a quelques semaines.
Monsieur le président, en ce qui concerne la motion de Mme Fry, le problème le plus pressant auquel le monde est confronté à l'heure actuelle est celui de l'Ukraine. Ce problème ne touche pas seulement les Ukrainiens. Il ne touche pas seulement les membres de la résistance ukrainienne. Il ne touche pas seulement les personnes déplacées qui ont fui leur pays à la recherche d'un refuge sûr. Je vous dirai franchement que cela concerne toute l'Europe, et même le monde entier.
Je vous dirai qu'il ne se passe pas une journée à la Chambre, et même si je me reporte à certaines de mes observations sur la politique de nos voisins du Sud, il ne se passe pas une journée sans qu'on ne parle ou qu'on n'entende à la télévision des dirigeants de notre pays et des États‑Unis se plaindre de l'inflation et de la hausse de tous les prix — de l'essence, du logement... c'est de la faute de Poutine.
Et dire que nous devrions envisager d'interrompre, d'ajourner ou de reporter — quelle que soit la terminologie que vous voulez utiliser — cette étude importante pour entreprendre une autre étude... Je ne dis pas qu'elle ne serait pas importante. Je parle du choix du moment, monsieur le président. La seule raison pour laquelle on a mentionné cet enjeu... Je vais dire ouvertement ce que tout le monde cherche à taire. Cette motion découle de ce qui se passe chez nos voisins du Sud: la fuite de la Cour suprême, qui a déclenché la frayeur, la crainte des contrecoups qu'elle risque de causer.
Les Canadiens n'ont rien à craindre. Notre loi est incontestable. Elle est établie au Canada depuis plusieurs décennies. Il n'y a pas d'urgence, monsieur le président. Il n'est pas urgent de suspendre cette étude cruciale. Cette étude est la plus importante de ma vie et de celle de mon épouse et de mes enfants, car nous sommes au bord de la troisième guerre mondiale. Nous sommes sur le point d'envahir un pays de l'OTAN. Nous savons tous ce que prévoit l'article 5. Alors à mon avis d'invité à ce comité, cette étude est cruciale, et nous ne pouvons pas l'interrompre pour entamer une autre étude.
J'aimerais maintenant parler de mes liens personnels avec le peuple ukrainien. J'ai parlé des liens forgés dans ma ville natale. J'étais très fier d'être député, monsieur le président, lorsqu'un de mes électeurs est venu me voir pour la première fois. Il avait une idée, et je crois avoir été le premier député à la présenter fièrement à la Chambre. Elle était liée à l'article 31 du Règlement.
Cet électeur m'a demandé ce que je pensais de l'idée d'établir un jumelage entre ma ville natale et une ville ukrainienne. Je lui ai répondu que je n'y avais pas pensé, mais que ce serait un geste merveilleux, une excellente idée. Nous en avons discuté. En l'espace de deux semaines, avec l'aide extraordinairement compétente de mon adjoint législatif, Vladimir, que l'on appelle Walter et que je vous présenterai mieux plus tard, nous avons communiqué avec le maire de Kamianets-Podilskyi, en Ukraine. C'est ainsi qu'avec le maire de ma ville, Brantford, nous avons réussi à signer une entente de jumelage.
Monsieur le président, la ville de Kamianets-Podilskyi est située dans le Sud-Ouest de l'Ukraine, près de la frontière avec la Moldavie et la Roumanie. Comme Brantford, Kamianets-Podilskyi compte une population de 100 000 habitants et se concentre sur la fabrication et le tourisme, deux secteurs clés de ma circonscription, Brantford—Brant.
Nous prenons maintenant des mesures concrètes avec les organismes sociaux et les églises ukrainiennes, encore une fois avec l'aide des maires et de mon adjoint législatif, Walter, pour accueillir des milliers de réfugiés ukrainiens dans ma collectivité. Nous offrons des maisons et des logements. Nous offrons les centres culturels. Nous offrons des endroits qui ne seraient normalement ouverts que pour le camping au printemps, en été et en automne. Nous cherchons des moyens d'améliorer la vie des Ukrainiens qui fuient la persécution.
Je vais vous rappeler un petit fait historique. Je ne sais pas si quelqu'un en a déjà parlé au Comité. J'ai eu le temps de faire un peu de recherche avant de comparaître aujourd'hui. J'ai toujours aimé l'histoire. Je me suis spécialisé en sciences politiques et en histoire à l'université. J'ai trouvé un article intitulé The 20th-Century History Behind Russia's Invasion of Ukraine que j'aimerais présenter au Comité.
Avant que les forces russes ne tirent des roquettes sur la capitale ukrainienne de Kiev, ne saisissent le site de Tchernobyl, scène du pire accident nucléaire au monde, et n'attaquent la deuxième ville de l'Ukraine, Kharkiv, le président russe Vladimir Poutine a publié une déclaration choquante.
Dans un essai publié au site Web du Kremlin en russe, en ukrainien et en anglais en juillet dernier, Poutine a attribué aux dirigeants soviétiques le mérite d'avoir inventé une république ukrainienne au sein de l'Union soviétique en 1922, forgeant un État fictif indigne de souveraineté hors du territoire historique russe. Il soutenait qu'après que l'Ukraine a déclaré son indépendance en 1991, les dirigeants ukrainiens avaient commencé à mythifier et à réécrire l'histoire, à éliminer tout ce qui unissait la Russie et l'Ukraine et à considérer la période où l'Ukraine faisait partie de l'Empire russe et de l'Union soviétique comme une période d'occupation.
La réalité historique de l'Ukraine moderne est plus complexe que la version de Poutine. Tout au long de son histoire millénaire, l'Ukraine a subi de multiples changements de religions, de frontières et d'habitants, écrit l'auteure du New York Times. Les nombreuses conquêtes de l'Ukraine par des factions belligérantes ainsi que sa géographie diversifiée ont créé un tissu complexe d'États multiethniques.
Au fil des siècles, les empires russe et austro-hongrois, la Pologne et la Lituanie ont tous régné sur l'Ukraine. En 1917, l'Ukraine a affirmé pour la première fois son indépendance en créant la République populaire ukrainienne. La Russie a rapidement repris le contrôle de l'Ukraine en l'intégrant à l'Union soviétique nouvellement établie et en conservant le pouvoir dans la région jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'Allemagne a envahi la région. Il est crucial de rappeler ces guerres historiques ainsi que leurs répercussions sur le nationalisme et sur l'esprit d'indépendance de l'Ukraine pour comprendre le conflit actuel.
Poutine prétend que le mouvement moderne pour l'indépendance de l'Ukraine a vu le jour non pas en 1917, mais pendant la Seconde Guerre mondiale. Il ajoute que sous l'occupation allemande, entre 1941 et 1944, certains combattants de l'indépendance ukrainienne se sont ralliés aux nazis, qu'ils considéraient comme des sauveurs de l'oppression soviétique. Markian Dobczansky, historien à l'Ukrainian Research Institute de l'Université Harvard, explique que Poutine a tiré parti de cette période de l'histoire pour présenter toutes les tentatives de souveraineté ukrainienne comme des efforts nazis. M. Dobczansky conclut qu'il s'agit là d'une tentative incroyablement cynique de mener une guerre de mésinformation et d'influencer l'opinion des gens.
M. Dobczansky fait partie d'un groupe d'universitaires qui ont publiquement contesté la version de Poutine sur l'occupation nazie de l'Ukraine, soulignant les années de régime soviétique entre lesquelles cette période est coincée. Presque tous ces experts commencent leurs récits par la chute de l'Empire russe, lorsque des dizaines de milliers d'Ukrainiens ont combattu contre l'armée rouge bolchevique pour établir la République populaire ukrainienne. Les Ukrainiens ont continué de lutter pour leur indépendance jusqu'en 1922, année où ils ont été vaincus par les Soviétiques et sont devenus la République soviétique ukrainienne de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
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Monsieur le président. Je suis désolé d'entendre que nous ne sommes pas encore arrivés à un consensus. J'avais espéré que nous y serions.
Pour revenir au contexte et peut-être clarifier quelques points soulevés par Mme Bendayan, il me semble que nous avons dit très clairement, avant le vote sur l'amendement précédent, que nous allions en proposer un autre par la suite. Je l'ai dit publiquement et le compte rendu en fera foi.
On veut nous faire croire qu'on a accepté l'amendement de bonne foi en pensant qu'il n'y en aurait pas d'autre, et voici qu'il y en a un. Eh bien non. Avant l'amendement, je vous ai clairement fait savoir qu'il y en aurait un autre.
L'amendement que nous proposons est en fait parfaitement conforme à ce que les députés ministériels ont dit tout au long de ce dialogue au sujet de cette motion. Une motion a été présentée au Comité, au beau milieu de trois études en cours. À l'époque, j'avais dit qu'on s'attendait à ce que deux projets de loi viennent s'ajouter aux trois études que nous menions déjà. Cinq points à l'ordre du jour, c'est un programme volumineux, probablement plus volumineux que celui de la plupart des comités.
Nous avons dit que la motion dans sa forme actuelle posait certains problèmes. Je crois que M. Chong les a décrits lorsque la question a été soulevée pour la première fois. Essentiellement, nous avons ensuite dit qu'il fallait s'assurer que l'étude proposée par cette motion, si elle est adoptée, se déroule conformément aux indications du comité spécial, et qu'elle ne commence pas avant que le Comité ait terminé ses autres travaux. C'est tout ce que dit l'amendement, que nous devrions achever nos travaux sur l'Ukraine, l'équité vaccinale et Taïwan, ainsi que sur les projets de loi, et que le Sous-comité devrait se réunir et préciser la façon dont le Comité entreprendra cette étude à l'avenir.
En fait, les députés ministériels ont dit que c'était justement leur intention. Je les entends encore: oh non, nous ne disons pas que l'étude devrait avoir lieu maintenant. Il va de soi qu'il faudrait d'abord terminer notre étude sur l'Ukraine, mais nous voulons adopter cette motion de toute façon, simplement pour montrer que nous souhaitons étudier ce sujet à l'avenir.
Eh bien, nous avons repris dans le texte de la motion ce qu'ils ont dit au sujet de l'ordre du jour du Comité. Or, c'est à prendre avec des pincettes chaque fois que le côté gouvernement affirme ce qu'il a l'intention de faire. Nous nous donnons la peine de l'inscrire dans le libellé de la motion pour nous assurer que c'est bel et bien ce que nous allons faire, quand subitement des députés ministériels y trouvent à redire.
Je pense qu'il importe de clarifier le processus entourant le dialogue que nous avons sur cet amendement. Les conservateurs ont présenté à maintes reprises des motions visant à ajourner le débat sur cette question ou à passer à d'autres points à l'ordre du jour.
À notre avis, le Comité devrait reprendre ses travaux le plus tôt possible, revenir au travail important qu'il faisait avant que cette motion perturbatrice ne soit présentée. Nous devrions reprendre ce travail tout de suite. La meilleure façon de le faire est d'ajourner le débat sur cette motion. Nous avons amplement le temps de discuter plus longuement de la façon dont ce type d'étude pourrait se dérouler.
Il est manifeste que même s'il y a branle-bas de combat, nous n'arriverons pas au contenu prévu par l'étude, disons, avant l'été. Les députés pourraient passer beaucoup de temps à discuter et à déterminer les détails de l'étude. C'est pourquoi nous avons proposé d'ajourner le débat sur cette question et de poursuivre les travaux du Comité comme prévu.
Les députés ministériels ont toujours voté contre nos propositions d'ajournement. Pour eux, la seule façon de permettre au Comité de passer à autre chose, c'est de conclure le débat sur cette question.
Ils expriment pourtant la même préoccupation. Nous disons bien de part et d'autre qu'il s'agit de reprendre les travaux réguliers du Comité.
À première vue, il y a deux camps qui disent souhaiter la même chose, c'est-à‑dire que le Comité puisse poursuivre ses travaux. Je suppose que la différence, c'est que nous, nous disons qu'il faut reporter le débat sur cette question jusqu'à un moment plus propice à une éventuelle étude, une fois que nous nous serons occupés des cinq points dont le Comité est déjà saisi.
Le gouvernement, de concert avec le NPD, a dit qu'il n'allait pas accepter le genre de propositions d'ajournement que nous avons présentées. Nous nous retrouvons donc à dire que, si le gouvernement insiste pour que nous réglions cette question maintenant, il va falloir nous y mettre, quitte à présenter les arguments et les amendements que nous estimerons opportuns.
Nous ne sommes dans cette situation que parce que le gouvernement refuse d'ajourner le débat ou d'accepter des motions que nous avons présentées pour que le Comité passe à d'autres points à l'ordre du jour. C'est malheureux, car c'est habituellement ainsi que les choses se règlent.
Nous avons donc proposé cet amendement et dit sans ambages que nous allions en proposer un autre ensuite, ce que nous avons fait lors de la réunion de jeudi. À ce moment‑là, M. Zuberi a demandé, à juste titre, si nous pouvions avoir des entretiens hors ligne pour nous entendre sur ce que nous voulions faire et éviter de devoir faire tout le travail de rédaction et reformulation ici.
J'ai proposé l'amendement verbalement et j'en ai envoyé le texte à notre estimée greffière, qui a veillé à ce qu'il soit traduit et distribué au Comité. À ce que je sache, les députés l'avaient en main le jeudi soir, ou sinon, certainement le vendredi matin. Ils ont pu voir l'amendement. Ils ont pu l'examiner et y réfléchir. J'aurais apprécié avoir leurs commentaires et suggestions d'amélioration ou, du moins, des expressions d'appui ou de refus. Malheureusement, nous n'avons rien reçu. Je constate maintenant... Je ne suis pas entièrement surpris. D'habitude, quand l'autre côté reste silencieux, c'est qu'il ne va pas donner son appui.
J'aurais cru que nous aurions pu discuter de cet amendement, voire trouver une solution. Cela ne s'est pas produit et voilà qu'on nous accuse de nous entêter.
Je vais présumer qu'il y a une réticence à procéder de la façon que nous avons jugée logique, c'est-à-dire à ajourner le débat. C'est malheureux, car ce que nous disons au sujet de cet amendement vise précisément à souligner l'importance du travail du Comité sur l'Ukraine, l'équité vaccinale, Taïwan et les projets de loi.
Je tiens à souligner l'importance des mesures législatives et la nécessité de les aborder en premier. En général, il est d'usage aux comités de la Chambre d'accorder la priorité aux projets de loi plutôt qu'à d'autres questions. Deux projets de loi ont été renvoyés au Comité des affaires étrangères. Ils ont tous deux fait l'objet d'un débat interrompu après la première heure. Ils ont tous deux reçu le consentement unanime de la Chambre, de sorte qu'ils font clairement l'objet d'un solide consensus. Comme le dit cet amendement, nous devrions étudier ces projets de loi avant d'entreprendre d'autres travaux.
L'un d'eux est un projet de loi d'initiative parlementaire présenté par le député ministériel L’hon. John McKay. Il a l'appui de tous les partis. Le projet de loi est conçu pour s'attaquer au problème critique de l'esclavage, du travail forcé et du travail des enfants dans les chaînes d'approvisionnement. Il propose un cadre exigeant que les entreprises d'une certaine importance soient transparentes au sujet de ce qui se trouve dans leurs chaînes d'approvisionnement. Je sais que certains membres du Comité veulent que ce projet de loi aille plus loin ou contienne d'autres mesures. Je pense que c'est le genre de chose qui nécessite une étude détaillée. Nous devons travailler pour qu'il soit le plus efficace possible afin d'obtenir les résultats qui s'imposent.
Personnellement, je serais favorable à l'inclusion d'une approche régionale ciblée dans ce projet de loi, de manière à reconnaître qu'il y a certaines régions où le travail forcé est très répandu. Aujourd'hui, sur la Colline du Parlement, nous accueillons M. Enes Kanter Freedom, un basketteur de la NBA qui est venu parler du génocide des Ouïghours et du travail forcé dans ce contexte.
Je pense que nous devrions envisager, dans le cadre de cette loi ou d'une loi distincte, quelque chose comme le cadre mis en place par la Uyghur Forced Labor Prevention Act aux États-Unis, qui reconnaîtrait le risque important du travail forcé au Turkestan oriental et dirait que tout produit qui en sort sera présumé être le fruit de travail forcé, sauf preuve du contraire.
Ce sont des aspects que nous devons examiner dans le cadre de l'étude du projet de loi . J'ai également dit que nous devrions modifier le projet de loi en y ajoutant des dispositions stipulant que le gouvernement devrait désigner une liste d'entités qui, nous le savons, sont très préoccupantes en ce qui concerne le travail forcé. Cette liste permettrait aux entités publiques et privées de mieux cerner les sources du travail forcé.
Monsieur le président, je vais céder la parole à M. Morantz dans un instant. Je sais qu'il n'a pas encore eu son mot à dire pendant le débat sur cette motion. J'aurais peut-être d'autres choses à dire plus tard au cours du débat, mais avant de lui céder la parole, je veux simplement souligner l'autre projet de loi dont le Comité est actuellement saisi. C'est un projet de loi que l'on m'attribue, même s'il vient d'ailleurs...
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Je vous remercie, monsieur le président.
En tant qu'avocat, tout comme moi, je suis certain que vous comprenez combien il est important, quand vous formulez un argument, de faire un préambule. C'est justement ce que je suis en train de faire avec mes commentaires sur d'anciens premiers ministres, dont M. Pearson.
Je demande à mes collègues de faire preuve d'un peu de patience. Je vais donc poursuivre mon argumentation, si vous le voulez bien. Je suis certain que vous comprendrez bientôt la pertinence de ce bref rappel de l'importante histoire de notre pays.
Je vous remercie, monsieur le président et merci aussi à vous, madame Bendayan, de votre intervention par l'intermédiaire du président.
En 2004, M. Mandela a envoyé une lettre dans laquelle il disait que M. Mulroney a exercé un leadership solide et fondé sur des principes dans la lutte contre d'apartheid. Il a ajouté que ce n'était pas une position populaire dans aucun milieu, mais aujourd'hui, les Sud-Africains reconnaissent l'importance de sa contribution à leur libération et leur réussite.
Le premier ministre Jean Chrétien a défendu ces idéaux lorsqu'il a reconnu que le Canada aurait tort de s'engager dans le conflit en Iraq.
Le premier ministre Harper a défendu ces idéaux lorsqu'il a engagé le Canada dans la défense de l'Afghanistan.
Aujourd'hui, la coalition néo-démocrate-libérale semble nous demander d'abandonner notre travail sur la sanglante invasion de l'Ukraine par M. Poutine pour entreprendre une étude sur un sujet tout à fait différent.
Je ne dis pas que les autres sujets ne sont pas importants, mais aujourd'hui, l'enjeu majeur en matière de politique étrangère, c'est l'Ukraine.
Je suis certain que mes collègues commencent à comprendre la pertinence de mon préambule, parce que je fais une analogie directe avec le comportement de ces premiers ministres et la façon dont le Comité se comporte actuellement, sans doute sous la direction du .
Je ne suis pas en train de nier l'importance des autres sujets, loin de là. En fait, la motion proposée par Mme Fry est fondée, mais l'enjeu le plus important en matière de politique étrangère aujourd'hui, c'est l'Ukraine. L'Ukraine, l'Ukraine et encore l'Ukraine. Voilà. Le Comité doit absolument se concentrer sur la lutte contre la folie de M. Poutine, clairement et simplement.
La résistance exige une action concertée, soutenue et incessante de la part du Comité à l'égard de l'Ukraine. Nous ne pouvons sous-estimer l'importance de notre comité au sein de l'appareil gouvernemental ni son influence sur notre politique étrangère. C'est une erreur d'essayer de changer de sujet en cours de route.
Permettez-moi de poser une question de pure forme. Que diraient nos alliés de l'OTAN de voir notre comité écarter l'Ukraine de ses priorités? Et surtout, que dirait l'ambassadrice ukrainienne Kovaliv de voir le Comité essayer d'écarter l'Ukraine de ses priorités? Nous l'avons tous entendue. Elle vient de témoigner devant ce comité. Si nous lui demandions ce qu'elle pense de la motion de Mme Fry, nous savons ce qu'elle répondrait.
Elle vient de comparaître devant notre comité pour nous exhorter à redoubler d'efforts, à ne pas étudier un autre sujet, à faire plus pour l'Ukraine. Elle a décrit en détail les horreurs que M. Poutine inflige à son cher pays. Je me souviens, comme vous tous sans doute, qu'elle a terminé son allocution en racontant que les Russes avaient attaché ensemble une jeune mère et son enfant vivant et placé une mine entre les deux et que la mine avait explosé. Voilà sur quoi nous devons nous pencher, pas sur un autre sujet.
Pour être franc, je trouve choquant que nous ayons ce débat en ce moment, parce que je pensais que tous mes collègues étaient d'accord. J'ai entendu ce qu'ils ont dit à la réunion de jeudi. Ils veulent se pencher sur l'Ukraine. C'est exactement ce que dit l'amendement de M. Genius à la motion d'étudier la situation en Ukraine et, par la suite, de nous pencher sur la motion de Mme Fry. Je ne vois donc pas où est le problème.
Quoi qu'il en soit, je vous pose une question de pure forme. Que dirait le président Zelenski si notre comité écartait l'Ukraine de ses priorités? Je pense que nous le savons. Dans son intervention devant le Parlement, il nous a demandé de faire plus. Honte au Comité de vouloir changer de sujet maintenant. Honte au Comité. Nous devons reprendre notre étude sur l'Ukraine.
Je sais que mes collègues libéraux soutiendront que ce n'est pas le cas. J'ai entendu M. Oliphant et Mme Bendayan soutenir que nous voulons étudier la situation en Ukraine, mais cela ne les empêche pas de proposer une motion sur un sujet tout à fait différent.
Il y a autre chose que je veux mentionner, monsieur le président. Donner avis de la motion de Mme Fry, c'est une chose. Nous le faisons tout le temps. Il y a beaucoup de motions en attente et c'est normal, mais il est tout simplement inacceptable de proposer une motion et de l'étudier au beau milieu de nos travaux les plus importants en matière de politique étrangère, au milieu de notre étude sur le sujet le plus important que ce comité n'a encore jamais étudié au sein du Parlement et, pour bon nombre d'entre nous, durant notre carrière politique. Cette motion devrait être retirée et nous devrions poursuivre notre étude sur l'Ukraine.
À tout le moins, nous devrions adopter l'amendement de M. Genius afin que nous ayons une idée de l'ordre des travaux du Comité, mais ce n'est pas ce que souhaitent nos collègues libéraux. Au lieu de poursuivre notre étude, ils veulent tourner la page. Ils veulent parler de ce qui se passe aux États-Unis. Je ne dis pas que ce sujet n'est pas important, mais les députés libéraux ne semblent pas comprendre qu'au Canada, le principe du stare decisis ne s'applique pas à la jurisprudence américaine. En fait, la Cour suprême des États-Unis n'a pas rendu sa décision. Il y a eu fuite d'un projet de décision...
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Merci, monsieur le président. Vous abordez ces questions avec une sagesse digne de Solomon, je l'apprécie.
Je m'excuse si j'ai interprété à tort la motion comme faisant référence aux États-Unis en lisant les mots « étant donné les rapports récents faisant état d'un recul international des droits sexuels et reproductifs des femmes ». Je présume que cela ne faisait pas référence à la suite de la décision aux États-Unis et, à en juger par les commentaires formulés, que ce sujet ne sera pas débattu quand nous serons saisis de la motion. C'est très rassurant, monsieur le président.
Pour revenir à mon argument principal, ce n'est pas le moment de relâcher la pression sur M. Poutine. Ce n'est pas le moment de lever le pied de l'accélérateur. Ce n'est pas le moment de laisser tomber l'ambassadrice Kovaliv, le président Zelenski, les Canadiens d'origine ukrainienne ou nos alliés. Ce n'est tout simplement pas le moment. Ce n'est pas le moment d'abandonner le principe des attaques politiques.
Je tiens à rappeler à mes collègues certains propos qu'ils ont tenus au sujet de l'Ukraine. J'espère qu'ils le pensent toujours. À titre d'exemple, voici ce que le député de Milton a dit le 2 mars dernier:
Le Canada... compte dans sa population la plus grande diaspora ukrainienne à l'extérieur de la région... Les Canadiens d'origine ukrainienne ont contribué à bâtir notre pays que nous aimons tous, et le Canada est solidaire de l'Ukraine. Que ce soit de façon militaire, financière, diplomatique ou humanitaire, nous continuerons de répondre à l'appel et d'appuyer le droit de l'Ukraine à prospérer en tant que nation souveraine, pacifique et indépendante. Cette attaque russe n'est pas seulement une attaque contre l'Ukraine. Elle constitue une grave menace pour la paix mondiale, la démocratie et tout ce qui assure notre sécurité collective. Le monde est témoin de certains des actes les plus courageux et les plus émouvants du patriotisme ukrainien, aussi bien de la part des citoyens ordinaires que du président Volodimir Zelenski, qui se battent pour leur vie et leur nation. Ils ne se battent pas seulement pour l'Ukraine. Ils se battent pour nous tous.
Ce sont les mots très éloquents prononcés par le député de Milton.
Le 25 mars, le député de Willowdale a dit ceci: « Dans de telles circonstances, nous devons tous veiller à ce que notre pays maintienne son soutien indéfectible au gouvernement ukrainien et à faire tout en notre pouvoir pour aider les ressortissants ukrainiens dans cette période de crise. Que l'on ne vienne jamais dire que notre pays a manqué à ses responsabilités. » Le 13 mai, il a aussi dit: « Les fiers Ukrainiens ne fléchiront jamais, et notre aide ne doit pas fléchir non plus. »
Je suis tout à fait d'accord avec les propos du député, monsieur le président.
Le 28 février, la a dit ceci:
Le Canada n'est pas seul dans cette mission d'aide à l'Ukraine. Les alliés de l'OTAN sont plus unis que jamais. Le monde est devenu un endroit dangereux, et même si ces dangers peuvent sembler lointains aux Canadiens, nous vivons une époque tumultueuse. Nous devons faire front commun en tant que pays et redoubler d'efforts pour soutenir nos alliés. Nous sommes solidaires des Ukrainiens. Nous continuerons de les aider face à l'agression russe non justifiée.
Le 21 mars, la députée d'Ottawa-Ouest—Nepean et secrétaire parlementaire du ministre du Développement international a dit ceci: « L'engagement du Canada à faire front commun avec les populations touchées par le conflit en Ukraine est sans équivoque. Nous continuons à travailler en étroite collaboration avec nos alliés et nos partenaires du secteur humanitaire sur le terrain pour suivre cette crise qui évolue rapidement. »
Je dois admettre, monsieur le président, que cette citation m'a laissé perplexe et m'a amené à me demander comment la secrétaire parlementaire pouvait tenir cet engagement si elle n'est pas tenue informée en temps opportun par notre comité.
Le 31 janvier, la députée d'Outremont, qui est membre de ce comité, a dit:
Je crois qu'il est très important que nous ayons cette rencontre aujourd'hui en tant que Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Nous sommes à un moment charnière, à un moment crucial pour l'ordre mondial fondé sur des règles. Très franchement, nous sommes peut-être à l'aube d'une nouvelle invasion de l'Ukraine par la Russie, d'une confrontation militaire qui pourrait avoir des conséquences énormes et dévastatrices non seulement pour l'Ukraine, mais également pour l'Europe et l'OTAN, le Canada y compris. Je pense qu'il est urgent que ce comité étudie cet enjeu de façon prioritaire.
Le même jour, le député de Surrey-Centre a ajouté ceci: « Je pense que le problème le plus urgent sur la scène internationale, pour le Comité des affaires étrangères, est la situation en Ukraine. Je pense que nous devons considérer qu'il s'agit d'un enjeu d'une importance capitale et l'examiner le plus rapidement et efficacement possible. »
Voilà l'étude prioritaire à laquelle notre comité parlementaire devrait se consacrer. Je pourrai continuer à citer des députés libéraux sur cet enjeu. À en juger par cette tentative de restreindre cette étude au profit d'une autre, je me demande donc s'ils sont toujours du même avis.
Au moment où nous avons commencé à parler de cet enjeu, le 31 janvier, quelque 100 000 militaires russes se massaient aux frontières de l'Ukraine. Trois semaines plus tard, le 24 février 2022, la Russie envahissait l'Ukraine. Les Russes ont heureusement échoué dans leur tentative de chasser le président Zelenski, mais le risque demeure très élevé et nous devons maintenir la pression. Nous devons planifier des sanctions plus sévères et d'une portée plus vaste. Nous devons planifier un accroissement de l'aide financière et militaire. Nous ne pouvons tout simplement faire cela si nous perdons de vue cet objectif. Nous ne pouvons entreprendre une étude sur un autre sujet.
La Russie a violé le droit international, y compris la Charte des Nations unies. Nous ignorons les intentions de M. Poutine. L'article 5 du traité de l'OTAN pourrait nous forcer à nous engager dans un conflit européen généralisé et nous devons en discuter. En fait, j'ai récemment rencontré l'ambassadeur de la Lettonie au Canada, M. Kaspars Ozolinš, à l'occasion de sa visite à Winnipeg la semaine dernière. Il s'y était rendu pour remercier 500 de nos militaires et leur souhaiter bonne chance avant leur déploiement en Lettonie pour une période de six mois dans le cadre de l'opération Reassurance. Il m'a confié avoir grandi durant la Guerre froide et s'inquiéter de ce qu'il adviendrait de son pays si jamais la Russie décidait de l'envahir.
Ces problèmes se déroulent en temps réel. C'est ce que je voulais souligner, monsieur le président. Le Comité doit demeurer concentré.
L'ambassadrice Kovaliv nous a dit que des enfants ukrainiens ont été emmenés de force au fin fond du territoire russe. Je me souviens qu'elle nous a dit de ne pas relâcher nos efforts tant qu'ils ne seront pas de retour. Nous devons l'aider. Elle nous a également dit que des soldats russes se livraient à des sévices sexuels contre des femmes et des enfants.
Je viens de revenir d'un voyage à Berlin, où j'ai été jumelé au . Durant mon séjour, j'ai eu l'occasion de visiter le camp de concentration de Sachsenhausen où ont été perpétrées certaines des pires atrocités de l'Holocauste. En franchissant les portes, je ne pouvais m'empêcher de penser à l'expression « Plus jamais » en voyant, moulés dans le fer sur les barreaux des portes, les mots Arbeit Macht Frei qui signifient « Le travail rend libre ».
Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer au XXIe siècle. En compagnie du ministre, j'ai eu l'honneur de déposer une couronne au Mémorial des juifs assassinés d'Europe et de faire une visite guidée du musée de l'Holocauste. Au cours de ce voyage, j'ai aussi eu l'occasion de rencontrer trois députés du Bundestag. L'un d'eux était mon homologue, le vice-président du comité des affaires étrangères de l'Allemagne.
Savez-vous quelle est leur priorité absolue, monsieur le président? C'est leur inquiétude au sujet de la brutalité des Russes. Ils veulent aider les 600 000 réfugiés qui ont afflué vers leur pays. Ils se préoccupent de la sécurité énergétique. Si je leur parlais de cette motion visant l'étude d'un sujet tout à fait différent, je pense qu'ils ne comprendraient pas.
Nous devons nous pencher sur la situation en Ukraine et en parler.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
J'écoutais avec attention les propos de notre collègue, et je n'ai pu m'empêcher de m'étonner des larmes de crocodile versées par nos collègues conservateurs, selon lesquels nous empêcherions les choses d'avancer en ce qui concerne l'Ukraine. Je rappelle que, pour tenter de contourner cette obstruction parlementaire, une motion a été présentée à la Chambre pour permettre aux comités de voyager, notamment en Ukraine, et que les conservateurs, désireux de ne pas mettre un terme à cette obstruction, tant et aussi longtemps que les libéraux n'auraient pas retiré leur proposition sur la santé reproductrice des femmes, ont dit qu'ils allaient s'opposer à toute motion. Cela comprend la motion déposée à la Chambre qui visait à permettre à ce comité de se rendre en Ukraine et en Pologne, notamment, pour rencontrer les réfugiés ukrainiens et voir de quelle façon les Polonais les accueillaient. Il devait aussi se rendre en Suède et en Finlande pour appuyer nos alliés dans leur demande d'adhésion à l'OTAN et se rendre en Belgique pour justement rencontrer les responsables de l'OTAN.
Alors, c'est étonnant de les entendre geindre que nous ne pourrions pas discuter de questions touchant l'Ukraine, alors même que ce sont eux qui continuent d'empêcher ce comité de mettre effectivement la dernière main au projet de déplacement. Cela ferait tellement chaud au cœur à nos alliés ukrainiens que de voir les membres de ce comité débarquer chez eux et s'enquérir sur place des difficultés qu'ils éprouvent. C'est une demande que nous a adressée l'ancien ambassadeur de l'Ukraine au Canada, que des représentants canadiens puissent se rendre en Ukraine, et ce sont précisément les conservateurs qui empêchent cela de se produire.
J'étais donc pour le moins choqué, je dois le dire, d'entendre nos amis conservateurs verser leurs larmes de crocodile, il y a quelques instants, tentant d'induire les gens en erreur quant au fait que nous ne serions pas désireux de poursuivre l'étude sur l'Ukraine, alors qu'ils sont ceux qui mettent du sable dans l'engrenage qui finaliserait ce projet de voyage.
Monsieur le président, je pense que personne ne croira que ce dont il est question ici, dans la motion de Mme Fry, c'est de remplacer les études courantes par cette étude. Dès le départ, lorsque Mme Fry a décidé de mettre aux voix et de soumettre au débat cette motion, qui était alors déposée en avis, j'ai exprimé mes réserves quant au fait que ce n'était pas la façon de faire de ce comité. Normalement, celui-ci décide de ses travaux futurs lors d'une discussion qui a cours au Sous-comité du programme et de la procédure, à la suite de laquelle le Comité statue sur la question. Je m'étais étonné de cette proposition pour le moins particulière et singulière, tout en reconnaissant que Mme Fry avait été conséquente et constante quant au fait qu'elle souhaitait que ce comité se penche sur ces questions. Cela fait des mois qu'elle souligne l'importance pour le Comité de se pencher sur la santé reproductive des femmes, et nous n'avons jamais eu l'occasion de le faire.
Sauf erreur, personne ne prétend que cette étude doit avoir la priorité sur celles qui ont cours. Or voilà que l'obstruction que conduisent les conservateurs nous empêche justement de discuter de Taïwan, de l'Ukraine, de l'équité vaccinale et des projets de loi dont M. Genuis aimerait tant que nous puissions discuter. Il y a donc quelque chose de foncièrement dérangeant. Je ne trouve pas le terme pour exposer délicatement la pensée qui m'habite, mais c'est pour le moins dérangeant de voir les conservateurs se livrer à cette obstruction en prétendant que nous voudrions discuter d'autre chose que de l'Ukraine.
J'ai trouvé également dérangeant que mon estimé collègue M. Morantz prête des intentions ou des paroles à la nouvelle ambassadrice d'Ukraine à Ottawa. Je pense que la nouvelle ambassadrice est en mesure de comprendre qu'il ne s'agit pas de suspendre l'étude sur l'Ukraine, quoique les conservateurs ont déjà suspendu cette étude depuis plusieurs séances, mais bien de faire en sorte que le Comité se penche éventuellement sur la santé reproductive des femmes. Sans vouloir à mon tour prêter des intentions ou des paroles à l'ambassadrice de l'Ukraine au Canada, je suis à peu près convaincu qu'elle trouverait passablement pertinent que notre comité se penche sur cet enjeu, qui peut toucher à plus de 50 % de la population mondiale. À mon avis, c'est un sujet qui mérite assurément notre attention.
J'aimerais maintenant revenir à l'amendement proposé par M. Genuis. Cet amendement vise à mettre un terme à la présente procédure d'obstruction systématique, afin que nous puissions revenir à l'étude des différents sujets qui retiennent l'attention de ce comité ainsi que des projets de loi.
J'ai déjà exprimé mes réserves à l'égard de la deuxième partie de la motion, telle qu'elle a été formulée, parce qu'elle fait référence à l'étude. L'étude à laquelle on fait référence dans la motion d'amendement est la même étude que celle qui est nommée en tout début de motion quand on dit « cette étude ». On parle de l'étude sur la santé reproductive des femmes. Or ce dont il est question présentement est l'élaboration du plan de travail de notre comité pour les prochaines semaines et les prochains mois, une fois que nous aurons complété l'étude sur l'Ukraine, celle sur l'équité vaccinale et celle sur Taïwan ainsi que l'étude des projets de loi dont la Chambre a saisi ce comité.
J'avais déjà une réserve à l'égard de cette partie de l'amendement. M. Oliphant a fait une intervention qui m'a ébranlé quant à la première partie de l'amendement. Il nous dit, au sujet de notre étude sur Taïwan, que nous avons reconstitué le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes à la demande même des conservateurs. Je ne reviendrai pas sur le discours que j'ai prononcé à la Chambre pour dire à quel point je trouvais curieux que les conservateurs s'intéressent soudainement de nouveau aux relations sino-canadiennes maintenant que les travaux du comité sur la situation en Afghanistan sont sur le point de se terminer. Quoi qu'il en soit, puisque nous avons décidé de reconstituer ce comité, peut-être est-il plus pertinent de permettre à ce comité de se pencher sur la question de Taïwan, quitte à lui faire parvenir ce que nous avons déjà fait. Peut-être que nous pouvons également décider de poursuivre ou de finaliser notre étude. Bref, il faut d'abord statuer sur ce que nous avons l'intention de faire à l'égard de l'étude concernant Taïwan.
Si vous me le permettez, monsieur le président, j'aimerais formuler une proposition de sous-amendement — je l'ai déjà fait parvenir à la greffière. Ma proposition est la suivante:
Que les mots « soient terminées les études du Comité » soient remplacés par « le Comité ait statué sur les études en cours, soit celles » et que les mots « l'étude doit être menée » soient remplacés par les mots « les études doivent être menées ».
Je vous remercie, monsieur le président.
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Monsieur le président, je vous remercie de cette précision.
Je sais que vous avez consulté la greffière à maintes reprises pour bien comprendre et que vous l'avez fait savoir au Comité. Selon moi, compte tenu des nombreuses questions soulevées par bien des membres, il fallait des éclaircissements. Je ne sais trop si tout est encore parfaitement clair, mais c'est une bonne chose que nous ayons vu une partie de ce processus.
Je vous remercie d'avoir reçu mes questions. Je pourrais peut-être faire un rappel au Règlement chaque fois, mais vous avez été très accommodant, et je vous en remercie.
Puisque nous envisageons de laisser le sous-comité décider comment il abordera cet examen — si c'est ce sur quoi portera le vote, et ce qui va se passer — je suppose que la question est de savoir si c'est le bon endroit pour le faire. Si je comprends bien, c'est ce dont nous discutons aujourd'hui. Dans ce contexte, le groupe devra se pencher sur l'amendement même et voir s'il doit être discuté dans l'ensemble du Comité ou dans le petit groupe seulement.
Si c'est le sous-comité qui doit se pencher sur la question, il doit savoir ce que pensent les différents membres de notre comité ou leurs suppléants sur certains de ces sujets.
Nous avons trois sujets très importants: l'Ukraine, l'équité vaccinale et Taïwan. Je sais que notre comité les a étudiés tous les trois, mais il reste quand même beaucoup à faire. Si le sous-comité se retire pour délibérer — selon que nous le déciderons par ce vote —, il sera très important qu'il connaisse les différentes opinions de tous les différents membres du Comité.
Partant de là, monsieur le président, je dirai que, selon moi, l'Ukraine devrait être la grande priorité pour le Comité ou devrais‑je dire, le sous-comité, selon ce que la direction que prendra le vote.
Avec tout ce que j'ai déjà dit, j'ai à peine commencé à mettre la table pour expliquer l'importance de la question de l'Ukraine en ce moment, surtout pour les Canadiens. Nous accueillons beaucoup d'Ukrainiens au Canada. Nous en voyons arriver dans chacune de nos collectivités.
Je parcourais aujourd'hui les courriels de mes électeurs. Je reçois tous les jours des courriels d'électeurs désireux d'aider les Ukrainiens qui nous arrivent, ou d'électeurs qui veulent prêter main-forte au niveau national. Si c'est ainsi que les choses se passent, le sous-comité aura besoin, pour ses délibérations, des outils pour être à l'aise de consulter les différents membres de notre comité, ou ceux d'entre nous qui sont des suppléants, à propos des études à prioriser.
Partant de là, monsieur le président, j'aimerais soulever quelques autres points sur la raison pour laquelle l'Ukraine serait un sujet ou l'objet d'une étude que le sous-comité devrait certainement considérer comme prioritaire. Nous ne pouvons même pas regarder ce qui se passe chez nous, mais devons plutôt porter notre regard sur l'actualité ou les conversations à l'international.
Par exemple, je vais citer le New York Times et son article intitulé « L'invasion de l'Ukraine: une menace à l'approvisionnement mondial de blé ». Je n'entrerai pas là‑dedans, parce que je sais que certains membres ne veulent pas parler de blé, mais, encore une fois, je veux donner le ton pour expliquer en quoi il importe que le sous-comité se penche sur le cas de l'Ukraine si c'est la direction qu'il prend.
J'aurais deux ou trois points à soulever à ce sujet parce qu'il s'agit d'une conversation nationale, voire internationale, et que, bien sûr, notre comité des affaires étrangères doit s'intéresser à la situation à l'échelle nationale et internationale. Un article du New York Times paru le 24 février 2022 et mis à jour le 23 mars 2022 donne un très bon aperçu de l'invasion russe de l'Ukraine et de la façon dont elle menaçait un grand nombre de chaînes d'approvisionnement. C'était en février, puis après mise à jour, en mars. Il y a plusieurs mois de cela, et nous avons vu à quel point la situation est aujourd'hui beaucoup plus grave qu'à l'époque.
Je vais lire un extrait de cet article pour les témoignages.
L'invasion russe de l'Ukraine menace de bloquer certaines expéditions internationales de blé, de provoquer des pénuries et de propulser le prix d'un produit essentiel, sous l'effet de perturbations des chaînes d'approvisionnement, qui ont déjà fait exploser le coût des aliments.
Les prix à terme du blé au Chicago Board of Trade ont monté de 5,43 % jeudi, surpassant les gains réalisés par d'autres produits comme le maïs et l'huile de soya.
Ensemble, la Russie et l'Ukraine ont plus du quart des exportations mondiales de blé et nourrissent des milliards de personnes sous forme de pain, de pâtes et d'aliments emballés. Ces pays sont aussi des fournisseurs clés d'orge, d'huile de graines de tournesol et de maïs, entre autres produits.
Ces derniers jours, le prix des produits agricoles a subi de fortes fluctuations, les tensions autour de la mer Noire menaçant de perturber les expéditions mondiales de blé, de maïs et d'huile végétale. Les perturbations et les hausses de prix de ces produits — de même que le coût du carburant et des engrais, qui sont des intrants importants pour les agriculteurs — risquent de perturber davantage les marchés alimentaires mondiaux et de menacer la stabilité sociale, au dire des analystes.
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Merci, monsieur le président.
J'étais contente d'entendre l'autre député parler de nos stagiaires ukrainiens. Nous les avons vus sur la Colline et j'ai bien aimé son commentaire. Disons simplement que la veille de la journée de la vyshyvanka, j'ai demandé à une femme que j'ai rencontrée si sa famille était en sécurité. Me regardant droit dans les yeux, elle m'a répondu: « Je ne sais pas. » Je voulais mentionner cela, parce que cela m'a vraiment touchée au cœur, en fait, et c'est l'une des raisons pour lesquelles je suis venue le lendemain matin.
Je l'ai dit tout à l'heure, il y a le sous-comité qui pourrait décider des études, et il est pertinent qu'il nous entende parler de ce qui serait important, afin de se sensibiliser à nos priorités. Autrement, ils auraient du mal à délibérer sans comprendre clairement ni bien connaître ce qu'elles sont. Monsieur le président, j'essaie de préparer le terrain pour que notre éventuel sous-comité ait des idées, de ma perspective en tout cas, si la question lui est renvoyée. Je suis certaine que bon nombre des autres membres ici présents conviendront que l'Ukraine est importante; alors, dans leurs délibérations, ils pourront avoir le contexte de la direction que ces conversations devraient prendre.
Cela m'apparaît de la plus grande importance. Nous avons quelques autres études qui sont également prioritaires, des études très importantes, mais à mesure que nous progressons peut-être qu'il est vraiment pertinent de mentionner les études dont parlera le sous-comité. Je ne vois pas comment les membres de notre comité pourraient dire qu'il n'est pas pertinent de même parler ou de discuter des études sur lesquelles se penchera le sous-comité. C'est ce que j'essaie de faire ici. Je me concentre sur une seule, parce que si elle se rend au sous-comité, c'est celle qui sera la plus importante, compte tenu des commentaires que je reçois de ma collectivité sur ce qui se passe sur le terrain.
Il y a des réfugiés qui arrivent dans ma collectivité, dont beaucoup des membres essaient d'aider les citoyens venus d'Ukraine, et j'estime important que la discussion éventuelle au niveau du sous-comité s'articule sur ce qui se passe à l'échelle du pays. En Colombie-Britannique, d'où je viens, nous avons une très forte collectivité ukrainienne chez moi. Je sais qu'elle aimerait bien que le Comité continue de se consacrer à ce qui se passe en Ukraine.
Encore une fois, pour revenir à notre sous-amendement, j'ignore comment nous pouvons parler de cela sans mentionner les trois études que le sous-comité aura à considérer. Les constants rappels au Règlement chaque fois que je demande pourquoi l'une ou l'autre de ces études devrait être prioritaire ne semblent pas avoir de sens. J'ai commencé par donner le ton, je pense, en jetant les bases de ma conversation et en expliquant pourquoi j'estimais que l'Ukraine devrait être une priorité.
Je vais simplement mentionner quelques groupes locaux de ma collectivité qui ont travaillé avec les Ukrainiens que nous avons accueillis.
Le premier est la Bravery Foundation de Kelowna, qui n'est pas seulement à Kelowna; elle est en fait dans toute ma région. Nous avons un autre groupe, le Kelowna Stands With Ukraine, qui a été très actif. En fait, il a organisé de nombreuses collectes de fonds. J'ai pris la parole à l'une de ses activités de souscription. Il a reçu un solide appui de la collectivité. Quelques-unes des personnes qui travaillent très fort avec eux remplissent des bagages de toutes sortes d'objets différents, qu'ils vont distribuer très soigneusement en Pologne et dans les régions avoisinantes.
En fait, le niveau de soutien de la collectivité locale est extraordinaire. Une partie des fonds a servi à acheter différents articles. Ils ont reçu des dons de particuliers. Ils remplissent tous ces bagages, avant de prendre l'avion avec un bon excédent de bagages. C'est ainsi qu'ils apportent beaucoup de ces fournitures aux Ukrainiens. Le dévouement et le temps que cela demande sont incroyables. Ces gens-là ont tous un emploi. Ils font tout cela dans leurs temps libres.
Je tiens à ce que le Comité le sache. Si la question est confiée au sous-comité, qui verra si elle est prioritaire, j'aimerais bien qu'il sache à quel point elle est prioritaire pour ma collectivité et à quel point elle touche tellement de personnes, ainsi que le temps et les ressources qu'elle mobilise.
Certaines de nos Églises locales ont tout fait, de la vente de pâtisseries et de différents objets fabriqués à la main. Ensuite, ils vont acheter différents produits. Comme je l'ai dit, il y a des gens qui font don de différents articles. Ce ne sont pas nécessairement des choses simples. Ils achètent des gilets pare-balles. Ils reviennent aussi avec des fournitures médicales. C'est un peu de tout. Ils font don de leurs bagages, puis les apportent en avion.
En fait, l'esprit communautaire est assez incroyable. Chez moi, cela s'appelle « l'esprit de Kelowna », et cela ne se limite pas à l'Ukraine. On l'observe aussi chaque fois que la collectivité se mobilise pour une cause. À l'heure actuelle, ma collectivité est victime d'une inondation.
Je n'irai pas là, monsieur le président, parce que ce n'est pas pertinent. C'était juste pour parler de l'esprit...
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Merci, monsieur le président.
Je pense que votre décision selon laquelle il s'agissait d'une question de débat était effectivement très sage, et je vous félicite de votre sagesse. Malgré les velléités de M. Oliphant qui prétend présider la réunion, je préfère que vous occupiez le fauteuil.
En ce qui concerne le point soulevé par Mme Fry, je réfute l'accusation d'inexactitude de mes propos, et même s'ils l'avaient été, ce ne serait néanmoins pas une question d'ordre ou de procédure. Ce serait toujours une question de débat. Même lorsque d'autres députés font des erreurs dans leurs commentaires — cela ne m'arrive jamais, naturellement —, le fait que les gens qui figurent sur la liste des intervenants font des corrections importantes, éventuellement étayées par des preuves, pour appuyer leurs conclusions fait partie des joutes oratoires.
Cependant, étant donné que Mme Fry a fait valoir ses arguments, je pense qu'il est important d'y répondre et de dire ce qui suit: lorsque le Comité a été saisi de sa motion, cela a bouleversé le processus normal. Il y a longtemps que le Comité établit l'ordre du jour par la collaboration et la discussion entre les partis, ce qui signifie généralement que les comités établissent leur ordre du jour par consensus. Différents partis proposent différentes études. Chaque parti détermine ses priorités et nous essayons d'établir un ordre du jour qui reflète ces priorités. Vous terminez une série d'études. À la fin de cette série d'études, vous définissez la prochaine série de travaux à venir.
Au lieu de cela, au milieu de... À l'époque, il y avait trois études en cours, et il y en a maintenant cinq. Une motion a été présentée pour que nous fassions une étude différente sur un autre sujet. Je pense que cela signifie clairement que nous devrions faire cette étude selon un calendrier accéléré.
En fait, à l'époque, nous avions proposé l'ajournement du débat. Nous avons répondu à Mme Fry, qui disait que les libéraux n'avaient pas à en discuter et qu'ils ne voulaient pas passer à l'étude maintenant... Si vous ne voulez pas en venir à l'étude maintenant, qu'y a‑t‑il de mal à ajourner le débat pour que nous puissions l'intégrer à notre prochaine série d'études une fois que le travail sur l'étude actuelle sera terminé? C'est exactement ce que nous avons fait valoir lorsque cette question a été examinée pour la première fois.
Si vous revenez sur la période pendant laquelle nous avons discuté de cette motion, vous constaterez que les députés conservateurs ont toujours proposé des motions pour ajourner le débat et pour passer à d'autres questions ou pour revenir aux questions dont le Comité est actuellement saisi. Nous avons également proposé des motions pour renvoyer cette motion particulière au sous-comité. Dans tous les cas, nos amis du caucus libéral-néo-démocrate ont — aurais‑je dû dire « des caucus »? Je ne sais pas. Je suis peut-être en avance sur mon temps. Chaque fois, les caucus libéral et néo-démocrate ont voté contre ces motions visant à ajourner le débat, à passer à d'autres travaux et à permettre que d'autres choses aient lieu.
En un sens, nous avons ajourné le débat à un moment donné. Nous avons tenu une réunion informelle à huis clos qui a été décidée par consentement unanime au beau milieu de ces travaux. Nous avons également eu l'élection d'un président au milieu de ce débat.
J'ai exhorté les députés, en privé et en public, à dire que lorsqu'on ajourne le débat sur une question, cela ne signifie pas que c'est terminé. Cela ne veut pas dire que nous n'irons pas jusqu'au bout. Cela ne veut pas dire que nous n'allons pas en parler davantage. Cela signifie que nous mettons de côté le débat sur cette question pour pouvoir poursuivre sur un autre sujet. Notre position a toujours été la suivante: terminons le travail devant le Comité et tenons des discussions informelles entre les membres du sous-comité. Examinons la question à fond. Nous n'avons pas à le faire en comité. Ces conversations peuvent avoir lieu pendant que le Comité entend des témoins, fait des déclarations, rédige des rapports et termine le travail dont nous sommes saisis.
Les gens ne peuvent pas dire que ce sont eux qui veulent passer à autre chose et pourtant systématiquement voter contre nos efforts en vue d'ajourner le débat et de justement passer à autre chose.
Il était clair dans la façon dont cela a été présenté qu'il n'y avait aucun intérêt pour les efforts visant à trouver un consensus et des accommodements raisonnables en vue d'établir un programme d'action pour l'avenir. Il s'agissait simplement d'essayer de passer outre le consensus qui est la norme au Comité et de le remplacer par une nouvelle norme majoritaire.
Nous avons dit qu'il fallait être précis au sujet de l'ajournement du débat jusqu'à ce que le Comité ait terminé ses études existantes. Cette motion a été jugée recevable par la présidence précédente. Cette motion était en débat. Ce président a quitté le Parlement pour profiter d'autres occasions. Nous avons un nouveau président, qui a déclaré rétroactivement que la motion dont nous débattions était irrecevable, et nous sommes maintenant saisis d'un sous-amendement à un amendement.
L'amendement vise à inscrire dans la motion exactement ce que certains députés, dont M. Oliphant, ont dit vouloir faire. M. Oliphant a dit qu'il était favorable à ce que l'étude sur Taiwan soit renvoyée au Comité Canada-Chine — je crois que c'est ce qu'il a dit —, mais que nous terminerions le travail sur l'Ukraine, sur l'équité vaccinale et sur les projets de loi d'initiative parlementaire et que nous discuterions des paramètres de la motion sur la façon dont une étude serait menée.
C'est à peu de chose près l'amendement que nous avons proposé. Mme Fry et le secrétaire parlementaire Oliphant ont déclaré: « D'accord, nous n'essayons pas de fixer un délai ni de chambouler le programme du Comité. Non. » Ils essaient simplement de prendre position — je crois que ce sont les mots qu'ils ont utilisés — s'agissant de cette motion, mais nous pourrons y revenir et y travailler à un autre moment.
Une façon simple de démontrer l'authenticité de vos propos serait d'adopter l'amendement proposé par les conservateurs. C'est exactement ce qu'il propose. Il dit précisément que, oui, nous terminerions les travaux actuels du Comité. Par la suite, le sous-comité examinerait les possibilités, y compris cette étude. Si le Comité adoptait la motion, il serait entendu que l'étude se ferait, mais de la manière prescrite par le sous-comité. Cela donnerait au sous-comité l'occasion de se pencher sur certaines des préoccupations concernant les grandes lignes de l'étude et de prendre des décisions au sujet des réunions et ainsi de suite.
Nous essayons de dire, tout d'abord, que nous devrions ajourner le débat pour revenir au travail que nous aurions dû faire tout ce temps. Deuxièmement, dans la mesure où, lors de la dernière séance et au cours de celle d'aujourd'hui, les efforts continus visant à ajourner le débat ou à passer à d'autres questions ont été rejetés par le groupe néo-démocrate-libéral, essayons de proposer un amendement qui inscrira dans le texte de la motion l'engagement oral des députés.
Cela devient un peu suspect lorsque les personnes qui ont dit ne pas avoir l'intention de modifier l'ordre du jour du Comité refusent d'appuyer le libellé précis de la motion qui portait directement sur cette question.
Cela soulève une question évidente. Qu'est‑ce qui a empêché le gouvernement d'appuyer notre amendement ou la motion d'ajournement? C'est essentiellement le fait que le gouvernement et le NPD ont pris la décision politique de refuser l'ajournement, parce qu'ils veulent tenir ce comité en otage pour exiger qu'ait lieu leur propre opération de bouleversement des travaux actuels du Comité. Ils ne laisseront pas le Comité faire quoi que ce soit entretemps. Je le répète, s'ils voulaient que le Comité passe à d'autres questions, nous pourrions ajourner le débat et revenir sur cette question à tout moment.
Parfois, je pense qu'il y a un malentendu au sujet de l'ajournement du débat. L'ajournement ne rejette pas une motion; il ne l'enterre pas. Si nous ajournons le débat à 16 h 30 et que nous entendons un témoin de 16 h 30 à 17 h 15, alors quelqu'un peut reprendre le débat sur la question qui a été ajournée 45 minutes plus tôt, pourvu qu'il se soit passé quelque chose entre les deux. Ce n'est pas du tout une concession ou une fin, cela consiste simplement à dire, mettons cette question de côté et passons à autre chose.
Je pense que ce serait la façon saine et naturelle de procéder, mais on nous a répondu « non » à l'amendement, « non » à l'ajournement, et « non » à nos suggestions répétées de passer à d'autres questions.
Il devient tout simplement difficile de prendre les choses qui, avec tout le respect que je vous dois, ont été dites par Mme Fry et d'autres au sujet de leur intention de chambouler... Pour revenir aux observations formulées par d'autres collègues tout à l'heure, d'abord je crois qu'il est très important d'établir l'importance des études dont nous parlons, parce que nos propositions de passer à d'autres questions et d'ajourner le débat portent précisément sur ce que devraient être selon nous les priorités de ce comité.
Nous croyons que les priorités du Comité devraient être la guerre en Europe et l'invasion de l'Ukraine, qui a des conséquences catastrophiques pour ce pays, mais qui soulève également des questions importantes et entraîne des répercussions potentielles sur la sécurité mondiale. Ce soir, la Chambre tient un débat exploratoire sur la crise alimentaire mondiale qui bien entendu est en grande partie attribuable à cette invasion.
Je crois que le régime de Poutine réemploie en quelque sorte les tactiques de Staline, c'est-à-dire l'utilisation de la famine comme arme de guerre pour tenter d'effacer et de nier l'identité ukrainienne.
Dans ce cas‑ci, les victimes de cette tactique qui consiste à tenter d'utiliser la famine comme outil politique, les victimes de cette affaire se compteront bien au‑delà de l'Ukraine. Les victimes seront les habitants de nombreux pays qui dépendent de l'approvisionnement alimentaire de l'Ukraine.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que M. Oliphant a fait valoir de nouveau mon point de vue, alors je crois qu'il est inutile d'insister. Je le remercie de m'avoir aidé de cette façon.
Je n'ai jamais contesté son droit d'être ici. Je n'ai jamais pensé que les secrétaires parlementaires ne pouvaient pas venir participer aux travaux des comités. Je dirai, en ce qui concerne le sous-amendement en particulier, qu'il comporte deux parties. La première partie vise à supprimer les mots « soient terminées les études du Comité sur » et à les remplacer par les mots « le Comité ait statué sur les études en cours, soit celles ».
Pour ce qui est de la négociation, si nous avons la volonté d'essayer de nous entendre et de nous mettre d'accord sur la voie à suivre, je pense que les conservateurs seraient certainement disposés à entamer un dialogue au sujet de ces modifications. Cependant, je ne crois pas qu'elles soient idéales. Je pense que le libellé « soit terminées » est préférable à « ait statué » parce que le libellé relatif à l'achèvement des travaux est clairement plus fort lorsqu'il s'agit d'exprimer son engagement à faire le travail, à terminer les travaux et à en faire rapport à la Chambre avant de passer à autre chose.
Nous sommes convaincus que si notre comité se joint à de nombreux autres comités pour étudier la question de l'avortement — parce que les libéraux n'ont cessé de soulever cette question devant de très nombreux comités du Parlement — alors, conformément au libellé de l'amendement original qui est supprimé par le sous-amendement, nous préférerions terminer les études du Comité sur ces questions.
Pourquoi alors est‑il important pour nous non seulement de prendre des décisions, mais aussi de terminer le travail sur ces questions? Eh bien, c'est parce que ces questions sont extrêmement importantes et urgentes. Il y a de nombreuses questions importantes qui pourraient être étudiées par d'autres comités ou qui sont en train d'être étudiées par d'autres comités ou qui sont des questions dont l'importance est permanente, mais nous avions choisi d'entreprendre et d'essayer de terminer des études sur l'Ukraine, l'équité vaccinale et Taiwan, parce que nous étions convaincus que ces questions étaient, je crois, des questions émergentes. Ce ne sont pas des questions qui ont été étudiées auparavant, du moins dans le contexte actuel, et il était donc important pour nous de les aborder.
Mes observations au sujet du débat exploratoire qui aura lieu ce soir à la Chambre visent à souligner l'importance cruciale pour le Comité de terminer son étude sur l'Ukraine, parce que le processus d'étude sur l'Ukraine, que le texte du sous-amendement propose de supprimer, devrait nous aider à tirer des conclusions importantes sur la façon dont nous pouvons faire face à cette crise alimentaire mondiale provoquée, du moins en partie, par l'utilisation de la famine comme arme par le régime de Poutine. Il y a de nombreux problèmes. Si vous écoutez le débat à la Chambre des communes, il y a tellement de questions qui sont liées à l'invasion de l'Ukraine, et j'en reviens à l'importance de conclure — pas seulement de prendre une décision à ce sujet, mais de terminer l'étude sur l'Ukraine. Mon collègue disait — et je pense que c'est très bien, même s'il est régulièrement interrompu —, que les défis économiques auxquels les Canadiens font face en matière d'abordabilité et de prix de l'essence sont souvent attribués par le gouvernement à l'invasion de l'Ukraine.
Il est donc évident que cela fait partie des arguments qui doivent être présentés pour justifier le fait de dire qu'il est absolument essentiel de terminer le travail sur l'Ukraine et sur les autres questions dont nous sommes saisis. Diverses questions sont en jeu dans ce débat; pour les Ukrainiens, il s'agit bien sûr de leur vie, de la sécurité fondamentale et de la défense de leur pays. Il y a aussi les effets en chaîne, soit la crise alimentaire, les questions de politique énergétique que cela soulève pour le Canada, pour l'Europe et pour d'autres pays, et les questions relatives aux prix de l'essence et à l'inflation. Tous ces sujets, on le dit souvent à la Chambre, sont en rapport avec la crise très grave causée par la décision du régime de Poutine d'envahir davantage l'Ukraine.
C'est pourquoi je dirais respectueusement qu'il ne suffit pas que le Comité dise, de façon générale, « Eh bien, nous allons prendre une décision au sujet de ». Prendre une décision au sujet de quelque chose... Excusez-moi, je devrais dire « prendre une décision sur », mais c'est la même chose. Pour le Comité, prendre une décision sur les études dont il est saisi n'exige pas que ces questions soient réglées.
Je dirai ceci également. Dans la mesure où Mme Fry, le secrétaire parlementaire Oliphant et d'autres ont affirmé — et j'ai parlé de leurs commentaires tout à l'heure — qu'ils n'essaient pas de perturber le Comité et qu'ils sont intéressés à terminer le travail dont le Comité est saisi, il n'est pas raisonnable pour eux de dire ensuite: « Eh bien, en fait, nous ne voulons pas que le mot « terminées » figure dans l'amendement. »
Monsieur le président, je pense qu'un autre point important à souligner concerne la manière de procéder de ce comité et d'autres comités, la manière dont ils font leur travail et s'ils essaient de terminer leurs études avant de passer à autre chose, ou s'ils cherchent à prendre des décisions à ce sujet et à travailler sur différents dossiers en même temps. Je pense qu'il est très important que nous en tenions compte pour préparer le terrain en vue de nos futurs travaux.
Lorsqu'un comité étudie des sujets, il est bien sûr naturel qu'il soit saisi de plusieurs questions. Il peut y avoir un certain nombre de situations de crise qui exigent une attention particulière. Différentes parties peuvent vouloir différents types d'études, alors pour parvenir à un consensus il faut à un moment donné dire que nous allons aller de l'avant avec un ensemble d'études. Cela crée également des défis potentiels, car lorsqu'un certain nombre d'études sont réalisées simultanément, il faut réussir à se souvenir de chaque question particulière et à poursuivre le travail sur les différents sujets, car, inévitablement, une étude prend plus de temps si elle est morcelée. Parfois, il y a des changements dans la composition des comités et des gens vont et viennent au milieu d'une étude.
Je crois de plus en plus, simplement en examinant ce qui mène à un travail de comité efficace, qu'il faudrait terminer une étude ou au moins un groupe d'études en particulier, puis passer au groupe d'études suivant. L'idée de travailler sur un projet de bout en bout, que le Comité soit en mesure d'établir les priorités et de terminer un projet, puis de passer au projet suivant, correspond tout simplement à un travail de comité efficace. Autrement, il y a parfois des changements dans la composition des comités, et les gens essaient de se souvenir — « oh oui, nous avons tenu cette audience il y a huit mois » — et de faire le lien avec ce qu'un témoin a dit aujourd'hui. Comment pouvons-nous alors tirer des conclusions, rassembler...? Bien sûr, nous avons tous des notes et nous avons tous des dossiers que nous pouvons consulter, mais il est certainement beaucoup plus naturel que les comités puissent examiner une question particulière au cours d'une certaine période, formuler des recommandations qui en découlent et ensuite aller de l'avant sur cette base.
C'est pourquoi notre amendement initial, qui est maintenant modifié par le sous-amendement, traitait précisément du fait de ne pas simplement « prendre des décisions au sujet de » ou « d'établir des ordres du jour », mais aussi de l'achèvement de ce travail.
Je pense qu'en règle générale, la plupart des députés seraient d'accord pour dire que lorsqu'il y a déjà cinq sujets inscrits à l'ordre du jour du Comité: trois études en cours et deux projets de loi d'initiative parlementaire dont les études ne sont pas encore terminées... Bien entendu, nous avons l'obligation de les examiner, car elles ont été renvoyées au Comité par la Chambre. Nous devrions régler ces questions avant de passer à d'autres, c'est très important.
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Merci, monsieur le président.
M. Perkins vient de proposer que nous suspendions la séance au beau milieu de mon exposé jusqu'à ce que la présidence rende sa décision. Donc, à la suite de cette suggestion, je devrai peut-être trouver quelqu'un pour se présenter à l'investiture conservatrice dans sa circonscription. Bien entendu je plaisante.
Monsieur le président, je disais tout à l'heure... Il dit: « Allez‑y. » D'accord.
Avant que M. Oliphant n'intervienne, je parlais de l'importance pour les comités de terminer le travail sur une question avant de passer à une autre. Je faisais valoir que c'est généralement une bonne pratique. Cela ne signifie pas que les comités ne peuvent pas revenir sur des sujets en cas de faits nouveaux. J'imagine qu'après l'achèvement d'une étude initiale sur l'Ukraine, il pourrait y avoir des évolutions ultérieures au cours de la présente législature, selon la durée du Parlement, qui seraient susceptibles de nous amener à vouloir revenir sur cette question et peut-être à faire une mise à jour et une déclaration dans ce contexte.
Mais la question qui se pose aujourd'hui de l'achèvement de l'étude et de la capacité de produire une déclaration... Nous savons qu'il a été question d'une déclaration ou d'un rapport. Nous pourrions nous mettre au travail immédiatement, bien sûr, si les autres partis se montraient disposés à ajourner le débat ou à passer à cette question. Mais malgré nos efforts en ce sens, comme les députés le savent, cela n'a pas été le cas.
Nous avons donc parlé de l'importance de terminer l'étude sur l'Ukraine, plutôt que de simplement prendre une décision. Je tiens à dire qu'en ce qui concerne la question de Taiwan, il est évident que le Comité a commencé son étude sur le sujet avant la création du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Les questions soulevées à propos de Taiwan pourraient également être débattues au Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Je pense que notre comité ne sera pas nécessairement en mesure de prendre une décision avant que cet autre comité décide des mesures appropriées.
Je ne pense pas que nous puissions présumer que le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes étudiera cette question. Tout d'abord, je sais qu'il y a un chevauchement important entre ces deux comités, et je crois comprendre, d'après ce qui s'est dit lors de la réunion de lundi, la première réunion du Comité spécial, qu'il y avait un intérêt à ce que le Comité étudie la question de Taiwan.
Par conséquent, je pense que si c'est la volonté de ce comité, il serait tout à fait raisonnable que notre comité travaille avec lui pour s'assurer de poursuivre le travail qui a été fait ici. Je ne pense pas que les règles permettent un sous-amendement, mais je pourrais certainement envisager une révision de l'amendement initial qui n'était pas, disons, aussi vaste que le sous-amendement dont nous sommes saisis, mais en fait, il s'agissait simplement de prévoir quelque chose de particulier en ce qui concerne la dynamique entourant Taiwan — c'est-à-dire que dans le cas de Taiwan, nous n'exigerions pas que l'étude sur Taiwan soit terminée par ce comité si elle était reprise par un autre comité.
Mais je dirai simplement, d'un autre côté, qu'en ce qui concerne Taiwan, le libellé original qui est supprimé par le sous-amendement dit « et que cette étude n'ait pas lieu avant que soient terminées les études du Comité sur l'Ukraine, l'équité vaccinale et Taiwan [...] ». Je pense que l'on pourrait interpréter cela en disant que l'achèvement des études du Comité pourrait aussi signifier l'achèvement des études du Comité par un autre comité. Bien entendu, nous souhaitons que l'étude sur Taiwan soit achevée, que ce soit par notre comité ou par le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes.
Je pense que personne ne souhaite que cette étude reste inachevée. C'est seulement maintenant, parce que nous avons ce nouveau comité qui pourrait éventuellement se pencher sur cette question, que la question se pose de savoir s'il pourrait se charger de terminer l'étude. L'étude du Comité sur Taiwan serait tout de même terminée. Ce serait le Comité qui transférerait l'étude et l'achèvement de cette étude à un autre comité.
En ce qui concerne la préoccupation de M. Bergeron, lorsqu'il a proposé ce sous-amendement en particulier, il a dit qu'il faudrait peut-être envisager autrement l'étude sur Taiwan, étant donné que le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes voudra peut-être s'en occuper. Je ne pense pas que le libellé de l'amendement original aurait exclu la possibilité que ce travail soit transféré, d'un commun accord, et que l'étude soit achevée à ce moment‑là. Bien sûr, le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes est le bienvenu pour examiner la question de Taiwan de son propre chef, de toute façon, mais je pense qu'il aimerait le faire en s'appuyant sur le travail qui a déjà été accompli par notre comité, en étant en mesure de se pencher dessus et de poursuivre dans cette voie.
Peu importe la façon dont la question de Taiwan est traitée, je pense qu'il est très clair qu'il y a urgence à ce que le Comité termine son travail sur l'Ukraine et l'équité vaccinale. La dynamique entourant l'accès aux vaccins est, bien sûr, en constante évolution. Les circonstances sont différentes...
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de revoir mes collègues en ce lundi matin. En attendant de recevoir peut-être un signal, je vais présenter quelques arguments à mesure que le processus se poursuit.
Je sais que nous sommes en train de débattre d'un sous-amendement proposé par M. Bergeron à un amendement que j'avais proposé à l'origine. Le but de l'amendement était d'établir certains paramètres généraux concernant le calendrier qui régit la façon dont cette étude prospective se déroulera, tout en reconnaissant que le Comité a d'autres priorités ou peut-être des questions qui sont en cours et que nous sommes en train d'étudier — la situation en Ukraine, la dynamique entourant l'équité vaccinale et la situation concernant les menaces potentielles à la sécurité de Taiwan.
L'amendement visait à répondre à une situation qui, à mon avis, ne correspond pas à la façon dont les comités devraient normalement fonctionner. Au beau milieu des études existantes, une proposition a été avancée pour dire: « Non, nous devrions ignorer ce que nous sommes en train de faire et plutôt soulever cette question politique. » Nous avons dit: « D'accord, établissons au moins des délais à cet égard, puis précisons la façon dont le sous-comité devrait être engagé dans ce processus. » Le Sous-comité du programme et de la procédure devrait se réunir.
Je tiens à dire que nous espérons certainement un engagement constructif pour en arriver à une entente sur un amendement à cette motion qui permettrait au Comité de fonctionner. Je pense que les comités sont à leur meilleur lorsqu'ils sont en mesure de travailler par consensus. De notre côté, le désir existe de parvenir à une entente et de nous rencontrer à mi‑chemin sur certains aspects de la question. L'une des propositions auxquelles j'ai réfléchi consiste à dire que nous avons fixé un délai pour que le sous-comité fasse rapport au Comité principal afin de nous assurer que le processus se déroule de façon raisonnable.
C'est l'objectif général de l'amendement. Je comprends que le sous-amendement est une proposition constructive et qu'il peut servir de base à un dialogue sur la façon d'en arriver à un consensus au Comité. Lorsqu'il y a une motion d'un parti, un amendement d'un autre parti et un sous-amendement d'un autre parti, cela peut sembler compliqué, mais je pense qu'il est potentiellement très constructif que différents partis jouent un rôle en essayant d'étoffer le libellé approprié de la motion.
C'est ce qui nous amène au sous-amendement. Il supprime les mots « soient terminées les études du Comité » et les remplace par « le Comité ait statué sur les études en cours, soit celles ». Il y a une deuxième partie au sous-amendement, dont je parlerai dans un instant.
Le changement proposé par la première partie est important. L'amendement actuel prescrit une marche à suivre qui oblige le Comité à mener des études particulières sur l'Ukraine, l'équité vaccinale et Taiwan. La version révisée ne prescrit pas que les études soient terminées, mais qu'une décision soit prise à leur égard.
J'insiste, il n'est pas impossible d'aller et venir et d'essayer d'établir une façon constructive d'aller de l'avant, mais je pense qu'il serait très important, du moins pour certaines des études existantes, de dire que nous ne devrions pas nous contenter de prendre une décision à leur sujet, mais que nous devrions les terminer. Nous avons beaucoup travaillé sur la question de l'équité vaccinale. Je pense qu'il est évident que la dynamique sur cette question change constamment. Il y a des problèmes semblables qui sont constants au fil du temps.
À l'époque où nous avons parlé d'entreprendre ce travail, d'aucuns se demandaient si nous disposions de suffisamment de vaccins. Au fil de notre étude, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait des problèmes de livraison d'une ampleur non négligeable. Je dirais qu'il vaut la peine d'aller au bout de ce que nous avons entrepris.
C'est d'ailleurs à cette fin que nous avons maintes fois réclamé l'ajournement du débat sur cette motion, c'était pour reprendre cette étude. Des députés d'autres partis nous ont accusés de faire traîner les choses en longueur, mais cette accusation ne cadre pas avec le fait que c'est précisément nous qui demandons l'ajournement du débat sur cette question en sorte que nous puissions discuter de notre futur ordre du jour et nous concentrer sur l'achèvement des travaux dont le Comité est actuellement saisi. Nous disposerions ainsi d'un peu plus de temps pour discuter de la voie à suivre, mais entretemps, l'ajournement du débat... qui ne serait pas forcément sine die, bien sûr. Comme les députés le savent ou devraient le savoir, la procédure concernant l'ajournement des débats ne vise pas à évacuer une question. Le point ayant fait l'objet d'un ajournement peut être redéposé très peu de temps après, mais entretemps, on aura fait de la place pour avoir un certain dialogue.
Dans la mesure où le débat a été quasiment ajourné, officieusement du moins... Par exemple, nous avons eu l'occasion d'entendre des témoins à huis clos. Ce sont des choses que nous étions prêts à faire dans certains cas, mais dans certains cas seulement. Selon moi, il aurait valu la peine de terminer le plus tôt possible notre étude sur l'équité vaccinale dont j'ai parlé, et pas seulement en prenant une décision à ce sujet, mais en parachevant l'étude.
Sur la question de l'Ukraine également, le parachèvement de nos travaux sur ce thème ou du moins le parachèvement de la première phase de ces travaux... Là aussi, j'estime que nous pourrions trouver un moyen terme. Je ne pense pas que la procédure autorise les sous-amendements, mais simplement des sous-amendements subséquents. Selon moi, il serait très utile que le Comité rédige un rapport initial ou une déclaration initiale — idéalement un rapport initial — présentant le travail qu'il a accompli jusqu'à maintenant sur cette question particulière.
Si le Comité décide de renvoyer la question à un autre comité ou d'arrêter telle ou telle étude... Évidemment, le travail sur Taïwan est important, mais celui‑ci a débuté avant que le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes ne soit constitué. Il serait, quant à moi, justifié de poursuivre ce travail, que ce soit à ce comité ou à un autre. D'une part, notre comité a déjà commencé ce travail et l'autre comité est chargé de bien d'autres questions. D'autre part, l'autre comité est là pour examiner — entre autres — certaines des questions entourant les mesures agressives prises par la République populaire de Chine. Ce travail pourrait bien s'inscrire dans le cadre de ce que nous faisons. C'est là, je pense, que l'idée de mener une étude à terme plutôt que de prendre une décision au sujet du travail à faire est importante, mais le concept de parachèvement pourrait revêtir des formes différentes.
Je me dois de souligner que le libellé du sous-amendement crée une certaine ambiguïté, alors qu'il n'existe peut-être pas dans la version originale. L'amendement parle de rendre une décision. Je pense l'avoir dit un peu différemment. Quoi qu'il en soit, le libellé ne précise pas nécessairement que la décision serait prise avant de passer à l'étape suivante. Je pense que c'est là une ambiguïté dont il faut tenir compte dans le vote sur cette question.
Par exemple, si nous devions prendre une décision au sujet de l'étude sur l'Ukraine... Supposons que, dans le cas de l'étude sur l'Ukraine, nous décidions — en fait, que nous voulions — terminer cette étude ou le rapport initial avant de passer à une autre étude prospective. Il s'agirait de rendre une décision à ce sujet, mais pas nécessairement de la mettre en œuvre. Il s'agirait de décider de terminer le rapport, dans ce genre de cas hypothétique, puis de le terminer.
Comme il ne s'agit pas simplement de prendre une décision, je m'inquiéterais de l'ambiguïté créée par le libellé. Si nous devions prendre une décision à ce sujet... Disons, supposons, que nous prenions la décision de terminer le rapport sur l'équité vaccinale. Cela répondrait aux conditions de ce sous-amendement. Ensuite, nous pourrions entreprendre l'autre étude envisagée dans la motion originelle sans pour autant mener à terme le travail comme le prescrit la décision, c'est‑à‑dire sans terminer le rapport. L'idée de décider d'une chose est conceptuellement différente de celle consistant à « statuer sur des études » et les « mener » ensuite à terme. Je pense qu'il faut que ce soit plus clair.
Pour ce qui est de la voie à suivre pour les trois études dont le Comité est actuellement saisi — l'Ukraine, l'équité vaccinale et Taïwan —, nous pourrions vouloir statuer à leur sujet. Personnellement, je dirais que le libellé relatif à la manière de mener les études devrait être plus rigoureux, mais nous pourrions vouloir statuer sur ces études. Nous pourrions dire que nous allons en terminer deux et transférer l'autre ou la terminer. Nous pourrions vouloir produire un rapport provisoire sur l'une des études et poursuivre nos travaux par ailleurs pendant que nous en mettons une de côté. C'est le genre de décisions que le Comité pourrait prendre au sujet du traitement à accorder à ces études. Je dirais que, de façon générale, c'est le processus qui avait été prévu quand ce sous-amendement a été élaboré.
Je ne crois pas qu'il soit déraisonnable de dire que nous devons nous laisser une certaine marge de manœuvre. Le libellé actuel du sous-amendement n'est pas tout à fait explicite quant à la façon dont nous voudrions que les choses se déroulent relativement à la prise de décision et à l'exécution des décisions, avant de passer aux autres questions dont le Comité serait alors saisi.
La deuxième partie du sous-amendement apporte d'autres changements qu'il vaut la peine de mentionner. Le libellé précédent prescrit la façon dont l'étude doit se dérouler et il le remplace par la mention de la façon dont les études doivent être menées. Encore une fois, il s'agit de remplacer « l'étude doit être menée » par « les études doivent être menées ». Je pense que la partie la plus importante de ce changement... Il y a des cas où les mots sont changés, et je pense que nous devons prendre note de ce que cela implique.
L'élément le plus important de ce changement est le passage du singulier au pluriel dans le cas du mot « étude ». L'amendement initial prévoyait que l'étude se poursuivrait après l'adoption du rapport du sous-comité. Il décrivait le traitement à accorder à l'étude, comme la motion de Mme Fry l'envisageait à l'origine. Je pense que le sous-amendement change le sens pour dire que le sous-comité devrait se réunir et prescrire la façon dont tous les travaux du Comité devraient se dérouler, tant pour cette nouvelle motion que pour les propositions concernant l'Ukraine, l'équité vaccinale et Taïwan. En fait, je ne crois pas que ce soit une mauvaise chose.
Je pense que le passage du singulier au pluriel est probablement constructif. En fait, il nous amène à envisager que le sous-comité devra se réunir, discuter de l'ordre du jour et s'entendre sur la façon de procéder pour toutes les études. À mon avis, c'est ainsi que les choses auraient dû se passer depuis le début.
Si nous sommes en train de discuter d'un ordre du jour au comité principal, c'est qu'un membre a décidé de le présenter à ce même comité principal au beau milieu d'autres études, plutôt que de s'en remettre au sous-comité, ce qui est la procédure normale. Je ne conteste évidemment pas le droit des députés à agir de la sorte, mais ce n'est pas la façon la plus efficace de...
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Merci, monsieur le président.
Je suis désolé. Je n'ai pas porté mon oreillette pendant tout ce temps‑là, et mon français n'est pas toujours à son meilleur le lundi après un vol de nuit, mais je crois avoir compris l'essentiel de ce qui s'est dit, alors je vais continuer pendant quelques minutes.
Je n'ai pas grand-chose d'autre à ajouter, si ce n'est pour récapituler ce qui a été dit sur la distinction envisagée par le sous-amendement et essayer de la comprendre et de répondre aux questions qu'elle soulève.
En ce qui concerne la seconde partie du sous-amendement, soit la différence entre « étude » et « études », je considère que ce changement est constructif, car il attire notre attention sur la façon dont le sous-comité pourrait prescrire la manière dont les travaux ou les études du Comité devront se dérouler. Nous pourrons ensuite passer à autre chose.
C'est la raison pour laquelle la toute première fois que nous en avons discuté, dès la première heure, nous avons présenté une motion visant simplement à renvoyer toute la question au sous-comité. Encore une fois, nous aurions pu le faire. Il aurait été beaucoup plus logique que le sous-comité fixe l'ordre du jour à venir. Au lieu de cela, nous avons créé la situation que nous connaissons parce que d'autres membres du Comité ont insisté pour dire que nous ne pouvions pas ajourner la réunion, que nous ne pouvions pas ajourner le débat et que nous ne pouvions rien faire d'autre tant que cette question ne serait pas réglée, ce qui, à mon avis, n'était pas logique et a créé une situation qui n'est pas vraiment conforme au désir avoué des membres du Comité. Même si nous poursuivons nos travaux par ailleurs, sur d'autres propositions, ces mêmes collègues ne veulent toujours pas ajourner.
Je pense que c'est important, mais je répète que l'idée envisagée dans le cadre du sous-amendement concernant le processus du sous-comité est valable.
Le sous-amendement se trouve à remplacer en anglais le verbe « prescribing » par « specifying ». J'ai cherché ces deux mots pour m'assurer de bien comprendre la différence, parce qu'il arrive qu'un sous-amendement ou qu'un amendement modifie un libellé et qu'on se demande si le sens est alors bien différent. Il est clair que ce comité est important. Il est important de veiller à ce que les mots que nous utilisons soient précis, ou du moins que nous comprenions le libellé et la signification des mots employés avant de nous prononcer.
Le mot « prescribing » qui est remplacé — encore une fois, en anglais seulement — signifie donner un ordre, une consigne, fixer une règle de conduite, du moins d'après le site Dictionary.com. M. Oliphant a probablement un avis sur la qualité de cette source linguistique, mais c'est celle que j'ai utilisée ce matin. Il est donc proposé de remplacer ce verbe par « specifying » qui veut dire déterminer quelque chose, le définir d'une façon plus précise.
En ce sens, je ne comprends pas pourquoi on préfère un verbe plutôt que l'autre. « Prescribing » me semble plus approprié en ce sens qu'il est plus précis, dans le contexte des travaux d'un comité, pour dire ce que nous allons faire. « Specifying » a le sens d'expliquer plus en détail, mais pas de définir. Même si ce n'est pas la mort du petit cheval, je crois que le mot « prescribing » de la formulation originale est plus précis que son remplaçant dans le sous-amendement.
Ensuite, dans la deuxième partie de l'amendement, et toujours en anglais, on remplace le mot « proceed » par le mot « undertaken », c'est‑à‑dire que l'on passe de la notion de projection dans le temps, de poursuite d'une action entreprise, surtout après un arrêt, à l'idée de commencement, de réalisation de quelque chose de nouveau. J'ai, encore une fois, l'impression que les deux mots conviennent autant l'un que l'autre. Au moins, le verbe « proceed », qui évoque la notion de reprise après un arrêt, pourrait être approprié, surtout compte tenu des difficultés que nous avons eues, mais « proceed » est tout aussi valable que « undertaken ».
En général, j'essaie de bien comprendre les sous-amendements et je me demande ce qu'ils signifient vraiment. Arrive‑t‑il que l'on remplace des mots pour d'autres qui ne me semblent pas tout à fait clairs? C'est certain. Le changement envisagé soulève‑t‑il d'autres questions?
Je pense que la différence la plus importante réside dans la différence entre « soient terminées les études du Comité » et « le Comité ait statué sur les études en cours ». Nous avons fait valoir cet argument précisément en raison de l'importance du travail que nous effectuons et de ce qui constitue les bonnes procédures de fonctionnement pour qu'un comité puisse mener une étude à son terme avant d'en entamer une autre, ou du moins qu'il puisse terminer une série de choses avant d'en commencer une autre.
Compte tenu de ce que nous faisons, l'idée de terminer ou du moins de prendre une décision ferme et de la mettre en œuvre dans le cadre des travaux actuels du Comité représente pour nous la meilleure façon de procéder, par rapport à l'idée de simplement prendre une décision.
J'espère que, dans mon intervention, vous aurez compris que nous recherchons la collaboration pour établir la voie à suivre. Nous croyons que les comités doivent, autant que faire se peut, essayer de travailler de façon consensuelle et que c'est ce que nous devons faire. C'est une bonne chose que nous le fassions et c'est préférable au fait d'avoir des gens qui se présentent en disant qu'ils veulent chambouler l'ordre du jour du Comité et entreprendre autre chose parce qu'ils obéissent à un impératif politique.
Nous voulons reprendre l'étude de cette horrible invasion de l'Ukraine par la Russie. Nous voulons reprendre les travaux du Comité sur l'équité vaccinale, terminer nos travaux sur Taïwan et aller de l'avant avec le projet de loi. C'est ce que nous disons depuis le début. C'est pourquoi nous avons proposé des motions pour passer à d'autres questions, et c'est pourquoi nous avons proposé des motions pour ajourner le débat. Je trouve que certains sont culottés d'affirmer qu'ils veulent, eux aussi, que le Comité passe à autre chose pour ensuite voter contre les motions qui visent précisément à passer à autre chose et à agir en ce sens.
Monsieur le président, dans cet esprit, je propose que le Comité passe aux prochaines étapes de l'étude sur l'Ukraine.
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Merci, monsieur le président.
Les observations de Mme Fry sont intéressantes, d'autant qu'elles touchent à de vrais problèmes en Ukraine. De toute évidence, c'est l'une des questions que le Comité sera en mesure d'examiner dans ses discussions sur l'Ukraine. La décision de présenter un sous-amendement qui supprime le libellé voulant que l'étude soit entreprise après que seront terminées les études du Comité...
À l'évidence, M. Bergeron laisse entendre que cette étude devrait commencer avant que ne soient terminées les trois autres, qui sont en cours. Sinon, pourquoi supprimer l'idée de devoir d'abord terminer les autres études du Comité? Je comprends l'intention de Mme Fry, mais l'orientation du sous-amendement dont nous sommes saisis laisse, à mon avis, une impression différente à propos de ce que le sous-comité devrait examiner et du moment où il devrait entreprendre l'étude qu'elle propose.
Compte tenu de la situation en Ukraine, j'aurais pensé... La semaine dernière, la veille de la visite en Ukraine du chef du gouvernement allemand et de plusieurs autres dirigeants occidentaux au président Zelenski, nous avons constaté que la Russie a interrompu l'alimentation du pipeline Nord Stream 1. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Les Russes ont invoqué des problèmes de pièces. Or — surprise! — les seules pièces utilisées dans la turbine en cause sont canadiennes. C'était donc une tentative pour influencer notre gouvernement dans la façon dont il traite de la question ukrainienne et de la question des sanctions.
Cela explique les directives que nous donnons au sous-comité quant à la priorité et à l'importance des diverses études que le Comité a entreprises. Je pense que tous ces problèmes sont maintenant d'une extrême urgence. Les questions soulevées par Mme Fry sont d'actualité et elles justifient la poursuite de l'étude sur l'Ukraine. S'agissant de l'approvisionnement en pétrole et en gaz, il faut maintenant savoir si les sanctions imposées par le Canada sont suffisantes. Ce sont des questions sur lesquelles le Comité devrait se pencher sans tarder.
Il faut savoir si le gouvernement canadien en a fait assez pour mobiliser l'opinion mondiale au sujet des sanctions, de sorte que celles qui ont été imposées par des pays comme le Canada ne soient pas contournées, ce qui est malheureusement le cas. Dans les témoignages qu'il a entendus, le Comité a appris que l'Afrique et l'Amérique latine ne respectent pas les sanctions mondiales et comblent le vide laissé par les pays occidentaux. Cela nous ramène à la question de savoir ce qui se passe à l'heure actuelle en ce qui concerne la réponse du gouvernement, nous devons savoir s'il joue un rôle de chef de file au sein des organisations multilatérales pour imposer plus de sanctions et aller chercher plus d'alliés dans le monde.
Je n'ai pas entendu la dire qu'elle allait présenter des motions visant à convaincre l'Organisation des États américains ou d'autres organisations multilatérales qu'il faut imposer des sanctions pour empêcher ces régions de combler le vide. Nous avons même des pays du G7 qui ont comblé le vide laissé par la suspension de nos échanges commerciaux.
J'estime qu'il incombe au Comité de se mettre au travail et de terminer cette étude sans plus attendre, comme l'indique cette motion, et je crois que le Comité doit statuer sur les études dont il est saisi. La décision a déjà été prise. Le Comité a décidé d'étudier la question ukrainienne maintenant. Je ne sais pas pourquoi le sous-comité doit l'étudier de nouveau, puisque le Comité est en plein milieu de cette étude, de même que des études sur Taïwan et sur l'équité vaccinale. Il y a un plan de travail, comme pour chaque comité, qui prévoit, je crois, 17 études potentielles, et si celle de Mme Fry est ajoutée, nous en serons à 18.
Si j'ai bien compris, les comités suivent habituellement leur ordre du jour jusqu'à la fin de la session — laquelle approche à grands pas —, puis, à l'automne, à la reprise de septembre, ils revoient leur plan de travail et redéfinissent la priorité à accorder aux études n'ayant pas trop avancé ou étant moins prioritaires.
La motion de Mme Fry est inscrite au Feuilleton. Il sera possible de l'examiner dans le contexte de toutes les autres motions qui ont été inscrites au Feuilleton et que le Comité devra examiner pour déterminer ce qu'il pourra faire ensuite. Toutefois, le fait de devoir mener quatre études de front semble excessif et être une façon de vouloir tout faire pour tout le monde pour finalement ne rien accomplir du tout, pour ne jamais terminer une seule étude, pour ne jamais aboutir, pour ne jamais s'occuper d'équité vaccinale ou ne jamais traiter de la situation de Taïwan, autant de dossiers qui sont effectivement influencés par ce qui se passe en Ukraine et par l'attitude de la Russie. Qu'on ne s'y trompe pas, tout le monde autour de cette table comprend que la Chine suit de très près ce qui se passe en Ukraine ainsi que la réaction de l'Occident qui, jusqu'à maintenant, a été graduelle et que nous avons appuyée, mais qui, selon moi, devrait être plus ferme. C'est pourquoi nous devons nous pencher sur des questions comme le non-respect des sanctions.
Comment le gouvernement du Canada va‑t‑il régler la question de la réparation de la turbine du pipeline? Va‑t‑il permettre une modulation de ses sanctions à cet égard? Est‑ce que, tout d'un coup, nous allons être obligés de fournir les pièces, de sorte que, dans ce cas‑ci, nous ménagerons une exception pour en prévoir une autre ici ou là, tandis que Moscou et Poutine continuent de manipuler l'Occident?
Ce gouvernement s'est facilement laissé manipuler sur la question de la Russie et il se retrouve constamment dans ce genre de position parce que sa réaction face à cette guerre est perçue comme une preuve de faiblesse par la communauté internationale. J'attire également l'attention du Comité sur le fait que tout cela ne se limite pas à parler à une seule personne à la tête du Kremlin à cause de la répression de la liberté d'expression qui remonte à l'ère soviétique.
Voilà un autre aspect que l'étude sur l'Ukraine pourrait examiner, soit le fait que, selon les sondages, plus de 80 % des Russes semblent appuyer cette invasion illégale de l'Ukraine. C'est ce qui arrive quand on restreint la liberté d'accès à la presse. Vous expulsez toute la presse étrangère, et vous pouvez manipuler les masses. Si les sanctions sont si importantes, en particulier celles imposées par les démocraties, c'est qu'elles permettent à des pays occidentaux comme le Canada — et, franchement, je pense que cela devrait être le cas de tous les pays parce que ce pourrait être le tour de n'importe quel pays — de couper les vivres et l'argent destinés à la Russie, soit de priver ce pays des ressources qui lui permettent de mener cette guerre. Ces mesures contribuent à épuiser les ressources financières de la Russie.
Nous avons vu ce qu'a donné le départ volontaire d'entreprises comme McDonald's et Starbucks. Des oligarques ont pris le contrôle des biens immobiliers laissés par ces compagnies en Russie et ils se proposent maintenant d'offrir des copies des produits d'origine, comme des hamburgers de McDonald's. Le retrait de ces compagnies n'a donc pas vraiment eu d'impact. Je crois que le gouvernement du Canada a imposé des sanctions individuelles à quelque 341 personnes en Russie. Les gens qui nous écoutent ne se rendent peut-être pas compte de la taille de la Russie. C'est un pays de 144 millions d'habitants, et le pourcentage de personnes directement touchées par nos sanctions est de 0,0000024 %. C'est infinitésimal.
À moins que nous en arrivions au point où les sanctions font mal et frappent plus de personnes que les riches, qui ont des moyens de déplacer leur argent et de protéger leurs actifs, et à moins que nous ne commencions — dans le cadre de l'étude qui est retardée — à examiner les outils que le gouvernement du Canada met en œuvre pour comprendre la façon de changer l'opinion du peuple russe... L'un de ces outils consisterait à faire prendre conscience au Russe moyen — comme c'est le cas pour la plupart des gens —, des répercussions quotidiennes des sanctions sur son portefeuille et son accès aux biens et aux services.
Nous l'avons vu avec l'Union soviétique, car c'est l'une des choses qui a provoqué l'effondrement de l'URSS. Il y a plusieurs réunions de cela, j'ai parlé du coup d'État de 1991 en Union soviétique, à l'époque où je travaillais pour le ministre des Affaires étrangères. La nécessité de faire la queue pour trouver du pain à Moscou et le manque d'accès aux biens ont finalement poussé la population, comme cela arrive souvent dans de telles situations, à se dresser contre ses dirigeants et à changer sa forme de gouvernement.
Comme 80 % des Russes semblent appuyer la guerre illégale de Poutine, je pense que le Comité devrait étudier ce genre de question de toute urgence. Il devrait entendre des témoins et donner au sous-comité des directives sur la priorité à accorder à ces études, soit les 14 autres études et peut-être les 15 autres études si la motion de Mme Fry était adoptée. Ces dossiers sont urgents.
Nous devons trouver un moyen d'imposer des sanctions internationales plus efficaces à la Russie. À mon avis, ces sanctions devraient toucher beaucoup plus que 344 personnes. Il est évident que les sanctions actuelles n'ont aucun impact. Nous en sommes au quatrième mois d'une guerre qui ne devait pas durer plus d'une semaine. Cependant, grâce à la résilience et au courage incroyable du peuple ukrainien, la petite armée ukrainienne repousse ce qui était supposément l'une des grandes superpuissances mondiales. C'est assez impressionnant.
Je pense que nous devons en faire plus. Ce n'est certainement pas trop demander que le gouvernement assume un rôle de leadership plus affirmé au sein d'organisations multilatérales comme l'OEA et même l'ONU. Je comprends qu'au conseil de sécurité, la Russie a un droit de veto, mais cela ne nous empêche pas de nous tenir debout.
Le Canada a déjà pris part à des sanctions internationales au côté d'organisations régionales comme le Commonwealth et la Francophonie. Si nous avons l'impression, comme nous l'ont dit les représentants de l'Ukraine, que l'Afrique se refuse à respecter le train de sanctions, alors pourquoi le gouvernement n'agit‑il pas par l'entremise de la Francophonie et du Commonwealth pour imposer le respect des sanctions, pour amener ces organisations à pousser les pays membres à s'exprimer d'une même voix, au côté de notre pays?
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Michaud.
Si vous me permettez, madame, je dirais que le lien réside dans le fait qu'il est proposé de remplacer les mots « soient terminées les études du Comité » — lesquels sont suivis d'une référence à l'Ukraine, à l'équité vaccinale et à Taïwan — par « le Comité ait statué sur les études en cours ».
Afin d'orienter le Comité et le sous-comité relativement à ce débat sur la question de savoir s'il faut ou non appuyer le sous-amendement, je pense qu'il est important de parler des raisons pour lesquelles il convient vraiment de terminer les études, ce qu'il est proposé de retirer de la motion originelle. Je ne crois pas que la suppression du mot « terminées » proposée par le député soit un changement mineur. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un changement modeste, ni d'un changement d'ordre grammatical. C'est un changement majeur apporté à l'esprit de l'amendement.
L'amendement disait que la motion de Mme Fry, dont nous sommes saisis, ne devrait pas être présentée avant le parachèvement des études sur l'Ukraine, sur l'équité vaccinale et sur Taïwan. C'est un changement majeur que de dire « le Comité ait statué sur les études en cours ».
Comme je le disais, je ne sais pas pourquoi le Comité doit statuer sur ces études. Il a déjà rendu une décision à leur sujet, et cette décision a été prise il y a déjà un certain temps déjà. C'est pourquoi nous sommes en plein milieu de ces études. Il est très inhabituel, à mon avis, qu'un comité qui a trois études en cours dise tout à coup qu'il ne les terminera pas toutes et, du même souffle, qu'il en abordera une quatrième.
Je nous sais bien sûr tous capables de marcher et de mâcher de la gomme en même temps, mais le fait d'avoir quatre études en cours ne fait que repousser la date de parachèvement de chacune d'elles. Trois études à la fois, c'est beaucoup pour un comité, surtout sur des questions aussi importantes que la guerre en Ukraine, la situation de Taïwan et la possibilité que la Chine voit un précédent dans l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
L'équité vaccinale est une étude tout à fait valable. Nous sommes tous très conscients de la situation. Nous voulons nous assurer que les régions du monde qui n'ont pas eu le même accès que nous aux vaccins contre la COVID‑19 soient en mesure de prévenir d'autres décès et les problèmes de santé à long terme, comme nous l'avons fait au Canada, où plus de 80 % de la population est vaccinée. Ce sont des études importantes à terminer afin d'apporter une contribution précieuse au travail du gouvernement en ce qui a trait à la prise de décisions en matière de politique publique.
Je pense que Mme Michaud faisait probablement allusion à certains des commentaires de M. Genuis au sujet de la différence entre « undertaken » et « prescribing ». J'ai trouvé cela fascinant parce que ces verbes ont des sens différents. Tous les mots ont un sens. Chaque mot signifie quelque chose de précis et, quand on en change, c'est pour une raison; autrement, le changement ne serait pas proposé dans ce sous-amendement.
Pour ce qui est de la pertinence de ces études et de la raison pour laquelle il faudrait, selon moi, les terminer avant que nous ne passions à d'autres, soit aux 14, voire aux 15 autres études si la motion de Mme Fry était adoptée — autant d'études que le Comité examinera probablement à l'automne... Eh bien, s'il est urgent de parler de la santé des femmes en regard de ce qui se passe en Ukraine, alors nous pourrions peut-être en discuter dans le cadre de l'étude sur l'Ukraine. J'invite le Comité à inclure cela dans son étude parce qu'il s'agit évidemment, pour le moment, de la dimension la plus importante de ce dossier à l'échelle internationale.
Quant à la pertinence des études, et je m'adresse à celles et à ceux qui nous regardent, je veux parler du fait que les pays occidentaux, en particulier le Canada, ont des approches multidimensionnelles à l'égard de ces questions, tout particulièrement à propos de cette guerre illégale.
Nous comptons 1,4 million d'Ukrainiens d'origine au Canada qui veulent entendre des témoins à ce sujet, qui veulent que des représentants de l'Ukraine comparaissent devant le Comité afin que ces gens‑là puissent nous informer publiquement. Les Canado-Ukrainiens veulent savoir si les mesures prises par le gouvernement à l'égard de leur pays d'origine et les sanctions qu'il a imposées ont un impact quelconque sur la reddition de comptes par le public et les oligarques russes à l'égard de cette terrible injustice. Je suppose qu'ils aimeraient entendre des témoins au sujet de l'objectif ultime et des autres solutions possibles dans l'avenir.
Il a beaucoup été question de la prudence que le Canada et les pays occidentaux doivent afficher dans le dossier ukrainien en raison de la menace nucléaire brandie par la Russie. Je ne crois pas qu'il y ait eu de véritables discussions ou débats à ce sujet. Il conviendrait certainement que le Comité en fasse une priorité pour déterminer s'il y a lieu d'amener l'étude sur l'Ukraine à son terme ou simplement de l'inscrire au nombre des autres thèmes à traiter et d'en faire un sujet parmi les quatre ou cinq études au programme ou même six, si nous en ajoutons une?
Il y a beaucoup de questions valables inscrites au programme d'étude du Comité. J'ai notamment parlé de la question haïtienne. Je crois comprendre que ce serait une possibilité. Les choses ne sont pas réglées en Haïti et il y a bien d'autres sujets internationaux sur lesquels le Comité pourrait se pencher. Pourquoi ne pas mener de front une sixième, une septième, voire une huitième étude? Tenons une réunion sur chacune de ces questions une fois par mois ou aux deux mois, et passons toute une année à les passer en revue.
Pendant ce temps, des milliers de personnes meurent en Ukraine et le gouvernement ne peut pas jouer son rôle de chef de file mondial, comme par le passé. Par le passé, notre pays a joué un tel rôle en forçant la main d'autres pays — notamment d'amis proches comme les États‑Unis et la Grande‑Bretagne — pour que soient imposées des sanctions contre l'apartheid. Il y a deux réunions de cela, j'ai expliqué aux députés le rôle que nous avons joué en tant que chef de file mondial dans les sanctions concernant Haïti, à l'époque où j'étais aux affaires étrangères.
Je suis conscient de donner l'impression que je suis obsédé par la question des sanctions, mais en dehors d'une action militaire, c'est l'un des outils les plus valables à notre disposition dans le dossier ukrainien et surtout dans celui concernant la Russie. Je crois qu'il faudrait adopter des sanctions d'une portée beaucoup plus large, des sanctions qui ne visent pas seulement 344 personnes dans un pays de 144 millions d'habitants. Je dirais que c'est essentiel pour déterminer si nous faisons notre part.
Soit dit en passant, le week-end dernier, un média d'information en ligne de mon coin de pays — le Canada atlantique —, The Macdonald Notebook, a diffusé une entrevue très intéressante avec l'ancien premier ministre Brian Mulroney au sujet de la situation en Ukraine. Après lui avoir rappelé qu'il est un ami proche de Mikhaïl Gorbatchev et qu'il est très bien informé sur toutes les questions internationales de l'époque, le média lui a demandé si l'Occident devait ou non mener une action militaire.
Sa réponse surprendra probablement la plupart des membres du Comité. En effet, il n'a pas repris le point de vue commun de l'Occident au sujet d'une éventuelle action militaire. Rappelons-nous que l'Occident a fait savoir qu'il y a une limite à ce que nous serions prêts à faire. Il y a une limite à cause de l'arsenal nucléaire de la Russie et de la crainte d'escalade si l'OTAN, ou nos partenaires, ou même une coalition élargie de pays — comme ce fut le cas lors de la première guerre du Golfe avec la coalition internationale... il y a donc une limite à l'action envisageable à l'appui de nos amis en Ukraine.
L'ancien premier ministre Mulroney, lui, estime que l'OTAN et les pays occidentaux devraient effectivement fournir une aide militaire et déployer des troupes sur le terrain pour venir en aide à l'Ukraine. En réponse à l'argument de la menace nucléaire, il a rétorqué que, peu importe ce qu'il a pu faire jusqu'ici, Poutine est conscient des conséquences qu'aurait l'utilisation de l'arme nucléaire, des conséquences qui seraient ruineuses pour... J'allais dire « pour l'Union soviétique », car les vieilles habitudes ont la vie dure, mais Poutine agit comme s'il était à la tête de l'Union soviétique qu'il veut d'ailleurs reconstituer. Pour M. Mulroney, un tel agissement ne serait pas sans conséquence.
M. Mulroney ne croit pas que la menace nucléaire devrait restreindre l'action de l'Ouest. Partant, c'est une question sur laquelle le Comité devrait se pencher. Ne devrait‑il pas sérieusement se poser la question de savoir si la menace nucléaire en lien avec la guerre en Ukraine est bien réelle? Avons-nous plié boutique à ce sujet? Avons-nous renoncé à clairement faire savoir aux Russes que nous allons bel et bien fournir une aide alimentaire et une certaine quantité d'armes à l'Ukraine sans pour autant directement prendre part aux combats?
Pour moi, il y a une distinction importante à faire quant au fait de décider de poursuivre une étude en cours, et cela me laisse un peu perplexe parce que l'amendement initial parle de « terminer » l'étude. Je ne sais pas pourquoi vous devriez, comme je l'ai déjà dit, prendre une décision au sujet des études qui sont devant nous, si vous n'avez pas déjà l'intention de mettre fin à ce que nous faisons. Quelle décision faut‑il prendre à l'égard des études en cours, si ce n'est de les poursuivre? On pourrait penser que c'est ce que nous devons faire.
S'agissant du sous-amendement, j'estime que, pour mener à bien notre étude sur l'Ukraine, nous devons nous pencher sur de nombreux aspects, qu'il s'agisse des sanctions ou de l'insécurité alimentaire. Lors de la dernière réunion, d'autres députés ont parlé de l'insécurité alimentaire. Il y a deux semaines, je crois, l'ONU a dit que, cet été, la guerre en Ukraine pourrait entraîner jusqu'à 47 millions de décès dans le monde à cause de la famine provoquée par l'interruption de l'acheminement du grain ukrainien. Je soupçonne que ce nombre va augmenter considérablement, alors je pense que le Comité devrait aller au bout de cette étude et examiner toutes ces questions, plutôt que de la retarder et d'ajouter une quatrième, une cinquième, voire une sixième étude à son ordre du jour.
Comme je l'ai dit à propos de ces questions — sur lesquelles le Comité pourra décider de se pencher selon son bon vouloir, comme n'importe quel autre comité d'ailleurs —, nous pourrons décider d'examiner ces études à l'automne et de trancher à leur propos, une fois que celles sur l'Ukraine, Taïwan et l'efficacité vaccinale... Je me doute que, si tout cela est traité comme il se doit, nous occuperons une grande partie de notre ordre du jour de l'automne. Je me doute aussi que le Comité a probablement prévu un nombre limité de réunions à la rentrée, mais comme c'est souvent le cas, une fois qu'on aborde un thème en comité et qu'on constate le nombre de témoins désireux d'être entendus sur la question à l'étude, on change d'approche en cours de route et pas pour passer à une autre question ou pour ajouter une autre étude, mais pour ajouter des réunions sur le même sujet, justement en raison de l'intérêt affiché par le public. Et puis, il suffit d'aborder un sujet pour ouvrir la porte à de plus en plus de questions sur lesquelles un comité peut souhaiter se pencher.
J'ai souvent constaté que les comités prolongent le nombre de réunions jusqu'à ce qu'ils en arrivent à une décision. Je ne peux pas imaginer, compte tenu de certaines des choses que j'ai dites, qu'en ce qui concerne l'Ukraine nous n'aurons pas besoin de tenir un certain nombre de réunions sur la question des sanctions, sur la sécurité alimentaire et sur le fait de savoir si nous n'avons pas considéré trop à la légère la question du déploiement de troupes sur le terrain en soutien à nos alliés en Ukraine dans le contexte de cette guerre illégale.
Et cela ne concerne qu'une seule des études envisagées. Dans le cas de l'équité vaccinale, il est certain que beaucoup de témoins voudront parler de la production des vaccins, de là où ils sont fabriqués, de leur efficacité à l'échelle mondiale, de leur accès à l'international et de tout ce qui se passe dans leur cas. Au Canada, au plus fort de la pandémie, nous avons pris certains des vaccins réservés aux pays les plus pauvres. Nous les avons pris pour nous-mêmes.
Certes, nous les avons remplacés ensuite, mais si nous étudions l'efficacité vaccinale, l'accès aux vaccins et l'équité vaccinale dans le monde, j'aimerais commencer par tenir des audiences sur ce qui a amené le Canada à intercepter, à ses propres fins, des vaccins qui auraient pu aboutir dans les pays les plus pauvres. Quelles décisions ce gouvernement a‑t‑il prises pour que nous en arrivions à cette situation extrême?
Certains d'entre nous ont la réponse. On peut supposer que cela avait à voir avec l'entente que le gouvernement a initialement conclue avec la Chine pour importer le vaccin chinois plutôt que d'en utiliser un produit par les sociétés pharmaceutiques occidentales. Quant à moi, si nous devons parler d'équité vaccinale, nous voudrons entendre des témoins sur ce qui nous a conduits à cette situation. Que s'est‑il passé? Pour le déterminer, il nous faudra du temps.
Et puis, il y a les difficultés que pose la politique d'une Chine unique, sur le plan international, la façon dont elle a évolué dans le cas de Taïwan, l'impact de la Russie en Ukraine sur la question taïwanaise et le changement de leadership en Chine qui a conduit à une approche plus agressive et moins démocratique des affaires étrangères par le gouvernement chinois. Ce qui se passe à Hong Kong est un excellent exemple de ce qui pourrait arriver ailleurs, si nous n'étions pas suffisamment prudents. Nous avons essentiellement affaire là‑bas à une fausse démocratie, car tout est décidé par Beijing. Dans ses négociations et sur le plan de l'ordre mondial, la Chine n'a jamais renoncé à ses droits sur Taïwan, qu'ils soient acquis ou revendiqués. Cette étude est importante et elle ne devrait pas être interrompue, comme cette motion ou ce sous-amendement semble le laisser entendre. L'abandon du concept de parachèvement de l'étude laisse entendre que l'on va y renoncer pour passer à autre chose.
J'exhorte les membres du Comité et du sous-comité, qui examineront l'inscription de cette étude à notre programme, au côté de 14 autres études... Je sais, monsieur le président, que je n'ai pas le droit de parler en détail des propositions d'études dont le Comité est saisi, mais j'estime que ce document n'est pas un document public. Ces motions n'y figurent pas, et je sais qu'il y a lieu d'examiner de toute urgence un grand nombre de questions légitimes. À la lecture de ces motions, j'estime que ce débat vise à déterminer si nous devons suspendre les études existantes et passer à autre chose, et je me demande pourquoi.
Je sais que beaucoup de gens considèrent que la motion de Mme Fry est d'une importance vitale, mais les éléments les plus importants peuvent être abordés dans le cadre des études en cours, en ce qui concerne l'utilisation de certaines tactiques de guerre qui sont nuisibles et répugnantes, et qui devraient être universellement condamnées. Cela fait partie de l'étude sur l'Ukraine. Je ne vois pas pourquoi nous devrions suspendre cette étude pour en entreprendre une autre, pour examiner une question que le Comité peut déjà examiner dans le cadre de l'étude actuelle.
J'estime que le sous-comité doit comprendre que les priorités doivent être dictées par ce qui se passe dans le monde. Tout ce qui se passe dans le monde, et peu importe à qui cela arrive, peut sembler être la chose la plus vitale et la plus importante. C'est compréhensible. Quand on constate que la démocratie ou les droits de la personne sont menacés dans de nombreux pays, nous avons envie d'aider, ce qui est compréhensible.
Nous sommes Canadiens. Nous voulons toujours aider partout où il y a un problème. C'est l'excellente réputation dont nous jouissons. En fait, nous ne nous contentons pas de belles paroles prononcées devant des organismes internationaux. Nous essayons d'amener ces organismes à prendre de meilleures décisions pour aider les gens, qu'il s'agisse de garantir la souveraineté d'une démocratie ou le respect des droits de la personne. Ce sont clairement les éléments les plus importants dont le sous-comité devra tenir compte dans ses décisions, et dans la décision de terminer ou pas ces études.
Je veux dire que des crimes de guerre sont commis en Ukraine, et je pense que la question de ces crimes de guerre et les conseils que le Comité prodigue au gouvernement doivent également faire partie de cette étude. Je ne vois pas comment nous pourrions y parvenir en deux séances de plus.
Toute cette situation a donné naissance à une véritable xénophobie anti-occidentale en Russie, et il nous faudra beaucoup de temps pour réparer les pots cassés dans nos relations avec ce pays que nous trouvons parfois si déroutant. Je me souviens de la série de hockey Canada-Russie de 1972. J'étais très jeune à l'époque. Aujourd'hui encore, la Russie prétend avoir remporté le tournoi. Savez-vous pourquoi, même si nous avons gagné cinq parties? Eh bien, les Russes croient avoir gagné parce qu'ils ont marqué plus de buts que nous. On peut toujours donner l'impression de gagner, même si, au bout du compte, une série au hockey se décide à la fin de la troisième période ou par les buts marqués en prolongation.
Nous sommes face à un pays dont la population croit que cette guerre est juste. Nous savons, par ailleurs, qu'au fur et à mesure des sanctions imposées contre la Russie au cours des dernières années, le PIB par habitant a diminué. Et il ne s'agit‑là que de sanctions superficielles qui ne vont pas au cœur du problème. Je crois savoir qu'en 2013, le PIB par habitant en Russie était d'environ 16 000 $ US, et qu'il a maintenant diminué de quelque 40 % pour n'être plus que de 10 000 $.
L'Occident a réagi à la suite d'une série de problèmes dont le premier a été l'invasion illégale de la région du Donbass, à l'époque du gouvernement Harper. Le premier ministre Harper a alors envoyé des messages très clairs à Vladimir Poutine pour lui indiquer qu'il devait se retirer de la région, sans quoi il aurait à en payer les conséquences. Ces conséquences ont débuté quand le gouvernement Harper a imposé des sanctions qui ont impacté l'économie russe. Il faut reconnaître que le gouvernement a adopté un grand nombre d'excellentes sanctions en ciblant des oligarques, et ce n'est pas négligeable. Même si ces gens‑là ont la capacité de déplacer leur argent, le gouvernement a ciblé des industries bien précises, en fait toutes les industries de technologie nécessaires à une économie, ainsi que les industries de défense... autant de secteurs essentiels à un pays.
Lors de la dernière ou de l'avant-dernière réunion, je me suis fait remballer par des députés du gouvernement, mais Tip O'Neill n'a‑t‑il pas dit que toute politique est avant tout locale? Les sanctions non respectées dont je parle concernent le crabe des neiges. Nous n'exportons pas de crabe des neiges en Russie, parce que nous sommes concurrents dans ce domaine. Cela étant, nous vendions la plupart de notre production de crabes des neiges au Japon. Nous nous en sommes assez bien sortis jusqu'à récemment, quand le Japon a décidé de rompre tous ces contrats avec nous et d'acheter tout son crabe des neiges à la Russie, finançant du même coup la machine de guerre de Poutine. Voici un partenaire du G7 qui a profité du vide créé par nos sanctions qui ne couvraient pas...
Avec tout le respect que je dois aux pêcheurs de crabe des neiges de Terre‑Neuve, je ne dirai pas que ce crustacé est un aliment essentiel... Les aliments sont exemptés de sanctions, et je le comprends, mais le Comité devrait étudier la question des aliments de luxe comme ceux‑là, ou des aliments coûteux. Comment se fait‑il qu'en fonction des sanctions que nous avons imposées il est possible de commercer n'importe quel aliment avec la Russie, même si elle a envahi illégalement l'Ukraine? Pourquoi le Comité ne se penche‑t‑il pas sur cette question en regard de la sécurité alimentaire et de l'efficacité de nos sanctions?
Je soupçonne qu'il existe d'autres produits que le Canada et d'autres pays occidentaux échangeront avec la Russie, notamment des produits alimentaires que les membres du Comité ne jugeront pas essentiels. Je ne sais pas quand, pour la dernière fois, mes collègues au Comité ont dégusté du crabe des neiges, mais j'espère qu'ils mangent beaucoup de homard parce que c'est la principale industrie de ma circonscription et que, pour autant que je sache, ce produit n'est pas exporté en Russie. Pourquoi le Comité ne veut‑il pas se pencher sur ces questions pour ajouter plutôt une quatrième, une cinquième, voire une sixième étude?
Pourquoi ne lancerions-nous pas une autre étude? Je pourrais facilement déposer une motion proposant que nous menions une étude distincte sur les sanctions en Ukraine, et nous pourrions avoir un grand débat à ce sujet dans les prochains mois pour savoir si cela pourrait s'inscrire dans le cadre de l'étude existante ou faire l'objet d'une étude entièrement nouvelle, tout comme nous nous le demandons à propos de la motion de Mme Fry — du moins d'une partie de sa motion — pour déterminer si le Comité souhaite l'examiner dans le cadre de l'étude actuelle.
Je demande au Comité de poursuivre son étude sur l'Ukraine. Ce qui se passe dans ce pays, comme nous le savons et comme je l'ai dit, évolue de semaine en semaine, voire de jour en jour. Je demande au Comité de continuer d'accorder la priorité à cette question dans son examen de l'ordre du jour de l'automne. Cela a d'importantes répercussions sur la question taïwanaise et j'irais jusqu'à dire que le Comité et le sous-comité du programme devraient examiner toutes les questions qui figurent dans le plan de travail. Mme Fry a donné son avis de motion. On peut considérer qu'il s'agit d'un avis de motion dans le plan de travail sans qu'il soit nécessaire de tenir un vote à son sujet, et le sous-comité pourra l'examiner en même temps que les autres points à l'ordre du jour pour éventuellement décider d'en faire une étude.
Je n'ai toujours pas entendu d'argument de la part des députés du gouvernement ni de leurs coalisés, les membres du NPD, ni même de mes amis du Bloc quant à la raison pour laquelle le Sous-comité du programme et de la procédure pourrait revoir n'importe quand le processus normal du Comité après qu'un avis de motion a été déposé, tandis qu'il n'est pas envisagé de le faire ici. On peut aussi se demander pourquoi le gouvernement insiste pour que cette disposition soit adoptée. Il s'agit peut-être de priorités qui ne correspondent pas au genre de questions de politique étrangère auxquelles, selon la plupart des Canadiens, le Comité devrait consacrer son temps et entendre des témoins.
Je dirais que d'autres motivations se cachent derrière cette motion, motivations que seul le gouvernement pourrait nous expliquer. Il pourrait nous dire pourquoi il tient soudainement à étudier cette question, plutôt que la guerre en Ukraine et plutôt que de transmettre au gouvernement les conseils de différents analystes, universitaires et Ukrainiens — qui sont eux-mêmes directement aux prises avec ce problème —, de représentants du milieu des affaires qui se demandent si les sanctions sont efficaces ou non, et du milieu bancaire qui se demande comment contrer l'évitement des sanctions. On peut aussi penser aux industries qui sont touchées et qui se demandent si elles parviendront à trouver d'autres marchés. Elles ont peut-être l'impression d'être placées en situation de concurrence déloyale parce qu'elles ont perdu un marché que nous avons laissé à des entreprises étrangères. Il est toujours difficile de récupérer un marché qu'on a perdu. Tout cela parce que le gouvernement n'a pas choisi de recourir à des organisations multilatérales contrairement à notre tradition canadienne, comme la Francophonie, le Commonwealth, l'OEA et l'ANASE, ainsi que d'autres pays asiatiques.
Le vient d'assister au Sommet des Amériques, et je ne l'ai pas entendu proposer que l'hémisphère occidental impose ses propres sanctions et s'aligne sur le Canada et les États‑Unis pour faire respecter ces sanctions. Comment se fait‑il que le premier ministre, après avoir quitté le pays, n'ait pas semblé penser aux problèmes des Canadiens d'origine ukrainienne ni à ce que Volodimir Zelenski a déclaré, à savoir qu'il s'agit d'un bon point de départ en matière de sanctions? Pourquoi ne s'est‑il pas servi de sa tribune dans le cadre de ses réunions bilatérales? Le premier ministre et la ministre des Affaires étrangères participent à beaucoup de réunions bilatérales. Comment se fait‑il qu'ils n'aient pas déclaré publiquement qu'ils veulent que l'hémisphère occidental cesse de commercer avec la Russie?
Ils ne l’ont pas fait, et je pense que le gouvernement doit s'en expliquer. Je crois que la ministre des Affaires étrangères devrait venir expliquer au Comité pourquoi elle ne propose pas aux organisations multilatérales ce qui est probablement la question de politique étrangère la plus importante dont nous devons discuter aujourd’hui, et nous expliquer pourquoi son gouvernement ne remplit pas ce rôle traditionnel canadien.
Tout cela nous ramène à la question du sous-amendement et à la raison pour laquelle nous devons terminer cette étude. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Le gouvernement a encore beaucoup de comptes à rendre à propos de la faiblesse des pressions exercées sur Poutine, sur ses conseillers, sur le gouvernement russe et, disons‑le, sur le peuple russe afin que ceux‑ci fassent pression sur leur gouvernement et lui fassent comprendre que cette guerre est injuste et qu’on les a alimentés à coups de mensonges et de propagandes. La seule façon de parvenir à cet objectif, compte tenu de ce qui est arrivé aux médias en Russie et du fait que les organes de presse étrangers ont été expulsés, consiste, selon moi, à exercer un peu plus de pressions financières sur les Russes en général pour qu’ils aient encore plus de difficultés à se procurer des biens courants.
Disons‑le franchement, la population en général ne ressent pas l'impact des sanctions. Quand un oligarque russe peut prendre le contrôle des points de vente de Starbucks ou de l’édifice de McDonald’s pour y offrir ses hamburgers et son café à la mode russe, c'est que les Russes eux-mêmes ne ressentent pas la pression. Cela étant, ils n’exercent aucune pression sur leur gouvernement. Pourquoi le Comité ne cherche-t‑il pas à savoir pourquoi cela s’est produit et pourquoi nous n’avons pas proposé de résolutions sur la scène internationale?
Le gouvernement est prêt à proposer au Comité de résoudre diverses questions qui n’ont rien à voir avec l’Ukraine, mais il n’est pas disposé à déposer des motions auprès des organisations multilatérales pour essayer d’accroître l’efficacité de l’effort mondial visant à réduire la viabilité économique des oligarques et l’accès aux biens occidentaux que la Russie aime tant. Le gouvernement n'agit pas dans ce sens. Il n'a rien proposé de la sorte. J’aimerais que les députés ministériels nous disent pourquoi ils n’ont pas proposé que l'on agisse ainsi auprès de ces organisations multilatérales.
Même en ce qui concerne les sanctions de base que nous avons maintenant imposées à 344 personnes, soit à certains oligarques et à certaines industries seulement désignés par le gouvernement, pourquoi celui‑ci n’a‑t‑il pas fait la promotion auprès du reste du monde du respect des règles mises en place? J’ai assisté à ces réunions. J’ai participé à des réunions de l’Organisation des États américains où nous avons présenté ce genre de propositions.
Il a fallu beaucoup de travail et beaucoup d’ententes bilatérales. J’ai personnellement constaté que des sanctions mal verrouillées sont une incitation pour certains à se faufiler dans les interstices. J'ai participé à des négociations bilatérales avec des pays européens, quand nous traitions de la question haïtienne, qui nous disaient qu'en l'absence de sanctions décrétées par l’ONU, ils ne pouvaient pas en imposer de leur côté, mais qu'ils pourraient le faire si leur organisation multilatérale régionale en imposait.
Comme nous avons entendu ce que des représentants du gouvernement ukrainien avaient à dire, ces organisations — la Francophonie et l’OEA...
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Oliphant. Je suis heureux d’avoir pu boire un verre d’eau.
Votre idée est intéressante. Ce n’était pas exactement ce que je proposais. Je proposais plutôt d’examiner l’incapacité ou l’absence de volonté de certains pays avec lesquels nous travaillons au sein d’organisations multilatérales en ce qui a trait à l'application des sanctions cruciales imposées par le Canada.
Je pense que ces sanctions devraient être élargies. Il serait fort utile que le Sous-comité du programme et de la procédure — qui est, je suppose, l’organe qui se chargerait d'une telle chose — ainsi que M. Oliphant acceptent de se pencher là‑dessus, mais je ne pense pas qu'il serait nécessaire de le faire à part du reste. Nous avons déjà une étude en cours sur l’Ukraine, et le Comité pourrait sans doute y intégrer ces aspects dont les témoins pourraient discuter.
Je pense qu’il serait très intéressant de se pencher sur cette question, tant pour ce qui est de l’efficacité des sanctions actuelles que de l'élargissement éventuels des sanctions à d'autres dimensions qui, comme je l’ai dit, ne sont actuellement pas exploitées par le Canada. Je pense à ce que certains pourraient considérer comme des aliments de luxe et qui ne sont peut-être pas des denrées alimentaires dont les Russes ont besoin au quotidien pour survivre. Étant personnellement originaire de la côte sud de la Nouvelle-Écosse, j'estime que le homard est un aliment essentiel au quotidien. Je ne suis pas certain que tout le monde sera d’accord avec moi, mais c'est mon avis. Au bout du compte, ce qui manque à l’efficacité des sanctions, c’est cette notion d'élargissement, monsieur Oliphant. Pourquoi certains pays ne se présentent-ils pas à la table des négociations dans le même esprit que le Canada, et que devrait faire le Canada pour promouvoir l'amélioration de l’efficacité des sanctions en place par la mobilisation de nos partenaires internationaux?
Avoir rencontré d'autres pays occidentaux et participé au récent Sommet des Amériques en Californie sans exercer de pressions sur nos alliés pour qu’ils se désolidarisent de ceux qui s'opposent aux sanctions afin d'intégrer notre équipe... Dans les pays d’Amérique centrale et d’Amérique latine, les gens sont particulièrement conscients de l'effet de l'impérialisme, si cela vous dit quelque chose. Je pense que les pays de cette région, plus que tout autre ailleurs dans le monde, pourraient être davantage sensibilisés à ce qui e passe entre la Russie et l’Ukraine et devenir des partenaires de notre action, peut-être plus que n'importe quel autres pays. Ils sont très sensibles à cela au sein de l’OEA.
En 1991, pour la première fois — alors que 34 des 35 pays membres de l'OEA étaient devenus des démocraties et que le Canada venait d'adhérer à cette organisation —, l'OEA a adopté une déclaration prévoyant la mise en place d'une formule de type OTAN. Tout pays qui s'attaquerait à la démocratie dans le sous-continent serait immédiatement réprimé par l’Organisation des États américains. C’était révolutionnaire. Il faut se rappeler que la rencontre a eu lieu à Santiago du Chili. J’y étais. Augusto Pinochet venait tout juste de renoncer à la présidence, l'année précédente, mais il était toujours à la tête de l’armée chilienne quand cette déclaration a été faite, ce qui lui confère un caractère d'autant plus remarquable.
Quand on songe à cette déclaration, il est d’autant plus surprenant que le puisse rencontrer des ministres des Affaires étrangères de l’hémisphère occidental, de pays occidentaux, comme il l’a fait récemment, sans s'appuyer sur ce changement de cap déterminant de l’OEA et sans demander à ses vis-à-vis pourquoi ils ne font pas corps avec nous et ne suspendent pas leurs échanges avec la Russie, pourquoi ils n'arrêtent pas de fournir des services financiers à ce pays, et pourquoi ils ne suspendent pas leurs approvisionnements de technologies de pointe, de matériel militaire ou d’autres biens qui permettent à la Russie d'entretenir sa machine de guerre illégale.
La déclaration de l'OEA a été faite à une époque où les États-Unis intervenaient activement en Amérique centrale, au Nicaragua et ailleurs, ce qui explique la grande sensibilité de l'Amérique latine face à tout pays qui s’ingère dans ses affaires souveraines et qui se mêle des questions de souveraineté des autres pays. C’est aussi pourquoi, dans le passé — et malgré de nombreuses réunions avec le reste de l’hémisphère occidental —, les pays du sous-continent se sont d'abord montrés réticents à imposer des sanctions. Ils y voyaient de l’ingérence. Le Mexique et d’autres pays y voyaient une ingérence dans la politique intérieure d’un pays.
Je pense toutefois que, depuis lors, la majeure partie de l'hémisphère occidental a évolué dans le sens d'une adhésion au concert des nations, l'idée voulant que, pour protéger la démocratie, il faut utiliser tous les outils à sa disposition. Certains des outils les plus efficaces, comme nous l’avons vu en Afrique du Sud et en Haïti...
En fait, le gouvernement du Canada applique actuellement des sanctions économiques contre 21 pays. Certaines d’entre elles remontent aux années 1990, notamment dans le cas de l'Indonésie, du Myanmar et autres. Une autre question importante que le Comité pourrait étudier à un moment donné est la raison pour laquelle nous avons imposé des sanctions...