:
Bienvenue à la réunion numéro 33 du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
La réunion d’aujourd’hui se déroule sous forme hybride, conformément à l’ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022. Les députés participent en personne ou à distance en utilisant l’application Zoom.
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j’aimerais transmettre certaines consignes aux témoins et aux députés.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l’icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. En ce qui concerne l’interprétation, pour les personnes qui sont sur Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser l'écouteur et choisir le canal désiré. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le comité le mercredi 21 septembre 2022, le comité commence son étude sur les inondations extrêmes au Pakistan.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir, du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, Mme Marie-Louise Hannan, directrice générale, Asie du Sud; M. Christopher Gibbins, directeur exécutif, Afghanistan-Pakistan; et Mme Tara Carney, directrice générale par intérim, Assistance humanitaire internationale.
Vous disposerez chacun de cinq minutes pour vos observations préliminaires, après quoi nous laisserons les membres du comité vous poser leurs questions.
Si nous pouvions commencer par...
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à venir aujourd'hui vous parler des destructions causées par les inondations au Pakistan, de l'engagement du Canada et de la réponse d'Affaires mondiales Canada à la crise en soutien à la population pakistanaise.
[Français]
Le Canada a une histoire de plus de 70 ans de coopération fructueuse avec le Pakistan. Notre relation bilatérale avec le Pakistan est solide et étayée par des liens interpersonnels étendus. Ensemble, nous nous attaquons à des problèmes mondiaux urgents, tels que la crise climatique et la reprise économique après la pandémie de la COVID‑19.
[Traduction]
Le Pakistan se classe au huitième rang mondial des pays les plus touchés par les changements climatiques et le risque de phénomènes météorologiques extrêmes y est grand. Les températures devraient monter de 3°C à 6°C au Pakistan d'ici 2100, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale.
Les précipitations devraient connaître des variations annuelles plus grandes, et les régions côtières de faible altitude sont à la merci de l'élévation du niveau des océans. Le Pakistan est considéré comme un pays exposé à un stress hydrique important, car les glaciers de l'Himalaya, principale source d'eau douce du Pakistan, reculent.
Depuis la mi-juin de cette année, les pluies de mousson torrentielles et les inondations touchent plus de 33 millions de personnes, 20,6 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire et il y a eu plus de 1 700 morts.
Depuis la première semaine d'août cette année, des quantités d'eau sans précédent se sont accumulées à cause des précipitations supérieures à la normale, surtout dans le Baloutchistan et le Sindh, où les précipitations ont battu des records vieux de 62 ans avec une augmentation de 450 %.
Les eaux ont commencé à reculer, mais 37 000 kilomètres carrés de terres restent inondés sur l'ensemble du Pakistan, par rapport à 42 000 kilomètres carrés à la fin du mois de septembre.
[Français]
Le ministère s'est engagé à travailler aux côtés de la communauté mondiale pour fournir aux personnes les plus vulnérables du Pakistan une assistance urgente et vitale ainsi qu'un soutien au relèvement.
L'ampleur des dégâts causés par les inondations a obligé le Canada à apporter sa contribution, avec la communauté internationale, pour répondre aux besoins immédiats et à long terme.
Le ministre du Développement international, M. Sajjan, s'est rendu au Pakistan en septembre 2022 et y est resté du 12 au 14. Il était accompagné de trois députés: Mme Iqra Khalid, Mme Salma Zahid et M. Shafqat Ali. Je veux souligner que mon collègue M. Christopher Gibbins, qui est parmi nous aujourd'hui, a également accompagné le ministre Sajjan lors de son voyage au Pakistan en septembre.
La visite visait à la fois à signaler le soutien du Canada au peuple pakistanais et à voir comment le Canada pourrait mieux jouer son rôle quant à la réponse à la crise.
Lors de son témoignage, la semaine prochaine, le ministre vous communiquera sans doute les détails de ce qu'il a vu et entendu.
[Traduction]
Le 29 août, le Canada a d'abord répondu en annonçant le financement de 5 millions de dollars d'aide humanitaire. Ensuite, le 13 septembre, le Canada a augmenté son aide totale au Pakistan à la suite des inondations, la portant à 33 millions de dollars. Ce chiffre comprend un fonds de contrepartie de 7,5 millions de dollars.
De plus, le Canada a aussi financé le déploiement au Pakistan d'un spécialiste de l'aide humanitaire dans le cadre de son projet de déploiement de spécialistes de l'aide humanitaire au sein de la Société canadienne de la Croix-Rouge et appuyé la mobilisation d'articles non alimentaires essentiels provenant des stocks humanitaires se trouvant à Dubaï et à Mississauga.
Le 4 octobre, le gouvernement du Pakistan et l'ONU ont augmenté ensemble l'appel aux dons pour aider le pays face aux inondations, le portant de 160 à 816 millions de dollars américains. Il s'agissait de faire face aux besoins croissants et à l'ampleur des destructions causées par cette catastrophe. Plus de deux millions de maisons ont été détruites ou endommagées, obligeant la population à vivre dehors, à ciel ouvert, exposée aux risques de dengue et de paludisme, de même qu'aux intempéries. Plus de 1 500 centres d'aide et de santé ont été très endommagés, tout comme 13 000 kilomètres de routes, ce qui fait qu'il est difficile et parfois impossible d'atteindre les familles et les collectivités dans le besoin.
[Français]
Récemment, soit le 14 octobre, des représentants canadiens ont participé à une table ronde de haut niveau organisée par la Banque mondiale, à Washington, et portant sur la façon de répondre aux conséquences des inondations catastrophiques au Pakistan.
En ce qui concerne les prochaines étapes, la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le développement, la Banque asiatique de développement, le gouvernement du Pakistan et l'Union européenne se sont engagés à préparer une évaluation des besoins suivant la catastrophe afin de fournir une première évaluation des répercussions de la situation entourant les inondations de 2022, qui est toujours en évolution.
[Traduction]
L'évaluation des besoins, quand elle sera possible, fera le détail des dégâts matériels, des pertes économiques et des besoins chiffrés du Pakistan en matière de rétablissement.
Le Canada continuera d'aligner ses secours et son aide au rétablissement sur les besoins définis des plus vulnérables au Pakistan. Le ministère loue le travail des organisations locales et internationales face à la crise, et nous resterons en contact avec la société civile, avec d'autres donateurs internationaux, avec le gouvernement du Pakistan et avec l'ONU pour voir comment aider au mieux les populations vulnérables touchées par les inondations au Pakistan.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie, madame Hannan.
Je devrais répéter, pour la gouverne de tous les membres du comité, le poste qu'occupe chacun de nos témoins.
Mme Hannan est directrice générale, Asie du Sud. M. Gibbins est directeur exécutif, Afghanistan-Pakistan, et il était ministre lors de ma visite au Pakistan. Mme Carney est directrice générale par intérim, Aide humanitaire internationale.
Ce rappel étant fait, nous allons passer aux questions des membres du comité.
Monsieur Genuis, vous êtes le premier.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Il s'agit d'une question, d'une étude, très importante. Je suis heureux que notre parti ait pu insister pour que plus d'audiences y soient consacrées parce que je pense que c'est un dossier que nous devons examiner et au sujet duquel nous devons poser des questions.
Je commencerai par creuser la question des programmes de contrepartie que le gouvernement utilise pour l'aide humanitaire. Voilà un problème que j'ai toujours soulevé lors d'autres crises humanitaires: le fait que le gouvernement ait pris le pli de créer des programmes de contrepartie qui ne s'appliquent qu'à certains organismes de bienfaisance et pas à d'autres.
Résultat — et j'anticipe des témoignages que nous entendrons dans la deuxième heure —, des organisations qui sont présentes et actives sur le terrain, et qui ont de grandes capacités, sont exclues des avantages du programme de contrepartie et ont, en fait, beaucoup plus de mal à recueillir des fonds, parce que leurs donateurs leur demandent comment il se fait que le gouvernement du Canada verse des fonds de contrepartie à ces autres organisations et pas à elles. Autrement dit, la politique du gouvernement, pour ce qui est de verser arbitrairement des fonds de contrepartie à certaines organisations et pas à d'autres, risque de nuire à la réputation de ces dernières qui sont présentes et qui font du bon travail.
J'en ai déjà parlé, au sujet du Liban et de l'Ukraine. Nous en avons parlé dans le contexte du programme de contrepartie que le Canada a annoncé pour les provinces de l'Atlantique. Je ne sais pas si ces préoccupations, soulevées par des parlementaires et par l'ensemble de la collectivité, sont même entendues. Encore une fois, nous avons un cas où le gouvernement verse sélectivement des fonds de contrepartie pour des dons à certaines organisations et pas à d'autres. Cela fait beaucoup de dégâts et porte surtout préjudice à de nombreuses petites organisations communautaires, notamment créées par la diaspora.
Que se passe-t-il? Pourquoi ne tient-on pas compte des préoccupations soulevées et pourquoi persiste-t-on à verser des contributions de contrepartie à certaines organisations et pas à d'autres?
:
Monsieur le président, je vous remercie de la question.
Les fonds de contrepartie sont un outil important pour le Canada quand il répond à une catastrophe naturelle, notamment pour ce qui est de mobiliser les Canadiens. C'est pourquoi nous avons préétabli des mécanismes de fonds de contrepartie avec certains partenaires qui sont, d'ailleurs, des partenaires du secteur humanitaire expérimentés, capables de se mettre à l'oeuvre directement sur le terrain. Ce que fait un fonds de contrepartie comme celui-ci... par le biais de la Coalition humanitaire canadienne, qui comprend 12 partenaires humanitaires clés, ainsi que leurs réseaux, comme la Canadian Foodgrains Bank, qui regroupe un vaste réseau de plus petites organisations.
Ce qu'un fonds de contrepartie nous permet de faire — bien qu'il y ait quelques limites —, c'est de réagir très rapidement et en temps opportun parce que les vérifications préalables et les activités de fond ont déjà été faites pour ces organisations. Cela nous permet aussi de verser des fonds de contrepartie pour les dons individuels des Canadiens, afin qu'ils sachent que, s'ils donnent un dollar, nous donnerons aussi un dollar à l'organisation qui a collecté les fonds.
Le mécanisme du fonds de contrepartie est également important en ceci qu'il nous permet de réagir en temps opportun, de manière à ne pas être retardés pendant que la collecte de fonds se poursuit.
:
Monsieur le président, avec tout le respect que je vous dois, le témoin n'a pas vraiment répondu à ma question.
Je suis d'accord que les programmes de contrepartie sont merveilleux en principe, mais il y a nettement un problème quand on exclut certaines organisations. Je conviens que les organisations bénéficiaires de ce programme font un excellent travail, mais si on offrait un programme social aux habitants d'une province et pas d'une autre, ou aux personnes d'une certaine couleur de cheveux et pas à ceux d'une autre, on peut comprendre que les gens protesteraient.
Pourquoi a-t-on un programme de contrepartie qui exclut délibérément d'autres organisations qui font du bon travail? Dans bien des cas, ce sont de petites organisations créées par la diaspora, bien implantées sur le terrain, qui sont laissées de côté, en faveur de partenaires établis du gouvernement — en fait, de grandes organisations qui ont des relations préexistantes avec le gouvernement, par opposition à certaines des petites organisations qui sont pourtant très actives et présentes.
Pouvez-vous essayer de nouveau de répondre à ma question et d'expliquer pourquoi le gouvernement ne cherche pas d'autres solutions pour être plus inclusif dans ce domaine?
:
Le mécanisme de fonds de contrepartie, en sa forme actuelle, repose sur les leçons tirées de précédentes tentatives faites pour inciter les Canadiens à participer à l'aide humanitaire.
Notre objectif, quand se produit une catastrophe naturelle, est vraiment de faire en sorte que les fonds arrivent rapidement aux populations les plus touchées sur le terrain. Pour cela, nous devons avoir un mécanisme prêt à enclencher, pour ainsi dire en appuyant sur un bouton pour ensuite, une fois la collecte de fonds terminée, envoyer très vite l'argent.
Il existait, dans le temps, des mécanismes qui permettaient d'avoir un fonds de contrepartie d'une plus grande portée, de sorte qu'il y avait un partenariat plus large de personnes capables de donner à des organisations. Toutefois, les fonds mettaient du temps à parvenir aux populations les plus touchées par la crise et parfois, en fait, les fonds partaient bien après que le...
:
Merci, monsieur le président.
Que l'on me comprenne bien, je n'ai d'aucune façon voulu sous-entendre qu'il y avait un lien de causalité entre les événements. Je voulais simplement que vous nous éclairiez quant aux incidences de ces inondations sur l'instabilité politique et sur la crise économique ou, à contrario, aux incidences de la crise économique et de l'instabilité politique sur la réaction du pays quant à ce phénomène naturel. Je vois bien qu'il y a un malaise compréhensible à l'idée de vous engager sur cette voie.
Selon l'Indice mondial des risques climatiques, le Pakistan figure parmi les 10 pays au monde, vous l'avez évoqué, à être les plus touchés par les événements météorologiques extrêmes entre 2000 et 2019. La lettre de mandat du ministre Sajjan indique qu'il doit:
Travailler avec le ministre de l'Environnement et du Changement climatique afin de mobiliser et fournir un financement climatique afin de soutenir l'adaptation, l'atténuation et la résilience dans les pays en développement, notamment en soutenant les petits États insulaires particulièrement exposés aux urgences climatiques.
A-t-on donné suite à cet élément de la lettre de mandat?
Si oui, quelle suite concerne spécifiquement le Pakistan?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui et des renseignements dont ils nous font part.
Je vais revenir sur certaines des questions relatives au financement de la lutte contre les changements climatiques parce que je pense que nous savons tous qu'il a une incidence directe sur ces changements. Ce ne sera pas la dernière fois que nous voyons des urgences climatiques se produire. Évidemment, en tant que parlementaires, en tant que Canadiens, nous ne voulons pas être en retard dans notre réponse. Nous voulons être plus proactifs dans ce dossier.
Pouvez-vous me parler du financement de la lutte contre les changements climatiques? En particulier, ce que j'aimerais savoir, par exemple, c'est combien de fonds ont été affectés sur les 2,6 milliards de dollars et combien il a été dépensé. De plus, pouvez-vous me parler de l'admissibilité à présenter des demandes de financement? Aussi, quelle doit être la taille du projet pour être admissible? Et puis, pourriez-vous me dire quelle part du financement va à des organisations de la société civile, des OSC, bilatérales, multilatérales, locales ou canadiennes?
Je vous remercie. Je crois que j'ai posé sept questions en une.
:
Oui, monsieur le président, c'est une question en plusieurs points. J'essaierai donc d'y répondre de la façon la plus détaillée possible.
Pour commencer, l'engagement de 2,65 milliards de dollars que le Canada a pris au titre du financement de la lutte contre les changements climatiques est évidemment concrétisé en partenariat avec et par l'intermédiaire de partenaires multilatéraux comme la Banque mondiale.
Je vais essayer de répondre aux questions sur ce que le Canada a fait précisément.
L'engagement pris envers les pays en développement à hauteur de 2,65 milliards de dollars au titre du financement de la lutte contre les changements climatiques se concrétise dans le cadre d'initiatives régionales et multilatérales. Je peux donner l'exemple des 200 millions de dollars versés à la deuxième phase du Fonds canadien pour le climat pour le secteur privé à la Banque asiatique de développement, qui vise à mobiliser un soutien du secteur privé à l'action pour le climat dans les pays de l'Asie et du Pacifique qui ne se produirait pas autrement à cause d'obstacles au commerce.
Le Pakistan est admissible à une aide dans le cadre de ce fonds dans des domaines comme les énergies renouvelables, le rendement énergétique, l'agriculture, la gestion de l'eau...
Les répercussions mondiales sont, évidemment, catastrophiques. Comme je le mentionnais dans mes observations préliminaires, une étude est en cours pour comprendre l'étendue générale des dégâts parce que ce sera à long terme. Nous parlons d'environ 13 000 kilomètres de routes et de nombreuses récoltes perdues à un moment où l'insécurité alimentaire est accentuée par des situations au-delà des frontières du Pakistan — et principalement par le conflit entre la Russie et l'Ukraine.
Le Pakistan fait partie des 10 pays dans le monde le plus exposés à l'insécurité alimentaire. Il y a donc assurément des répercussions mondiales qui n'ont pas encore été mesurées parce qu'il n'est pas encore possible de saisir l'ampleur des dégâts.
Pour ce qui est du plan de sauvetage du FMI et de ses répercussions éventuelles sur le Pakistan, je pense qu'il faut encore déterminer soigneusement si le Pakistan se trouvera dans une position économique plus solide qui lui permettra de continuer de négocier. Cela fait vraiment partie des difficultés auxquelles le pays fait face actuellement.
Nous essayons de nous concentrer sur les secours humanitaires et sur le soutien continu qui aidera le Pakistan à revenir à une position où il sera en mesure de dialoguer avec la communauté internationale et de montrer qu'il tient au moins les engagements qu'il a déjà pris.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je voulais revenir sur certaines questions posées plus tôt à propos du fait que nous savons que le Pakistan continuera d'être touché par les changements climatiques. Il continuera d'y avoir des inondations et les problèmes qui vont de pair avec. Que faisons-nous en ce qui concerne la résilience et la construction de structures qui la favoriseront? C'est la première question.
Celle qui me préoccupe beaucoup, c'est que, comme nous le savons, quand il y a des inondations, il y a des infections d'origine fécale et des infections transmises par les moustiques. Nous voyons la dengue et le choléra, etc. Est-ce qu'un programme de vaccination de la population a été mis sur pied dans cette région du monde?
Troisièmement, les femmes sont généralement très touchées dans ces situations. Souvent, dans beaucoup de pays, à cause des inondations et du manque d'infrastructures, les gens, pendant la saison des pluies — sans parler d'inondations —n'ont pas accès à des cliniques, à des soins de santé génésique, et les femmes ne peuvent pas accoucher et recevoir le genre d'aide dont elles ont besoin.
Qu'allons-faire en ce qui concerne la résilience dans cette région? Devons-nous attendre chaque fois qu'il y ait des inondations ou un problème pour prendre rapidement des mesures d'atténuation d'urgence, mais sans construire d'infrastructures pour éviter cette situation à l'avenir et créer une résilience?
:
Monsieur le président, je crois que la question illustre plusieurs des répercussions à multiples facettes et les façons dont il est extrêmement important de prévenir et d'agir avant que les choses prennent une ampleur de crise.
En fait, le programme d'aide bilatérale générale du Canada pour le Pakistan, qui est en place depuis de nombreuses années, vise justement à faire cela. Je vous remercie donc de me donner l'occasion de souligner que les problèmes continus étaient là avant les inondations et qu'elles les exacerbent, mais ils continueront de poser un défi.
Le Canada, en fait, a une aide bilatérale spécifique pour s'attaquer à des choses comme le problème de la polio. C'est un programme en particulier que nous soutenons par une aide financière.
Nous avons conscience de l'impact particulier de cette crise sur les problèmes continus associés au profil de développement du Pakistan. Nous savons que les femmes sont plus touchées, et il existe des approches multidimensionnelles pour y remédier, y compris par le Fonds canadien d’initiatives locales...
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins et les représentants du ministère de leur présence aujourd'hui.
Le Pakistan vit des temps très difficiles. Je faisais partie de la délégation conduite par le en septembre. J'ai vu de mes propres yeux l'ampleur des dégâts.
Vous avez mentionné qu'une évaluation des besoins est en cours. Vous avez cité un chiffre de 816 millions de dollars... et dit qu'une évaluation a été faite.
Dans de nombreuses régions du Pakistan, l'eau ne s'est pas encore retirée. Quand je me suis rendue dans la province du Sindh, le district de Dadu en particulier était sous les eaux. Les gens vivent dans le écoles. Les enfants ne sont pas scolarisés. La plupart des familles dépendent de l'agriculture. Cette année, ils ne pourront pas planter.Les semailles devaient avoir lieu fin septembre, début octobre. L'hiver approche. Les gens ont perdu leur maison.
Quel rôle le Canada peut-il jouer pour s'assurer que l'évaluation des besoins se fasse? Pouvons-nous fournir une aide technologique au Pakistan, voir s'il existe une technique pour aider le pays à évacuer les eaux? Dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, les eaux se sont retirées. Elles ont causé des dommages, mais la province n'est plus inondée. Mais surtout dans la province de Sindh, où les eaux ne se retirent pas, que peut-on faire? Quelqu'un s'est-il penché sur la question? Que peut-on faire pour aider le Pakistan à faire en sorte que les eaux se retirent pour qu'au moins le processus de réaménagement puisse commencer?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je serai absolument bref, car je pense que nous obtiendrons également beaucoup d'information de la part de mes collègues qui sont en ligne.
Permettez-moi simplement de remercier le Comité, tout d'abord, de s'intéresser à cette crise vraiment grave. Je ne vais pas m'attarder sur son étendue et son ampleur. Je pense que vous avez entendu des représentants et je pense que vous savez, même d'après les reportages dans les médias, qu'il s'agit d'une crise sans précédent pour le Pakistan.
Permettez-moi de dire un mot sur la Fondation Aga Khan Canada et sa réponse jusqu'à présent. La Fondation fait partie d'une famille mondiale d'institutions connue sous le nom de Réseau de développement Aga Khan, et nous sommes présents depuis très longtemps au Pakistan. En fait, je qualifierais notre réponse de profondément enracinée à l'échelle locale et connectée à l'échelle mondiale, et je pense que c'est une partie de la force que nous apportons à la réponse.
Nous avons travaillé en collaboration très étroite avec le gouvernement du Pakistan et avec les gouvernements des différentes provinces touchées pour répondre à la crise de différentes façons. Permettez-moi de vous donner quelques exemples.
L'université Aga Khan, la meilleure université des sciences de la santé du pays, a répondu aux besoins sanitaires considérables découlant des inondations. La Dre Fry en a parlé lors de la séance précédente. L'université a servi plus de 300 000 patients dans les provinces du Sind, du Baloutchistan, du Pendjab et du Khyber Pakhtunkhwa.
L'Agence Aga Khan pour l'habitat a travaillé avec des centaines d'équipes de bénévoles pour répondre à partir d'une base communautaire en vue d'évacuer 10 000 personnes, en aidant des milliers de ménages avec une assistance alimentaire et en asséchant les eaux à travers les provinces du Sindh, du Chitral et du Gilgit-Baltistan. La réponse a essayé d'exploiter toutes les capacités dont nous disposons dans le pays, ce qui s'est révélé nécessaire.
Je tiens à exprimer notre gratitude au qui a eu comme priorité de se rendre rapidement au Pakistan afin de constater de visu les effets des inondations, non seulement dans les zones habitées très fortement touchées, mais dans certaines des régions les plus reculées qu'il a pris le temps de visiter pour voir l'effet des inondations et comprendre réellement leur étendue nationale et leur impact.
Je pourrais maintenant vous faire part très brièvement de trois réflexions sur la manière dont les donateurs pourraient réagir et sur les types de principes de conception que la situation exige.
Le premier principe que je propose est qu'il faut beaucoup de souplesse dans le cadre de l'assistance que nous offrons. Je le dis parce que ce que nous allons probablement voir et ce que nous voyons est une crise multidimensionnelle. D'une part, nous verrons une aide humanitaire urgente, un redressement rapide et des besoins de reconstruction, car comme vous le savez, certaines régions du pays sont encore sous l'eau. Dans certaines régions du pays, l'eau ne s'est retirée que tout récemment, et dans d'autres régions du pays, certains travaux de reconstruction sont désormais possibles. Ces situations vont exister simultanément, et nous devrons être en mesure d'y répondre simultanément.
D'autre part, il s'agit d'une situation multidimensionnelle dans le sens où, comme je pense que vous l'avez entendu dans les discussions que vous avez eues dans les séances précédentes, il y a un impact agricole énorme; le système de santé est soumis à un stress énorme à un moment où les besoins sont très importants; nous avons une crise de l'éducation qui a été aggravée depuis la crise liée à la COVID; et, comme c'est le cas dans toutes les situations de crise, nous avons une crise de l'égalité des sexes parce que la situation des femmes et des filles dans une crise humanitaire comme celle à laquelle nous assistons sera, bien sûr, la plus vulnérable.
Nous allons donc devoir faire preuve d'une grande souplesse en ce qui concerne les étapes de la reprise auxquelles nous réagissons simultanément et les dimensions et secteurs dans lesquels nous sommes prêts à intervenir.
Le deuxième principe est que nous allons devoir adopter une approche véritablement inclusive dans notre réponse et prendre en compte les différents besoins des différentes régions du pays.
Il s'agit d'une catastrophe nationale. Nous avons été témoins de l'ampleur du désastre dans les régions peuplées du pays: le Sindh, le Pendjab et le Balouchistan, là où les répercussions ont été très graves. Nous ne devons pas non plus oublier que des régions plus éloignées et peu peuplées du pays ont aussi été touchées et qu'elles ont leurs propres besoins. Une réponse vraiment inclusive va exiger que nous prenions en compte les différents besoins à travers le pays. L'hiver a été évoqué, je pense, lors de la séance précédente. Dans le Nord, il est évident que la préparation à l'hiver doit être une priorité absolue, car il est déjà arrivé. Si vous vous trouvez dans une région éloignée et isolée du pays, l'infrastructure a subi des dommages considérables. L'infrastructure de connexion, comme les routes, les ponts, etc., devra être une priorité très élevée.
J'ai un troisième principe. Encore une fois, vous en avez parlé lors de la séance précédente, mais quand nous nous tournerons vers l'avenir, nous devrons vraiment réfléchir à la façon dont nous investissons dans les préparatifs et dans l'atténuation des risques de catastrophe. Le plaidoyer que je veux faire est que nous y réfléchissions aussi à l'échelle locale. Les premiers à réagir à toute situation de crise dans toutes les régions du monde sont les membres des collectivités qui sont elles-mêmes touchées. Ce sont toujours les premières personnes qui sont sur place. Avec la capacité de ces collectivités en matière de formation, d'investissements dans les infrastructures, de constitution de réserves et de systèmes d'alerte précoce, les choses que nous pouvons mettre entre les mains des collectivités elles-mêmes par suite de cette crise les aideront à s'outiller pour faire face aux crises qui sont invariablement devant nous.
Je m'arrêterai là, monsieur le président, avec ces trois principes. J'ai hâte de poursuivre la discussion avec les membres du Comité.
:
Merci, monsieur le président.
La crise qui se déroule au Pakistan est une catastrophe pour l'humanité. GlobalMedic a des équipes sur le terrain qui installent des systèmes de purification de l'eau dans les villages, qui fournissent des médicaments essentiels aux hôpitaux de campagne pour qu'ils traitent des patients, qui distribuent des rations alimentaires et fournissent à des milliers de familles des trousses d'urgence familiales renfermant un purificateur d'eau au point d'utilisation pour s'assurer que ces familles ont accès à de l'eau potable.
Malheureusement, le gouvernement du Canada a mis en oeuvre une politique qui nuit au secteur humanitaire et, par défaut, aux personnes qu'en tant que secteur, nous essayons d'aider. Le gouvernement a pour politique d'égaler les fonds recueillis par les organismes humanitaires. L'idée est d'encourager les Canadiens à donner en doublant leur impact. Historiquement, la politique consistait à égaler les fonds recueillis par tous les organismes d'intervention et à créer une réserve de ces fonds, que le gouvernement programmait ensuite.
Il y a quelques années, le gouvernement a changé de cap et a commencé à désigner un seul organisme de bienfaisance comme partenaire de contrepartie. Les fonds de contrepartie accordés à une seule entité le sont en fait au détriment des autres organismes caritatifs du secteur. Nous le savons parce que nous recevons des appels et des courriels de donateurs qui ne nous font plus de dons lorsqu'ils apprennent que les dons ne seront pas égalés. Il s'agit de personnes qui ont déjà fait des dons à notre organisme et à cause de cette politique, nous perdons leur appui.
La crise au Pakistan est si importante que nous devons adopter une approche généralisée. Cette politique nuit à l'ensemble du secteur qui répond présent et qui tente d'aider et elle nuit ainsi aux personnes qui ont été touchées par les inondations. Cette politique doit être modifiée. Elle engendre aussi quelques questions auxquelles il faut répondre.
Premièrement, pour un organisme caritatif, un donateur est comme un client. Dans ce scénario, le gouvernement utilise la force de son pouvoir pour encourager des donateurs à donner à certains organismes caritatifs au détriment d'autres. Le gouvernement offrirait-il un billet d'avion gratuit aux clients qui achètent des billets d'Air Canada, mais pas de WestJet? Fournirait-il un téléphone cellulaire gratuit à quelqu'un qui a acheté un téléphone cellulaire chez Bell, mais pas chez Telus ou Rogers? Bien sûr que non. Cette politique crée en fait un terrain de jeu inégal. Le rôle du gouvernement n'est pas de créer des monopoles.
Deuxièmement, le secteur caritatif traverse une période très difficile et une politique comme celle-ci nuit aux petits organismes de bienfaisance. Jusqu'à présent, seules trois entités ont reçu un financement de contrepartie: la Croix-Rouge, l'UNICEF et la Coalition humanitaire. Pour être clair, je ne dénigre pas ces organismes. Je dénonce une mauvaise politique.
Ce sont toutes de grosses entités qui disposent de lobbyistes. La population doit savoir si un lobbying a été exercé pour faire modifier cette politique. Si c'est le cas, le lobbying a-t-il été fait de manière équitable et appropriée? A-t-il été déclaré? Y a-t-il eu une consultation du secteur dans son ensemble? Vous devez savoir que 157 millions de dollars de financement ont été transférés vers ces trois organismes au cours des cinq dernières années en raison de cette politique. Bon, écoutez, s'il n'y a pas eu de lobbying et que le gouvernement a choisi de prendre une décision arbitraire, pourquoi l'a-t-il fait? Où était la consultation du secteur dans son ensemble?
Troisièmement, les membres de la Coalition humanitaire versent une contribution annuelle pour que la Coalition puisse fonctionner. Les membres sont surtout de gros organismes et l'exigence actuelle place la barre à 10 millions de dollars. Il est difficile d'imaginer que notre gouvernement permette l'existence d'un programme dans lequel un organisme caritatif devrait payer pour se joindre à un groupe afin d'avoir accès à des fonds gouvernementaux. Des programmes de paiement pour l'accès ne sont pas justifiés.
Le dernier point que je veux soulever est que j'ai parlé à d'autres membres du secteur caritatif — d'autres dirigeants — et ils partagent les préoccupations dont je vous fais part, mais ils hésitent à s'exprimer parce qu'ils ont peur de perdre le financement gouvernemental et de l'impact que cela pourrait avoir sur leur carrière professionnelle. Ce n'est pas un bon signe pour un pays démocratique. Le Canada dans lequel nous vivons ne devrait pas être un endroit où les gens ont peur de dire la vérité aux personnes au pouvoir et de dénoncer une mauvaise politique.
En encourageant les Canadiens à ne donner qu'à la Coalition humanitaire, notre gouvernement — le gouvernement canadien — a entravé la capacité d'autres organismes à aider les Pakistanais dans les moments où ils ont désespérément besoin d'aide. Si vous aviez conservé l'ancienne politique, des dizaines d'organismes humanitaires s'efforceraient de rallier leurs donateurs et de créer un mouvement d'aide plus important.
Je tiens à être clair avant de conclure: je ne dénigre pas le travail des autres organismes. Je ne demande même pas de fonds au gouvernement. Je demande que le gouvernement cesse de priver les petits organismes caritatifs de fonds avec cette politique. En tant que membres de ce comité, vous avez quelque chose que nous, les humanitaires, n'avons pas: vous avez le pouvoir de mettre fin à cette mauvaise politique.
Merci.
Bonsoir, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je ne vais pas me mettre à décrire la situation au Pakistan. Les intervenants précédents l'ont fait et, lors de la séance précédente, des détails et des statistiques ont été donnés.
Je vais vous présenter Humanity First. Il s'agit d'un organisme international d'aide humanitaire qui compte des sections dans 62 pays. Notre siège social canadien est basé à Vaughan, en Ontario. Humanity First fournit une aide d'urgence en faisant appel à un réseau mondial de bénévoles, sans distinction de race, de genre, d'âge, de religion ou d'affiliation politique. Depuis 1995, Humanity First a répondu à plus de 190 urgences dans 99 pays et aidé environ 2,5 millions de personnes touchées par des catastrophes naturelles, y compris des réponses majeures en Haïti, au Bangladesh et aux Philippines, et c'est en plus de nos autres programmes humanitaires.
Depuis le début des inondations au Pakistan, Humanity First n'a pas cessé d'aider les victimes de ces inondations. Humanity First a fourni plus de 1,1 million de repas, distribué des milliers de trousses de soins et aidé des dizaines de milliers de personnes en leur procurant des fournitures d'urgence. Nous avons aidé 68 camps médicaux, où plus de 101 médecins ont traité plus de 25 000 patients. Humanity First a donné des tentes, des moustiquaires et des comprimés de purification d'eau à des personnes touchées. En fait, 3 395 bénévoles ont travaillé plus de 34 700 heures pour aider.
Notre plan à long terme comprend la construction de 500 maisons pour des familles touchées, le maintien de nos cliniques médicales, la fourniture à des agriculteurs de nourriture pour leur bétail et le versement d'une compensation pour les récoltes et des engrais pour des agriculteurs. Nous répondrons aussi à d'autres besoins, comme l'éducation des enfants et le soutien psychosocial.
Comme tous les autres organismes internationaux, Humanity First est aussi confronté à différents défis sur le terrain, entre autres la sûreté et la sécurité de nos bénévoles, le processus de virement de fonds et l'inflation, laquelle n'a pas seulement un impact sur le Pakistan et le Canada, mais dans le monde entier. Cependant, le plus grand défi auquel Humanity First a été confronté n'était pas sur le terrain au Pakistan, mais plutôt, malheureusement, au Canada, notre patrie.
Je voudrais attirer votre attention sur les répercussions négatives que le lancement des fonds de contrepartie a eues sur Humanity First et de nombreux autres petits ONG canadiens. Le gouvernement du Canada a annoncé un financement de 30 millions de dollars pour aider les partenaires humanitaires à fournir des services vitaux. De plus, le Canada a lancé, le 13 septembre, un fonds de contrepartie dans lequel le gouvernement a égalé les dons de particuliers à la Coalition humanitaire et à quelques autres organismes. Les fonds ont été égalés jusqu'à un maximum de 7,5 millions de dollars. Malheureusement, Humanity First n'a rien reçu des 30 millions de dollars annoncés et nous ne faisons pas partie du fonds de contrepartie.
Quel en a été l'impact? Les donateurs canadiens sont très avisés et ils veulent s'assurer que leur don a un impact maximal. Lorsqu'ils apprennent que le gouvernement va égaler les dons qu'ils versent à certains organismes, ils ne choisissent que ces organisations afin que la valeur de leur don soit doublée. C'est tout à fait logique. Qui n'aimerait pas multiplier sa générosité en augmentant la valeur de ses dons? Cependant, cette pratique injuste a des conséquences négatives sur des organismes comme Humanity First en réduisant les dons, ce qui entraîne une réduction de notre intervention, malgré notre potentiel. De plus, certains donateurs y voient un enjeu de crédibilité. Ils préfèrent les organismes financés par le gouvernement et ils leur accordent leur confiance. Nous avons reçu de nombreux appels nous demandant si le gouvernement allait doubler leur don. Lorsque nous avons répondu non, ils ne nous ont pas fait de dons. Nous avons perdu un montant substantiel de dons que nous aurions utilisés au Pakistan. Nous comptons sur nos donateurs pour fournir cette aide.
Le gouvernement a complètement fermé les yeux sur certains facteurs clés en prenant des décisions concernant les fonds de contrepartie, des facteurs comme la présence sur le terrain, le bilan, la disponibilité de ressources sur le terrain, la base de bénévoles ainsi que l'agilité et la rapidité de l'organisation.
Par exemple, Humanity First a fait ses preuves en tant que partenaire de confiance de l'ACDI de l'époque lorsque nous avons réagi au typhon Haiyan en 2014. Nous avons construit plus de 400 maisons et deux écoles avec l'aide du financement du gouvernement du Canada, un projet connu que Humanity First a réalisé avec succès. Le fait que Humanity First dispose de plus de 100 médecins et de plus de 3 000 bénévoles sur le terrain au Pakistan, avec la capacité de toucher une population plus vaste, et que nous avons déjà aidé des milliers de victimes avec nos propres ressources, n'a jamais été pris en compte par le gouvernement lorsqu'il a décidé d'égaler les fonds.
Je n'ai que deux recommandations.
Nous recommandons que le gouvernement envisage de préqualifier une base plus large et un mélange de grands et petits organismes comme partenaires de confiance qui sont admissibles et peuvent automatiquement recevoir des fonds du gouvernement en tant que partenaires sur le terrain.
De même, en ce qui concerne les fonds de contrepartie, le gouvernement devrait verser de manière impartiale et universelle des fonds de contrepartie à tous les organismes caritatifs qui reçoivent des dons pour la cause en question et qui sont aussi actifs sur le terrain.
Je terminerai mes observations en disant qu'il n'est jamais trop tard pour modifier cette politique injuste. Il est urgent de le faire pour aider les personnes touchées, et une aide retardée est une aide refusée.
Je vous remercie beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité, de discuter de la situation au Pakistan.
Islamic Relief Canada fait partie d'une famille mondiale, d'un réseau mondial. Au Pakistan plus particulièrement, nos équipes sont actives depuis plus de 30 ans. Actuellement, nous avons 400 membres du personnel dans tout le pays, dont 100 qui travaillent directement au Balouchistan. À ce jour, Islamic Relief Pakistan a joint plus de 550 000 personnes en leur apportant une aide vitale.
J'aimerais vous fournir un compte rendu de première main de la période du 17 au 28 août. J'étais sur le terrain au Pakistan, plus particulier au Balouchistan. C'est une province qui est déjà à la traîne en fait d'infrastructures, même comparativement au reste du pays. La plupart des zones qui ont été frappées par ces inondations... La majeure partie du Balouchistan était déjà dans une situation d'extrême pauvreté. Nous parlons ici d'environ 6 millions vivant déjà dans la pauvreté sur les 12 millions d'habitants de cette province.
J'ai vu sur le terrain des gens qui ont perdu non seulement leur maison — et dans certains cas leur vie — mais un moyen de gagner dignement leur vie. La plupart des régions rurales du Pakistan dépendent de l'agriculture ou de l'élevage. En raison du réchauffement de la planète et des changements climatiques, cette région du Balouchistan avait connu une grave sécheresse deux mois avant les inondations. Il n'avait pas plu depuis longtemps. Vous passez d'une situation de sécheresse à des précipitations excessives, alors que l'infrastructure fait défaut pour gérer tout l'excès d'eau. Plus de 30 millions de personnes ont été touchées et ont perdu la capacité d'assurer dignement la subsistance de leurs familles.
Même lorsque les caméras s'éteindront, lorsque les médias cesseront de parler de la situation au Pakistan, nous savons et nous craignons que l'impact perdurera de nombreuses années. Cet impact est plus important que le tremblement de terre et les inondations qui ont eu lieu il y a une dizaine d'années.
Chez Islamic Relief, nous faisons ce que nous pouvons. Nous remercions le gouvernement du Canada d'avoir annoncé initialement 5 millions de dollars de fonds de déploiement rapide, puis de 30 millions de dollars. Islamic Relief avait une présence au Pakistan et 2 millions de dollars ont été déployés par notre entremise. Islamic Relief fait aussi partie de la Coalition humanitaire, un groupe présélectionné qui a reçu des fonds du gouvernement afin de s'assurer qu'une aide efficace, transparente et concrète puisse parvenir aux gens qui en ont le plus besoin.
Les Canadiens ont été très généreux dans cette crise. Je peux vous dire que rien que chez Islamic Relief Canada, nous avons amassé 5,5 millions de dollars depuis la mi-août, explicitement pour le Pakistan. Les Canadiens d'un océan à l'autre se soucient de cette crise et sont disposés à répondre à l'appel de fonds de contrepartie pour donner davantage.
Monsieur le président, j'aimerais mentionner que lors de la séance précédente, nous avons parlé des changements climatiques. Je pense qu'un élément de cette crise dans un pays comme le Pakistan tient au fait que, lorsque vous examinez son PIB et le financement de sa dette, il est vraiment handicapé par l'impossibilité d'investir dans des infrastructures résistantes aux aléas climatiques.
Lorsque nous parlons d'atténuation des sinistres, j'ai vu sur le terrain une initiative aussi simple qu'un mur contre les inondations de 5 000 $. Il est fait de pierres et peut être construit dans des endroits stratégiques près des villages. Les villageois m'ont montré des vidéos où les eaux de crue arrivaient et parce que nous avions fait cette intervention seulement six mois auparavant, les eaux ont contourné leur village et leurs maisons et leurs récoltes ont été épargnées.
Je pense que nous devons donner aux ONG et aux gouvernements les moyens de multiplier de telles mesures d'atténuation des risques de sinistres résistantes au climat et de telles initiatives pragmatiques.
En ce qui concerne les partenaires multilatéraux, tant le FMI que la Banque mondiale, et je pense que le Canada et d'autres nations, ont la responsabilité de discuter de la façon dont nous pouvons convertir des créances pour nous assurer que le pays ne soit pas accablé par les remboursements de sa dette. Certaines dettes extérieures peuvent être annulées et converties en interventions résistantes et adaptées au climat.
Comme vous le savez, l'aide publique au développement du Canada est extrêmement faible. Nous souhaitons que le gouvernement l'augmente aussi, mais les besoins du peuple pakistanais demeurent.
Nous espérons que nous pourrons être aux côtés du peuple pakistanais. Le pays compte plus de 5 000 ou 6 000 glaciers dans le nord. Malheureusement, le réchauffement de la planète et les changements climatiques signifieront probablement que nous aurons à nouveau cette conversation dans un avenir rapproché, avec les catastrophes climatiques. C'est un sujet d'urgence.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président et merci aux témoins.
Je prends note de votre admonition, monsieur le président. J'ai parfois la même tendance à parler trop vite.
Je suis relativement nouveau au sein du Comité, alors par souci de transparence, j'ai siégé au conseil de la Banque canadienne de grains et j'y ai travaillé cinq ans avant d'être élu en 2019. Je tenais à le dire officiellement. Si mon parti pris transparaît, je m'en excuse d'emblée. Je m'efforcerai d'éviter que cela ne se produise.
J'aimerais commencer, monsieur Khan, par ce que vous venez de mentionner dans l'une de vos dernières observations. L'aide publique au développement du Canada est assez faible. Nous avons entendu dans un témoignage précédent que le Canada s'est engagé, je crois, à verser 33 millions de dollars pour répondre à un besoin immédiat estimé par l'ONU à 816 millions de dollars.
Pouvez-vous nous dire comment cela se compare à d'autres pays?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins de leurs témoignages et de tout le travail qu'ils font au Pakistan.
Tout d'abord, monsieur Khan, le Pakistan a contribué à moins de 1 % du réchauffement climatique, et c'est pourtant l'un des pays les plus touchés. Je suis curieuse de savoir quel serait, selon vous, le rôle que devrait jouer le Canada dans le soutien au Pakistan et pour veiller à ce que le monde soit mieux préparé aux catastrophes climatiques. De plus, la COP27 se déroulera en Égypte au cours des prochaines semaines. Les discussions porteront beaucoup sur le financement international des pertes et des dommages liés au climat. Je suis certaine que les énormes dommages causés par les inondations au Pakistan seront au coeur des préoccupations des participants.
Vous avez brièvement parlé de la nécessité d'envisager les échanges de créances et l'annulation de dette, et comment cela pourrait aider le Pakistan à se doter d'infrastructures résilientes aux changements climatiques. À mon avis, le Canada, en tant que pays à revenu élevé, mais aussi en raison de ses émissions historiques élevées et continues par habitant, doit en faire plus. Pouvez-vous nous expliquer ce que l'adoption de ce genre de remise de dette signifierait et pourquoi il est si important que le Canada agisse à l'échelle mondiale?
:
Merci beaucoup de votre question.
Réellement, je pense que dans certains cas, le Pakistan est peut-être à l'épicentre des répercussions du changement climatique. J'ai personnellement constaté, comme mes équipes sur le terrain, que la région inondée a aussi connu des conditions de sécheresse extrême pendant plusieurs années. Dans une société pastorale où la grande majorité des habitants gagnent leur vie grâce à l'agriculture ou l'élevage, ces deux moyens de subsistance sont touchés si l'eau manque ou s'il y a des inondations ou un surplus d'eau, comme c'est le cas maintenant.
Je pense que l'on reconnaît le fait que les répercussions seront très importantes. La contribution du Pakistan aux émissions de carbone est extrêmement faible. Évidemment, dans le monde occidental, y compris au Canada, elle est élevée. Ce n'est qu'une autre raison pour laquelle le Canada a une obligation morale d'en faire plus. Il a, bien sûr, déjà pris certains engagements, mais ceux-ci doivent être durables et de plus en plus importants. Même de simples Pakistanais sur le terrain sont conscients que les pays occidentaux doivent en faire plus pour aider les pays comme le leur qui sont aux prises avec ce problème.
Je le répète, il y a plus de 5 000 ou 6 000 glaciers dans le Nord. Ces glaciers fondent très rapidement. Malheureusement, on craint que le pays ne se soit pas complètement rétabli avant que nous ayons à faire face à une autre crise de ce genre.
Il y a une importante diaspora pakistanaise au Canada. Je pense que nous avons pu le constater dans l'ensemble du pays par l'intérêt manifesté envers cet appel à l'aide. Pour assurer la réponse, je crois que beaucoup de Canadiens d'origine pakistanaise s'attendront à ce que le Canada fasse sa part en prenant des engagements à l'échelle internationale et en collaborant avec des organismes multilatéraux tels que le FMI et la Banque mondiale. Un pays comme le Pakistan consacre une grande partie de son PIB au financement de la dette, et il est vraiment désavantagé par les sommes qu'il doit payer aux organismes multilatéraux. Nous pouvons convertir et utiliser une partie de cette dette pour renforcer la résistance du pays au changement climatique. Il vaut toujours mieux prévenir que guérir. Parfois, l'investissement n'est pas aussi élevé que ce que nous dépensons actuellement. Nous pouvons en faire beaucoup avec peu.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup tous nos témoins de leurs témoignages et, surtout, de leur travail sur le terrain.
J'ai bien aimé les observations selon lesquelles il est primordial de réformer le programme de contrepartie. Notre comité a l'intention de préparer un rapport à l'issue de ces audiences, et j'espère que nous recommanderons fermement au gouvernement de réformer le fonctionnement des programmes de financement de contrepartie. Comme je l'ai déjà mentionné, c'est un problème que nous avons constaté dans plusieurs autres situations, et je crois que le gouvernement pourrait envisager d'autres options pour atteindre ses objectifs tout en étant plus équitable.
Ma question ne s'adresse à personne en particulier, mais simplement à tous ceux qui veulent y répondre. Je veux parler des enjeux liés aux droits des minorités au Pakistan et de la façon dont nous pouvons nous assurer que l'aide au développement est offerte à toutes les collectivités, et que le Canada joue un rôle positif dans la lutte contre les dangers qui pèsent sur les minorités.
J'ai été très troublé d'apprendre récemment qu'un leader religieux était responsable de l'horrible incitation à la violence contre la communauté musulmane ahmadie, contre les femmes enceintes. Il s'est produit d'autres cas de violence et de discrimination juridique contre les chrétiens et diverses autres communautés minoritaires.
Est-ce que l'un d'entre vous aurait des observations sur la façon dont nous pourrions nous assurer que les minorités au Pakistan ont un accès égal à l'aide au développement?
Il est vrai qu'il y a au Pakistan des troubles raciaux, religieux et ethniques qui opposent différents groupes. Vous venez de mentionner le décret religieux contre les femmes enceintes — les femmes ahmadies — et c'est une situation très triste.
Un autre incident s'est produit lorsque des tomates ont été importées d'Iran et qu'un groupe a déclaré qu'elles seraient détruites parce que c'était des tomates chiites et que les sunnites ne pouvaient pas les avoir. C'est une situation très triste causée par l'analphabétisme, le fanatisme et les faussetés répandues par certains groupes.
Je crois que pendant une période de difficultés, le pays et la communauté internationale devraient s'assurer que l'aide parvienne à tous les secteurs et à tous les groupes, sans aucune discrimination. On peut y arriver en imposant certaines conditions, notamment que le gouvernement rende compte de la manière dont l'aide a été distribuée et sur la façon dont divers groupes ethniques, religieux et autres ont obtenu une partie de l'aide fournie.
Nous ne pouvons pas faire grand-chose à cet égard, car les responsables sont des fanatiques sur place, mais il serait possible de forcer le gouvernement à les empêcher d'agir, ou au moins à prévenir la violence contre divers groupes ethniques, et à s'assurer que l'aide parvienne à tous.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis désolée d'avoir été obligée de m'absenter pendant les témoignages. Malheureusement, je prononçais un discours à la Chambre.
Les commentaires sont très intéressants à entendre. Je voudrais parler un peu plus des répercussions du changement climatique ou du financement climatique. Nous savons, bien sûr, que le Pakistan a contribué à moins de 1 % du réchauffement de la planète, mais qu'il est néanmoins victime des changements climatiques et de la crise climatique.
Si vous me le permettez, monsieur Shariff, je vais terminer avec vous.
Comment le Canada pourrait-il ou comment devrait-il mieux financer l'atténuation des changements climatiques et l'adaptation à ces changements? Comment le financement pourrait-il être mieux distribué? Comment pourrions-nous nous assurer qu'il aide les personnes les plus vulnérables, qu'il utilise les connaissances autochtones et qu'il s'harmonise avec notre politique d'aide internationale féministe?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je pense que c'est une question très importante, et je suis certain que je ne lui rendrai pas justice dans le temps dont nous disposons. Permettez-moi de dire quelques mots au sujet des principes de travail.
Le premier principe est que, dans le monde entier, y compris au Canada, une grande partie du financement climatique est associé au financement par emprunt et par capitaux propres plutôt qu'au financement par subvention. Bien que je comprenne la raison de cette orientation, je crois qu'il est très optimiste de penser qu'il est possible de répondre adéquatement aux urgents besoins climatiques avec des ressources qui ne sont pas des subventions et qui devront être remboursées d'une façon ou d'une autre. Dans le cas présent, il serait absolument possible d'ouvrir la porte à ce que l'on considère être des solutions de financement novatrices, mais je dirais que c'est une réponse très spécifique; et non une réponse générale.
Deuxièmement, je crois que nous devons probablement réaliser des analyses beaucoup plus précises sur les enjeux particuliers, pays par pays, là où nous pensons pouvoir apporter une réelle contribution. Examinons le cas de l'énergie propre, par exemple. Plusieurs régions du monde vivent dans un contexte de fragilité climatique et de pauvreté énergétique. Cela signifie qu'il faut accroître considérablement la quantité d'énergie disponible. Simultanément, nous serons beaucoup plus conscients de l'empreinte carbone. Nous devons apporter considérablement d'innovation à la capacité de ces pays d'élaborer des plans de sécurité énergétique qui transformeront leurs ressources en sources d'énergie durable. Quel est notre niveau d'expertise en la matière? Quel est le lien entre notre financement et cet enjeu d'une extrême importance?
Le dernier exemple est l'agriculture. Nous avons une excellente occasion de faire beaucoup plus dans le domaine de l'agriculture adaptée au climat. C'est un problème très important dans le monde entier. Je pense que nous avons beaucoup de possibilités de travailler en collaboration avec des collectivités. J'ai l'impression que si nous nous tendons la main aux collectivités qui ont des idées, elles répondront avec enthousiasme.
Nous devons prendre des engagements, et je crois qu'une grande partie de ces engagements doit être sous forme de subventions.