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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 125e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous une forme hybride. J'aimerais rappeler aux participants les points suivants, et cela s'adresse autant aux membres qu'aux témoins. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Tous les commentaires doivent être adressés par l'entremise de la présidence.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 19 septembre 2024, le Comité reprend son étude de la contribution du Canada à la promotion d'une solution à deux États.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos trois intervenants.
Nous avons M. Henry Topas, directeur de B'nai Brith Canada pour le Québec et le Canada atlantique.
Nous accueillons M. Shimon Koffler Fogel, président-directeur général du Centre consultatif des relations juives et israéliennes.
Nous recevons Mme Maytal Kowalski, directrice exécutive de JSpaceCanada.
Vous aurez chacun cinq minutes pour présenter votre déclaration liminaire. Veuillez regarder par ici de temps en temps, non seulement en ce qui concerne votre déclaration liminaire, mais aussi les questions suivantes posées par les membres. Il y a des limites de temps, alors si vous me voyez vous faire un signal, cela signifie que vous devrez conclure en 20 secondes à peu près.
Comme tout a été expliqué, nous passerons à M. Topas, qui présentera sa déclaration liminaire.
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Monsieur le président, chers membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à parler aujourd'hui, au nom de B'nai Brith Canada, du rôle du Canada dans la promotion d'une solution à deux États.
[Traduction]
B'nai Brith est la plus ancienne organisation des droits de la personne du Canada et la voix de la communauté juive de base du Canada. Notre organisation, fondée en 1875, est déterminée à éradiquer le racisme, l'antisémitisme et la haine sous toutes ses formes tout en défendant les droits des personnes marginalisées.
Je pense qu'il convient de dire dès le début que, alors que nous portons aujourd'hui le coquelicot pour nous rappeler les sacrifices des femmes et des hommes canadiens qui se sont battus pour défendre notre mode de vie, c'est l'État d'Israël aujourd'hui qui est le rempart contre ceux qui veulent déchirer le tissu de la société canadienne et occidentale.
La présentation de B'nai Brith devant le Comité arrive à un moment crucial alors qu'Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, fait face à une menace existentielle sur de nombreux fronts. Les recommandations que nous présentons aujourd'hui sont essentielles si le Canada veut contribuer de manière utile à tout cadre possible à deux États qui garantit la paix et la stabilité démocratique.
Notre première recommandation est que le gouvernement du Canada appuie de manière non équivoque les efforts d'Israël pour éliminer toutes les menaces extraterritoriales qui compromettent actuellement sa sécurité. Le défaut de l'Occident de protéger Israël a miné les efforts de paix antérieurs, forçant Israël à se livrer à des actions de défense répétées contre des menaces terroristes. À moins et jusqu'à ce que le réseau terroriste appuyé par l'Iran soit démantelé, une solution à deux États demeure dangereusement irréaliste. Les entités terroristes dans les territoires palestiniens ont démontré à maintes reprises qu'elles ne recherchent pas la paix durable. Jusqu'à ce que tous ces groupes terroristes, y compris le Jihad islamiste palestinien, le Front populaire pour la libération de la Palestine et le Hamas, qui sont tous désignés comme des entités terroristes par le Canada, soient retirés de façon permanente, il ne peut exister de cadre viable.
En passant, la semaine dernière, au cimetière militaire national d'Israël au mont Herzl, je me suis de nouveau personnellement recueilli sur les tombes de nombreux braves soldats des Forces de défense israéliennes qui ont donné leur vie dans la lutte contre la guerre défensive qui a cours, une guerre ni commencée ni souhaitée par Israël. Ceux qui réclament des cessez‑le‑feu doivent se souvenir que ces groupes n'ont jamais manqué de violer chaque cessez‑le‑feu convenu par Israël.
À l'extérieur des territoires palestiniens, l'axe de résistance du régime iranien — le Hezbollah au Liban, Ansar Allah au Yémen et les milices chiites en Irak — présente une menace tout aussi dangereuse. Tout soutien véritable doit commencer par la neutralisation de ce réseau que l'Iran a orchestré pour déstabiliser la région et prévenir la paix.
[Français]
Notre deuxième recommandation est que le gouvernement du Canada s'engage à bâtir un cadre démocratique dans les territoires palestiniens avant de reconnaître un État palestinien. L'Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, qui est aujourd'hui à sa vingtième année d'un mandat de quatre ans, manque à la fois de légitimité démocratique et de gouvernance efficace.
[Traduction]
Reconnaître un État palestinien sans gouvernance démocratique stable et éprouvée risque de remplacer les échecs observés ailleurs, l'Afghanistan servant d'exemple de mise en garde.
La situation en Afghanistan témoigne des dangers d'une reconnaissance prématurée sans structures démocratiques. Il en résulte un État où la gouvernance non démocratique et les influences terroristes ont entraîné des violations graves et répétées des droits de la personne, en particulier contre les femmes. Les difficultés de l'Afghanistan servent d'avertissement contre la reconnaissance de tout État où la gouvernance et la responsabilité démocratiques sont tout à fait absentes.
[Français]
Le rôle du Canada pour garantir que les territoires palestiniens établissent une gouvernance réelle et démocratique est essentiel. Seules les réformes qui rétablissent les processus électoraux et la responsabilisation au sein de l'Autorité palestinienne contribueront à une paix durable.
[Traduction]
De plus, une solution à deux États ne peut réussir sans un État palestinien qui reconnaît le droit d'Israël d'exister. La Palestine doit d'abord cesser son éducation haineuse toxique financée par l'UNRWA qui s'adresse aux jeunes. Elle doit d'abord cesser son programme « payer pour tuer » qui récompense le terrorisme. Tout cadre demeure terriblement prématuré si ces conditions préalables sont absentes.
En conclusion, le gouvernement du Canada ne doit pas reconnaître un État palestinien de manière prématurée, et il doit éviter les erreurs observées dans des cas comme l'Afghanistan, où les échecs de gouvernance et les influences terroristes ont entraîné une instabilité prolongée et de profondes souffrances humaines.
[Français]
Le soutien du Canada, en tant que chef de file de la consolidation de la paix internationale, est essentiel pour établir une base démocratique et sûre pour toute solution susceptible d'apporter la stabilité et la paix aux Israéliens et aux Palestiniens.
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Monsieur le président, je vous remercie, ainsi que tous les membres du Comité, de l'occasion qui m'est offerte de prendre part à cette discussion cruciale.
Je m'appelle Shimon Fogel et je suis le président-directeur général du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, qui représente plus de 150 000 Canadiens juifs par l'entremise de fédérations juives partout au Canada.
Le CIJA est une organisation nationale non partisane dont la mission est de préserver et de protéger la qualité de la vie juive au Canada en défendant ses valeurs et ses principes.
Aujourd'hui, nous vous offrons notre point de vue concernant les travaux du Comité sur la contribution du Canada à la promotion d'une solution à deux États. Ce sujet a des ramifications importantes pour la politique étrangère du Canada, la sécurité d'Israël et la stabilité du Moyen-Orient. Bien que le CIJA soutienne une solution pacifique à deux États, ce résultat doit être obtenu par des négociations directes.
Votre comité a entendu et entendra de nombreux témoins, reflétant un large éventail de points de vue sur la question, et c'est très bien ainsi. J'aimerais toutefois faire une mise en garde. Si la communauté juive, comme tant d'autres, n'est pas monolithique, sur la question du soutien à l'État juif, il y a un consensus presque universel. Nous avons déposé auprès du greffier deux projets de recherche indépendants qui soulignent ce point. Aussi, de manière imagée, il y a plus de Canadiens qui croient que la Terre est plate que de Juifs qui s'opposent à la création d'un État juif indépendant sur la terre de nos ancêtres.
Les études confirment que seuls 3 % des Juifs canadiens qui s'identifient comme tels rejettent la légitimité d'Israël. Il serait trompeur d'accorder de l'importance à une opinion aussi marginale et de conclure que, du point de vue de la communauté juive, il existe une ambivalence significative quant à la place d'un État juif au sein de la famille des nations.
Il importe de rappeler que le statut d'État palestinien n'est pas un droit absolu. Selon les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations unies, le statut d'État est conditionnel et assujetti, d'abord, à la reconnaissance de la sécurité d'Israël et de la légitimité de l'État juif sur notre terre ancestrale. Ces résolutions prévoient des négociations directes pour atteindre ces conditions avant que la communauté internationale ne puisse accorder le statut d'État. Une reconnaissance prématurée contredit cette formule fondamentale et crée, dans les faits, un précédent déstabilisant.
La capacité d'agir palestinienne est un autre élément essentiel. À l'heure actuelle, les dirigeants palestiniens font preuve d'un manque inquiétant de responsabilisation. La création d'un État ne peut être considérée comme un droit; elle doit se fonder sur les obligations d'une gouvernance responsable. Reconnaître un État palestinien sans d'abord mettre en place les structures d'une gouvernance efficace risquerait de créer d'emblée un État en faillite. Cela n'aiderait pas les Palestiniens à avoir un avenir meilleur et plus stable, mais les condamnerait plutôt à une instabilité permanente.
La création d'un État exige que les questions essentielles, comme les frontières, les droits sur l'eau, le réseau électrique, le statut de Jérusalem et la demande palestinienne d'un droit au retour, soient d'abord réglées. Reconnaître un État sans aborder ces questions fondamentales par la négociation équivaudrait non seulement à négliger la fonctionnalité pratique, mais aussi à condamner les deux parties à un conflit durable. Sans accords négociés sur ces points, la fin du conflit envisagée est inatteignable. Une approche unilatérale laisserait toutes ces questions en suspens, sans mécanisme mutuellement convenu pour les traiter.
Le Canada a toujours eu une approche équilibrée de ce conflit, soutenant des processus de paix fondés sur la négociation, la reconnaissance mutuelle et des garanties de sécurité. S'éloigner de cette approche en adoptant une voie unilatérale risque d'enhardir des éléments problématiques en renforçant l'idée que la paix peut être obtenue sans compromis. En soutenant un engagement direct, le Canada défend, de ce fait, ses valeurs d'équité, de sécurité et d'engagement en faveur d'une paix véritable.
En conclusion, monsieur le président, le CIJA estime que le Canada doit demeurer engagé en faveur d'une résolution équitable et négociée du conflit israélo-palestinien.
Nous espérons qu'un jour il y aura un État palestinien dynamique et démocratique. Mais prétendre qu'il existe aujourd'hui un État palestinien viable est inexact, irresponsable et fondé sur des demi-vérités préjudiciables. Seule une véritable solution à deux États, obtenue par des négociations directes, peut garantir une paix, une sécurité et une stabilité durables au Moyen-Orient.
Je vous remercie de l'occasion qui m'a été donnée d'exposer notre point de vue. Je suis prêt à répondre aux questions des membres du Comité.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs de m'avoir invitée ici aujourd'hui.
Je m'appelle Maytal Kowalski et je suis directrice exécutive de JSpaceCanada. JSpaceCanada est une organisation juive sioniste en faveur d'Israël, de la paix et de la démocratie qui milite pour que le Canada fasse la promotion de la solution à deux États en Israël et en Palestine et la préserve, tel que la défend notre communauté de Juifs canadiens.
J'ai moi-même la double citoyenneté canado-israélienne. Je suis née à Winnipeg et suis déménagée en Israël avec ma famille, en 1994. Je tiens à vous remercier de tenir ces réunions à un moment aussi crucial.
Même si certains diront qu'à peine plus d'un an après les horribles attentats terroristes du Hamas le 7 octobre, ce ne soit pas le moment de parler de paix, j'aimerais citer l'ancien premier ministre israélien Ehud Olmert, qui a déclaré la semaine dernière que l'utilisation du 7 octobre comme argument contre la création d'un État palestinien est une « grossière erreur ». C'est précisément à cause du 7 octobre et parce qu'une solution à deux États est le meilleur moyen de vaincre le Hamas et d'autres entités terroristes que nous devons agir maintenant.
Depuis février dernier, JSpaceCanada milite pour que le Canada reconnaisse l'existence d'un État palestinien à côté de l'État d'Israël, se fondant essentiellement sur les frontières de 1967. C'est aussi ma recommandation aujourd'hui, mais je veux m'assurer qu'il ne s'agit pas simplement d'un geste symbolique. Par conséquent, je vous demande, en plus de la reconnaissance et de concert avec celle‑ci, d'envisager les mesures suivantes.
S'engager à poursuivre des sanctions continues contre les entités, organisations et individus qui jouent un rôle direct dans le financement et le soutien de la violence des colons et dans l'annexion dans la Cisjordanie occupée, y compris les politiciens et les fonctionnaires israéliens extrémistes comme Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich.
Soutenir et renforcer l'Autorité palestinienne comme solution de rechange au règne du Hamas en dépit des projets du ministre des Finances Smotrich de faire tomber l'Autorité palestinienne en retenant les recettes fiscales perçues par Israël.
Enfin, faire pression sur l'Autorité palestinienne pour qu'elle s'engage à adopter une série de réformes visant à renforcer la démocratie et la gouvernance, à lutter contre la corruption, à revoir son programme de paiement des prisonniers et à réagir à l'incitation.
Nous savons d'après divers sondages que la majorité des Juifs canadiens, des Israéliens et des Palestiniens appuient toujours une solution à deux États et une solution diplomatique — et non pas militaire — au conflit. Il ne peut y avoir de solution à deux États sans que l'un de ces États soit celui de la Palestine. La position de longue date du Canada est qu'un État palestinien serait reconnu dans le cadre des négociations finales sur le statut directement entre les Israéliens et les Palestiniens.
Lorsque ma famille est déménagée en Israël en 1994, c'était au plus fort des accords d'Oslo, quelques mois seulement avant que le traité de paix entre Israël et la Jordanie ne soit signé. À l'époque, lorsque les Israéliens et les Palestiniens ont participé aux négociations, peut-être qu'une telle politique était sensée, mais nous ne sommes plus en 1994, et la paix ne semble plus une option.
L'Israël que j'ai connu et aimé en tant qu'enfant a été pratiquement sacrifié pour des visions messianiques et ultranationalistes de l'extrême droite israélienne. Nous devons reconnaître non seulement ce que nous voulons voir dans l'avenir, mais ce qui existe maintenant. Ce qui existe maintenant est une réalité à un État, où, entre la mer Méditerranée et le Jourdain, un État, Israël, contrôle l'entrée et la sortie des personnes et des biens, supervise la sécurité et a la capacité d'imposer ses décisions, lois et politiques à des millions de personnes sans leur consentement.
La politique étrangère du Canada doit s'adapter à l'Israël qui existe maintenant. C'est précisément ce que signifie être un ami d'Israël. Si j'empêche mon ami de boire et de conduire, je ne le punis pas: je le sauve. En ce moment, en aidant ce gouvernement israélien dirigé par le premier ministre Benjamin Netanyahou, non seulement nous permettons à notre ami de boire et de conduire, mais nous l'encourageons à prendre quelques verres de plus avant de prendre le volant.
Après tout, lorsque le propre parti de Netanyahou, le Likoud, parraine un événement pour encourager le ré‑établissement dans le Nord de Gaza, pour citer un ami de JSpaceCanada, le père d'un otage de 20 ans, Nimrod Cohen, détenu à Gaza depuis plus d'un an: « Ils veulent jeter les bases de leurs campements sur le corps de mon fils. »
Je suis ici pour représenter une grande partie de la communauté juive canadienne qui se sent connectée et attachée à Israël, qui croit au droit d'Israël d'exister comme foyer démocratique sécuritaire du peuple juif et, précisément à cause de cet attachement et de cette connexion, qui s'oppose au gouvernement israélien actuel et veut voir son gouvernement canadien prendre des mesures vigoureuses.
Vous entendrez peut-être aujourd'hui des raisons pour lesquelles une étape comme la reconnaissance du statut d'État palestinien est risquée. La recherche de la paix comprendra toujours des risques inhérents, mais ceux‑ci ne l'emporteront jamais sur les risques de vivre éternellement par l'épée et d'être dans un état de guerre perpétuel.
Lors d'un rassemblement avec l'organisation pour la paix Peace Now, en Israël, situé à quelques kilomètres de l'endroit où je vivais au début des années 2000, un homme appelé Haim Perry a exposé une affiche qui disait: « Mieux vaut vivre avec les douleurs de la paix qu'avec les souffrances de la guerre. » Haim Perry a été pris en otage par le Hamas le 7 octobre. En juin dernier, il a été assassiné par le Hamas en l'absence d'une entente sur la libération d'otages et d'un accord de cessez‑le‑feu qui auraient pu le libérer.
À la mémoire de Haim Perry, de Hersh Goldberg-Polin, de Vivian Silver, de Judih Weinstein et de bien d'autres, y compris des dizaines de milliers de Palestiniens dont nous n'avons jamais pu connaître le nom, nous devons nous engager sur la voie de la paix par tous les mécanismes possibles, comme la reconnaissance de l'État palestinien, même si c'est douloureux, parce qu'il vaut mieux vivre avec les douleurs de la paix qu'avec les souffrances de la guerre.
Merci.
Je pense que la première est la reconnaissance d'un État palestinien par le Canada.
Je tiens à dire très rapidement que c'est important parce que, dans des négociations passées, à Oslo et dans d'autres négociations, nous parlions non pas d'un État palestinien, mais bien d'une région autonome ou de ce que beaucoup de diplomates et de dirigeants désignent comme un « État diminué ». À l'heure actuelle, 146 pays reconnaissent l'État palestinien. À mesure que ce nombre de pays augmente, cela signifie que, lors des prochaines négociations, nous ne négocierons pas pour savoir s'il s'agit d'un État ou d'autre chose; nous négocierons, maintenant que nous savons qu'il s'agit d'un État, afin de savoir à quoi il ressemble et comment nous pouvons le concrétiser.
Pour ce qui est de savoir comment rendre cela possible, les réponses sont toutes là. Nous avons vu ces processus se produire dans le passé. Nous savons que ce qui manquait était un leadership; un leadership israélien et palestinien capable de s'adresser à sa population et d'expliquer pourquoi ces étapes sont importantes.
Je dirais également qu'il faut comprendre que, bien qu'il y ait une responsabilité des deux côtés — à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens, et pour leurs dirigeants de faire un meilleur travail à ce sujet et de se trouver à la table de négociation — nous devons reconnaître que, dans la situation actuelle, Israël possède la majorité des cartes et est en position de force. Israël est un État souverain, alors que les Palestiniens sont des apatrides divisés entre le leadership du Hamas et de la Palestine. Nous devons pouvoir reconnaître où les systèmes fonctionnent à leur avantage et à leur désavantage, et exercer une pression sur les deux peuples en conséquence.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins d'être des nôtres et de nous présenter leur éclairage sur cette importante question.
Dans son témoignage, Mme Kowalski a dit une chose qui est ma profonde conviction depuis toujours, à savoir que les peuples d'Israël et de Palestine ne peuvent continuer à vivre dans un état de guerre permanente. Ce n'est pas possible. Elle l'a probablement dit de façon beaucoup plus éloquente que j'aurais pu le faire.
La semaine dernière, un ancien ambassadeur canadien en Israël, M. Jon Allen, a soutenu que la plus grande menace pour Israël provenait de l'intérieur et que ce pays ne serait jamais en sécurité tant et aussi longtemps qu'il continuera d'occuper les territoires du peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza. Depuis des années, la colonisation se poursuit, particulièrement en Cisjordanie, en contravention du droit international. En 1977, 1 900 colons juifs étaient établis en Cisjordanie; en 1997, on parlait de 331 000 colons juifs; et, en 2022, 741 000 colons juifs étaient établis en Cisjordanie.
Monsieur Fogel, vous avez insisté sur les conséquences découlant du fait de faire quelque chose. Vous êtes-vous penché sur les conséquences découlant du fait de ne rien faire? En effet, depuis 1977, rien n'a bougé, et cela a mené au massacre du 7 octobre et à la boucherie qui a présentement cours à Gaza et au Liban.
Selon vous, quelles sont les conséquences découlant du fait de ne rien faire?
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Merci, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je veux simplement mentionner que j'ai eu la chance d'aller visiter Israël et la Palestine à quelques reprises, notamment en tant que parlementaire. Pour un Québécois et pour un démocrate, être témoin de ce qui se passe en Cisjordanie est une expérience bouleversante. On parle d'occupation militaire, de points de contrôle, d'humiliations quotidiennes et d'enfants qui se font arrêter par des soldats et qui sont jugés par des cours militaires.
Je pense aussi à l'arrogance des colons extrémistes, notamment à Hébron, au vol de terres et à la destruction de villages, de fermes, d'oliviers et de troupeaux, parfois. Je suis revenu de là avec l'image d'une botte militaire qui écrase sans fin un visage humain. Ce n'est pas un bon sentiment. Je pense qu'on doit agir, comme pays, pour changer cette situation.
Madame Kowalski, qu'est-ce que vous pensez de ce qui se passe en Cisjordanie, qui est occupée depuis un an, à peu près, et de la violence des colons? Pensez-vous que le gouvernement Nétanyahou utilise la guerre à Gaza en partie pour accélérer l'annexion de la Cisjordanie?
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Merci beaucoup de poser la question, et merci beaucoup de témoigner de ce qui se passe dans la Cisjordanie occupée à l'heure actuelle.
Les ministres extrémistes du gouvernement de Netanyahou utilisent absolument le couvert de la guerre à Gaza pour faire avancer l'annexion. Nous avons vu une augmentation du nombre d'avant-postes — je crois qu'il y a environ 43 avant-postes illégaux, selon le gouvernement israélien — depuis le 7 octobre. En comparaison, au cours des dernières années, entre 1996 et 2023, le nombre d'avant-postes illégaux par année était de sept environ en moyenne. Vous pouvez constater l'accélération.
Nous voyons également qu'il ne s'agit pas seulement d'une question d'annexion de facto, dont on a beaucoup parlé. Nous passons maintenant à ce que de nombreux experts appellent une annexion de jure. Le ministre des Finances Smotrich a fait passer l'administration de la Cisjordanie d'une administration militaire à une administration civile. Il l'a lui-même reconnu: « Ce sera plus facile à avaler dans le contexte international et juridique », c'est‑à‑dire qu'ils n'auront pas à dire qu'ils font une annexion.
Je dirais également que, depuis le 7 octobre, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a documenté près de 1 600 attaques par des colons israéliens contre des Palestiniens. Nous avons également vu les autorités israéliennes détruire, confisquer et voler environ 1 800 structures palestiniennes en Cisjordanie ou en forcer la démolition.
J'aimerais également noter que, dans un…
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Merci pour les trois minutes généreuses.
Bienvenue aux intervenants.
Monsieur Topas, vous posez deux conditions préalables à l'État palestinien qui cherche à s'engager dans une solution à deux États: la première, c'est que l'Iran cesse son ingérence, essentiellement, dans les affaires du Moyen-Orient de la manière dont il le fait, et la deuxième, c'est que pour atteindre une paix durable, nous devons retourner à la table de négociation.
Les accords d'Oslo ont créé une plateforme pour ce faire. Où les accords d'Oslo ont-ils échoué, et comment pouvons-nous retourner en arrière? La guerre va finir par se terminer, et tout le monde va retourner à la table de négociation. Pensez-vous qu'Oslo soit toujours la plateforme qui nous permette d'aller de l'avant et de commencer une négociation vers la paix durable?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins aujourd'hui. Votre présence ici démontre la diversité des opinions et celle de la communauté juive au Canada, et l'importance que le Canada et Israël ont pour vous.
Je souhaite commencer par souligner très clairement que j'appuie sans équivoque l'État d'Israël, le peuple d'Israël et son droit à la paix et à la prospérité. En revanche, cela ne signifie pas nécessairement que je soutiens inconditionnellement le gouvernement d'Israël ni que je soutiens un gouvernement quelconque à moins qu'il protège ses propres citoyens, la primauté du droit ainsi que l'ordre international fondé sur des règles.
Je dirais la même chose pour l'État de la Palestine, qui a été reconnu par 146 pays, à l'exception du Canada, qui ne l'a pas encore fait. J'appuie sans équivoque un État de la Palestine. Cela ne signifie pas nécessairement que je soutiens son gouvernement actuel, mais je sépare ces questions, comme je le fais au Canada. Je n'appuie pas tout le temps les gouvernements au Canada non plus, mais cela ne signifie pas que je ne suis pas loyal au Canada.
Ce sur quoi j'aimerais toutefois être clair, c'est que la question dont nous traitons au sein du Comité est celle de la reconnaissance de l'État de la Palestine par le Canada. La question n'est pas de savoir si oui ou non nous allons le faire. Nous allons le faire. Le Canada va le faire. J'en suis convaincu, donc la question est quand nous allons le faire.
Nous avons parlé d'une reconnaissance négociée. Je n'ai pas fait d'études en histoire, mais je ne pense pas que la reconnaissance d'États fasse toujours l'objet de négociations. Le Canada reconnaîtra unilatéralement, comme nous l'avons toujours fait, les États. Nous l'avons fait avec le Kosovo et nous l'avons fait avec bon nombre d'endroits.
Quels sont les avantages et les inconvénients de la reconnaissance de l'État de la Palestine pour le Canada, et pour le peuple juif au Canada? En quoi est‑ce que cela est susceptible d'aider les choses?
J'aimerais commencer par Mme Kowalski.
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Comme je l'ai mentionné plus tôt, je pense que pour ce qui est des avantages, la question est non pas de savoir quand les négociations vont avoir lieu ni de savoir sur quoi porteront les négociations, c'est‑à‑dire si nous négocions la création d'un État ou autre chose, mais plutôt que nous allons effectivement négocier.
L'État de la Palestine existe. Il est largement reconnu. La question portera sur ce à quoi il ressemblera, et les négociations porteront en fin de compte sur ces questions de statut final.
Pour ce qui est des inconvénients — et je pense que c'est quelque chose que j'ai mentionné dans mon témoignage —, nous ne voulons pas que ce soit simplement un acte symbolique. Nous voulons nous assurer que d'autres mesures suivront, et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai mentionné non seulement les mesures que nous pouvons prendre pour renforcer l'Autorité palestinienne, mais aussi les mesures que nous pouvons demander à Israël de prendre, car, comme vous l'avez dit, nous pouvons appuyer l'État d'Israël pour finalement nous rendre compte que le gouvernement agit au détriment de cet État.
Des mesures précises doivent découler de cette reconnaissance. Vous avez raison, et je partage votre avis. Je pense qu'en ce qui concerne la reconnaissance unilatérale de l'État de la Palestine, il n'y a aucune raison pour laquelle le Canada ne devrait pas le faire, et aucune raison de penser qu'il n'y aura aucun avantage, alors nous devrions aller de l'avant avec cela.
Sans vouloir offenser qui que ce soit, en ce qui concerne la communauté juive, la première chose que je veux dire, c'est que nous ne sommes pas en cause, ici. Ce qui est en cause, ce sont des millions de Palestiniens apatrides qui ont attendu très longtemps pour que justice soit faite et pour être traités comme un peuple souverain sur leurs terres ancestrales. C'est nous, les sionistes juifs, qui devrions être les premiers à le reconnaître. C'est notre histoire. Plus que quiconque, nous devrions avoir de l'empathie pour le fait qu'ils le veuillent.
Je pense que la seule façon de faire partie de l'histoire, que la communauté juive canadienne fasse partie d'une histoire, c'est qu'il nous incombe, à mes collègues à la table et à moi de ne pas susciter la peur au sein de la communauté juive en évitant d'imaginer des scénarios cauchemardesques au sujet de ce que signifie cette reconnaissance. À la place, nous devrions expliquer à notre communauté en quoi cette reconnaissance est bénéfique et qu'elle favorise l'avènement d'une solution à deux États, étant donné que nous savons que la majeure partie de notre communauté appuie une solution à deux États.
À part cela, l'accent doit vraiment être mis sur les Palestiniens.
Il est très important de reconnaître qu'il existe de nombreuses organisations, telles que Standing Together et Peace Now, sur le terrain en Israël et en Palestine, qui font ce travail.
Nous travaillons en étroite collaboration avec les Israéliens et les Palestiniens, car nous pensons que toute solution que nous souhaitons proposer doit émaner, en tout premier lieu, du terrain. Leurs efforts pour faire avancer la solution à deux États, l'État de la Palestine, l'égalité et l'équité sur le terrain, aident énormément à faire progresser la façon dont les Israéliens et les Palestiniens voient leur avenir.
J'aimerais un petit peu aborder la question autour de l'appui dont jouit la solution à deux États, lequel peut être attribué à bon nombre de ces organisations de la société civile. Nous devrions reconnaître que lorsqu'on leur a donné un cadre énonçant ce à quoi une solution à deux États ressemblerait, les Israéliens et les Palestiniens ont tous deux... Selon bien des témoignages que j'ai entendus, le nombre de personnes qui appuient la solution à deux États en Israël et en Palestine est très faible. En revanche, ce n'est pas le cas lorsqu'on donne un cadre, et qu'on explique en quoi consiste la solution à deux États. On observe un soutien plus grand, et on voit que la majorité des gens soutiennent la solution à deux États.
Il est important que nous continuions de travailler avec ces organisations de la paix, comme celles qui travaillent sur le terrain, car la société civile... Les approches ascendantes et descendantes sont toutes deux nécessaires.
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Monsieur Topas, j'aimerais saisir l'occasion pour vous parler d'antisémitisme. Certes, l'antisémitisme était déjà présent au Canada avant le 7 octobre 2023, et c'est toujours le cas après cette date.
Depuis lors, certaines choses très laides se sont passées dans nos rues, nos écoles, nos synagogues, nos institutions et nos quartiers. D'un côté, notre gouvernement affirme qu'Israël a le droit de se défendre, mais d'un autre côté, il vote pour adopter une motion qui vise à l'empêcher de se défendre en interdisant les permis d'armes.
Notre gouvernement finance l'UNRWA, alors qu'il a été établi que l'agence a été complice des attaques du 7 octobre, et qu'elle enseigne aux enfants palestiniens à haïr les Juifs depuis des dizaines d'années. C'est ce qui a largement contribué au problème.
Nous étudions maintenant... Étant donné que notre ami Israël a été la cible d'attaques, que 1 200 Israéliens ont été brutalement abattus et que bien plus encore ont été brutalement retenus en captivité, le gouvernement libéral pense que c'est une bonne idée d'étudier la reconnaissance unilatérale d'un État palestinien.
Pensez-vous que les politiques de ce gouvernement en particulier exacerbent le problème d'antisémitisme qui existe dans les rues canadiennes?
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Ce qui me fait davantage peur, c'est qu'au lieu d'avoir une clarté morale unilatérale face à ce problème, nous cherchons la perfidie morale dans tous les segments de différents ordres de gouvernement. Je ne vais mentionner aucun ordre de gouvernement en particulier.
Nous savons ce qui se passe dans les rues de Montréal et dans les rues de Toronto. Nous savons ce qui se passe dans nos campus. Nous savons, en gros, que le chat est sorti du sac, et malheureusement, des gens sont en train de profiter de la situation.
Si vous écoutez l'une des chaînes américaines, vous savez que nous avons une organisation très intéressante à New York appelée Tunnels to Towers. C'est une organisation qui a été créée pour protéger les veuves et les familles des personnes qui ont péri dans les attentats du 11 septembre et les veuves et les familles des soldats qui sont morts en combattant pour les États-Unis dans des guerres, et ainsi de suite, contre la pauvreté abjecte.
Ce que nous faisons ici, en finançant l'UNRWA, ce n'est pas la même chose que fait Tunnels to Towers: c'est tout l'inverse. En gros, nous donnons de l'argent à l'UNRWA, et l'agence utilise cet argent pour financer, promouvoir et permettre le terrorisme. Cela ne doit plus continuer. C'est un manque total de clarté morale.
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Merci, monsieur le président, et merci, chers collègues.
Nous avons accueilli de multiples universitaires au sein du Comité la semaine dernière qui ont affirmé que, selon leurs perspectives, il ne peut y avoir un chemin vers une solution à deux États si nous ne reconnaissons pas l'existence de deux États. Aujourd'hui, j'ai entendu le même argument de la part de Mme Kowalski, et je vous ai entendu, monsieur Fogel et monsieur Topas, énoncer des conditions que le Canada devrait appliquer avant de reconnaître deux États.
Ma question s'adresse à vous, monsieur Fogel. Vous avez mentionné la démocratie, donc, devrions-nous cesser de reconnaître d'autres États s'ils ne sont pas assez démocratiques? Par exemple, l'Érythrée n'est-elle pas un État?
Je vais poser la même question à M. Topas également, qui a avancé que nous devons en premier lieu établir des structures pour assurer une gouvernance efficace avant de reconnaître l'État palestinien.
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Nous poursuivons notre étude d'une solution à deux États.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins. Nous sommes reconnaissants de leur présence avec nous aujourd'hui.
Nous recevons M. Michael Bueckert, vice-président de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen‑Orient.
Nous accueillons également M. Mohamad Abu Awad, coordonnateur de la Coalition of Canadian Palestinian Organizations.
Nous sommes également très reconnaissants d'avoir avec nous M. Corey Balsam, coordonnateur national de Voix juives indépendantes Canada.
Vous disposez chacun de cinq minutes pour vos remarques préliminaires, et à la suite de cela, les députés auront l'occasion de vous poser des questions.
Nous allons commencer par M. Bueckert. Je vous cède la parole.
Vous disposez de cinq minutes, mais si je vous fais signe, cela signifie que vous allez devoir résumer rapidement vos commentaires et conclure en 20 secondes.
Merci, monsieur Bueckert. Vous avez la parole.
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Merci au président et merci au Comité de l'invitation.
Votre étude porte principalement sur la question de la reconnaissance de l'État de la Palestine par le Canada. Nous croyons que le Canada devrait procéder à cela immédiatement. Bien que la reconnaissance du statut d'État palestinien ne mettrait pas automatiquement fin à l'occupation illicite de la Palestine par Israël, cette reconnaissance renforcerait la capacité des Palestiniens d'obtenir justice dans diverses tribunes internationales, incluant l'Assemblée générale des Nations unies ou la Cour pénale internationale.
Plus de 145 pays reconnaissent déjà la Palestine, y compris des pays européens comme l'Irlande, l'Espagne et la Norvège. Le Canada peut et devrait faire comme ces pays, et ce, sans plus attendre.
Cependant, je voudrais parler de manière plus générale de ce que le Canada peut faire pour faire progresser l'autodétermination palestinienne, surtout à la lumière de l'avis consultatif récemment émis par la Cour internationale de justice. Je veux mettre l'accent sur l'autodétermination et pas nécessairement sur une solution à deux États, car il serait irresponsable de ne pas faire mention de la croyance répandue et croissante selon laquelle Israël a délibérément éliminé toute possibilité de créer un État palestinien viable et indépendant.
Les actions d'Israël sur le terrain cherchent explicitement à empêcher la création d'un tel État et cherche à garantir la domination israélienne de façon permanente, alors que le parlement d'Israël a voté majoritairement contre l'idée d'un État palestinien, en principe et pour toujours. Dans ce contexte, nous devons demeurer ouverts à la possibilité qu'une solution à deux États peut être déjà peu envisageable et que l'autodétermination pourrait être mise de l'avant par d'autres moyens — par exemple, grâce à un seul État partagé et démocratique dans lequel tous les citoyens jouiraient d'une égalité totale.
Pour être parfaitement clair, cela n'est pas une question qui doit être tranchée par mon organisation ou par le gouvernement canadien. Il revient aux Palestiniens eux‑mêmes de le faire. Cela est clair: pour favoriser l'autodétermination palestinienne, que cela suppose au bout du compte un État ou deux, le Canada doit exercer des pressions significatives sur Israël pour que le pays cesse d'exercer un contrôle illégal sur la vie des Palestiniens et le territoire palestinien.
Dans son avis récent, la CIJ est arrivée à la conclusion que la présence d'Israël en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza est illégale et doit prendre fin le plus rapidement possible. La CIJ a clairement énoncé que le droit des Palestiniens à l'autodétermination est inaliénable et ne saurait être soumis aux conditions du pouvoir d'occupation. En d'autres mots, Israël n'a pas un droit de véto sur les libertés des Palestiniens. Le Canada ne peut plus continuer à permettre à Israël d'utiliser des négociations inexistantes comme justification pour refuser d'octroyer aux Palestiniens leurs droits fondamentaux en tant que peuple.
Certains membres du Comité ont déclaré à maintes reprises que le Canada soutient une solution à deux États, mais je ne crois pas réellement que cela est vrai, car la politique de longue date au Canada a contribué à la prise de contrôle israélienne illégale des territoires palestiniens et en a profité. De multiples manières, le Canada voit la vie en rose depuis la période des accords d'Oslo au milieu des années 1990, où régnait ce faux espoir que les pourparlers de paix donneraient lieu à une solution à deux États. Durant cette période, le Canada a mis fin à son embargo sur les armes contre Israël, qui avait été imposé sous le gouvernement Mulroney. Le Canada a également signé un accord de libre-échange avec Israël, qui a été étendu à tous les territoires sous contrôle israélien, y compris des colonies dans la Palestine occupée.
On croyait que ces gestes serviraient de dividende de la paix qui encouragerait le gouvernement israélien à compléter le processus. Par contre, au lieu de promouvoir la paix, cette approche ratée a encouragé Israël à persister dans ses visées annexionnistes. Israël a plutôt accéléré ses activités illégales et colonialistes, a plus que triplé le nombre de colonies et a tué des dizaines de milliers de Palestiniens par la suite.
Au cours des trois dernières décennies, les politiques pro-Israël du Canada ont donné le feu vert à Israël pour qu'il poursuive son contrôle permanent sur la Palestine et qu'il impose un système d'apartheid à des millions de personnes. Même à ce jour, le Canada s'accroche à cette approche anachronique, qui a lamentablement échoué à nous rapprocher d'un retrait des forces israéliennes, dont la présence même est illégale, de la Palestine. Cette attitude n'a fait que démontrer aux dirigeants israéliens qu'ils ne souffriront d'aucune conséquence pour avoir défié le droit international. Pas même les actes de génocide et de nettoyage ethnique perpétrés par Israël à Gaza ont été suffisants pour pousser le Canada à tenir les dirigeants israéliens responsables de leurs actes.
Pour briser ce cycle honteux d'impunité et pour respecter les obligations du Canada décrites par la CIJ, des pressions économiques réelles sont nécessaires, notamment des sanctions. Ces mesures devraient au moins inclure un embargo sur les armes complet et bidirectionnel en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales, la suspension de l'Accord de libre-échange Canada-Israël, une interdiction de commercer avec les colonies et l'imposition de sanctions aux dirigeants militaires et politiques israéliens.
Plus que jamais, il est impératif pour le Canada de faire usage de chaque outil dont il dispose pour sauvegarder les droits du peuple palestinien.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Par l'entremise du greffier, je remercie le Comité de m'avoir donné l'occasion de témoigner ici aujourd'hui.
Je m'appelle Mohamad Abu Awad. Je suis né au Canada et j'ai grandi en Palestine. Je suis le coordonnateur de la Coalition of Canadian Palestinian Organizations, qui regroupe 26 organisations d'un bout à l'autre du pays.
Je voudrais donner mon opinion sincère sur la nature de votre étude en guise de préambule.
Nous avons tous entendu parler de la solution à deux États. Le Canada a déclaré qu'il croit en la solution à deux États, mais en réalité un État a été unilatéralement reconnu sans qu'on ait à former un comité, sans qu'on ait à mener une étude et sans qu'on ait à faire quoi que ce soit.
Je vais poursuivre en disant que j'ai le sentiment que nous sommes réunis ici pour fournir de l'espoir dans ces temps obscurs auxquels nous faisons tous face. Le peuple palestinien a désespérément besoin d'espoir en ce moment, plus que jamais, car cet espoir s'estompe. La solution à deux États est mourante. Le peuple palestinien a été déçu à maintes reprises, encore et toujours, par la communauté internationale et malheureusement, par le Canada également.
Nous ne pouvons pas discuter honnêtement de la reconnaissance de la Palestine sans revenir 75 ou 76 ans en arrière pour parler de la Nakba. Les Nations unies ont dit:
La Nakba a eu de graves répercussions sur les Palestiniens, qui ont perdu leurs maisons, leurs territoires et leur mode de vie. Elle reste un événement profondément traumatisant dans leur mémoire collective et continue à avoir un impact sur leur lutte pour la justice et pour leur droit de retourner chez eux.
La question principale que nous cherchons à trancher aujourd'hui est la suivante: le Canada devrait‑il reconnaître la Palestine ou pas? Le Canada devrait‑il reconnaître la Palestine maintenant ou devrait‑il attendre à plus tard? Croyons-nous au droit international?
La CIJ, la Cour internationale de justice, dans sa décision du 19 juillet 2024, est arrivée à la conclusion selon laquelle l'occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza est illicite. Si nous croyons en cette cour de justice et que nous croyons au droit international, voici nos obligations et nos responsabilités. La Cour a déclaré:
La Cour considère que les violations, par Israël, de l'interdiction de l'acquisition de territoire par la force et du droit du peuple palestinien à l'autodétermination ont un impact direct sur la licéité de la présence continue d'Israël, dans le Territoire palestinien occupé. L'utilisation abusive persistante de sa position en tant que puissance occupante à laquelle Israël se livre en annexant le Territoire palestinien occupé et en imposant un contrôle permanent sur celui‑ci, ainsi qu'en privant de manière continue le peuple palestinien de son droit à l'autodétermination, viole des principes du droit international et rend illicite la présence d'Israël dans le Territoire palestinien occupé.
Que devons-nous faire? Cette présence en Cisjordanie est illicite. La Cour internationale de justice l'a déclarée illicite. Quelle est la responsabilité du Canada? Comment pouvez-vous corriger cette illégalité? Si quiconque siégeant au sein du Comité peut prétendre qu'il existe une autre façon de faire qui ne nécessite pas la reconnaissance de la Palestine, s'il vous plaît, dites‑le‑moi.
Quant à l'argument qui touche le processus de paix, malheureusement, la CIJ a discrédité le message que le Canada a fait valoir auprès de la CIJ, selon lequel les choses devraient se faire par l'entremise de négociations finales sur le processus de paix. En tant que chef de file mondial, le Canada est dans une position aujourd'hui où son message n'est pas entendu à la CIJ.
Notre position aujourd'hui est que nous traînons derrière 147 pays qui ont déjà reconnu la Palestine. Parmi les 20 pays du G20, neuf ont déjà reconnu la Palestine, et cinq alliés de l'OTAN ont fait de même. Nous sommes assis ici, à dire que nous devrions faire cela. La question qui se pose, c'est: quand allons-nous le faire?
Allons-nous attendre encore 75 ans de négociations pour le faire?
On me fait signe que mon temps est presque écoulé, j'aimerais donc remercier tout le monde. J'espère que cet exercice nous permettra de corriger le tir et de faire la bonne chose pour le peuple palestinien.
Merci beaucoup, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président et merci au Comité de me donner l'occasion de vous présenter notre point de vue, aujourd'hui.
[Français]
Voix juives indépendantes est une organisation nationale qui compte des membres et des sections locales partout au Canada et au Québec. Dans notre diversité, nous nous rassemblons en tant que Juifs et Juives pour la poursuite d'un avenir juste, pacifique et digne pour les peuples palestinien et israélien et contre toutes les formes de racisme, y compris l'antisémitisme et le racisme à l'égard des palestiniens.
[Traduction]
Alors que nous sommes réunis, aujourd'hui, nous devons souligner que le peuple palestinien, à Gaza, fait face à ce qui est communément reconnu comme un génocide. Il y a deux ou trois jours, les responsables de grandes agences de l'ONU ont dit que la situation dans le nord de Gaza est « apocalyptique », rien de moins. En tant que Juifs et Canadiens, nous vivons selon la règle post-holocauste « plus jamais ». Pour nous, « plus jamais » s'applique à tout le monde, sans exception.
Nous sommes également motivés par les valeurs juives, en particulier la poursuite obstinée de la justice. J'ai personnellement vécu parmi les Palestiniens, en Cisjordanie, pendant plusieurs années, et je peux témoigner des graves injustices qui y sévissent, et également de la gentillesse et de la bonté du peuple palestinien.
[Français]
Monsieur le président, nous ne pouvons pas permettre que le statu quo perdure, et je dis cela dans l'intérêt de tous les habitants de la Palestine et d'Israël.
[Traduction]
Depuis trop longtemps, les gouvernements canadiens successifs ont réitéré la position du Canada en matière de politique étrangère consistant à soutenir la solution à deux États, tout en négligeant de prendre quelque mesure concrète que ce soit pour réaliser l'objectif. Au contraire, le Canada est resté pleinement complice, en particulier des efforts déployés par Israël pour établir les « faits sur le terrain » sous forme de colonies illégales d'Israéliens juifs en Cisjordanie et à Gaza, et peut-être très bientôt encore, à Gaza, ce qui empêchera ultimement la création d'un État palestinien.
Le Canada a refusé de faire des distinctions dans ses échanges commerciaux avec Israël, permettant aux colonies illégales d'avoir un accès privilégié aux marchés canadiens, ce qui va directement à l'encontre de la position officielle du Canada et de la résolution 2334 du Conseil de sécurité. Le Canada a maintes fois voté contre les résolutions de l'ONU favorables aux droits humains fondamentaux des Palestiniens, et il continue de le faire.
Les Canadiens peuvent également bénéficier d'avantages fiscaux lorsqu'ils soutiennent des organismes de bienfaisance qui, souvent, servent d'intermédiaires à des organisations violentes de colons qui terrorisent les Palestiniens, leur volent leurs terres et même empêchent les camions d'aide humanitaire d'entrer à Gaza. Tout cela est réel.
Monsieur le président, le Canada doit rectifier le tir. Nous croyons que la reconnaissance de l'État palestinien par le Canada est une étape importante vers la réalisation des droits à l'autodétermination des Palestiniens, ce que le Canada reconnaît et ce que nous soutenons.
Bien sûr, nous ne pouvons pas nous arrêter là. La reconnaissance de l'État palestinien, à elle seule, sans mesures pour mettre fin à notre complicité et sans pressions sur Israël, aurait un effet négligeable. Si le Canada veut sérieusement soutenir un ordre international fondé sur les règles, il doit agir maintenant et appuyer la reconnaissance du statut d'État en prenant des mesures concrètes à cette fin.
Voici nos recommandations.
Premièrement, le Canada doit prendre des mesures immédiates pour mettre fin à sa complicité dans l'occupation et les colonies israéliennes, comme le demande la récente décision de la Cour internationale de justice. Pour ce faire, nous recommandons de faire pour commencer un audit des fonctions politiques canadiennes qui, de diverses manières, directement ou indirectement, entravent davantage, chaque jour, l'autodétermination des Palestiniens et l'État palestinien, sans oublier que le Canada est complice des crimes de guerre auxquels il dit s'opposer.
Deuxièmement, il faut imposer des sanctions aux responsables et aux institutions d'Israël, au plus haut niveau, en lien avec le génocide en cours et l'occupation militaire ainsi qu'avec le projet de colonisation en Cisjordanie. Le Canada a commencé à imposer des sanctions à quelques acteurs de bas niveau. C'est un pas dans la bonne direction, mais c'est largement insuffisant, compte tenu de l'urgence de la situation actuelle.
Pour finir, nous recommandons au Canada de ne plus utiliser la définition antipalestinienne de l'« antisémitisme » du guide de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste publié la semaine dernière, d'une part parce que c'est une perversion absolue du combat important contre l'antisémitisme et d'autre part parce qu'elle refroidit les efforts essentiels de sensibilisation aux droits humains des Palestiniens, à ce moment critique.
[Français]
Monsieur le président, le gouvernement canadien a un rôle important à jouer pour favoriser les conditions d'une autodétermination viable pour le peuple palestinien. Nous devons aux Israéliens et aux Palestiniens de contribuer à créer un avenir dans lequel tous les peuples de la région pourront vivre en paix et librement.
Merci beaucoup.
:
J'ai parlé, dans mon intervention, de notre responsabilité à l'égard du droit international. Aujourd'hui, plus nous attendons, plus les habitants de la région et plus nous-mêmes, en tant que Canadiens palestiniens, perdons espoir quant au droit international.
La première réponse à cette question est de savoir si le peuple palestinien a le droit d'être reconnu. Aujourd'hui, en tant que Palestinien, je crois que nous attendons depuis trop longtemps. Nous avons souffert pendant si longtemps. Nous avons payé le prix pour être reconnus.
Les Palestiniens sont parmi les gens les plus éduqués du Moyen‑Orient. Ils méritent d'être reconnus et de faire partie de la communauté internationale. En retardant notre reconnaissance, le Canada nous assoit, nous, le peuple palestinien, à la table de négociations, dans l'attente d'une négociation en tant que sous-élément de la négociation.
Si nous attendons l'État final ou l'établissement d'un gouvernement, comment pensez-vous que le peuple palestinien peut mettre en place sa gouvernance et ses institutions, alors que ses territoires sont occupés? Vous ne pouvez pas travailler à partir d'un village, tout comme vous ne pouvez pas aller de Kanata au centre-ville d'Ottawa.
J'ai grandi là‑bas. Je devais monter sur le dos d'un âne pour me rendre à l'hôpital, près de Jérusalem.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être des nôtres aujourd'hui et de nous éclairer encore une fois de leurs lumières par rapport à cette question importante, mais pas nécessairement évidente, sur laquelle nous nous penchons présentement.
Sans crainte de me tromper, je crois que tout le monde autour de cette table croit à la solution à deux États. C'est parce que je crois à la solution à deux États que je crois qu'il faut reconnaître l'État de la Palestine. Par le fait même, je reconnais à Israël le droit d'exister, et le droit d'exister de façon sécuritaire.
Tout à l'heure, M. Fogel a laissé entendre qu'une partie congrue de la communauté juive au Canada n'était pas d'accord sur cette idée qu'Israël a le droit d'exister, et de façon sécuritaire.
Monsieur Balsam, croyez-vous qu'Israël a le droit d'exister, et de façon sécuritaire?
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être ici.
En passant, je vais croire sur parole M. Green, qui dit que nous sommes à bout de souffle, mais revenons à nos moutons.
La paix durable est notre but à tous ici présents. C'est le but de la communauté internationale et des peuples israélien et palestinien. Depuis longtemps, le Canada et ses alliés soutiennent la solution à deux États qui a résulté des négociations entre les deux parties — et ce sera l'élément central de certaines de mes questions —, et cette solution est largement soutenue par les Israéliens comme par les Palestiniens. C'est la seule voie vers une paix durable.
Ce n'est pas un phénomène limité à Israël ou à la Palestine; c'est un phénomène dont nous avons fait l'expérience ici, dans notre propre pays. Les accords constitutionnels conclus par les dirigeants n'ont pas survécu — pensez à ceux du lac Meech et à celui de Charlottetown —, puisqu'ils n'ont pas réussi à obtenir l'approbation des Canadiens, les habitants de leur pays. Heureusement, ici, nous n'avons pas connu la mort et la destruction que les Israéliens et les Palestiniens ont connues.
Premièrement, j'aimerais me concentrer sur le mécanisme du soutien populaire. Que vous soyez en accord ou en désaccord avec les décisions du gouvernement israélien, une élection est prévue en 2026, et ce mécanisme permettra au peuple israélien d'exprimer sa volonté par l'entremise d'un processus autodéterminé. J'ai entendu, dans les témoignages d'aujourd'hui, l'importance de l'autonomie.
Du point de vue du peuple palestinien, qui est le porte-parole de la Palestine? Quel est le processus permettant d'établir une paix durable? Des enquêtes montrent que 40 % des Palestiniens sont en faveur de la solution à deux États. Selon vous, ou selon votre organisation, quel mécanisme permettrait de faire entendre la voix du peuple palestinien afin d'amener la paix?
Je crois que nous allons commencer par M. Bueckert.
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Merci aux témoins de comparaître devant nous dans le cadre de cette étude très importante, et merci à tous les membres de partager le but commun d'assurer la paix et la sécurité pour tous dans la région, peu importe la foi, l'origine ethnique ou la position géographique.
J'aimerais vous demander quel serait l'espoir suscité dans une société palestinienne, pour les Palestiniens, si et quand le Canada reconnaît qu'il existe un État palestinien et reconnaît l'État palestinien.
Je crois, monsieur Balsam et monsieur Awad, que vous avez tous deux des liens profonds, de manières différentes, avec des Palestiniens qui vivent dans la région. J'aimerais entendre ce que vous avez tous deux à dire.
Monsieur Balsam, j'ai cru comprendre que vous avez travaillé pour Oxfam et que vous avez été en poste à Ramallah pendant quatre ans. Pourriez-vous nous parler de l'espoir que cela ferait naître?
Monsieur Awad, la question est également pour vous.
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Merci, monsieur Zuberi.
Je crois que nous devons faire attention de ne pas créer de faux espoirs. Je crois que la reconnaissance est un morceau important du casse-tête, mais elle doit avoir un peu de mordant. Je crois que le Canada peut jouer un rôle de chef de file ici, à l'échelle mondiale.
Nous avons donné aux Palestiniens de faux espoirs de nombreuses fois. Pour ce qui est du soutien populaire, il y avait un soutien massif pour la solution à deux États à l'époque des accords d'Oslo, il y a 20 ans, mais ce soutien s'est refroidi alors que le territoire se désagrège.
La reconnaissance est importante, mais, je le répète, elle doit avoir un peu de mordant.
:
Je suis désolé. J'attendais que les interprètes terminent.
Oui, il y a un nombre de critères en vertu de la Convention de Montevideo de 1933, pour ce qui est de la reconnaissance d'un État. Il n'est pas nécessaire de tous les respecter. Certains autres critères — être peuplé en permanence, être doté d'un gouvernement, être apte à entrer en relation avec les autres États — sont déjà respectés, et il n'est pas nécessaire de respecter toutes les conditions pour que le statut d'État soit reconnu.
La question de l'absence de définition de territoire est quelque peu réglée si nous regardons encore une fois la décision de la Cour internationale de justice, qui indique clairement que Jérusalem-Est, Gaza et la Cisjordanie n'appartiennent pas à Israël. Cela serait probablement le fondement de la reconnaissance, et l'on pourrait ensuite négocier les frontières définitives, plus tard, entre deux parties égales, plutôt qu'entre une puissance occupante et une population occupée.
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Vous savez, je prends l'accusation d'être dans la frange un peu comme un compliment, car les Juifs en fait sont tenus de porter des tzitzits, qui sont littéralement des franges, qui leur rappellent les commandements de Dieu.
Je ne veux pas dire que nous sommes une frange, car Voix juives indépendantes et d'autres organismes comme le nôtre connaissent, en fait, une croissance très importante. Depuis le 7 octobre, le nombre de nos membres a pratiquement doublé, et nous comptons maintenant environ 25 sections dans tout le pays, jusqu'au Cap‑Breton. En fait, nous sommes présents d'un bout à l'autre du pays.
Je crois que c'est d'une manière de délégitimer les voix qui, dans la communauté juive, soutiennent les Palestiniens. Il y a beaucoup d'alarmisme au sein de la communauté — et j'ai grandi avec — et c'est dans le but de maintenir la communauté unie derrière Israël. Il y a beaucoup de financement de différents organismes de bienfaisance ou d'autres choses du genre. Il y a une sorte de récompense pour cela.
Cependant, encore une fois, oui, l'argument de la diversité est très important à souligner.
:
Merci, monsieur le président. Encore une fois, merci à tous les témoins.
Dans le même ordre d'idées, j'aimerais juste apporter un peu plus de clarté. La question présentée au Comité et au Canada n'est pas de savoir s'il faut reconnaître la Palestine en tant qu'État. Je crois que cette question bénéficie d'un large soutien, ici. La question plus générale est de savoir quand reconnaître la Palestine en tant qu'État pour que cela conduise à la paix et que la paix bénéficie d'un soutien populaire. C'est à cette question que je veux revenir.
Je le demande d'abord à M. Awad, puis à vous.
Je ne pense pas que quiconque demande une position unanime du peuple palestinien sur ces enjeux. Ma question porte plutôt sur le système à mettre en place pour parvenir à une paix durable et permettre à la voix du peuple palestinien d'être reflétée et représentée. Pour l'instant, ce n'est pas ce que je vois.
C'est pour cela que le résultat des négociations et l'autodétermination doivent venir du peuple palestinien, mais comment y parvenir? L'Iran fait‑il partie du problème?
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Merci de poser la question.
Je crois que, comme nous l'avons dit ici, nous sommes tous à la recherche d'une solution à deux États et d'une paix durable. Le principal problème, ici, c'est que l'occupation se poursuit. Si le peuple palestinien vit sous occupation et que les gens ne peuvent pas aller de chez eux au travail librement, comment pensez-vous peuvent-ils construire une gouvernance, construire un système politique... C'est pourtant bien ce qu'a fait le peuple palestinien et, nous avons établi des institutions. Je vais vous donner les chiffres.
Avant 1992 et les accords d'Oslo, de 1967 à 1992, quand les Palestiniens de Cisjordanie étaient sous occupation, le nombre de lits d'hôpitaux n'a pas augmenté sous le régime militaire d'Israël. De 1992 à aujourd'hui, en 30 ans, le nombre de lits d'hôpitaux a quadruplé. Il en va de même pour les chaises dans les écoles.
Lorsque les Palestiniens se sont fait donner cette sorte d'autonomie, ils ont construit une économie; des ministères; des institutions. Il y a le Conseil national palestinien, qui existe depuis maintenant 60 ans. Il y a le Conseil législatif palestinien. Le peuple palestinien a construit et édifié des fondations sur lesquelles établir un État palestinien, toutefois, avec l'occupation, le nombre de colonies a triplé depuis 1996.
Même depuis juillet dernier, Israël a, selon l'Associated Press, saisi la plus grande superficie de terres dans la vallée du Jourdain; cinq milles carrés. L'État d'Israël a délivré des permis de construction pour 5 295 unités d'habitation. Quand le Canada et la communauté internationale reconnaîtront la Palestine, le gouvernement israélien saura qu'il s'agit bel et bien de la Palestine et que la colonisation doit cesser.
Encore une fois, je ne crois pas que c'est la seule chose que le Canada puisse faire pour montrer qu'il assume un rôle de chef de file.
Vous savez, la réputation du Canada est affectée par cela. Le Canada a vu deux fois sa candidature au Conseil de sécurité des Nations unies rejetée, en partie parce qu'il a décidé de se ranger du côté des États‑Unis et d'Israël sur ces questions, contre le reste de la communauté internationale. Il y a de fortes chances que cela continue ainsi.
Les pays qui y ont gagné un siège — l'Irlande et la Norvège — montrent la voie. Ils reconnaissent la Palestine. L'Irlande s'apprêterait à interdire le commerce avec les colonies. Ils ouvrent véritablement la voie et montrent que...
Ce ne sont pas de grands et puissants pays, mais ils se font un nom et gagnent beaucoup de respect parce qu'ils joignent le geste à la parole. Le Canada pourrait être l'un de ces pays. Il n'est pas obligé d'être le subalterne des États‑Unis ou de faire tout ce que veut Israël. Il peut tracer sa propre voie.
Israël n'a aucune raison de proposer la paix dans son propre intérêt, à l'heure actuelle, sans pression. Il n'y a pas de véritable pression, et je crois que les conséquences de cette impunité sont manifestes, présentement, dans la région.
Pendant très longtemps, Israël avait pour politique de négocier tout en s'assurant, par la construction de colonies, qu'un État palestinien ne serait pas chose possible. Cela a été dit ouvertement à la Knesset par des politiques israéliens. Ils ont reconnu qu'il était acceptable de laisser Tzipi Livni ou une autre personne s'asseoir à la table de négociation, mais que, si le gouvernement acceptait la création d'un État palestinien, ils feraient tomber le gouvernement. Voilà qu'elle a été l'approche.
Israël doit véritablement ressentir de la pression pour faire bouger les choses.
:
Je remercie M. Bergeron et tous mes collègues de me donner cette occasion.
[Traduction]
Ma question concerne certaines remarques que nous avons entendues.
Un certain nombre d'universitaires et les trois intervenants présents ont déclaré que le bon moment pour reconnaître l'existence des deux États est maintenant. Une solution à deux États n'existe pas si l'on ne reconnaît pas qu'il y a deux États.
Dans le groupe de témoins précédent, certains ont avancé l'idée qu'il devrait y avoir des conditions. C'est ce que la ministre des Affaires étrangères a déclaré elle aussi, récemment. J'ai posé la question aux témoins qui avaient avancé cette idée. Je crois que votre point de vue nous serait très utile.
Monsieur Awad, vous pourriez peut-être commencer? Si j'ai le temps, monsieur Balsam pourrait répondre ensuite.
Que répondez-vous à ceux qui disent qu'il devrait y avoir des conditions pour que la Palestine soit reconnue en tant qu'État?