:
Chers collègues, la huitième réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international est maintenant ouverte.
Avant d'entendre les représentants d'Affaires mondiales Canada, j'aimerais commencer par reconnaître que le sujet de la réunion d'aujourd'hui, l'attaque militaire de la Russie contre l'Ukraine, est une situation déchirante et extrêmement pénible, y compris pour les victimes de cette invasion et pour tous les gens au Canada qui ont des liens étroits avec le peuple ukrainien.
Je sais que tous les membres du Comité, quelle que soit leur affiliation politique, sont préoccupés par la situation en Ukraine et par les enjeux qui y sont liés, et comprennent le débat d'urgence de ce matin au sein de l'Assemblée générale des Nations unies.
Nous tenons à exprimer notre solidarité envers l'Ukraine, un pays pacifique, démocratique et souverain, qui est aussi un proche partenaire du Canada. Chaque jour, nous voyons de nouvelles images effrayantes, mais nous entendons aussi des histoires incroyables sur la résilience et la bravoure des Ukrainiens et des Ukrainiennes. La Russie a attaqué l'Ukraine de manière éhontée, sans justification ni provocation.
[Traduction]
Nous unissons nos voix pour condamner cette invasion, qui constitue une violation du droit international et une contestation directe de l’ordre fondé sur des règles, deux éléments essentiels pour assurer la paix et la prospérité dans le monde.
À ce sujet, chers collègues, j'aimerais remercier les vice-présidents et le député néo-démocrate du Comité de leur travail de rédaction d'un communiqué de presse que le Comité a publié la semaine dernière affirmant notre position unie contre l'agression russe.
Comme d'habitude, pour assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais énoncer quelques règles à suivre.
Vous avez accès à l'interprétation par le biais de l'icône du globe terrestre au bas de votre écran. Pour les députés qui participent en personne, je vous rappelle les directives émises par le Bureau de la régie interne au sujet de l'utilisation des masques et des protocoles sanitaires à suivre. Veuillez noter qu'il n'est pas permis de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de votre écran.
[Français]
Avant de prendre la parole, s'il vous plaît, attendez que je vous nomme et, lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, mettez votre microphone en mode sourdine.
[Traduction]
Je vous rappelle que toutes les observations des députés, des fonctionnaires et des témoins aujourd'hui doivent se faire par l'intermédiaire de la présidence.
Avant de commencer, chers collègues, je crois comprendre que les membres du Comité aimeraient discuter d'une motion à la fin de la réunion. Je vous le signale pour savoir si nous pouvons réserver 10 à 15 minutes vers la fin de la réunion.
[Français]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
[Traduction]
Nous sommes ravis d'accueillir, du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, l'honorable Bob Rae, ambassadeur et représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies à New York. Nous accueillons également, Mme Heidi Hulan, sous-ministre adjointe et directrice politique, Sécurité internationale et affaires politiques; Mme Sandra McCardell, sous-ministre adjointe, Europe, Arctique, Moyen-Orient et Maghreb; et Mme Julie Sunday, sous-ministre adjointe par intérim, Services consulaires, sécurité et gestion des urgences.
[Français]
Du ministère de la Défense nationale, nous recevons le major général Paul Prévost, directeur de l'état-major interarmées stratégique.
Enfin, nous recevons M. Jean‑Marc Gionet, directeur général par intérim, Orientation du programme d'immigration, au ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
[Traduction]
Nous allons commencer par les déclarations liminaires de l'ambassadeur Rae pendant cinq minutes, puis nous passerons au major-général Prévost.
Chers collègues, vous en avez déjà l'habitude. Je vous ferai signe avec ce carton jaune lorsqu'il ne vous restera que 30 secondes de temps de parole. C'est une façon plutôt simple, mais efficace de chronométrer, alors je fais appel à votre compréhension.
Monsieur l'ambassadeur, j'ai le plaisir de vous donner la parole pendant cinq minutes pour votre déclaration liminaire. Je vous en prie, monsieur.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous nous réunissons à un moment très difficile et solennel. Je veux insister sur le fait que je suis à votre disposition pour répondre à vos questions. Par contre, il se pourrait que j'aie un contretemps vers la fin de la réunion, car cela pourrait coïncider avec la plage de temps de parole qui nous est accordée à l'Assemblée générale. Si cela devait se produire, je devrai partir. Cependant, je suis habilement secondé par mes collègues du ministère, ainsi que par le major-général Prévost et M. Gionet. Je me réjouis de l'occasion de vous parler.
Nous vivons un moment extrêmement grave. L'invasion non provoquée et injustifiée de l'Ukraine constitue l'acte d'agression le plus grave que nous ayons vu en Europe depuis 1945.
[Français]
La situation, comme vous le savez tous très bien, est très grave.
D'abord, la situation humanitaire continue de s'aggraver. Plus de 368 000 personnes ont quitté le pays comme réfugiés, et un plus grand nombre de personnes se sont déplacées à l'intérieur de l'Ukraine. Nous voyons, à toute heure et à tout moment, à quel point il s'agit d'une tragédie.
[Traduction]
Dans mes observations, je soulignerai brièvement la question des sanctions et celle du soutien que nous apportons au peuple et au gouvernement de l'Ukraine. Je me pencherai également sur notre intervention consulaire. Je vais évidemment respecter le temps imparti, alors vous comprendrez que mes observations seront quelque peu abrégées.
Pour ce qui est des sanctions, j'aimerais d'abord souligner que beaucoup pensaient que les pays occidentaux n’arriveraient pas à agir de façon concertée pour faire face à l’invasion. Cela s'est révélé complètement faux. Nous assistons aujourd’hui à un niveau de coopération sans précédent et à une expression de solidarité plus forte que lors de très nombreuses autres crises. Les sanctions qui ont été imposées à la Russie — à ses institutions financières, à des personnes ciblées, à un grand nombre de personnes qui sont considérées comme responsables de ce qui s’est passé, y compris le président Poutine, son conseil des ministres et son ministre des affaires étrangères — sont sans précédent. Elles ont déjà assené un dur coup à l'économie russe et, malheureusement, au peuple russe, parce que c'est le seul choix que nous avons.
J'insiste aussi pour dire que l'aide que nous apportons à l'Ukraine n'est pas seulement de nature humanitaire. L'aide financière que nous avons pu fournir au gouvernement en matière de défense, dont le général Prévost parlera, indique clairement notre soutien.
Permettez-moi de souligner que le soutien, l'amitié et le partenariat du Canada avec l'Ukraine remontent à des décennies. Nous avons fourni du soutien pendant les années d'oppression à l'époque de l'URSS; du soutien à l'époque du premier ministre Mulroney après la déclaration d'indépendance de l'Ukraine; et du soutien pendant de nombreuses années sous forme d’échanges, de commerce, de services consulaires et, en particulier depuis sept ans, de services militaires. Le Canada s’occupe de la formation de plus de 30 000 membres des forces armées de l'Ukraine.
Enfin, en ce qui concerne l'intervention consulaire, dont Mme Julie Sunday pourra vous parler plus en détail, je souhaite simplement souligner que nous avons vraiment tenté de nous mobiliser le plus rapidement possible en réaction à la gravité de la situation.
[Français]
Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il y a encore beaucoup de travail à faire.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Merci beaucoup. C'est un plaisir et un honneur de participer à cette discussion.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui. Pour moi aussi, c'est un plaisir et un honneur de participer à la rencontre d'aujourd'hui.
[Traduction]
Ces derniers jours, nous avons assisté à une invasion dévastatrice. Elle a été dévastatrice pour le peuple ukrainien et pour ses forces armées. Le monde entier a du mal à regarder ce qui se passe. C'est difficile pour les Canadiens et difficile pour les hommes et les femmes des forces armées. Depuis 2015, dans le cadre de l'opération Unifier, nos membres ont travaillé côte à côte avec les Ukrainiens et ont formé des milliers de leurs homologues ukrainiens pour qu'ils puissent se défendre en cas d'une situation semblable à celle‑là.
Au cours des derniers mois et des dernières semaines, nous avons observé de près M. Poutine qui se préparait à cette effroyable invasion, et c'est la raison pour laquelle nous sommes prêts. Toutes nos troupes ont maintenant été déplacées de l'Ukraine à la Pologne. Nous continuerons à évaluer les moyens de soutenir les forces de sécurité ukrainiennes à l'aide de formations lorsque les conditions le permettront. Nous avons envoyé de l'aide militaire létale et non létale, et nous continuerons à le faire dans les jours et semaines à venir.
À ce jour, nous avons envoyé près de 8 millions de dollars d'équipement militaire et d'articles de soutien. Il ont été livrés intégralement. Nous avons également autorisé une somme additionnelle de 25 millions de dollars sous forme d'aide non létale, comme nous l'ont demandé nos homologues ukrainiens.
Hier, nous avons annoncé que nous allions envoyer deux avions de transport militaire en Europe pour aider nos alliés de l'OTAN à transporter du personnel et de l'équipement en Europe et à fournir de l'aide militaire près de la frontière ukrainienne.
Nous devons maintenant porter notre attention sur les moyens de dissuasion à utiliser en Europe et en Amérique du Nord. Dans le cadre de l'opération Reassurance, l'opération que nous menons en Europe, nous renforcerons notre flanc oriental de l'OTAN en envoyant des troupes supplémentaires en Lettonie, une frégate supplémentaire et un avion de patrouille militaire, dont l'arrivée en Europe a eu lieu récemment. De plus, des troupes supplémentaires de toutes nos armées — marine, armée de terre et armée de l'air — sont dans un état de haut niveau de préparation, ce qui nous permettra de les déployer en Europe si l'OTAN a besoin de capacités supplémentaires.
Nous n'en sommes qu'aux cinq premiers jours de la crise et la situation évolue rapidement. J'espère que notre témoignage d'aujourd'hui vous aidera, vous et nos concitoyens, à comprendre un peu mieux ce que nous faisons en ces temps difficiles.
Merci.
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Je vous remercie de la réponse.
J'ai une autre question qui est en quelque sorte liée à cela. Depuis un certain temps maintenant, l'administration américaine collabore avec des pays scandinaves — j'utilise ce terme de façon très large —, comme la Norvège, la Suède, la Finlande et l'Islande, dans le dossier de la sécurité dans l'Arctique. Vous n'êtes pas sans savoir que, comme l'Ukraine, le Canada a une frontière commune avec la Russie, et l'administration américaine collabore avec ces pays concernant la sécurité dans l'Arctique. Par exemple, les Américains ont préparé des avions à partir de bases aériennes de ces pays. Ils coordonnent également des missions de formation avec ces pays. Par exemple, des bombardiers B‑1 américains se sont entraînés avec des avions de chasse militaires suédois et norvégiens.
Je me demande si vous avez discuté avec des représentants de ces nations de la possibilité que le Canada se joigne à ces discussions, compte tenu de l'importance de la sécurité et la souveraineté du Canada dans l'Arctique.
Concernant la défense de la souveraineté et de la sécurité du Canada dans l'Arctique, j'espère que nous n'adoptons pas la position selon laquelle les États-Unis représentent nos intérêts par rapport aux pays scandinaves. Je pense qu'il est important que nous défendions notre propre souveraineté et notre sécurité dans l'Arctique. À mon avis, il vaudrait la peine d'envisager que nous traitions directement avec les pays scandinaves, de concert avec les Américains, de la sécurité et de la souveraineté dans l'Arctique.
J'ai une dernière question qui s'adresse à M. Rae. Elle porte sur la politique du gouvernement canadien concernant les armes létales.
Jusqu'au 14 février dernier, le gouvernement disait qu'il n'était pas favorable à l'idée de fournir des armes létales, et le a indiqué que c'était parce que la solution était diplomatique et non militaire. Puis, le 14 février, le premier ministre a annoncé un changement de cap et a dit que le gouvernement fournirait pour 7,8 millions de dollars d'armes létales à l'Ukraine. Au cours des derniers jours, le gouvernement a annoncé qu'il fournit de l'équipement militaire non létal à l'Ukraine.
L'annonce du 14 février était-elle un changement de politique ponctuel, ou le gouvernement est‑il maintenant prêt à envoyer d'autres armes létales à l'Ukraine?
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Monsieur le président, j'ai discuté de la question directement avec la au cours de la fin de semaine. Je discute souvent avec elle, comme je le fais avec la et d'autres ministres.
Le gouvernement examine cette question tous les jours. Comme l'a dit le major-général, nous aidons directement nos amis de l'OTAN — avec l'envoi des deux grands avions de transport au cours des 48 dernières heures — à fournir le plus d'aide possible par l'intermédiaire de l'OTAN, et la ministre communique quotidiennement avec le ministre ukrainien de la Défense nationale.
Je pense donc qu'on peut dire que la situation est suivie de très près. D'autres pays — l'Allemagne et les Pays-Bas, par exemple — ont fait des annonces concernant des changements à leur politique et leur détermination à fournir des armes à l'Ukraine. Franchement, cela fait suite à une grande partie de ce que nous avons fait.
Je pense qu'il est juste de dire que, sur une longue période, comme l'a dit le major-général, nous nous sommes principalement concentrés sur la formation, qui a été remarquablement efficace pour renforcer la capacité de l'armée ukrainienne.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Au nom de tous les membres du Comité et en celui du gouvernement, j'aimerais de nouveau remercier le major‑général.
[Traduction]
J'aimerais également vous souhaiter la bienvenue et vous remercier, monsieur Rae. Nous suivons tous vos interventions à l'Assemblée générale, et je tiens à vous remercier de représenter aussi bien le Canada aux Nations unies.
En effet, le Canada a joué un rôle de premier plan dans le soutien à l'Ukraine, comme vous l'avez mentionné plus tôt, et au cours des dernières semaines, ce rôle s'est renforcé. Non seulement le Canada a été parmi les premiers pays à fournir de l'aide et de l'assistance humanitaires — en plus de nos opérations Unifier et Reassurance, qui se déroulaient déjà sur le terrain depuis un certain nombre d'années —, mais il a également fourni des armes létales et non létales à l'Ukraine, à sa demande, et il a pris l'initiative de demander que la Russie soit entièrement exclue du système bancaire SWIFT.
Cela dit, je me demande quelles sanctions spécifiques le Canada et la communauté internationale pourraient imposer que nous n'avons pas encore imposées.
:
Je ne vais pas émettre des hypothèses là‑dessus, mais je dirai seulement que tout ce que nous faisons, nous le faisons de concert avec d'autres pays.
Évidemment, certaines institutions et certaines personnes n'ont pas encore été désignées, mais je ne vais pas spéculer publiquement sur leur identité. Je pense qu'on voit une très nette détermination — sans précédent dans l'histoire moderne — de la part des pays du G7 et d'autres pays pour prendre des mesures afin que les sanctions soient efficaces.
Au cours des dernières 24 heures, la Suisse a annoncé qu'elle imposait des sanctions financières à la Russie, ce qui, comme vous pouvez le comprendre, est une mesure sans précédent pour le gouvernement suisse.
Je pense que cela témoigne des énormes efforts concertés qui ont été déployés pour nous amener là où nous sommes aujourd'hui.
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Je pense que l'isolement de la Russie est en train de se produire. Au cours des deux prochains jours, des votes seront tenus à l'Assemblée générale au sujet desquels la Russie n'a pas droit de veto. Des discussions auront lieu au Conseil des droits de l'homme, à Genève, où se trouve la présentement, qui, je pense, témoigneront également d'un isolement très important. À notre avis, une enquête complète sur les droits de la personne devrait être menée sur ce qui s'est passé.
Expulser la Russie du Conseil de sécurité, de l'ONU, est... Je pense que le mot juste est « difficile », simplement en raison de la Charte. La Russie a un droit de veto dans le cours normal des choses, et l'expulsion d'un membre nécessite l'appui du Conseil de sécurité, ce qui veut dire que la Russie pourrait, encore une fois, y opposer son veto. Il faudrait que deux tiers des membres expriment leurs points de vue à l'Assemblée générale. Là encore, nous verrons, lorsque nous commencerons à faire des pressions et à discuter avec les 193 membres de l'ONU, comment ils se sentent par rapport à ces questions. Cela pourrait s'avérer difficile.
Je serai très clair: le Canada n'est pas du tout en faveur du recours au droit de veto, et nous avons travaillé dur pour exprimer ce point de vue, avec un certain nombre d'autres pays aux vues similaires.
L'ONU est un instrument très imparfait dans les meilleures circonstances, en partie à cause des structures qui ont été créées en 1945. En raison de la manière dont les efforts du Conseil de sécurité ont été systématiquement entravés par le recours abusif au droit de veto, c'est une chose à laquelle nous devons évidemment travailler en permanence. Compte tenu des cinq pays supposément responsables de la victoire en 1945... Je dis « supposément », car certains d'entre nous ont participé. C'est pourquoi le Canada n'était pas favorable au droit de veto à l'époque et ne l'est toujours pas aujourd'hui. Il nous a été essentiellement imposé par les cinq grands, et nous vivons toujours avec cette structure.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, mesdames et messieurs, d'être des nôtres aujourd'hui. C'est important que nous ayons l'occasion de discuter avec vous, entre autres pour signifier notre appui indéfectible au peuple ukrainien. Vous êtes tous et toutes grandement occupés ces jours-ci; nous vous sommes donc d'autant plus reconnaissants d'avoir pris le temps d'être avec nous ce matin pour nous parler de la situation qui a cours présentement.
Je salue particulièrement Son Excellence l'ambassadeur du Canada à l'ONU. Considérant le fait que se tient ce matin une session extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU, nous sommes encore plus reconnaissants de sa présence parmi nous.
Monsieur l'ambassadeur, vous avez évoqué, il y a quelques instants, l'envoi d'un avion de transport comme partie prenante de notre contribution. Or, que je sache, il s'agit d'un avion de surveillance maritime.
Cet avion pourrait-il servir également à des fins de transport visant à soutenir les Ukrainiens, ou ne s'agit-il effectivement que d'un avion de surveillance maritime?
:
Merci, monsieur l'ambassadeur.
Comme le l'a annoncé il y a quelques semaines, un avion de patrouille maritime a été envoyé pour renforcer la sécurité en Europe. Cela faisait partie de l'annonce au sujet de notre frégate additionnelle ainsi que des troupes additionnelles que nous envoyions en Lettonie.
Hier, on a annoncé l'envoi de deux avions de transport additionnels, des CC‑130H Hercules, qui vont permettre à l'OTAN de transporter du matériel et du personnel de l'OTAN partout en Europe, pour bien repositionner nos forces. De plus, ces avions seront à la disposition de tous nos alliés s'ils doivent envoyer de l'aide militaire à la frontière de l'Ukraine. Nous allons nous servir de ces appareils pour transporter cette aide militaire.
J'espère que cela répond à votre question.
:
Tout à fait. Je vous remercie infiniment de cette précision importante, major-général Prévost.
À moins que j'aie mal saisi, j'ai le sentiment que la réponse à l'importante question de ma collègue Mme Bendayan, quant aux possibles sanctions additionnelles qui pourraient être décrétées par les alliés occidentaux et par le Canada, a été soigneusement évitée.
Est-il possible de nous éclairer quant aux gestes supplémentaires qui pourraient être posés pour faire davantage pression sur la Russie, bien sûr, mais également sur la Biélorussie? Comme le soulignait l'ambassadeur, des enfants, des femmes, des vieillards et des civils continuent d'être tués pendant que les négociations ont cours.
Cela m'amène à poser une question corollaire. Que faudra-t-il de plus, dans l'intervention russe, pour que nous allions plus loin sur le plan des sanctions?
:
J'espère que je n'ai pas évité vos questions; ce n'est jamais mon intention. J'ai beaucoup d'expérience à la Chambre des communes et je n'ai jamais aimé que certains ne répondent pas tout à fait aux questions — je ne veux pas faire partie de ce groupe.
Comme je le disais lorsque j'ai répondu à la question de Mme Bendayan, il y a des banques, des institutions et des personnes qui n'ont pas encore été nommées.
Pour ce qui est de l'efficacité des sanctions, cela dépendra en grande partie d'un consensus. Quand on demande s'il est possible qu'il y ait d'autres sanctions, je réponds que c'est bien possible. C'est aussi ce qu'ont dit beaucoup d'autres personnes.
Cependant, je ne peux pas répondre précisément à la question, car on n'en est pas encore venu au consensus nécessaire pour aller plus loin. Or je crois que cela viendra.
Lorsqu'on entend les nouvelles en provenance de la Russie et de la Biélorussie, on voit que cela a assurément des conséquences économiques et financières sur la situation en Russie.
Est-ce qu'il y aura des répercussions demain? Oui, il y en aura. Est-ce que cela sera suffisant? Nous ne le savons pas encore, mais nous allons poursuivre nos efforts, j'en suis certain.
Dans votre réponse à ma prochaine question, pourriez-vous préciser ce qui devra se produire sur le terrain pour que l'on décide d'aller plus loin en matière de sanctions et que l'on consolide le consensus nécessaire?
J'aimerais revenir sur la question qui a été posée par M. Chong il y a quelques instants.
Avant même le début de l'invasion, on avait des réserves à l'idée de fournir des armes létales à l'Ukraine, car on voulait éviter de donner à la Russie un prétexte pour attaquer l'Ukraine.
Or cette attaque s'est produite. Qu'est-ce qui explique qu'on maintienne nos réserves à l'idée de fournir des armes létales à l'Ukraine?
:
En ce qui concerne la première question, monsieur le président, je dirais qu'en janvier, la Russie s'est jointe aux quatre autres puissances nucléaires — les États-Unis, la Chine, la France et le Royaume-Uni — pour indiquer qu'une guerre nucléaire ne pourrait jamais être gagnée et que rien ne justifiait l'utilisation d'armes nucléaires. Cette déclaration a été faite à la veille d'une conférence de l'ONU qui n'a pas eu lieu à cause de la COVID, mais c'était tout de même une déclaration très importante.
Cela s'est passé en janvier 2022. Nous ne parlons pas d'il y a cinq ans, mais bien d'il y a six ou sept semaines, alors quand le président Poutine fait l'annonce qu'il a faite hier, que devons-nous en penser?
Je pense que c'est profondément irrationnel. Je pense que dans une période marquée par une plus grande rationalité, c'est ce que la Russie a dit, et maintenant, la Russie dit quelque chose de complètement différent. C'est un revirement complet par rapport à ce qu'elle a dit auparavant.
De plus, il est important que nous ne soyons pas effrayés par cette tactique, toutefois, car je pense que c'est une tactique. J'ai vu les grands titres dans de nombreux journaux. Ce matin, il y avait un énorme titre dans le Washington Post indiquant que la Russie menace de recourir à la force nucléaire... etc. Or je pense qu'il est très important de ne pas céder à ce que l'on cherche à faire. On cherche à nous faire reculer. Ce que j'ai constaté, dans toutes les conversations que j'ai eues avec les membres du Cabinet ou avec mes collègues, ici, aux Nations unies, c'est que personne ne se laisse décourager par cela. Il est important que nous restions résolus, forts et déterminés.
En ce qui concerne votre deuxième question, il convient de préciser que le Canada est membre d'une alliance militaire appelée OTAN. L'OTAN demeure une alliance dont certains pays membres possèdent des armes nucléaires. Le gouvernement a adopté la position selon laquelle cette situation limite quelque peu ce que nous pouvons dire.
Cependant, je pense que depuis 1945, la position du Canada sur les armes nucléaires est très claire, et l'aspect le plus important, sur lequel je voudrais insister parce qu'on ne le fait pas souvent, c'est que le Canada a décidé unilatéralement, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, de ne pas devenir une puissance nucléaire. Maintenant, vous pourriez vous demander quelle aurait été la probabilité que cela se produise de toute façon. En fait, cela aurait été tout à fait possible. Il aurait pu le devenir. Nous avions les moyens, la technologie et les connaissances scientifiques. De nombreux scientifiques nucléaires ont été formés à Chalk River. Nous étions en mesure de le faire, et nous avons décidé unilatéralement que nous ne le ferions pas.
Certains autres pays — comme l'Afrique du Sud — ont pris une décision similaire. Je suis heureux que nous ayons pris cette décision, et je pense qu'il doit être clair que nous n'avons pas l'intention de nous engager dans ce genre d'activité.
:
Je vous remercie, monsieur Rae.
J'aimerais maintenant aborder la question de l'aide humanitaire.
Nous sommes heureux de voir le financement de 10 millions de dollars en contrepartie des fonds recueillis par la Croix-Rouge, mais je pense qu'il est juste de dire que c'est une goutte d'eau dans l'océan par rapport aux besoins. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a déclaré ce matin que plus de 500 000 personnes ont fui l'Ukraine et qu'un grand nombre d'autres sont déplacées à l'intérieur du pays. Pouvez-vous nous dire si d'autres fonds humanitaires sont prévus pour l'Ukraine?
Et ce qui est tout aussi important, pouvez-vous confirmer que ces fonds ne seront pas détournés du budget de l'aide humanitaire existant, étant donné que tant d'autres crises — l'Afghanistan, la Syrie et la crise des Rohingyas, que vous connaissez très bien, comme je le sais — continuent de nécessiter l'attention du Canada?
:
En ce qui concerne le premier point, monsieur le président, je peux garantir à M. Davies qu'il y aura d'autres fonds. Il peut en être sûr.
L'organisation humanitaire de l'ONU, le BCAH, c'est‑à‑dire l'organisme qui coordonne tout le travail humanitaire que nous faisons, lance un appel pour obtenir des contributions importantes. Une résolution préparée par le Mexique et la France sera présentée cette semaine à l'assemblée générale. Elle aura le même objectif et demandera clairement aux pays membres de faire un don très important. Le Canada fait toujours partie des 10 donateurs d'aide humanitaire les plus importants, et nous poursuivrons dans cette voie.
Quant à votre deuxième question, ma réponse — et je sais que cela ne vous satisfera pas — est que cela dépasse mes compétences. Je ne peux pas garantir ce que sera le budget du gouvernement du Canada, mais je peux garantir que le Canada sera un contributeur, et je peux exprimer l'espoir que nous ne prendrons pas à Pierre pour donner à Paul, car je pense que cela établirait un fâcheux précédent.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier monsieur l'ambassadeur et les représentants d'Affaires étrangères d'être ici aujourd'hui. C'est une réunion très informative.
Monsieur l'ambassadeur, il y a quelques minutes, lorsqu'on vous a demandé de commenter l'annonce de M. Poutine au sujet de ses options en matière d'offensive nucléaire, vous avez affirmé que cette annonce était « profondément irrationnelle ». Je suis d'accord. Comme beaucoup d'autres personnes, je pense que toute cette situation est profondément irrationnelle.
Je comprends que vous ne pouvez pas entrer dans la tête de M. Poutine, mais j'aimerais savoir ce que vous pensez de son état mental. De plus, lorsque quelqu'un se comporte de cette manière au sein d'une organisation, il y a souvent des fissures au sein de l'organisation elle-même. J'aimerais savoir si vous savez quelque chose — ou si vous accepteriez de formuler des hypothèses — sur ce qui pourrait se passer dans le cercle intérieur de M. Poutine pour expliquer ce comportement étrange.
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Monsieur le président, je préférerais ne pas m'engager dans cette voie, non pas parce que j'évite la question, mais parce que, comme nous le disons au tribunal, je pense qu'on me demande de formuler des hypothèses.
Toutefois, je peux dire que je suis M. Poutine depuis longtemps — je me tiens au courant de ce qu'il dit et de ce qu'il fait — et j'ai observé, notamment en ce qui concerne la question de l'Ukraine, qu'il a une attitude épouvantable. En effet, il ne cesse de déclarer que l'Ukraine et la Russie ne forment qu'un seul peuple. Il continue à affirmer que l'Ukraine n'est pas un lieu réel et que ce n'est pas un véritable État. Il nie l'existence d'un peuple ukrainien distinct, d'une identité distincte, d'une langue distincte. C'est ce que je trouve le plus insultant et le plus dangereux.
Il rejette également la responsabilité de ses actions sur les autres. Il s'apprête à lancer une offensive nucléaire en disant que ce sont les autres qui l'obligent à faire cela. C'est le langage d'un agresseur. C'est comme lorsqu'un agresseur affirme qu'il frappe seulement sa victime parce qu'elle l'oblige à la frapper. C'est un langage dangereux et irrationnel.
Mais surtout, en ce qui concerne l'aspect politique de cette situation, le déni de l'existence de la nation ukrainienne constitue un précédent au discours haineux. De toute évidence, il précède toutes les actions qu'il a entreprises, et je pense que cela mène tout droit à la situation épouvantable dans laquelle le monde et le peuple ukrainien se trouvent actuellement.
Il est également juste de dire, monsieur le président, que l'objectif des sanctions et de ce que j'ai appelé le niveau sans précédent d'assistance globale de l'OTAN à l'Ukraine vise à convaincre le peuple russe et l'entourage de M. Poutine que ce qu'il fait n'est pas bien et que cela ne fonctionnera pas. Ce sont des gestes autodestructeurs. C'est le message que nous tentons sans relâche de faire passer.
:
Je vous remercie, monsieur l'ambassadeur.
L'un des représentants d'Affaires étrangères pourra peut-être répondre à ma prochaine question, qui porte sur les sanctions. Je sais que la n'a cessé d'affirmer que le Canada doit être sur la même longueur d'onde que ses alliés. Je dois dire d'emblée que je salue les efforts incroyables déployés par nos alliés pour mettre en œuvre des sanctions rigoureuses, mais il y a deux ou trois choses sur lesquelles j'aimerais obtenir une explication.
Tout d'abord, le gendre de Vladimir Poutine, Kirill Shamalov, un riche oligarque russe à part entière, a fait l'objet de sanctions prises par le Royaume-Uni, l'Australie et les États-Unis, mais pas par le Canada. Alena Georgieva, présidente d'une banque appartenant à un fabricant d'armes russe, figurait également sur la liste des alliés, mais pas sur la nôtre. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi?
:
Je vous remercie. Je pensais que cela pourrait permettre à l'OTAN de défendre soudainement l'Ukraine sur son propre territoire. C'est la raison pour laquelle j'ai posé la question.
Je connais les processus diplomatiques que nous devons suivre dans le cadre de nos pourparlers, mais M. Poutine lui-même a prouvé qu'il n'est pas digne de confiance. Vous connaissez le vieux dicton qui dit quelque chose comme « trompe-moi une fois, honte à toi; trompe-moi deux fois, honte à moi ». En 1991, à Budapest, l'assurance du désarmement nucléaire a fait renoncer le Kazakhstan et l'Ukraine à tous leurs armements nucléaires afin de garantir la protection de leur intégrité territoriale. Il a cependant manqué à ses obligations à cet égard. Il est ensuite entré en Crimée. Il a aussi assisté aux pourparlers de Minsk, et on ne peut pas croire une seule de ses paroles.
Pourquoi croyons-nous que cet homme ne sera pas assez instable pour lancer une offensive nucléaire? Il ne me semble pas être une personne stable. Je pense que c'est le genre d'homme qui, une fois au pied du mur, fera tout pour se défendre. Pourquoi faisons-nous confiance à ces discussions qui ont lieu aujourd'hui? Croyons-nous qu'elles aboutiront à quelque chose? Craignons-nous qu'il exige certaines choses qui pourraient le pousser à maintenir sa menace nucléaire? Ce point me préoccupe.
:
Les pourparlers qui ont lieu dans le Nord de l'Ukraine, à la frontière avec le Bélarus, se déroulent entre le gouvernement de l'Ukraine et le gouvernement de la Russie. Ils ne se déroulent pas avec l'OTAN ou d'autres intervenants.
C'est le président Zelensky qui a demandé la tenue d'une rencontre, puis ils ont débattu du lieu et des conditions de cette rencontre. Ils mènent ces discussions sans aucune condition, à la suite de son insistance sur ce point, et cela signifie qu'il n'y a pas de cessez‑le‑feu. C'est la raison pour laquelle cette situation dangereuse est toujours en cours.
Je ne pense pas qu'il s'agisse de faire confiance à M. Poutine. Je ne lui fais pas confiance. Pour moi, s'il dit quelque chose… Je sais qu'un grand nombre de choses qu'il a dites sont fausses, et il n'y a aucune raison de lui faire confiance. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse de confiance. Il s'agit du fait qu'il devra y avoir une sorte de compromis ou qu'il devra se passer quelque chose qui permettra de résoudre cette crise, sinon ce sera un combat jusqu'au bout, et personne ne veut voir cela arriver.
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Monsieur le président, je vais répondre à la question, vu l'absence de l'ambassadeur Rae.
Nous sommes en train de voir une action unifiée extraordinaire de la part de nos partenaires, de nos alliés. On entend très souvent que la Russie a donné à l'Occident et à l'OTAN une raison d'être qui n'existait pas avant. En ce moment, on voit que l'effet des sanctions est important. On voit aujourd'hui même l'effet sur l'économie russe, sur la devise russe. Cela crée une pression à l'intérieur de la Russie. C'est exactement ce que l'on souhaitait, non seulement pour atteindre l'élite dont a parlé M. Bergeron, mais aussi pour affaiblir la capacité de la Russie à monter des opérations comme celles que l'on voit actuellement.
Malheureusement, on ne peut pas voir l'intérieur du régime russe. Par contre, ce que l'on sait, c'est que, au moyen de l'action unifiée du Canada et de nos partenaires, des sanctions et de la pression politique, entre autres, il y a un réel changement sur le terrain, en Russie. Cela va [difficultés techniques] les sanctions puissent avoir un plus grand effet.
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Je vous remercie infiniment. Je suis désolé [
difficultés techniques].
Dans le même esprit, j'aimerais revenir sur la question qui a été posée par mon collègue M. Morantz, il y a quelques instants.
Lorsqu'il a comparu devant ce comité, le chef de cabinet d'Alexeï Navalny, M. Léonid Volkov, nous a fourni une liste d'oligarques qui devraient être prioritairement visés par les sanctions occidentales. D'après les informations que nous avons, il reste, sur cette liste, le nom de personnes qui n'ont pas été visées par les sanctions, notamment par les sanctions canadiennes.
J'imagine que la réponse est oui, mais est-ce qu'on envisage toujours de sanctionner ces oligarques qui entourent M. Poutine et soutiennent ses gestes?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les fonctionnaires de leur travail, ceux de tous les ministères, qui continuent de suivre les événements à la minute, quotidiennement, pendant une crise comme personne n'a encore connue et qui menace notre paix et notre sécurité de même que celles de nos amis et voisins.
Pour faire suite à certains des sujets abordés aujourd'hui, compte tenu de la gradation des sanctions et d'autres mesures qui ont été appliquées, je tiens à insister un peu plus sur d'autres sanctions.
Je m'exprime davantage en ma qualité de député de Don Valley-Ouest qu'en celle de secrétaire parlementaire, les deux rôles que j'ai présents à l'esprit. Le député veut que notre gouvernement accentue la pression. Je ne m'en cache pas. Mais, visiblement, il faut le faire au même rythme que nos alliés, que ceux avec qui nous sommes en communauté d'idées, et amplifier notre élan pour qu'il soit le même que celui des autres.
Pouvons-nous encore appliquer d'autres sanctions, avec nos alliés, qui pourraient bouleverser l'économie et la société russes?
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Monsieur le président, comme je l'ai dit, nous cherchons d'autres modes de collaboration avec nos partenaires pour accentuer la pression sur la Russie, et ils comprendront absolument des sanctions.
Je citerais d'autres moyens par lesquels on a appliqué la pression sur la Russie. Nous voyons certainement agir les groupes de consommateurs. Nous avons pris connaissance de l'annonce, aujourd'hui, qui visait les produits russes. Rogers et Bell ont annoncé qu'ils larguaient Russia Today. L'appui populaire à l'Ukraine est en réelle augmentation, ce qui a un effet démultiplicateur sur les actions possibles de notre gouvernement.
Le gouvernement doit également s'assurer de la bonne mise en œuvre des sanctions édictées. Le Canada s'unit à un groupe de travail « transatlantique » avec les États-Unis et l'Union européenne pour essentiellement coordonner l'action de nos techniciens et de nos ministères pour qu'ils scrutent les endroits où se nichent les actifs et s'assurer que nos sanctions seront appliquées et efficaces.
Nous avons également appris, comme l'a dit M. Rae, que la Suisse, certainement l'un des centres financiers de l'Europe, faisait équipe avec nous.
Nous envisageons d'autres sanctions. Nous voulons nous assurer qu'elles seront efficaces et bien appliquées. Essentiellement, nous cherchons aussi à être un modèle pour l'afflux de citoyens du monde attentifs aux événements de Russie.
Ça démontre l'effort concerté que nos fonctionnaires et nos dirigeants politiques ont déployé sur cette question pour ajouter à la passion la logique, le réalisme et la concertation avec nos alliés.
À cet égard, sur le plan de l'intervention militaire et d'un appui plus soutenu, j'ai visiblement été très heureux de constater que nous envoyions du matériel non létal supplémentaire et du ravitaillement en appui aux Ukrainiens dans cette bataille.
Je m'adresse maintenant aux fonctionnaires de la Défense nationale. Pouvez-vous dire quels autres moyens utiles nous pourrions envisager dans les jours et les semaines à venir? Nous avons répondu, plus tôt, aux demandes de l'Ukraine, et je me demande si vous commencez à envisager d'autres moyens que nous, les parlementaires, nous devrions garder à l'esprit.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
Concernant l'immigration, je suis sûr que la plupart d'entre nous ont un grand nombre de communautés respectueuses, et les gens s'interrogent sur les règles qui s'appliqueront en matière d'immigration, parce que peu importe comment l'opération militaire et la guerre se termineront, il y aura beaucoup de personnes déplacées en Ukraine, au bout du compte; certaines ont déjà quitté le pays.
Ma question, qui serait probablement pour M. Gionet, est celle de savoir dans quelle mesure nous sommes prêts à aider les Ukrainiens qui veulent venir ici, ou les familles qui veulent parrainer des gens ou faire venir leurs proches ici. En avez-vous une idée? Sommes-nous prêts? Sommes-nous prêts à accueillir toutes ces personnes?
Si vous pouviez nous informer à ce sujet, ce serait fantastique.
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Monsieur le président, je peux répondre en partie à cette question du point de vue consulaire, mais pas en totalité, bien sûr.
Nous fournissons des services consulaires aux citoyens canadiens, aux résidents permanents du Canada et aux personnes à leur charge ou aux membres de leur famille immédiate. Nos ambassades dans la région sont prêtes à les aider à quitter l'Ukraine. Notre centre de surveillance et d'intervention d'urgence est entièrement activé. Les gens peuvent nous appeler 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Si un passeport canadien est nécessaire, le centre de surveillance et d'intervention d'urgence peut aider à en coordonner la délivrance avec les agents consulaires en poste aux points de contrôle frontaliers en Pologne, en Roumanie, en Hongrie et en Slovaquie. Nous avons également un bureau en ce moment à Rzeszow, en Pologne, une ville située près de la frontière. Nous travaillons avec les ambassades de Varsovie, de Bucarest, de Vienne et de Budapest pour fournir des services essentiels aux Canadiens et aux membres de leur famille ainsi qu'aux résidents permanents du Canada et aux membres de leur famille. Nous sommes bien positionnés pour fournir ce soutien, et nous l'offrons.
Nous avons également une équipe permanente de déploiement rapide, qui est une sorte d'équipe d'intervention que nous pouvons envoyer dans la région très rapidement. Il suffit de la prévenir quatre heures à l'avance pour qu'elle se déplace et vienne en renfort à nos ressources aux frontières afin de faciliter l'avancement des dossiers consulaires ou familiaux complexes...
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Merci, monsieur le président.
Écoutez, je pense qu'il est clair qu'aussi horrible que la situation en Ukraine puisse être, il y aura de nombreuses conséquences dans le monde entier, que ce soit les prix de l'énergie ou la sécurité alimentaire, ce à quoi nous devrons nous attaquer et nous préparer.
En ce qui concerne la question précise des prix des aliments au Moyen-Orient, nous sommes inquiets. Comme vous le savez sans doute déjà, ce sont des secteurs qui sont très vulnérables à l'instabilité, où l'équilibre entre subvenir aux besoins quotidiens ou non est précaire. Même de légers changements dans les prix des aliments peuvent avoir une grande incidence sur la vie de tous les jours, mais aussi sur la stabilité dans des pays fragiles. On peut s'imaginer ce que cela signifie dans un pays comme le Liban, par exemple, où l'économie est ruinée.
Ce que je dirais, c'est que nous avons des programmes de développement dans ces pays. Nous examinons des options humanitaires dans certains pays comme le Liban, où nous apportons déjà des contributions humanitaires. Nous travaillerons avec le Programme alimentaire mondial et d'autres organismes des Nations unies pour voir comment nous pouvons fournir des biens de première nécessité si les choses en viennent là.
En fin de compte, nous devons être prêts pour les répercussions économiques de ce conflit sur un certain nombre de pays qui sont encore fragiles, que ce soit en raison de l'instabilité ou de l'incidence de la COVID. Bien franchement, cette situation survient à un moment difficile pour toutes sortes de raisons, mais assurément, un certain nombre de pays se trouvent dans une situation très précaire. Je souscris complètement à cette observation.
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Je vais commencer, puis je céderai la parole à ma collègue, Heidi Hulan, qui est responsable de notre Programme pour la stabilisation et les opérations de paix.
Depuis 2014, nous travaillons avec grande diligence pour appuyer les femmes par l'entremise de nos programmes de développement. Nous accordons la priorité au renforcement des capacités des femmes à assumer un rôle politique et un rôle économique en Ukraine, en offrant du soutien dans les régions rurales. Je dirais donc que nous sommes aussi déçus, mais peut-être pas tout à fait surpris de voir qu'aucune femme n'est présente à ces pourparlers.
Je vais céder la parole à Mme Hulan, qui peut vous parler de certains travaux que nous menons en lien avec la déstabilisation. Je soulignerais également qu'en décembre, notre ambassadeur des femmes, de la paix et de la sécurité était là pour défendre exactement cette question.
Madame Hulan, je vous cède la parole.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais explorer toute la question de la position du gouvernement sur l'approvisionnement en armes létales en Ukraine et clarifier si l'annonce du 14 février était ou non une exception à la règle ou si la politique a changé.
Jusqu'au lundi 14 février, la journée où les pouvoirs d'urgence ont été invoqués, la position du gouvernement du Canada n'était pas d'expédier des armes létales en Ukraine car, pour reprendre les propos du , la solution était « diplomatique » et non pas militaire. Le 14 février, le gouvernement a annoncé qu'il expédierait des armes létales en Ukraine.
Je tiens à clarifier cette question importante: le gouvernement est‑il préparé ou non à expédier des armes létales en Ukraine à l'avenir ou l'annonce du 14 février était-elle une exception à la politique précédemment déclarée?
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Monsieur le président, je commencerai avec ces observations, puis je céderai la parole à mon collègue de la Défense nationale pour qu'il discute plus en détail de la situation.
Je dirais que la situation sur le terrain a évolué, et ce, rapidement. Je pense que lorsque nous avons discuté la dernière fois avec ce comité, nous n'étions pas certains si une invasion complète était envisageable. À mesure que les événements ont évolué sur le terrain, le reste du monde et nous avons évolué parallèlement pour établir comment nous pouvons le mieux possible soutenir l'Ukraine et comment nous pouvons le faire en consultation avec nos alliés pour veiller à ce que nos interventions aient de réelles répercussions. Je pense que, fondamentalement, à mesure que les besoins évoluent, nous sommes là à chaque étape pour soutenir l'Ukraine.
Je vais céder la parole à mon collègue de la Défense nationale qui pourra peut-être parler plus précisément de la question des armes létales, mais je pense qu'il est clair que le gouvernement a fourni des armes létales et a offert ce soutien réel à l'Ukraine et, comme Mme Hulan vient de le dire, a accédé à l'ensemble des demandes d'aide que l'Ukraine a présentées.
Général Prévost?
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Entendu, je peux intervenir.
Premièrement, je dirais que l'acheminement d'armes dans un pays n'est pas simple, et cela commence par ce que nous avons à offrir. Lorsque nous avons envoyé la dernière cargaison, c'était ce que nous pouvions offrir, ce que nous avions en main. Il est difficile d'envoyer... Il y a de nombreuses complexités ici, mais dans un premier temps, il y a la disponibilité. Nous l'avons fait, et je pense que nous devons le percevoir comme étant un effort complémentaire. Tous les alliés fournissent ce qu'ils peuvent. Il y a une question d'interopérabilité. Ce que nous allons fournir est‑il disponible aux Ukrainiens? Sont-ils formés pour utiliser ces armes? Si non, pourquoi les envoyer? Il y a de nombreuses nations à l'heure actuelle qui fournissent des armes que les Ukrainiens savent utiliser.
Je vais revenir à ce que je dis depuis le début. Ce que le Canada a offert aux Ukrainiens au fil des ans, c'est de la formation. C'est ce pourquoi nous sommes connus — nous offrons de bonnes formations — et nous sommes là pour eux et les soutenons depuis sept ans.
Merci.
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Monsieur le président, comme les autres mesures — les différentes sanctions que nous avons imposées —, la fermeture de l'espace aérien aura une incidence à la fois symbolique et réelle.
Sur le plan symbolique, il ne pourrait y avoir une meilleure façon de faire comprendre à la Russie à quel point elle est isolée sur la scène mondiale qu'en empêchant physiquement ses aéronefs de survoler un grand nombre de pays. Cette nouvelle mesure est particulièrement préoccupante pour les proches de Poutine, les gens enrichis par son régime. Elle nuira grandement à ceux qui utilisent ces vols pour maintenir un mode de vie international.
Par ailleurs, la mesure aura aussi des répercussions importantes sur l'économie de la Russie. L'impossibilité pour la Russie de faire voler ses aéronefs et l'interdiction de survoler la Russie imposée à certains pays, comme le Royaume-Uni, en représailles à la fermeture des espaces aériens feront perdre des revenus considérables à la Russie.
D'une part, l'interdiction décrétée par le Canada et d'autres pays envoie clairement le message à la Russie que ses actions sont inacceptables et qu'elle est en train de devenir un paria. D'autre part, elle aura une incidence directe sur son économie puisque la Russie ne pourra pas tirer de revenus de ses aéronefs.
On demande un vote par appel nominal.
(La motion modifiée est adoptée par 11 voix contre 0.)
Le président: Merci beaucoup.
La motion modifiée est adoptée à l'unanimité. Félicitations, chers collègues.
Merci, monsieur Chong, d'avoir présenté la motion.
Nous en sommes maintenant à la fin de notre séance, mais je m'en voudrais de ne pas remercier les représentants d'avoir été avec nous aujourd'hui, et de ne pas les remercier pour leur dévouement et leur expertise en ces temps très difficiles.
Je remercie encore une fois l'ambassadeur Rae de s'être joint à nous pour la première partie de la réunion.
Bien sûr, je remercie l'équipe de la Chambre des communes, notre greffière et nos interprètes, de même que le personnel de soutien qui assure le bon fonctionnement du Comité. Merci.
[Français]
Merci beaucoup, chers collègues.
[Traduction]
Sur ce, je vous dis à la prochaine. La séance est levée.