Bienvenue à la réunion 44e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du 10 mai 2022, le Comité se réunit pour étudier le projet de loi , Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 7 avril 2022 et mettant en œuvre d'autres mesures.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les députés participent en personne dans la salle et à distance, au moyen de l'application Zoom. Conformément à la directive du Bureau de régie interne du 10 mars 2022, toutes les personnes qui assistent à la réunion en personne doivent porter un masque, à l'exception des députés qui sont à leur place pendant les délibérations.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des députés. Veuillez attendre que je vous reconnaisse par votre nom avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre microphone et veuillez le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
Pour l'interprétation, pour ceux qui sont sur Zoom, vous avez le choix au bas de votre écran entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser l'écouteur et sélectionner le canal souhaité.
Je vous rappelle que toutes les observations doivent être formulées par l'intermédiaire de la présidence.
Pour ceux qui sont dans la salle, levez la main si vous souhaitez prendre la parole. Pour ceux qui sont sur Zoom, utilisez la fonction « Lever la main ». Le greffier et moi ferons de notre mieux pour respecter l'ordre d'intervention. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins d'aujourd'hui. Veuillez noter que les témoins d'aujourd'hui sont ici pour parler de la partie 5 de la Loi d'exécution du budget.
Maintenant, je souhaite la bienvenue aux témoins d'aujourd'hui. À titre personnel, nous avons James Hinton, expert en propriété et innovation intellectuelles de Own Innovation. Pour les Syndicats des métiers de la construction du Canada, nous avons Sean Strickland, directeur exécutif, et Rita Rahmati, spécialiste des relations gouvernementales. De chez Canadiens pour une fiscalité équitable, nous avons D.T. Cochrane, économiste. De chez Cidre Canada, nous avons Barry Rooke, directeur général, et de chez Imagine Canada, nous avons Bruce MacDonald, président-directeur général.
Nous allons maintenant commencer avec M. Hinton, d'Own Innovation, qui va nous présenter sa déclaration liminaire. Vous disposez d'au plus cinq minutes, monsieur. Allez‑y, s'il vous plaît.
Je suis Jim Hinton, avocat spécialisé dans la propriété intellectuelle, agent de brevet et agent de marque chez Own Innovation. Je suis cofondateur de l'Innovation Asset Collective, chercheur principal au Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, et professeur adjoint à l'Université Western. Mais je ne m'adresse pas à vous dans le cadre de ces fonctions. Je m'adresse à vous en tant que personne ayant l'expérience d'aider les entreprises canadiennes à naviguer dans les systèmes mondiaux de propriété intellectuelle, souvent prédateurs, afin qu'elles puissent commercialiser et adapter leurs technologies à l'échelle mondiale.
Je suis heureux de parler du budget de 2022, qui a été qualifié de budget de l'innovation. Ce budget comporte de nombreux aspects intéressants, notamment des investissements dans la stratégie de PI et d'autres programmes de financement de l'innovation, mais si nous ne positionnons pas ces programmes correctement, ils ne seront rien d'autre que des calories vides. Ils ont bon goût, mais ils ne produiront rien de valable.
Il y a deux éléments clés à prendre en compte dans ce budget: l'importance de la PI — la propriété intellectuelle — et des actifs de données, et leur incidence sur la liberté d'action d'une entreprise.
Les actifs incorporels, y compris la propriété intellectuelle et les données, représentent aujourd'hui les actifs les plus précieux des entreprises, 91 % de la valeur boursière de l'indice S&P 500 étant constituée d'actifs incorporels. La PI et les données ne sont donc pas tout, mais elles sont presque tout.
Avec ce budget, nous avons reconnu que le Canada occupera la dernière place en matière d'innovation au sein de l'OCDE et que les investissements des entreprises en recherche et développement seront lamentables. Cette situation persistera malgré les milliards de nouveaux fonds consacrés à l'innovation si nous ne les orientions pas correctement.
Pourquoi les entreprises canadiennes font-elles si piètre figure et n'investissent-elles pas dans la R‑D? C'est tout simplement parce qu'elles n'ont pas la liberté d'agir, puisque les marchés mondiaux ont déjà été accaparés par des acteurs qui contrôlent la propriété intellectuelle et les stocks de données.
Alors, où en est le Canada? C'est terrible. Nous possédons moins de 1 % de la propriété intellectuelle mondiale. Pour les entreprises canadiennes, cela signifie que nous n'avons pas la liberté de fonctionner, car on ne peut pas commercialiser ce que l'on ne possède pas. Nous devons composer avec les 99 % de PI des acteurs mondiaux, ce qui limite la liberté d'action des entreprises canadiennes. En pratique, cela signifie que les Canadiens n'ont pas les ensembles de données exclusifs ou ne possèdent pas les brevets fondamentaux qui sont nécessaires pour procéder à la commercialisation à l'échelle mondiale, par exemple.
Dans le budget actuel, il y a un buffet de programmes de financement de l'innovation — un fonds de croissance, une nouvelle agence d'innovation, une refonte du programme de recherche scientifique et de développement expérimental, la stratégie des minéraux essentiels, des programmes de technologie propre, les semi-conducteurs, le fonds d'innovation stratégique, les conseils subventionnaires fédéraux, les supergrappes, la prolongation de la protection du droit d'auteur, la monnaie numérique, le conseil des conseillers économiques, un régime privilégié des brevets, la réforme de la concurrence, un programme d'achats stratégiques et même des cliniques juridiques sur la PI.
Mais pour obtenir l'innovation, il faut avoir un cadre approprié, propice à la réussite. Qu'est‑ce que la réussite de l'innovation? Ce sont des entreprises canadiennes qui possèdent de la PI et des données de valeur [difficultés techniques] et qui commercialisent leur technologie à grande échelle dans le monde. Le cadre approprié est celui de la liberté d'action. Ce programme augmentera‑t‑il ou diminuera‑t‑il la liberté d'action des entreprises canadiennes? Quel est l'avantage économique net?
Pour ce faire, nous devons reconnaître la position actuelle du Canada en matière de PI dans le paysage mondial de la PI et nous assurer que ces programmes améliorent structurellement la position des entreprises canadiennes en matière de PI et de données par rapport à leurs concurrents mondiaux. C'est dans cette optique que la politique d'innovation canadienne doit envisager tout financement de l'innovation. N'oubliez pas que presque toute l'activité économique, soit plus de 91 %, est une activité d'innovation.
Un exemple particulier de notre piètre performance est le fait que sur les plus de 10 milliards de dollars de financement public annuel qui vont aux universités canadiennes, plus de la moitié de la PI industrielle qui en résulte finit par appartenir à des entreprises étrangères. Cela signifie qu'actuellement, les universités canadiennes travaillent en fait à réduire la liberté d'action des entreprises canadiennes. Nous serions mieux lotis si les universités canadiennes ne faisaient rien du tout au nom de l'innovation.
Cette situation se retrouve dans notre financement mal orienté de l'innovation. Les exemples sont constants, de l'intelligence artificielle à l'exploitation minière, des minéraux essentiels aux véhicules électriques.
Ces défis sont la raison pour laquelle j'ai cofondé l'Innovation Asset Collective afin d'accroître la liberté d'action des entreprises canadiennes. En moins de deux ans, l'IAC est devenu un exemple d'action réussie en matière d'innovation en ayant un impact important sur l'amélioration de la liberté d'action et de la position des entreprises canadiennes en matière de PI par le biais de l'éducation et de la génération de PI et des collectifs de brevets. Cependant, j'ai été déçu de constater que l'IAC n'a pas été financé dans ce budget afin de maintenir le Canada au même niveau que ses homologues mondiaux.
Un financement complet signifie un financement d'un ordre de grandeur supérieur à celui du projet pilote de 30 millions de dollars. À titre de comparaison, le fonds français pour les brevets a reçu 500 millions d'euros au départ et 500 millions d'euros supplémentaires depuis. Nous devons faire cela à grande échelle pour être concurrentiels à l'échelle mondiale.
Enfin, les choses vont empirer pour le Canada, et nous devons agir de toute urgence. Les Américains et les Chinois sont bien coordonnés pour contrôler leurs marchés intérieurs avec ceux des Japonais, des Coréens et des Européens et travaillent agressivement pour maintenir et étendre leur position en matière de PI et de données. Ici, au Canada, nos stocks de PI s'amenuisent, car deux des principaux détenteurs stratégiques de PI au Canada — BlackBerry et WiLAN — vendent leurs portefeuilles de PI. Pendant ce temps, nous continuons à investir dans la croissance des positions de PI d'entreprises étrangères comme Huawei et Google.
Malgré certains progrès, sans une orientation appropriée et un rythme d'action accru, nous serons très certainement les derniers parmi les pays de l'OCDE. Cela signifie que le Canada ne pourra pas profiter des fruits d'une économie productive — d'excellents soins de santé et d'autres programmes sociaux —, qui constituent le fondement de la prospérité canadienne. Si nous sommes derniers au sein de l'OCDE, le Canada ne tardera pas à devenir un pays à revenu moyen.
Je vous remercie.
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Bonjour, monsieur le président et membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de participer aux consultations prébudgétaires plus tôt cette année et de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui. Malheureusement, ma collègue, Mme Rita Rahmati, ne pourra pas se joindre à nous aujourd'hui.
Je m'appelle Sean Strickland. Je suis directeur exécutif des Syndicats des métiers de la construction du Canada, qui font partie des syndicats des métiers de la construction de l'Amérique du Nord. Nous représentons 14 syndicats internationaux de la construction qui regroupent plus de 3 millions de travailleurs syndiqués de la construction en Amérique du Nord, dont 600 000 au Canada.
Les femmes et les hommes des métiers de la construction sont employés dans la construction de tous types de projets, des plus petits aux plus grands projets de plusieurs milliards de dollars, partout au Canada. Les secteurs de la construction et de l'entretien combinés représentent environ 6 % du PIB annuel du Canada.
Le budget de 2022 comprend d'importantes victoires pour les travailleurs, y compris une victoire historique pour les travailleurs de la construction du Canada — une chose que les métiers de la construction réclament depuis longtemps — à savoir une déduction fiscale pour la mobilité de la main-d'œuvre pour les gens de métier. En vertu de cette proposition, ils pourront désormais déduire ces dépenses de leur revenu, ce que la Loi de l'impôt sur le revenu ne leur permettait pas de faire auparavant. Il sera ainsi plus facile pour les travailleurs de la construction d'aller là où [difficultés techniques]...
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Le budget de 2022 comprend quelques gains importants pour les travailleurs, dont l'un est un dossier sur lequel nous travaillons depuis longtemps. Il s'agit de la déduction fiscale pour la mobilité de la main-d'œuvre pour les gens de métier.
Grâce à cette proposition, les gens de métier qui doivent se déplacer loin de chez eux pourront désormais déduire ces dépenses de leur revenu, ce que la Loi de l'impôt sur le revenu ne leur permettait pas de faire auparavant. Il sera ainsi plus facile pour les travailleurs d'aller là où il y a du travail et de continuer à soutenir leur famille chez eux.
Je tiens à remercier le comité des finances d'avoir inclus cette mesure dans son rapport prébudgétaire et ses recommandations.
Le budget comprend d'autres gains pour les travailleurs et les Canadiens, comme le doublement du financement accordé au Programme pour la formation et l’innovation en milieu syndical, un programme qui a permis aux centres de formation et aux organismes d'élargir, d'innover et d'améliorer la formation des gens de métier. Il comprend des projets comme la création du bureau d'avancement des apprenties — une initiative de services de soutien global pour accroître le recrutement et la rétention des femmes dans les métiers spécialisés.
Il y a également des investissements dans la construction de nouveaux logements; des fonds pour des investissements dans la recherche sur les technologies vertes, comme les petits réacteurs modulaires; un crédit d'impôt à l'investissement pour le captage, l'utilisation et le stockage du carbone, ce qui est très important pour notre passage à une économie de carboneutralité; des investissements dans les services de garde d'enfants, les soins de santé et un programme national d'assurance-médicaments; et une nouvelle table consultative dirigée par les syndicats, qui réunit les syndicats et les associations commerciales et qui conseillera le gouvernement sur les investissements prioritaires pour aider les travailleurs à s’y retrouver dans le marché du travail en évolution, en se concentrant particulièrement sur les travailleurs qualifiés à mi‑carrière dans les secteurs à risque et occupant des emplois à risque. Ce ne sont là que quelques-uns des points saillants du budget de 2022 qui sont à l'avantage des travailleurs et des Canadiens.
Au‑delà du budget de 2022, les Syndicats des métiers de la construction du Canada exhortent le gouvernement à se concentrer sur les réformes du programme des travailleurs étrangers temporaires dans le cadre de la solution à court terme à la pénurie de main-d'œuvre.
Là où les syndicats le peuvent, faire d'eux un employeur désigné pour le programme des travailleurs étrangers temporaires, afin de s'assurer que les travailleurs sont traités équitablement. Les syndicats peuvent tirer parti de nos systèmes de halls d'embauche pour mettre les travailleurs étrangers temporaires au service de différents employeurs et mieux soutenir une disponibilité de la main-d'œuvre.
Lorsque vous évaluez la viabilité du programme des travailleurs étrangers temporaires dans une région particulière du Canada, vous pouvez inclure également les métiers de la construction et les conseils locaux des métiers de la construction.
En ce qui concerne les changements à l'assurance-emploi, rendez permanent le changement temporaire actuel à l'allocation des indemnités de départ; permettez aux apprentis de faire une demande d'assurance-emploi avant leur formation, ce qui leur assurerait une meilleure sécurité financière pour mettre à jour leurs compétences; et lors du rétablissement de la commission d'appel, assurez-vous qu'il y a une représentation syndicale désignée à ce tribunal.
Une autre question sur laquelle nous pourrions nous pencher à l'avenir pour remédier aux pénuries de main-d'œuvre est de faciliter la mobilité transfrontalière des travailleurs de métiers spécialisés entre le Canada et les États-Unis. Nous savons que les exigences en matière de compétence pour un grand nombre de nos métiers sont presque identiques des deux côtés de la frontière; par conséquent, il est tout à fait logique de permettre aux travailleurs de se déplacer dans les deux sens pour remédier aux pénuries de main-d'œuvre, ce qui est très difficile à faire.
En conclusion, en tant que parlementaires, vous savez qu'il y a toujours plus de travail à faire. Au nom de nos 600 000 travailleurs syndiqués de la construction, nous vous remercions de votre service et nous vous encourageons à adopter le budget dans l'intérêt non seulement de nos membres, mais de tous les travailleurs de la construction au Canada.
Merci, monsieur le président et membres du Comité.
Je vous remercie d'avoir invité le groupe Canadiens pour une fiscalité équitable, CFE, à commenter ce projet de loi d'exécution du budget.
Permettez-moi d'abord de féliciter le gouvernement d'avoir agi avec l'urgence voulue pour créer un registre de la propriété effective accessible au public. Les membres de tous les partis reconnaissent la nécessité de ce registre.
Il faut maintenant s'efforcer d'obtenir l'adhésion des provinces pour que le registre soit véritablement pancanadien. À cette fin, nous recommandons que le gouvernement finance entièrement cette démarche. De plus, la mise en œuvre devrait aller de l'avant avec tous les partenaires qui le souhaitent. Les retardataires pourront être inscrits ultérieurement.
Il y a plusieurs autres éléments du projet de loi que le groupe CFE se fera un plaisir d'aborder pendant les questions et réponses, notamment la taxe sur les produits de luxe, les mesures sur la spéculation immobilière, le crédit d'impôt pour l'accessibilité domiciliaire et les mesures fiscales pour l'action climatique.
Cependant, aujourd'hui, je veux aborder les éléments qui manquent dans le projet de loi: la surtaxe unique et permanente sur les bénéfices des banques et des compagnies d'assurance, ainsi qu'une règle générale anti-évitement actualisée pour lutter contre l'évitement fiscal. Nous comprenons que ces mesures peuvent nécessiter davantage de consultations. Cependant, nous sommes préoccupés par l'absence d'urgence. Trop de temps permet une trop grande influence des élites bien financées et de leurs agents, ce qui conduit à des mesures affaiblies, voire inefficaces.
Pendant la pandémie, le gouvernement a fourni des sommes d'argent sans précédent pour soutenir les Canadiens et stabiliser notre système financier. Malheureusement, les alarmistes déficitaires induisent maintenant les Canadiens en erreur en prétendant que ces soutiens sont responsables de l'inflation.
L'histoire standard de l'inflation prétend qu'elle est due à « trop d'argent pour trop peu de biens », mais il existe une explication beaucoup plus simple: les entreprises utilisent leur pouvoir de fixation des prix. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas tenir compte des forces extérieures importantes qui perturbent les chaînes d'approvisionnement mondiales et entraînent une hausse de nombreux coûts. Cependant, nos recherches ont révélé que la marge bénéficiaire des sociétés canadiennes cotées en bourse en 2021 a presque doublé pour atteindre près de 16 %, alors que la moyenne prépandémique était inférieure à 9 %. Cela porte fortement à croire que les entreprises ne se contentent pas de répercuter la hausse des coûts.
Nous avons une économie de percolation inversée. Cela signifie qu'une partie de l'argent public ajouté à l'économie a inévitablement trouvé son chemin vers les coffres des entreprises. Les entreprises augmentant également leurs marges bénéficiaires, un flux toujours plus important d'argent public s'est retrouvé sous le contrôle des entreprises. Cela est essentiellement à l'avantage de l'élite.
Le groupe Canadiens pour une fiscalité équitable accueille favorablement les surtaxes imposées aux banques et aux compagnies d'assurance; toutefois, leur application est trop étroite, le seuil fixé est trop élevé et elles sont trop faibles. Si les sociétés financières ont connu la plus forte hausse de leurs marges bénéficiaires, passant de 14 % à 22 %, des bénéfices extraordinaires ont été enregistrés dans de nombreux secteurs. Il n'y a aucune raison valable de limiter la taxe unique aux revenus supérieurs à 1 milliard de dollars ou l'augmentation permanente du taux aux revenus supérieurs à 100 millions de dollars. De plus, une surtaxe unique de 15 % et une augmentation permanente de 1,5 % sont des mesures faibles et timides.
Les gouvernements successifs ont réduit les taux d'imposition des sociétés pendant des décennies. De près de 40 % dans les années 1980, le taux actuel est un maigre 15 %. On nous a promis que ces réductions entraîneraient des investissements plus productifs. En fait, l'investissement provenant des bénéfices des sociétés est plus faible aujourd'hui qu'il ne l'était dans les années 1980.
Bien sûr, les sociétés ne paient pas réellement d'impôt au taux légal. En 2021, alors même qu'elles réalisaient des profits record, les sociétés ont fait baisser leur taux d'imposition effectif à un niveau record. Elles créent et exploitent des échappatoires pour réduire leur impôt. Nous avons été heureux de constater que le budget de 2022 prévoyait de supprimer certaines de ces échappatoires.
Nous avons également accueilli favorablement les mesures plus concrètes visant à renforcer la règle générale anti-évitement, également connue sous le nom de RGAE, qui permettra à l'Agence du revenu du Canada de sévir plus vigoureusement contre la comptabilité créatrice des entreprises, mais ce processus doit être plus urgent. À l'heure actuelle, la situation défavorise l'ARC et ses efforts pour lutter contre l'évitement fiscal des plus grandes sociétés et des particuliers les plus riches.
Les récentes décisions de la Cour suprême contre l'ARC soulignent le fait que l'Agence travaille avec une main attachée dans le dos. Nous avons besoin d'une RGAE actualisée dès que possible.
Lorsque la pandémie a frappé, il était largement admis que nous avions besoin de nos institutions publiques pour soutenir les Canadiens. Les sociétés et leurs propriétaires ont néanmoins profité grassement.
Le besoin d'un investissement robuste dans les programmes publics ne fait que croître. Un impôt sur les bénéfices excédentaires plus fort, un taux d'imposition des sociétés plus élevé et une RGAE plus forte peuvent réduire les avantages excessifs dont bénéficient les sociétés et contribuer à créer un pays plus juste et plus équitable.
Je vous remercie.
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Merci de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Je suis Barry Rooke, le directeur général de la nouvelle association nationale du cidre, Cider Canada/Cidre Canada. Nous soutenons 370 cidriculteurs agréés dans tout le pays et le mois dernier, nous avons eu notre premier anniversaire en tant qu'organisme sans but lucratif. Notre association est nouvelle, mais on produit du cidre au Canada depuis des centaines d'années et le cidre a connu une résurgence au cours des cinq dernières années. Nous pensons que le nombre de producteurs de cidre a doublé au cours de cette période au Canada.
Le secteur soutient directement près de 9 000 emplois et des dizaines de milliers d'autres dans les vergers, les transports et les restaurants. Les producteurs de cidre se présentent sous différentes formes: de petits producteurs du fruit à la table qui font tout, comme Riverdale Orchard and Cidery à Bonshaw, à l'Île‑du-Prince-Édouard; de petites entreprises d'envergure locale, comme Coronation Hall Cider Mills à Bristol, au Québec; des cidreries de destination comme Taves Estate Cidery à Abbotsford, en Colombie-Britannique; et de grands producteurs commerciaux qui servent tout le pays, comme Growers, No Boats on Sunday et Thornbury Craft.
En Ontario, nous pensons que près de 8 % de toutes les pommes servent à produire du cidre, tandis que les chiffres au Québec, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse sont similaires ou même plus élevés. Beaucoup de producteurs utilisent des pommes qui ne seraient autrement pas consommées en raison de leur apparence. Le cidre est aussi une option de rechange importante à la bière pour les personnes qui ont une intolérance au gluten et qui ne veulent pas des teneurs élevées en alcool du vin.
Notre plus grande préoccupation est liée aux nouveaux droits d'accise. Ceux‑ci devraient augmenter le coût d'une cannette ou d'une bouteille de 20 ¢ à 50 ¢. Ce coût doit être supporté par les producteurs ou répercuté sur les consommateurs pendant au moins six mois, avant que le programme proposé aux producteurs n'apporte un certain allégement.
Avec des coûts de production en hausse, des frais de transport toujours croissants et de nouveaux problèmes de liquidités, les producteurs de cidre ont de la difficulté à concurrencer les produits étrangers dont les prix sont nettement inférieurs à ceux des boissons canadiennes et nous voyons l'argent sortir du pays. Ce serait de très mauvais augure pour le plus grand secteur de production de fruits du Canada.
Il semble manquer de 20 à 35 millions de dollars par an à l'enveloppe du programme d'aide proposé et celui‑ci ne doit durer que jusqu'en 2024. Nous avons besoin d'un programme entièrement financé, car la base des consommateurs du secteur commence vraiment à croître. Nous avons les ressources pour être l'un des plus grands producteurs de ce produit au monde. L'existence de coûts supplémentaires étouffe la croissance, car cela fait douter les producteurs et crée de l'incertitude dans le secteur quant à l'opportunité d'investir dans l'économie canadienne. Nous risquons de voir près de la moitié des producteurs de cidre au Canada fermer leurs portes au cours des trois prochaines années, avec des répercussions sur l'économie estimées à 500 millions de dollars par an.
Notre production de cidre diffère légèrement de celle de nos homologues du secteur du vin, avec lequel le cidre est classé. Les coûts de production du cidre sont généralement plus élevés que ceux du vin, mais le cidre est davantage consommé comme de la bière. Les pommes voyagent mieux, mais sont entreposées plus longtemps, ce qui permet de produire toute l'année. Ainsi, l'importation de jus qui n'est pas très courante pourrait être une solution pour réduire les coûts, mais l'économie locale en pâtirait.
Sans un programme entièrement financé, les grandes cidreries commerciales ne seront pas encouragées à acheter des pommes canadiennes et pourraient se tourner vers les importations. Cette situation pousse aussi les moyennes entreprises, qui font appel à des groupes comme BC Tree Fruits pour le coemballage ou la coproduction d'un produit, à chercher du jus à l'étranger, ce qui risque de nuire davantage à l'industrie pomicole canadienne.
Je terminerai mon intervention par de bonnes nouvelles à propos du secteur. Nous commençons à être connus dans le monde entier, car les producteurs de cidre du Canada remportent un nombre disproportionné de prix. Nous sommes de très, très bons producteurs de cidre à partir de pommes canadiennes.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de vous renseigner sur ce qui était autrefois l'une des plus grandes industries du Canada, avant la Prohibition, et qui connaît maintenant un essor plus rapide que celui de l'industrie de la bière artisanale il y a 10 à 20 ans. C'est le moment d'investir dans ce secteur.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de nous donner l'occasion d'attirer votre attention sur des considérations importantes dans le cadre de votre discussion de la première loi d'exécution du budget.
Comme vous le savez tous, le secteur des organismes caritatifs et sans but lucratif est un élément essentiel du tissu même de nos collectivités, améliorant la vie quotidienne des gens ici au Canada et collaborant avec d'autres organismes dans le monde entier. En outre, ce secteur contribue au bien-être économique de la nation. Les organismes caritatifs et sans but lucratif emploient un Canadien sur dix et contribuent au PIB du Canada à hauteur de 8,3 %.
À titre de secteur qui revêt une grande importance pour aider les Canadiens, nous avons trouvé encourageantes deux annonces récentes faites lors de la présentation du budget de 2022. Il s'agit des modifications apportées au contingent des versements et de l'intention déclarée de modifier la Loi de l'impôt sur le revenu pour permettre à un organisme de bienfaisance de fournir ses ressources à des organismes qui ne sont pas des donataires reconnus. On a dit que cela concrétisera l'esprit du projet de loi . Ensemble, ces mesures permettraient d'injecter des ressources financières supplémentaires dans le secteur et de consacrer une plus grande partie de ces nouvelles ressources au soutien de communautés vulnérables et marginalisées, notamment en collaborant avec des organismes qui sont souvent au service de Canadiens noirs, autochtones et de couleur et dirigés par eux.
Je suis ici pour vous faire savoir que le libellé proposé de la loi d'exécution du budget a nettement raté sa cible et qu'il aggraverait en réalité la situation des organismes caritatifs qui veulent travailler avec des donataires non reconnus. Bien que l'intention soit claire, le libellé lui-même pose d'énormes problèmes.
L'esprit du projet de loi comprend un certain nombre d'éléments essentiels. Il s'agit d'une solution faite au Canada pour établir une politique qui reflète nos engagements internationaux et intègre les plus récents principes de la responsabilisation fondée sur des données probantes et les principes de la philanthropie fondée sur la confiance. Malheureusement, le libellé de la loi d'exécution du budget offre plutôt une intégration rigide et mal adaptée de la mesure fiscale américaine dans la Loi de l'impôt sur le revenu du Canada.
Nous continuerons à encourager le gouvernement à soutenir l'esprit et la substance du projet de loi , ainsi qu'un vaste collectif d'organismes, dont Coopération Canada, Fondations philanthropiques Canada, Imagine Canada et un groupe d'avocats spécialisés dans le domaine des organismes de bienfaisance qui proposent tous des solutions concrètes pour améliorer le projet de loi.
S'il n'est pas amendé, le projet de loi aura un certain nombre d'effets néfastes. Au lieu de supprimer le concept de direction et de contrôle, la loi d'exécution du budget conserve l'actuel régime des « propres activités », qui exige l'exercice d'une direction et d'un contrôle. Le libellé de la loi d'exécution du budget codifierait alors la direction et le contrôle par un règlement et l'incorporerait dans la structure du nouveau régime des versements admissibles.
En pratique, la transposition des directives administratives en vigueur de l'ARC dans un texte de loi se traduira par une approche moins souple et l'ARC exigera davantage de conditions du type « direction et contrôle » pour les versements admissibles. Cela réduira les types de collaboration, la souplesse dans leur conception et les partenariats avec des donataires non reconnus dans l'ensemble.
Le libellé proposé ne reflète pas l'esprit du projet de loi , soit la philanthropie fondée sur la confiance sur un pied d'égalité, mais perpétue plutôt le régime paternaliste en vigueur en intégrant une longue liste d'exigences trop prescriptives ressemblant à un code qui régirait la relation entre le bailleur de fonds et le bénéficiaire. Ce faisant, la loi d'exécution du budget conserve la nature coloniale et paternaliste de la relation dont nous avons essayé de nous écarter.
La loi d'exécution du budget renforce, voire alourdit le fardeau administratif. Les organismes devront engager des frais juridiques, retenir les services d'avocats et contrôler les interventions pour se conformer à cette réglementation.
Afin d'englober l'esprit du projet de loi , nous sommes heureux de proposer trois amendements au libellé de la loi d'exécution du budget pour votre examen.
Au paragraphe 149.1(1) de la Loi de l'impôt sur le revenu, nous proposons de préciser à la définition de « versement admissible ». Il faudrait supprimer la référence au fait que le versement doit satisfaire à des conditions prévues par règlement et la remplacer par une exigence selon laquelle l'organisme caritatif doit plutôt prendre des dispositions raisonnables pour s'assurer que les ressources versées sont exclusivement utilisées à des fins caritatives. Ainsi, il serait possible d'établir des partenariats plus inclusifs afin de mieux soutenir les donataires non reconnus qui offrent des programmes tout en conservant la responsabilisation et en poursuivant une fin caritative.
À l'article 21 du projet de loi, il faudrait modifier le libellé proposé à l'alinéa 168(1)f) à propos des dons dirigés. Je ne lirai pas l'amendement en entier, mais je dirai que l'amendement apporte une solution au problème des dons dirigés dans la loi sur l'exécution du budget. Le problème que pose le libellé n'est pas que les organismes caritatifs ne peuvent pas verser des dons à des donataires non reconnus, mais qu'ils ne peuvent pas recevoir de dons dans le but précis de les verser à des donataires non reconnus, même si cette pratique est conforme à leurs activités caritatives.
Il faudrait supprimer le projet de règlement 3703 dans son intégralité. Ainsi, la réglementation reviendrait dans les documents d'orientation de l'ARC et n'existerait pas en tant que règle codifiée dans la Loi de l'impôt sur le revenu.
Le libellé de la loi d'exécution du budget n'est pas encore arrêté. En tant que membres du comité des finances, que députés et que porte-voix de vos collectivités, vous pouvez exercer une influence énorme sur le libellé définitif et je vous exhorte à user de cette influence et à appuyer ces amendements. Ce faisant, vous établirez un système plus respectueux, moins complexe et moins coûteux qui pourra s'adapter aux besoins de l'avenir.
Je vous remercie de votre temps. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est un honneur d'être ici au comité des finances pour la première fois. Je suis ravi d'être ici.
Je remercie tous les témoins pour leur témoignage. Je pense que c'était fantastique.
Monsieur le président, par votre entremise, toutes mes questions s'adresseront à M. Strickland ce matin.
Monsieur Strickland, j'aimerais commencer par un bref commentaire. Je vous remercie du travail que vous accomplissez par l'entremise des Syndicats des métiers de la construction du Canada. Comme vous le savez très bien, j'ai travaillé en collaboration incroyablement étroite avec de nombreux syndicats, dont les syndicats des charpentiers, les syndicats des travailleurs de la construction, la Fédération internationale des ouvriers en électricité et l'Union internationale des journaliers d'Amérique du Nord. Je crois que vous êtes au courant, monsieur, de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi .
Connaissez-vous ce projet de loi, monsieur?
Pour poursuivre sur la lancée de votre témoignage, vous avez parlé d'environ trois millions de travailleurs représentés en Amérique du Nord. Je crois qu'il est vrai que nous aurons besoin de 350 000 travailleurs spécialisés de plus d'ici 2025, rien qu'en Ontario.
Dans le cadre du projet de loi , je crois fermement que si nous voulons reconstruire le Canada, si nous voulons construire nos ponts, nos égouts, nos réseaux électriques et les maisons dont nous convenons tous que nous avons désespérément besoin, nous devons faire appel aux métiers spécialisés et les mettre en action.
Par la présentation du projet de loi , il y avait une ouverture de la part du gouvernement. C'est un excellent début, mais le plafond a été fixé à 4 000 $. Ce montant pourrait équivaloir à un mois et demi ou deux mois de déplacements. Dans le projet de loi , mon projet de loi d'initiative parlementaire, il n'y a pas de plafond parce que si nous voulons que nos travailleurs qualifiés se déplacent dans différentes régions du pays, je crois qu'ils ne devraient pas se voir imposer des restrictions. En tant qu'homme d'affaires moi-même, il n'y a aucune restriction quant au nombre de fois où je peux prendre l'avion, séjourner à l'hôtel ou prendre un repas à l'extérieur de la ville.
Je suis curieux, monsieur. Pourriez-vous nous expliquer en quoi, selon vous, cette mesure serait peut-être plus avantageuse que le projet de loi ?
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Merci beaucoup de votre question, monsieur Lewis. Merci beaucoup d'avoir défendu et parrainé ce projet de loi d'initiative parlementaire.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration, notre organisation, les Syndicats des métiers de la construction du Canada, préconise depuis longtemps une déduction fiscale. Auparavant, trois projets de loi d'initiative parlementaire parrainés par le NPD et la recommandation formulée par ce comité des finances recommandaient une déduction fiscale, une proposition qui a reçu, je crois, un appui majoritaire du Comité des finances.
Nous avons pour position que nos travailleurs ont besoin dès à présent d'un allégement fiscal et la façon la plus rapide de l'obtenir, à mon avis, passe par la mesure contenue dans le budget. Cependant, notre travail au sein des Syndicats des métiers de la construction du Canada consiste à soutenir les initiatives stratégiques et législatives qui profitent à nos membres et nous appuyons donc les projets de loi qui offrent le plus grand avantage. En toute équité, nous ne demandons rien d'inéquitable par rapport aux autres contribuables, mais nous appuyons les initiatives et les projets de loi qui profitent aux travailleurs canadiens de la construction, y compris les 600 000 membres des Syndicats des métiers de la construction du Canada.
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Je pense qu'il y a plusieurs éléments, monsieur Lewis.
L'un des défis actuels est que nos travailleurs, surtout les travailleurs syndiqués de la construction, constituent une main-d'oeuvre très mobile. Près de chez vous, à Sarnia, un grand projet est en cours et des électriciens et des chaudronniers de partout au pays y travaillent. À Fort McMurray, pendant les confinements, les travailleurs de la construction ont voyagé partout au pays.
Pour ces grands projets, une indemnité de subsistance est souvent incluse, ce qui encourage les travailleurs à partir. Cependant, il arrive souvent qu'il n'y a pas d'indemnité de subsistance, de sorte qu'il y a des régions où le taux de chômage est élevé et où, 300 kilomètres plus loin, la demande est excédentaire et le nombre de travailleurs disponibles est insuffisant. Les travailleurs sont dissuadés de se déplacer parce qu'ils vont devoir payer de leurs poches les frais de déplacement, d'hébergement et de repas. Ils ne feront pas ce voyage. Si vous accordez cette déduction fiscale dans le projet de loi d'exécution du budget ou dans d'autres initiatives, cela incitera les travailleurs à aller là où il y a du travail et cela contribuera à équilibrer les marchés du travail au Canada.
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Merci beaucoup, monsieur Hinton.
Comme je n'ai plus de temps pour discuter avec vous, pourriez-vous nous soumettre quelques-unes de vos principales recommandations sur la façon dont nous pourrions créer cette liberté d'agir au‑delà de la mise à l'échelle du projet pilote sur les technologies propres de 30 millions de dollars. Je vous en serais reconnaissante. Nous pourrions alors examiner vos recommandations pour aller de l'avant.
Pour M. Strickland maintenant, je tiens à vous remercier de votre présence. Je tiens aussi à vous remercier du leadership dont vous avez fait preuve dans le dossier de la déduction pour la mobilité de la main-d'œuvre des gens de métier et d'avoir vraiment poussé notre gouvernement à augmenter le financement de la formation des travailleurs syndiqués et de l'innovation. Cela a eu un effet et, comme vous avez pu le constater, cela figure dans le budget de 2022.
Nous avons beaucoup parlé des pénuries de main-d'œuvre au Canada. Au fil des ans, comme notre système d'immigration n'a pas facilité l'entrée de gens de métier au pays, nous avons formé ou acquis un certain nombre de travailleurs de métier sans statut qui travaillent dans le secteur de la construction.
Pensez-vous que nous devons normaliser le statut ou trouver une sorte de voie d'accès à la citoyenneté pour ces travailleurs de métier qui ont travaillé dans notre industrie, qui ont été formés et qui ont été largement intégrés à la société et à l'économie? Avez-vous des idées à ce sujet?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mes premières questions s'adressent à M. MacDonald, d'Imagine Canada. Celles qui suivront s'adresseront à M. Rooke, de Cidre Canada.
Tout d'abord, je tiens à remercier tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui. Je les remercie aussi de leurs présentations. Elles étaient toutes vraiment très intéressantes. J'ai particulièrement apprécié celle de M. Cochrane.
Monsieur MacDonald, nous avons eu la chance de rencontrer des représentants de votre organisation pour discuter plus en profondeur des problèmes que comporte le projet de loi . Je comprends que vous préfériez le projet de loi , qui répondait mieux aux besoins des organisations que vous représentez.
Selon vous, quelle serait l'incidence du projet de loi C‑19 sur les groupes en quête d'équité qui souhaitent s'associer à des organismes de bienfaisance?
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Merci beaucoup, monsieur Blaikie, et en fait, merci à votre parti pour son soutien au fil des ans.
Notre point de vue sur ce sujet… J'ai examiné une partie du libellé. Nous n'avons pas procédé à un examen détaillé du libellé dans son ensemble. Je serais heureux de saisir l'occasion de le faire et de vous fournir d'autres commentaires par l'entremise de la présidence.
Nous sommes d'avis que nous avons travaillé sur ce dossier depuis longtemps et que le besoin est assez immédiat, donc nous aimerions mettre en place quelque chose dès que possible. Rien dans le libellé dont j'ai pris connaissance, un peu superficiellement, ne nous donne matière à nous inquiéter.
Je dirais que cela pourrait être un peu déroutant pour le travailleur de métier, parce que le libellé est « supérieure d'au moins 150 kilomètres à la distance entre » le logement, autrement dit la distance du travail de leur résidence. Il nous a fallu, à moi et à l'équipe, un peu de temps pour arriver à comprendre ce que cela signifiait exactement et nous avons dû dessiner quelques cartes.
En ce qui concerne l'impôt sur le revenu et les Canadiens qui remplissent leur déclaration de revenus, la transparence et la simplicité sont toujours de mise. Si nous avons du mal à interpréter le sens exact de la mesure, je pense qu'il y a peut-être lieu de préciser les choses et de rédiger des notes d'interprétation à ce sujet pour aider nos travailleurs.
Comme la mesure entrera en vigueur, si j'ai bien compris, une fois le projet de loi adopté, pour l'année civile en cours, nous allons donc demander à nos travailleurs et à tous les travailleurs de la construction de commencer à conserver leurs reçus pour pouvoir demander la déduction fiscale et nous voulons nous assurer que nous leur communiquons clairement les lignes directrices.
Je pense qu'on peut faire mieux à cet égard, monsieur Blaikie.
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Merci, monsieur le président.
Mes questions porteront sur la direction et le contrôle. Elles s'adresseront pour la plupart à M. MacDonald.
Tout d'abord, monsieur MacDonald, je pense que certaines préoccupations relatives à l'adoption de principes de responsabilisation et de transparence, par opposition à des principes de microgestion, pourraient provenir du gouvernement et de la crainte que si les organismes de bienfaisance font des dons à des donataires non reconnus, l'argent puisse servir à des fins non caritatives ou même, dans le pire des cas, à des fins illicites. Toutefois, ayant examiné le projet de loi et le projet de loi dont nous sommes saisis, je sais que cela ne se produira pas.
Vous pourriez peut-être nous parler des types de difficultés auxquelles un organisme de bienfaisance serait confronté, tant sur le plan de la réputation que sur le plan juridique, si le projet de loi amendé était adopté et que l'un des organismes sans but lucratif ou des organismes non reconnus faisaient quelque chose qui ne relève pas de la bienfaisance.
Nous envisageons de nous servir du projet pilote de l'Atlantique comme voie d'accès pour la mise en place d'un projet pilote visant le secteur de la construction. J'ignore le nombre exact pour l'Ontario. Je sais quelle est la demande, d'après mes conversations avec divers dirigeants de l'industrie du bâtiment et du milieu syndical en Ontario. J'ai dit tantôt qu'uniquement en Ontario 25 000 personnes pourraient immédiatement intégrer le marché du travail. Vous avez parlé de 6 000 personnes à l'Île‑du‑Prince-Édouard, parce que vous connaissez un boom immobilier. Selon ConstruForce Canada, d'ici 10 ans le Canada aura besoin de plus de 100 000 travailleurs, non seulement pour répondre à la demande mais aussi pour combler les départs à la retraite.
Nous avons besoin d'un projet pilote pour les travailleurs immigrants dans le secteur de la construction. Je ne connais pas les données exactes, mais nous devons démarrer ce projet dans la province où la demande est actuellement la plus forte. On doit également s'assurer qu'il est réalisable. Nous envisageons 10 000 travailleurs pour la province de l'Ontario. [Difficultés techniques] Ce nombre augmenterait et refléterait la demande qui existe dans les diverses provinces.
Nous devons transcender notre dépendance croissante envers la main-d'œuvre étrangère temporaire. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires n'est pas une solution durable à long terme à la demande exercée sur le marché de la main-d'œuvre au Canada. Nous devons également encourager davantage de Canadiens à se joindre à l'industrie de la construction. C'est un objectif pour lequel le gouvernement a également proposé plusieurs initiatives, sous formes de services d'apprentissage et de projets sectoriels. Beaucoup d'argent est prévu pour aider l'industrie à recruter plus de gens de métiers. Nous avons besoin d'encore plus d'initiatives de ce gendre.
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Je vous remercie, monsieur le président.
La vie est plus belle quand on vit près d'un lac, mais, malheureusement, on a souvent des problèmes de connectivité en région. Cela reste un problème majeur.
Ma prochaine question s'adresse à M. Rooke, de Cidre Canada.
Monsieur Rooke, je suis vraiment impressionné par la qualité du cidre produit par nos artisans. Ce qui a été fait dans les dernières années est vraiment incroyable. Ma dernière découverte, c'est le cidre produit par l'entreprise Qui Sème Récolte, à St‑Jean‑de‑Matha. C'est vraiment une industrie en plein essor dont nous pouvons être très fiers.
J'aimerais d'abord m'assurer de bien comprendre le problème. Dans le projet de loi , il est question de rétablir la taxe d'accise sur le vin par suite d'une décision prise par l'Organisation mondiale du commerce, ou OMC, dans le cadre d'un conflit entre le Canada et l'Australie.
Si je comprends bien, la poursuite concernait le vin de raisin. Le problème, c'est qu'à Ottawa, on ne fait pas la différence entre le vin de raisin et les autres boissons alcoolisées, comme le cidre et l'hydromel. Par conséquent, la taxe d'accise s'appliquera à vos membres.
Est-ce exact?
Notre commentaire général, pour ce qui concerne le thème de l'action climatique dans le budget 2022, est que le budget est loin de financer le nombre d'initiatives directes et concrètes nécessaires pour réaliser les types de transformations économiques dont nous avons besoin. Nous déplorons la place excessive accordée aux crédits d'impôt. Ce projet de loi réduit l'impôt sur le revenu des sociétés pour les fabricants de technologies à émission zéro. L'ajout de nouvelles complications au régime fiscal nous inquiète toujours.
M. Strickland a déjà signalé que le système fiscal fonctionne mieux quand il reste simple. L'introduction d'une mesure qui réduira le taux d'imposition d'un quelconque sous-segment du milieu des entreprises nous inquiète toujours, en raison des magouillages qu'autorise un tel ajout. Nous craignons que cette mesure impose un fardeau excessif à l'ARC, qui devra surveiller ce qui peut être effectivement considéré comme technologie à émission zéro.
D'un autre côté, si l'on souhaite abaisser les taux d'imposition pour essayer d'encourager certains secteurs manufacturiers, il faudrait peut-être alors en contrepartie relever les taux d'imposition applicables à la production des technologies qui contribuent à la hausse des émissions. Nous croyons simplement que sous sa forme actuelle, la mesure proposée est une approche très asymétrique qui ouvre grand la porte aux substitutions plutôt qu'à l'action concrète.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs compétences et de leurs opinions. Je les remercie également d'avoir souhaité venir nous dire ce que signifie, selon eux, le projet de loi pour certaines des parties intéressées.
Je commencerai par M. Rooke.
Monsieur Rooke, dans ma circonscription, nous avons des vignobles, tout à fait, mais aussi des cidreries, comme la Left Field Cider Company juste à l'extérieur de Logan Lake, Dominion Cider, Millionaires' Row, Summerland Heritage Cider et NOMAD Cider, pour ne parler que de Summerland et Logan Lake. Il y en a d'autres.
Je vais vous parler un peu du différend commercial à cause duquel le gouvernement dit que nous devons apporter ces modifications à la Loi sur l'accise, plus particulièrement aux articles concernant le vin.
À ma connaissance, le gouvernement a complètement capitulé face aux Australiens et ne s'est pas battu à l'OMC. Voilà où nous en sommes. Malheureusement pour vous, comme votre industrie est définie aux termes de la Loi sur l'accise comme faisant partie de la catégorie des vins, vous vous retrouvez arbitrairement visé.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie beaucoup tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui. Leurs commentaires sur le projet de loi sont très intéressants.
Monsieur Hinton, vos propos m'ont beaucoup intéressée concernant le manque de propriété intellectuelle canadienne.
Au Québec, on a vu notamment de petites ou moyennes entreprises innover, mais, dès que leur innovation devenait commercialement viable et rentable, elles se faisaient acheter par des compagnies américaines, la plupart du temps.
Avez-vous des recommandations à faire pour améliorer cette situation et retenir ces entreprises canadiennes et la propriété intellectuelle qu'elles génèrent?
Le problème que vous soulevez au Québec se pose dans l'ensemble du pays. Une grande partie de la propriété intellectuelle canadienne part à l'étranger ou est vendue, et tout cela parce que les entreprises canadiennes n'ont pas de liberté d'action. La PI sous-jacente appartient déjà aux acteurs qui l'acquièrent, et cela arrive dans tout le secteur.
Prenons quelque chose comme les minéraux critiques et toute la chaîne de valeur des véhicules électriques. Le succès, c'est d'avoir des entreprises canadiennes qui possèdent de la PI essentielle tout au long de la chaîne de valeur. Les Américains et les Chinois surveillent les entreprises canadiennes qui commencent à se développer et, à un moment donné, ils se disent qu'elles les aideront à renforcer leur chaîne de valeur des véhicules électriques et décident d'acheter la PI pour, par exemple, trois à dix fois sa valeur, parce que nous savons qu'en ayant toute la chaîne de valeur, ces innovations rapporteront.
Ces entreprises sont ciblées expressément. Il me semble que le département de l'Énergie des États-Unis a une liste des entreprises qui détiennent de la PI essentielle. Il en fait le tour et achète les entreprises pour plus qu'elles ne valent aujourd'hui, car il sait qu'elles auront une valeur essentielle pour tout le véhicule électrique, le continuum des minéraux critiques de la précieuse PI.
Ce n'est pas un marché ouvert. C'est ce qui arrive, et les Chinois et les Américains sont les plus connus pour agir ainsi.
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Eh bien, je peux confirmer qu'aucun mécanisme d'ajustement de ce type n'est en place. Autrement dit, les Canadiens qui paient une taxe sur le carbone sont traités beaucoup moins avantageusement que les entreprises américaines.
Ma deuxième question est pour M. Hinton.
Votre évaluation du retard du Canada en matière d'innovation est une des plus alarmantes que le Comité ait jamais entendues.
Vous avez dressé une liste, assez longue d'ailleurs, des problèmes qui nuisent à notre compétitivité, en particulier en ce qui concerne l'innovation.
Pouvez-vous passer de nouveau cette liste en revue, rapidement, et mettre notamment l'accent sur deux éléments que j'ai relevés? La boîte à brevets est le premier et le deuxième, c'est les 10 milliards de dollars d'investissements universitaires du gouvernement fédéral, des fonds qui ne sont jamais vraiment remboursés parce que les entreprises qui en sont bénéficiaires finissent par devenir étrangères.
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Volontiers. Je vous remercie.
Il me semble que j'ai compté au moins 16 aspects du projet de loi d'exécution du budget qui concernent l'innovation. Pour ce qui est des deux que vous soulignez, d'autres pays ont mis en place une boîte à brevets. Cependant, 99 fois sur 100, on s'y prend mal.
En réalité, quand on met en œuvre ce type de politiques, il s'agit de compétitivité fiscale et d'encourager les entreprises canadiennes à prospérer et à rester au Canada, et pas de les désavantager par rapport à leurs concurrents mondiaux. La boîte à brevets ne devrait pas viser à attirer l'investissement direct étranger ou à créer des emplois parce que cela fait partie de la stratégie concrète des 9 %.
Quant aux autres aspects, le financement actuel de la recherche est loin d'être productif. Comme je le disais à propos des universités canadiennes, nous investissons des milliards de dollars dans la recherche-développement. En fait, les universités canadiennes savent très bien créer des talents et brillent dans la recherche fondamentale, mais il n'y a aucune incitation ou condition imposée pour encourager le développement économique. Dans des pays comme la Finlande, il y en a trois: l'éducation, la recherche fondamentale et le rendement économique.
Les universités ont commencé à réclamer des fonds au nom de l'innovation, mais innover, c'est inventer et commercialiser, utiliser sur le marché la technologie mise au point. Les universités ne sont pas des acteurs de l'innovation. C'est l'affaire des entreprises canadiennes, des entreprises mondiales. Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est que plus de la moitié des partenariats de l'industrie qui produisent de la PI sont conclus avec des entreprises étrangères, comme Huawei et Google, comme je le mentionnais.
En effet, j'ai souvent dit qu'en regardant seulement les chiffres des condamnations et les enquêtes, on penserait que les Canadiens comptent parmi les citoyens les plus respectueux des lois dans le monde et qu'il n'y a pas chez nous d'acteurs malveillants. À Simcoe-Nord, mes concitoyens sont très honnêtes et dignes de confiance, mais j'ai du mal à croire que nous ayons un aussi faible taux de condamnation et aussi peu d'enquêtes dans notre pays.
Vous avez mentionné des ententes de faveur. Mon collègue, M. Stewart, a déposé une motion au comité des finances, il y a quelques semaines — nous n'avons pas encore eu l'occasion de l'examiner — où il est question de la transaction ou peut-être de l'exonération que l'Agence du revenu du Canada accorde à un contribuable important.
Êtes-vous au courant de cette motion? Seriez-vous favorable à ce que plus d'informations soient rendues publiques?