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Merci, monsieur le président.
Si vous le permettez, j'aimerais d'abord féliciter mes collègues ainsi que tous les témoins que nous avons entendus au cours de la semaine où nous avons tenu des séances dans différentes régions du pays. À mon avis, d'excellentes questions ont alors été posées, et de meilleures réponses encore nous ont été données par bon nombre de nos témoins. J'ai eu le plaisir de participer aux réunions tenues à Québec, Toronto et Winnipeg, mais je suis persuadé qu'un travail exceptionnel a pu être accompli ailleurs au pays également.
Comme je l'ai fait valoir précédemment, je veux juste m'assurer que mes commentaires concernent bel et bien la motion à l'étude. Je vais donc vous en relire le premier paragraphe seulement:
célèbre le Régime de pensions du Canada comme fondement d’une retraite sûre et digne pour des millions de Canadiens et un pilier de l’économie canadienne;
Mes observations vont porter principalement sur la question de l'économie canadienne abordée dans cette motion.
Nous vivons bien évidemment une période économique extrêmement difficile avec des gens se retrouvant dans des situations de précarité que l'on n'avait pas vues depuis la Grande Crise. Philip Cross, universitaire et statisticien de renom, a indiqué que notre PIB n'a pas été en si mauvaise posture depuis la Crise de 1929. Nous sommes en perte de vitesse pour ce qui est, si je ne m'abuse, du PIB par habitant. Ces chiffres sont quelque peu occultés.
Les Canadiens qui nous regardent sont peut-être légèrement perplexes du fait qu'ils entendent les libéraux affirmer que notre PIB est en hausse. L'augmentation de notre population change la donne, car si les chiffres absolus sont plus élevés, le PIB par Canadien est plutôt à la baisse. À certains égards, le gouvernement parvient à camoufler la vérité. Mais, vous savez quoi? Les Canadiens ne sont pas dupes. Les gens de ma circonscription de Northumberland—Peterborough sont tout à fait conscients de la période difficile que traverse notre économie.
C'est une situation dont témoignent également d'autres indicateurs comme la fréquentation des banques alimentaires qui atteint des niveaux records. Je crois que nous en sommes rendus à 2 millions de Canadiens par mois qui visitent une banque alimentaire. Pas moins du tiers des bénéficiaires de nos banques alimentaires y ont recours pour une première fois. Tous ces gens n'avaient jamais fréquenté une banque alimentaire auparavant. C'est ce que j'ai pu entendre pas plus tard que ce matin dans une excellente entrevue donnée par la personne responsable de l'une de ses banques.
Vous pouvez vous imaginer à quel point une personne doit aller au bout de ses énergies et de ses ressources, avec tout le stress qui s'ensuit, avant de se présenter pour la première fois dans une banque alimentaire, alors même qu'elle était sans doute convaincue auparavant que cela ne lui arriverait jamais. Malgré tout cela, le gouvernement, plutôt que de se concentrer sur ces problèmes vraiment cruciaux, continue obstinément à rechercher des gains politiques et à semer la discorde. Nous savons tous que depuis l'époque du premier Trudeau en poste, nous avons eu droit, assurément par le fait de la négligence, si ce n'est sciemment, à des politiques et à des efforts qui ont eu pour résultat de marginaliser de larges pans de notre société. Les gens ont toujours associé cet état de fait à l'Ouest canadien, mais je peux vous assurer que l'on peut constater la même chose dans l'Ontario rural.
Les gens de ma circonscription, comme ceux d'autres portions du Canada rural, ont vraiment l'impression d'avoir été laissés pour compte par un gouvernement qui ne se préoccupe pas de leur sort et qui ne répond pas à leurs besoins. L'exemption accordée à l'égard de la taxe sur le carbone en témoigne de façon encore plus éloquente. Il est vrai que je me réjouis que le ait été rappelé à l'ordre par les députés de son caucus représentant l'Atlantique qui lui ont fait comprendre qu'il leur était impossible de faire campagne en se présentant devant leurs électeurs avec une taxe sur le carbone à 80 $ la tonne.
À ce sujet, j'aimerais apporter une précision aux fins du compte rendu, car j'ai pu noter une certaine confusion — en toute bonne foi, j'en suis persuadé — lors de nos déplacements lorsque j'indiquais que la taxe sur le carbone avait quadruplé. En 2019, cette taxe s'établissait à 20 $ la tonne. Elle est maintenant de 80 $. Quatre fois 20 $ donne bien 80 $. Pour être plus précis, ce sera le cas au printemps 2024. La taxe sur le carbone aura alors quadruplé en étant assortie dans bien des cas d'un très faible remboursement.
On offre cette exemption, reconnaissant ainsi le fait que la taxe sur le carbone crée une crise de l'abordabilité, comme nous l'a confirmé Tiff Macklem. Il nous a indiqué que 16 % de l'inflation actuelle est directement attribuable à la taxe sur le carbone, et que cette même taxe est la cause directe de 33 % de la portion de l'inflation dépassant la cible établie. Ce sont les chiffres qu'il nous a donnés.
Je suis persuadé qu'ils le font en toute bonne foi, mais j'ai pu entendre de nombreux députés libéraux et même néo-démocrates, en Chambre et comme au sein de ce comité, se montrer très confus à ce sujet en parlant notamment d'une proportion d'à peine 1,5 %. C'est carrément faux. Ce n'est pas ce que nous a dit le gouverneur de la Banque du Canada. Il a plutôt parlé, pour ensuite le confirmer, de 60 points de base, ce qui correspond à 16 % de l'inflation.
Il ne fait aucun doute qu'en offrant cette exemption seulement pour le Canada atlantique… Par souci de justice, je tiens à être complètement transparent et à faire en sorte que nous ayons tous les faits devant nous. Je dois donc dire que l'exemption est aussi accessible aux Canadiens d'ailleurs au pays qui chauffent leur résidence au mazout. Il n'en demeure pas moins que la majorité de ceux qui le font habitent sur la côte Est, ce qui n'a pas manqué de soulever l'ire des membres du caucus du dans cette région. C'est ainsi que de nombreux Canadiens seront abandonnés à leur triste sort.
Je dois vous dire, monsieur le président, que je ne comprends pas vraiment la logique derrière tout cela. J'ai entendu le nous dire que nous devions comprendre que le mazout est vraiment néfaste pour l'environnement et qu'il fallait donc l'exempter de la taxe sur le carbone. C'est toutefois le même gars qui va affirmer que l'essence est également préjudiciable à l'environnement et que l'on a donc décidé de quadrupler la taxe sur le carbone. C'est complètement illogique.
Toutes les fois que j'entends les arguments en ce sens, et je vous dis cela même pas à titre de partisan ou de conservateur, mais en me rappelant mes cours de philosophie à l'université, la logique m'échappe totalement. Ou bien la taxe sur le carbone entraîne une baisse de consommation et nous devrions l'appliquer très lourdement dans le cas des produits qui sont néfastes, ou bien elle n'a pas cet effet‑là, et nous devrions l'éliminer carrément pour plutôt permettre aux Canadiens de disposer des ressources dont ils ont besoin pour pouvoir prendre les décisions qu'ils doivent prendre. Voilà qui m'amène à vous parler du projet de loi .
Comme certains le savent peut-être, c'est moi qui ai présenté en 2019 le projet de loi — un projet de loi d'initiative parlementaire. Cette mesure a cédé la place au projet de loi qui vise à exempter les agriculteurs de tout le pays de la taxe sur le carbone pour le propane et le gaz naturel qu'ils utilisent.
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Merci beaucoup. Je vais établir tous les liens nécessaires pour m'assurer que la connexion est bien claire.
La taxe sur le carbone a un impact énorme sur l'économie, et nous avons entendu des témoignages qui le confirment. Vous n'avez pas à me croire sur parole, monsieur le président. Vous pouvez vous en remettre à ce que disait Tiff Macklem à ce sujet. L'inflation est le problème principal de notre économie, ce dont conviennent notamment Bill Morneau, John Manley et la .
Nous avons entendu le témoignage du gouverneur de la Banque du Canada qui nous disait que 16 % de cette inflation, et que 33 % de sa portion dépassant la cible établie, sont directement attribuables à la taxe sur le carbone. Il est donc impossible à quiconque de traiter d'économie sans parler aussi de cette taxe.
Je sais que je risque de heurter la sensibilité de certains libéraux, car il s'agit de leur projet phare, mais il faut avouer que cette taxe n'a vraiment rien apporté de concret pour notre environnement. En réalité, elle a seulement pour effet, comme j'ai déjà pu le mentionner, d'inciter des entreprises canadiennes à quitter carrément le pays ou à délocaliser leurs activités de fabrication à l'étranger pour éviter d'avoir à payer la taxe sur le carbone.
Dans des endroits comme la province du Guangdong ou la Virginie occidentale où l'on peut avoir amplement recours au charbon, les entreprises n'ont pas à payer de taxe sur le carbone. Ainsi, plutôt que d'être fabriqués au Canada par une industrie utilisant une ressource relativement écoénergétique comme le gaz naturel, les mêmes produits sont manufacturés dans la province du Guangdong, en Virginie occidentale ou dans un autre endroit du monde où le charbon est encore la source d'énergie utilisée.
Je préférerais nettement que ce soit le barrage hydroélectrique des chutes Niagara qui alimente l'industrie manufacturière en Ontario, plutôt que de voir le charbon être utilisé en périphérie de Pékin et dans d'autres zones industrielles qui n'ont pas accès aux technologies propres dont nous bénéficions au Canada.
Si je reviens au projet de loi dont je parlais, il faut savoir que l'agriculture est une composante importante de l'économie, et même l'une des plus cruciales selon moi. Nous pourrions traiter brièvement des interactions entre la taxe sur le carbone et l'agriculture, deux considérations clés du point de vue économique.
J'ai donc eu le grand plaisir de présenter le projet de loi au Parlement en 2019 dans le but d'exempter le gaz naturel et le propane de l'application de la taxe sur le carbone pour les agriculteurs. Comme je l'indiquais, une telle mesure aurait une incidence pour les agriculteurs de tout le pays, mais surtout pour ceux qui doivent procéder au séchage du grain. On sortait alors à peine d'une récolte que l'on avait qualifiée de désastreuse. Le temps très pluvieux qui avait marqué la saison des récoltes avait donné du grain et du maïs très humide. Les agriculteurs ont alors dû payer des dizaines de milliers de dollars en taxe sur le carbone. Ils ne s'en sont pas encore remis aujourd'hui, et c'était à l'époque où la taxe était de 20 $ la tonne. Comme je l'ai indiqué, elle a depuis quadruplé pour atteindre maintenant 80 $ la tonne. Nous avons entendu d'excellents témoignages à ce sujet lors de nos déplacements au pays. J'ose espérer que les députés du parti ministériel tout particulièrement ont prêté une oreille attentive aux interventions des représentants de l'Association canadienne des producteurs pétroliers et des autres témoins experts.
Ce projet de loi s'est rendu jusqu'au Sénat, monsieur le président. Nous avions fait tout ce chemin lorsque, malheureusement, le a déclenché son inutile élection de 600 millions de dollars qui a sonné le glas de cette initiative.
C'est à mon grand soulagement et avec toute mon admiration que mon formidable collègue, , est revenu à la charge avec le projet de loi . Je dois souligner que M. Lobb est même allé plus loin que ce que je proposais en incluant le chauffage des bâtiments agricoles parmi les modifications mineures, mais tout de même importantes, qu'il a mises de l'avant.
Nous y voilà encore une fois avec le Sénat qui est saisi de ce nouveau projet de loi. Malheureusement, le gouvernement libéral exerce des pressions sur les sénateurs qu'il contrôle au sein de ce Sénat soi-disant indépendant, et j'ai bien dit « soit-disant ».
Qu'ils se qualifient de sénateurs libéraux ou qu'ils utilisent quelque autre désignation qui leur convient, ils sont sous la férule de leur maître, le , et ils retardent l'adoption de ce projet de loi.
Selon moi, l'une des raisons qui motivent une telle stratégie est le fait que le ministre de l'Environnement, , a déclaré qu'il donnerait sa démission si une autre exemption était accordée. Je pense que cette prochaine exemption est pour bientôt.
Nous avons du soutien à ce niveau, et j'exhorte le … S'il doit choisir entre son et l'agriculture canadienne, il n'a pas à se casser la tête bien longtemps. Il faut opter pour l'agriculture. Je suis persuadé que M. Guilbault demeure tout à fait employable, et ce, malgré son casier judiciaire. Je ne m'inquiète pas du tout pour son avenir.
C'est la taxe sur le carbone qui est l'enjeu principal. Il faut que les agriculteurs en soient exemptés, ce qui sera sans doute le cas si les sénateurs libéraux ne retardent pas trop le processus.
Soit dit en passant, j'invite tous les gens qui nous regardent à bien vouloir écrire à leur député libéral…
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Merci, monsieur le président.
Je crois qu'il ne fait aucun doute que la taxe sur le carbone affecte les agriculteurs, et que l'agriculture est une composante importante de notre économie. Si ma collègue essaie de laisser entendre d'une manière ou d'une autre que l'agriculture ne fait pas partie de l'économie canadienne, je l'inviterais à l'affirmer clairement, car je peux vous assurer que les agriculteurs de ma circonscription ne sont pas du tout de cet avis.
Je pourrais peut-être même, monsieur le président, formuler l'hypothèse que le manque de respect des libéraux envers nos agriculteurs est à l'origine de l'insécurité alimentaire extrême qui est actuellement le lot de millions de Canadiens. Je suis en complet désaccord avec ma collègue qui voudrait exclure l'agriculture… J'estime que l'agriculture est une composante de notre économie, et que c'est même « un pilier de l'économie canadienne », comme on l'indique dans cette motion. Je vais donc continuer de vous en parler.
Pour ce qui est la situation de l'agriculture cette année, il est bien certain que les témoignages d'agriculteurs et de groupes les représentant, que notre comité des Finances a pu entendre lors de son passage à Winnipeg… Ils conviennent tous que la solution à privilégier ne réside sans doute pas dans de nouvelles exemptions, mais consiste plutôt à supprimer la taxe sur le carbone une fois pour toutes. Si on y réfléchit bien, existe‑t‑il d'autres moyens à la disposition du gouvernement pour réduire dès demain l'inflation de 16 %, et même de 33 % si l'on considère la portion dépassant la cible fixée? J'aimerais vraiment que les libéraux me disent, lorsque j'aurai terminé mon intervention, quelle est leur solution pour diminuer l'inflation. J'en ai une dès maintenant à leur suggérer pour faire baisser le taux d'inflation de 16 % et même de 33 %.
Bien que je souscrive à la plus grande partie du témoignage de M. Macklem concernant les incidences de la taxe sur le carbone sur l'inflation, je dois souligner qu'il s'est contenté de traiter des incidences directes en se limitant à celles découlant de l'utilisation des combustibles. On aborde ainsi seulement une partie des répercussions sur l'inflation. Il y a une autre chose qu'il nous a dite par ailleurs… Je sais que mes collègues d'en face, qui ont droit à tout mon respect, ont fait valoir que l'effet se ferait ressentir pendant une seule année, et il est vrai que c'est ce que M. Macklem a indiqué. Mais le fait est que la taxe sur le carbone doit augmenter jusqu'en 2030 pour atteindre 170 $ la tonne, ce qui signifie qu'elle aura une incidence sur l'inflation chaque année jusqu'en 2030. Alors, cela ne va pas s'arrêter cette année. Les répercussions sur l'inflation vont continuer de se faire sentir, alors qu'en éliminant la taxe sur le carbone, vous supprimez non seulement cette taxe elle-même, mais aussi ses augmentations à venir. C'est une question que j'entends bien poser à M. Macklem, car cela m'apparaît tout à fait logique.
Lorsqu'on considère les grandes politiques de division de ce gouvernement, et notamment l'exemption à l'égard de la taxe sur le carbone, on constate que celle‑ci va offrir de plus en plus d'échappatoires. À toutes fins utiles, la taxe va devenir impossible à gérer avec cette exemption sur le mazout, celle pour les agriculteurs qui, nous l'espérons, s'appliquera sous peu, et toutes les autres qui ne sont pas déjà prévues sans que l'on comprenne exactement pourquoi. La crise de l'abordabilité touche les personnes handicapées plus durement encore que tous les autres Canadiens. Pourquoi n'y aurait‑il pas une exemption de la taxe sur le carbone pour les personnes vivant avec un handicap?
À ce sujet, bien que 1 000 journées se soient écoulées depuis la présentation du projet de loi sur la prestation canadienne pour les personnes handicapées, et que la loi habilitante ait été adoptée depuis plus d'un an, on n'a toujours pas investi de fonds dans cette mesure. Le gouvernement doit se montrer équitable envers les personnes en situation de handicap, et nous avons d'ailleurs entendu d'excellents témoignages à ce sujet. Ces personnes se retrouvent maintenant doublement pénalisées du fait que bien souvent, elles figurent malheureusement — un des graves manquements de notre société — parmi le quintile de revenu le plus faible. Ce n'est pas un jugement à leur endroit, mais plutôt une réflexion sur notre travail de politiciens.
J'espère que l'énoncé économique de l'automne permettra enfin de financer cette prestation qui, si je ne m'abuse, a obtenu le soutien unanime de la Chambre des communes. Mais voilà maintenant que l'on ajoute à ce manquement l'imposition d'une taxe sur le carbone, ce qui complique beaucoup la vie des personnes handicapées.
Ce sont les Canadiens généralement les plus vulnérables du point de vue économique qui sont souvent les plus touchés par les taxes régressives comme la TPS et la taxe sur le carbone. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec un militant contre la pauvreté. Il m'a indiqué savoir d'expérience que seulement 4 % des personnes les plus démunies, celles se retrouvant au pied de l'échelle économique, remplissent leurs déclarations de revenus. Les personnes qui gagnent entre 20 000 $ et 25 000 $ paient tout de même des taxes, une perte économique nette. Celles qui n'ont pas la chance d'atteindre ce seuil, ou même qui le dépassent de très peu touchent des prestations exemptes d'impôt.
Prenons l'exemple d'une de ces personnes qui vivent des moments difficiles pour une raison ou pour une autre. Si elle ne remplit pas ses déclarations de revenus, ce qui est le cas de 96 % des gens dans la même situation selon ce militant, elle n'a pas droit au remboursement de la taxe sur le carbone. Il n'en demeure pas moins que cette personne doit faire les frais de cette taxe, malgré les minces revenus qu'elle réussit à accumuler — et je suis persuadé qu'elle fait de son mieux, mais qu'un facteur ou un obstacle quelconque échappant à son contrôle se dresse sur son chemin. Elle paie la taxe directement pour le chauffage ou indirectement dans le prix de son loyer. Elle utilise probablement un mode de transport exigeant un carburant fossile quelconque, et encore là, elle sort de l'argent de son portefeuille pour payer cette taxe.
Nous avons pu aussi entendre le représentant de London nous parler des difficultés que connaît cette ville. Monsieur le président, il a été particulièrement troublant pour moi — et pour tous mes collègues, j'en suis persuadé — d'apprendre combien de personnes avaient perdu la vie dans les rues de London. Nous avons tous convenu que nous pourrions notamment, dans notre rôle de parlementaires, réduire les coûts du chauffage. Bon nombre des organisations qui offrent du réconfort, des soins ou du répit aux personnes en situation d'itinérance doivent payer la taxe sur le carbone. C'est le coût à assumer pour offrir le meilleur service possible à ces individus se retrouvant dans la situation la plus difficile que l'on puisse imaginer. Plutôt que de pouvoir acheter un plus grand nombre de manteaux d'hiver, ces organismes doivent payer la taxe sur le carbone.
J'arrive très difficilement à comprendre pour quelles raisons un gouvernement qui a plongé notre pays dans une crise du logement avec des versements hypothécaires qui ont doublé, voire triplé, des loyers deux fois plus élevés, si tant est qu'il soit possible de trouver un logement… Dans certaines localités de ma circonscription, comme Cobourg et Port Hope, le taux d'inoccupation atteint 1 % si bien que rien n'est disponible, même pour une personne disposant de 2 000 $ ou 2 500 $ par mois pour payer un loyer. Je ne comprends tout simplement pas pourquoi le gouvernement s'acharne ainsi à rendre la vie plus difficile à tout le monde.
À vrai dire, c'est notre crise de la productivité qui est à l'origine de bon nombre de ces problématiques. Malheureusement, le Canada se situe parmi les pires pays de l'OCDE pour ce qui est de la productivité. J'ose espérer que l'on examine la situation sous l'angle de la productivité lorsque vient le temps d'établir l'énoncé économique de l'automne. Si j'avais un conseil à donner à notre — qui nous écoute peut-être, je l'ignore —, ce serait d'analyser chacune de nos politiques économiques dans l'optique de la productivité. Il peut arriver que certaines considérations aient préséance sur la productivité, mais celle‑ci devrait être prise en compte dans chacune des actions du gouvernement, car elle a même une incidence sur l'inflation.
Nous avons bien sûr eu amplement la chance d'entendre le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, qui nous a notamment parlé de l'inflation et des effets de la demande sur l'inflation. Il y a toutefois un envers à cette médaille. Il y a la demande, mais il y a également l'offre. Pour sa part, le gouverneur de la Banque du Canada s'efforce de réduire la demande. Il s'emploie à rendre plus rare l'argent nécessaire pour acheter des marchandises. C'est principalement en s'appuyant sur la politique monétaire, via la hausse des taux d'intérêt, qu'il cherche ainsi à réduire la masse monétaire. Il va même jusqu'à, fait sans précédent... Je dois admettre que j'ai été un peu étonné de le voir faire montre d'une si grande transparence devant le comité des Finances. C'est tout à son honneur qu'il ait réclamé du gouvernement fédéral, dont les dépenses atteignaient un taux de croissance de 3,5 %, de ramener celui‑ci sous la barre des 2 %. En travaillant ainsi à contre-courant, le gouvernement faisait obstacle aux efforts déployés par le gouverneur.
C'est donc ce qui se passe du point de vue de la demande. Ralentir la demande est un exercice pénible. Il faut pour ce faire hausser les taux d'intérêt, ce qui se traduit par des paiements hypothécaires encore plus élevés. En outre, cela cause du chômage, ce qui peut nous mettre sur la voie d'une récession et même d'une stagflation.
Il y a toutefois un autre côté, celui de l'offre. C'est là qu'intervient ce qu'on appelle la théorie économique de l'offre. Si on parvient à augmenter la quantité de biens disponibles, la société devient plus prospère. Ce n'est pas un exercice aussi pénible que celui de la réduction de la demande. En fait, c'est tout à fait le contraire. Si on augmente l'offre, on améliore les perspectives économiques de tout le monde. On rend le pays plus prospère. La nation devient plus riche. Tous ont ainsi un plus grand gâteau à se partager. J'ai la firme conviction que le gouvernement doit maintenant, non pas se contenter de lutter contre l'inflation…
Comme Tiff Macklem et d'autres économistes l'ont fait valoir, nous pourrions être en pleine inflation structurellement élevée, en ce sens que nous ne produisons tout simplement pas assez de biens pour répondre à la demande, surtout compte tenu de la croissance marquée de notre population. Plutôt que de chercher à réduire la demande en affirmant que les Canadiens doivent se contenter de moins — ce qui semble être la devise de nos collègues d'en face —, je pense qu'on peut compter sur le fait que les Canadiens peuvent produire davantage et devenir plus prospères.
Lorsque nous favorisons la croissance économique — et cela a été démontré à maintes reprises de JFK jusqu'à Brian Mulroney —, nous aidons les plus vulnérables. C'est plutôt lorsque nous resserrons la vis du côté de l'offre… Ce n'est pas si simple pour notre société. Ce ne sont pas les millionnaires qui en souffrent. Ils vont très bien s'en tirer. Quand vous gagnez un million de dollars par année et que vous perdez 10 % de vos revenus, ce n'est pas nécessairement la meilleure des nouvelles. Je n'ai jamais moi-même gagné un million de dollars, mais il n’y a sans doute pas lieu de s'en réjouir. En revanche, si vous gagnez 10 000 $ par année et que vous perdez 10 % de vos revenus, vous allez sans doute devoir jeûner à l'occasion. Ce sont les plus vulnérables qui sont davantage touchés.
Je peux vous citer encore une fois M. Macklem qui nous a dit à peu près ce qui suit. Il a qualifié l'inflation de taxe qui touche de façon disproportionnée les membres les plus vulnérables de notre société. Encore là, sa transparence à ce sujet m'a surpris. J'espère que nous aurons l'occasion de l'accueillir à nouveau pour qu'il puisse nous en dire davantage, car l'inflation est une force corrosive qui mine terriblement notre économie. C'est ainsi que la richesse des Canadiens s'envole en fumée.
Je peux comprendre que le gouverneur n'a d'autre choix actuellement que de majorer les taux d'intérêt dans le but de réduire l'inflation. Son travail va devenir encore plus difficile en ce sens qu'il lui faudra hausser les taux d'intérêt encore davantage si le gouvernement ne parvient pas à mieux contrôler ses dépenses. Dans un rapport récent, la Banque Scotia nous apprenait qu'une tranche de pas moins de 700 $ du paiement hypothécaire moyen est le résultat direct des dépenses faramineuses de ce gouvernement. Je crois que c'est dans le même rapport que l'on indique que les investissements dans le logement ont diminué de 14 %, ce qui signifie qu'il ne faut pas s'attendre à voir arriver de nouvelles résidences sur le marché.
Nous accueillons de nouveaux arrivants au pays, ce qui est tout à fait formidable, mais nous devons leur permettre d'avoir accès à des logements abordables, au même titre que ceux qui sont nés au Canada. Si l'accès au logement devient impossible pour les nouveaux arrivants et l'ensemble des Canadiens, c'est la catastrophe. L'incapacité à se payer une maison ne signifie pas seulement que les gens n'auront pas leur terrain à eux. Très souvent, ceux qui se retrouvent dans cette situation décident de ne pas fonder une famille, faute d'avoir de la place pour leurs enfants. L'absence d'un plan efficace en matière de logement est à l'origine de toutes sortes de difficultés socioéconomiques.
Notre chef, , a présenté un plan du gros bon sens pour le logement qui prévoit une réduction des taxes et des tracasseries administratives en plus d'offrir des incitatifs aux municipalités pour accroître le nombre de mises en chantier. Le gouvernement actuel fait totalement fausse route. C'est ainsi que les représentants de la SCHL ont indiqué devant notre comité que les politiques en vigueur ne permettront pas de combler le manque actuel de logements, ce qui nous éloigne de nos objectifs pour ce qui est de l'inflation structurelle.
Nos problèmes de productivité réduisent notre offre pour à peu près tous les biens, et voilà le logement qui s'ajoute à tout cela… Nous sommes incapables de construire des logements dans la mesure où cela est nécessaire, ce qui ne fera qu'exacerber les pénuries en la matière.
Qui plus est, nous restreignons également notre capacité à utiliser nos propres ressources naturelles. Bien évidemment, une large part de l'inflation de l'indice des prix à la consommation est attribuable aux combustibles, comme l'essence et le diesel. Comme nous limitons nos possibilités d'être autonomes à ce chapitre — même si nous avons accès au Canada à du gaz naturel propre comme excellente source énergétique —, nous allons devenir de plus en plus dépendants des autres pays, et par conséquent des marchés mondiaux pour ce qui est du prix des carburants, ce qui va nous exposer aux fortes fluctuations des prix de l'énergie. À bien des égards, le gouvernement crée les conditions idéales pour une inflation structurellement élevée.
Nous avons besoin d'un plan rétablissant le simple bon sens pour remettre l'économie sur ses rails. Notre a indiqué très clairement que le Régime de pensions du Canada devrait conserver sa portée nationale, avec bien sûr l'exception déjà notée dans le cas du Québec. Nous encourageons les Albertains et l'Alberta à ne pas tourner le dos au Régime de pensions du Canada, mais nous nous opposons au libellé utilisé au troisième paragraphe de la motion de Mme Bendayan.
J'aimerais proposer un amendement visant la suppression de ce paragraphe pour le remplacer par ce qui suit: « Les politiques de ce gouvernement libéral, comme la taxe sur le carbone et , mènent à une plus grande division au sein du pays. »
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Je vais m'efforcer d'être davantage pertinent à l'égard de cet amendement que mon collègue vient de l'être relativement à la motion dont nous sommes saisis, et peut-être même de faire encore mieux. Nous verrons bien.
Je pense qu'il est important de mentionner d'entrée de jeu que je trouve plutôt satisfaisante la motion dans sa forme actuelle. Je ne ressens pas le besoin particulier de la modifier, en tout cas assurément pas de la manière donc mon collègue le propose.
D'après ce que j'ai pu comprendre, si nous ne sommes pas en train de poursuivre notre étude sur le logement, c'est parce que nos collègues conservateurs n'acceptent pas que l'on parle dans la motion du « plan dangereux de la première ministre Danielle Smith ». Je pense qu'il ressort clairement des sondages dont les résultats ont été rendus publics qu'une majorité d'Albertains sont très inquiets à la perspective de voir leur province s'affranchir du Régime de pensions du Canada.
À la lecture des reportages sur cette proposition dans différents médias, je pense qu'il est bien évident qu'il s'agit d'une stratégie imaginée par le gouvernement albertain pour se donner en quelque sorte un levier politique. J'estime qu'il est dangereux de mettre ainsi en péril l'avenir des pensions des travailleurs de tout le pays aux fins de stratagèmes politiques visant à obtenir certaines concessions de la part d'Ottawa. Selon moi, un gouvernement qui a à cœur les intérêts de ses citoyens n'utilise pas leur régime de retraite à des fins politiques de cette manière.
Pour dire vrai, le Régime de pensions du Canada a toujours produit d'excellents rendements. Je pense que bien des gens voudraient obtenir des rendements semblables avec leur propre portefeuille d'investissement. Je crois que la moyenne a été d'environ 10 % au fil des 10 dernières années, une décennie très tumultueuse, comme nous le savons tous. Avant l'augmentation des taux d'intérêt, il était plutôt difficile d'obtenir un rendement de 10 % sur quelque investissement que ce soit. Il y a toujours des discussions quant aux investissements choisis pour le Régime de pensions du Canada, au montant de ses investissements, etc. J'estime toutefois que personne ne devrait remettre en question l'efficacité de l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada quand il s'agit d'obtenir un bon rendement pour les retraités canadiens.
Cette proposition ne me pose donc pas de problème. Je rappellerai toutefois à mes collègues qu'il n'y a pas si longtemps, nous avons adopté une motion pour nous opposer à la fusion de la Banque Royale et de Banque HSBC Canada. Nous l'avons fait même si certains… Si ma mémoire est fidèle, je ne crois pas que les libéraux aient participé au vote relativement à cette proposition. Ils ne s'y sont pas opposés, mais ne l'ont pas appuyée non plus. Je dirais qu'il faut surtout noter à ce sujet, sans nous prononcer sur le bien-fondé de cette abstention — et je vais m'abstenir de le faire pour l'instant — que le Comité doit en venir à prendre une décision. Je comprends qu'il y a certains membres ici présents qui ont davantage à cœur de défendre Danielle Smith que de poursuivre notre étude sur le logement. Ce n'est pas le point de vue de tous les membres du Comité. Peut-être en fait que c'est le cas, mais je l'ignore. Nous serons fixés uniquement lorsque nous pourrons mettre cette motion aux voix.
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de suspendre ainsi le travail constructif que ce comité réussissait à accomplir dans le dossier du logement... Il est trop rare que notre comité parvienne à travailler de façon constructive et productive. Le but est de protéger Danielle Smith dont les manœuvres politiques sont, comme je l'indiquais, risquées et motivées par des objectifs qui ne me semblent pas valables. C'est selon moi une erreur.
J'aimerais beaucoup que nous puissions en arriver à mettre cette motion aux voix. Comme je le disais, ce n'est pas qu'il n'y avait pas consensus concernant la fusion entre ces deux banques… et ce n'est pas la façon dont fonctionne le Parlement de toute manière… On entend souvent les conservateurs vanter les mérites de la démocratie à majorité simple et du 50 % plus un, mais tout cela n'a de sens que si on finit par passer au vote. Lorsqu'une proposition leur déplaît, ils proclament qu'un consensus est nécessaire. Quand ils sont favorables, la formule du 50 % plus un leur convient parfaitement. Il faudrait toutefois se brancher d'un côté ou de l'autre. Est‑ce que la prise de décisions est fondée sur une majorité simple ou sur un consensus?
Si les conservateurs souhaitent que les décisions soient prises par voie de consensus sur la Colline du Parlement, ils devront assurément adopter, lors des séances de comité comme à la Chambre des communes, une attitude et une position très différentes de celles que j'ai été à même d'observer d'aussi loin que je me souvienne. Je dirais que leur façon de faire les choses ne va pas du tout dans le sens d'une prise de décision consensuelle. J'ai fait partie d'organisations qui fonctionnent suivant un modèle consensuel, et je peux vous dire que les discussions ne se déroulaient pas du tout de la même manière.
Si nous optons pour 50 % plus un, qu'il en soit ainsi. Je ne préconise pas de passer à un processus décisionnel fondé sur le consensus. Je dis simplement que si on a et appuie un modèle de 50 % plus un, on ne peut être fonctionnel que si on permet la tenue de votes, et ce que les conservateurs font, c'est essentiellement imposer un modèle décisionnel fondé sur le consensus au Comité en refusant de permettre la tenue d'un vote lorsqu'ils ne sont pas d'accord avec la motion.
J'en déduis que nous ne pourrons tenir des votes ici que si les conservateurs aiment déjà ce que la motion propose.
Étant néo-démocrate, je sais très bien ce que c'est que de perdre des votes et d'adhérer néanmoins à une institution où je ne gagne pas toujours selon les règles; je ne plie toutefois pas bagage pour rentrer chez moi. Je ne refuse pas que certaines choses se fassent parce que je n'aime pas tout ce qui se fait. Je me concentre sur la prochaine bataille.
Les gens sont libres d'adopter la position qui leur convient au sein du Comité. Ce que je n'aime pas, c'est une position selon laquelle on dit qu'il n'y aura pas de vote à moins que la teneur de la motion nous plaise. Et je dirais, même si j'ai parfois des désaccords avec mes collègues libéraux, que je lis dans les feuilles de thé qu'ils n'étaient pas emballés par la motion de fusion entre la RBC et la HSBC présentée au Comité. Je ne sais pas; je leur laisserai le soin de le dire. Ils n'ont pas voté contre. Ils n'ont pas voté pour, mais ils ont permis la tenue du vote, et je ne vois pas pourquoi nous devrions siéger ici beaucoup plus longtemps, dans la mesure où nous pouvons permettre la tenue d'un vote.
Nous connaîtrons alors la volonté du Comité, comme nous l'avons connue pour la fusion entre la RBC et la HSBC, et nous procéderons à partir de là. Si nous n'avançons pas, c'est parce que les conservateurs font ici le sale travail de Danielle Smith parce qu'ils n'aiment pas l'idée qu'un comité de la Chambre des communes la critique.
Je ne pense pas que ce soit le critère ici. Nous sommes autorisés à voter sur ce genre de choses, ou du moins nous devrions l'être.
Au besoin, je peux en dire davantage sur l'amendement, mais je suis tout à fait disposé à mettre la motion principale aux voix. Je pense que la motion est bien telle qu'elle est. Je ne pense pas que l'amendement l'améliore de quelque façon que ce soit, et je ne pense pas non plus qu'il nous rapproche d'un consensus. Si c'est bien ce que cherchent les conservateurs, je ne crois pas que cet amendement ait contribué le moindrement au consensus.
Je sais que lorsque la motion a été présentée pour la première fois, il a été question d'essayer de trouver un amendement et de se rapprocher d'un consensus. J'étais disposé à écouter ce que vous aviez à dire à ce sujet. Cet amendement ne faisait pas partie de la discussion, et il est manifestement conçu pour éviter que le Comité se rapproche de quelque consensus que ce soit.
Il est quelque peu décevant, bien sûr, qu'il soit plus important pour les conservateurs fédéraux ici présents de protéger la position politique de Danielle Smith que de chercher à se rapprocher d'un consensus, mais je laisserai maintenant mes collègues conservateurs poursuivre la discussion.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous de me permettre d'être ici et de parler de cette importante motion.
Nous savons évidemment que la motion que mon collègue a présentée concerne la division et, comme il l'a fait remarquer, Cumberland—Colchester se trouve dans le Canada atlantique et a fortement ressenti l'impact de la taxe sur le carbone, qui est porteuse de division, et ses répercussions négatives sur les gens que je représente. En ce moment, nous entendons certainement plus de protestations de citoyens sur une politique qu'autre chose, principalement parce qu'ils n'ont pas les moyens de chauffer leur maison, de se loger ou de se nourrir, et c'est extrêmement troublant.
J'ai été médecin de famille pendant 26 ans, et il y a certainement des gens qui ont remis mon bon sens en question parce que j'ai quitté une profession fort respectée pour venir ici en tant que politicien pour faire quelque chose de très différent. Cela dit, quand on a entretenu des relations très étroites avec de nombreuses personnes pendant plus d'un quart de siècle, on commence à comprendre que les tourments que ressentent les Canadiens de l'Atlantique à l'heure actuelle sont disproportionnés par rapport à toute autre époque. Au cours de ma vie d'adulte, je ne me souviens certainement pas d'avoir vu les gens se ruer en masse dans les banques alimentaires. De fait, la banque alimentaire de ma circonscription, à Truro, a dû demander au comté de payer son hypothèque, d'abord parce que ses taux hypothécaires sont exorbitants — ce qui, nous le savons, est attribuable aux dépenses inconsidérées du gouvernement de coalition néo-démocrate-libéral —, mais aussi parce qu'elle fait face à une demande plus élevée que jamais, de sorte qu'elle ne pouvait pas répondre à la demande tout en payant son hypothèque.
Quand on commence à observer ces réalités de la vie et le fait qu'une gentille vieille dame a appelé... Je lui ai parlé et elle m'a dit ce qui suit. En fait, il y a deux histoires qui, selon moi, sont très, très importantes pour décrire la division que nous observons au pays. Cette femme a appelé et dit qu'elle se levait le matin — elle vit dans une maison mobile — et qu'elle allumait le chauffage pour réchauffer la maison, mangeait quelque chose, puis retournait au lit avec ses vêtements, restant enfouie sous les couvertures jusqu'à l'heure du souper, au moment où il faisait froid de nouveau. Elle rallumait alors le chauffage pour réchauffer la maison, mangeait quelque chose et retournait se coucher. C'est ainsi qu'elle a bien souvent passé ses journées l'hiver dernier. Quand on commence à comprendre que c'est ainsi qu'elle passait ses journées, cela devient très désolant.
Je pense qu'une autre femme a très clairement parlé d'un concept qu'elle appelait « dépicerie », ce qui, pour moi, n'était pas un véritable mot. Cela dit, il a été incroyablement décourageant d'entendre son histoire. Elle a dit qu'elle prenait son panier d'épicerie, faisait le tour du supermarché en choisissant les articles qu'elle voulait, pour se rendre compte qu'elle ne pouvait pas se les permettre. Elle faisait alors l'inverse, retirant certains articles de son panier pour avoir une facture qu'elle pourrait finalement se permettre. Quand on commence à examiner ces situations‑là, il devient très, très difficile au pays de comprendre la division que la coalition néo-démocrate-libérale a créée.
L'autre chose, quand nous parlons de division, c'est que nous comprenons que dans les régions rurales du Canada atlantique, bien des gens vivent encore dans des maisons unifamiliales et chauffent leur maison au mazout. Cela devient une situation difficile. Nous savons que le coût du mazout domestique a monté en flèche sous la coalition néo-démocrate-libérale, mais ce qui est triste et qui a contribué à créer cette division, c'est le fait qu'une entreprise appelée Sustainable Marine Energy avait un projet d'énergie marémotrice, dont une partie devait se réaliser dans la belle circonscription de Cumberland—Colchester, mais comme le ministère des Pêches et des Océans, dirigé par la coalition néo-démocrate-libérale, a refusé de lui donner des directives sur la façon d'aller de l'avant, elle a dû l'abandonner.
La difficulté, bien sûr, c'est que dans la baie de Fundy, nous avons les marées les plus hautes au monde, nous avons le plus grand potentiel, un potentiel qui laisse entrevoir la possibilité qu'une fois exploitée l'énergie marémotrice dans la baie de Fundy, nous serions en mesure d'alimenter tout le Canada atlantique en énergie et de fournir à tous les habitants de la région l'énergie dont ils ont besoin à un coût raisonnable. Sustainable Marine Energy était la seule entreprise de l'histoire à tenter d'exploiter l'énergie marémotrice pour avoir la capacité d'alimenter le réseau en électricité.
Lorsque le gouvernement de coalition néo-démocrate-libéral a refusé de fournir des directives, j'ai profité de l'occasion pour parler au directeur de Sustainable Marine. C'était vraiment fascinant. Il était très enthousiaste. Son entreprise a mis au point un nouveau type de plateforme navale qui lui a permis de placer son équipement d'exploitation de l'énergie marémotrice à la surface de l'eau. Nous avons eu une discussion incroyable.
Les gens du Fundy Ocean Research Centre for Energy, ou FORCE, qui est l'organisme de surveillance des projets d'énergie marémotrice du gouvernement fédéral, étaient présents. Bien entendu, les gens se préoccupaient peut-être en fait du nombre de poissons blessés par le processus d'exploitation de l'énergie marémotrice. Ils avaient installé des dispositifs d'écoute sous-marine et des appareils vidéo, et tout ce qui aurait pu être près d'être dangereux, c'est quand un poisson a traversé les turbines à une occasion. Il n'a pas été blessé. Il n'a pas été touché. Il n'a pas subi le moindre tort. C'est également ce qu'ont indiqué les gens du FORCE. Il est évident que la méthode proposée par Sustainable Marine ne nuisait pas aux poissons à cet endroit‑là.
Lorsque nous examinons la situation, nous constatons que le gouvernement fédéral nuit à la capacité des Canadiens de l'Atlantique d'alimenter le réseau en électricité et, comme je l'ai souligné, de fournir suffisamment d'énergie à l'ensemble des provinces de l'Atlantique de façon durable, ce qui les libérerait de la nécessité de l'acheter ailleurs, bien entendu.
Je suis toujours fasciné quand on parle d'émissions. L'énergie marémotrice n'émet pas d'émission — pas la moindre. Comment pourrait‑on faire mieux? On ne nuit pas à l'environnement des poissons local et on ne produit aucune émission, avec la possibilité de fournir suffisamment d'énergie à tout le Canada atlantique. Tout ce qui fait obstacle, c'est le refus du ministère des Pêches et des Océans de fournir des directives pour permettre à Sustainable Marine d'aller de l'avant. L'entreprise avait une plateforme à l'eau dans le cadre de ce qui était, je le répète, le seul projet à ne jamais avoir fourni de l'énergie au réseau.
Une autre entreprise a également participé à la réunion, parce que les gens diront évidemment que quelqu'un d'autre parviendra à le faire. J'ai demandé à cette autre entreprise si elle avait une proposition de projet. Il n'en avait pas, mais elle avait une idée. J'ai lui demandé si elle avait des investisseurs, mais ce n'est pas le cas. Elle n'avait pas de projet dans l'eau, par d'argent et ne fournissait pas d'électricité au réseau. L'autre entreprise a dit que c'était correct.
Cependant, que faisons-nous pour la seule entreprise qui alimente le réseau en électricité? Nous lui disons de rentrer chez elle. Pas « nous » de ce côté‑ci de la Chambre. Soyons clairs à ce sujet: ce sont la coalition néo-démocrate-libérale et le ministère des Pêches et des Océans qui disent: « Pliez bagage et rentrez chez vous ».
Qu'a fait Sustainable Marine? Elle a pris sur elle de retirer tout son équipement de cet endroit. Elle a non seulement enlevé son équipement, mais elle a aussi dépensé un quart de million de dollars de plus pour envoyer des plongeurs sur les lieux afin de s'assurer qu'aucun morceau de plastique, aucune chaîne ou aucun résidu de son projet ne soit laissé derrière pour contaminer, pour ainsi dire, le site qu'elle utilisait pour son projet.
La seule bonne nouvelle, c'est que lorsque j'ai parlé à...
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Certainement, monsieur le président. Nous parlons de division, et je pense qu'il est important que les gens comprennent les exemptions à la taxe sur le carbone accordées au pays. Ces exemptions ont créé une division importante, et cette division, bien sûr, est directement liée à la sécurité énergétique. Bien entendu, le projet d'énergie marémotrice a maintenant été annulé parce que le ministère des Pêches et des Océans n'a pas fourni de directives. Ce projet était une lueur d'espoir importante pour les Canadiens de l'Atlantique, car il aurait permis, à eux et à nous — je m'inclus là‑dedans — de devenir autonomes sur le plan énergétique. C'est un domaine où il se crée une importante division pour nous tous dans le Canada atlantique en raison des politiques du gouvernement de coalition néo-démocrate-libéral.
Lorsque j'ai demandé à Sustainable Marine si elle envisagerait de revenir, le propriétaire m'a dit: « Vous savez, si vous me lanciez une corde, j'y grimperais probablement. » Cela en dit long sur lui et sur Sustainable Marine, qui cherchent des façons d'exploiter l'énergie marémotrice comme source d'énergie. Ce serait un exploit extraordinaire.
Comme je l'ai souligné, la baie de Fundy est le théâtre des plus grandes marées du monde. Si nous pouvions les exploiter comme cette entreprise était en bonne voie de faire, cela changerait la donne. Il ne serait pas nécessaire de parler des politiques porteuses de division du gouvernement néo-démocrate-libéral ici à Ottawa, parce que les Canadiens de l'Atlantique n'exigeraient pas d'exemptions accordées parce qu'ils continuent d'utiliser le mazout domestique comme source de carburant. Comme je l'ai dit, cela cause certainement des difficultés importantes aux deux aînées dont j'ai parlé plus tôt.
Une autre chose, bien sûr, qui a causé d'importants problèmes aux Canadiens de l'Atlantique, c'est que, depuis les lustres, ils dépendent de maigres pensions et de la Sécurité de la vieillesse — et nous parlons du Régime de pensions du Canada —, mais ils comptent aussi sur la valeur que leur maison a acquise au fil des ans. En Nouvelle-Écosse et dans les autres provinces de l'Atlantique, les gens ont tendance à ne pas déménager beaucoup, restant propriétaires de leur maison pendant longtemps. Maintenant, lorsque nous commençons à parler aux jeunes de Cumberland—Colchester, nous comprenons très bien que le coût des maisons a doublé, que le coût d'une hypothèque a augmenté de 150 % et, bien entendu, que le prix des loyers a doublé.
Nous commençons à le constater. Les gens ne souffrent pas seulement d'insécurité énergétique. Nous savons que leur capacité de payer leurs factures d'énergie a diminué — comme je l'ai dit au cours des dernières minutes — et que ces factures ont augmenté, mais nous savons aussi qu'ils n'ont plus la capacité d'acheter une maison. La prochaine génération est profondément désespérée.
C'est intéressant. Mon de South Shore—St. Margarets a inventé un nouveau mot formidable pour ce que le gouvernement, la coalition néo-démocrate-libérale, vend aux gens: cela s'appelle l'« espium ». Le gouvernement veut que ses politiques en matière d'opioïdes donnent de l'espoir aux gens. Je ne vais pas commencer à parler de la crise des opioïdes, mais dans un grand nombre de ses autres politiques, il vend une utopie chimérique qui n'existe tout simplement pas pour le commun des mortels.
Il est clair, pour nous de ce côté‑ci de la table, qu'un nombre incroyable de personnes perdent espoir en raison de la nature porteuse de division de la coalition néo-démocrate-libérale. Je sais très bien que mes collègues de l'autre côté le comprennent aussi. Après notre retour en septembre, j'ai parlé à bon nombre d'entre eux pour savoir comment s'était passé leur été. Lorsqu'ils ont fait du porte‑à‑porte, le mépris avec lequel ils ont été accueillis à la porte les a vraiment menés sur la voie de la division, de la nécessité d'accorder une exemption à la taxe sur le carbone aux Canadiens de l'Atlantique.
Nous savons que lorsqu'ils faisaient du porte‑à‑porte et parlaient de leur politique d'« espium », les gens n'y croyaient plus. Les gens ont très bien compris la politique consistant à continuer de dépenser 600 milliards de dollars en dépenses inflationnistes, comme l'a dit mon excellent collègue, et l'économie de l'offre et de la demande. Nous savons fort bien que les Canadiens de toutes les régions du pays y voient clair dans leur jeu et comprennent ce genre de politique. Ils ne croient plus en ce genre de dépenses insensées.
Ils croient au bon sens. Ils savent très bien que l'énergie marémotrice et la capacité de se payer une maison, de se nourrir et de se loger sont très importantes pour les Canadiens. Ce qu'ils comprennent très bien, c'est qu'ils veulent avoir la chance de faire cela.
Ils veulent avoir la chance d'acheter leur propre maison afin de pouvoir revenir à la vie que connaissaient normalement les Canadiens de la région de l'Atlantique avant que le taux d'inflation ne devienne le plus élevé, jamais vu, depuis 40 ans. Ils auraient la capacité d'acheter une maison dont la valeur s'apprécierait modestement au fil des nombreuses années au cours desquelles ils en seraient réellement propriétaires. Ensuite, s'ils étaient propriétaires de leur maison — et bien sûr, à mesure que leur vie raccourcirait —, ils sauraient que non seulement ils auraient peut-être une petite pension, s'ils ont de la chance, mais qu'ils auraient aussi la valeur nette de leur maison, qui leur permettrait de vivre les dernières années de leur vie dans un confort relatif.
Nous savons que, comme les néo-démocrates et les libéraux ont fait du porte‑à‑porte cet été, ils savent que l'« espium » qu'ils vendaient aux Canadiens n'existe tout simplement pas. Les Canadiens n'y croient pas, et ils savent très bien que la crise actuelle crée une division à l'échelle du pays.
L'autre chose, bien sûr, qui suscite la division et la méfiance à l'égard de la coalition néo-démocrate-libérale, est liée au projet de loi , dont mon collègue a parlé et qui est actuellement au Sénat. Nous savons fort bien que les agriculteurs canadiens...
Je pense qu'il est important et pertinent que nous comprenions comment fonctionne la chaîne d'approvisionnement. Lorsqu'on taxe l'agriculteur qui cultive la nourriture et le camionneur qui la livre, la personne, le consommateur final va, bien entendu, payer de plus en plus. C'est du gros bon sens que tout le monde peut comprendre. Comme un de mes amis l'a déjà dit: « Les entreprises ne paient pas plus de taxes: elles les refilent aux consommateurs. » Lorsqu'on taxe l'agriculteur et la personne qui livre les produits, la personne qui les achète au bout de la chaîne paiera évidemment davantage.
On ne s'attend pas — eh bien, peut-être la coalition néo-démocrate-libérale s'y attend‑elle — à ce que l'agriculteur absorbe tous ces coûts. Nous savons, pour en avoir parlé à notre porte-parole en matière d'agriculture, que les coûts pour les agriculteurs qui doivent chauffer leurs granges et sécher leur grain ont monté en flèche au cours des huit dernières années, ce qui rend la situation presque intenable.
Nous savons très bien que le Canada devrait vraiment être un producteur de premier plan afin de nourrir le monde. Malheureusement, l'irrespect dont la coalition néo-démocrate-libérale a fait preuve envers les agriculteurs canadiens ne permet pas à ces derniers d'y parvenir. Quand nous sommes capables de le faire...
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Monsieur le président, le libellé a été distribué à toutes les personnes pertinentes dès que le député ministériel a proposé la motion. On peut finir par jouer à des jeux politiques toute la nuit. C'est en fait le programme législatif du gouvernement qui est mis en péril.
En passant, la a demandé que nous commencions l'examen de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité, que nous sommes obligés par la loi d'effectuer avant la fin de l'année civile. C'est une réunion. Il ne nous reste que six réunions. Nous sommes censés étudier le projet de loi et l'énoncé économique de l'automne.
Je me demande pourquoi le gouvernement a décidé de proposer cette motion maintenant et de ne pas accepter les amendements favorables qui ont été recommandés jusqu'ici.
Par ailleurs, nous sommes également censés entendre la . Je pense que la ministre nous a donné une date, le 7 décembre. J'imagine qu'il s'agira d'une combinaison du projet de loi , de l'énoncé économique de l'automne, en plus de l'inflation et du logement. La ministre aime se présenter au Comité seulement lorsqu'il y a un projet de loi à adopter. Il y a soit cette théorie, qui est raisonnable, ou l'autre, à savoir que le cabinet du premier ministre ne lui permet pas de venir, parce qu'elle fait trop bonne figure devant le Comité et éclipse le .
Nous sommes passés par là le printemps dernier. Je le rappelle, c'est le Cabinet du premier ministre qui ne veut pas que la vienne ici, parce qu'elle fait un meilleur travail que le sur certaines choses. Nous ne l'aurons que pour une heure, et elle pourrait dire qu'elle sera très généreuse et nous accordera 20 minutes de plus. La raison pour laquelle le Comité est aussi dysfonctionnel, c'est que la ministre des Finances n'a accepté aucune invitation à venir au Comité en dehors des apparitions qu'elle décide de faire pour faire adopter des projets de loi.
Si nous voulons connaître les raisons pour lesquelles les conservateurs s'intéressent à cette motion, je vais les résumer en quelques points. La première, c'est que nous avons une occasion en tant que Comité d'avoir un consensus et de dire aux Albertains que nous, en tant que Comité plénier, jugeons que le Régime de pensions du Canada est important. La deuxième, c'est que nous allons nous nuire en ce qui concerne notre capacité d'adopter des projets de loi par l'intermédiaire du Comité. Je ne peux pas croire que je suis en train de recommander au gouvernement comment adopter des lois plus rapidement par l'entremise du Comité. C'est ce qui va finir par arriver.
Le gouvernement a décidé de proposer une motion à motivation politique pour nous distraire de son échec dans les sondages. Il pense que la première ministre Danielle Smith est une meilleure cible pour le que le . Il est malheureux que nous ne puissions obtenir de consensus pour que le Comité envoie un message au gouvernement de l'Alberta et aux Albertains concernant l'importance du RPC.
Je vais prendre à cœur les recommandations et l'intervention de M. Blaikie et me demander si, pour des raisons de principe, je vais continuer de soutenir l'adoption d'une motion à motivation politique, ou s'il y a peut-être une occasion de simplement s'abstenir. À ce stade‑ci, la raison pour laquelle nous sommes ici en train de débattre d'une motion à motivation politique défie toute logique, alors que le Comité a tellement de travail à faire. Nous pourrions l'adopter très rapidement autrement. Si les députés ministériels signalent qu'ils sont ouverts à un amendement favorable, je pense que nous pourrions probablement terminer assez rapidement. Ce n'est pas le message que nous avons reçu.
Il ne nous reste que six réunions. Nous allons en prendre une, je pense, pour une comparution ministérielle.
Nous sommes censés utiliser une réunion pour un examen législatif de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. Soit dit en passant, si nous ne le faisons pas, le gouvernement se verra attribuer une mauvaise note par le Groupe d'action financière, qui examine l'approche du Canada à l'égard du blanchiment d'argent. Je ne pense pas vraiment que nous voulions recevoir une mauvaise note; je ne pense pas que le gouvernement le veuille.
Il me semble que le gouvernement n'a pas une énorme marge de manœuvre pour décider de faire adopter cette motion à motivation politique par l'entremise du Comité. Je pense qu'il aurait dû y penser avant de décider de proposer la motion.
De plus, la motion ne reconnaît pas que, par sa conception, le RPC comporte des critères de retrait pour les provinces qui souhaitent mettre sur pied leur propre régime. Je ne pense pas que ce soit une excellente idée, mais nous pourrions entendre le Bloc québécois au sujet du RRQ. Ce régime a en fait assez bien fonctionné, je pense, pour les Québécois.
Chaque gouvernement provincial a le droit de se demander s'il en a pour son argent en ce qui concerne ses propres contribuables et ses résidents dans le cadre du RPC. Il y a un mécanisme qui permet à une province d'exercer cette capacité et d'avoir une discussion.
Je ne pense pas réellement que la méthode repose sur des bases si solides qu'elle peut donner des résultats pour ce qui est des actifs qui seraient remis à l'Alberta si elle se retirait. En vérité, c'est aux Albertains d'y réfléchir et d'en discuter à l'interne. Nous pourrions leur envoyer un message unanime, en tant que Comité, ou nous pouvons laisser une motion à motivation politique être adoptée par le Comité et ne pas susciter beaucoup d'intérêt ou d'attention justement parce qu'elle est motivée par des considérations politiques.
Traitez-moi d'idéaliste si vous voulez. Je pense simplement qu'il y a une occasion de faire quelque chose pour que nous soyons tous sur la même longueur d'onde. Je reconnais que tout le monde ne l'est peut-être pas à l'heure actuelle, mais je garde espoir.
Je suppose que si l'intervention de M. Blaikie est le signal que nous ne pouvons pas y arriver, je devrai certainement réfléchir à la marche à suivre. Mais je pense que ce serait déjà un pas en avant si le Comité disait que nous sommes tous favorables au RPC.
Quel que soit le député qui souhaite demander l'adoption à la Chambre et parler à n'en plus finir des décisions politiques d'un premier ministre provincial particulier afin de marquer des points politiques à domicile, c'est à lui d'en décider. Je ne pense tout simplement pas que le Comité soit l'endroit idéal pour s'en prendre à un premier ministre provincial.
Si j'ai tort, les historiens me corrigeront sur ce que les comités antérieurs ont fait à cet égard, mais je rappelle aux députés que, tout comme le vent du changement peut balayer la rue Wellington et l'édifice Langevin — oui, c'est exact, je l'appelle toujours l'« édifice Langevin » — le vent du changement peut balayer les édifices législatifs provinciaux, comme on l'a vu au Manitoba. Nous avons maintenant un gouvernement néo-démocrate au Manitoba. Nous avons un gouvernement néo-démocrate en Colombie-Britannique.
Je ne veux vraiment pas créer de précédent pour l'avenir, où les Comités s'en prendront à divers premiers ministres provinciaux lorsqu'un parti particulier chute dans les sondages afin de marquer des points politiques pour détourner l'attention d'une histoire.
Nous avons l'occasion d'envoyer un message en tant que Comité. Si on nous dit maintenant que personne ne veut saisir cette occasion, nous sommes prêts à en discuter.
À l'heure actuelle, le gouvernement ne fait que gaspiller son propre temps. J'espère que c'est clair: nous allons gaspiller cette réunion et gaspiller la réunion de jeudi. Nous ne ferons pas adopter de projet de loi ici. Il faudra une directive de la Chambre. Nous allons flouer les intervenants qui ont de sérieux doutes au sujet de l'Énoncé économique de l'automne. Si nous avons bien compris, certaines mesures fiscales qui seront intégrées dans le projet de loi devront être scrutées à la loupe. Beaucoup d'intervenants ont des préoccupations au sujet du projet de loi , sur lequel nous ne passerons pas beaucoup de temps de toute façon.
En toute honnêteté, nous pourrions peut-être parvenir à un accord et faire adopter la motion. Si personne ne veut suivre la bonne approche et adopter une motion unanime, mais que son gouvernement a l'intention d'avoir une querelle politique, nous pourrions peut-être parvenir à un accord où la se présenterait devant le Comité. On pourrait me convaincre de m'abstenir de voter sur le RPC si la ministre des Finances comparaissait bel et bien pour l'une des nombreuses études qui sont ouvertes, autrement que pour le seul fait de se présenter, comme le veut la tradition, pour faire adopter un projet de loi par l'entremise du Comité.
Monsieur le président, j'espère que j'ai donné matière à réflexion à mes collègues. S'ils sont ouverts à entendre officiellement cet amendement, afin de réduire la tension politique et d'avoir un beau moment où nous nous unissons tous et envoyons un message aux formidables gens de l'Alberta au sujet du Régime de pensions du Canada, je serais ouvert à le proposer au moment opportun.
Cependant, monsieur le président, comme je l'ai dit, traitez-moi d'idéaliste si vous voulez, mais je pense que nous allons passer à côté d'une occasion sincère de nous renforcer et nous unifier en tant que pays pour une fois, et allons plutôt continuer de semer les graines de la division.
Sur ce, monsieur le président, je vais céder la parole.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis bien heureux de participer à ce débat au Comité permanent des finances. Vous êtes tous bien gentils de m'accueillir à ce comité, où je reconnais un collègue du Comité permanent de l'environnement et du développement durable. Je le salue et je lui offre publiquement l'occasion de faire un tour d'auto, si, par bonheur, cela le tente. Merci bien.
[Traduction]
Monsieur le président, je veux répondre à certaines préoccupations concernant cette question, parce que nous parlons de respect de la Constitution, et de respect de la volonté de chaque province. Je pense qu'il est assez important, lorsque nous vivons dans une Confédération — c'est l'essence même du Canada — de respecter le fait que, oui, certaines provinces peuvent avoir leurs propres intérêts.
[Français]
En effet, il y a le Régime de pensions du Canada, mais je rappelle qu'il y a également le Régime de rentes du Québec. Cela ne date pas d'hier, car tout cela a été établi au milieu des années 1960, à la suite de négociations franches, honnêtes, efficaces et productives. C'est ce qui fait qu'on a pu avoir cette distinction, au Québec, par rapport au reste du Canada. Cela ne fait pas des gens plus heureux ou moins heureux, mais cela fait des gens qui assument pleinement leurs choix et leurs décisions, et cela a produit les résultats que l'on connaît. Cela va quand même bientôt faire 60 ans que ce système existe, et cela semble bien aller. D'ailleurs, dans la motion originale, on dit que le Comité « reconnaît l'importante contribution du Régime de rentes du Québec, qui a été établi de façon indépendante en même temps que le Régime de pensions du Canada ». Si cela n'allait pas bien, on le saurait, mais cela va bien, et c'est tant mieux.
Alors, de notre point de vue, il est important de respecter la volonté des provinces dans certains champs de compétence. Il s'agit d'avoir des discussions franches, productives et fécondes pour créer une situation fondamentalement gagnante pour les citoyens. Nous avons tous la volonté d'améliorer le quotidien des citoyens canadiens, ici. Personne n'est ici pour créer des problèmes. Nous avons différentes visions qui s'affrontent, bien entendu; c'est le fondement même de la politique. Nous avons des opinions diverses, mais de la confrontation surgit la lumière, dit-on. C'est très bien ainsi, et il faut respecter cela.
Ce qu'on constate depuis les huit dernières années, c'est cet appétit glouton qu'a l'actuel gouvernement d'empiéter sur les champs de compétence provinciale. On l'a vu récemment dans certains jugements rendus par la Cour suprême, entre autres, sur certaines ambitions fédérales en matière d'environnement. Ce n'est pas pour rien que j'en parlais, tout à l'heure. Je suis membre du Comité permanent de l'environnement et du développement durable et porte-parole de l'opposition officielle en matière de changement climatique et d'environnement. Alors, j'y porte une attention particulière. Cet exemple doit nous servir d'inspiration. On est capable de bien faire les choses et de respecter les décisions et les champs de compétence de l'un et de l'autre, mais on ne l'a pas fait à bien des égards en matière d'environnement.
J'entends tout de suite mes collègues dire que la Cour suprême a donné le droit au fédéral d'agir dans certains domaines, notamment en ce qui a trait à la tarification du carbone. La taxe libérale sur le carbone a été contestée jusqu'en Cour suprême, qui a dit que le gouvernement avait le droit de l'appliquer. Par contre, ce n'est pas parce que la Cour suprême dit qu'on peut le faire qu'on doit le faire. Cela a conduit à une approche qui, manifestement, n'a pas donné les résultats escomptés.
Dois-je rappeler qu'après huit ans de gouvernance libérale passés à faire la leçon à la planète entière, le Canada se classe au 58e rang sur 63 en matière de lutte contre les changements climatiques? On est bien loin de la rhétorique libérale, où on ne cesse de faire la leçon à tout le monde. Cela ne vient pas de l'opposition officielle, des conservateurs ou de quelque institut que ce soit. C'est l'ONU, il y a presque un an, qui a conclu que le Canada occupait le 58e rang sur 63, après huit ans de gouvernance libérale. Alors, en effet, cela démontre que la politique libérale ne donne pas les résultats escomptés.
La raison pour laquelle j'aborde ce sujet, c'est que, dans le projet de loi , contesté par plusieurs provinces dont le Québec, il y avait un élément qui était presque une insulte à la mémoire collective des Québécois: le gouvernement fédéral s'était donné d'une certaine façon un droit de veto sur les projets hydroélectriques du Québec.
Quand j'en parle, j'ai comme l'impression de révéler un secret malheureusement trop bien gardé. Tout le monde est surpris d'apprendre cela et se demande ce qu'est toute cette affaire. Puisque les projets hydroélectriques sont menés sur des rivières et que les rivières relèvent de la compétence des provinces, pas de celle du fédéral, quel est donc ce pouvoir que s'est donné le gouvernement?
L'article 7 du projet de loi comporte des dispositions très précises qui donnent au ministre de l'Environnement le pouvoir, si d'aventure il en est tenté, d'autoriser une évaluation environnementale pour des projets majeurs d'hydroélectricité. Or, ce n'est pas de ses affaires.
Le Québec est bien chanceux, parce qu'il possède tout, du point de vue géographique, dont un potentiel énergétique fantastique en hydroélectricité, une énergie verte. Évidemment, nous sommes bien contents. J'aurai l'occasion de rappeler tout à l'heure les grands moments de cette création d'autonomie énergétique et la façon dont les gens, dans les années 1940 et 1950, ont eu la vision nécessaire pour donner au Québec son pouvoir extraordinaire en matière d'hydroélectricité. Ce fut la même chose dans les années 1970. Nous l'avons vu encore récemment avec l'inauguration du Complexe de la Romaine par le premier ministre et celui qui avait autorisé le projet à l'époque, l'honorable Jean Charest, premier ministre du Québec de 2003 à 2012.
Grâce au projet de loi , le gouvernement fédéral s'est donc donné le pouvoir d'imposer une évaluation environnementale fédérale pour des projets hydroélectriques.
Sachons d'abord que le Québec mène lui-même, comme un grand, ses propres évaluations environnementales, et que cela fonctionne. Certes, d'aucuns se souviendront que certaines de ces évaluations ont été menées rapidement. Évidemment, tout le monde au Québec se souvient que, pour le projet le plus polluant de l'histoire, c'est‑à‑dire celui de la cimenterie McInnis en Gaspésie, le gouvernement du Parti québécois avait à l'époque malheureusement passé outre à l'évaluation environnementale. Le ministre de l'Environnement avait alors donné le feu vert au projet le plus polluant de l'histoire.
Dois‑je rappeler, de triste mémoire, que le ministre de l'Environnement de l'époque n'est nul autre que l'actuel député de Chambly, c'est-à-dire le chef du Bloc québécois? Chers amis, quand vous entendez aujourd'hui le chef du Bloc québécois faire la leçon environnementale à tout le monde qui ne pense pas comme lui, rappelons‑lui qu'il a été le ministre de l'Environnement le plus pollueur de l'histoire du Québec.
Le Québec est donc capable de mener ses propres évaluations environnementales pour les projets hydroélectriques. Pourquoi le gouvernement fédéral s'est‑il alors donné le pouvoir de refaire ce que le Québec fait déjà? Refaire le travail une deuxième fois ne sert à rien! Cela va bien plus loin! De notre point de vue, les spécialistes environnementaux qui font l'analyse de ce…
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis reconnaissant à ma collègue d'Outremont de son commentaire. Elle sait très bien que j'ai beaucoup de respect et d'estime pour elle. Je me surprends toujours de voir que certaines personnes sont ministres, mais pas elle. Cela porte évidemment un jugement sur la qualité de l'évaluation qu'en a fait le , mais, ça, c'est une autre affaire.
Je reprends mot à mot l'avis de motion de la députée d'Outremont, selon laquelle le Comité « reconnaît l'importante contribution du Régime de rentes du Québec, qui a été établi de façon indépendante en même temps que le Régime de pensions du Canada ». On voit qu'une province est capable de faire une chose et le fédéral de faire autre chose également. Toutefois, ce n'est pas une bonne habitude de la part du gouvernement. Évidemment, cela prête à examen. D'aucuns diront que c'est correct et qu'Ottawa s'occupe de ses affaires, mais je ne le pense pas.
Heureusement que, dans les années 1940-1950, il y avait au Québec une volonté de développer le plein potentiel hydroélectrique et c'est cela qui a conduit justement à la puissance énergétique verte.
Je ne m'excuserai jamais d'être porte-parole en matière d'environnement et de changements climatiques et de partager avec tous mes collègues de ce comité les réalités historiques qui font que, aujourd'hui, le Québec est une puissance énergétique. L'hydroélectricité est une puissante énergie verte pour le Québec et pour tout le Canada. Cela s'est fait parce que des gens ont pris des décisions importantes.
En 1944, le gouvernement libéral a annoncé la création d'Hydro-Québec et a nationalisé la Montreal Light, Heat and Power Company. La centrale de Beauharnois était déjà établie, mais des projets d'expansion ont triplé sa puissance énergétique dans les années 1940-1950.
Par la suite sont arrivés de très grands projets qui, malheureusement, semblent avoir été oubliés dans l'histoire collective des Québécois. Pourtant, ces grands projets sont tout à fait présents, alors qu'on a développé le plein potentiel de la rivière Bersimis qui était, à l'époque, un projet extraordinaire qui sortait littéralement des sentiers battus. Pour vous situer, vous montez sur la Côte-Nord et vous arrivez à peu près à Forestville. Vous rentrez dans les terres à environ une centaine de kilomètres et, en plein milieu de la forêt, il y a la rivière Bersimis. En 1953 et 1956, on a développé deux barrages hydroélectriques de très grande puissance qui servent encore aujourd'hui, 70 ans plus tard. Il y avait donc une vision qui s'était développée dans les années 1970 et c'est sous l'égide d'Hydro-Québec, une société d'État, que l'on a développé ce plein potentiel.
Simultanément, toujours sur la Côte-Nord, on faisait une évaluation détaillée du potentiel extraordinaire des rivières, dont la rivière aux Outardes et la rivière Manicouagan, deux rivières qui se suivent côte à côte et pour lesquelles on avait évalué à l'époque un potentiel de sept barrages hydroélectriques. Quand les calculs ont été refaits, il y en a eu six finalement. Si quelqu'un vous dit qu'il a visité le barrage Manic‑4, sachez que vous avez un menteur devant vous, parce que ce barrage n'a jamais été construit. On a réalisé les barrages Manic‑1, Manic‑2, Manic‑3, Manic‑5, Outardes‑1 et Outardes‑2. On a développé ce potentiel dans les années 1950. On a évalué ces projets hydroélectriques et le feu vert a été donné en 1958 pour créer ce qui est devenu l'iconique barrage Manic‑5, qui est dans l'esprit de tous les Québécois une des plus grandes réalisations qui a été faite. Particulièrement pour la nation, cela reflète beaucoup de fierté, à juste titre.
C'est également le cas lorsqu'on a développé et analysé le potentiel d'autres centrales hydroélectriques comme celle qui est sur le chemin de l'autoroute 50, la centrale de Carillon, inaugurée en 1962 par le ministre des Ressources hydrauliques de l'époque, M. René Lévesque. D'ailleurs, il y a une magnifique photo où l'on voit René Lévesque avec son fiston, qui a été prise par le photographe Antoine Desilets, père de , l'actuel député de Rivière-des-Mille-Îles, si mes souvenirs sont bons, et que je salue.
Québec a pu développer son pouvoir hydroélectrique dans les années 1940 à 1950 et, par la suite, avec les grands projets de la Baie-James dans les années 1970. Il faut se rappeler qu'il y avait des débats intéressants à cette époque, alors que d'aucuns estimaient que ce n'était pas nécessairement une bonne idée et qu'il fallait plutôt développer la filière nucléaire. C'est un débat qui avait cours à l'occasion, à ce moment-là, et qui était tout à fait légitime.
On peut se rappeler aujourd'hui des déclarations assez particulières. Un observateur avait dit qu'on ne doit pas nécessairement mettre un barrage sur chacune des rivières catholiques canadiennes-françaises. Celui qui a dit ces mots, que j'ai répétés de mémoire, mais dont l'essence du message était là, n'est nul autre que Jacques Parizeau qui, comme on le sait, a très bien servi l'État québécois à d'autres fins.
La raison pour laquelle je suis intervenu à ce sujet aujourd'hui, c'est pour rappeler que, lorsqu'on respecte les champs de compétence, on a de belles et grandes réalisations.
L'hydroélectricité est un bon exemple de cela, mais ce gouvernement libéral fédéral veut malheureusement empiéter sur des domaines qui ne sont pas de sa responsabilité. On l'a vu dans le cas de l'hydroélectricité au Québec. Je suis porte-parole en matière d'environnement et suis très fier de faire état de ce vaste potentiel d'énergie verte. On l'a vu également dans le contexte de la motion dont il est question aujourd'hui. On reconnaît l'importante contribution du Régime de rentes du Québec, de même que du Régime de pensions du Canada.
À cette époque, il y a eu des discussions, des débats et un peu de tir à la corde, si on peut dire. C'est tout à fait légitime et tout à fait normal en démocratie. On constate que cela a fonctionné, parce qu'on a respecté les volontés des provinces. Un État fédéral doit faire ce qu'il a à faire, c'est-à-dire rassembler les gens et agir selon ses compétences. Si, d'aventure, les provinces ont des initiatives, il faut les respecter. C'est ce qui est arrivé dans le cas des régimes de pension et de l'hydroélectricité, mais on perçoit chez ce gouvernement un appétit qui le porte à toujours vouloir gruger le secteur actuel. Cela peut donner lieu à des tensions entre les provinces et le fédéral, mais ne fait pas avancer les choses.
Ici s'arrête mon propos. Je voulais présenter un point de vue différent sur le débat que nous tenons actuellement. Le principe demeure le même: si les champs de compétence sont respectés, le pays se portera beaucoup mieux.
Merci.
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Nous avons eu une discussion chargée, mais j'aimerais en rajouter. Je détiens certains documents qui me semblent essentiels à ajouter au débat.
Je vais commencer par un journaliste respecté, John Ibbitson. Je ne vais pas lire son article au complet, même si cela mériterait probablement d'être fait. Par souci de concision, je vais juste en lire certaines parties.
Il commence par dire que le pourrait signaler quelques « réalisations », puis il dit que « la priorité absolue de chaque premier ministre devrait être de laisser la fédération plus forte, ou à tout le moins, pas plus faible, qu'il l'a trouvée ». Il dit que « selon cette mesure » — et ce sont les mots de M. Ibbitson, pas les miens — « le mandat de M. Trudeau a été un échec ». Il continue: « la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, dont le Parti conservateur uni a été élu en fonction d'un programme qui conteste Ottawa, menace de retirer la province du Régime de pensions du Canada. Même si nous pouvons débattre de l'évaluation de LifeWorks concernant la part des actifs du RPC auxquels l'Alberta aurait droit — ou de celle de l'économiste Trevor Tombe, de l'Université de Calgary, ou de certaines autres formules — il demeure que le régime de pensions en particulier, et l'unité canadienne en général, serait affaibli si la province devait en sortir. »
L'article poursuit ainsi: « Il n'est donc pas surprenant que se porte à la défense du RPC. Ce qui est surprenant, c'est l'ampleur de... son hostilité. »
Selon l'article, le a écrit à Mme Smith et lui a dit: « J'ai donné l'ordre à mon cabinet et aux représentants de prendre toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que les Albertains — et les Canadiens — sont pleinement au courant des risques de votre régime, et de faire tout leur possible pour s'assurer que le RPC demeure intact. »
C'est intéressant. L'article cite ensuite , qui a dit: « “Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que quelqu'un cherche à affaiblir les régimes et à réduire le revenu de retraite des Canadiens”. À son tour, Mme Smith a rejeté la mise en garde du premier ministre, affirmant qu'il est ‘à bout’. »
L'article dit ceci: « Le ministre de l'Emploi et député d'Edmonton, , a repris la ligne dure d'Ottawa dimanche, lorsqu'il a fait une mise en garde, à l'émission Question Period sur CTV, disant que si les Albertains quittent le... RPC, ‘c'est un aller simple’. »
L'article de M. Ibbitson ajoute: « Il n'y a pas lieu de... paniquer. Nous sommes bien loin du moment où l'Alberta se retirera du RPC. L'ex‑trésorier de la province, Jim Dinning, est un [consultant] public de premier plan, ce qui pourrait ou non inciter Mme Smith à tenir un référendum sur la question. Le chef du Parti conservateur fédéral, Pierre Poilievre, a appelé les Albertains à ne pas se retirer du régime, tout en sympathisant avec leurs frustrations. »
Il poursuit en disant ceci: « Mais il y a lieu de faire une pause pour réfléchir aux dommages que M. Trudeau a causés à l'unité canadienne après huit ans au pouvoir. »
J'hésite, parce que je ne veux pas trop insister là‑dessus, mais lorsque le pays est dans son état le plus vulnérable, au lieu d'être un grand rassembleur, le a tendance à devenir le grand semeur de discorde, que cela concerne l'indépendance de la santé personnelle ou, dans ce cas‑ci, le RPC. Le premier ministre a le choix d'être un homme d'État ou un politicien, et il a clairement choisi cette dernière option. Il a une fois de plus mis ses propres intérêts personnels devant ceux de notre pays.
C'est la critique la plus accablante pour tout chef, car pour qu'un dirigeant puisse ne serait‑ce que connaître un minimum de succès, il doit faire passer son pays en premier, comme de nombreux premiers ministres l'ont fait dans le passé, avant même leurs propres ambitions politiques et avant même les ambitions de leur parti. Ce n'est manifestement pas le cas.
C'est ce qui est vraiment troublant par rapport à la teneur de cette motion. Mon collègue, M. Chambers, a dit que nous pourrions sortir d'ici aujourd'hui avec une motion rassembleuse que le NPD, le Parti libéral et les conservateurs pourraient tous accepter, ce qui encouragerait les Albertains à continuer de faire partie du RPC.
Au lieu de cela, le Parti libéral a choisi d'amplifier le message de division du . Cela devrait, à mon avis, amener les membres du Comité à réfléchir, à commencer par les députés du NPD, qui, au lieu d'être une force de collaboration et d'unité, encouragent au contraire l'amplification de la division.
Je vais poursuivre la lecture:
Les centralisateurs progressistes du Canada laurentien se disent qu'Ottawa doit agir sur une question ou une autre « dans l'intérêt national ». Mais l'intérêt national n'est absolument pas servi si leurs actions suscitent la colère de larges pans du pays.
Lorsque les libéraux ont remporté la majorité au gouvernement en octobre 2015, ils avaient une occasion en or de renverser des décennies d'impopularité libérale dans l'Ouest. Les libéraux avaient remporté 17 sièges en Colombie-Britannique, sept au Manitoba, quatre en Alberta et un en Saskatchewan. Ils étaient bien placés pour récolter davantage de votes avec des politiques fondées sur des consultations plutôt que sur des ordres, qui reconnaissaient l'importance d'une économie occidentale axée sur les ressources et qui respectaient les sociétés distinctes des Prairies et de la Colombie-Britannique.
M. Trudeau a hérité d'une fédération en paix. Au Québec, le Parti québécois a été rayé du gouvernement et connaissait un déclin, et le Bloc québécois fédéral a été décimé, n'ayant remporté que dix sièges à l'élection de 2015. La situation sur le front fédéral-provincial était plus calme que jamais depuis les années 1950. C'était assurément le moment parfait pour renforcer les liens nationaux: entre les anglophones et les francophones, entre le cœur du pays et l'Ouest.
Huit ans plus tard, le Bloc refait surface, remportant 32 des 78 sièges du Québec. Le premier ministre François Legault, de la Coalition Avenir Québec, attise les tensions entre francophones et anglophones, tout récemment en doublant presque les frais de scolarité des étudiants hors province qui fréquentent les universités anglophones.
Et l'Alberta est peut-être encore plus séparée. Si le gouvernement tenait un référendum sur le retrait du RPC, il s'agirait en réalité d'un référendum sur l'accroissement de la souveraineté de la province.
Entretemps, et ce n'est pas par hasard, les sondages révèlent que les conservateurs écraseraient les libéraux si une élection se tenait aujourd'hui.
Je ne suis honnêtement pas inquiet par la politique du jour. Il y aura toujours des sondages. Les gouvernements libéraux vont et viennent, les gouvernements conservateurs vont et viennent, et peut-être qu'un jour, un gouvernement du NPD fera de même. Cependant, nous avons en tant que députés une sacro-sainte responsabilité envers notre pays, à mes yeux le plus grand pays du monde, afin de mettre tout en œuvre pour le faire passer en premier.
Notre pays commence à s'effilocher, non pas sur les bords, mais sur les coutures principales qui nous tiennent ensemble. Le aurait pu gérer cette situation de manière très différente, mais le chat est sorti du sac, il n'y a donc rien que nous puissions faire. Cependant, le Comité des finances peut encore faire la bonne chose. Au lieu d'aller chercher des points politiques, peut-être pour une histoire ici ou là, je ne sais pas... cela pourrait même aider le Parti libéral. Je n'en sais rien. Je ne pense pas que ce serait le cas, mais peut-être que selon leurs calculs au cabinet du premier ministre, cela peut en quelque sorte les aider.
Nous devons avoir une vision à long terme de l'unité nationale. Il n'y a tout simplement pas beaucoup d'objectifs qui sont plus importants que l'unité nationale. Les cicatrices que le gouvernement a créées à grand renfort de division survivront longtemps après lui.
Honnêtement, en toute franchise, je respecte mes collègues de l'autre côté. J'ai appris à les connaître un peu pendant le voyage et je sais que ce sont des personnes intelligentes, respectueuses et bonnes. Je leur dirais simplement de parler au Cabinet du premier ministre et de lui dire qu'il y a là une occasion, je pense, même de faire des gains politiques, d'avoir l'air d'un parti généreux et rassembleur, mais de lui dire que cela crée des dommages. Pour obtenir une histoire, ici et là, le fait de continuer de causer de la douleur et de créer une division au sein de notre pays n'en vaut tout simplement pas la peine, les gars.
Je vais poursuivre. M. Ibbitson continue ainsi:
Qu'est‑ce qui a mal tourné? En un mot: autoritarisme. Les libéraux ont imposé des conditions aux provinces avant d'accorder des fonds en santé. Ils ont imposé aux provinces une taxe sur le carbone qui n'atteignait pas les cibles de réduction du carbone. Le projet de loi C‑69 a imposé des conditions si intrusives à l'exploitation des ressources que la Cour suprême a déclaré la loi inconstitutionnelle.
Les libéraux ont décidé que les priorités nationales justifiaient l'utilisation... du pouvoir de dépenser pour dicter des conditions aux provinces. Ils étaient prêts à laisser souffrir le secteur pétrolier et gazier des Prairies pour atteindre [leurs] cibles de réduction du carbone. Résultat: une augmentation du ressentiment envers Ottawa d'un bout à l'autre du pays. Voilà le Canada aujourd'hui, sous la direction de Justin Trudeau.
Encore une fois, je sais que nous subissons tous des pressions, et la pression de remporter le dernier face‑à‑face ou la dernière mêlée est puissante, comme l'est celle de cet excellent clip sur les médias sociaux où vous vous en prenez aux conservateurs, et vous vous sentez bien à ce moment-là. S'ils s'en prennent d'une certaine façon à Danielle Smith, c'est peut-être parce que, comme mon collègue l'a dit, ils la voient comme une cible plus intéressante, ou comme un meilleur faire-valoir que notre chef officiel de l'opposition.
Ces tâches qui nous sont confiées sont sérieuses. Elles s'assortissent de conséquences incroyables. Nous avons chaque jour le choix de tous les actes que nous posons. Nous pouvons soit être la voix de la raison, une voix rassembleuse, une voix pour un meilleur Canada, ou nous pouvons chercher à marquer des points politiques bon marché.
Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir préparé le terrain pour ainsi dire.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à mon collègue M. Kurek, qui se joint à nous aujourd'hui. Je crois que M. Genuis nous rejoindra également dans quelques instants.
Comme je le disais plus tôt, un politicien a souvent le choix — et un dirigeant, un premier ministre, encore plus — entre être un homme d'État ou un politicien. Un homme d'État fera toujours ce qui est dans l'intérêt du pays. Un politicien va parfois saisir l'occasion de marquer des points politiques. Je pense que nous avons vu la voie que le a empruntée. En tant que député, mais surtout, en tant que Canadien, je trouve cela très décevant.
Il s'agit bien sûr d'un héritage. Comme M. Ibbitson l'a dit dans son article, en 2015, les libéraux sont arrivés au pouvoir avec certains représentants de l'Ouest, mais cela a été rapidement éliminé. En politique, les choses peuvent changer en un clin d'œil, mais il semble maintenant que, si l'élection se tenait aujourd'hui, la représentation du Parti libéral serait très très limitée, et ce n'est pas sain.
Nous voulons vraiment avoir au moins deux partis nationaux qui peuvent parler au nom de l'ensemble du pays. Je suppose que le a calculé qu'il peut remporter un certain type de victoire électorale en privant l'Alberta de ses droits, en cherchant querelle à la première ministre et en traitant les Albertains de manière inéquitable lorsqu'il s'agit de l'exemption de la taxe sur le carbone. Honnêtement, je n'arrive pas du tout à comprendre même la politique entourant la façon dont le fait de chercher querelle à la première ministre va permettre aux libéraux de gagner en popularité.
Même au sein du Comité, malheureusement, les membres ont choisi de se quereller. Les conservateurs acceptent vraiment en fait d'avoir une motion modifiée qui dirait quelque chose du genre que nous encouragerions les Albertains à maintenir leur participation au RPC, mais plutôt, ils ont choisi un libellé chargé politiquement, en nommant précisément leur première ministre et en créant en quelque sorte une tempête politique. Peut-être souhaitent-ils que des histoires soient écrites à ce sujet. Je ne peux pas comprendre pourquoi, mais tout ce que cela fera pour les Albertains, j'en suis sûr, c'est les enrager parce que, une fois de plus, le gouvernement libéral aura choisi de ne tenir aucun compte d'eux.
C'est ce qui se passe depuis environ 50 ans, n'est‑ce pas, monsieur Kurek, que l'Alberta...? Cela remonte au premier gouvernement Trudeau et au Programme énergétique national. Je sais que j'ai dit cela et que c'est un gros mot pour mes deux Albertains ici, mais...
M. Damien Kurek: Ils sont trois.
M. Philip Lawrence: Ils sont trois. Je suis désolé. Pourquoi n'intervenez-vous pas ici? Je suis heureux de vous voir, mon ami.
C'est vraiment difficile.
Je veux revenir pour fournir une certaine assise. Mon équipe a trouvé un excellent article rédigé vers les débuts du Régime de pensions du Canada. Je vais en lire une partie et faire des commentaires au fur et à mesure:
Un jalon décisif dans l'élaboration du système de sécurité sociale du Canada a été atteint en avril 1965, lors de l'entrée en vigueur du Régime de pensions du Canada. La loi établit pour la première fois un régime contributif de prestations de vieillesse, d'invalidité et de survivant lié à la rémunération au Canada. La loi a reçu la sanction royale le 3 avril 1965 et... été promulguée le 5 mai. La perception des cotisations au titre du nouveau régime commencera en janvier 1966, et les prestations de retraite seront versées à compter de janvier 1967.
Cette nouvelle loi a pour effet, en général, d'ajouter un régime de pensions de retraite lié à la rémunération à [un] régime existant de pensions de vieillesse universelles à taux fixe, qui sont maintenues et, en fait, élargies. Les nouvelles pensions de retraite équivaudront à environ 25 % des gains à la fin d'une période de transition initiale de 10 ans.
En outre, on introduit des prestations contributives d'invalidité et de survivant; ces prestations ont déjà été offertes au Canada seulement aux personnes dans le besoin, à titre d'assistance.
Toutes les nouvelles prestations d'assurance seront financées à partir des cotisations payées par les personnes assurées et les employeurs. Le nouveau programme d'assurance sociale du Canada ressemble à bien des égards au programme fédéral d'assurance vieillesse, de prestations de survivant et d'invalidité (OASDI) des États-Unis. Il y a toutefois un certain nombre de différences importantes et intéressantes entre les deux régimes. Certaines des ressemblances et des différences sont soulignées dans le cadre de l'analyse qui suit.
Le Canada dispose depuis 1927 d'une législation fédérale portant sur l'assistance-vieillesse. Une loi semblable qui offre de l'assistance aux personnes aveugles a été adoptée en 1937 et révisée en 1951, et une assistance offerte aux personnes souffrant d'un handicap permanent et total a été fournie pour la première fois en 1955. Ces programmes d'assistance ressemblent à bien des égards à ceux des États-Unis. Ils sont effectivement des programmes coopératifs fédéraux-provinciaux, en vertu desquels le gouvernement canadien accorde aux provinces des subventions qui couvrent une partie du coût des programmes provinciaux. Ces programmes ont été établis et sont gérés séparément par chaque province.
À l'heure actuelle, le gouvernement fédéral verse 50 % des paiements jusqu'à un maximum de 75 $ par mois aux personnes ayant des moyens limités qui sont âgées de 65 à 69 ans. Il partage également le coût des paiements jusqu'à un maximum du même montant en vertu des programmes destinés aux personnes souffrant d'un handicap permanent et total et aux personnes aveugles qui satisfont à un examen des ressources. En plus, les provinces individuelles versent souvent des paiements supplémentaires dans le cadre de leurs programmes d'aide généraux, dont les coûts sont partagés avec le gouvernement fédéral au titre de la Loi sur l'assistance chômage de 1956. Toutes ces dépenses d'assistance sont financées à partir des revenus généraux du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux.
Depuis des dizaines d'années, les provinces fournissent également des prestations d'aide aux mères veuves dans le besoin. Le gouvernement fédéral ne participe pas au coût de ces prestations, mais des propositions en ce sens ont été faites dans le cadre du Régime d'assistance publique du Canada maintenant en cours d'élaboration. Le nouveau régime d'assistance, qui consoliderait et améliorerait les programmes existants, a déjà fait l'objet de discussions fédérales-provinciales officielles.
C'est intéressant. Même en 1965, on voyait le mérite de tenir des discussions avec les provinces, et non pas de leur dicter quoi faire. Il y avait une approche collaborative ou coopérative. L'article continue ainsi:
La Loi sur la sécurité de la vieillesse, adoptée en 1951, a mis sur pied un régime national de pensions de vieillesse universelles et forfaitaires, administré entièrement par le gouvernement fédéral. Avant la loi de 1965, ce programme prévoyait le paiement d'une prestation fixe à chaque personne ayant atteint l'âge de 70 ans et qui satisfaisait à certains critères minimaux concernant la durée de résidence au Canada. Le montant de la pension de vieillesse a été fixé à l'origine à 40 $ par mois.
J'ai eu des discussions avec des interprètes qui trouvaient parfois cela difficile lorsque les députés lisaient un texte. Je suis au courant que je suis en train de lire un texte. Je m'adresse aux interprètes: Est‑ce que je le fais bien? Suis‑je bon, oui? Ai‑je besoin de ralentir? Tout va bien? Pourriez-vous lever le pouce, oui? Je veux m'assurer que tout va bien. S'il faut ralentir, dites‑le‑moi. Encore une fois, l'article poursuit:
Le régime des pensions de vieillesse universelles est financé à partir d'une caisse spéciale de sécurité de la vieillesse constitué dans le Trésor fédéral. La caisse de sécurité de la vieillesse tire son revenu des rendements affectés de trois taxes: une taxe de 4 % sur les revenus imposables jusqu'à 3 000 $ par année pour tous les particuliers; une taxe de 3 % sur tous les revenus des sociétés soumises à l'impôt sur le revenu des sociétés; et une taxe de 3 % sur les ventes des fabricants.
Je présume que mon collègue du NPD aimerait cela. La taxe sur les ventes des fabricants a été remplacée par la TPS. C'est incroyable que cela existe toujours, parce que les libéraux ont dit qu'ils s'en débarrasseraient. L'article poursuit ainsi:
Le programme de pensions universelles forfaitaires prévu par la Loi sur la sécurité de la vieillesse demeurera en vigueur parallèlement au programme d'assurance sociale adopté en 1965. La nature fondamentale de la pension forfaitaire demeure essentiellement inchangée, mais certaines modifications ont été apportées au chapitre de l'âge où elles sont payables, de l'indexation en fonction des prix et des critères relatifs à la résidence.
Le sous-titre est le suivant:
HISTOIRE LÉGISLATIVE DU RÉGIME DE PENSIONS DU CANADA
Le gouvernement canadien étudiait la possibilité d'introduire un programme d'assurance contributif depuis un certain nombre d'années. En 1950, un comité mixte du Sénat et de la Chambre des communes sur la sécurité de la vieillesse a été mis sur pied afin d'examiner le programme de pension de vieillesse existant, qui supposait un examen des ressources, et était largement critiqué. Après avoir entendu des témoignages sur un programme d'assurance contributif lié aux salaires, le Comité a recommandé à l'unanimité une pension universelle forfaitaire à partir de l'âge de 70 ans, ainsi qu'un programme d'assistance-vieillesse fédéral-provincial pour les personnes âgées de 65 à 69 ans ayant des moyens limités. La Loi sur la sécurité de la vieillesse et la Loi d'assistance-vieillesse de 1951, toutes deux entrées en vigueur en janvier 1952, suivaient de près les recommandations du comité.
En 1958, le gouvernement fédéral a retenu les services du Dr R. M. Clark « pour enquêter sur des faits liés aux régimes de sécurité de la vieillesse en vigueur au Canada et aux États-Unis ». Son rapport — Sécurité économique pour les personnes âgées aux États-Unis et au Canada — ne contenait aucune recommandation. Il a été présenté au gouvernement au début de 1959.
En juillet 1963, le gouvernement a soumis une résolution à la Chambre des communes et publié une déclaration à l'appui indiquant son intention d'adopter un régime de retraite contributif. Au départ, le régime ne prévoyait que des pensions de retraite et des prestations pour les survivants âgés, en reconnaissance des doutes qui avaient été exprimés au sujet de la compétence constitutionnelle du gouvernement fédéral, en vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, pour ce qui est de fournir des prestations d'invalidité et des prestations aux survivants âgés de moins de 65 ans. Le régime ainsi limité a été intégré dans un projet de loi (C‑75) qui a été examiné en première lecture en mars 1964.
La province de l'Ontario a entre-temps adopté une loi, en avril 1963, obligeant chaque employeur privé de la province employant au moins 15 travailleurs à maintenir pour eux une pension assortie de certaines dispositions relatives à l'acquisition. (Dans le cadre d'amendements adoptés en 1964, le maintien d'un tel régime n'est plus obligatoire.) La province étudie également la possibilité de mettre sur pied un régime public pour l'Ontario.
La province du Québec a commencé à créer un régime de pensions en août 1963, et en avril 1964, elle a annoncé les détails de son propre programme d'assurance-retraite.
Donc vous voyez, le lancement par les provinces de leur propre régime de retraite n'est rien de neuf ou de nouveau. En fait, c'est un dialogue qui a cours depuis plus de 60 ans. L'article continue:
D'autres provinces ont également manifesté un intérêt notable dans les pensions, un sujet de préoccupation non seulement en soi, mais en raison de ses conséquences sur les économies et l'accumulation de capital.
Les divers faits nouveaux touchant les paliers fédéral et provincial ont donc nécessité des consultations élargies entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux sur le sujet de la planification de la retraite. Quatre conférences fédérales-provinciales officielles se sont tenues en 1963 et 1964 lors desquelles le sujet a été abordé, y compris les propositions faites par le gouvernement fédéral.
En juin 1964, un accord a été conclu avec les provinces pour modifier l'article 94‑A de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique afin d'habiliter le Parlement canadien et l'assemblée législative provinciale à adopter des lois concernant les [prestations] de survivant et d'invalidité, ainsi que... La Constitution canadienne autorise maintenant le Parlement fédéral à légiférer concernant les trois types de pensions, mais elle prévoit également que la législation fédérale ne doit pas porter atteinte à l’application de quelque loi présente ou future d’une législature provinciale qui traite des pensions.
En ce qui concerne les... négociations fédérales-provinciales... le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social du gouvernement fédéral, en août 1964... un Livre blanc: le Régime des pensions du Canada. Ce document décrivait et expliquait le programme d'assurance-pension que le gouvernement présentait.
La teneur des propositions du Livre blanc a été intégrée dans un projet de loi (C‑136), qui a été présenté à la Chambre des communes en première lecture le 9 novembre 1964. Après la deuxième lecture le 18 novembre, le projet de loi a été renvoyé à un comité mixte du Sénat et de la Chambre des communes. Le Comité a recommandé certains changements de fond, ainsi qu'un certain nombre de changements techniques. Le gouvernement a approuvé la plupart de ces recommandations et y a donné suite. Le Régime des pensions du Canada révisé... a par la suite été adopté à la Chambre des communes le 29 mars... le 2 avril. Il a reçu la sanction royale le 3 avril 1965.
Je commence par l'histoire. Vous pouvez voir que, lors de la création du RPC, ce n'était pas simplement un gouvernement fédéral qui dictait quoi faire aux provinces. Cela se faisait de manière organique dans les diverses provinces du pays, y compris l'Ontario et le Québec. Encore une fois, ce n'était pas juste le gouvernement fédéral qui dictait aux provinces « voici ce que nous allons faire ». Un esprit de collaboration et de coopération a bâti le RPC afin qu'il soit une source de revenu de retraite fiable pour les Canadiens. La rhétorique divisive du à cet égard s'éloigne beaucoup de l'histoire du RPC.
Je suis prêt à continuer, mais je crois comprendre que mes collègues veulent également parler. Je dis souvent à mon fils lorsqu'il joue au hockey mineur qu'il est très important de passer la rondelle pour s'assurer que les autres ont aussi l'occasion de briller.
Sur ce, je vais céder mon temps, mais j'aimerais que mon nom soit remis sur la liste, monsieur le président.
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Monsieur le président, je suis vraiment honoré de pouvoir me joindre à vous et à tous les membres du Comité ici présents. Je suis heureux de rencontrer bon nombre d'entre eux pour la première fois. En tant que nouveau venu au Parlement, je trouve que c'est un endroit vraiment spécial, en compagnie de tant de personnes d'expérience.
Le débat d'aujourd'hui est vraiment important pour le Comité des finances. Il touche ma propre province, l'Alberta, une partie du pays qui a joué un rôle important dans la solution à la crise financière mondiale de 2008‑2009. C'est une partie du pays qui alimente, nourrit et soutient notre économie nationale en tant qu'épine dorsale de notre réussite en tant que pays. Cela ne peut se faire que si le gouvernement fédéral est un partenaire qui comprend le fonctionnement de l'unité nationale et un allié de notre secteur énergétique, des travailleurs du secteur énergétique et des personnes qui font chaque jour de l'excellent travail sur toute une gamme de questions.
Alors que je réfléchis à ce dont nous sommes ici pour débattre, après huit années au pouvoir de , je constate que les provinces n'ont jamais été autant divisées. Le gouvernement a hérité d'une solide unité nationale et d'un pays confiant dans son avenir. Or, il a trouvé un moyen de dresser un groupe contre un autre et d'insérer un débat sur les identités, en opposant une région à l'autre. Des provinces prévoient tout simplement ne pas percevoir la taxe sur le carbone parce que leur premier ministre a appliqué injustement une pause temporaire. Ses libéraux ont voté contre une motion sensée et juste pour étendre cette pause temporaire à l'ensemble des Canadiens.
Des électeurs que je représente maintenant m'ont appelé et m'ont dit qu'ils pourraient perdre leur maison à la fin de l'année. Leurs coûts augmentent de façon spectaculaire; leur hypothèque est incontrôlable. Ils ont trois enfants qu'ils essaient de nourrir et d'envoyer à l'école. Ils ont demandé pourquoi seulement une partie du pays obtient un allègement de cette douloureuse taxe sur le carbone. Pourquoi, dans notre propre cour à Calgary, ne nous sentons-nous pas admissibles à ce type d'allègement?
Les provinces ont également traîné le gouvernement fédéral jusque devant la Cour suprême pour se battre contre ses politiques énergétiques injustes. Elles sont maintenant présentes au Comité des ressources naturelles, qui essaie de faire adopter à toute vapeur un autre projet de loi qui est mauvais pour l'Alberta, le projet de loi , le projet de loi inéquitable sur la transition.
Avec ce projet de loi, je pense que nous pourrions réfléchir à une certaine expertise qui est non partisane et qui vient d'un lieu plein d'amour pour le pays et l'unité que nous représentons. J'aimerais prendre une minute ici, avec votre permission, monsieur le président, pour expliquer une partie de la réflexion qui nous est venue dès l'année dernière.
L'une des grandes universitaires du pays est une femme nommée Heather Exner-Pirot, qui travaille à l'Institut Macdonald Laurier. Elle est agrégée supérieure de recherche et dirige les activités sur l'Arctique, l'énergie et les minéraux critiques. C'est l'un des penseurs les plus importants de notre époque. Je peux dire qu'elle est une amie proche et une de mes anciennes collègues.
En mai 2022, elle a publié un article très important intitulé « Les besoins d'Ottawa en matière de transition équitable doivent être remis en question, car cette dernière encourage les fantasmes autour du pétrole et du gaz ». Je pense que c'est évocateur. Cela traite d'un gouvernement qui divise les Canadiens en fonction de la région et qui se livre à des fantasmes qui minent la source de soutien du pays.
Notre industrie énergétique a la capacité d'abaisser les émissions internationales, si nous pouvions seulement amener d'autres pays à cesser d'utiliser du charbon polluant. Notre énergie a la capacité de favoriser une association avec les Premières Nations dans une véritable réconciliation économique au pays. Notre secteur énergétique aurait la capacité de financer tous versements que le et son partenaire néodémocrate libéral, , inventeraient ensuite. Il pourrait reconstruire nos forces armées. Il pourrait battre la Russie, l'Iran et la Chine dans leurs ambitions hégémoniques sur le monde.
Je pense que son article est très pertinent et mérite qu'on s'y attarde. Permettez-moi de le communiquer maintenant aux collègues autour de la table. Elle écrit ceci:
Un fantasme est apparu au Canada: la « transition équitable ». Dans ce paradigme, la transition des combustibles fossiles polluants vers l'énergie renouvelable propre sous la forme de panneaux solaires et d'éoliennes créera un avenir prospère à faible teneur en carbone associé à une économie verte florissante. Agir maintenant rendra notre économie plus forte et plus compétitive.
Le hic, c'est que les travailleurs et les collectivités qui dépendent du secteur pétrolier et gazier seront désavantagés. La « transition équitable » garantit que personne n'est laissé pour compte, les travailleurs se voyant offrir les mesures de soutien nécessaires pour réussir dans d'autres domaines plus durables. Le gouvernement fédéral est à ce point engagé dans cette version de la réalité qu'il prévoit introduire une loi sous son nom, afin de codifier ses « principes de transition équitable centrée sur l'humain ».
Nous avons entendu l'expression « genre humain » auparavant. Peut-être que ce n'est pas son intention ni ce qu'était l'intention dans le préambule du projet de loi.
Elle poursuit:
Le défi premier et le plus évident lié à cette prémisse, c'est qu'il y a peu de transition à l'heure actuelle. La demande mondiale de pétrole et de gaz est élevée plus que jamais auparavant. Que vous pensiez que c'est une bonne ou une mauvaise chose, c'est un fait. Des années de sous-investissement dans la production, maintenant associées à des sanctions imposées à la Russie, signifient que les prix de gaz naturel liquéfié et de produits raffinés atteignent maintenant des niveaux records. Les experts du secteur énergétique pensent que le pétrole brut atteindra bientôt les 180 $ le baril, voire encore plus. Même si la demande finit par égaler l'offre, il demeure logique pour le monde occidental de maintenir une certaine production, plutôt que de compter sur l'OPEP et la Russie. Le Canada, de loin le plus grand exportateur de pétrole au monde qui est une démocratie, devrait être le dernier à se tenir debout.
De plus:
Il semble presque risible de consacrer des efforts législatifs et de l'argent des contribuables à des programmes de formation de travailleurs inemployables du secteur pétrolier ou d'aider des régions pétrolières et gazières à devenir viables sur le plan économique. Le Canada n'a jamais exporté plus de pétrole brut et de bitume qu'en ce moment, stimulé par l'achèvement récent de l'oléoduc 3, le renversement de l'oléoduc Capline et le fait que les marchés mondiaux achètent tout ce que nous pouvons produire. Mais la main-d'œuvre, surtout la main-d'œuvre expérimentée, est un facteur contraignant, qui nuit à la croissance, même avec des salaires au moins trois fois supérieurs à la moyenne canadienne.
Mme Exner-Pirot décrit des emplois de grande qualité: des gens munis de bottes, de vestes et de casques de protection qui font avancer les choses pour le pays. Elle ajoute ceci:
Ce qui est ridicule, c'est qu'ils doivent commencer à reformer des codeurs pour qu'ils deviennent des foreurs.
Elle avance un argument adapté à la réalité moderne:
Les critiques pourraient reconnaître que, oui, même s'il y a un répit temporaire de la demande, pour sauver la planète, il nous faut une transition, et le plus tôt sera le mieux. L'idée semble être que nous pouvons, ou devrions, cesser d'utiliser les produits du pétrole, et tout projet de sables bitumineux ou d'oléoduc que nous construisons en ce moment est destiné à devenir un actif délaissé. C'est le fantasme qu'encourage la « transition équitable ». Mais cela doit être remis en question.
Une chance que Mme Exner-Pirot fait cette remise en question ici, en disant ceci:
Le Canadien moyen voit la consommation de pétrole comme le fait de mettre de l'essence dans son véhicule, et adhère donc à la fausseté selon laquelle lorsque nous conduisons des véhicules électriques, le besoin de combustibles fossiles disparaît. Mais les hydrocarbures comportent des utilisations infinies. Il s'agit d'une molécule incroyablement flexible, disponible et utile, et ce, même lorsque nous cessons de l'utiliser comme combustible.
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J'apprécie les conseils de mes collègues autour de la table. Cela vous montre, monsieur le président, qu'ils sous-estiment l'utilité essentielle de l'énergie canadienne pour l'unité nationale des Canadiens, la santé de leur retraite et de leurs économies, et à quel point leur amendement à la motion est peu judicieux. Je pense qu'il est tout à fait pertinent d'aborder le sujet pour comprendre le pouvoir de notre secteur de l'énergie et comment il peut servir à garantir les pensions de tous les Canadiens.
Si nous avions une unité nationale sur ces questions, il n'y aurait même pas de problème au départ. Si les Albertains avaient l'impression que leur secteur de l'énergie est pris au sérieux, contrairement à maintenant, où il est dénigré par les députés d'en face... Franchement, ce n'est pas surprenant. C'est leur mode de fonctionnement depuis pas mal de temps, huit longues années, à ce qu'on m'a dit. Voilà depuis combien de temps ils sont contre notre secteur de l'énergie.
Je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de présenter les travaux de Mme Exner-Pirot et ses conclusions sur la façon dont nos combustibles fossiles et leurs molécules sont « incroyablement flexibles, disponibles et utiles [...] même quand nous cessons de les utiliser pour la combustion, la demande pour ceux-ci, à d'autres fins — plastique, textiles, caoutchouc, emballages, détergents, engrais — continuera de croître. » Il s'agit du fondement de notre vie économique nationale et de ce qui alimente nos pensions.
« Ils sont également essentiels à la production de panneaux solaires, de pales d'éolienne, de batteries et d'isolant thermique » avec notre ingéniosité en matière d'énergie, ce que les conservateurs soutiennent certainement dans la promotion de tous les aspects de notre vie économique.
Mme Exner-Pirot poursuit: « De même, les composants du bitume des sables bitumineux, comme les asphaltènes et les résines, sont utilisés dans de nombreux produits que le brut léger ne peut pas fournir, et peuvent être transformés en matériaux de pointe comme la fibre de carbone, qui à son tour pourrait remplacer l'acier à forte intensité de carbone. »
Nous parlons des éléments constitutifs de l'énergie canadienne, du processus de fabrication qui alimente nos pensions, là où notre unité nationale doit être préservée.
Elle dit:
Dans l'immédiat, cependant, il faut se demander si nous cesserons d'utiliser les hydrocarbures comme carburant. La personne pragmatique doit admettre que le problème des combustibles fossiles réside non pas dans le combustible en soi, mais dans les émissions. Il sera bien moins coûteux et plus rapide d'investir des centaines de milliards de dollars dans le captage du carbone que de remplacer des infrastructures liées aux combustibles fossiles, qui valent des dizaines de billions de dollars, par des systèmes énergétiques flambant neufs.
Il est déjà possible de produire et de brûler le GNL en produisant de très faibles émissions, et l'hydrogène bleu (dérivé du gaz naturel) fait encore mieux. Le Japon et d'autres pays pragmatiques dans leur réflexion sur l'énergie se préparent déjà à cette version de l'avenir.
Les énergies fossiles ont été diabolisées...
« Diabolisées », écrit-elle. Diabolisées, dit-elle, parce qu'elle sait que cela fait partie de la stratégie de division imposée par les libéraux de Trudeau d'un bout à l'autre du pays.
Elle continue:
et il est donc devenu courant de vouloir les éliminer, parallèlement aux grandes sociétés pétrolières, dans le cadre d'une transition juste. Ce n'est pas pratique; en fait, c'est impossible. La stratégie la plus intelligente — que le Canada devrait diriger au lieu de saboter...
... cela revient à la question de l'unité nationale...
est celle qui se concentre sans relâche sur l'élimination des émissions causées par la combustion des hydrocarbures et sur leur utilisation pour produire plutôt de l'énergie et des matériaux propres.
Voilà le plan proposé par Mme Exner-Pirot pour renforcer notre unité nationale à une époque de grande division. Mais c'était il y a un an. C'était avant que l'Allemagne et le Japon ne viennent au Canada, en faisant front commun, et disent: « Écoutez, nous avons besoin de votre énergie. Nous voulons créer des revenus pour votre pays d'une façon qui réduit réellement les émissions dans le monde, qui favorise la prospérité de votre peuple et qui réduit l'appui sur lequel les pétrodictatures ont pu compter dans le monde entier. » C'est certainement un élément essentiel à la motion dont nous sommes saisis.
Je pense encore plus à nos possibilités, en tant que pays, si nous étions une superpuissance énergétique. En fait, Heather Exner-Pirot a publié un article en octobre dernier, il y a à peine un mois, dans lequel elle disait: « Le Canada aurait pu être une superpuissance énergétique. Au lieu de cela, nous sommes devenus des spectateurs. »
Cette division constante a affaibli l'influence du pays dans le monde. Les libéraux prétendent qu'un accord commercial est le seul antidote pour mettre fin à la guerre en Ukraine alors que, franchement, notre gaz, en remplacement du gaz russe en Europe, vaincrait les Russes d'un seul coup.
Décrivons donc le genre de pouvoir que le Canada pourrait avoir en tant que pays uni. Nous aurions pu être une superpuissance énergétique parce que le « gouvernement » — selon le résumé — « a imposé au secteur de l'énergie une série de fardeaux réglementaires, créant de la confusion, de l'inefficacité et des dépenses ».
C'est le genre de division qui existe dans le pays. Permettez-moi d'approfondir, car je pense que c'est un argument qui mérite qu'on y réfléchisse très attentivement. C'est ce qui alimente nos retraites. C'est ce qui alimente la retraite de chaque Canadien:
Le pétrole reste probablement le produit le plus important dans le monde aujourd'hui. Il a ouvert la voie aux tendances d'industrialisation et de mondialisation de l'après-Seconde Guerre mondiale, une période qui a connu la plus rapide croissance démographique et la plus importante réduction de l'extrême pauvreté de tous les temps. Sa densité énergétique, sa transportabilité, sa capacité de stockage et sa disponibilité ont fait du pétrole la plus grande source d'énergie au monde, utilisée aux quatre coins de la planète.
Un produit d'une telle importance et d'un tel volume s'assortit d'enjeux géopolitiques inhérents. Les histoires contemporaines de la Russie, de l'Iran, du Venezuela [...] de l'Irak [et d'autres pays] sont étroitement liées à leurs rôles de grands producteurs de pétrole, rôles dont ils se sont servis pour promouvoir leurs intérêts (souvent autoritaires) sur la scène mondiale. Il est juste de se demander pourquoi le Canada n'a jamais jugé bon de faire valoir ses propres valeurs et intérêts grâce à ses vastes réserves énergétiques. Il est facile de conclure que sa réticence à le faire constitue un échec stratégique majeur.
Je vais faire quelques commentaires. C'est un échec stratégique majeur qui a des conséquences sur nos retraites et sur notre vie économique et un échec stratégique majeur qui a des conséquences sur notre unité nationale. Équipe Canada n'est certainement pas l'équipe Canada. Le Canada est divisé. C'est un Canada brisé. Et ce, même si, comme l'écrit Mme Exner-Pirot:
Le Canada a la chance de posséder la troisième réserve de pétrole en importance au monde, dont la majeure partie se trouve dans les sables bitumineux du Nord de l'Alberta...
... ma province natale et l'arrière-cour de M. Genuis...
bien qu'il existe également une quantité abondante de pétrole conventionnel dans l'Ouest canadien et au large de Terre-Neuve‑et‑Labrador. Les sables bitumineux contiennent 1,8 billion de barils de pétrole, dont un peu moins de 10 %, soit 165 milliards de barils, sont récupérables sur les plans technique et économique grâce à la technologie actuelle. Le Canada extrait actuellement plus de un milliard de barils de ce pétrole chaque année.
En passant, lorsque les représentants de l'Allemagne sont venus au Canada, ils nous ont demandé de leur fournir notre gaz naturel. Si nous avions conclu cet accord avec eux, les revenus du Canada — M. Christian Leuprecht et moi avons écrit à ce sujet — auraient totalisé 65 milliards de dollars par jour. Au total, ces revenus pour le Trésor canadien représenteraient à eux seuls trois fois le budget national. Voilà qui nous aiderait à rembourser notre dette. Cet accord avec l'Allemagne aurait été très bénéfique dans le monde actuel.
Continuons avec le commentaire de Mme Exner-Pirot:
La technologie nécessaire pour transformer les sables bitumineux en bitume, qui peut ensuite être exporté de manière rentable, a réellement pris son essor au début des années 2000. Fort optimiste quant à son potentiel, le premier ministre de l'époque, Stephen Harper, a déclaré en juillet 2006 que le Canada deviendrait bientôt un « superproducteur d'énergie ». Les sables bitumineux ont connu une forte hausse des investissements au cours du supercycle des produits de base de 2000 à 2014, lors duquel le prix du pétrole a culminé à 147 $ le baril en 2008. Pendant quelques bonnes années, les prix moyens du pétrole se sont maintenus juste en dessous de 100 $ le baril. L'Alberta était prospère jusqu'à ce que le prix s'effondre.
Deux événements ont fait échouer la prédiction de M. Harper. Le premier a été la révolution du schiste: en combinant la fracturation hydraulique et le forage horizontal, il devenait économique de récupérer le pétrole provenant des vastes réserves de schiste des États-Unis. Jusqu'alors, les [États-Unis] étaient le plus grand importateur mondial d'énergie. En 2008, ils ne produisaient que cinq millions de barils de pétrole brut par jour et devaient en importer dix millions de barils par jour pour répondre à leurs besoins voraces. Le schiste a changé la donne, et les [États-Unis] sont maintenant le plus grand producteur mondial de pétrole, avec une production prévue de 12,4 millions de barils par jour en 2023.
Les États-Unis sont désormais un concurrent du Canada dans la production d'énergie, et, à cet égard, il est dans notre intérêt vital de libérer ce potentiel pour nos retraites, nos citoyens, nos travailleurs et notre pays, et ce, dans tous les aspects de notre vie nationale.
Mme Exner-Pirot continue:
Pour les producteurs qui extraient le pétrole des sables bitumineux, la révolution du schiste a été désastreuse. Au moment même où de nouveaux grands projets d'exploitation des sables bitumineux étaient mis en service et produisaient quelques millions de barils par jour, notre seul acheteur de pétrole devenait autosuffisant en énergie.
Comme les États-Unis étaient un acheteur de pétrole très fiable et avide, il n'a jamais été logique pour le Canada d'exporter son pétrole vers un autre pays, et le pays n'a donc jamais construit d'infrastructure de pipeline ou de terminal d'exportation. Notre voisin du Sud voulait tout ce que nous produisions. Toutefois, cette dépendance est devenue une grave erreur lorsque le pétrole de schiste bon marché a inondé l'Amérique du Nord dans les années 2010, car d'autres marchés se seraient révélés plus rentables.
Le pétrole de schiste a donné un dur coup à l'industrie pétrolière canadienne, mais l'élection des libéraux en 2015 a provoqué sa mort à petit feu. Au cours des huit dernières années, les politiques fédérales ont porté préjudice de manière progressive et cumulative au secteur pétrolier et gazier national. Avec le recul, en 2023, il est évident que cela a eu des conséquences importantes sur la sécurité énergétique mondiale, en plus d'entraîner des coûts de renonciation concernant la politique étrangère canadienne.
S'il était uni, le pays pourrait réussir bien au-delà de ce qu'il est aujourd'hui. Elle continue:
Une fois que la révolution du schiste a commencé pour de bon, l'urgence pour le secteur de pouvoir exporter du pétrole vers tout autre marché que les États-Unis a donné lieu à des propositions pour les pipelines Northern Gateway, Énergie Est et TMX. L'opposition du Québec et de la Colombie-Britannique a respectivement mis fin aux projets Énergie Est et Northern Gateway. La saga du projet TMX pourrait enfin se terminer cette année, car le pipeline devrait entrer en service à la fin de 2023, avec des dépassements de coûts atteignant les milliards de dollars et avec des années de retard en raison d'obstacles liés à la réglementation et aux sphères de compétence.
Le Canada étant obligé de vendre tout son pétrole aux États-Unis, il le fait à un prix très réduit, appelé écart de prix. Cette réduction a atteint un écart de prix stupéfiant de 46 $US le baril en octobre 2018, lorsque le pétrole [West Texas Intermediate] se vendait à 57 $ le baril, mais nous ne pouvions obtenir que 11 $ pour le [Western Canada Select]. Le manque de pipelines et l'écart de prix qui en a résulté ont entraîné des pertes de 117 milliards de dollars pour l'économie canadienne entre 2011 et 2018, selon Franck McKenna, ancien premier ministre libéral du Nouveau-Brunswick et ambassadeur aux États-Unis, et maintenant vice-président de la Banque TD.
En passant, ce sont là des gens qui comprennent comment est gérée notre vie économique et comment nos citoyens peuvent prendre leur retraite en toute sécurité. Elle ajoute par ailleurs:
L'histoire n'est pas différente de celle du gaz naturel liquéfié (GNL). Alors que les États-Unis et le Canada n'avaient pratiquement aucune capacité d'exportation de GNL en 2015, les États-Unis sont devenus depuis le plus grand exportateur mondial de GNL, aidant l'Europe à se débarrasser de sa dépendance au gaz russe et engrangeant ainsi des dizaines de milliards de dollars. Le Canada n'en exporte pas encore, car l'incertitude réglementaire et la lenteur des délais anéantissent l'intérêt des investisseurs. En fait, les États-Unis importent du gaz naturel canadien — qu'ils achètent aux prix les plus bas au monde en raison de ce problème d'écart de prix — et le revendent ensuite à nos alliés à un prix plus élevé.
Nous sommes menés par le bout du nez parce que le premier ministre cherche davantage à diviser les Canadiens qu'à nous unir autour de notre réussite mutuelle. De plus, Mme Exner-Pirot souligne:
L'incapacité du Canada à construire des pipelines et à accroître sa capacité d'exportation constitue en soi un grave problème. Or, le gouvernement fédéral a également imposé une série de fardeaux et d'obstacles réglementaires à l'industrie, qui se superposent, ce qui crée une confusion, une inefficacité et des dépenses. En Alberta, cette méthode est connue sous le nom d'approche de l'« empilement ».
Décortiquons maintenant la façon dont le a divisé les Canadiens et sape l'unité du pays en ce qui concerne notre RPC ou toute autre proposition que nous avons pour le monde. Elle déclare:
Le premier fardeau important a été le projet de loi C‑48, le moratoire relatif aux pétroliers.
Vous vous souvenez de celui‑là?
Au cas où quelqu'un envisagerait de relancer le projet Northern Gateway, le gouvernement libéral a interdit aux pétroliers de charger [du pétrole brut ou des hydrocarbures persistants] n'importe où entre la pointe nord de l'île de Vancouver jusqu'à la frontière de la Colombie-Britannique avec l'Alaska. Ainsi, il reste un itinéraire seulement pour TMX, qui passe par Vancouver, au milieu d'une farouche opposition locale. Je l'ai expliqué à mes collègues américains de la façon suivante: imaginez si le Texas était enclavé et que toutes ses exportations de pétrole devaient passer par la Californie vers l'ouest, mais que le gouvernement fédéral interdisait aux pétroliers de charger n'importe où sur la côte californienne, sauf aux ports de San Francisco. C'est ce qu'a fait le projet de loi C‑48 au Canada.
C'est une analogie brillante. Puis, elle continue:
Le projet de loi C‑69 s'est ajouté au projet de loi C‑48. Appelé communément le projet de loi « à bas les pipelines », il a maintenant été adopté sous le nom de Loi sur l'évaluation d'impact, qui a réussi à dissuader les investissements dans le secteur. La loi impose de nouvelles exigences réglementaires, souvent opaques, comme la nécessité de mener une analyse comparative entre les sexes avant de lancer de nouveaux projets afin de déterminer comment les différents genres seront touchés: « une façon de penser, par opposition à un ensemble unique de méthodes prescrites », selon le gouvernement fédéral. Elle prévoit également un veto du ministre de l'Environnement et du Changement climatique du Canada — actuellement Steven Guilbeault — sur tout nouveau projet de sables bitumineux sur place ou de pipelines interprovinciaux ou internationaux, quelle que soit la recommandation de l'agence de réglementation.
C'est la division incarnée que le a utilisée contre le secteur énergétique de l'Alberta, contre les Albertains et contre l'unité nationale qui impose notre RPC.
Mme Exner-Pirot poursuit:
La Cour d'appel de l'Alberta a conclu que la loi est inconstitutionnelle, et huit autres provinces se joignent à sa contestation.
C'est l'image d'un pays divisé.
Mais jusqu'à présent, c'est la loi du pays, et
... pour une très bonne raison...
les investisseurs y sont allergiques.
La tarification fédérale du carbone et la solution de rechange de l'Alberta, soit le règlement TIER (Technology Innovation and Emissions Reduction), qui est compatible sur le plan fédéral pour les grands émetteurs, a ensuite été ajoutée, même si ce règlement est logique pour faire progresser la concrétisation des objectifs climatiques. Il s'agit du principal incitatif à la réduction des émissions et il prévoit des redevances pour les émissions excédentaires ainsi que des crédits pour l'atteinte d'émissions inférieures au niveau de référence. Cela peut être coûteux pour les producteurs, mais d'un point de vue économique, la tarification du carbone est la plus efficace de toutes les politiques climatiques.
L'industrie s'est engagée envers ses actionnaires à réduire ses émissions; l'acceptabilité sociale et l'attrait de leurs investissements en dépendent dans une certaine mesure. Les principales sociétés d'exploitation des sables bitumineux ont présenté un plan crédible pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Une exploitation conventionnelle en Alberta a déjà atteint la carboneutralité grâce à son utilisation de la technologie de captage du carbone. Le fait d'avoir un prix prévisible et reconnu sur le carbone offre également des incitatifs à une industrie hautement spécialisée de la technologie du carbone au Canada, qui peut gagner de l'argent en trouvant des moyens intelligents de séquestrer et d'utiliser le carbone.
N'est‑il pas étonnant que le secteur de l'énergie, qui aide notre pays à se remettre d'une catastrophe économique et d'une planification post-pandémique, soit également le même secteur qui est à la fine pointe de l'innovation et de la technologie de transition énergétique? C'est cette ingéniosité qu'il faut libérer et que Mme Exner-Pirot décrit si parfaitement ici.
Elle continue:
En théorie, la tarification du carbone devrait permettre de réduire les émissions de la manière la plus efficace possible. Pourtant, le gouvernement fédéral continue d'ajouter de nouvelles politiques en plus de la tarification du carbone. La Norme canadienne sur les combustibles propres, mise en place en 2022, exige que les fournisseurs de combustible réduisent « l'intensité [en carbone] du cycle de vie » de leurs combustibles, par exemple en les mélangeant avec des biocombustibles ou en investissant dans l'hydrogène, les énergies renouvelables et le captage du carbone. Cette norme dicte des solutions stratégiques particulières, entraîne une augmentation du prix des carburants pour le consommateur, facilite une plus grande dépendance envers les importations de biocombustibles et va à l'encontre de certaines politiques provinciales.
Encore une fois, une politique du gouvernement fédéral cherche à diviser sans cesse tout le pays.
Mme Exner-Pirot ajoute:
Cela impose également de nouvelles exigences à la capacité de raffinage nord-américaine, qui est déjà très limitée.
La proposition la plus récente, mais peut-être la plus dommageable, concerne un plafond d'émissions, qui vise à réduire de 42 % les émissions du seul secteur pétrolier et gazier d'ici 2030.
Écoutez. C'est une attaque tous azimuts contre le bon sens.
De plus, Mme Exner-Pirot dit:
Cet objectif dépasse de loin ce qui est possible avec le captage du carbone dans cette période et ne peut être atteint que grâce à une réduction draconienne de la production. Le plafond des émissions constitue une menace existentielle pour l'industrie pétrolière et gazière du Canada, et il survient à un moment où nos alliés tentent, en vain, de se sevrer du pétrole russe. Il est difficile de surestimer les dommages économiques causés à l'économie canadienne.
En fait, je dirais que Mme Exner-Pirot décrit ici la manière dont aide Vladimir Poutine à financer sa machine de guerre contre les Ukrainiens, et il est inadmissible que les députés d'en face permettent une telle chose. Au bout du compte, nous ne pouvons pas permettre que le premier ministre canadien soit le partenaire de Vladimir Poutine dans la manière dont il assassine et massacre des Ukrainiens innocents. C'est quelque chose qui pourrait intéresser les députés d'en face, mais ils ne prêtent même pas attention à ce que nous disons ici en ce moment.
Mme Exner-Pirot fait remarquer:
La demande de pétrole augmente et, même selon les prévisions les plus optimistes, elle continuera de croître pendant encore une décennie avant de se stabiliser. Nos alliés européens et asiatiques dépendent déjà dangereusement de la Russie et des États du Moyen-Orient pour leur pétrole. La production américaine de schiste atteint son sommet et va bientôt commencer à décliner. Les faibles niveaux d'investissement dans l'exploration et la production pétrolières mondiales, dus en partie aux politiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) et climatiques, ouvrent la voie à des pénuries d'ici le milieu de la décennie.
Une crise énergétique est imminente. Il n'est pas trop tard pour que le Canada devienne le superproducteur d'énergie dont le monde démocratique a besoin pour prospérer et être en sécurité. Nous avons besoin de plus de minéraux critiques, d'hydrogène, d'hydroélectricité et d'énergie nucléaire. Mais il est essentiel que nous exportions également des quantités importantes de pétrole et de GNL à l'échelle mondiale, au moyen du captage, de l'utilisation et du stockage du carbone [...] dans la mesure du possible.
Mme Exner-Pirot conclut:
L'atteinte de cet objectif exigera une approche très différente de celle actuellement adoptée par le gouvernement fédéral: l'approche doit encourager la croissance et les exportations tout en réduisant les émissions. Au lieu de cela, le gouvernement dissuade les investissements, freine la compétitivité et confie des parts de marché à la Russie et à l'OPEP.
C'est le coût dévastateur que la division de et de son gouvernement néo-démocrate-libéral a eu pour notre unité nationale canadienne. Voilà le style de leadership condamnable qui a créé des problèmes que nous n'aurions pas eu à résoudre s'il y avait eu un partenaire du gouvernement national au sein du secteur énergétique de l'Alberta.
Il fallait un partenaire qui faisait partie de l'Équipe Canada, qui contribuait à la défaite de la Russie dans la guerre qu'elle mène en Ukraine, à la réduction des émissions à l'échelle internationale, à la réconciliation économique avec nos Premières Nations et à une vie de retraite saine et dynamique pour nos citoyens. Il s'agissait d'assurer la stabilité et la protection d'un filet de sécurité sociale pour les plus vulnérables et de s'allier aux travailleurs afin qu'ils puissent entreprendre...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à féliciter mon nouveau collègue de Calgary Heritage de son excellente contribution au débat. J'aimerais le remercier et simplement souligner aux braves gens de Calgary Heritage qu'ils ont élu un homme formidable pour réussir dans une circonscription, monsieur le président, qui a compté quelques personnalités remarquables, dont M. Bob Benzen, avec qui j'ai eu le plaisir de travailler au comité de l'environnement pendant un certain temps, ainsi que M. Stephen Harper, l'ancien premier ministre, quelqu'un qui a compris une chose dont je vais parler et qui, à mon avis, complétera très bien les arguments exposés par mon collègue ici présent: ce qu'est l'unité nationale, comment elle doit être bien gérée et comment les décisions stratégiques prises dans la capitale nationale peuvent avoir un effet dévastateur sur l'unité nationale.
Certes, monsieur Majumdar, vous remplacez une grande pointure ici. Cependant, j'apprécie assurément votre contribution à cette discussion, et je pense qu'elle met en lumière à quel point c'est important pour la teneur des questions abordées ici.
Nous avons une motion qui semble avoir été présentée dans un seul but: diviser davantage les Canadiens. Les conservateurs ont présenté un amendement que je considère comme tout à fait sensé, qui mettrait en évidence ce que fait exactement le gouvernement, soit jouer la carte de la peur et de la division. Il oppose les régions les unes contre les autres. Monsieur le président, en expliquant un peu plus ce point, je dois souligner que cela remonte aux fondements mêmes de notre pays.
J'aimerais revenir au document fondateur aujourd'hui connu sous le nom de Loi constitutionnelle de 1867 — ce qui s'appelait à l'origine l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, ou AANB. Ce document a établi ou défini un cadre très pertinent pour les discussions que nous avons quotidiennement dans cet endroit.
Les nombreuses dispositions de l'AANB — ou Loi constitutionnelle de 1867 — contiennent cette tension qui a été créée délibérément. Nous avions compris que ce qui était alors des colonies assez divisées dans ce qui est aujourd'hui le Canada — au départ il y en avait quatre, puis il y a eu l'ajout récent, bien sûr, de l'Île‑du‑Prince-Édouard, et d'autres provinces se sont jointes à la fédération par la suite... Plusieurs gouvernements coloniaux ont soulevé un large éventail de préoccupations diverses.
Or, l'idée d'un État unifié n'était pas nouvelle avant 1867. On avait tenté de l'imposer à plusieurs reprises. Une série de choses et de mécanismes différents qui ont été proposés et mis à l'essai, pour ainsi dire, monsieur le président, ont connu un succès variable. Dans la période qui a précédé 1867, parmi les idées très variées présentées autour de la table, certaines ont été reconnues, comme nous le savons, par les Pères de la Confédération, ainsi que par les nombreuses autres personnes qui ont participé au processus, dont beaucoup ont sombré dans l'oubli, y compris des porte-parole autochtones, des femmes qui ont joué un rôle clé et central... Le processus qui a finalement mené à l'AANB, qui a jeté les fondements de notre pays, était une compréhension de quelque chose d'extrêmement pertinent par rapport à ce qui nous occupe ici aujourd'hui, c'est‑à‑dire cette capacité de respecter les différentes régions de notre pays, le fait que nous aurons des idées différentes, des systèmes de croyances différents, des langues différentes. Il y aura toute une série de différences qu'il serait facile de désigner comme des facteurs de division dans ce qui a créé des problèmes lors des diverses tentatives d'unification des colonies qui composent ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Canada.
Ce qui a été reconnu, c'est que nous pourrions avoir la capacité de respecter les diverses voix autour de la table métaphorique tout en veillant à ce qu'il y ait une solide structure gouvernementale. Je peux seulement imaginer, monsieur le président, ce à quoi ressemblaient bon nombre des conversations tenues dans les réunions où les participants échangeaient sur les idées qui ont mené au pays que nous connaissons maintenant et que nous aimons aujourd'hui, le Canada. Ces réunions ont permis de décider quels domaines relèveraient de l'administration fédérale et quels domaines seraient de compétence provinciale, avec une compréhension du rôle que jouent les villes et municipalités et les comtés, et ils ont élaboré cette structure pour s'assurer qu'elle répond à la dynamique à laquelle le monde est confronté en ce moment, ce qui était très remarquable.
En fait, il a été dit que l'une des raisons pour lesquelles Ottawa a été choisie comme la capitale du nouveau pays qu'était le Canada tenait à l'importance stratégique et militaire que la capitale soit située sur la ligne qui sépare ce qu'étaient autrefois la province du Haut-Canada et la province du Bas-Canada, les Français et les Anglais, les catholiques et les protestants. Il s'agissait d'un endroit stratégique, mais il y avait aussi un fondement militaire: il s'agissait d'une ancienne caserne au sommet d'une colline dotée d'une bonne vue.
À ce moment‑là, les Américains faisaient face à une multitude de difficultés nationales et ils étaient très centrés sur eux-mêmes. À l'époque et en particulier au fil des ans jusqu'en 1867, il existait de la peur. Je dis peur parce que je pense que cela décrit exactement le fait qu'il y avait une possibilité que les Américains à ce moment-là regardent à l'extérieur de leur pays et cherchent à étendre leur empire, et le résultat a été cette compréhension que nous avons d'avoir une fédération solide, avec l'idée d'une fédération stratégique.
Je peux seulement imaginer les nombreuses conversations entre les Pères de la Confédération. Ils ont regardé des exemples contemporains de l'époque, notamment la république des États-Unis en tant que république constitutionnelle, et le rôle joué par la démocratie à cet égard. Bien entendu, nous prenons beaucoup — en fait, le préambule de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique parle beaucoup du fait qu'il s'agit d'un gouvernement calqué en principe sur celui du Royaume-Uni, mais il est entendu qu'il existe des différences parce que notre pays est très vaste.
Géographiquement, il est vaste. Les divisions qui existent sont importantes, c'est le cas depuis bien avant que notre nation ne devienne un pays. Toutefois, à mesure que la tension se faisait sentir, il a fallu déterminer un équilibre approprié des pouvoirs entre les provinces et le gouvernement fédéral, l'État national, et à quoi cela ressemblerait, non seulement dans le contexte initial des quatre colonies qui sont devenues le point de départ du Canada mais aussi dans le contexte du potentiel du Canada de se développer et de s'étendre... tout en prenant conscience de la devise latine de notre pays, qui se traduit grossièrement en français par « d'un océan à l'autre » et du fait qu'il existait un désir, un rêve d'unifier ce vaste espace de terre qui, bien que très diversifié, pouvait être uni.
Ces batailles ont été menées, et ensuite elles se sont poursuivies. Monsieur le président, je ne vais pas donner des exemples de ces luttes acharnées et de celles qui étaient plus pacifiques, mais, bien sûr, ce n'a pas toujours été pacifique. Nous avons vu des éléments de révolution. Je suis certain que de nombreux Canadiens qui regardent, monsieur le président, repensent à leur cours d'études sociales ou d'histoire, dépendamment de la province, et qui pensent à Louis Riel et aux batailles qui ont fait rage vers 1886. En fait, le nom de Louis Riel figure sur l'une des plaques de bronze qui énumèrent les parlementaires élus, même s'il n'a jamais eu l'occasion d'occuper son siège. Le fait qu'il ait pu signer les parchemins est toute une histoire, en fait. Son nom figure sur l'une de ces plaques de bronze sur lesquelles nous avons tous l'honneur de voir inscrit notre nom, c'est quelque chose qui nous rattache à ces icônes de l'histoire canadienne; il ne s'agit là que d'un exemple parmi tant d'autres.
Dans ma province natale de l'Alberta, il y a eu des négociations intenses et certainement une multitude d'opinions divergentes. En fait, nous avons souvent entendu l'histoire de la proposition visant à créer la province de Buffalo. Le terme « Buffalo », qui signifie bison, renvoie en quelque sorte à ce grand mammifère de notre histoire. Pour les personnes présentes dans la pièce qui ne le connaissent pas bien, il ressemble à une vache, mais beaucoup plus grosse et avec des cornes. Il s'agit d'un animal sauvage qui représente bien le paysage. Il y avait cette idée selon laquelle il pourrait exister cette province unie de Buffalo.
En fait, monsieur le président, j'ai trouvé cela très intéressant quand, plus tôt cette année j'ai publié une photo d'un cairn historique situé dans ma circonscription. Il se trouve en fait au coin de ce qui était autrefois un certain nombre de régions administratives au sein de ce qu'on appelait les « Territoires du Nord-Ouest ». La conversation qui a suivi et les gens qui ont dit avoir vu cette publication sur Facebook et Instagram... c'était fascinant. C'était assez incroyable d'être en mesure de plonger dans certains éléments de cette histoire.
En 1905, quand l'Alberta et la Saskatchewan ont été ajoutées à la fédération, c'était avec une grande dose d'optimisme. J'ai eu la chance d'être actif en politique depuis un bon moment maintenant, et l'une des choses que j'aime faire lorsque je me penche sur les événements historiques est de regarder la une des journaux à l'époque. Après avoir lu les titres des journaux de la province de l'Alberta et de la province de la Saskatchewan... En fait, il ne s'agissait pas de quotidiens. Dans certains cas, c'était en fait quelques jours après l'intégration de ces provinces dans la fédération qu'une vague incroyable d'optimisme a été déferlée. Il y avait la compréhension et la capacité d'envisager la croissance en tant que pays uni, même si nous étions très différents.
Monsieur le président, cela n'a pas toujours été un processus facile. J'aborderai la raison pour laquelle je voulais faire un bref survol de l'histoire. C'est parce qu'elle nous mène vers quelque chose qui représente une leçon durement apprise, monsieur le président.
En 1905, quand les provinces de l'Alberta et de la Saskatchewan ont été ajoutées à la fédération, l'optimisme qui en a découlé a été en quelque sorte tempéré au cours des décennies qui ont suivi. On a appris que, bien que les Pères de la Confédération aient travaillé avec diligence pour trouver un juste équilibre, vu la tension qui existe, pour s'assurer que, tout en ayant un gouvernement fédéral fort, il y aurait du respect pour nos gouvernements régionaux — ou nos gouvernements provinciaux, comme ils sont connus au Canada — il y avait un élément manquant à cela quand le gouvernement Laurier a proposé un amendement à la Constitution qui ajoutait l'Alberta et la Saskatchewan. L'administration des ressources naturelles était exclue, ce qui explique pourquoi cela est une partie pertinente de la conversation que nous tenons.
Une multitude de raisons ont été discutées à l'époque. On pourrait regarder en arrière selon la perspective du 21e siècle ici en 2023 et se demander si cela était dû à la politique ou si c'était parce qu'il s'agissait d'un premier ministre libéral. J'ai assurément entendu cela de la part de nombreux électeurs, qui voient les libéraux gouverner notre pays et les attaques contre l'Ouest qui ont eu lieu qui semblent avoir caractérisé beaucoup de nos gouvernements libéraux.
Certaines raisons ont été énoncées, mais les provinces n'avaient pas la capacité de gérer leurs propres ressources. Cela a été ajouté plusieurs décennies plus tard. En fait, je pense que c'était 25 ans plus tard que l'on a compris que les provinces devraient être traitées équitablement.
Pour les nombreuses personnes qui, j'en suis sûr, nous regardent, il y a eu très peu d'exceptions. Une exception tenait à la représentation au sein du Sénat et une autre était la note spécifique dans la Charte des droits et libertés, qui a bien évidemment été intégrée à la Loi constitutionnelle de 1982. Autrement, toutes les provinces du pays sont traitées de la même manière. Voilà en partie l'élément fort ici et qui jette les fondements de ce qui, j'espère, permettra vraiment de mettre fin à la division que et ses gouvernements libéraux ont suscitée dans notre pays.
Les provinces de l'Alberta et de la Saskatchewan ont fait pression pour s'assurer qu'elles pourraient vraiment avoir ce statut équitable. Ensuite si nous sautons environ un siècle, monsieur le président, nous arrivons aux négociations constitutionnelles et à ce qui a au bout du compte mené au rapatriement de la Constitution et à l'adoption de la Loi constitutionnelle de 1982, qui a renommé l'Acte de l'Amérique du Nord britannique en Loi constitutionnelle de 1867. Il existe de nombreuses autres lois constitutionnelles également, bien qu'elles ne soient pas bien connues, parce qu'elles doivent composer avec soit l'ajout d'une province au sein de la fédération, soit une multitude d'autres amendements qui ont été apportés de temps à autre.
Monsieur le président, je dis cela pour mettre en évidence à quel point la période menant à 1982 a été importante. Le premier ministre de l'Alberta de l'époque, Peter Lougheed, passait beaucoup de temps à négocier. Voilà l'origine de cette tension. Encore une fois, c'était à la fin du mandat de premier ministre de Pierre Elliott Trudeau — bien qu'il ait perdu et qu'il y ait eu, je crois, une brève période d'environ 15 mois où les progressistes-conservateurs de Joe Clark ont remporté un gouvernement minoritaire. Au bout du compte, ils ont perdu un vote de confiance lorsqu'ils ont rappelé le Parlement. Ensuite, bien sûr, John Turner a été le successeur de Pierre Elliott Trudeau.
De nombreux Canadiens n'ont pas eu l'occasion... et je laisserais entendre qu'il s'agit de quelque chose qui est très précieux et qui explique le vaste contexte des raisons pour lesquelles autant d'Albertains sont terrifiés à l'idée d'avoir un autre Trudeau au pouvoir. C'est parce que lorsque Pierre Elliott Trudeau a d'abord amorcé cette conversation, il ne s'agissait pas d'une nouvelle conversation. Elle a fait l'objet de diverses itérations, comme on peut le constater en regardant certains de ces anciens articles de journaux à propos de ce à quoi cela ressemblait. Quand ces conversations ont commencé, ce qui était imaginé par Pierre Elliott Trudeau avec ses machinations jusqu'à ce qui a fini par être l'accord négocié qui a donné lieu à la Loi constitutionnelle de 1982... c'était quelque chose de très différent. En fait, c'est assez saisissant. Je n'ai pas l'occasion d'apporter avec moi certains de ces documents. Permettez-moi simplement d'informer les membres du Comité un peu à ce sujet, en particulier les députés libéraux, parce que cela représente l'héritage de leur parti. Cela aurait radicalement changé notre pays d'une manière telle qu'il serait pratiquement méconnaissable.
Bon, j'ai assurément très peu de respect pour Pierre Elliott Trudeau. Je me pencherai sur certaines des raisons plus contemporaines à cet égard dans quelques instants.
L'une des figures marquantes de cette négociation était le premier ministre de l'Alberta de l'époque, Peter Lougheed. Il se trouve que je connais certains des membres de sa famille. J'ai entendu quelques histoires au sujet de son oncle et du processus lié aux négociations constitutionnelles. C'est une chose fascinante d'être en mesure de regarder en arrière et de comprendre les luttes acharnées grâce auxquelles l'équilibre des pouvoirs entre les différents ordres de gouvernement de notre pays a été maintenu. Je salue certainement Peter Lougheed, qui a travaillé avec tant de diligence pour que cela puisse se produire. Cela a permis de jeter les fondements de la majeure partie de la prospérité que l'Alberta et tout le Canada ont connue au cours des quatre dernières décennies environ.
Monsieur le président, ce sont ces négociations qui ont commencé... et il y a eu une importante résistance de la part des provinces, des militants politiques, des universitaires et des avocats de droit constitutionnel.
J'ai eu l'occasion de passer quelque temps dans mon alma mater après avoir remporté une bourse d'études nommée en l'honneur du défunt Mel Smith, qui était l'une des figures marquantes ayant pris part à certaines de ces négociations constitutionnelles.
Je peux vous dire, monsieur le président, c'est fascinant. C'est une balade au cœur de l'histoire qui fournit un contexte extraordinaire. En toute franchise, cela me rend fier d'être Canadien et d'être sincèrement honoré de faire partie du processus politique. Cela explique la manière dont nous sommes parvenus à un accord au sein du pays. Cela ne veut pas nécessairement dire que nous sommes d'accord, mais cela veut dire que nous sommes prêts à nous asseoir, à négocier, à parvenir à un accord et à établir quelque chose qui fonctionne pour tout le monde. Que ce soit avant 1867, avec la tension qui existait au moment d'établir en quoi consisterait la responsabilité fédérale et ce qui relèverait de la responsabilité provinciale, ou comment nous devrions même appeler le pays, tout cela fait partie intégrante des négociations qui ont eu lieu et qui tentaient de déterminer exactement à quoi les choses allaient ressembler.
Bien entendu, nous avons l'histoire des traités, et, monsieur le président, je pourrais en parler longuement, et je vais épargner cela au Comité, mais il est fascinant de regarder certaines des — dans certains cas — facettes de l'histoire avant la Confédération à l'origine des traités conclus avec les Autochtones et des processus grâce auxquels ces traités ont été établis. Ce qui est vraiment intéressant, monsieur le président, c'est que cela en fait renforce notre pays. Nous avons observé cette capacité de tenir compte des différences et de tenir ces conversations difficiles pour tirer les choses au clair.
Cela ne veut pas dire que cela a toujours été bien fait, ne vous y trompez pas, mais, assurément, lorsqu'il s'agit de... En fait, il existe un autre cairn historique — et, pardonnez-moi, monsieur le président, car je suis très fier de la région que je représente —dans une région... On le retrouve près d'un lac connu sous le nom Sounding Lake dans la partie est de ma circonscription, et dans ce qu'on appelle le territoire visé par le Traité no 6. Je crois qu'en 1884 — je ne suis pas sûr de la date — c'était environ à cette période dans les années 1880 quand les plaines étaient vastes et, outre quelques colonies et les peuples autochtones, il n'y avait pas grand-chose là.
En fait, j'ai lu un livre à un moment donné qui décrivait ce à quoi auraient ressemblé les plaines d'Amérique du Nord avant la construction des chemins de fer et ce que nous connaissons comme étant les collectivités modernes aux yeux d'une personne prenant place à bord d'un avion qui survolait la région. C'était vaste, très peu peuplé pour l'essentiel, même si certainement, il existait une série de cultures très avancées au sein des communautés autochtones et les Métis, un très fier héritage. Et cette mention des Métis et des collectivités métisses en Alberta va accentuer le point que je tente de faire valoir, qui est très étroitement lié à l'amendement en question et à la motion qui a été proposée par les libéraux. Je parle de la manière dont, dans les années 1880, nous en avons vu des milliers, et ce cairn historique sur les superbes rives de Sounding Lake...
Sounding Lake, malgré qu'on le désigne comme un lac, c'est en fait simplement un gros marécage et, à divers moments de l'année, c'est la quantité de précipitations qui déterminera s'il y a ou non de l'eau. Il ne s'agit pas d'un nouveau phénomène; à différents moments de l'histoire, il y a eu de l'eau dans le lac, et à d'autres moments, il n'y en avait pas. Cette histoire remonte bien avant le suivi moderne de la météo, mais nous nous appuyons sur la tradition orale des peuples autochtones qui vivaient dans la région.
Dans les années 1880, lorsqu'il y avait un rassemblement, je crois — et je dis ça de mémoire, ici — de quelque 6 000 Autochtones plus quelques milliers de ces personnes qui étaient alors connues comme étant les « hommes blancs », mais les colons qui étaient là...
Monsieur le président, alors que je me trouvais près de ce cairn, situé sur une petite butte en bordure de ce qu'on appelle Sounding Lake, c'était incroyable de réfléchir à une partie du contexte, que je tente de le mettre de l'avant ici, entourant la nature de notre pays et des fondements qui nous permettent, au milieu de la divergence d'opinions et de pensées, d'être capables d'être unis pour aller de l'avant... et c'est le point que je veux souligner ici. Monsieur le président, si nous remontons un siècle plus tard, jusqu'aux négociations qui ont mené à la Loi constitutionnelle de 1982, nous constatons que, en particulier, Peter Lougheed a consacré énormément de temps à lutter pour que les ressources spécifiques relèvent de la compétence exclusive de la province et à diriger le pays dans ce sens. Après l'adoption de cette loi, la Constitution a été rapatriée et, bien sûr, il y a eu la cérémonie de signature avec la défunte Reine Elizabeth, et tout le grand apparat associé à cette cérémonie, puis le développement continu de ce que pouvait être le Canada, cette tension durement ressentie qui est apparue entre ce que devraient être les compétences des gouvernements fédéral et provinciaux, des différents ordres de gouvernement.
Monsieur le président, nous devons être en mesure de remonter juste avant 1982, et à quelque chose d'incroyablement important, quelque chose que mes électeurs connaissent très bien. Je vais admettre qu'il s'agit de quelque chose qui s'est produit bien avant ma naissance, en fait, je sais qu'il y a un bon nombre de mes collègues ici qui n'étaient sans doute pas encore nés.
Je ne vais pas tenter de deviner qui l'était peut-être.
Une voix: Vous avez [inaudible].
M. Damien Kurek: Non, je reconnais seulement un fait.
Bien avant ma naissance, c'était quelque chose qui était devenu synonyme de la frustration que vivent de nombreux Albertains face à notre gouvernement national ici à Ottawa. Cela suscite toujours une forte réaction émotive. En fait, si vous allez dans un café à Battle River—Crowfoot — la région que je représente si fièrement, qui compte 110 000 personnes sur près de 53 000 kilomètres carrés de la magnifique campagne du Centre-Est de l'Alberta — et que vous mentionnez le Programme énergétique national, monsieur le président, vous aurez une forte réaction. Les gens auront des opinions tranchées. J'aimerais en expliquer la raison.
À l'époque, on reconnaissait que l'Alberta commençait à connaître une énorme vague de prospérité. Cela découlait pour l'essentiel de la découverte de réserves de pétrole conventionnel. J'encourage les députés libéraux et les députés du NDP en particulier à prendre des notes de mes propos concernant « les réserves de pétrole conventionnel », parce que je vais faire une distinction qui est absolument essentielle à la discussion, en ce qui concerne tant l'amendement en question que la motion qui vise à nous diviser. La découverte des réserves de pétrole conventionnel signifie que nous pouvons trouver du pétrole, creuser pour en trouver et l'extraire pour ensuite le vendre sur le marché mondial d'une manière très économique. Le résultat était le début d'une prospérité sans précédent qui en a découlé. Ce qui est très intéressant...
Je vais faire un petit détour ici. Mon défunt grand-père Kurek, qui était très fier d'être l'un de... Cela touche à une autre question que j'aborderai à un moment donné, à savoir le GNL. Le GNL est simplement du gaz liquéfié...
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Écoutez, voilà ce que je trouve très préoccupant. J'ai été assez clair quant à la raison pour laquelle cela est très pertinent à la conversation en cours — je serais heureux d'en parler plus en détail, mais je pense que, par souci de brièveté, je ne le ferai pas. Cela concerne spécifiquement l'amendement, mais aussi la motion générale, où nous voyons que le , sous son gouvernement libéral... La secrétaire parlementaire a proposé cette motion, qui est intéressante au départ, parce qu'elle est très différente de ce qu'a promis Justin Trudeau quant à la manière dont il gérerait les choses au Parlement quand il a été élu pour la première fois. Je donnerai plus de détails concernant sa compréhension, ou sa politisation, de la manière dont le Parlement fonctionne. Je vais certainement y revenir un peu plus tard.
Selon moi, voilà la raison d'être inquiet, monsieur le président. Quand j'ai parlé de l'histoire et de la conversation que nous avons au sujet de la motion... qui n'est pas sans précédent. C'est quelque chose que nous avons vu s'amplifier avec le temps. Plus précisément, nous parlons du fils d'un ancien premier ministre.
Je parlais de mon défunt grand-père Kurek, parce qu'il existe un lien très, très clair avec la question dont nous sommes saisis. Vers la fin des années 1960, il a eu l'occasion de faire partie de la construction. Plus tard, pendant la majeure partie de sa vie, il a travaillé pour de nombreuses sociétés de gaz. Il s'agissait de l'une des premières installations de production de gaz naturel de grande envergure dans cette région de la province, même s'il ne s'agissait pas de la première installation. Je tiens à préciser que la ville de Viking en Alberta prétend avoir l'une des premières installations. C'est assez fascinant. Il y a une belle murale en fait sur un mur de la ville. J'encourage les députés, si jamais vous passez par Viking, où est installée la famille Sutter, à s'arrêter et regarder un peu de cette histoire.
La raison pour laquelle c'est si pertinent à la question qui nous occupe, c'est que nous avons commencé à voir l'exploitation responsable des ressources de l'Alberta, ce à quoi je suis fier que ma famille ait pris part. Je parle souvent de l'histoire agricole de ma famille. Je ne vais pas entrer dans les détails ici et exposer les raisons pour lesquelles j'en suis si fier, parce que nous parlons de l'exploitation des ressources. L'histoire de ma famille est similaire à celle de nombreux autres Albertains... nous avons vu la construction de cette industrie qui a amené un niveau de prospérité sans précédent non seulement pour les Albertains et quelques familles, mais aussi pour notre pays. Nous devrions être fiers de cette prospérité.
En toute franchise, je trouve cela incroyablement décevant que les libéraux éprouvent en quelque sorte de la honte face à ce que cela représente pour le pays que nous avons aujourd'hui. J'ai tenté d'expliquer brièvement l'histoire de la division entre les différents ordres du gouvernement et la tension — j'utilise le mot « tension » précisément — qui est supposée exister entre les différents ordres du gouvernement. Cela ne veut pas dire qu'il doit y avoir un accord: cela signifie qu'il doit y avoir une compréhension au milieu de ce désaccord; il est possible de travailler ensemble.
Prenez par exemple ma famille, qui ressemble à tant d'autres. Mon défunt grand-père Kurek a travaillé toute sa vie comme exploitant de gaz et en était très, très fier. Cette expérience a permis à mon père d'avoir une très belle vie. Il s'agissait d'une vie régulière de classe moyenne.
Je ferais simplement remarquer quelque chose qui, selon moi, est très, très intéressant. Lorsque nous avons vu l'introduction du gaz naturel dans la collectivité de Consort, nous avons observé qu'un changement radical a eu lieu.
Cela est particulièrement pertinent parce que ça montre comment, à mesure que les ressources naturelles étaient exploitées, nous avons pu faire la transition entre les énergies comme le charbon vers une énergie plus efficace et sûre. La ville de Consort, en raison de sa proximité avec l'usine à gaz de Gooseberry Lake, que mon défunt grand-père Kurek a participé à construire et où il a travaillé pendant une grande partie de sa vie, témoigne de ce lien avec l'histoire.
Maintenant, alors que nous observons ces liens avec le secteur des ressources, nous constatons que Trudeau père, Pierre Elliott Trudeau, a provoqué un niveau de division dans ce pays dont nous ne nous sommes toujours pas remis.
Comme je l'ai déjà mentionné, si vous allez dans un café à Battle River—Crowfoot, cela prend souvent la forme d'une frustration palpable concernant la façon dont l'Alberta a été méprisée, laissée pour compte et intentionnellement ciblée par le gouvernement d'Ottawa, et cela ne touche pas seulement les personnes qui sont nées bien avant moi et qui ont vécu cela.
Cela a pris la forme du Programme énergétique national. Vous avez vu les premiers stades d'un niveau de prospérité incroyable que l'Alberta commençait à connaître, ainsi que le potentiel et l'esprit entrepreneurial qui définissaient si bien la raison pour laquelle je suis fier de venir de la province de l'Alberta, et vous avez vu cela s'interrompre, étouffé par le gouvernement répressif au pouvoir dans la capitale du pays.
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Merci, monsieur le président.
J'ai été interrompu de manière impolie à plusieurs reprises alors que j'établissais un lien très clair entre l'amendement dont nous discutons et la conversation plus large qui a trait à la motion de Mme Bendayan, laquelle est expressément conçue pour ne pas unir notre pays, mais plutôt pour diviser les Canadiens. Dans ce cas, il s'agit de diviser les Albertains et le reste du pays, de diviser par tous les moyens possibles.
Je trouve vraiment drôle, et c'est peut-être parce que Justin Trudeau croit que le Canada est un État postnational, qu'ils ne croient pas à l'idée du Canada. Je trouve ça vraiment inquiétant, monsieur le président, que des membres du Parti libéral soient si offusqués par le fait que mon histoire, comme j'imagine que c'est le cas de chaque personne autour de cette table, de chaque député dans son parcours unique visant à faire partie de la Chambre des communes du Canada, reflète ce que nous sommes en tant que Canadiens.
Maintenant, les députés d'en face... La raison pour laquelle cela est si directement lié à la question à l'étude est que les députés d'en face en font une préoccupation pour notre pays, ce qui est un commentaire légitime. Le fait qu'ils refusent que les histoires des Canadiens fassent partie de cette conversation est vraiment une indication stupéfiante de l'attitude avec laquelle les libéraux gouvernent notre pays.
Monsieur le président, qu'il s'agisse de ma famille et de mon défunt grand-père Kurek, dont j'ai parlé très, très brièvement, ou d'autres députés, je sais très bien que les députés conservateurs ici présents ont tous des histoires incroyables portant sur l'idée qui a présidé à la construction du Canada, plus précisément l'infrastructure qui y est associée.
Monsieur le président, lorsque nous parlons des divisions dans notre pays créées par un gouvernement qui est à ce point déterminé à instaurer des politiques comme la taxe sur le carbone, qui ont des répercussions directes sur les moyens de subsistance des Canadiens... Monsieur le président, si vous me le permettez, j'aimerais revenir en 2015. La conversation entourant la taxe sur le carbone est directement liée à cette motion, car ce sont les conséquences des politiques du gouvernement libéral et de son attitude à l'égard de la manière dont il gouverne notre pays qui ont conduit à une situation insoutenable.
En 2015, lors des échanges entourant la taxe sur le carbone, le chef du Parti libéral de l'époque, et aujourd'hui premier ministre, Justin Trudeau, a clairement déclaré à maintes reprises au cours de la campagne électorale, lorsqu'il a été questionné sur certaines des particularités de l'application de la taxe sur le carbone, qu'il n'imposerait pas sa volonté, celle du gouvernement fédéral, aux Canadiens et qu'il n'outrepasserait pas ses pouvoirs en tant que premier ministre.
Cependant, nous avons vu, dès les premiers jours du mandat des libéraux après 2015, que les gouvernements provinciaux n'avaient plus d'importance. Nous avons vu que les libéraux étaient prêts à tout pour piétiner les provinces, pour piétiner toute personne, tout groupe ou tout gouvernement qui ne répondait pas à leur objectif politique. Nous le voyons très très clairement avec la taxe sur le carbone.
Monsieur le président, si vous le permettez, je vous ramènerais à l'une des premières réunions que la ministre de l'Environnement d'alors, Catherine McKenna, a eues à cette époque avec ses homologues provinciaux. Le communiqué de presse, l'invitation à cette réunion, indiquait très clairement qu'ils voulaient se réunir pour discuter de l'action climatique et de l'action sur l'environnement.
Cependant, monsieur le président, ce qui était intéressant... C'est en fait Scott Moe, ministre de l'Environnement de la Saskatchewan à ce moment-là, qui a participé à cette réunion. Lorsqu'il est arrivé à cette réunion, il a trouvé que ce n'était pas un environnement qui encourageait la collaboration, que la ministre n'était pas prête à écouter et que le gouvernement n'avait pas les intérêts du pays à cœur et n'était pas prêt à collaborer avec ses partenaires provinciaux.
Par souci de concision, monsieur le président, je ne m'étendrai pas sur le sujet même s'il y a d'autres membres que ceux qui étaient présents ici lundi soir. J'ai parlé un peu de notre histoire. Il est pertinent de revenir sur les pans de l'histoire qui ont mené au mode de fonctionnement du Canada en tant que pays. Lorsque le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, alors ministre de l'Environnement de la Saskatchewan, a participé à cette réunion, il a rapidement compris qu'il ne s'agissait pas d'une réunion axée sur la collaboration. Ce n'était pas une réunion qui encourageait la discussion. Il s'est rendu à cette réunion et a découvert que le ministre libéral, dirigé par le premier ministre et les militants qui semblent contrôler le Cabinet du premier ministre, avaient reçu des instructions concernant ce qu'ils accepteraient et n'accepteraient pas. Cela a fait couler beaucoup d'encre à l'époque. Le ministre de l'Environnement de la Saskatchewan de l'époque, Scott Moe, a quitté la réunion. Interrogé par les médias, il a ironiquement répondu quelque chose qui a trouvé écho dans notre histoire. Il a dit: « just watch me », qui pourrait se traduire par « Regardez-moi bien aller ».
M. Philip Lawrence: Je m'en souviens.
M. Damien Kurek: C'était un moment inoubliable.
Monsieur le président, il est intéressant de constater qu'avec le ministre de l'Environnement de l'époque, et je connais assez bien l'ancien premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, il y avait un désir de nouer des relations afin de travailler ensemble pour le bien de notre pays. Même s'ils n'étaient pas d'accord au chapitre de la politique, et je peux vous assurer que Brad Wall et ne sont pas d'accord sur grand-chose en matière de politique, il y avait une volonté et une compréhension, car Justin Trudeau venait de remporter les élections, et il était nécessaire de travailler ensemble. Cependant, cela n'est allé que dans un seul sens.
Monsieur le président, pour être honnête, ce qui est si révoltant, c'est que nous avons assisté à une érosion de l'unité nationale au cours des huit dernières années pendant lesquelles a été premier ministre. Il y a eu une érosion de l'unité nationale, monsieur le président, parce que nous avons continuellement vu que le premier ministre ne se soucie pas de l'unité de notre nation ni d'assurer un Canada prospère pour tous; il s'empresse plutôt de tenir bride serrée à certaines personnes afin de choisir les gagnants et les perdants. Il en découle, monsieur le président, un pays divisé.
La raison pour laquelle je parle de la taxe sur le carbone, et plus particulièrement de la façon dont le chef du Parti libéral de l'époque, le troisième parti à l'époque, a parlé de la taxe sur le carbone, c'est qu'il avait promis qu'il s'agirait d'un processus collaboratif. Pourtant, dès son élection, nous avons vu que ce n'était rien d'autre que des paroles en l'air. Si je peux féliciter les libéraux pour une chose, et je m'excuse auprès de mes collègues conservateurs, c'est qu'ils sont bons en politique. Ils sont bons pour la rhétorique, bons pour dire les bonnes choses au bon moment et sont de bons stratèges.
Monsieur le président, la raison ultime pour laquelle ce n'est pas un compliment, c'est qu'ils sont tellement bons en politique lorsqu'ils veulent atteindre le pouvoir qu'ils laissent notre pays divisé et, par conséquent, plus faible. Pour mes amis du Parti libéral, je dirais qu'il ne suffit pas d'être bon en politique pour bien gouverner le pays. Il faut être prêt à collaborer. Nous avons vu à plusieurs reprises qu'ils en sont tout simplement incapables.
Monsieur le président, la taxe sur le carbone est un bon exemple. Plusieurs gouvernements provinciaux élus au cours des huit dernières années se sont spécifiquement opposés à la taxe sur le carbone. On pourrait penser qu'il s'agit d'une question pertinente sur laquelle le gouvernement provincial pourrait se pencher, particulièrement après avoir lu l'arrêt de la Cour suprême à ce sujet. Si je pouvais le résumer au fait que...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bien sûr, il est bon de pouvoir poursuivre cette conversation. J'ai été un peu surpris, en fait, que les libéraux refusent que cette réunion se poursuive, car j'étais heureux de continuer à parler des divisions que le premier ministre libéral, Justin Trudeau, a causées dans notre pays. Monsieur le président, permettez-moi de citer quelques exemples.
Sur le plan profondément humain, j'entends de plus en plus souvent de la part de mes électeurs, et c'est tragique, qu'ils ont l'impression que le Canada est brisé. Dans de nombreux cas, monsieur le président, ils me font part de choses comme le fait qu'ils ne sont tout simplement pas sûrs que notre pays possède un avenir. En fait, certains ont le sentiment qu'il n'y a pas d'autres choix que d'accepter le fait que la désunion pouvait être absolument dévastatrice pour l'avenir de notre pays.
Monsieur le président, la raison pour laquelle cela est si tragique est que tout ça aurait pu être évité et que cela devrait être la priorité de tout dirigeant et de tout membre du parti au pouvoir. La première priorité au sein du gouvernement devrait être l'unité nationale. Cependant, au cours des huit dernières années, nous avons constaté une volonté de diviser les Canadiens pour de minces gains politiques. En fait, nous avons observé cela tout juste la semaine dernière, lorsque les libéraux ont intentionnellement inclus un système de taxe sur le carbone dans un accord de libre-échange avec l'Ukraine. Il est honteux que les libéraux soient si déterminés à diviser les Canadiens qu'ils agissent de la sorte, même avec un pays qui est en guerre. Ce genre de jeu politique est absolument honteux. Monsieur le président, j'ai ici la décision de la Cour concernant la Loi sur l'évaluation de l'impact, et nous constatons qu'elle a été jugée essentiellement inconstitutionnelle grâce au projet de loi .
Cela ne devrait pas surprendre quiconque a écouté les commentaires qui ont été faits à ce sujet au cours des six dernières années environ, depuis que cette mesure a été introduite. Toutes les provinces... en fait, la seule chose pour laquelle les provinces sont unies ces jours‑ci semble être le fait qu'elles sont unies contre les actions de Justin Trudeau, et ce n'est certainement pas quelque chose dont on peut être fier. J'ai parlé de la taxe sur le carbone. Elle a divisé intentionnellement les Canadiens, et j'ai entre autres mentionné l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine. Ce sont les conservateurs qui ont négocié cette entente à l'origine, en 2013. En fait, c'est Stephen Harper qui avait dit à Vladimir Poutine en le regardant droit dans les yeux de se retirer de l'Ukraine. Ça, c'est du leadership; pas ce que nous avons vu avec la division créée par o'actuel premier ministre, Justin Trudeau.
Nous avons vu la taxe sur le carbone et la mise en place récente de cette exemption dont bénéficient 3 % des Canadiens. Elle continue de punir les 97 % des Canadiens restants, y compris ceux qui peinent à payer leurs factures de chauffage au propane, au gaz naturel et à d'autres formes d'énergie qui y sont toujours assujetties. Nous constatons que l'intention est de diviser. Dans les conversations sur la péréquation, où il devrait y avoir une volonté de tenir de vraies conversations avec les provinces... nous n'avons pas vu cela sous la direction de Justin Trudeau. Il peut prononcer des paroles ronflantes pendant les séances de photos, mais lorsqu'il s'agit de ce qui se passe à huis clos, il privilégie la division et l'opposition entre les régions. C'est ce que nous constatons dans le cadre des discussions sur le plafonnement des émissions.
Monsieur le président, je ne peux pas m'imaginer que le premier ministre choisisse une autre région du pays et lui dise qu'elle ne peut pas faire ce dans quoi elle se spécialise. Pourriez-vous imaginer qu'un autre secteur, par exemple, le secteur manufacturier ou n'importe quel autre, choisisse une région du pays et que le gouvernement fédéral intervienne pour lui dire qu'il ne peut pas faire ce dans quoi il est bon... Monsieur le président, la division dans notre pays qui est suscitée par le premier ministre, Justin Trudeau, et ses libéraux est absolument honteuse.
Nous constatons cela avec Keystone XL. C'est tragiquement ironique, monsieur le président, particulièrement avec le pipeline Keystone XL. La section albertaine de cet oléoduc se trouve dans ma circonscription, et j'ai vu environ 2 000 pertes d'emploi parce que notre premier ministre libéral a refusé de travailler avec son homologue américain et qu'ils étaient tellement aveuglés par l'idéologie concernant l'avenir de la sécurité énergétique en Amérique du Nord qu'ils ont annulé le projet d'oléoduc à un moment où les conservateurs affirmaient haut et fort que la sécurité énergétique serait la clé de l'avenir de la sécurité dans le monde. Pourtant, nous constatons que les libéraux ont capitulé. Nous le voyons avec la transition équitable, une politique conçue pour diviser les Canadiens pour des gains politiques. Nous le voyons avec le GNL.
Encore une fois, il y avait, je crois, 18 projets en cours lorsque Justin Trudeau est arrivé au pouvoir. Jamais auparavant dans l'histoire du Canada... Qu'il s'agisse de la situation budgétaire du Canada ou des perspectives économiques, Justin Trudeau se trouvait dans une situation dont n'importe quel dirigeant mondial serait jaloux, mais il a tout réduit à néant pour gagner de minces points politiques.
Monsieur le président, la raison pour laquelle cela s'applique si bien à la conversation que nous avons aujourd'hui sur cet amendement et cette motion, c'est que les libéraux, au cours des huit dernières années, ont mené notre pays à un point où les Canadiens sont dressés les uns contre les autres et où il y a division par-dessus division. Par conséquent, il y a moins de prospérité.
Le résultat est que nous avons assisté à des divisions politiques incroyablement néfastes. En fait, tout juste la semaine dernière, la fureur rendait les libéraux presque incohérents parce que les Canadiens osaient remettre en question le fait qu'ils étaient préoccupés par le militantisme du ministre de l'Environnement — le même ministre de l'Environnement qui a été accusé au criminel pour militantisme environnemental — qui essayait d'influencer les soi-disant sénateurs indépendants, mais ils ont certainement dévoilé leur jeu la semaine dernière. Les libéraux ont été très indignés que les Canadiens osent émettre une opinion qui contredit leur discours officiel. C'est vraiment incroyable et honteux.
Monsieur le président, comme je l'ai dit lors de la dernière réunion, bon nombre de mes électeurs se souviennent de Pierre Elliot Trudeau et des divisions causées dans notre pays. En fait, j'entends encore souvent — M. Perkins se souviendrait probablement de ces jours, car je n'étais pas encore né —, que beaucoup ne sont pas surpris que le fils de Pierre Elliot Trudeau poursuive dans cette voie où il — vous aviez entendu parler du salut de Trudeau —, continue à diviser ce pays pour marquer des points politiques.
C'est incroyable. C'est inacceptable, et les Canadiens méritent mieux.
Monsieur le président, j'espère pour le bien du Comité que les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes prendront au sérieux cet amendement plein de bon sens pour tenter d'éliminer la division et la politique de la division de cette motion qui a été présentée pour aucune autre raison que de continuer à perpétuer cette division entre les Canadiens, l'Est contre l'Ouest, le Nord contre le Sud, les zones urbaines contre les zones rurales, et dans le cas qui nous occupe, le reste du pays contre l'Alberta.
J'ai hâte de poursuivre la discussion sur ce sujet. J'espère que le Comité verra qu'il est possible de faire mieux, que nous pouvons retourner à un pays de nouveau unifié. Cependant, l'histoire des huit dernières années ne nous permet pas, à moi et à mes électeurs, d'être optimistes. C'est pourquoi nous avons si désespérément besoin d'un changement. Nous avons besoin d'un gouvernement qui soit prêt à faire passer l'unité de notre pays avant les objectifs politiques partisans, et comme nous le voyons de plus en plus avec le nombre de scandales qui semblent enrichir les amis libéraux, ce qui favorise leur intérêt financier personnel.
Merci beaucoup, monsieur le président, de m'avoir donné cette possibilité. Je serais certainement ravi de poursuivre plus longtemps sur le lien entre cet amendement et l'histoire qui nous a menés là où nous en sommes aujourd'hui, et je le ferai certainement. Alors que je cède mon temps de parole à la personne suivante sur la liste, je demande à être inscrit de nouveau sur la liste afin que nous puissions poursuivre cette conversation.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je me réjouis, bien sûr, de pouvoir exprimer mon opinion au sujet du Régime de pensions du Canada — le RPC. Tout d'abord, je vais parler un peu du régime. Il y a eu beaucoup de délibérations ici, autour de la table, jusqu'ici, surtout du côté des conservateurs, mais nous n'avons pas vraiment discuté beaucoup du Régime de pensions du Canada.
Je crois que le Régime de pensions du Canada s'est avéré une excellente chose pour la population canadienne. La seule lacune du régime, du moins à mon avis, est que nous n'y contribuons pas suffisamment, ce qui veut dire que nous ne pouvons pas en tirer des prestations plus importantes. À l'époque où on l'a conçu, le Régime de pensions du Canada devait constituer seulement un tiers du revenu de retraite des Canadiens et Canadiennes. Le régime a connu un grand succès par rapport à son objectif initial, c'est‑à‑dire de fournir aux gens un tiers de l'argent dont ils auront besoin à leur retraite pour subvenir à leurs besoins.
Le deuxième tiers devait venir du régime de retraite de l'employeur, et le dernier tiers, des économies et des investissements personnels des Canadiens.
Aujourd'hui, plus de 70 % des travailleurs au Canada n'ont pas accès à un régime de pensions de leur employeur, qu'il s'agisse d'un régime à cotisations déterminées, d'un régime à prestations déterminées ou de quoi que ce soit d'autre. Et c'est là, quand nous parlons du Régime de pensions du Canada et de sa conception initiale — selon laquelle il devait aller de pair avec le régime de pensions de l'employeur et les économies personnelles —, que nous savons que le Régime de pensions du Canada ne sera pas suffisant pour les retraités, parce qu'il leur manquera l'un des trois piliers qui étaient censés soutenir le revenu de retraite des Canadiens.
Je pense que c'est un problème. Soit nous devrions exhorter et encourager les employeurs à offrir de nouveau des régimes de retraite, soit nous devons reconnaître que le RPC doit maintenant constituer les deux tiers au moins du revenu de retraite des Canadiens et Canadiennes. Cependant, le Régime de pensions du Canada n'est pas conçu pour fournir les deux tiers du revenu de retraite des Canadiens.
J'irais jusqu'à dire que le RPC a été conçu pour un système qui n'existe plus. Nous devons soit élargir considérablement le Régime de pensions du Canada, soit élaborer une stratégie pour encourager plus d'employeurs à offrir à leurs employés leurs propres régimes de retraite.
Réfléchissons à ce troisième pilier et à la crise d'abordabilité que nous traversons actuellement. Franchement, depuis le début des années 1990, les salaires réels n'ont pas suivi le rythme de l'inflation, et, même quand l'inflation ne dépassait pas le taux cible, les salaires n'augmentaient pas aussi rapidement que les prix de l'immobilier. Certes, la crise du logement s'est accélérée au cours des deux ou trois dernières années, mais cela fait 30 ans que nous sommes sur cette trajectoire, et voilà où nous en sommes maintenant. La courbe est exponentielle.
Pour ceux et celles qui nous écoutent et qui ne connaissent pas bien les courbes exponentielles, le principe est que, plus vous avancez le long de la courbe, plus tout augmente rapidement. Donc, à mesure que nous avançons sur la courbe exponentielle de la crise, ce n'est pas surprenant de voir que les prix continuent d'augmenter de plus en plus chaque année.
Le Canada néglige toujours certaines des causes profondes de la crise du logement. La conséquence, pour les économies personnelles des Canadiens et des Canadiennes et pour leur capacité de cotiser à leur REER, d'investir ou tout simplement de remplir leur bas de laine, est qu'elles diminuent à mesure que le coût de l'épicerie, des aliments, des médicaments d'ordonnance et de tout le reste augmente. Cela veut aussi dire que le troisième pilier tient à peine debout.
L'avantage du RPC est que les cotisations sont retenues par l'employeur. Elles sont déduites du chèque de paye des travailleurs canadiens avant même que l'argent ne soit versé dans leurs comptes, et ils ne sont donc pas forcés d'utiliser cet argent pour faire une offre plus élevée sur une maison et dépasser l'offre d'autres Canadiens ou des investisseurs qui voudraient eux aussi cette maison. Cet argent que les gens gagnent, qui fait partie de leur régime de rémunération, ne contribue pas à l'inflation immobilière, parce qu'il va déjà au régime de pensions et ne peut être utilisé pour faire offre sur une maison. Cela a été une excellente chose pour la population canadienne.
Le seul pilier solide, parmi les trois piliers de l'épargne-retraite qui sont censés subvenir aux besoins des Canadiens pendant leur retraite, est le Régime de pensions du Canada. C'est le seul qui tient encore le coup. Il est même encore très solide. Des rapports actuariels doivent obligatoirement être déposés régulièrement afin de rendre compte de l'état du régime de pensions du Canada. Sur un horizon de 75 ans et plus, le régime se porte bien.
Au cours des 10 dernières années, le rendement moyen du régime se situait à 10 %. Beaucoup de Canadiens qui ont des investissements privés, que ce soit dans des fonds communs de placement ou dans d'autres véhicules, se seraient réjouis d'un rendement de 10 % au cours des 10 dernières années.
Ce rendement tient en partie à la taille du régime de pensions du Canada, car il peut investir là où les fonds mutuels plus petits ne le peuvent pas et aussi répartir le risque entre tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sur le marché du travail, ce qui représente des millions de personnes. Je n'ai pas le chiffre exact, mais si on prend les 40 millions de Canadiens et de Canadiennes, la plupart vont participer au marché du travail à un moment ou à un autre de leur vie, ce qui veut dire qu'ils vont cotiser au RPC. Donc, le risque est réparti sur toute la population canadienne, alors qu'habituellement, quand une personne investit dans un fonds, le fonds n'est pas aussi important. Cela deviendra aussi pertinent à l'égard de la décision de l'Alberta de créer son propre régime de pensions, si c'est effectivement la voie que le gouvernement conservateur de l'Alberta décide de suivre.
Le RPC est la seule partie de l'épargne-retraite canadienne qui est encore solide, et, si elle est solide, c'est partiellement parce que le risque est réparti sur un très grand nombre de personnes. Si vous aviez à poser la question à quelqu'un: préféreriez-vous participer à un régime de pensions comptant 10 000 membres, préféreriez-vous participer à un régime de pensions comptant 100 000 membres, préféreriez-vous participer à un régime de pensions comptant un million de membres, ou 40 millions de membres? Je pense que la plupart des Canadiens diraient: « Je préfère le régime de pensions comptant 40 millions de membres, parce que — c'est super — cela permet vraiment de répartir le risque sur beaucoup plus de gens. » De cette façon, le fonds de pension peut aussi faire des investissements qui sont plus susceptibles d'être rentables et répartir le risque sur tout le portefeuille. C'est l'un des grands avantages du RPC.
Le Régime de pensions du Canada a aussi un autre grand avantage. Puisqu'il s'applique à tous les travailleurs, peu importe où ils vivent et travaillent au pays — le Québec est bien sûr l'exception, parce qu'il gère son propre régime —, il est entièrement transférable, ce qui a été avantageux pour les travailleuses et les travailleurs canadiens qui ont dû déménager dans une autre province pour trouver du travail, mais qui veulent, un jour, prendre leur retraite dans leur province d'origine. Le RPC a aussi procuré un avantage incroyable aux employeurs qui voulaient attirer les travailleurs d'ailleurs au pays, quand la main-d'œuvre n'était pas suffisante dans leur propre province. Donc, les gens n'ont aucune concession à faire par rapport à leur pension s'ils vont travailler ailleurs au pays.
Je pense que la transférabilité du RPC ainsi que sa capacité de répartir le risque sont deux avantages très importants.
Il y a un autre avantage du Régime de pensions du Canada sur lequel je veux insister aujourd'hui. Plus tôt, j'ai dit que plus de 70 % des travailleuses et des travailleurs canadiens aujourd'hui n'ont accès à aucun régime de retraite et que, pour ceux et celles qui en ont un, il s'agit le plus souvent, et de plus en plus à mesure que le temps passe, de régimes de retraite à cotisations déterminées.
Cela veut dire que le travailleur doit assumer tout le risque lié au régime de retraite. Si les investissements ne sont pas rentables, cela veut dire des prestations réduites pour les travailleurs, alors que s'il s'était agi d'un régime de pensions à prestations déterminées, les travailleurs seraient assurés de toucher des prestations d'un certain montant, et ils pourraient donc faire leur budget en conséquence.
Nous savons que les prestations déterminées du RPC n'ont pas augmenté assez rapidement pour compenser la hausse des coûts, et les Canadiennes et les Canadiens qui dépendent seulement du RPC... Je le répète, mais ce sera le cas pour une proportion de plus en plus grande de travailleurs qui n'auront pas accès à un régime de retraite de leur employeur lorsqu'ils prendront leur retraite. Pour ces personnes, il est difficile d'économiser d'un côté, et essayer de payer le loyer et l'épicerie de l'autre. Malgré tout, avec les prestations déterminées du RPC, même si elles n'augmentent pas suffisamment rapidement, elles augmenteront de manière prévisible. Cela représente un avantage incroyable pour les Canadiens, et c'est une autre raison pour laquelle je crois que nous devrions envisager d'élargir le Régime de pensions du Canada. Je trouve très malheureux que le grand débat que nous avons à propos du Régime de pensions du Canada présentement concerne sa réduction, dans l'éventualité où la province de l'Alberta décide de se retirer du RPC.
Je ne suis pas d'accord du tout avec la première ministre Danielle Smith de l'Alberta, qui est à l'origine de cette décision. Je pense que les sondages d'opinion publique, dans une large mesure, montrent que ce n'est pas ce que les Albertains veulent, dans les faits. Plutôt, c'est le gouvernement qui essaie de faire naître ce désir, dans la province de l'Alberta. Je doute que ce sera une bonne chose pour les Albertains, et je ne crois pas que ce sera une bonne chose pour les Canadiens et les Canadiennes du reste du pays, parce que le RPC est un régime excellent, pour toutes les raisons que j'ai données.
Donc, quels sont les problèmes dans le plan ou la proposition de Mme Smith? Eh bien, selon un rapport de LifeWorks que le gouvernement de l'Alberta a commandé il y a quelques années, mais qu'il a seulement publié après les élections, présumément parce que le gouvernement savait ce que nous savons, c'est‑à‑dire que la très grande majorité des Albertains ne souhaitent pas se retirer du Régime de pensions du Canada, et cela à juste titre. Apparemment, les Albertains ont compris quelque chose que Mme Smith ne comprend pas.
Le gouvernement albertain a donné un contrat à LifeWorks. Nous connaissons cette entreprise sous un autre nom, parce qu'elle s'est réinventée: avant, elle portait le nom de Morneau Shepell. En d'autres mots, Mme Smith a donné un contrat à un quelconque libéral et lui a demandé de faire les calculs pour elle. C'est drôle: habituellement, les conservateurs se hérissent dès qu'on cite une source libérale, à moins bien sûr que l'information corresponde à la position qu'ils ont déjà prise... Ce serait très intéressant de revenir en arrière pour savoir tout ce que les conservateurs ont dit à propos de Morneau Shepell, en particulier ceux qui voudraient défendre Mme Smith.
M. Jasraj Singh Hallan: J'invoque le Règlement, monsieur le président.
M. Daniel Blaikie: Soyons réalistes, monsieur le président. Ce qui se passe, ici...
Le président: [Inaudible]
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Évidemment, mais je parle du rapport que Mme Smith a commandé au sujet du RPC. C'est tout à fait pertinent. J'aimerais bien que quelqu'un, parmi les Canadiens qui nous écoutent aujourd'hui, compare mes commentaires avec ceux que M. Kurek a formulés devant le Comité aujourd'hui afin de voir qui tient les propos les plus pertinents.
Je remercie M. Hallan de son intervention, et j'espère pouvoir le rassurer sincèrement quant à la pertinence réelle de mes commentaires.
Son intervention a quelque chose d'intéressant, parce qu'elle appuie mon argument: les Canadiennes et les Canadiens ne doivent pas se méprendre sur le comportement du Parti conservateur, ici autour de la table. Il n'a pour but que de défendre Mme Smith. Les conservateurs prétendent qu'ils — les conservateurs fédéraux — veulent, apparemment, que l'Alberta reste dans le régime. Ils disent que leur seule objection à la motion est la mention de Mme Smith. Quelqu'un peut‑il m'expliquer?
S'il n'y a pas de problème avec le fond de l'enjeu, alors il doit y avoir une raison politique, et ils nous l'ont fait comprendre lorsqu'ils ont dit qu'ils se feraient une joie d'adopter la motion, pourvu que Mme Smith ne soit pas mentionnée. Donc, il est question ici de défendre Mme Smith. Peut-être que les conservateurs suivent l'exemple de Preston Manning, qui, dans un courriel récent, a encouragé les conservateurs fédéraux à resserrer leurs liens pratiques. Selon un article de presse, M. Manning a « encouragé le Parti conservateur uni de Mme Smith et les conservateurs fédéraux à adopter une relation pratique plus étroite afin de promouvoir leurs intérêts communs, ajoutant que “Cela avantage tout le monde, surtout l'Alberta.” »
Surprise, surprise, ce courriel a été envoyé par l'un des piliers du mouvement conservateur canadien. Je pense que c'est juste d'appeler ainsi M. Manning. Donc, ce que nous constatons, ici, c'est que les conservateurs disent qu'ils appuient le fond de l'enjeu, mais qu'ils sont tout simplement d'avis que personne ne devrait pouvoir critiquer Mme Smith, et, pour cela, ils vont paralyser tout le Comité des finances, qui est censé étudier la crise du logement. Ils vont, concrètement, mettre fin à cette étude, si cela leur permet de se porter au secours politique de Mme Smith.
Je trouve cela très intéressant. Comme je le disais, Mme Smith a embauché l'entreprise d'un ancien ministre des Finances libéral, Morneau Shepell, pour faire des calculs à sa place, et l'entreprise est arrivée à un résultat très impressionnant, ce qui montre bien ce que les consultants sont prêts à faire quand on y et le prix. C'est quelque chose que nous connaissons bien, ici à Ottawa. Les libéraux adorent embaucher des consultants. Dans ce cas‑ci, un gouvernement conservateur a embauché un consultant libéral pour obtenir les chiffres qu'il voulait, des chiffres qui disent que l'Alberta a droit à plus de 50 % de ce qui est présentement dans le Régime de pensions du Canada.
Beaucoup d'autres personnes, qui ne sont pas de quelconques libéraux, ont affirmé que l'Alberta aurait droit à beaucoup moins. Nous allons laisser aux conservateurs le soin de décider s'ils veulent suivre les conseils d'un quelconque libéral à sa solde, les conseils de l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada, par exemple, ou les conseils d'autres économistes qui se sont prononcés et qui ont déclaré que, dans les faits, l'Alberta n'a pas droit à 55 % ou à 60 % du fonds du Régime de pensions du Canada, mais plutôt à un pourcentage qui se situe entre 12 et 18 %. C'est toute une différence. C'est une différence considérable en termes de pourcentages, mais, quand on sait qu'il s'agit de centaines de milliards de dollars, la différence absolue devient effectivement ahurissante.
Comme je l'ai dit, le gouvernement de l'Alberta a embauché un quelconque libéral pour qu'il lui donne le chiffre qu'il voulait. Cela fait penser à la campagne du Brexit. Vous vous rappelez peut-être que Boris Johnson, un conservateur, a sorti un chiffre de 350 millions de livres par jour, en affirmant que ce montant pourrait être réinvesti dans le National Health Service — le Service national de santé — de la Grande-Bretagne. Les gens au Royaume-Uni allaient avoir accès aux meilleurs services de santé qui soient. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais cela me rappelle quelqu'un: Donald Trump. Je vais y revenir dans un instant.
Votez en faveur du Brexit, et vous aurez les meilleurs soins de santé de l'histoire, avec 350 millions de livres par jour. Eh bien, les gens du Royaume-Uni y ont cru, et j'aimerais bien leur demander aujourd'hui leur opinion sur leur système de santé.
J'ai lu récemment un article selon lequel le système de santé du Royaume-Uni ne s'est pour ainsi pas amélioré depuis le Brexit, et même nous, les parlementaires du Canada, avons passé beaucoup de temps à discuter des conséquences du Brexit. Les conséquences économiques ont été terribles pour le Royaume-Uni, tout comme ses conséquences politiques: il suffit de penser au conflit entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, à la situation à la frontière et au risque de violence qui s'est accru depuis. Tout cela reposait en partie sur un mensonge: un mensonge concernant les retombées sur la performance économique du Royaume-Uni si les gens faisaient ce que les conservateurs leur demandaient, un mensonge concernant les retombées sur le système de santé si le pays suivait cette voie.
Un autre point commun entre le débat sur le National Health Service et le Brexit et celui sur le RPC, c'est que la décision est irrévocable. Le Royaume-Uni ne peut pas faire marche arrière et réintégrer l'Union européenne, tout comme l'Alberta ne pourra pas faire marche arrière et réintégrer le Régime de pensions du Canada une fois que la décision sera prise. Je trouve très rassurant de savoir que la majorité des Albertains ne souhaitent pas cela, parce que cela causerait préjudice non seulement aux travailleurs de l'Alberta, mais aussi aux travailleurs de tout le pays — à l'exception du Québec, bien sûr —, parce que les conséquences sur leurs pensions seraient considérables.
Vous voulez savoir pourquoi ce plan est dangereux? Eh bien, c'est en partie à cause de ses conséquences éventuelles, mais l'Alberta n'a pas à décider de quitter le Régime de pensions du Canada pour qu'il y ait un danger dès maintenant. Il a été question d'un référendum éventuel en 2025, et les gens ont dit: « D'accord, de toute façon, c'est dans longtemps. » Même si l'Alberta décidait de se retirer, elle ne quitterait pas le régime avant encore deux ou trois ans, ce qui nous amène à 2027 et 2028. Ils disent: « Eh bien, peut-être que ce n'est pas une si mauvaise chose et que nous devrions laisser les choses suivre leur cours. » C'est pourquoi les conservateurs, ici, disent: « Ne critiquez pas Mme Smith. Laissez‑la mener des consultations. »
Les gens qui discutent avec l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada, qui s'y connaît un peu en investissements, doivent savoir que, quand on gère un portefeuille de 580 milliards de dollars qui comprend aussi beaucoup de biens durables, les décisions d'investissement doivent être prises des années à l'avance afin que les liquidités soient suffisantes pour payer quelqu'un qui demanderait 12, 18 ou 50 % de vos avoirs. Vous devez commencer à organiser vos investissements de manière à pouvoir payer ces montants. Les décisions d'investissement ne seront pas prises dans quatre ou cinq ans. Ces décisions d'investissement seront prises bientôt.
Voilà pourquoi ce que Mme Smith fait en Alberta n'est pas innocent, et ce n'est pas sans danger. C'est dangereux, et c'est dangereux maintenant, parce que, si l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada doit prendre le gouvernement de l'Alberta au sérieux, cela veut dire qu'il doit dès maintenant commencer à réfléchir à ses décisions d'investissement. Cette organisation, qui a réussi à donner un rendement de 10 % au cours des 10 dernières années aux Canadiens, malgré des périodes économiques très difficiles, va devoir envisager de changer son approche d'investissement, dans un avenir rapproché, afin d'avoir suffisamment de biens liquides pour payer l'Alberta, si l'Alberta décide de partir, selon une échéance en 2027, en 2028 ou en 2029. C'est pour bientôt.
C'est pour bientôt, et l'Office doit s'y préparer, et c'est pour cela que c'est un plan dangereux. Comme je l'ai dit, je pense que cela repose sur de mauvais chiffres fournis par un libéral quelconque. Une autre chose qu'il est important de souligner, c'est que la notion selon laquelle, d'une façon ou d'une autre, la contribution de l'Alberta au RPC dépasse ce qu'elle en retire suppose que, puisque des gens qui viennent d'ailleurs au pays travaillent en Alberta — à son invitation, dois-je ajouter —, cela veut dire que, effectivement, ces gens ont cotisé au RPC en Alberta, mais je ne pense pas que l'on puisse reprocher quoi que ce soit aux gens qui prennent leur retraite dans leur province d'origine et qui perçoivent leur pension là-bas. Dans les faits, Mme Smith dit qu'elle veut contrôler le lieu où les gens vont prendre leur retraite, et que, s'ils ont travaillé en Alberta, ils devraient alors prendre leur retraite en Alberta, parce que c'est la seule façon d'être équitable.
Je pense que les gens devraient avoir la liberté financière de prendre leur retraite partout où ils le veulent, au Canada. S'ils ont travaillé, alors ils peuvent toucher des prestations parce qu'ils ont cotisé au RPC. L'Alberta n'a jamais reçu ces paiements. Ce sont les travailleurs qui ont reçu ces paiements. Oui, elle vient d'un employeur de l'Alberta, mais d'un employeur de l'Alberta qui a recruté les travailleurs, les a embauchés et leur a demandé de rester et de travailler pour lui dans la province. Il appartient aux Canadiens de décider où ils veulent prendre leur retraite et où va leur argent pendant leur retraite.
J'ajouterais aussi que les provinces où les gens décident de prendre leur retraite doivent assumer des responsabilités, pour les soins de santé, entre autres. Les gens qui prennent leur retraite dans leur province d'origine ont un revenu beaucoup moins élevé et paient de l'impôt sur un revenu beaucoup moins élevé dans leur province d'origine, et ils ont tout de même besoin d'accéder aux services de santé là-bas. De là à dire que c'est injuste parce que l'employeur a cotisé au Régime de pensions du Canada en fonction de ce que son employé a gagné lorsqu'il travaillait en Alberta, et que cet employé a maintenant pris sa retraite au Nouveau-Brunswick... Dire que c'est injuste envers l'Alberta, je pense que c'est mal comprendre la nature des cotisations. Ce sont des cotisations pour le travailleur, et non pas des cotisations pour une province en particulier.
L'Alberta n'aurait pas été en mesure de générer toute cette richesse si personne n'était allé y travailler pour extraire les barils de pétrole du sol. Les gens sont allés travailler sur l'invitation de l'Alberta, ou plus particulièrement, sur l'invitation des employeurs en Alberta. Ce n'est pas une mauvaise chose. Nous disons en fait que c'est ainsi que nous voulons que les choses fonctionnent. Les conservateurs qui font la promotion des ententes en matière de mobilité interne de la main-d'œuvre... Tout cela pour que les gens puissent travailler dans une province et prendre leur retraite dans une autre, ou travailler dans différentes provinces à différents moments.
Non seulement les conservateurs appuient la mobilité internationale de la main-d'œuvre au Canada; ils appuient aussi la mobilité internationale de la main-d'œuvre à l'étranger. Ils le cachent bien, si on écoute ce qu'ils disent à la Chambre des communes aujourd'hui, mais les accords commerciaux qu'ils ont soutenus indéfectiblement ces 30 dernières années comprenaient des sections sur la mobilité de la main-d'œuvre visant à ce qu'il soit plus facile pour les entreprises de faire venir des travailleurs étrangers au Canada.
À présent, ils s'offusquent à l'idée que des travailleurs sud-coréens vont venir construire des usines à batterie. Je partage leur préoccupation. Je ne pense pas que cet investissement public a été fait dans le but de créer des emplois pour des gens de l'étranger. Je pense vraiment que le gouvernement aurait dû demander certaines garanties à cet égard, même si je reconnais que le Canada, actuellement, n'a pas d'expertise en fabrication de batteries, mais je suis content de savoir que cela va changer dans l'avenir.
Ce que disent les conservateurs, quand ils défendent les clauses relatives à la mobilité internationale de la main-d'œuvre des accords commerciaux, c'est que l'on a parfois besoin d'une expertise que nous n'avons pas et que nous ne devrions pas mettre des bâtons dans les roues des entreprises qui veulent obtenir l'expertise dont elles ont besoin pour s'implanter au Canada et rentabiliser leurs investissements. Puis, tout à coup, lorsque cela se concrétise en vertu justement des clauses qu'ils se vantent d'avoir négociées, c'est un crime, et nous devrions tous être très choqués. Je pense qu'ils devraient mettre de l'ordre dans leurs affaires et décider de ce qu'ils appuient ou pas.
En tant que néo-démocrate, je suis tout à fait à l'aise de le souligner, parce que notre parti a souvent été très critique envers les chapitres sur la mobilité de la main-d'œuvre des accords commerciaux. Je pense à l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, le PTPGP, et à l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, l'AECG. Revenons en arrière et consultons le compte rendu: de quoi parlions-nous? Entre autres choses, des dispositions relatives à la mobilité internationale de la main-d'œuvre et de la façon dont elles sont parfois utilisées abusivement pour importer des travailleurs et ainsi garder les salaires au Canada artificiellement bas. Je connais très bien ce débat, effectivement.
Ce qu'ils font, c'est appeler ces travailleurs des « travailleurs de remplacement », et ils évitent ainsi de prendre position par rapport à la loi anti-briseurs de grève. Je trouve cela triste et pathétique. Je pense que cela nuit aux débats à la Chambre des communes, et que cela nuit aux travailleurs et travailleuses du Canada à qui on vole leur emploi pendant qu'ils sont sur les lignes de piquetage. Ne faisons pas semblant que c'est une nouvelle préoccupation, que nous ne savons pas comment les choses fonctionnent, que nous ne savons pas d'où viennent ces travailleurs ou comment ils font pour entrer au pays. Nous savons qu'ils viennent ici dans le cadre des accords que les conservateurs aiment justement se vanter d'avoir négociés, alors ne me faites pas rire.
Tout cela pour dire que les conservateurs appuient la mobilité de la main-d'œuvre, mais que, lorsque les choses ne font pas leur affaire, ils retournent leur veste sans hésitation et se plaignent. Ils se plaignent maintenant, par rapport aux usines de batteries. À ce sujet, je pense qu'il y a des préoccupations très importantes dont nous devons discuter, mais nous n'irons jamais au fond du problème si nous ne sommes pas honnêtes en ce qui concerne les mécanismes utilisés par ces travailleurs pour venir ici. Maintenant, le gouvernement de l'Alberta veut dire que, même s'il appuyait la mobilité de la main-d'œuvre quand il s'agissait de travailleurs qui allaient en Alberta pour y travailler, si ces travailleurs décident de prendre leur retraite chez eux, près de leurs proches, alors subitement, il y a une sorte d'injustice financière. Ce n'est pas vrai, si on examine la situation et que l'on comprend que cet argent appartient aux travailleurs et que les travailleurs devraient être libres de toucher leur revenu de retraite là où ils le veulent. Les gouvernements ne devraient pas décider de l'endroit où les gens ont le droit de prendre leur retraite. Si nous croyons que les citoyennes et les citoyens canadiens ainsi que les travailleuses et les travailleurs du Canada ont droit à une mobilité complète, au Canada, alors cet argument ne peut pas être invoqué pour dire qu'il y a une injustice financière dans le Régime de pensions du Canada.
Cette motion sème‑t‑elle la division? Non, je pense qu'il est raisonnable de critiquer le gouvernement de Mme Smith, pour toutes les raisons que je viens d'exposer. Nous devons pouvoir tenir une discussion franche à propos du seul pilier fiable du revenu de retraite des Canadiens. C'est acceptable de mentionner des noms, dans le cadre du débat. Mme Smith n'hésite pas à nommer les gens avec qui elle n'est pas d'accord. Les conservateurs n'hésitent pas à nommer les gens avec qui ils sont en désaccord. J'ai clairement entendu des conservateurs critiquer Mme Rachel Notley, pour donner un exemple de politiciens fédéraux qui critiquent des politiciens provinciaux. Ils n'ont certainement pas hésité à critiquer le gouvernement de Mme Notley. Cette idée que cela sème automatiquement la division ou qu'il est exclu de critiquer les politiciens provinciaux est un argument que j'accepterais peut-être s'il était avancé par mon collègue du Bloc, mais pas de la part des conservateurs, qui sont passés maîtres dans l'art d'attaquer les gouvernements provinciaux avec qui ils sont en désaccord.
Je me suis intéressé à la question. Je suis revenu en arrière, et j'ai trouvé très intéressant d'entendre , aujourd'hui chef du Parti conservateur, dire en 2018 — je pense que c'était justement devant notre comité — « Madame la présidente, le ministre des Finances est en train de commenter les politiques des diverses provinces. C'est parfait. En Ontario... » Il a ensuite attaqué le gouvernement de Mme Wynne.
Nous avons entendu le chef des conservateurs lui-même dire que, selon lui, c'est de bonne guerre. Non seulement nous l'avons entendu dire que c'était correct pour Bill Morneau, à l'époque — incidemment, c'est Bill Morneau qui a écrit... enfin, il possède l'entreprise qui a rédigé le rapport pour le gouvernement de l'Alberta, mais qu'importe —, mais il l'a fait lui aussi. Il l'a fait de nombreuses fois. Le 30 octobre dernier, ma collègue, , s'est levée à la Chambre des communes pour lui poser une question à propos des logements sociaux et coopératifs, et il s'est levé et a parlé de ce que le NPD de la Colombie-Britannique faisait, et il a décrit les logements sociaux comme étant « une mainmise à la soviétique sur le logement ». Vous pouvez penser ce que vous voulez de ce commentaire. Personnellement, je pense que c'est clairement absurde.
Son commentaire était absolument ridicule, mais il l'a tout de même fait, et c'était une critique d'un gouvernement provincial. À présent, les conservateurs disent: « Oh, zut! On ne peut pas nommer un gouvernement provincial. Cela sèmerait vraiment la division. » Quand on traite le gouvernement de la Colombie-Britannique de gouvernement soviétique, on n'utilise pas un langage qui, à mon avis, vise à d'encourager l'unité nationale, monsieur le président, alors prenons un instant pour réfléchir à cela.
Réfléchissons aussi au fait que le chef des conservateurs n'a pour ainsi dire aucune politique concrète pour faire face à la crise du logement. La seule chose qu'il sait faire, c'est attaquer des politiciens municipaux qui ne relèvent pas du fédéral — les compétences municipales ne relèvent pas du fédéral —, et il a fait carrière en attaquant les compétences municipales et les politiciens municipaux d'un bout à l'autre du pays. C'est loin d'être une bonne approche du point de vue de l'unité nationale, et c'est loin d'envoyer le message que nous ne pouvons pas parler ici de ce que font les autres ordres de gouvernement. Tout ce qu'il fait, ici, en ce qui a trait au logement, c'est parler des autres paliers du gouvernement, ce qui lui permet d'éviter de parler du fait de l'absence de politique fédérale en matière de logement dans son propre projet de loi...
Un député: Voulez-vous que je fasse un don à votre campagne?
M. Daniel Blaikie: ... dont le but est en fait de donner des terrains à des promoteurs, comme cela s'est fait en Ontario.
À présent, nous sommes saisis d'un amendement à la motion parce que les conservateurs veulent plus que tout supprimer la mention de Mme Danielle Smith, parce qu'ils suivent l'exemple de Preston Manning. L'amendement a pour but de supprimer la mention du projet de l'Alberta de quitter le régime et de la remplacer par toutes sortes de choses sur la politique énergétique, parce que c'est de cela qu’ils préfèrent parler.
Cela correspond à la stratégie qu'ils emploient depuis un certain moment déjà, c'est‑à‑dire que les conservateurs ne veulent pas parler de quoi que ce soit qui serait gênant pour eux, politiquement. Nous venons tout juste de le voir, quand nous sommes rentrés en Chambre. Le a fait des allégations très graves. Nous savons aussi que les États-Unis sont présentement tout aussi préoccupés par la tentative d'assassinat menée sur son propre sol par un nationaliste sikh. Nous avons vu que le premier ministre a porté une accusation très sérieuse, à ce moment‑là, et nous avons débattu de ce sujet toute la soirée à la Chambre des communes. Durant le débat, un conservateur a parlé pendant cinq minutes, puis ils se sont tous abstenus pendant le reste du débat, parce que nous savons que Stephen Harper...
:
Bienvenue à tous et à toutes.
Nous reprenons la 121e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 23 novembre 2023, le Comité entame son étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la taxe d'accise et la Loi sur la concurrence.
Comme l'indique la note qui vous a été envoyée la semaine dernière, j'aimerais rappeler aux membres du Comité que les amendements au projet de loi doivent être communiqués au greffier du Comité d'ici demain, le mardi 28 novembre à midi. Il est important que vous sachiez que, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le jeudi 23 novembre, l'heure limite de midi est ferme. Cela veut dire qu'aucun amendement transmis au greffier après l'heure limite ni aucun amendement proposé sans préavis durant l'étude article par article du projet de loi ne sera examiné par le Comité. Il est aussi important, lorsque vous déposez des amendements, d'envoyer une version XML du fichier de l'amendement. De cette façon, les légistes pourront préparer rapidement une liasse d'amendements, ce qui sera utile pour tous les membres du Comité.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'article 15.1 du Règlement. Les membres peuvent être présents dans la salle ou participer à distance par l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des témoins et des membres.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez activer la sourdine quand vous n'avez pas la parole.
Des services d'interprétation vous sont offerts. Si vous participez par Zoom, vous pouvez choisir, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Si vous êtes présent dans la salle, vous pouvez utiliser l'oreillette et sélectionner le canal de votre choix.
Même si la salle est équipée d'un puissant système audio, il y a tout de même un risque de rétroaction acoustique, ce qui peut être extrêmement néfaste pour les interprètes et leur causer des blessures graves. La rétroaction acoustique se produit le plus fréquemment quand on approche trop l'oreillette du micro. Par conséquent, nous demandons à tous les participants de faire très attention lorsqu'ils utilisent une oreillette, surtout lorsque leur micro ou celui de leur voisin est allumé.
Pour prévenir les incidents et protéger la santé auditive de nos interprètes, j'invite les participants à parler seulement dans le micro auquel leur oreillette est connectée et à ne pas manipuler leurs oreillettes. Placez-les plutôt sur la table, loin du micro, quand vous ne vous en servez pas.
Je rappelle aux membres que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Pour les membres présents dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Pour les membres sur Zoom, veuillez utiliser la fonctionnalité « Lever la main ». Le greffier et moi-même nous occuperons de l'ordre d'intervention du mieux que nous pouvons, et nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons aujourd'hui l'honorable Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances. Bienvenue, madame la ministre. Je vois que vous portez votre épinglette aux couleurs de l'Ukraine. Merci d'avoir célébré la commémoration de l'Holodomor la fin de semaine dernière avec la communauté.
Nous accueillons aussi aujourd'hui M. Miodrag Jovanovic, sous-ministre adjoint, Direction de la politique de l'impôt du ministère des Finances.
Vous avez la parole, madame la ministre. Vous pouvez commencer votre déclaration préliminaire.
:
Merci, monsieur le président. Je porte les couleurs de l'Ukraine, parce que nous avons commémoré en fin de semaine le 90
e anniversaire de l'Holodomor. Beaucoup de gens de votre circonscription y ont participé, et votre collègue, , a aussi assisté à cet événement solennel. Je pense qu'il valait vraiment la peine d'être solidaire de l'Ukraine, aujourd'hui.
[Français]
Je suis heureuse de me présenter devant vous et les membres du Comité pour discuter du projet de loi . Cette mesure législative s'inscrit dans le plan économique de notre gouvernement, qui consiste à bâtir une économie centrée sur le bien-être de tous pour créer de bons emplois sur lesquels les gens peuvent compter.
Notre plan fonctionne. Durant la première moitié de cette année, le Canada s'est classé troisième au monde pour ce qui est de l'importance des investissements directs étrangers, et a accueilli plus d'investissements par habitant que tout autre allié du G7, soit les États‑Unis, le Royaume‑Uni, l'Allemagne, l'Italie, la France et le Japon. Le Canada affiche le déficit et le ratio de la dette au PIB les plus faibles des pays du G7. De plus, le Fonds monétaire international prévoit que, l'année prochaine, le Canada connaîtra la croissance économique la plus forte du G7.
Tout cela veut dire que notre économie crée d'excellents emplois pour les Canadiennes et les Canadiens d'un océan à l'autre. En effet, comparativement à avant la pandémie, plus d'un million de personnes de plus sont maintenant sur le marché du travail. Pour donner suite à ce progrès considérable, notre gouvernement prend de nouvelles mesures concrètes, au moyen du projet de loi sur le logement et l'épicerie à prix abordable, pour aborder deux des plus importants défis auxquels les Canadiennes et Canadiens sont confrontés, soit l'accès au logement et l'abordabilité.
[Traduction]
J'aimerais expliquer pourquoi il est important de travailler ensemble pour adopter ce projet de loi.
Premièrement, nous allons éliminer la TPS sur les nouveaux logements destinés à la location, ce qui, comme nous le savons tous, accélérera la construction de maisons dans tout le Canada. Notre but, c'est que les chiffres aient du sens pour les constructeurs. Nous voulons leur donner un incitatif pour qu'ils construisent plus de maisons, ce qu'ils ne feraient pas, autrement, vu les coûts de construction. Par exemple, dans le cas d'un logement locatif de deux chambres d'une valeur de 500 000 $, le constructeur aura droit à un allégement fiscal de 25 000 $. Ainsi, la construction sera plus rentable pour lui, et il construira des logements locatifs plus rapidement. Nous savons que les Canadiens en ont grand besoin.
Notre plan porte déjà des fruits. Pour vous donner un exemple, un promoteur de Toronto a dit, après l'annonce de cette mesure, qu'il comptait désormais construire 5 000 nouveaux logements locatifs un peu partout au pays. Il s'agit de logements dont la construction était autrement suspendue. Les provinces, comme l'Ontario, la Nouvelle-Écosse, l'Île‑du‑Prince-Édouard et Terre-Neuve‑et‑Labrador, ont suivi notre exemple en éliminant les taxes provinciales sur les nouveaux logements locatifs, ce qui a permis la construction d'encore plus de nouveaux logements locatifs d'un océan à l'autre.
Dans l'énoncé économique de l'automne que j'ai déposé la semaine dernière, le gouvernement fédéral propose aussi d'éliminer la TPS sur la construction de nouvelles coopératives d'habitation destinées à la location, ce que les membres du Comité avaient justement réclamé. Nous avons eu d'excellentes discussions très constructives à ce sujet.
Aujourd'hui, environ un tiers des Canadiens sont locataires. Qu'il s'agisse d'étudiants, de familles, de personnes âgées ou de nouveaux arrivants, il est essentiel que nous construisions plus de logements locatifs, plus rapidement. Je crois sincèrement que tous les membres du Comité poursuivent le même but, et en adoptant la Loi sur le logement et l'épicerie à prix abordable, nous pouvons faire de ce but une réalité.
Le projet de loi favorisera aussi la concurrence dans toute l'économie canadienne, surtout dans le secteur de l'épicerie. Une plus forte concurrence fait baisser les prix et multiplie les choix. En favorisant la concurrence et en luttant contre les pratiques injustes et anticoncurrentielles, nous contribuons à la stabilité des prix pour la population canadienne. À cette fin, nous allons entre autres modifier la Loi sur la concurrence pour donner plus de pouvoirs au Bureau de la concurrence afin qu'il puisse mener des enquêtes et sévir quand il y a fixation des prix.
Nous éliminons également la défense fondée sur les gains d'efficacité afin de mettre un terme aux fusions anticoncurrentielles qui entraînent une hausse des prix et qui limitent les choix des Canadiens. Nous donnons au Bureau de la concurrence le pouvoir de prévenir les cas où une grande chaîne d'alimentation empêche de petits concurrents de s'installer près d'elle.
Conformément à son plan économique, notre gouvernement continuera de faire tout en son pouvoir pour développer une économie profitable pour tout le monde, et c'est exactement ce que ce projet de loi nous aidera à faire.
Merci. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je crois que c'est la première fois que je témoigne devant votre respectable comité. Je me sens privilégié d'être ici aujourd'hui.
[Français]
Je souhaite bon après-midi à tout le monde.
J'ai le plaisir d'être ici aujourd'hui pour parler des modifications à la Loi sur la concurrence qui sont incluses dans le projet de loi , la Loi sur le logement et l'épicerie à prix abordable.
[Traduction]
La concurrence stimule l'innovation. Je crois que chaque député serait d'accord. Elle fait baisser les prix et contribue à une meilleure qualité et un plus grand choix de produits. C'est ce que nous voulons pour les Canadiens.
Notre cadre concurrentiel doit être mis à jour pour être adapté à la réalité d'aujourd'hui. C'est pourquoi nous avons présenté le projet de loi , qui comprend certaines des réformes les plus importantes apportées à la Loi sur la concurrence depuis 1986, il y a environ 37 ans.
Comme je l'ai dit, au cours des dernières décennies, les marchés ont grandement changé en raison de la numérisation et de la mondialisation. Nous avons assisté à une consolidation des entreprises et à une répartition inégale du pouvoir économique dans notre pays.
[Français]
Donnant suite à notre engagement d'entreprendre un examen officiel de la Loi et de son cadre d'application, j'ai lancé la Consultation sur l'avenir de la politique de la concurrence au Canada en novembre 2022.
[Traduction]
Les consultations ont été exhaustives et très approfondies. Elles ont duré 120 jours, et il y a eu cinq séances, un peu partout au Canada. Nous avons reçu plus de 400 mémoires de Canadiens et d'organisations d'intervenants.
[Français]
Le projet de loi contient des amendements importants qui confèrent des pouvoirs accrus au Bureau de la concurrence. Nous avons surtout priorisé ces changements parce que nous savions qu'ils auraient un impact réel et important dans le secteur canadien de l'épicerie de détail, qui a besoin de plus de concurrence et certainement de plus d'options pour les consommateurs.
[Traduction]
C'est très simple, chers collègues. Le projet de loi apporte trois principaux amendements. Le premier amendement vise à donner au Bureau le pouvoir d'assignation pour recueillir des renseignements lorsqu'il mène des études de marché. Deuxièmement, nous allons éliminer la soi-disant défense fondée sur les gains en efficience, qui autorise actuellement les fusions nuisibles, même si elles ne profitent pas aux Canadiens. Troisièmement, nous allons élargir la portée des ententes sujettes à un examen qui pourraient nuire à la concurrence, comme les clauses restrictives, dans les baux, qui permettent à de grands épiciers de collaborer avec un propriétaire pour empêcher un épicier indépendant de s'installer à proximité de leurs commerces.
Je vais maintenant parler un peu des études de marché.
[Français]
Les études de marché menées par le Bureau de la concurrence ont pour objectif de mieux comprendre la dynamique de la concurrence dans certains marchés et de faire des recommandations au gouvernement. Toutefois, le Bureau ne peut actuellement obliger les entreprises à fournir des renseignements hors du cadre d'une enquête policière. En conséquence, les études publiées peuvent manquer d'informations pertinentes.
La récente étude du Bureau de la concurrence sur le marché des produits alimentaires de détail a évidemment démontré cette lacune. Dans le cadre de son étude, le Bureau n'a pas bénéficié d'une coopération transparente de la part des grands épiciers. Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire a justement recommandé que cette lacune soit comblée.
Un grand nombre de réponses à la consultation publique étaient également favorables à l'octroi de pouvoirs permettant d'exiger des informations dans le cadre des études de marché.
[Traduction]
Cependant, bon nombre d'intervenants ont insisté pour que tout cadre mis en place prévoie également des mesures de protection pour empêcher les recherches à l'aveuglette et éviter d'imposer un trop grand fardeau aux entreprises. Le cadre que nous proposons tient compte de ces préoccupations et établit un équilibre entre la nécessité de recueillir des renseignements essentiels et de mettre en place des mesures raisonnables pour protéger les entreprises.
Pour ce qui est de la soi-disant défense fondée sur les gains en efficience, vous vous rappellerez, monsieur le président, que c'est un élément unique et hautement critiqué de notre régime de droit de la concurrence. Elle protège actuellement les fusions qui nuisent à la concurrence en autant que les gains en efficience générés par les entreprises compensent le préjudice à la concurrence.
Pensez‑y un instant. Pourquoi devrions-nous autoriser des fusions qui nuisent manifestement à la concurrence dans ce pays? C'est la question que nous devons nous poser.
[Français]
Au cours de notre consultation, nous avons entendu dire que cette exception était peut-être la plus grande faiblesse d'une loi qui n'avait pas réussi à freiner la concentration des entreprises au pays, y compris dans le secteur de l'épicerie.
[Traduction]
Le retrait de la défense fondée sur les gains en efficience donnera la priorité à la protection de la concurrence dans l'examen des fusions. Je dirais à mes estimés collègues qu'il est temps que les fusions d'entreprises qui ne profitent pas aux Canadiens soient reléguées à l'histoire.
Passons maintenant aux collaborations verticales.
[Français]
Les accords entre des organisations qui ne sont pas directement en concurrence, par exemple entre un propriétaire et un locataire, qu'on appelle des collaborations verticales, échappent généralement à la portée de l'examen d'accords potentiellement anticoncurrentiels par le Bureau de la concurrence.
[Traduction]
Par exemple, l'un des types d'ententes auquel nous voulons mettre un terme est celui que l'on appelle les « dispositions de contrôle foncier », comme les clauses restrictives qui peuvent empêcher dans tout le pays de nouvelles épiceries d'ouvrir boutique. Cela nuit à la concurrence et peut même contribuer à créer des déserts alimentaires lorsque le locataire d'origine quitte un endroit donné. C'est tout simplement inacceptable, et j'espère que tous les membres du Comité le pensent aussi. Nous nous assurerons que ces ententes, dont le but même est de restreindre la concurrence, puissent faire l'objet d'un examen.
En conclusion, le projet de loi profitera aux Canadiens, car il donnera davantage de pouvoirs au Bureau de la concurrence, encouragera la concurrence, rendra les marchés plus transparents, empêchera les fusions nuisibles et permettra au Bureau d'examiner toutes sortes d'ententes anticoncurrentielles. Je crois que ce que nous voulons, et ce que tous les Canadiens veulent, c'est moins de consolidation, davantage de concurrence et de meilleurs prix pour les Canadiens.
Sur ce, monsieur le président, je me ferai un plaisir de répondre aux questions de mes estimés collègues.
:
Monsieur Weiler, je vous remercie pour votre question et pour votre préambule en français. Je vais répondre en partie en français, puis en anglais.
La dernière fois où on s'est attaqué de façon majeure à la Loi sur la concurrence au pays, c'était en 1986, soit il y a presque quatre décennies. Je pense donc qu'il était grand temps de réformer de façon importante cette loi.
Nous avions déjà fait un premier pas en ce sens en février 2022, dans le budget.
[Traduction]
Nous avons ensuite lancé en novembre cette grande consultation.
Je dois dire à mes collègues du Comité que nous devrions être fiers du fait que le gouvernement et le Parlement écoutent les gens. Nous avons fait une étude de marché, ou, autrement dit, mené des consultations pendant presque deux ans pour étudier les différents aspects. Les gens seraient d'accord, surtout dans le secteur de l'épicerie... C'est pour cette raison que ces trois amendements clés sont très précis. C'est parce qu'il s'agit d'un secteur complexe, non réglementé, mais qui, selon moi, affecte le quotidien des Canadiens et des Canadiennes. Nous avons vu ce qui aurait le plus de sens.
Je suis choqué de voir que, en 2023, dans un pays du G7, l'autorité en matière de concurrence n'aurait aucun pouvoir d'assignation lorsqu'il fait des études de marché. Les membres du Comité devraient tous se réjouir lorsque nous recevons la sanction royale, parce que, à bien y penser, c'est assez particulier que l'entité qui surveille la concurrence n'a pas de pouvoir d'assignation. Nous sommes sans doute l'un des seuls pays au monde qui a une autorité qui ne peut pas obtenir des informations ou des documents.
Nous avons vu en quoi cela pourrait être nuisible, parce que, dans la dernière étude qui portait sur le secteur alimentaire, comme je l'ai dit dans mes déclarations liminaires, nous avons observé divers degrés de coopération avec cette entité. Pensez‑y. Cette entité est là pour informer les Canadiens, le gouvernement et le Parlement, et le fait qu'elle ne soit pas en mesure de comprendre pleinement le marché me préoccupe beaucoup.
Même cela aidera beaucoup, parce que, dans ce secteur ou dans d'autres... Pensez‑y. Nous pourrions vouloir faire des études de marché dans tellement d'autres secteurs pour mieux comprendre la dynamique de la concurrence, pour comprendre pourquoi nous en sommes là, pourquoi les prix sont ce qu'ils sont et quels sont les enjeux de la concurrence.
Je vais vous donner un petit exemple. J'essaie entre autres choses de faire venir un autre épicier au Canada pour perturber le marché. C'est ce que l'on appelle dans le secteur un magasin à grands rabais, où les prix sont toujours plus bas. Quand j'ai parlé aux épiciers américains, et ils m'ont dit que l'une des raisons pour lesquelles ils ne venaient pas au Canada — croyez‑le ou non, ce n'est pas le marché —, c'était les clauses restrictives des baux. Ils ont dit: « Monsieur le ministre, nous avons envisagé de venir au Canada, mais croyez-le ou non, même si nous sommes de gros joueurs, nous avons eu de la difficulté à trouver un endroit à louer en raison de toutes les clauses restrictives qu'il y a dans les baux. » C'est la réponse que m'ont donnée certains épiciers bien établis aux États-Unis.
Je me suis dit « Eh bien! Voyez-vous ça! » Si les Canadiens et les Canadiennes savaient... Maintenant, il y a peut-être — je ne dis pas que c'est chose faite — des épiciers qui voudraient venir au Canada, mais ils ont de la difficulté à louer un emplacement, parce que ce que l'on appelle les dispositions de contrôle foncier les empêche, dans les faits, de louer un endroit et d'offrir une solution de rechange aux consommateurs.
Ce sont des mesures très terre à terre; elles aideront les Canadiens et favoriseront certainement la concurrence dans notre pays.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier le Comité des finances de m'avoir invité à discuter de ce que je crois être l'un des plus importants problèmes de politique publique auxquels le Canada fait face à l'heure actuelle.
Premièrement, voici quelques précisions à mon sujet. Je n'appartiens ou ne fais de don à aucun parti politique ni autorise que l'on pose des affiches sur ma pelouse pendant les élections fédérales, provinciales ou municipales.
Deuxièmement, je suis un professeur permanent payé par l'Université Carleton, et non par des entreprises, des ONG ou des syndicats. Je ne suis pas consultant. Je ne suis pas un lobbyiste.
Troisièmement, immédiatement après l'effondrement du mur de Berlin en 1980, et jusqu'en 2020 avec le début de la pandémie, j'ai enseigné à plus de 100 reprises dans d'anciennes économies à planification centrale en Europe du Centre-Est, à Cuba, en Iran et en Chine. Il n'y avait pas ou il y avait peu de sociétés privées à but lucratif, et il y avait très peu de concurrence, seulement des sociétés d'État monopolistiques, ce qui a mené au très faible revenu par habitant qui caractérise les pays n'ayant pas une économie de marché décentralisée comprenant des entreprises privées concurrentielles.
Il faut dire d'emblée que la politique de la concurrence est un élément essentiel de l'infrastructure stratégique d'un gouvernement national.
En tant que passionné de la NFL depuis le premier Super Bowl, en 1967, je comprends très bien la nécessité d'avoir des arbitres dans un match de football ou de hockey, parce que les joueurs trichent. Ils accrochent, ils dardent, ils trébuchent, ils retiennent et ils arrachent les masques, et les arbitres doivent donner des pénalités aux tricheurs. Toutefois, l'objectif des arbitres et les mesures qu'ils prennent ne doivent jamais tenter de remplacer les décideurs, les entraîneurs, le quart-arrière ou le directeur général, au point où ils commenceraient à décider quand Patrick Mahomes doit lancer le ballon ou quand Sidney Crosby doit lancer la rondelle.
L'arbitrage et la politique de la concurrence sont des moyens de parvenir à une fin. Ils ne sont pas le but ou l'objectif ultime de la politique publique nationale. Nous ne devrions pas considérer la politique de la concurrence comme une fin intrinsèque. Il s'agit simplement d'un outil susceptible d'accroître la concurrence.
Pourquoi s'en préoccuper? C'est parce qu'Adam Smith et 250 ans de théorie et de pratique économiques nous ont appris que la concurrence entre les entreprises fait baisser les prix et augmente le choix. Ce qui est encore plus important, comme nous l'a enseigné Joseph Schumpeter, c'est le seul moteur crédible d'augmentation de la productivité et du niveau de vie. C'est le seul moyen pour un pays d'augmenter son niveau de vie au fil du temps.
De nos jours, l'approche économique la plus largement acceptée à l'égard de la concurrence, je pense qu'il est juste de le dire, est celle proposée par Schumpeter, qui l'a définie comme un processus dynamique, dans le cadre duquel les entreprises s'efforcent de survivre sous un ensemble de règles en évolution qui produit constamment des gagnants et des perdants. Autrement dit, la concurrence est le véritable régulateur de l'activité économique, tandis que la politique de la concurrence est un substitut médiocre, de second choix, mais nécessaire.
Ce que je crains avec l'excellent rapport proposé du Bureau de la concurrence intitulé « L'avenir de la politique de la concurrence », c'est le danger que les décideurs d'Ottawa considèrent maintenant le contrôle des politiques de la concurrence comme la source de cette concurrence.
Ma deuxième crainte concerne le fait qu'un nombre croissant d'élus au Canada pensent, selon moi, que les grandes sociétés sont intrinsèquement non concurrentielles ou anticoncurrentielles. Cela est tout simplement contredit par la superbe étude de Statistique Canada, réalisée par John Baldwin et d'autres chercheurs, qui démontre que bon nombre de nos plus grandes sociétés atteignent des taux beaucoup plus élevés de productivité totale des facteurs.
Que faut‑il faire?
Malheureusement, peu de parlementaires semblent reconnaître ce que nous avons sous le nez et qui a en fait été créé par eux… non seulement la présente législature, mais aussi les précédentes. Nos gouvernements nationaux et provinciaux ont créé des monopoles et des oligopoles dans l'ensemble de l'économie dans le cadre d'une politique publique. La Loi sur les télécommunications interdit les entreprises de télécommunications étrangères — j'en parle en classe chaque semaine —, de sorte que nous avons exactement trois entreprises de télécommunications et des tarifs de téléphonie cellulaire parmi les plus élevés au monde.
Nous disposons de peut-être 2,5 compagnies aériennes, car la loi du Parlement interdit l'entrée aux compagnies aériennes étrangères. Notre Loi sur les banques assure un oligopole. J'ai travaillé pendant neuf ans dans une banque et j'ai beaucoup de respect pour les banques. Cependant, nous avons un oligopole de cinq ou six banques, avec un ratio de concentration de plus de 90 %. Nos lois sur la gestion de l'offre interdisent principalement l'entrée de produits laitiers étrangers.
Pour ne pas m'en prendre uniquement au gouvernement fédéral, le Beer Store de la plus grande province du Canada interdit principalement la concurrence dans les dépanneurs et les épiceries, où c'est sa place… tout comme la LCBO.
Lorsque nous ne créons pas de monopoles et d'oligopoles, nous engendrons certaines des normes réglementaires les plus élevées au monde, comme dans le secteur minier, qui ont mis fin à des investissements de capitaux dans notre pays. Bill Robson l'a récemment analysé de façon empirique dans son excellent article intitulé « Working Harder for Less: More People but Less Capital is No Recipe for Prosperity », ce qui se traduit par « Travailler plus fort pour gagner moins: plus de gens et moins de capitaux n'est pas la recette de la prospérité ».
Notre stock de capital non résidentiel par travailleur est à l'avant-dernier rang des pays de l'OCDE. Seule la Nouvelle-Zélande est pire.
Je vais maintenant utiliser un langage clair pour conclure.
Le capital social, c'est l'investissement dans les entreprises. Nous le savons tous. L'investissement crée de la concurrence. Cela fait augmenter la productivité et fait baisser les prix, alors que faisons-nous au Canada? Nous étouffons la concurrence dans de multiples industries en créant des oligopoles et des monopoles. Pogo nous avait prévenus: « Nous avons vu l'ennemi, et c'est nous ».
Merci.
Des députés: Oh, oh!
:
Je suis le directeur général du CAMP, le Canadian anti-monopoly Project, un groupe de réflexion canadien qui se consacre à régler les problèmes causés par le pouvoir monopolistique au Canada.
Il s'agit d'une période excitante en ce qui concerne la politique de la concurrence au Canada, et le CAMP est heureux de voir tous les partis au Parlement présenter des plans visant à renforcer la loi canadienne sur la concurrence et à protéger l'abordabilité pour les Canadiens.
Le projet de loi constitue un investissement important pour l'avenir de la concurrence au Canada, et le CAMP est heureux de l'appuyer.
En abrogeant la défense fondée sur les gains en efficience, en donnant au commissaire de la concurrence le pouvoir de mener des études de marché et en élargissant le champ d'application des mesures contre les accords anticoncurrentiels, le projet de loi apporte des avantages importants à la Loi sur la concurrence.
Je vais être franc. Je ne crois pas que ces changements rendront l'épicerie plus abordable dès demain. La situation actuelle est le résultat de dizaines d'années de réflexion, au cœur de la Loi sur la concurrence, qui ont favorisé la consolidation et réduit la concurrence au détriment des Canadiens. Il faudra du temps pour renverser cette réflexion. Comme je l'ai mentionné, nous voyons les changements proposés comme des investissements qui seront rentables pour les Canadiens au cours des prochains mois, des prochaines années et des prochaines décennies, et ce, dans des secteurs qui dépassent largement celui de l'épicerie.
Cela dit, dans le cadre actuel du projet de loi , nous aimerions proposer deux changements visant à renforcer le projet de loi afin qu'il puisse mieux servir les Canadiens.
Premièrement, le commissaire de la concurrence devrait avoir le pouvoir indépendant de mener des études de marché sans directives de la part du ministre. Le projet de loi prévoit des contrôles et des limites appropriés quant à l'utilisation du pouvoir du commissaire de réaliser des études de marché et, à ce titre, le pouvoir de réaliser des études indépendantes devrait être accordé afin de préserver l'indépendance de l'organisme.
Deuxièmement, les pouvoirs relatifs aux accords anticoncurrentiels devraient être renforcés afin d'assurer une application efficace de la loi. Cela signifie qu'il faut ajouter la capacité de donner suite à des accords passés et d'imposer des sanctions à ceux qui participent à ces accords, dont l'absence rend actuellement la disposition inefficace.
Grâce à ces changements, le projet de loi offrira plus d'avantages aux Canadiens plus rapidement, mais, au-delà de ce projet de loi, il faut encore apporter des changements plus complets à la Loi sur la concurrence afin de garantir des marchés concurrentiels pour les Canadiens à l'avenir. Même avec l'abrogation de la défense fondée sur les gains en efficience, les Canadiens ne seront pas entièrement protégés contre d'autres fusions sur d'importants marchés. La future réforme devrait introduire des présomptions défavorables aux fusions dans les marchés déjà concentrés et les interdire totalement sur les marchés très concentrés. Elle devrait également fixer la norme quant aux recours en cas de fusion préjudiciable afin de préserver ou d'améliorer la concurrence, et non pas aggraver la situation à un rythme plus acceptable.
En ce qui concerne les marchés déjà marqués par un petit nombre d'acteurs, nous avons besoin de dispositions plus rigoureuses afin que nous puissions nous assurer qu'il n'y a pas d'abus de position dominante aux dépens des entreprises, des travailleurs et des consommateurs canadiens. Aujourd'hui, les cas d'abus de position dominante sont rares et ils peuvent faire l'objet d'une enquête qui prend des années. L'élargissement de la portée de la disposition et la simplification de son application devraient être une priorité essentielle.
Enfin, l'application de la Loi sur la concurrence devrait être plus transparente et décentralisée. Le Bureau de la concurrence a fait d'importants progrès pour ce qui est de communiquer son fonctionnement aux Canadiens, mais cela demeure une boîte noire, et nous ne sommes pas à la hauteur de la transparence de pays homologues tels que le Royaume-Uni. L'application de la Loi sur la concurrence au Canada est également très centralisée, le Bureau de la concurrence étant responsable de tous les marchés de notre économie de 2 billions de dollars. En permettant aux parties privées de demander des dommages-intérêts en vertu de la Loi sur la concurrence, à l'avenir, le Canada aura plus d'observateurs sur le terrain pour relever les méthodes déloyales de concurrence et y remédier.
Aujourd'hui, avec le projet de loi , je pense que le Comité a l'occasion d'apporter une amélioration importante vers une loi sur la concurrence plus rigoureuse; cependant, après l'adoption de ce projet de loi, la priorité devrait être de terminer le travail par une réforme plus complète de la loi sur laquelle les Canadiens comptent pour protéger la concurrence et l'abordabilité.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé aujourd'hui. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup de votre invitation.
[Français]
Je m'appelle Marie‑Josée Houle et, en tant que première défenseure fédérale du logement, je suis ici pour mener des actions concrètes à l'échelle nationale afin que les lois, les politiques et les programmes respectent le droit de la personne à un logement adéquat.
La crise du logement a atteint des proportions catastrophiques.
[Traduction]
Je suis ici à titre de mécanisme de reddition de comptes en matière de droits de la personne pour les personnes en situation de crise. Le Canada a intégré le droit au logement dans la Loi de 2019 sur la stratégie nationale sur le logement. La nécessité pour le Canada de respecter ses obligations en matière de droits de la personne doit être une priorité dans cette discussion.
La principale raison de la crise du logement, c'est que la politique du gouvernement en matière de logement a mis l'accent sur des mesures incitatives pour le secteur privé, et nous savons depuis 30 ans que le secteur privé ne crée pas de logements abordables. Les activités sur lesquelles se penche le Comité, comme les profits des actionnaires et les sources de revenus passifs, visent à traiter le logement comme un produit financier et un actif à but lucratif… mais pas comme un droit de la personne.
C'est ce qu'on appelle la financiarisation. Il s'agit d'une pratique répandue qui a eu une incidence négative sur notre système de logement, au détriment de l'offre de logements abordables et accessibles. Selon nos recherches sur la financiarisation, de 20 à 30 % de l'offre de logements locatifs au Canada est financiarisée. Cela démontre clairement le tort qu'elle cause aux Canadiens.
Nous devons adopter une approche axée sur les droits de la personne qui accorde la priorité aux gens. Les gouvernements doivent investir dans notre système de logement et utiliser les fonds publics pour le bien public. La meilleure façon d'aller de l'avant est d'investir dans les logements hors marché. Les logements hors marché profitent à la société. Il crée des logements abordables et accessibles de façon permanente afin de répondre aux besoins d'un large éventail de personnes. Les groupes défavorisés qui consacrent une part disproportionnée de leur revenu au logement auront plus d'argent pour la nourriture, les médicaments, les services de garde et d'autres besoins.
L'investissement dans les logements hors marché a également une valeur économique et constitue la meilleure utilisation de l'argent des contribuables. Il profite à tout le monde parce qu'il n'est pas inflationniste. Lorsque les gens ne paient pas trop cher pour leur logement, ils peuvent dépenser ailleurs, ce qui renforcera la stabilité économique d'autres secteurs. L'investissement dans les logements hors marché se traduira par un système de logement plus équitable et plus sain et permettra aux gouvernements de se concentrer sur d'autres dossiers urgents.
Pour combler l'écart en matière de logements abordables au Canada, il faudra un plan à long terme. L'étude que nous avons commandée à Carolyn Whitzman, experte en matière de logement, estime qu'il manque actuellement au Canada 4,4 millions de logements abordables pour les personnes dans le besoin. Elle utilise une approche fondée sur les droits de la personne pour dénombrer les personnes qui sont habituellement exclues des estimations de l'offre et se concentre sur les locataires. Entretemps, le rapport de 2022 de la SCHL sur la pénurie de logements a fondé son estimation sur la demande de logements, y compris de la part des investisseurs, et n'a examiné que l'accession à la propriété.
[Français]
Il s'agit d'un problème complexe qui nécessite de nombreuses solutions.
J'ai été heureuse de voir que l'énoncé économique de l'automne mettait l'accent sur le logement hors marché. Je pense notamment à l'abolition de la TPS pour les projets de construction de nouvelles coopératives d'habitation.
[Traduction]
Il faut faire plus. La série de programmes de 82 milliards de dollars de la Stratégie nationale sur le logement doit changer de cap en vue de donner la priorité aux logements hors marché. Le gouvernement fédéral peut créer un fonds d'acquisition visant à permettre aux fournisseurs de logements hors marché et destinés aux autochtones d'acheter, de réparer et d'exploiter des immeubles existants. Il doit assortir les projets d'infrastructure et les financements fédéraux de conditions imposant la création de logements hors marché dans le cadre de ces nouveaux projets.
Parmi les autres mesures, mentionnons la promotion de solides mesures de stabilisation des loyers partout au Canada, la modification des politiques fédérales liées aux placements des fonds de pension et l'imposition des fiducies de placement immobilier, une meilleure collecte de données sur la financiarisation et une meilleure reddition de comptes lorsque l'argent des contribuables est consacré à des incitatifs au secteur privé.
Tous les ordres de gouvernement ont un rôle à jouer. Le gouvernement fédéral a la responsabilité de montrer la voie.
Merci beaucoup. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonsoir. Merci encore de m'avoir invité à comparaître ce soir.
Je m'appelle Tim Ross. Je suis le directeur général de la Fédération de l'habitation coopérative du Canada. La FHCC est le porte-parole national des coopératives d'habitation d'un océan à l'autre.
Dans un monde où l'insécurité du logement, les hausses de loyer insupportables et l'isolement social ne cessent de croître, les coopératives d'habitation offrent des solutions à ces défis économiques et sociaux. L'habitation coopérative est une réussite bien documentée. Depuis plus de 50 ans, les coopératives fournissent des logements abordables de bonne qualité dont les membres sont propriétaires et qui sont gérés par eux. Il existe plus de 2 200 coopératives d'habitation, réparties dans chaque province et territoire. Elles abritent un quart de million de Canadiens.
L'habitation coopérative fonctionne au prix coûtant, ce qui signifie que les coûts de logement des membres demeurent stables. Ils couvrent les coûts d'exploitation et d'entretien de collectivités dynamiques.
Une étude réalisée l'an dernier montre que les logements coopératifs coûtent de 400 $ à 500 $ de moins par mois que les immeubles locatifs privés comparables dans des villes semblables. Pensez à ce que 400 $ ou 500 $ de plus par mois pourraient signifier pour votre ménage. Cela pourrait signifier des repas plus nutritifs. Cela pourrait permettre aux enfants de participer à des activités parascolaires. Cela pourrait permettre d'épargner pour les études, pour une maison ou pour la retraite. La valeur des coopératives est bien connue de leurs membres, mais nous voulons en faire plus afin de construire davantage de coopératives d'habitation.
Un autre avantage de l'habitation coopérative est que les coopératives offrent une sécurité d'occupation. Il n'y a pas de propriétaire extérieur qui pourrait vendre la propriété ou faire des rénos-évictions, ou encore augmenter le prix des loyers simplement parce que les marchés le permettent. Enfin, les coopératives sont des collectivités très soudées. Les membres qui y vivent se soucient de leur collectivité et de leurs voisins.
La valeur de l'habitation coopérative a été reconnue par les gouvernements de toutes les allégeances politiques tout au long de l'histoire du Canada, et plus récemment dans le projet de loi qui est l'objet de la présente étude par le Comité et dans l'énoncé économique de l'automne.
Je tenais à présenter ce contexte avant de parler un peu de notre réaction à l'égard du projet de loi .
Le projet de loi comprend le nouveau remboursement de TPS sur les loyers, qui a été conçu pour encourager la construction de logements locatifs à vocation particulière. Même si nous savons qu'il est important d'accroître l'offre de logements locatifs dans des complexes d'habitation, nous devons nous assurer de construire le bon type de logements… le type de logements accessible aux gens et qu'ils peuvent se permettre. Les coopératives correspondent bien au profil.
L'énoncé économique de l'automne propose d'inclure les logements coopératifs dans ce remboursement. Nous sommes reconnaissants de ce changement de politique, car nous savons qu'il se répercutera directement sur les futurs membres vivant dans les coopératives d'habitation qui seront construites partout au pays.
La réduction des coûts du projet se traduira par une réduction de sa dette, ce qui permettra de réduire les frais de logement pour les membres dès le départ. Grâce au modèle de coopérative d'habitation sans but lucratif, ces économies seront transmises directement aux ménages qui occupent les nouveaux logements dès le premier jour, et ce profit augmentera avec le temps.
Je m'en voudrais également de ne pas parler de ce remboursement dans le contexte du programme de développement de coopératives d'habitation. Nous sommes très heureux de voir le secteur des coopératives d'habitation prendre de l'expansion au Canada. Le budget fédéral de 2022 comprenait le premier investissement fédéral dans les coopératives d'habitation en plus de 30 ans, ainsi qu'un engagement à concevoir le programme conjointement avec le secteur des coopératives d'habitation.
La FHCC encourage le gouvernement fédéral à lancer le programme de développement de coopératives d'habitation le plus tôt possible, car le fait d'attendre le lancement d'un programme alors que les coûts continuent d'augmenter entraîne un manque à gagner.
Notre enthousiasme envers ce programme est tempéré par le fait que nous savons qu'il faut en faire davantage pour régler la crise du logement. Marie-Josée Houle a également présenté certains de ces chiffres. Pour régler la crise, il ne suffit pas de construire plus de logements; il faut construire plus de logements communautaires, c'est‑à‑dire plus de logements coopératifs et sans but lucratif.
Vous vous demandez peut-être: « À quel prix? » Je sais que nous sommes tous conscients de la situation budgétaire et de son incidence potentielle sur l'inflation. Il est très important de maîtriser l'inflation.
J'aimerais souligner une étude qui vient d'être publiée aujourd'hui par l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine. Elle a été rédigée par Deloitte. Elle démontre les avantages pour l'économie canadienne de continuer à faire croître le secteur du logement communautaire au pays jusqu'à la moyenne des pays de l'OCDE. Ce faisant, d'ici 2030, nous augmenterions la productivité économique du Canada de 5,7 % à 9,3 %. Notre PIB augmenterait ainsi de près de 136 milliards. Ce qui est très important, c'est que l'étude a en outre démontré que l'investissement du gouvernement dans la création de nouveaux logements communautaires était non inflationniste.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de vous faire part de certaines des mises à jour du secteur des coopératives d'habitation. J'ai hâte d'entendre vos questions.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour. Nous vous remercions de nous offrir l'occasion de vous présenter nos observations aujourd'hui.
Je m'appelle Sara Eve Levac et je suis avocate chez Option consommateurs. Je suis accompagnée de mon collègue Carlos Castiblanco, qui est économiste et analyste.
Créée en 1983, Option consommateurs est une association à but non lucratif qui a pour mission d'aider les consommateurs et de défendre leurs droits. Option consommateurs s'intéresse depuis des décennies aux questions reliées à la concurrence. Elle répond fréquemment aux questions des consommateurs au sujet de pratiques commerciales trompeuses. Elle a déposé des actions collectives alléguant des manquements à la Loi sur la concurrence. Elle a également contribué à la récente Consultation sur l'avenir de la politique de la concurrence au Canada.
Nous sommes donc bien positionnés pour vous présenter nos observations sur le projet de loi .
Option consommateurs appuie le projet de loi et encourage son adoption. D'une part, en cette période d'inflation, il propose de mieux surveiller la concurrence dans les marchés. Nous saluons également l'abrogation de la défense des gains en efficience en matière de fusion d'entreprises. D'autre part, il participe à une approche globale et à multiples facettes pour stimuler l'offre de logement.
Nous proposons toutefois que les mesures proposées dans le projet de loi soient renforcées. Notre présentation ciblera deux de ces suggestions.
Premièrement, les modifications à la Loi sur la concurrence devraient permettre au Bureau de la concurrence d'avoir les coudées franches dans l'exécution des enquêtes de marché.
Deuxièmement, la création de logements abordables devrait être favorisée davantage. Il s'agirait notamment de préciser les critères de logements admissibles au remboursement de la taxe d'accise.
Je rappelle que nous avons produit un mémoire écrit détaillant notre position sur le projet de loi.
Tout d'abord, le projet de loi donne au Bureau de la concurrence le mandat de mener des enquêtes sur l'état de la concurrence dans un marché, à la demande du ministre. Nous proposons que le Bureau de la concurrence dispose de pouvoirs lui permettant d'obtenir directement les informations nécessaires dans la conduite de ces enquêtes.
À titre d'exemple, le Bureau de la concurrence a récemment réalisé une étude de marché sur le secteur de l'épicerie de détail. Dans le cadre de cette étude, il a souligné que le degré de coopération des entreprises avait été inégal.
Ainsi, pour assurer que les enquêtes de marché prévues au projet de loi soient efficaces, le Bureau de la concurrence devrait avoir le pouvoir de contraindre une personne à lui fournir des informations.
À l'heure actuelle, le projet de loi prévoit que le Bureau devra s'adresser au tribunal afin d'ordonner à quelqu'un de lui fournir des informations. Cette étape supplémentaire risque d'ajouter des délais à la conduite de ces enquêtes.
Notons qu'ailleurs dans le monde, notamment aux États‑Unis et dans l'Union européenne, les institutions chargées de surveiller l'état de la concurrence disposent d'un tel pouvoir.
De plus, le pouvoir du Bureau de la concurrence d'entreprendre une enquête sur un marché devrait être inclus dans la Loi. Ailleurs dans le monde et au Canada, le pouvoir d'autres institutions de surveillance d'entreprendre des enquêtes est expressément prévu dans la loi.
Je passe la parole à mon collègue M. Castiblanco pour qu'il vous parle de nos observations sur les modifications proposées à la Loi sur la taxe d'accise.
:
Nous reprenons la 121
e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 23 novembre 2023, le Comité reprend son étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la taxe d'accise et la Loi sur la concurrence.
J'aimerais faire quelques observations sur la façon dont le Comité procédera à l'étude article par article du projet de loi .
Comme son nom l'indique, l'étude article par article est un examen de tous les articles dans l'ordre où ils apparaissent dans le projet de loi. Je vais mettre chaque article aux voix l'un après l'autre, et chaque article peut faire l'objet d'un débat et d'un vote.
S'il y a un amendement à l'article en question, je vais donner la parole au député qui le propose, qui pourra l'expliquer.
J'aimerais rappeler aux membres du Comité que, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le jeudi 23 novembre, tous les amendements devaient être soumis au greffier du Comité avant midi hier.
Par conséquent, la présidence n'autorisera que les amendements soumis avant cette date limite pour proposition ou débat. Autrement dit, seuls les amendements contenus dans la liasse d'amendements seront pris en considération.
Lorsque plus aucun député ne voudra intervenir, l'amendement sera mis aux voix. Les amendements seront examinés dans l'ordre où ils figurent dans la liasse que chaque député a reçue du greffier.
En plus d'être bien rédigés sur le plan juridique, les amendements doivent également être recevables sur le plan de la procédure. Le président peut être appelé à déclarer irrecevables les amendements qui vont à l'encontre du principe du projet de loi ou qui dépassent la portée du projet de loi — qui ont tous deux été adoptés par la Chambre lorsqu'elle a adopté la motion 30 des affaires émanant du gouvernement et le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture — ou qui contreviennent à la prérogative financière de la Couronne.
Les amendements portent un numéro entre parenthèses dans le coin supérieur droit pour indiquer le parti qui les a présentés. Les amendements qui sont soumis n'ont pas besoin d'être secondés. Une fois qu'un amendement aura été proposé, il faudra un consentement unanime pour le retirer.
Pendant le débat sur un amendement, les députés peuvent proposer des sous-amendements. Les sous-amendements doivent être fournis par écrit. Ils ne nécessitent pas l'approbation de l'auteur de l'amendement. Un seul sous-amendement peut être étudié à la fois, et ce sous-amendement ne peut pas être modifié.
Lorsqu'un sous-amendement est proposé à un amendement, il est mis aux voix en premier. Ensuite, un autre sous-amendement peut être proposé, ou le Comité peut examiner l'amendement principal et voter.
Enfin, conformément à l'ordre adopté par la Chambre, si le Comité n'a pas terminé l'étude article par article du projet de loi avant 23 h 59, tous les amendements qui restent sont réputés avoir été proposés. Le président met aux voix sur‑le‑champ et successivement, sans autre débat, tous les autres articles et amendements soumis au Comité, ainsi que toute question nécessaire pour disposer de l'étude article par article du projet de loi. Le Comité ne peut pas lever la séance sans avoir disposé du projet de loi.
Je remercie les députés de leur attention et je souhaite à tous une étude productive article par article du projet de loi .
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'article 15.1 du Règlement. Les membres sont présents, soit en personne dans la salle, soit à distance grâce à l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques remarques à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous donne la parole nommément avant de parler. Si vous participez en ligne, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro et désactivez‑le quand vous ne parlez pas.
Pour entendre l'interprétation sur Zoom, sélectionnez le parquet, l'anglais ou le français.
Dans la salle, vous pouvez utiliser l'oreillette mise à votre disposition et sélectionner le canal désiré.
Bien que cette salle soit équipée d'un système audio très perfectionné, des chocs acoustiques sont toujours possibles. Cela peut être extrêmement dommageable pour les interprètes et leur causer des blessures graves. La plupart des chocs acoustiques sont attribuables à des oreillettes approchées trop près du microphone. Nous demandons donc à tous les participants de faire preuve d'une grande prudence dans la manipulation de leur oreillette, surtout quand leur microphone ou celui de leur voisin est ouvert. Afin de prévenir les incidents et de protéger la santé auditive des interprètes, j'invite les participants à parler dans le microphone dans lequel leur casque d'écoute est branché et à éviter de jouer avec les oreillettes en les plaçant sur la table, loin d'un microphone allumé.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Si vous voulez prendre la parole, veuillez lever la main. Je demande aux députés sur Zoom d'utiliser la fonction « main levée ». Le greffier et moi-même allons gérer l'ordre des interventions du mieux que nous le puissions, et nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Conformément à la motion de régie interne du Comité concernant les tests de connexion pour les témoins, on m'a informé que tous les témoins ont effectué les tests en question avant la réunion.
Chers collègues, avant d'accueillir nos témoins, vous devriez avoir reçu les budgets à approuver. Levez le pouce si vous les approuvez?
(La motion est adoptée.)
Le président: C'est parfait. Ils sont approuvés.
Merci à vous et au greffier.
Aujourd'hui, nous étudions le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la taxe d'accise et la Loi sur la concurrence.
Nos témoins sont là. Nous accueillons Robert Ives, expert-conseil en immeubles et institutions financières, du ministère des Finances. Nous avons aussi Mark Schaan. Il est le sous-ministre adjoint principal pour le Secteur des stratégies et politiques d'innovation, du ministère de l'Industrie. Nous recevons, par ailleurs, Samir Chhabra, du ministère de l'Industrie. Il est le directeur général de la Direction générale de la politique d'encadrement du marché. Enfin, nous avons Martin Simard, directeur principal du Secteur des stratégies et politiques d'innovation.
Ce sont tous les fonctionnaires qui sont avec nous aujourd'hui.
J'ai vu M. Ste-Marie.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai quelques commentaires à faire concernant le déroulement de l'étude que nous faisons sur le projet de loi . Je ne sais pas si c'est le bon moment pour en parler. Sinon, je le ferai quand je prendrai la parole sur le premier amendement que je vais suggérer.
Je vous annonce que, tantôt, je vais retirer deux des amendements que j'ai déposés. Je ne les retire pas de gaieté de cœur, parce qu'ils reflètent des besoins exprimés par des groupes de spécialistes du milieu qui sont directement touchés par le projet de loi C‑56. Toutefois, tels que rédigés, ces amendements induiraient des effets pervers qui pourraient être pires que les avantages qu'ils étaient censés apporter.
J'en parle parce que nous avons un grave problème. Il a fallu que nous déposions nos amendements en même temps que nous écoutions les témoins au Comité. Pourquoi? Parce qu'en raison du super bâillon, nous n'avons pas eu assez de temps pour faire convenablement notre travail en comité. C'est très grave. Ce n'est pas parce que le gouvernement a une entente et que tout sera adopté que nous devons outrepasser le travail des législateurs au Comité. Un tel mépris des parlementaires est rarement vu. Nous ne pouvons pas bien faire notre travail.
Je vous donne un exemple. Au jour 1, au breffage sur le projet de loi C‑56, nous avons demandé aux fonctionnaires du ministère des Finances de nous envoyer les prévisions qu'ils avaient concernant le rabais de TPS. Quels effets étaient prévus? Combien d'immeubles et combien de logements de plus seraient construits? Combien de condos de moins seraient construits? Sur quels chiffres est basé le projet de loi? Avant-hier, j'ai redemandé ces chiffres à la ministre, qui m'a dit oui et qu'on nous les enverrait.
Or, nous allons bientôt commencer l'étude article par article du projet de loi, mais nous allons voter à l'aveugle, dans le brouillard, parce que nous n'avons toujours pas ces chiffres. La ministre a cité un nom d'universitaire qui aurait fait une étude dont les fonctionnaires ne semblaient même pas avoir pris connaissance. Ce n'est pas sérieux, comme façon de faire, ça manque de rigueur. Nous attendons toujours. Normalement, je ne serais pas prêt à voter, parce que je n'ai pas eu la réponse du ministère des Finances, même si la ministre des Finances s'est engagée à nous transmettre l'information.
À ce sujet, je veux rappeler que le ministère des Finances semble mépriser les élus. Depuis deux ans, lors des études à huis clos sur le budget ou l'énoncé économique, il n'y a pas de fonctionnaires sur place pour répondre à nos questions, malgré nos demandes répétées. Pourtant, les journalistes ont accès en personne aux fonctionnaires. On ne nous remet que des documents papier, alors que les journalistes ont accès à ces documents sur clé USB. C'est comme si les médias étaient plus dignes de confiance que les élus du peuple, les législateurs. Cela reflète la perception du ministère des Finances à l'égard de la Chambre des communes et de ses membres. C'est inacceptable.
En outre, cette semaine, nous avons reçu un avis de motion des voies et moyens cinq minutes avant le début du breffage. Je vous rappelle qu'il n'y a pas de sommaire ni de résumé. Il n'y a rien. Nous avons reçu 529 pages de charabia législatif et fiscal à n'y rien comprendre, et nous n'avons eu que cinq minutes pour prendre connaissance de tout cela avant de poser nos questions aux fonctionnaires. Ça démontre que le ministère méprise le Parlement. J'ai un adjoint qui travaille à la recherche et qui travaille au parti depuis 25 ans, et il dit qu'il n'a jamais vu une telle façon de faire en 25 ans. En plus, pendant la présentation, la qualité sonore des interventions du fonctionnaire était telle que nous n'avons pas compris la moitié de ce qu'il a dit. J'ai été le seul député à poser des questions. J'en ai posé deux. Les réponses étaient claires, mais nous n'avions pas les moyens de nous préparer.
Là, on va arriver avec le projet de loi C‑60, la mesure législative qui y fait suite, et je vous mets en garde. Il reste deux semaines et des poussières avant que les travaux de la Chambre ne soient ajournés pour la pause hivernale. Est-ce que le gouvernement veut sérieusement passer à travers tout le processus pour faire adopter ce projet de loi mammouth, tout en pensant que nous allons pouvoir bien faire notre travail? Est-ce qu'il se contrebalance de notre travail? Ce n'est pas acceptable.
Certains des amendements que je vais proposer tantôt et que je ne retirerai pas vont peut-être créer des problèmes de concordance dans la loi. Ils ont été rédigés avec l'aide du bureau du légiste, mais rapidement. Le message que j'envoie au gouvernement, c'est « tant pis »: si mes amendements sont adoptés et créent des problèmes de concordance, ce sera à vous d'apporter d'autres mesures législatives pour régler les problèmes, parce que vous ne respectez pas le travail que nous faisons ici, et c'est inacceptable.
Je souhaite que, lors du prochain projet de loi de mise en œuvre du budget, il y ait des délais acceptables afin que nous puissions bien faire notre travail.
Dans le projet de loi , par exemple, il devrait y avoir la suite de la réforme de la Loi sur la concurrence. C'est la première fois en 37 ans qu'une telle réforme aura lieu. Par contre, si nous voulons que ce soit adopté d'ici Noël, nous pouvons nous attendre à ne même pas avoir le temps de l'étudier. Il y aura enfin une réforme de la Loi sur la concurrence, alors que ça fait 37 ans qu'il n'y en a pas eu et que ça fait 20 ans qu'on le demande, mais nous ne pourrons même pas bien faire notre travail à ce sujet. Ça manque de sérieux et de rigueur.
Je suis contre les bâillons. Évidemment, ma formation politique va toujours être dans l'opposition, ici. Quand on bâillonne le Parlement, je n'aime pas ça. Le gouvernement, qui est le maître d'œuvre du déroulement des travaux, pourrait au moins laisser suffisamment de temps pour que nous puissions entendre les témoins et les spécialistes en comité, parler aux fonctionnaires, et pouvoir aller un peu plus au fond des choses et bien faire notre travail.
Ça n'a pas été possible dans le cadre du projet de loi . C'est pour ça que je vais retirer deux de mes amendements tantôt et que certains de mes autres amendements pourraient créer des problèmes dans la logique d'ensemble du projet de loi. Cependant, nous n'avons pas le choix, et ce, en raison du super bâillon qui nous a limités à une seule journée d'étude avant que nous passions au vote. C'est inacceptable.
Pendant la pandémie, ça pouvait s'excuser, la situation était spéciale. Or, ça fait deux ans que le ministère des Finances ne respecte pas les élus en nous empêchant de bien faire notre travail, tant à huis clos qu'au Comité et à la Chambre. Il faut que ça change, je vous en prie.
Merci, monsieur le président.