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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la réunion 68e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 16 novembre 2022, le Comité se réunit pour discuter du rapport de la Banque du Canada sur la politique monétaire.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Les membres participent en personne dans la salle et à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des députés. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
Pour l'interprétation, pour ceux qui sont sur Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser l'oreillette et sélectionner le canal souhaité. Toutes les observations doivent être adressées par l'intermédiaire de la présidence. Pour ceux qui sont dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Pour ceux qui sont sur Zoom, veuillez utiliser la fonction « lever la main ». Le greffier et moi-même gérerons l'ordre des interventions de notre mieux. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Mesdames et messieurs, avant de passer aux témoins, je vous informe que nous accueillerons la vice-première ministre et ministre des Finances, lundi prochain.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins de la Banque du Canada: Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada, et Carolyn Rogers, première sous-gouverneure.
Bienvenue à vous deux. Nous allons entendre vos déclarations préliminaires, puis passerons aux questions des députés.
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Merci, monsieur le président.
C'est un réel plaisir d'être de retour avec la première sous-gouverneure Carolyn Rogers. Nous sommes ici pour parler de notre rapport sur la politique monétaire et de notre plus récente décision en la matière.
En octobre, nous avons relevé le taux directeur de 50 points de base pour le faire passer à 3,75 %. Il s'agissait de la sixième hausse consécutive depuis mars. Nous nous attendons aussi à ce que le taux directeur doive encore augmenter. Et jusqu'où il augmentera dépendra de l'efficacité de la politique monétaire pour ralentir la demande, de la résolution des problèmes d'approvisionnement, et de la réaction de l'inflation et des attentes d'inflation au cycle de resserrement en cours.
[Français]
La décision de la semaine passée reflète plusieurs considérations.
Premièrement, l'inflation au Canada reste élevée et généralisée, et elle reflète une forte augmentation des prix des biens et des services. Elle a diminué ces derniers mois, mais nous attendons encore une baisse globale des pressions sur les prix.
Deuxièmement, la demande est encore excédentaire. L'économie surchauffe. Le nombre de postes vacants a reculé par rapport à son sommet, mais reste élevé. Les entreprises signalent encore des pénuries de main-d'œuvre généralisées.
Troisièmement, les taux d'intérêt élevés commencent à peser sur la croissance. C'est de plus en plus évident dans les dépenses sensibles aux taux d'intérêt, comme le logement et les gros achats. Il faudra toutefois du temps pour que les effets des hausses de taux se fassent ressentir dans toute l'économie.
Quatrièmement, il n'y a pas de solution facile pour restaurer la stabilité des prix. L'économie doit ralentir pour rééquilibrer l'offre et la demande et réduire les pressions sur les prix. Au cours des prochains trimestres, la croissance devrait être près de zéro, mais, après ce ralentissement, la croissance va se redresser, l'économie va progresser fortement et le Canada va de nouveau bénéficier d'une inflation basse et prévisible.
En chiffres, cela signifie que la croissance du PIB devrait diminuer. Le PIB va passer d'environ 3,25 % cette année à tout juste en deçà de 1 % l'année prochaine, pour ensuite monter à 2 % en 2024. Quant à l'inflation, nous nous attendons à ce qu'elle soit autour de 7 % au dernier trimestre de cette année et qu'elle descende à environ 3 % à la fin de l'année prochaine, pour retourner à la cible de 2 % à la fin de l'année 2024.
Enfin, la Banque essaie de mettre en balance les risques liés à un resserrement trop faible et ceux liés à un resserrement trop fort.
[Traduction]
Si nos interventions sont insuffisantes, les Canadiens continueront de subir les rigueurs d'une forte inflation. Et ils en viendront à s'attendre à ce que cette situation persiste. Si cela se produit, il faudra alors des taux d'intérêt beaucoup plus élevés et, possiblement, une profonde récession pour maîtriser l'inflation. Personne ne veut cela. Si nous intervenons trop, nous pourrions ralentir l'économie plus que nécessaire. Et nous savons que cela entraverait la capacité des gens à assurer le service de leurs dettes, en plus de nuire à l'emploi et aux entreprises.
La phase actuelle de resserrement arrivera à sa fin. Bientôt, mais pas tout de suite.
Je veux aussi faire le point sur le bilan de la Banque, dont la taille diminue à mesure que se poursuit le resserrement quantitatif. Il avoisinait 415 milliards de dollars la semaine dernière, ce qui représente une baisse d'environ 28 % par rapport au sommet de 575 milliards de dollars atteint en mars 2021. Cette baisse est principalement attribuable à l'arrivée à échéance de nos opérations de pension et à la réduction de notre portefeuille d'obligations du gouvernement du Canada ayant fait suite aux décisions de mettre fin à l'assouplissement quantitatif en octobre 2021 et d'amorcer le resserrement quantitatif en avril de cette année.
Après s'être maintenus au‑dessus de la moyenne pendant un certain temps, nos revenus d'intérêts nets entrent maintenant en territoire négatif. La Banque enregistrera des pertes durant une période, puis renouera avec des gains nets positifs. L'ampleur des pertes et la durée de l'épisode dépendront en fin de compte d'un certain nombre de facteurs, notamment la trajectoire des taux d'intérêt et l'évolution de l'économie et du bilan. Les pertes n'ont pas d'incidence sur notre capacité à assurer la conduite de la politique monétaire. Et je tiens préciser que nos décisions à cet égard sont guidées par nos mandats de stabilité des prix et de stabilité financière. Elles ne sont pas prises dans le but de maximiser nos revenus.
La Banque du Canada a pour mandat de veiller à maintenir l'inflation à un niveau bas, stable et prévisible. Nous sommes encore loin du but. Nous considérons les risques entourant notre prévision d'inflation comme étant raisonnablement équilibrés. Mais comme l'inflation est bien au‑dessus de la cible, nous nous préoccupons particulièrement des risques à la hausse.
Nous savons qu'il est difficile pour bien des Canadiens et Canadiennes de s'adapter à des taux d'intérêt plus élevés. De nombreux ménages sont très endettés et les hausses de taux viennent alourdir leur fardeau. Nous ne voulons pas que cette transition soit plus difficile que nécessaire. Mais des taux plus élevés à court terme feront descendre l'inflation sur le long terme. La population canadienne cherche à se protéger contre l'augmentation des prix, et nous cherchons à la protéger contre une inflation durable.
Revenir à une forte croissance et à un bas niveau d'inflation prendra un certain temps. Mais nous allons y arriver. Il faut traverser cette phase difficile pour revenir à la stabilité des prix et à une croissance économique soutenue, qui sont dans l'intérêt de tous.
Sur ce, la première sous-gouverneure et moi serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le gouverneur et la première sous-gouverneure d'être ici.
Je vais entrer dans le vif du sujet.
Dans un discours prononcé le 6 octobre, monsieur le gouverneur, vous avez déclaré devant la Chambre de commerce de Halifax que « l'inflation au Canada reflète de plus en plus ce qui se passe au Canada ». Avant cette déclaration, le Canada avait déjà vu 110 milliards de dollars s'ajouter à la dette avant la COVID et un demi-billion de dollars au cours des deux dernières années, dont 40 %, nous le savons, n'avaient rien à voir avec la COVID ou quoi que ce soit lié à la COVID.
Maintenant, il y a 52,2 milliards de dollars de nouvelles dépenses cette année, selon le directeur parlementaire du budget. Seriez-vous d'accord pour dire que toutes ces dépenses vont contribuer à alimenter cette inflation?
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Eh bien, permettez-moi de dire deux ou trois choses.
Tout d'abord, l'inflation n'atteint pas 8,1 % à cause d'une seule chose. Un grand nombre de choses se sont produites. Comme je l'ai dit à Halifax, la poussée initiale de l'inflation était largement due à des facteurs mondiaux, comme la hausse du prix des biens et du pétrole.
Comme vous l'avez souligné, l'inflation que nous observons au Canada reflète de plus en plus ce qui se passe au Canada. Notre économie affiche une demande excédentaire. Elle est en surchauffe. Essentiellement, les entreprises ne peuvent pas produire autant de biens et de services que les consommateurs veulent en acheter, de sorte que les prix augmentent.
Pourquoi l'économie affiche‑t‑elle une demande excédentaire? Nous avons traversé la récession la plus profonde de l'histoire, suivie de la reprise la plus rapide jamais enregistrée. Nous sommes maintenant de l'autre côté de la montagne.
Oui, l'inflation est certainement trop élevée et nous sommes déterminés à rétablir la stabilité des prix.
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Cela dépend de ce qui se passe par ailleurs dans l'économie.
Toutes choses étant égales par ailleurs, comme les économistes se plaisent à le dire, plus la demande... Tout d'abord, les actions du gouvernement peuvent avoir des conséquences tant sur la demande que sur l'offre. Par exemple, le gouvernement a augmenté l'objectif du nombre d'immigrants entrant dans le pays. Cela va accroître l'offre. Cela va ajouter des travailleurs. Cela va ajouter de nouveaux Canadiens. Cela va également accroître la demande, car ils auront besoin de logements. Ils vont avoir des revenus et ils vont les dépenser. Nous tiendrons compte de ces deux éléments.
Oui, toutes choses étant égales par ailleurs, plus la demande est forte dans l'économie, plus les taux d'intérêt devront être élevés pour ramener l'inflation à la cible.
Les politiques gouvernementales ont toute une série d'effets, et nous faisons de notre mieux pour en tenir compte. Nous avons un mandat clair et nous prenons nos décisions en matière de politique dans le cadre de ce mandat.
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Oui, comme l'a dit le gouverneur, nous nous attendons en fait à ce que la Banque affiche une équité négative dans les mois à venir. Ce n'est pas un problème qui est unique à la Banque du Canada. Toutes nos homologues, les banques centrales des pays du G7 vivent la même chose.
Il existe cependant une variété d'options différentes pour y faire face. Par exemple, notre banque centrale homologue aux États-Unis utilise les normes des PCGR, les principes comptables généralement reconnus, américains. Elle prend l'équité négative et la transforme en un actif différé, puis elle réduit cet actif différé au fur et à mesure que l'actif redevient positif.
Dans d'autres banques centrales, les gouvernements ont mis en place une indemnité qui compense l'équité négative. La Banque du Canada a une indemnité en place en ce moment, mais cette indemnité couvre ce que nous appelons les pertes de marché. Ces pertes se produiraient si nous devions vendre des éléments d'actif. Nous n'avons pas l'intention de le faire. Ce sont des pertes d'exploitation. Une autre option serait d'étendre la portée de cette indemnité.
Une troisième option serait de modifier la loi, ce qui permettrait à la Banque de conserver ses bénéfices. À l'heure actuelle, la Banque du Canada est tenue, en vertu de la loi, de remettre ses bénéfices au gouvernement chaque année. Au cours d'une année normale, cela représente environ 1 milliard de dollars de gains. Au cours des dernières années, nous avons remis 2,6 milliards de dollars de plus au gouvernement. La troisième option nécessiterait une modification de notre loi pour nous permettre de conserver nos gains et, au fil du temps, ceux‑ci compenseraient les pertes. Lorsque nous retrouverions une équité positive, nous recommencerions à verser nos revenus au gouvernement chaque année.
C'est une décision qui appartient au gouvernement. Il y travaille activement en ce moment. Nous nous attendons à ce que, très bientôt, il prenne une décision définitive.
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J'aimerais souligner deux sources de risque. Il y a beaucoup d'incertitude dans l'économie mondiale. Il y a une guerre horrible en Europe. La Chine continue de faire face à la COVID, avec des vagues récurrentes, ce qui entraîne de nouvelles fermetures. Nous ne pouvons pas contrôler les événements mondiaux. Un certain nombre de prix importants dans notre économie — en particulier le prix du pétrole, qui alimente directement le prix de l'essence et le prix de nombreux aliments importés — sont déterminés sur les marchés mondiaux. Nous ne pouvons pas les contrôler. Il y a certainement des risques que le prix du pétrole augmente fortement. Cela aurait une incidence sur le prix de l'essence et du chauffage, et sur l'inflation globale.
Une autre source de risque est le prix des services. Comme nous le savons, le prix des services a tendance à être parmi les plus complexes de l'économie. L'inflation du prix des services au Canada se situe actuellement à environ 5 %. La bonne nouvelle est qu'après sa montée en flèche, elle n'a pas continué à monter. Ce que nous surveillons de très près, ce sont les signes que l'inflation commence vraiment à baisser. Nous n'avons pas encore vu de preuves vraiment convaincantes de ce début de baisse, mais nous espérons que cela se produira à l'aube de la nouvelle année.
Il y a un risque que l'inflation au Canada est plus enracinée, plus ancrée et qu'elle se révèle plus difficile à faire baisser que nous le pensons. Il est également possible que les choses baissent plus rapidement. Nous pensons que nos prévisions sont raisonnablement équilibrées, mais comme je l'ai dit dans mon exposé, lorsque l'inflation est de 7 %, on s'inquiète davantage des risques de hausse que des risques de baisse.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur Ste‑Marie.
[Traduction]
Nous passons maintenant au NPD.
Nous allons habituellement vers notre député permanent, M. Blaikie, qui fait beaucoup de travail et, je dirais, de médiation au sein de ce comité, mais le chef du NPD, M. Singh, est des nôtres aujourd'hui.
Monsieur Singh, vous avez six minutes. Allez‑y, s'il vous plaît.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie mon collègue de m'avoir cédé son temps.
Je remercie les représentants de la Banque du Canada d'être ici.
Je commencerai par quelques observations préliminaires, puis j'ai hâte d'entendre vos réponses à mes questions.
Nous comprenons et respectons le fait que la Banque du Canada est un organisme indépendant, et nous croyons qu'elle doit le demeurer. Nous comprenons que vous établissez la politique monétaire et que le gouvernement fédéral établit la politique fiscale.
J'aimerais attirer votre attention sur une chose que vous avez déjà reconnue, à savoir que les décisions prises par la Banque du Canada ont des répercussions réelles sur les Canadiens. Je sais que vous en êtes conscients, mais je veux souligner les répercussions réelles. Les taux d'intérêt élevés font que certaines familles vont perdre leur maison. Les taux d'intérêt élevés risquent de déclencher une récession au Canada, ce qui signifie que des travailleurs pourraient perdre leur emploi.
Je vais commencer par certaines de vos remarques au sujet des salaires. Depuis le début de l'année, je pense qu'il est très juste de dire qu'à aucun moment les salaires n'ont suivi l'inflation. En fait, c'est l'inverse qui s'est produit — les salaires n'ont pas suivi l'inflation, ce qui signifie que la plupart des travailleurs ont subi une baisse de salaire en raison de l'augmentation du coût de la vie et de l'inflation, et pourtant, l'été dernier, vous avez conseillé aux employeurs de ne pas augmenter les salaires.
Pensez-vous qu'il soit approprié de dire aux employeurs de maintenir les salaires à un bas niveau malgré le fait que les salaires ne suivent pas l'inflation et malgré le fait que cela maintiendra les travailleurs encore plus à la traîne, alors qu'il n'y a aucune preuve que les augmentations de salaire sont le moteur de l'inflation? En outre, pourquoi n'avez-vous jamais mentionné une telle préoccupation au sujet des profits élevés des entreprises, mais vous avez parlé de préoccupations concernant une éventuelle hausse des salaires, ce qui n'a pas été le cas?
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Je vous remercie de cette question, car c'est l'occasion d'éclaircir ce que j'ai dit.
Ce n'est pas le rôle de la Banque du Canada de dire aux entreprises ce qu'elles doivent payer à leurs travailleurs. Ce n'est pas le rôle de la Banque du Canada de dire aux travailleurs quel salaire ils devraient toucher. Mais c'est le travail de la Banque du Canada de contrôler l'inflation. Ce que j'ai dit l'été dernier, le mois dernier et la semaine dernière aux travailleurs et aux entreprises du Canada, c'est que les Canadiens ne devraient pas s'attendre à ce que l'inflation reste là où elle est maintenant. Mon message n'était pas de prévoir que l'inflation reste là où elle est maintenant, mais de prévoir que l'inflation diminue. Nous avons pris des mesures énergiques. Selon les prévisions que j'ai présentées, l'inflation devrait descendre à 3 % d'ici la fin de l'année prochaine et à 2 % l'année suivante.
Il y aura probablement de nouveaux chocs. Il y aura de nouveaux défis en cours de route, mais notre message aux Canadiens est que nous sommes déterminés à ramener l'inflation à notre cible.
En ce qui concerne la deuxième partie de votre question, sur les bénéfices des sociétés, comme je l'ai précisé dans ma réponse à la question précédente, lorsque l'économie est en surchauffe et que des pressions inflationnistes s'exercent, il y a plusieurs dimensions à cela. Le marché du travail en fait partie. Comme je l'ai mentionné, le marché du travail est très serré. Une autre...
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Il y a un certain nombre de questions dans tout cela.
Permettez-moi tout d'abord de souligner que nous sommes très conscients du fait que les mesures que nous prenons ont un impact exceptionnellement important sur les Canadiens. Les Canadiens ont beaucoup de questions difficiles pour nous. Leurs représentants élus ont beaucoup de questions difficiles pour nous. En fait, nous comprenons cela.
Nous ne voulons pas rendre la situation plus difficile qu'elle ne doit l'être. Nous essayons vraiment de trouver un équilibre entre le risque de ne pas en faire assez et le risque d'en faire trop. Si nous n'en faisons pas assez et que nous sommes tièdes dans nos efforts pour contrôler l'inflation, les Canadiens vont devoir continuer à subir l'inflation. C'est un coût que chacun des Canadiens subit. Pour le Canadien moyen, une inflation de 7 % au lieu de 2 % lui coûte environ 3 500 $ de plus par année. C'est un coût qui pèse sur les épaules de tous les Canadiens. Si nous n'en faisons pas assez, ils vont continuer à le subir. Pire encore, si nous n'en faisons pas assez, nous devrons probablement hausser le taux d'intérêt encore plus et provoquer un ralentissement encore plus marqué pour maîtriser l'inflation.
En agissant avec force, nous essayons vraiment d'éviter cela. Si nous en faisons trop, ce sera plus douloureux que nécessaire. Nous essayons d'équilibrer ces deux aspects.
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À ce stade, je pense que nous ne sommes pas sûrs, mais certainement, probablement comme vous, je lis les reportages sur cette question tous les jours, et la perspective ne semble pas bonne. Il semble que ce sera probablement une perte totale pour les personnes qui détenaient des actifs sur cette plateforme.
Ce qui me frappe, c'est que c'est... Nous suivons de près les cryptomonnaies. Nous essayons de comprendre le rôle qu'elles ont dans l'économie et surtout sur le plan de la stabilité financière. J'ai toujours eu du mal à comprendre comment elles génèrent de la valeur, mais en lisant la description de leur échec, cela me semble assez familier.
D'après ce que j'ai compris, la plateforme de négociation transférait des actifs vers une partie plus spéculative de l'activité, vers un côté investissement, et il semble que ce côté de l'activité avait subi de lourdes pertes, de sorte que les actifs que la plateforme était censée conserver à des fins de négociation ont disparu.
C'est exactement le type de chose que la réglementation financière plus traditionnelle a réglé depuis des années.
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Un des deux aspects auxquels nous nous intéressons particulièrement est certainement ce dont je viens de parler, soit la transmission entre le secteur financier traditionnel et celui de la cryptomonnaie.
L'autre aspect est celui de la protection des consommateurs. Au Canada plus particulièrement, si une entreprise vous propose de mettre votre argent en dépôt et que vous y avez accès pour faire des opérations et des paiements, vous avez une certaine confiance que c'est un modèle d'affaires qui est réglementé.
Ces entreprises ressemblent beaucoup à celles qui sont réglementées, et elles se présentent comme des entités qui, aux yeux des Canadiens, sont généralement réglementées. Nous craignons que les consommateurs ne prennent pas vraiment la mesure des risques courus. Ils ne comprennent pas qu'il y a beaucoup de spéculation dans ce secteur et, comme vous l'avez souligné, qu'il y a un risque de pertes.
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Merci, monsieur le président.
Comme je ne dispose que de deux minutes et demie, je vais vous poser mes deux questions en rafales.
Premièrement, estimez-vous que la situation actuelle de surchauffe est principalement générée par un resserrement de l'offre plutôt que par un fort accroissement de la demande?
Deuxièmement, on comprend l'impératif de contrôler l'inflation, d'où la politique restrictive, mais celle-ci génère des inégalités. Le taux de chômage pourrait augmenter, et il pourrait être plus élevé chez les femmes, par exemple. Évidemment, c'est le rôle du gouvernement de réduire ces inégalités, mais, selon vous, la Banque du Canada peut-elle jouer un rôle pour réduire les inégalités générées par sa politique monétaire restrictive?
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Pour ce qui est de la question visant à savoir si le problème se situe sur le plan de l'offre ou de la demande, je dirais qu'il s'agit des deux.
Comme on le sait bien, il y a beaucoup de problèmes en lien avec les chaînes d'approvisionnement et les récoltes. Cet été, les récoltes étaient meilleures, mais, l'année passée, il y avait de grands problèmes de ce côté. Les problèmes liés à l'offre sont un aspect important, et nous pensons que ces problèmes continueront de se régler graduellement. La situation s'est déjà améliorée, mais il y a encore du travail à faire.
L'autre aspect important, c'est la demande. Ce qui s'est passé, c'est qu'après la vague du variant Omicron, l'économie s'est ouverte. Il n'y a pas eu d'autres vagues du virus et tout le monde voulait acheter tous les services qu'ils n'avaient pas pu acheter pendant plus de deux ans. La forte hausse de la demande a fait que les entreprises n'étaient pas capables de répondre à toute la demande, ce qui a exercé une pression sur les prix.
L'outil que nous avons, c'est le taux d'intérêt, et celui-ci a un effet sur la demande. Il y a d'autres politiques qui peuvent permettre d'augmenter l'offre. Par exemple, l'augmentation du taux d'immigration va permettre d'augmenter l'offre, mais cela va prendre du temps. Nous avons donc encore besoin d'utiliser nos outils pour diminuer la demande. Au bout du compte, plus on en fait sur le plan de l'offre, moins on doit en faire sur le plan de la demande.
La deuxième question portait sur les inégalités et sur le rôle de la Banque du Canada à cet égard.
Je veux souligner que, pendant la plus sérieuse récession causée par la pandémie, les inégalités étaient très élevées. Nous étions très inquiets que cela ait un effet permanent sur les femmes, les jeunes et les employés marginalisés. La bonne nouvelle est que, grâce aux mesures de la Banque du Canada, au gouvernement et aux vaccins, nous avons eu un rebond plus rapide, ce qui a permis de grandement diminuer les inégalités. En effet, les femmes et les jeunes sont retournés rapidement au travail. La plupart de ces gens n'en sentiront donc pas d'effets permanents, ce qui est très important.
Il y a deux aspects aux inégalités. Une inflation élevée entraîne effectivement des inégalités. Cela a beaucoup plus d'effet sur les personnes à faible revenu que sur celles dont les revenus sont élevés. De plus, un ralentissement de l'économie va effectivement toucher les personnes plus vulnérables. Nous ne nous en réjouissons pas. Cela dit, la seule autre option serait de ne pas contrôler l'inflation, mais ce n'est pas une solution appropriée.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
La semaine dernière, je crois, Global News a parlé des enquêtes que la Banque du Canada a menées concernant six plaintes déposées au titre de sa politique sur le harcèlement au cours des deux dernières années. Je qualifierais les réponses de la Banque d'assez laconiques quand Global News lui a demandé, par exemple, si les personnes qui ont contrevenu à la politique travaillent encore dans l'organisme et si les contraventions aux règles internes, dans trois des six cas si ma mémoire est bonne, ont donné lieu à un règlement financier. La Banque s'est réfugiée derrière les lois sur la vie privée pour réserver ses commentaires.
Pensez-vous que le droit à la vie privée doit primer en cette période où les Canadiens exigent de plus en plus de responsabilité et de transparence en matière de harcèlement au travail, et notamment dans les institutions fédérales? Récemment, nous avons eu l'exemple de Hockey Canada qui, en raison des attentes en matière de transparence, n'a pas eu le choix de s'attaquer avec beaucoup plus de sérieux aux problèmes de harcèlement dans son organisme que s'il n'y avait pas eu de pressions.
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Je vais commencer, mais je crois que la première sous-gouverneure voudra ajouter son grain de sel.
Tout d'abord, j'ai moi-même soulevé la question du harcèlement. La semaine dernière, j'ai prononcé un discours dans le cadre d'une conférence organisée conjointement par la Banque du Canada, la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et la Banque d'Angleterre sur la diversité, l'inclusion et l'équité dans les métiers de l'économie, de la finance et des banques centrales. J'ai abordé le thème des effets très inégaux de la pandémie, et j'ai profité de l'occasion pour souligner l'importance d'éradiquer le harcèlement en milieu de travail.
À la Banque du Canada, c'est tolérance zéro pour ce qui concerne le harcèlement, et j'ai tenu à ce que ce soit bien clair. Il y a eu des questions, et je vais demander à la première sous-gouverneure de vous en toucher quelques mots.
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D'accord. Ce coût a augmenté.
Nous débattons souvent dans cette chambre des meilleures mesures à prendre pour aider les particuliers à composer avec l'inflation. Il a été proposé d'augmenter les transferts directs à ceux qui ont les revenus les moins élevés. On a aussi proposé de verser aux familles, ou aux consommateurs, une aide pour atténuer les coûts de l'énergie, comme l'ont fait d'autres pays.
À votre avis, pour ce qui concerne les conséquences de nos décisions en matière fiscale, est‑ce que l'une de ces deux options opposées est moins souhaitable ou préférable? À titre de décideurs, comment devrions-nous aborder cette question?
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Merci, monsieur le président.
Madame Rogers et monsieur Macklem, je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
Ma circonscription comprend deux MRC qui sont parmi les plus pauvres au Québec. J'ai visité les banques alimentaires de chez nous, et la situation est difficile, je ne vous le cacherai pas. Or, ce que j'entends aujourd'hui, c'est qu'on va souffrir dans l'immédiat, mais que de bonnes nouvelles s'en viennent. Quand les gens souffrent, mais qu'ils peuvent voir la lumière au bout du tunnel, cela les aide énormément.
Pouvez-vous répéter, dans des termes simples, de quelle façon les mesures que vous mettez en place vont permettre de contrôler l'inflation et de revenir à un taux d'inflation de 3 % au milieu de l'année prochaine, soit dans quelques mois?
J'aimerais entendre le message que vous avez à offrir aux gens qui souffrent aujourd'hui.
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Il y a deux aspects importants.
Premièrement, l'économie ralentit, c'est vrai. Nous anticipons une croissance presque nulle pour à peu près trois trimestres, soit pour le quatrième et dernier trimestre de cette année ainsi que pour les premier et deuxième trimestres de l'année prochaine. Dans la deuxième partie de l'année prochaine, la croissance va reprendre et, vers la fin de l'année prochaine, le taux d'inflation va diminuer à 3 %. Actuellement, il se situe à environ 7 %. Malheureusement, nous nous attendons à ce qu'il reste assez haut pour le reste de cette année. Il va commencer à diminuer l'année prochaine, pour se situer à environ 3 % vers la fin de l'année prochaine. Alors, cela va prendre du temps.
Cela dit, nous voyons que la politique monétaire commence déjà à avoir des effets dans les secteurs qui sont sensibles aux taux d'intérêt. L'inflation n'a pas vraiment diminué, mais elle a arrêté d'augmenter. Nous suivons les indicateurs de près et nous pensons que l'inflation va commencer à diminuer au début de l'année prochaine.
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Il est toujours mieux d'avoir un meilleur emploi. Tout le monde veut un bon emploi.
L'important, ici, c'est la formation. Il faut plus d'immigration, certes, mais il faut dire que la technologie est de plus en plus importante dans presque tous les emplois. C'est la productivité d'une entreprise qui lui permet d'offrir des salaires plus élevés. Si une entreprise donne plus de formation et investit dans les meilleurs outils disponibles, alors les travailleurs seront plus productifs, et leurs salaires seront plus élevés.
L'éducation relève de la responsabilité des gouvernements, et surtout des gouvernements provinciaux. La formation est aussi la responsabilité des entreprises, surtout dans un marché du travail très serré, où il est difficile de trouver des gens avec plus de formation. Dans ce contexte, il est avisé d'engager des gens qui n'ont pas encore les connaissances requises, mais de leur offrir de la formation, et d'offrir cette formation également aux gens qui sont déjà à l'emploi de l'entreprise, pour qu'ils soient plus productifs.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le gouverneur, j'aimerais discuter de quelques sujets avec vous.
J'aimerais tout d'abord vous demander des précisions. Vous avez expliqué que le resserrement quantitatif visait à réduire l'inflation, mais vous avez soutenu par ailleurs que l'assouplissement quantitatif n'en était pas la cause. J'aimerais vous ramener à votre témoignage devant le Sénat le 1er novembre. On vous a alors posé une question similaire et vous avez parlé des taux d'intérêt. Vous avez affirmé que l'assouplissement quantitatif est seulement un moyen pour la Banque de contrôler les taux d'intérêt.
Or, ces deux positions m'apparaissent intrinsèquement contradictoires. Comment pouvez-vous affirmer, d'un côté, que vous vous appuyez très fortement sur le resserrement quantitatif pour contrôler l'inflation et, de l'autre, refuser de dire que l'assouplissement quantitatif, ou l'expansion de la masse monétaire, a joué un rôle déterminant dans l'inflation?
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C'est clair que les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents, que ce soit les inondations, les feux de forêt, les canicules, et qu'ils ont des répercussions sur la vie des gens. Ils se répercutent sur leurs moyens de subsistance.
L'autre chose que nous observons, c'est que même… Il suffit de penser à ce qui s'est produit en Colombie‑Britannique il y a deux étés. La sécheresse a été suivie de graves inondations. Les dommages causés aux infrastructures ne sont pas tous réparés. Des routes ont été détruites, des ponts aussi, et il y a des répercussions sur les chaînes d'approvisionnement. C'est un autre effet.
Plus récemment, en Europe, les eaux du Rhin étaient très basses. C'était très sec. Il y a eu des goulots d'étranglement dans les livraisons. Dernièrement aussi, la même chose s'est produite dans le Mississippi, et il y a eu aussi des goulets d'étranglement dans les livraisons.
C'est évident que les populations locales sont très durement touchées quand ce genre de choses se produit, mais il peut aussi y avoir des effets économiques plus larges sur les récoltes et les infrastructures des chaînes d'approvisionnement. C'est une preuve très tangible de la nécessité d'investir dans la transition, mais également dans des mesures d'adaptation et d'atténuation.
Il a été question de l'inflation d'origine intérieure tout à l'heure.
Dernièrement, j'ai rencontré Emily O'Brien, la fondatrice de Comeback Snacks, une entreprise de maïs soufflé haut de gamme qui a une finalité sociale. Je ne savais pas que le maïs soufflé est cuit dans l'huile de tournesol et que cette huile est importée d'Ukraine. Elle a eu du mal à s'approvisionner en huile de tournesol. Aux États‑Unis, les cultures de maïs ont été remplacées par des cultures de tournesol pour répondre à la demande d'huile. Mme O'Brien a donc eu de la difficulté à s'approvisionner en huile de tournesol et en maïs pour fabriquer son maïs soufflé. Elle craint d'avoir à augmenter ses prix.
Tous ces événements sont survenus hors de nos frontières. Quand nous parlons d'inflation d'origine intérieure… Pouvez-vous me dire si le Canada est le seul pays touché par l'inflation? Où nous situons-nous par rapport aux États‑Unis, au Royaume‑Uni, aux pays de l'Union européenne et à d'autres pays?
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Merci, monsieur le président.
Dans un article du Globe and Mail paru le 21 novembre dernier et rédigé par Mmes Erica Alini et Rachelle Younglai, ces dernières parlent d'une pratique adoptée par au moins deux des grandes banques canadiennes, soit la TD et la CIBC, et possiblement par la Banque de Montréal également. Dans le cadre d'emprunts hypothécaires, ces banques permettent à leurs clients en difficulté de reporter sur le montant total de l'hypothèque la partie des intérêts mensuels que le client n'est pas capable de payer durant le mois, ce qui fait gonfler la valeur totale de l'hypothèque. Dans le même article, si j'ai bien compris, elles disent qu'il y a de plus en plus d'hypothèques qui sont remboursées sur une période qui dépasse 30 ans.
J'aimerais entendre ce que vous, à titre de gouverneur de la Banque du Canada, avez à dire à ce sujet.
J'aimerais vous demander de nous aider à situer la demande inflationniste dans l'économie. Nous en avons beaucoup parlé, mais nous savons que cette année, 1,5 million de Canadiens ont eu recours aux banques alimentaires. On peut présumer que ces Canadiens ne sont pas ceux qui causent l'inflation. Nous savons qu'un très grand nombre de Canadiens ont de la difficulté à faire leurs paiements hypothécaires. Ils n'ont pas de fonds en trop qu'ils peuvent dépenser et qui font grimper les prix des biens à la consommation.
Quand il est question de l'argent injecté par le gouvernement dans l'économie et de son effet à la hausse sur la demande inflationniste, ou du rôle des profits des sociétés dans l'explosion de la demande et des investissements qui font grimper la demande, quels sont les éléments de la demande inflationniste? Je pense que beaucoup de Canadiens qui entendent les débats sur la Colline du Parlement se disent qu'ils ne sont pas ceux qui font grimper les prix au supermarché, et qu'ils essaient seulement de survivre.
Qu'il s'agisse des profits excessifs des sociétés ou de certaines dépenses du gouvernement, pouvez-vous nous dire comment ils font grimper les prix à l'épicerie ou les prix des maisons? Où cette demande inflationniste se manifeste‑t‑elle dans l'économie, et qui sont les particuliers, les organismes ou les entreprises qui en sont responsables?
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Comme j'ai essayé de l'expliquer, un taux d'inflation de 8,1 % ne peut pas être attribuable à un seul facteur. Où la demande est-elle trop forte? Où sont les pressions sur les prix? La réalité est que l'inflation a grimpé à 8,1 % et qu'elle est redescendue à 6,9 %. Toutefois, 6,9 %, c'est encore un taux élevé. Quelles en sont les causes?
L'inflation a été causée en premier lieu par les prix des biens à l'échelle mondiale. Que s'est‑il passé? Les Canadiens étaient chez eux toute la journée. Ils n'avaient pas accès à plusieurs services. Ils voulaient plus d'espace, de plus grosses maisons, des équipements de divertissement à domicile, des salles d'entraînement. Ils ne pouvaient pas utiliser les services, alors ils les ont remplacés par des biens. Parallèlement, la chaîne d'approvisionnement mondiale était ralentie à cause de la COVID. D'un côté, la demande a explosé et, de l'autre, l'offre était limitée. C'était la recette parfaite pour une augmentation sans précédent des prix des biens à l'échelle mondiale.
Le taux d'inflation des biens a commencé à diminuer. Les coûts de transport ont baissé, et certains produits de base se vendent moins cher. Actuellement, à mesure que les choses reviennent à la normale, les consommateurs délaissent les biens et recommencent à acheter des services. L'argent des ménages a vite recommencé à circuler. Les gens veulent acheter des choses, aller au restaurant, prendre des vacances.
De nombreux Canadiens ont beaucoup épargné durant la pandémie parce qu'ils ne pouvaient pas aller en vacances. Ils avaient des surplus à la banque et c'est cet argent qu'ils dépensent actuellement. Ils veulent acheter plus de biens et de services que ce que l'économie peut produire, ce qui fait augmenter les prix.
Comme je l'ai dit, nous commençons à observer un retour à l'équilibre. Je crois que nos mesures y ont contribué. Nous nous attendons à une volte-face et à une baisse, mais pas avant un certain temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci pour ce débat des plus intéressants.
Durant la pandémie, monsieur le gouverneur, vous avez fait montre d'une grande prudence à l'égard des hausses des taux. La crainte était qu'une hausse trop rapide empêche les entreprises de se remettre sur pied. Quelque temps après, le pays fait face aux hausses de taux les plus rapides et les plus marquées de son histoire. D'aucuns pensent que vous allez peut-être un peu trop vite, que vous ne donnez pas la chance aux travailleurs et aux entreprises de s'adapter à ces hausses et que vous ne faites rien pour atténuer les inconvénients pour eux.
Ma question est en deux volets. Premièrement, comment réagissez-vous à ce qui précède? Deuxièmement, pouvez-vous nous parler des risques respectifs qui sont associés à la hausse des taux d'inflation et à une possible récession?
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Merci de cette question.
Comme vous l'avez souligné, l'augmentation très rapide des taux est délibérée. Nous pensons que le meilleur moyen de ramener l'inflation au taux cible sans provoquer une contraction trop forte de l'économie est de procéder dès maintenant à des hausses importantes. Quand l'inflation grimpe, un des grands dangers est que tout le monde se mette à croire qu'elle ne reculera pas. C'est beaucoup plus compliqué de la faire reculer dans ce cas. En imposant des hausses importantes dès le début et en donnant le message très clair que tout est mis en œuvre pour la réduire… Je crois que nous avons réussi à ancrer les attentes à l'égard de l'inflation et que nous la ramènerons au taux cible de 2 %.
L'autre élément est qu'il faut agir assez rapidement pour empêcher l'inflation de grimper et pour la faire ralentir. Nous promettons aux Canadiens que nous allons maîtriser l'inflation, mais ils en seront convaincus seulement quand elle va effectivement commencer à ralentir. Les hausses importantes dès le début… Il faut du temps avant que les politiques monétaires produisent leurs effets. Les taux d'intérêt étaient très bas. Il fallait les augmenter rapidement pour empêcher l'inflation de s'accélérer et la faire reculer.
Vous avez raison de dire que les hausses ont été exceptionnellement rapides. Nous pensons que c'est le meilleur moyen d'éviter des hausses plus importantes à l'avenir et un ralentissement encore plus marqué.
J'ai une autre question. Quand nous vous avons rencontré lors d'une session précédente, vous avez affirmé que les Canadiens avaient accumulé quelque chose comme 11 milliards de dollars dans leurs comptes d'épargne. Dans quelle mesure tenez-vous compte de l'endroit où ces épargnes sont déposées dans vos décisions?
Dans quelle mesure tenez-vous compte d'autres facteurs comme les taux de faillite des entreprises ou les taux hypothécaires fixes? Je crois que 80 % des prêts hypothécaires contractés au Canada sont assortis de taux fixes sur 5 ans. Je peux me tromper, mais je crois que ce sont les chiffres de la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Dans quelle mesure tenez-vous compte de ces facteurs pour décider de la vitesse et de l'ampleur des hausses des taux?
J'aimerais savoir aussi si vous pouvez vous engager à nous fournir quelques renseignements sur la justification de l'augmentation des taux afin de tempérer la demande. Vous avez déjà augmenté les taux d'intérêt à plusieurs reprises. Ce sont des hausses monstres qui se répercutent maintenant sur toute l'économie, allant des marges de crédit aux renouvellements de prêts hypothécaires. Vous avez dit qu'elles touchent le plus durement les Canadiens à faibles revenus. Nous connaissons tous la souffrance des Canadiens en ce moment.
Vous avez aussi dit aujourd'hui que cette inflation est due à l'écart entre la demande et l'offre. Vous avez dit que l'offre a chuté et que la demande est montée en flèche, alors nous devrions être en mesure de voir certaines données. Nous devrions être en mesure de voir certains indicateurs que vous utilisez pour le justifier. Pouvez-vous fournir des exemples de baisses de production et de rendement, et d'augmentations correspondantes du volume des ventes? Il ne s'agit pas des montants en dollars, mais du volume des ventes.
Si ce que vous avez dit est vrai, nous devrions voir soit des baisses massives de la production — des entreprises forestières produisant beaucoup moins de bois, des agriculteurs produisant moins de nourriture — soit des hausses énormes correspondantes du volume des ventes chez les détaillants et les grossistes, par exemple. Pourriez-vous nous fournir les données que vous avez utilisées pour justifier vos hausses des taux d'intérêt?
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Nous disposons d'une vaste gamme de données. La plupart d'entre elles sont publiées dans notre rapport sur la politique monétaire et sur notre site Web. Je vais prendre quelques exemples que vous avez cités.
Du côté de l'offre, vous ne pouvez pas observer directement l'offre de l'économie, tout comme vous ne pouvez pas observer où se trouve le maximum d'emplois durables sur le marché du travail. Vous ne pouvez pas l'observer directement. Du côté de l'offre, vous pouvez observer toute une série d'indicateurs, notamment les délais de livraison, les frais d'expédition et les coûts du transport. Nous disposons de toute une série d'indicateurs. Ils montrent que les chaînes d'approvisionnement ont été très engorgées. La situation commence à s'améliorer. Nous pouvons certainement vous donner ces chiffres.
Du côté de la demande, oui, vous pouvez voir la force de la demande, surtout plus récemment. Tout d'abord, comme je l'ai dit, il y a les marchandises. Plus récemment, nous pouvons observer la forte demande pour les services.
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Je vais peut-être revenir sur l'assouplissement quantitatif, car je sais qu'il suscite beaucoup d'intérêt.
Nous acceptons l'entière responsabilité de nos interventions en matière de politique monétaire.
Je tiens à souligner que l'assouplissement quantitatif n'a rien de particulièrement spécial. Si nous examinons l'histoire, l'assouplissement quantitatif a parfois été suivi d'une inflation — c'est ce que nous constatons actuellement — et parfois non. Après la crise financière mondiale, la Fed s'est lancée dans un vaste programme d'assouplissement quantitatif. Cette décision n'a pas été suivie d'une forte augmentation de l'inflation.
Si vous prenez la situation mondiale, deux des pays qui ont connu les plus fortes hausses de leur bilan sont le Japon et la Suisse. Leurs taux d'inflation sont parmi les plus faibles. En fait, ils ont connu une telle augmentation de leur bilan parce qu'ils ont essayé de lutter contre une faible inflation. Ils ont essayé de faire remonter l'inflation, mais l'inflation a été faible. L'effet de la stimulation monétaire sur votre économie dépend largement de la situation de votre économie.
Je ne dis certainement pas qu'une stimulation monétaire trop importante ne peut pas provoquer d'inflation. Je dis qu'on fait de son mieux pour fournir la bonne quantité de stimulation selon la situation.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poser des questions sur les liens entre la et le gouverneur de la Banque du Canada.
La Loi sur la Banque du Canada stipule ceci: « Le ministre [des Finances] et le gouverneur [de la Banque du Canada] se consultent régulièrement sur la politique monétaire et sur les rapports de celle-ci avec la politique économique générale. »
Si je comprends bien, vous avez normalement des réunions hebdomadaires avec la . Vous me direz si cela a été le cas cet automne, mais permettez-moi d'abord de compléter ma question.
Dans le cas où la Banque du Canada et le gouvernement ne s'entendraient pas au sujet de la politique monétaire, la pourrait donner au gouverneur des instructions écrites que la Banque aurait l'obligation de suivre. Ces instructions seraient publiées et le gouvernement aurait la responsabilité de les déposer devant le Parlement peu après les avoir communiquées. Or, jusqu'à maintenant, on n'a jamais eu recours à ces dispositions.
Pouvez-vous me confirmer, d'une part, que mes propos sont exacts et, d'autre part, que vous avez des rencontres hebdomadaires avec la ?
J'aimerais revenir sur la question de savoir où se situe la demande inflationniste, car c'est très important pour les débats que nous avons dans cette enceinte. Je pense que toute lumière que vous pouvez apporter sur ce sujet serait utile à nos débats sur la politique budgétaire.
Par exemple, nous avons une prestation dentaire pour les ménages dont le revenu est de 90 000 $ ou moins. Certains députés disent qu'il s'agit d'une dépense gouvernementale inflationniste et que lorsque les familles dont le revenu du ménage est de 90 000 $ ou moins toucheront cet argent, cela va contribuer à une surchauffe de la demande dans l'économie. Il y a une allocation canadienne pour le logement destinée aux locataires à faibles revenus, soit un versement unique de 500 $. Certains députés dans cette enceinte disent que c'est une autre dépense inflationniste du gouvernement.
Il est important de savoir où se situe cette demande inflationniste, car si elle ne se trouve pas dans les ménages dont le revenu est de 90 000 $ ou moins, il est difficile de croire l'affirmation — si quelqu'un se risquait à la faire — selon laquelle il s'agit de dépenses inflationnistes.
Bien que je sois conscient que la politique budgétaire n'est pas de votre ressort, vous passez beaucoup de temps à analyser l'économie. Je pense qu'il serait utile de mieux comprendre d'où vient la demande inflationniste. Y a‑t‑il un seuil ou une fourchette de revenus des ménages à l'intérieur de laquelle vous pensez que certains ménages sont plus susceptibles de contribuer à la demande inflationniste que d'autres?
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Je pense qu'il s'agit d'un vent contraire.
Au début de la pandémie, alors que personne d'entre nous ne savait combien de temps elle allait durer, nous pensions que les chaînes d'approvisionnement reviendraient à la normale plus rapidement. Cette pandémie dure depuis longtemps.
Il est certain que lorsqu'on parle aux chefs d'entreprise, on entend qu'ils cherchent des moyens de renforcer la résilience de leur chaîne d'approvisionnement. Ils doivent la simplifier, la raccourcir et la normaliser. Cela entraînera des coûts supplémentaires pour les chaînes d'approvisionnement. Les entreprises vont détenir plus de stocks et leurs chaînes d'approvisionnement ne seront pas aussi efficaces. Cela ne crée pas une inflation plus élevée en permanence, car l'inflation est une augmentation perpétuelle des prix, mais si la structure des coûts est plus élevée pendant un certain temps, il pourrait être plus difficile de réduire l'inflation.
C'est un élément que nous surveillons et qui nous préoccupe, et nous en tenons compte.
J'estimais qu'il était important de souligner ce point, car à mon avis, et de l'avis de tous les Québécois, surtout en ce qui concerne la tarification de la pollution, la proposition des conservateurs d'annuler la tarification du carbone est irresponsable, et elle va saper tous les efforts déployés par la province du Québec. La tarification du carbone a été imposée pour créer des règles du jeu équitables entre les provinces, de sorte que lorsqu'un effort est fait par une province, il n'est pas annulé par d'autres provinces.
Je vous remercie de cette précision.
Mon collègue a parlé un peu d'un sujet qui m'intéresse beaucoup, à savoir l'inflation du prix des aliments. Même si nous stabilisons l'économie et que nous atteignons un taux d'inflation de 2 %, je crains qu'en ce qui concerne le prix des aliments, ce ne soit pas favorable à l'agriculture, étant donné que de nombreuses régions du monde sont confrontées à des sécheresses permanentes et à des régimes climatiques récurrents. Nous l'avons vu à maintes reprises au cours des deux dernières années, et les prédictions des experts et des scientifiques n'avaient rien d'encourageant.
Vous avez parlé de l'assèchement du fleuve et des problèmes liés aux chaînes d'approvisionnement en Europe et aux États-Unis. Le fleuve Saint-Laurent a aussi reçu un avertissement l'été dernier. Je crains que si nous ne faisons rien pour lutter contre la pollution et réduire nos émissions de gaz à effet de serre, ces problèmes ne s'aggravent.
Cela créera‑t‑il une inflation permanente dans le secteur de l'alimentation?
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Eh bien, nous ne sommes pas des experts du climat. Les experts du climat font beaucoup d'analyses, et je leur laisse le soin d'analyser l'effet sur les récoltes. Je pense que nous avons vu qu'avec des régimes climatiques plus variables, nous avons des récoltes plus variables. Cela a certainement une incidence sur le prix des denrées alimentaires.
Du point de vue de la politique monétaire, je peux vous dire ce que nous faisons. Nous faisons deux ou trois choses.
Nous devons mieux comprendre la situation afin de mener une politique monétaire. Si les perturbations météorologiques sont vouées à être plus fréquentes, cela affectera l'agriculture. Cela pourrait affecter les transports. Ce sont des choses dont nous allons devoir tenir compte. Comme il y a beaucoup d'incertitude, nous avons fait des analyses de scénarios. Nous n'avons pas de prévisions, mais nous pouvons élaborer des scénarios. Ceux‑ci sont basés sur des scénarios mondiaux qui ont été élaborés, puis nous les avons adaptés au Canada.
Nous allons nous efforcer de déterminer l'incidence que cela pourrait avoir sur la politique monétaire. C'est une question qui figure à notre programme de travail.
Au nom du Comité, permettez-moi de vous remercier, monsieur le gouverneur Macklem et madame la première sous-gouverneure Rogers, d'avoir répondu à une multitude de questions très détaillées, de la part de tous les membres ici présents, avec des réponses très détaillées sur la politique monétaire.
Mesdames et messieurs, avant de lever la séance, nous accueillerons lundi la pour la première heure. Pour la deuxième heure, il a été suggéré d'inviter le directeur parlementaire du budget, si les membres sont d'accord. Je vois que tout le monde hoche la tête dans le bon sens. Très bien. Nous allons prendre les dispositions pour inviter le DPB à notre réunion de lundi.
Encore une fois, monsieur le gouverneur et madame la première sous-gouverneure, merci beaucoup pour votre présence. Nous aimons toujours vous accueillir et entendre vos réponses aux nombreuses questions des membres. Nous vous en sommes reconnaissants.