:
La séance est ouverte. J'espère que vous allez bien et que vous n'avez pas été trop éprouvés par la tempête qui a frappé la région le week-end dernier.
Je vous souhaite la bienvenue à cette huitième séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi adopté par la Chambre le 2 décembre 2021, le Comité se réunit pour étudier le projet de loi , Loi visant à fournir un soutien supplémentaire en réponse à la COVID‑19.
La réunion se déroulera selon une formule hybride, conformément à l'ordre de renvoi adopté par la Chambre le 25 novembre 2021 qui autorise les membres à y participer en personne ou de manière virtuelle, par l'intermédiaire de l'application Zoom. Les délibérations seront accessibles sur le site Web de la Chambre des communes, et je précise que c'est toujours la personne qui intervient qui sera montrée à l'écran plutôt que l'ensemble du Comité.
La réunion se déroule aussi en format webinaire, utilisé pour les séances publiques de comité et accessible seulement aux députés, à leur personnel et aux témoins. Les députés sont comptés d'office à titre de participants actifs, et les fonctionnalités restent les mêmes pour eux. Les membres du personnel sont des participants non actifs et peuvent suivre la séance en mode Galerie.
Je rappelle aux participants qu'il est interdit de faire des captures ou des photos de votre écran.
En cette période de pandémie, il est important pour les personnes qui assistent à la réunion sur place de suivre les recommandations des autorités sanitaires et la directive du Bureau de régie interne du 19 octobre 2021 en matière de santé et de sécurité. Plus précisément, assurez-vous de maintenir une distance physique de deux mètres et de porter un masque non médical quand vous circulez dans la salle, et de préférence en tout temps, y compris lorsque vous êtes assis. Vous devez en outre vous désinfecter correctement les mains avec le produit fourni à l'entrée. Il m'appartiendra, à titre de président, de veiller au respect de ces mesures pendant la réunion. Je vous remercie de votre coopération.
Je vais maintenant préciser quelques règles afin d'assurer le bon déroulement de la réunion. Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts durant la réunion. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre les options Parquet, Anglais ou Français. Si vous n'entendez pas les interprètes, faites‑le moi savoir rapidement. Je vais m'assurer que la connexion est rétablie avant de reprendre les délibérations. En tout temps, vous pouvez utiliser la fonction Main levée, au bas de votre écran, pour prendre la parole ou attirer l'attention de la présidence.
Les députés qui participent à la réunion en personne doivent suivre les règles qui s'appliquent habituellement lorsque tous les membres du Comité se réunissent en personne, auxquelles s'ajoutent les lignes directrices du Bureau de régie interne sur le port du masque et les protocoles sanitaires. Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer. Pour les personnes présentes dans la salle, votre microphone sera comme d'habitude réglé par l'agent des délibérations et de la vérification. Parlez le plus lentement et le plus clairement possible. Si vous n'avez pas la parole, désactivez votre microphone. Je rappelle aux députés et aux témoins qu'ils doivent toujours s'adresser à la présidence. Pour ce qui est de la liste des intervenants, le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre établi, peu importe que les députés participent à la réunion en mode virtuel ou en personne.
J'ai maintenant le plaisir de souhaiter la bienvenue au ministre Rodriguez. Il est accompagné de Mme Isabelle Mondou, sous-ministre du Patrimoine canadien, et de M. David Dendooven, sous-ministre adjoint, Politique stratégique, planification et affaires ministérielles.
Je remercie le ministre et ses collaborateurs de prendre le temps de venir à la rencontre du comité des finances.
Monsieur le ministre, nous écouterons maintenant vos observations préliminaires.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, chers collègues, bonjour.
Tout d'abord, je vous félicite pour vos élections respectives et pour votre nomination à cet important comité. Je vous remercie aussi de nous inviter à comparaître devant vous aujourd'hui pour discuter de l'appui de notre gouvernement au secteur de la culture pendant la pandémie.
Les centaines de milliers de travailleurs du secteur, parmi lesquels on compte 158 000 artistes professionnels, sont essentiels à notre économie et à notre société. Notre gouvernement l'a compris depuis longtemps. Nous avons toujours été là pour eux, et nous appuierons toujours notre secteur des arts et de la culture et notre patrimoine.
Pour comprendre l'ampleur de tout ce qui a été réalisé, il faut se remettre un peu dans le contexte de 2015. À ce moment-là, je vous rappelle que le secteur culturel venait de traverser une décennie de compressions budgétaires, et nous nous sommes dit que c'était assez. C'est ce que nous avons dit aux Canadiens, essentiellement, c'est-à-dire qu'avec un gouvernement libéral, notre culture et nos langues seraient dorénavant protégées. C'est ce que nous avons fait. Dès notre élection en 2015, dans le budget de 2016, nous avons commencé à inverser les compressions budgétaires.
[Traduction]
Une des premières mesures que nous avons prises a été de réinvestir 675 millions de dollars dans CBC/Radio-Canada. La même année, nous avons annoncé une hausse sans précédent du budget du Conseil canadien des arts. Nous avons aussi investi dans Téléfilm Canada et dans le Fonds des médias du Canada. La liste est encore longue, monsieur le président, mais je vais résumer en disant que nous avons réinvesti davantage dans notre culture qu'aucun autre gouvernement dans l'histoire du pays.
Quand les effets de la COVID‑19 ont commencé à se faire ressentir pleinement au Canada en mars 2020, les secteurs de la culture et du patrimoine ont été les premiers et les plus durement touchés. Les travailleurs de l'industrie de la création ont été nombreux à voir leurs revenus réduits de beaucoup, ou même réduits à néant dans beaucoup de cas.
[Français]
Nous avons tout de suite compris qu'il fallait rapidement aider le monde de la culture. Le temps pressait et il n'y avait pas une seconde à perdre.
J'aimerais maintenant prendre le temps de remercier tous les employés de Patrimoine canadien et des organismes de son portefeuille. Malgré tout, malgré la pandémie et les défis inhérents, ils ont été en mesure de répondre rapidement à l'urgence de la situation.
[Traduction]
Sans attendre, nous avons établi un fonds d'aide d'urgence de 500 millions de dollars pour les organismes des secteurs de la culture, du patrimoine et du sport. L'aide a été fournie en un temps record et elle a permis de sauver de nombreux emplois. Les résultats parlent d'eux-mêmes: 77 % des personnes interrogées ont déclaré que cette aide leur avait permis de poursuivre leurs activités, et 95 % d'entre elles se sont dites satisfaites de la vitesse avec laquelle le programme a été offert.
[Français]
L'équipe libérale a toujours été une alliée du secteur culturel. Nous avons dit que nous allions réinvestir, et c'est ce que nous avons fait. Nous avons dit que nous n'allions laisser personne derrière pendant la pandémie, et nous avons tenu parole. Maintenant, nous leur disons que nous allons être là pour les aider à tenir bon en attendant la pleine relance économique, puisque l'on n’y est pas encore. Les gens du milieu culturel, d'un océan à l'autre, savent qu'ils peuvent compter sur nous.
Il faut dire que, grâce au plan de ma collègue la , notre relance est très forte. Or elle n'est pas égale pour tout le monde; ce n'est pas tout le monde qui en bénéficie de la même façon. Je pense particulièrement aux travailleurs autonomes du secteur de la culture.
Même si la grande majorité des Canadiens a agi de façon responsable en allant se faire vacciner et en prenant les précautions nécessaires, plusieurs secteurs de l'industrie auront besoin de temps pour revenir au niveau prépandémie. En effet, il y a encore un écart.
C'est pour cette raison que, dans le budget de 2021, nous avons fait un investissement historique de 1,93 milliard de dollars en vue d'aider le secteur des arts et de la culture à faire partie de la relance. À mon avis, c'est majeur.
Nous avons créé plusieurs programmes d'aide d'urgence afin d'appuyer nos créateurs, nos festivals et nos différentes institutions.
[Traduction]
Monsieur le président, je pourrais en dire long encore à ce sujet également, mais je ne crois pas que c'est ce que vous attendez de moi.
Je préfère me concentrer sur l'avenir.
[Français]
Les 31 janvier et 1er février prochains, nous tiendrons un sommet sur la relance des secteurs des arts et de la culture. Au cours de ce sommet, nous allons nous concentrer sur les solutions et les priorités à moyen et à plus long terme.
Nous travaillons avec la vice-première ministre sur un engagement clé du plan libéral qui a été présenté aux Canadiens pendant la campagne.
En fait, nous avons dit que nous allions mettre sur pied un programme de transition fait sur mesure pour les travailleurs autonomes et les travailleurs indépendants de l'industrie. C'est ce que nous allons faire.
Nous travaillons actuellement avec les associations d'artistes, les guildes, les syndicats et toutes les organisations du secteur afin de créer ce programme le plus rapidement possible.
Ce qu'ils nous disent — je crois qu'ils l'ont aussi dit devant le Comité —, c'est que cette mesure est extrêmement importante et nécessaire. Ils veulent que cela se fasse rapidement, mais ils veulent aussi et surtout que ce soit bien fait. Il s'agit de ma priorité absolue au moment où l'on se parle.
Je suis soulagé d'entendre mes collègues en parler, puisque, pendant la campagne électorale, les libéraux ont été les seuls à parler d'une aide transitoire pour les travailleurs autonomes du secteur. Je dois dire que cela m'inquiétait.
Aujourd'hui, je suis content de savoir que mes collègues demandent au gouvernement de s'engager à respecter son propre engagement. Ce que je peux vous dire, c'est que nous allons le faire. Cela montre que nous ne sommes pas seuls. Il s'agit d'un bon signal pour nos travailleurs et pour notre culture.
Je veux remercier l'ensemble de mes collègues de leur engouement et de leur appui envers ce que nous voulons faire pour le secteur de la culture, pour nos artistes et pour nos artisans.
En terminant, je pense qu'il serait important de poser un geste concret et d'agir ensemble.
[Traduction]
Le projet de loi comporte des mesures très importantes pour notre secteur des arts et de la culture. Pour les personnes et les organismes les plus touchés dans le secteur de la culture, il s'agit de mesures essentielles, qui les aideront à payer jusqu'à 75 % des salaires et des loyers. Cette aide sera offerte pour les spectacles devant public, les expositions, les musées, les sites patrimoniaux, les cinémas, les festivals et d'autres activités. Le projet de loi C‑2 prévoit aussi des mesures qui aideront ces organismes à embaucher plus d'employés.
Nos créateurs ont besoin de cette aide. Ils ont besoin dès maintenant du soutien prévu dans ce projet de loi. Je sais que mes collègues, tous partis confondus, souhaitent de tout coeur que nous aidions les travailleurs du secteur de la culture, et je compte sur eux pour faire en sorte que le projet de loi soit adopté le plus rapidement possible.
[Français]
Au nom de tous nos travailleurs, de tout notre monde qui tient la culture à bout de bras, je demande à mes collègues d'adopter rapidement le projet de loi .
Ces gens ont été là pour nous pendant la pandémie. Ils nous ont fait rire, ils nous ont parfois fait pleurer et ils nous ont souvent fait réfléchir. Nous avons aussi été là pour eux. C'est maintenant le temps de passer ensemble à la prochaine étape.
[Traduction]
Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie beaucoup.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui, monsieur le ministre. Je remercie aussi vos précieux collègues. Comme le disait ma collègue plus tôt, ils font un excellent travail au ministère du Patrimoine canadien. Nous vous en sommes toujours très reconnaissants. Nous n'entendons que de bons mots à votre sujet.
Monsieur le ministre, tout à l'heure, vous avez parlé des programmes d'aide destinés au secteur culturel que le gouvernement a mis en place depuis le début de la pandémie. L'an dernier, au Comité permanent du patrimoine canadien, nous avons mené une étude pour comprendre de quelles façons la pandémie affectait le milieu culturel en particulier. Il en est ressorti que les programmes en place aidaient le milieu culturel, mais que l'argent ne se rendait justement pas aux travailleurs autonomes et aux artistes. En d'autres mots, on aidait l'industrie, les entreprises de production et les salles de spectacle, mais l'artiste, le travailleur autonome, le technicien, lui, ne voyait pas la couleur de cet argent, de cette aide dont il avait pourtant bien besoin.
Vous savez que les chiffres sont assez alarmants, et on le remarque de plus en plus. C'est pourquoi nous avions expressément demandé le maintien des programmes d'aide tels que la Prestation canadienne de la relance économique, ou PCRE, pour les secteurs les plus touchés, notamment celui de la culture. Évidemment, on a vu dans le projet de loi que les travailleurs autonomes du secteur de la culture ne sont pas couverts par celui-ci. Je vais donc vous poser une question, monsieur le ministre, mais elle pourrait aussi s'adresser à Mme la sous-ministre.
À quel moment avez-vous su que le secteur culturel, les artistes et les travailleurs autonomes de la culture ne seraient pas protégés par le projet de loi ?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui pour répondre à nos questions.
Avant de vous poser mon importante question, je veux faire quelques commentaires au sujet de ce que mon collègue conservateur vient de dire.
[Traduction]
J'ai entendu M. McLean se plaindre une fois de plus au Comité que le gouvernement dépensait trop pour aider les Canadiens, pour des programmes d'aide aux Canadiens. Je ne peux m'empêcher de rappeler et de souligner quelques éléments pour tous mes collègues et pour les gens qui nous regardent à la maison. Le premier est que cette pandémie a été imprévisible. Le gouvernement s'est engagé à être là pour les Canadiens, pour les entreprises et à les soutenir pendant une pandémie mondiale, pendant une crise. Je pense que nous avons fait ce qu'il fallait pour aider les Canadiens.
L'autre élément que je tiens à rappeler à tous mes collègues, c'est que M. McLean et ses collègues ont voté pour ce financement. Ils ont voté pour le financement destiné aux programmes de soutien pour les Canadiens. Encore une fois, sa question, tout comme celle de la semaine dernière, donne à penser que les conservateurs croient — elle ne donne pas à penser, elle montre clairement que les conservateurs croient — que le gouvernement a trop dépensé pour aider les Canadiens et que, si les conservateurs avaient été au pouvoir, ils ne seraient pas venus en aide aux Canadiens pendant cette crise.
[Français]
Cela étant dit, je vais maintenant vous poser ma question, monsieur le ministre.
Qu'avez-vous entendu de la part des représentants du secteur et des autres organisations visées au sujet des programmes de soutien que nous avons mis sur pied depuis le début de la pandémie? Ces gens ont-ils contribué au développement de ces programmes?
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre, je suis heureux de vous rencontrer. Merci d'être venu.
Avant de passer aux questions, j'aimerais peut-être corriger, ou du moins souligner, une contradiction de mon ami M. Baker. D'une part, il nous faudrait croire que les conservateurs ont accepté d'appuyer toutes ces mesures à un moment donné et qu'ils ont effectivement voté pour toutes ces mesures, et d'autre part, il nous faudrait croire que nous n'aurions rien fait pour aider les travailleurs. En réalité, si vous examinez notre bilan, lors de la grande récession, nous avons enregistré le plus grand déficit budgétaire que le pays ait jamais vu et nous avons ensuite travaillé incroyablement fort pour ramener les finances du pays à l'équilibre en cinq ans.
À cet égard, monsieur le ministre, vous avez mentionné que des personnes contrevenaient à la loi et qu'il fallait les poursuivre. Le fait qu'il ne semble pas y avoir eu beaucoup d'activités de vérification pour savoir si des gens ont enfreint la loi ne vous préoccupe-t‑il pas? Nous avons entendu des témoignages la semaine dernière selon lesquels il n'y a pas eu de vérification après paiement de la PCU, et très peu pour la subvention salariale. Nous ne demandons pas non plus d'attestation médicale ou de note de médecin pour les prestations de maladie.
En qualité de ministre de ce gouvernement, êtes-vous préoccupé par le fait que nous n'essayons pas vraiment de déterminer où il y a eu des problèmes ou des versements incorrects?
:
Bonjour, monsieur le ministre, et bienvenue au Comité. C'est un plaisir de vous voir ce matin.
Je remercie aussi vos collègues du ministère du Patrimoine canadien, qui ont effectivement fait un travail extraordinaire pendant cette pandémie.
[Traduction]
Je voulais revenir brièvement sur ce que certains de mes collègues du Parti conservateur ont mentionné. Monsieur le ministre, je ne veux pas vous laisser une mauvaise impression. Nous avons convoqué le CANAFE pour témoigner. Dans son témoignage, il a conclu que selon la norme que le gouvernement a élaborée au fil des ans pour assurer la reddition de comptes, lorsqu'il y a quelque chose de suspect dans l'un de nos programmes, des freins et des contrepoids dans le système permettent de signaler le problème et d'ouvrir immédiatement une enquête.
Nous avons entendu que les banques ont relevé très tôt des transactions suspectes qui concernaient, dans l'ensemble, très peu de paiements. Le CANAFE a été immédiatement informé et a lancé une enquête. La collaboration entre le CANAFE et Revenu Canada s'est très bien déroulée.
Monsieur le ministre, je veux que vous compreniez que les témoins nous ont dit que le système et les normes en vigueur pour tous nos programmes sont très bons. Ce constat est confirmé par le rapport de la vérificatrice générale qui a enquêté sur ces systèmes et conclu que, grâce au programme que nous avions en place, l'argent allait aux bonnes personnes et des mesures étaient prises en cas d'abus.
[Français]
Je poserai mes questions en français, parce que, comme vous le savez, le secteur des arts et de la culture est très important au Canada d'un océan à l'autre, en particulier au Québec. C'est aussi le cas dans ma circonscription.
Je suis très heureuse d'entendre dire que nos programmes ont vraiment aidé le secteur pendant la pandémie.
Par ailleurs, le sommet que vous allez organiser m'intéresse beaucoup. J'entends aussi des préoccupations selon lesquelles le secteur des arts et de la culture a besoin de recevoir de l'aide financière rapidement.
Comme vous l'avez mentionné, monsieur le ministre, le projet de loi apportera beaucoup d'aide aux organisations, aux entreprises et aux employés du secteur, qui bénéficieront du maintien du lien entre l'employeur et l'employé. Il reste à venir en aide aux travailleurs autonomes du secteur et je suis très heureuse de vous entendre dire qu'une aide leur sera offerte.
J'ai cru comprendre qu'il ne sera pas nécessaire de déposer un nouveau projet de loi pour que ces travailleurs reçoivent de l'aide, puisque les programmes en question sont déjà en place.
Pouvez-vous nous donner des précisions au sujet de cette aide? Leur parviendra-t-elle plus rapidement étant donné qu'il n'est pas nécessaire de déposer un projet de loi?
:
Madame Chatel, je vous remercie de la question.
Pour récapituler un peu ce que j'ai dit plus tôt, le gouvernement libéral est là depuis le début. Depuis 2015, il a investi beaucoup d'argent dans des organismes comme Radio‑Canada, le Fonds des médias du Canada, Téléfilm Canada, le Conseil des arts du Canada et j'en passe.
Qu'avons-nous fait lorsque la pandémie est survenue? Dès le mois d'avril, le gouvernement a investi 500 millions de dollars dans des fonds d'urgence afin de maintenir les emplois et de favoriser la continuité des activités. Nous nous sommes rendu compte que ce secteur avait besoin d'un coup de pouce supplémentaire. Par la suite, le 30 novembre, dans le cadre de l'Énoncé économique de l'automne de 2020, le gouvernement a annoncé un investissement de 281 millions de dollars. Cet investissement visait notamment à répondre à la demande de l'industrie du film et de la télévision, soit l'obtention d'une assurance lui garantissant qu'elle serait couverte si quelque chose survenait pendant le tournage. Par la suite, le budget de 2021 a fait un investissement record de 1,93 milliard de dollars. Ce sont des sommes énormes.
Nous continuons maintenant à offrir de l'aide au moyen du projet de loi . Comme vous l'avez dit, ce projet de loi touche les organisations, les organismes et les entreprises culturelles. Cependant, il y manque une aide directe aux travailleurs autonomes. Nous offrons cette aide par le truchement de Patrimoine canadien et des programmes existants. Nous n'avons donc pas besoin d'un projet de loi, puisque, comme nous l'avons promis dans notre plateforme, nous ferons un investissement d'environ 50 millions de dollars. De plus, nous allons continuer à remplir nos engagements électoraux, comme la tenue d'un sommet qui aura lieu dans un mois et demi, entre autres choses. Il y a une continuité dans tout cela, c'est-à-dire ne jamais oublier nos travailleurs du secteur de la culture.
:
Nous reprenons la séance.
Bienvenue à tous. Nous accueillons notre deuxième groupe de témoins qui comparaissent tous en mode virtuel.
Nous accueillons Karen Hogan, du Bureau de la vérificatrice générale du Canada.
Merci, madame Hogan, d'avoir pu vous mettre à notre disposition dans un très court délai. Nous vous en sommes reconnaissants.
Elle est accompagnée de Philippe Le Goff, directeur principal.
Nous accueillons Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.
Je crois que Mme Bruske a quelques difficultés techniques avec son son, alors nous verrons si cela fonctionne ou pas. Si cela ne fonctionne pas pour les interprètes, il ne sera peut-être pas possible d'entendre Mme Bruske aujourd'hui.
Les représentants de l'Agence du revenu du Canada ne sont pas des inconnus pour nous. Nous les avons entendus il y a quelques séances à peine. Nous accueillons Frank Vermaeten, sous-commissaire de la Direction générale de cotisation, de prestation et de service; Marc Lemieux, sous-commissaire de la Direction générale des recouvrements et de la vérification; Cathy Hawara, sous-commissaire de la Direction générale des programmes d'observation et Janique Caron, administratrice supérieure des affaires financières et sous-commissaire de la Direction générale des finances et de l'administration.
Les représentants de chaque organisme pourront faire une déclaration liminaire de cinq minutes.
Nous commencerons par la vérificatrice générale, Mme Hogan, pour cinq minutes.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à souligner que les terres sur lesquelles nous sommes rassemblés font partie du territoire traditionnel non cédé du peuple anishinabe.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de contribuer à l'étude par le Comité du projet de loi
Je suis heureuse de discuter de nos rapports d'audit, y compris ceux sur la Subvention salariale d'urgence du Canada, ou SSUC, et sur la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, qui ont été déposés à la Chambre des communes le 25 mars dernier. Je suis accompagnée de M. Philippe Le Goff, le directeur principal responsable de l'audit sur la SSUC.
Notre audit de la SSUC visait à déterminer si le ministère des Finances du Canada avait fourni des analyses sur ce programme de subvention. Il visait aussi à vérifier si l'Agence du revenu du Canada avait géré le programme pour limiter les abus grâce à des contrôles appropriés.
Dans l'ensemble, nous avons constaté que le ministère et l'Agence avaient collaboré pour concevoir et mettre en œuvre la SSUC dans de courts délais.
La conception et la mise en œuvre de la subvention ont fait ressortir des faiblesses qui existaient déjà dans les systèmes, les approches et les données de l'Agence du revenu du Canada. L'une de ces faiblesses est liée au manque de données fiscales à jour, ce qui voulait dire que l'Agence n'avait pas tous les renseignements nécessaires pour évaluer les demandes avant de verser la subvention. Ces données sur le revenu auraient permis à l'Agence de vérifier si les demandeurs avaient déclaré une baisse de revenu raisonnable.
Afin de pouvoir payer rapidement les bénéficiaires, l'Agence du revenu du Canada a décidé de ne pas utiliser certains contrôles qui lui auraient permis de confirmer que les demandes de subvention étaient raisonnables. Par exemple, l'Agence a décidé de ne pas demander le numéro d'assurance sociale des employés, même si cela aurait pu contribuer à éviter des demandes d'aide financière en double.
Les limites dans les systèmes informatiques de l'Agence et l'absence de données fiscales complètes et à jour ont nui à sa capacité de valider certaines informations avant le versement des paiements. L'Agence devra donc effectuer plus de vérifications après les paiements.
[Traduction]
Passons maintenant à notre audit de la Prestation canadienne d’urgence. Cet audit a porté sur l'analyse effectuée par Emploi et Développement social Canada et le ministère des Finances lors de la conception de la prestation. Il a également examiné si Emploi et Développement social Canada et l’Agence du revenu du Canada avaient conçu des mécanismes pour faire en sorte que la prestation soutienne les travailleurs admissibles ayant perdu des revenus pour des raisons liées à la pandémie de COVID‑19.
Travaillant dans des délais serrés, Emploi et Développement social Canada et le ministère des Finances Canada ont appuyé la conception de la prestation de manière à venir en aide rapidement aux travailleurs qui avaient perdu des revenus à cause de la pandémie de COVID‑19. Le Ministère et l’Agence ont décidé, dès le début, de mettre l’accent sur les contrôles après paiement afin de simplifier le processus et d’accélérer le versement de la prestation. Ils ont adopté des contrôles supplémentaires une fois que la prestation a été mise en œuvre.
D'après nos travaux d'audit sur la conception initiale des programmes, les deux programmes devront s'appuyer fortement sur la vérification après paiement, ce qui prendra du temps et sera coûteux. Le travail après paiement sur ces deux programmes devait faire l'objet d'un audit de mon bureau devant commencer début 2022. Cependant, l'Agence nous a informés qu'elle a reporté ou retardé ses travaux et qu'il est très peu probable qu'une quantité importante de travaux après paiement soit achevée d'ici 2023. Étant donné qu'il y aura très peu de choses à auditer, nous avons reporté notre travail.
Je termine ainsi ma déclaration liminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'ai une question pour vous, madame Hogan, mais avant de vous la poser, je dois réagir à ce qu'a dit M. Poilievre il y a quelques instants.
Il me semble qu'il est important de souligner que l'ARC a plusieurs mesures en place pour s'assurer que seuls ceux qui sont censés recevoir les aides, qu'il s'agisse de la PCU ou de la subvention salariale, les reçoivent. La vérification après paiement en fait partie. Si je me souviens bien — et mes collègues pourront me corriger —, les représentants de l'organisme que nous avons reçus la semaine dernière ont parlé du moment où se feront ces vérifications et je crois qu'ils nous ont dit qu'elles commenceraient en janvier.
Je tiens aussi à mentionner que les fonctionnaires de l'ARC n'ont pas ménagé leurs efforts, je crois, pendant une période très difficile pour que les Canadiens bénéficient de ces programmes pendant une crise mondiale, pendant une pandémie, et que ces programmes, en apportant cette aide, ont sauvé des entreprises de la faillite, ont protégé des emplois et ont permis à des citoyens d'acheter de la nourriture, ce qu'ils n'auraient pas pu faire autrement. Pour moi, il est incroyablement irrespectueux de la part de M. Poilievre de donner à penser que les fonctionnaires de l'ARC ne font pas leur travail, qu'ils ne travaillent pas d'arrache-pied ou qu'ils sont incapables de faire leur travail. C'est ce qu'il laissait entendre. Je trouve cela décevant et irrespectueux.
Cela dit, madame Hogan, je tiens à vous remercier d'avoir pris le temps d'être des nôtres aujourd'hui. Encore une fois, je tiens à vous remercier, comme mes collègues, de votre présence, surtout en ayant été prévenue si tard.
Le 25 novembre 2020, le National Post a publié un article intitulé « Tories ask CRA to pause audits of wage subsidy recipients during pandemic. Experts say that's a bad idea. »
Je déposerai cet article au Comité, monsieur le président.
L'article cite deux experts de la lutte contre la criminalité fiscale. L'un d'eux, Toby Sanger, de l'organisme Canadiens pour une fiscalité équitable, y dit ceci: « L'ARC devrait être préoccupée par le sort des petites et moyennes entreprises et s'y montrer sensible, mais arrêter tous les programmes d'audit ou simplement ne pas les appliquer sur la base d'une carte blanche? Je ne suis pas d'accord. »
L'autre expert, Denis Meunier, qui a dirigé la Division des enquêtes criminelles de l'ARC, dit ceci: « L'ARC a la responsabilité de mener ce projet pilote. Et selon moi, il est tout à fait inacceptable et irresponsable que des partis politiques demandent qu'un secteur particulier ne fasse pas l'objet de vérifications. Cela n'a aucun sens. »
Je vous pose donc la question suivante, madame Hogan: partagez-vous les opinions exprimées par les experts au sujet de la demande du Parti conservateur de cesser de vérifier les subventions salariales?
:
Merci, monsieur le président, et bonjour aux membres du Comité.
Je m'appelle Bea Bruske, et je suis présidente du Congrès du travail du Canada.
Le CTC est la plus grande centrale syndicale du Canada à s'exprimer sur les questions qui revêtent une importance nationale pour toute la main-d'œuvre canadienne.
Depuis le tout début de la pandémie de COVID‑19, le gouvernement du Canada a fait, avec détermination, tout ce qu'il fallait, aussi longtemps qu'il le fallait, pour aider les Canadiens à traverser la pandémie. Le gouvernement a toujours dit que peu importe la durée de la crise et peu importe votre lieu de résidence, on pouvait compter sur lui. Malgré cela, en octobre, le gouvernement a annoncé qu'il mettrait fin à la prestation canadienne de relance, et ce en plein milieu de la pandémie. Il l'a fait avant le rétablissement complet du marché du travail, et sans instaurer de régime de prestations de chômage pour les travailleurs vulnérables non admissibles à l'assurance-emploi.
La pandémie est loin d'être terminée. Aujourd'hui, on dénombre chaque jour 135 000 cas de plus de COVID‑19 qu'au moment où le gouvernement annonçait la fin de la PCRE. De nombreux Canadiens demeurent confrontés au chômage et au sous-emploi. En novembre, 1,2 million de Canadiens étaient officiellement sans emploi, et 630 000 travailleurs souhaitaient travailler à temps plein, mais ne le pouvaient pas.
Le taux de sous-utilisation de la main-d'œuvre de Statistique Canada saisit le plein éventail des personnes qui sont disponibles pour travailler et qui souhaitent le faire. En novembre, ce taux atteignait 12,4 %. Autrement dit, 12,4 % de la population active potentielle était au chômage, ou bien ne faisait pas partie de la population active mais souhaitait travailler, ou encore avait un emploi mais travaillait beaucoup moins d'heures qu'à l'habitude. Quand le gouvernement a décidé de mettre fin à la PCRE, le taux de chômage officiel était encore d'un bon point de pourcentage supérieur à celui de février 2020. Le nombre total d'heures travaillées était inférieur aux niveaux prépandémie.
Un indicateur du marché du travail était remonté aux niveaux prépandémie; il s'agissait bien sûr de la participation à la population active. En d'autres termes, à nos yeux, rien ne prouve que les gens qui touchent la PCRE restent à la maison au lieu de travailler ou de chercher un emploi. En fait, de nombreux bénéficiaires de la PCRE travaillaient tout en percevant ces prestations, comme ils en avaient le droit. Ils comptaient sur ces prestations pour compenser l'insuffisance des heures de travail et leur baisse de revenus. Durant la période qui précédait immédiatement la décision gouvernementale de mettre fin à la PCRE, 970 000 Canadiens en bénéficiaient, et on en dénombrait encore plus de 600 000 pendant la dernière période d'admissibilité. La perception rétroactive de ces prestations continue encore de faire augmenter ce nombre.
Soyons clairs. La Prestation canadienne pour les travailleurs en cas de confinement ne remplace pas la PCRE, dont les travailleurs ont toujours besoin.
Il se peut que la prestation restrictive ne soit jamais utilisée, ou qu'elle le soit avec grande parcimonie. Mardi dernier, ni les membres du Comité, ni les fonctionnaires qu'il a entendus, ont pu citer un seul cas où, entre l'annonce de la prestation en cas de confinement le 21 octobre et aujourd'hui, cette prestation s'appliquerait. On ne nous a toujours pas dit combien devrait coûter la prestation en cas de confinement, peut-être parce que son coût réel sera négligeable, voire nul.
Nous doutons que la prestation en cas de confinement aide les familles de régions comme l'Alberta, dont le gouvernement a tardé avant d'instaurer des mesures de confinement malgré le risque généralisé de pandémie. À cause de sa nature régionale, la prestation en cas de confinement n'est pas conçue pour répondre aux éclosions en milieu de travail semblables à celles survenues chez Cargill, Amazon et Postes Canada.
Distingués membres du Comité, la décision de mettre fin à la PCRE, de couper l'herbe sous le pied des travailleurs en difficulté, des travailleurs autonomes des secteurs durement touchés de l'hôtellerie et du tourisme... Ils dépendaient énormément de la PCRE. Par contraste, ces travailleurs bénéficieront très peu des mesures prévues à la partie 1 du projet de loi , qui étendent aux secteurs du tourisme et de l'hôtellerie la subvention salariale d'urgence et la subvention d'urgence pour le loyer.
Nous recommandons de rétablir sans tarder les paiements de la PCRE pour les travailleurs non admissibles à l'assurance-emploi. Nous recommandons également plusieurs amendements visant à bonifier la prestation en cas de confinement, que je me ferai un plaisir de vous expliquer en détail si j'en ai l'occasion.
Merci beaucoup.