Bienvenue à la 5e séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du 2 décembre 2021, le Comité se réunit pour discuter du projet de loi , Loi visant à fournir un soutien supplémentaire en réponse à la COVID‑19.
La séance se déroulera en mode hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les membres peuvent y participer en personne ou à distance, grâce à l'application Zoom. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. La diffusion montrera toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
La séance se déroule aussi sous forme de webinaire, un mode utilisé pour les séances publiques des comités. Seuls les membres, leur personnel et les témoins y ont accès. Les membres entrent immédiatement en tant que participants actifs. Toutes les fonctionnalités pour les participants actifs restent les mêmes. Les membres du personnel seront des participants non actifs et ne pourront donc assister à la séance qu'en mode galerie.
Je profite de l'occasion pour rappeler à tous qu'il est interdit de prendre des captures d'écran ou des photos de votre écran.
Compte tenu de la pandémie en cours et conformément aux recommandations des autorités sanitaires, et à la directive que le Bureau de régie interne a émise le 19 octobre 2021, pour assurer la santé et la sécurité de tous, tous les gens qui participent à la réunion en personne doivent se tenir à deux mètres des autres et porter un masque non médical lorsqu'ils se déplacent. Il est fortement recommandé de porter le masque en tout temps, y compris lorsqu'on est assis. Assurez-vous d'avoir une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant pour les mains fourni à l'entrée de la salle. En tant que président, je veillerai à l'application de ces mesures pendant toute la durée de la réunion. Je remercie à l'avance les députés de leur coopération.
Afin d'assurer le bon déroulement de la séance, j'aimerais préciser quelques règles.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre la transmission du parquet, l'anglais ou le français. Veuillez m'aviser immédiatement de toute interruption du service d'interprétation. Nous prendrons les dispositions nécessaires pour que l'interprétation puisse être rétablie avant de reprendre nos travaux. À tout moment, vous pouvez utiliser la fonction « lever la main » au bas de votre écran si vous voulez prendre la parole ou informer la présidence de quelque chose.
Les membres qui participent à la séance en personne peuvent procéder de la même façon que lorsque l'ensemble du Comité se réunit dans une salle de comité. N'oubliez pas les directives du Bureau de régie interne au sujet du port du masque et des protocoles sanitaires.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Si vous êtes dans la salle, les micros seront contrôlés, comme d'habitude, par l'agent des délibérations et de la vérification. Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre micro doit être éteint. Je vous rappelle que tous les commentaires des députés et des témoins doivent être adressés à la présidence. Pour ce qui est de la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre d'intervention de tous les députés, qu'ils participent à la réunion virtuellement ou en personne.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir notre , Chrystia Freeland.
Madame la ministre, nous savons à quel point vous et votre ministère êtes occupés, et nous vous sommes reconnaissants de votre présence parmi nous pour participer à nos travaux. Je sais que vous êtes accompagnée aujourd'hui de votre adjoint, le sous-ministre associé Nicholas Leswick.
Bienvenue, madame la ministre et monsieur Leswick.
Certains de vos employés du ministère de l'Emploi et du Développement social et du ministère des Finances assistent aussi à la séance. Je ne vais pas passer en revue la liste des noms, mais ils sont disponibles pour fournir des renseignements, au besoin.
Sur ce, madame la ministre, nous allons maintenant écouter votre déclaration liminaire, après quoi nous passerons aux questions des membres pour une période de deux heures.
Madame la ministre, la parole est à vous.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les membres et au personnel du Comité. Je sais à quel point vous travaillez fort. C'est formidable d'être ici.
Je ne dirais pas que M. Leswick est « mon adjoint », ni l'adjoint de quiconque. C'est un très haut fonctionnaire du ministère des Finances. En fait, il est le deuxième plus haut fonctionnaire. Greg McLean sera heureux de savoir qu'il vient lui aussi de l'Alberta, près de Calgary, de sorte que nous avons une forte présence albertaine au sein du ministère. Ma cheffe de cabinet est originaire d'Edmonton. Elle a fréquenté la même école secondaire que moi, mais bien des années plus tard.
Monsieur le président, félicitations pour votre accession à la présidence, et merci de votre invitation.
Même si je m'attends à ce que nous ayons des échanges musclés, je tiens à féliciter tous les députés ici présents pour leur élection et à les remercier pour leur travail acharné.
Depuis le retour de la Chambre, l'émergence d'un nouveau variant de la COVID a imposé de nouvelles restrictions de voyage dans un certain nombre de pays, dont le Canada, et renouvelé l'incertitude sur les marchés mondiaux. L'émergence du variant Omicron nous rappelle que la meilleure politique économique demeure de mener à terme la lutte contre la COVID. Elle n'est pas encore terminée et cela illustre vraiment la nécessité pour nous de continuer à protéger les Canadiens et les entreprises canadiennes et, en fait, la nécessité de ce projet de loi.
[Français]
Lorsque la crise liée à la pandémie de COVID‑19 a frappé, notre gouvernement a rapidement mis en place un ensemble de programmes à grande échelle et sans précédent afin de sauver des vies, de s'assurer que notre économie peut traverser la crise et d'appuyer les travailleurs et les entreprises du Canada pendant la pandémie.
Nos programmes de soutien au revenu, de subventions salariales et de subventions pour le loyer ont permis aux gens de mettre de la nourriture sur la table, ont contribué à protéger des millions d'emplois et ont maintenu à flot des centaines de milliers d'entreprises canadiennes pendant les jours les plus sombres de la pandémie.
[Traduction]
Cela dit, nos mesures de soutien ont toujours été conçues comme des mesures d'urgence temporaires. Comme de nombreux membres du Comité l'ont souligné, la nature urgente de ce soutien signifie que le parcours a été chaotique.
Malheureusement, certaines personnes âgées qui ont touché des prestations liées à la COVID ont vu leurs prestations du SRG être réduites. Notre gouvernement, moi y compris, est très conscient de ce problème et cherche activement une solution. Nos aînés les plus vulnérables ne devraient pas être pénalisés, surtout ceux qui ont perdu une source de revenus en raison de la pandémie.
Nous savons que de nombreux aînés comptent sur leurs prestations du SRG pour les aider à joindre les deux bouts, et je suis convaincue que le gouvernement aura plus à dire sur cette question dans les prochains jours. Aujourd'hui, avec des taux de vaccination élevés, plus d'un million d'emplois créés, le retour des enfants à l'école et les entreprises qui rouvrent leurs portes dans tout le pays, le moment est venu d'adapter les mesures de soutien aux entreprises et au revenu à ces situations nouvelles et plus favorables.
À la grandeur du pays, les entreprises rouvrent leurs portes. En date du mois dernier, plus de 106 % des emplois perdus au Canada au plus fort de la récession ont été récupérés. Cela se compare à seulement 83 % des emplois récupérés aux États-Unis.
Grâce, en partie, aux mesures de soutien de notre gouvernement, nous avons évité le genre de profondes séquelles économiques qui ont suivi la récession de 2008 et qui auraient causé des dommages permanents à notre économie. Pas plus tard que vendredi dernier, Statistique Canada a annoncé que la forte croissance de l'emploi s'est poursuivie en novembre, avec la création de 154 000 emplois. Ce chiffre a dépassé les attentes du marché. Ces nouveaux emplois ont fait baisser le taux de chômage à 6 %, le plus bas depuis le début de la pandémie, et seulement 0,3 % au‑dessus des niveaux prépandémiques de février 2020.
Cependant, la réouverture est plus lente dans certaines régions du pays et dans certains secteurs de l'économie qui ont toujours besoin d'un soutien ciblé. Voilà pourquoi notre gouvernement a annoncé en octobre une transition du soutien généralisé qui était approprié au plus fort des confinements vers un soutien plus ciblé qui fournira de l'aide là où elle demeure nécessaire, tout en gérant les dépenses publiques avec soin et prudence.
Le 24 novembre, j'ai déposé un projet de loi au Parlement pour offrir ce soutien plus ciblé, et c'est ce dont nous allons discuter aujourd'hui.
[Français]
Le projet de loi nous permet d'aller de l'avant tout en gardant en tête que la relance est encore inégale et que les mesures de santé publique qui permettent de sauver des vies continuent de restreindre certaines activités économiques.
En raison des craintes causées par le nouveau variant Omicron, le projet de loi est plus important que jamais. C'est pourquoi je suis ici, aujourd'hui, pour vous demander d'agir dans l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes et des entreprises d'ici en les aidant à traverser la pandémie et ces temps incertains.
Le projet de loi offrira une aide essentielle pour la relance économique et protégera les travailleurs des secteurs les plus durement touchés, notamment le tourisme. Comme il est précisé dans la liste des entités touristiques ou d'accueil admissibles publiée avec le projet de loi C‑2, nous nous sommes assurés que les entreprises des secteurs artistiques et culturels, notamment celles qui proposent des spectacles en direct et des expositions d'art, ainsi que les musées, seront admissibles. Concrètement, cela signifie que ce projet de loi inclut des mesures significatives pour soutenir les emplois des artistes et des travailleurs du milieu culturel.
Cela étant dit, notre gouvernement reconnaît que le secteur des arts et de la culture reste touché d'une manière disproportionnée et négative par la pandémie. C'est pourquoi, au cours de la campagne électorale, nous avons pris l'engagement d'apporter un soutien ciblé aux travailleurs et aux techniciens du milieu culturel, en incluant les travailleurs autonomes. Alors que nous voulons offrir rapidement les mesures d'aide incluses dans ce projet de loi, nous travaillons d'arrache-pied pour tenir la promesse que nous avons faite aux artistes pour qu'ils puissent continuer de rayonner ici et partout dans le monde. Nous serons en mesure de vous donner plus de détails bientôt.
Pour les artistes du Québec et de partout au Canada, nous devons rapidement faire adopter le projet de loi tout en travaillant ensemble à déposer prochainement de nouvelles mesures qui viendront en aide directement aux artistes et au secteur culturel. Parmi les mesures incluses dans le projet de loi C‑2, il y a la Prestation canadienne pour les travailleurs en cas de confinement, une nouvelle prestation de soutien au revenu qui tiendra compte des décisions de l'autorité de la santé publique, qui demeurent incertaines et imprévisibles.
La Prestation canadienne pour les travailleurs en cas de confinement sera de 300 $ par semaine et elle sera offerte aux travailleurs directement touchés par un confinement local lié à la COVID‑19. Elle sera rétroactive au 24 octobre et continera jusqu'au 7 mai.
[Traduction]
Nous prenons cette mesure parce que nous voulons nous assurer que personne n'est laissé pour compte, notamment les travailleurs qui ne sont pas en mesure de travailler en raison d'éventuelles restrictions de la santé publique, si elles s'avèrent nécessaires.
Nous avons aussi conçu le projet de loi en sachant que certains travailleurs peuvent avoir besoin d'un soutien du revenu s'ils doivent s'absenter parce qu'ils sont malades, mis en quarantaine ou tenus de prendre soin d'autres personnes. Voilà pourquoi le projet de loi propose d'étendre l'admissibilité à la fois à la prestation canadienne de maladie et à la prestation canadienne pour proches aidants.
Nous voulons nous assurer que les entreprises puissent continuer à croître et à se rétablir et à faire augmenter les taux de participation à la population active et notre niveau d'emploi. Voilà pourquoi nous proposons de prolonger le Programme d'embauche pour la relance économique du Canada jusqu'au 7 mai et de porter son taux de soutien à 50 %.
[Français]
Nous savons également que certaines entreprises ont été profondément touchées par la pandémie et qu'elles continuent à devoir faire face à des défis considérables liés à la pandémie. Le nouveau Programme de relance pour le tourisme et l'accueil offrira des subventions aux employeurs comme les hôtels, les restaurants, les agences de voyages et les voyagistes. Le projet de loi comprend des détails sur les types d'entreprises qui seront admissibles. Le taux de subvention pour ce groupe très ciblé d'entreprises de tourisme et d'hôtellerie commencera à 40 % pour les demandeurs ayant subi une perte de revenu de 40 % et augmentera selon leur perte de revenu, jusqu'à un maximum de 75 %.
[Traduction]
Pour les entreprises dans tous les secteurs, le Programme de relance pour les entreprises les plus durement touchées fournira du soutien au moyen de subventions salariales et au loyer aux employeurs qui ont subi des pertes lourdes et durables tout au long de la pandémie. L'admissibilité à ces programmes sera fonction de deux critères. Le premier consistera à déterminer si l'employeur a subi une perte de revenus importante au cours des 12 premiers mois de la pandémie. Le deuxième est la perte de revenus dans le mois en cours.
Le Programme de soutien en cas de confinement local offrira aux employeurs confrontés à de nouvelles mesures de confinement locales et temporaires un taux de subvention maximal de 75 % par l'entremise des programmes de subventions salariales et de subventions de loyer. C'est important, parce que cela permettra aux gouvernements et aux responsables de la santé publique locaux de continuer de faire les bons choix en matière de santé publique, sachant que les travailleurs et les entreprises recevront du soutien au besoin.
Nous espérons tous que les confinements ne seront plus de mise, mais l'évolution récente de la situation liée au variant Omicron nous rappelle que la lutte contre la COVID n'est pas encore gagnée, et fait ressortir un élément clé du projet de loi , celui qui permettrait au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour soutenir les travailleurs et les entreprises directement touchés par les confinements locaux si la situation de santé publique l'exigeait.
Je tiens à souligner que nous continuerons à prendre des mesures de sorte que toute société cotée en bourse qui choisirait d'augmenter la rémunération de ses dirigeants alors qu'elle touche une aide de l'État sera soumise à la récupération de l'aide reçue sous forme de subventions salariales.
La vaste série de mesures de soutien aux entreprises et aux revenus, que nous avons mises en œuvre au plus fort de la pandémie et qui a pris fin, comme nous nous y étions engagés, le 23 octobre, a eu un coût estimé à 289 milliards de dollars.
Monsieur le président, je peux dire aujourd'hui que le ministère des Finances a estimé, le 21 octobre, que le coût total des mesures prévues dans le projet de loi serait de 7,4 milliards de dollars, et qu'il serait couvert par le Trésor. Le gouvernement tiendra compte des répercussions potentielles du variant Omicron sur l'économie, y compris la possibilité accrue de devoir recourir à la police d'assurance, soit les mesures de soutien prévues dans le projet de loi C‑2 en cas de confinement, dans notre mise à jour économique et financière de mardi.
La lutte contre la COVID‑19 et les confinements subséquents que nous avons imposés pour sauver des vies ont nécessité des dépenses gouvernementales sans précédent au Canada et dans le monde. Les Canadiens ont vu d'un bon œil ces dépenses extraordinaires parce qu'ils ont compris que c'était non seulement la chose à faire par compassion, mais aussi la bonne chose à faire sur le plan économique.
[Français]
Le projet de loi nous permettra de continuer à être là pour les Canadiens en offrant un soutien plus ciblé et en gérant prudemment les finances publiques.
J'espère que tous les députés voteront pour l'adoption de ce projet de loi afin que les Canadiens et les Canadiennes qui ont besoin de soutien puissent y avoir accès le plus rapidement possible.
[Traduction]
Enfin, monsieur le président et chers collègues députés, j'aimerais réitérer aussi clairement que possible que la politique économique la plus importante pour le Canada reste de s'assurer que tous ceux qui peuvent se faire vacciner le fassent. Nous avons l'un des taux de vaccination les plus élevés au monde, 89 % des Canadiens de 12 ans et plus ayant reçu au moins une dose du vaccin. Nous avons le deuxième taux de mortalité le plus bas du G7. Les enfants de 5 à 11 ans ont commencé à se faire vacciner le mois dernier. Beaucoup de nos parents et de nos grands-parents reçoivent maintenant leur dose de rappel, et le reste d'entre nous commencera bientôt à les recevoir aussi.
Je dois dire, en pensant à mes parents, à quel point cela me soulage de voir nos parents et nos grands-parents recevoir leur dose de rappel. Je pense que de nombreux Canadiens partagent ce sentiment.
[Français]
Nous pouvons être fiers du combat que nous avons mené ensemble contre la COVID‑19. Notre bataille n'est pas encore finie, mais cela s'en vient. Les mesures qui se trouvent dans ce projet de loi sont une partie importante du travail qu'il nous reste à faire.
Sur ce, c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci beaucoup, madame Dzerowicz, pour votre question et votre travail acharné. C'est agréable d'avoir ici aujourd'hui une députée dont la circonscription est voisine de la mienne.
Je pense que la question est vraiment importante. Je vais dire d'abord quelque chose que les politiciens et même les économistes ne disent peut-être pas assez souvent, à savoir que nous naviguons encore en des eaux inconnues, comme nous le faisons depuis que la COVID a frappé. Il s'agit d'une crise sans précédent, et je pense qu'il est important que tous reconnaissent le haut degré d'incertitude auquel nous sommes toujours confrontés.
Je pense que cela exige de nous en tant que décideurs politiques, en tant que personnes qui ont le privilège et la responsabilité de diriger le navire canadien dans ces eaux inconnues, de faire preuve de beaucoup d'humilité. Nous devons reconnaître qu'il existe une grande incertitude à propos des prévisions économiques et de ce qui va se passer avec le virus. C'est en fait une force de le reconnaître.
Ce que nous devons faire, après l'avoir reconnu, c'est faire preuve d'une grande souplesse, avoir beaucoup d'outils dans notre coffre à outils et être capables de réagir rapidement à mesure que la situation évolue. L'émergence du variant Omicron en est un exemple, et je vais donc commencer par là.
Cela dit, je pense qu'il est aussi très important pour nous, en tant que Canadiens, de remettre les pendules à l'heure et d'éprouver une certaine fierté à l'idée que nous avons fait du très bon travail dans la gestion de cette crise, la pire depuis la Deuxième Guerre mondiale et le plus grand coup économique porté au pays depuis la Grande Dépression. L'économie canadienne se redresse avec force. C'est dû au travail acharné de tous les Canadiens et au travail que nous avons accompli à la Chambre des communes.
Permettez-moi de vous citer quelques chiffres à l'appui. Au troisième trimestre, notre PIB a connu une forte croissance de 5,4 %, au‑delà des attentes du marché. La croissance a été plus forte qu'aux États-Unis, qu'au Royaume-Uni, qu'au Japon et qu'en Australie. Notre reprise de l'emploi a été très, très forte, avec 154 000 emplois en novembre et 106 % d'emplois par rapport à la période pré-COVID. Je tiens vraiment à souligner que, pour notre gouvernement, l'accent mis sur la reprise de l'emploi a été au coeur de tout ce que nous avons fait, parce que nous comprenons que pour chaque Canadien, ou pour la grande majorité des Canadiens, la façon de rendre la vie abordable, de vivre une belle vie, c'est d'avoir un emploi. C'est le point de départ. Je suis vraiment heureuse de vous faire part et de faire part à tous les Canadiens de la vigueur de notre reprise de l'emploi.
Les ménages canadiens ont remarquablement bien résisté à la tempête. L'épargne au troisième trimestre était de 11 %, comparativement à une moyenne de 3,4 % entre 2010 et 2019. Les dépôts atteignent 105 milliards de dollars, soit 4,3 % du PIB, ce qui est supérieur aux niveaux prépandémie. Les ménages canadiens ont été sages et prudents et ils ont très, très bien géré cette crise. Nos exportations ont bondi à 56,1 milliards de dollars en octobre, un sommet de tous les temps.
Oui, des défis nous attendent. Oui, il y a beaucoup d'incertitude et d'imprévisibilité. Nous devons être prudents et maintenir la politique constituée de mesures de soutien en cas de confinement et maintenir ce soutien ciblé pour les secteurs les plus durement touchés, mais je pense aussi que les Canadiens devraient être fiers de la façon dont nous avons géré ce défi historique.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous remercie de votre présence et de votre allocution d'ouverture. Je vous suis également reconnaissant de bien vouloir répondre à nos questions.
Le Bloc québécois croit qu'il est important qu'il y ait une suite aux mesures de soutien pour les secteurs, pour les travailleuses et les travailleurs ainsi que pour les entreprises qui éprouvent toujours des difficultés à cause de la pandémie. Le projet de loi vient répondre à cela, ce qui est important pour nous.
Comme nous l'avons souvent dit et répété, nous aurions pu entamer les travaux sur le projet de loi C‑2 plus tôt si la Chambre avait été conviée plus rapidement après les élections, au lieu d'attendre deux mois. Néanmoins, nous avons appuyé le principe du projet de loi. Nous sommes ici pour l'étudier, et nous en sommes très heureux.
Comme vous le savez, le chef du Bloc québécois, ma collègue Mme Sinclair‑Desgagné et moi vous avons fait parvenir une lettre dans laquelle nous exprimons nos inquiétudes concernant le projet de loi C‑2. Vous avez abordé les sujets dans votre allocution, et je vous remercie de cet effort. Jevous en suis très reconnaissant. J'aimerais que nous y revenions ensemble, pour déterminer votre position et celle du gouvernement par rapport à cela.
Comme vous l'avez mentionné, notre plus grande préoccupation concerne les travailleuses et les travailleurs autonomes du secteur de la culture. Nous sommes bien contents de voir que le projet de loi cible le secteur de la culture par des mesures plus généreuses. C'est ce que nous avons demandé.
Nous sommes vraiment déçus de voir que le projet de loi ne prévoit pas de soutien au revenu pour les travailleuses et les travailleurs autonomes du secteur de la culture. Au Québec, il y a quelques années, on a demandé à ces personnes, notamment aux artisanes et aux artisans du secteur, de devenir des travailleuses et des travailleurs autonomes, des pigistes. À la base, nous nous demandions pourquoi on ne leur offrait pas la Prestation canadienne de la relance économique, ou PCRE. On nous a répondu que le ministère et le gouvernement fédéral ne seraient pas en mesure de cibler correctement les personnes qui travaillent dans ces secteurs. Qu'offrez-vous à ces personnes?
Nous ne voulons pas que ces personnes se trouvent un emploi dans un autre secteur, qu'elles se recyclent. Au cours des dernières décennies, au Québec, nous avons réussi à consolider le secteur de la culture, et nous voulons maintenir cette expertise. C'est la raison pour laquelle je vous pose cette question.
Je vous remercie, madame la ministre.
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Je vous remercie de la question et de votre collaboration. Je vous remercie également du travail que nous faisons ensemble depuis quelques années et de celui que nous faisons ensemble sur le projet de loi .
Je suis très contente que vous ayez constaté l'effort que j'ai fait au début de mon discours pour ce qui est de répondre à votre lettre. C'était intentionnel. Nous avons lu votre lettre et avons discuté de ces thèmes. Vous avez soulevé la question du secteur culturel. Je veux commencer en disant que notre gouvernement a aussi cette inquiétude concernant le secteur culturel.
Il s'agit d'un secteur économique important, tant sur le plan social que sur celui de l'identité nationale du Québec et du Canada. Pendant les négociations du nouvel ALENA, nous avons souligné cet aspect et nous avons défendu le secteur culturel parce que notre gouvernement comprend l'importance de ce secteur, surtout, mais pas seulement, au Québec. Nous sommes d'accord sur cela. De plus, nous sommes d'accord pour dire que le secteur culturel est particulièrement touché par la pandémie de COVID‑19. C'est un secteur qui ne peut pas complètement rouvrir. Nous sommes donc d'accord sur ce qui doit être fait.
Cela étant dit, nous devons déterminer comment cela doit être fait. En octobre, nous avons pris une décision, et, aujourd'hui, je suis complètement convaincue que c'était la bonne. Nous avons décidé de changer notre manière de faire et de convertir les programmes de soutien général pour tous en programmes ciblés. Nous avons pris cette décision parce que la situation avait changé, parce que notre lutte assez réussie contre le virus nous permettait de changer notre approche. Nous l'avons fait aussi parce qu'il est important pour nous, comme pour tous ceux qui se trouvent autour de la table, d'adopter une approche prudente sur le plan fiscal. Nous sommes donc passés d'une approche générale à une approche ciblée.
Pour avoir une approche ciblée, nous allons faire trois choses. Premièrement, les programmes prévus dans le projet de loi aideront beaucoup d'entreprises du secteur culturel. On doit constater cela. Deuxièmement, je suis d'accord avec vous, monsieur Ste‑Marie, sur l'importance de la question des travailleurs autonomes du secteur culturel. Enfin, nous pensons qu'il faut créer un programme ciblé pour ces travailleurs parce qu'ils sont dans une situation particulière.
Pendant la campagne électorale, nous avons pris l'engagement d'aider ces travailleurs. Nous sommes en train de peaufiner les détails du programme qui sera mis en œuvre. Je suis absolument prête aujourd'hui à réitérer publiquement que nous sommes en train de faire cela. Nous allons mettre en œuvre ce programme.
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Merci beaucoup du zèle que vous déployez pour vos électeurs d'Etobicoke, monsieur Baker.
Si nous parlons de dernière phase dans le cas du projet de loi , c'est parce que nous avons fait des progrès importants dans notre combat contre la COVID. Nous avons fait des progrès importants dans notre lutte contre la récession causée par la pandémie, et c'est une très bonne chose.
Malgré l'irresponsable comédie partisane à laquelle nous assistons quelquefois en Chambre ou en comité, il est vraiment important, pour l'économie, que les Canadiens soient conscients des réels progrès que nous avons accomplis et sachent que nous entamons la fin de cette année et le début de l'année prochaine avec une robuste économie, propulsée par une solide croissance économique. John Maynard Keynes a évoqué les esprits animaux et leur importance dans l'économie; c'est encore valide aujourd'hui.
Je souhaite sincèrement que la journée d'aujourd'hui fasse comprendre aux gens que, face à une crise économique dévastatrice qui aurait pu avoir des répercussions bien plus graves, notre pays s'est vraiment bien tiré d'affaire, particulièrement en matière d'emploi, mais aussi quant à la forte reprise du PIB. La situation financière des ménages canadiens, en moyenne, est actuellement solide. Sous divers angles, ils sont en meilleure posture qu'avant l'émergence de la COVID. C'est une bonne nouvelle.
Alors, pourquoi le projet de loi est‑il nécessaire? Il est nécessaire pour deux raisons.
Tout d'abord, nous savons qu'il y a des secteurs qui, malgré eux, sont particulièrement frappés et ne peuvent tout simplement pas rouvrir complètement. C'est le cas du tourisme et de l'hôtellerie. Nous avons également mentionné le secteur culturel, plus tôt aujourd'hui. Dans la formulation de nos programmes de soutien face à la COVID, nous avions pour principe de base de prévenir les cicatrices économiques. Nous voulions empêcher le muscle économique du Canada de s'atrophier pendant la récession imputable à la COVID, car nous savions qu'en un tel cas le redressement post-récession serait encore plus pénible. Le projet de loi a pour but d'offrir ce soutien ciblé aux secteurs qui en ont besoin.
La seconde raison, rendue d'autant plus importante par le variant Omicron, est de fournir une police d'assurance. Nous ignorons encore ce qui nous attend. Nous espérons tous — et ici je touche du bois — que les mesures de santé publique éclairées qui nous ont bien servi, de même que les mesures prises aux frontières, nous permettront de garder sous contrôle le variant Omicron. S'il vous plaît, faites-vous vacciner. Obtenez votre dose de rappel. C'est aussi très important. Cela dit, je crois qu'il est prudent de conserver dans notre manche l'atout du confinement, si jamais il était nécessaire.
C'est cette réflexion qui sous-tend le projet de loi , et c'est pourquoi il s'agit d'une phase. C'est différent du soutien requis au plus fort de la crise. Ça coûte moins cher, ce qui est très important pour moi, pour M. Leswick et pour tout le monde au ministère des Finances, mais ce petit coup de pouce supplémentaire demeure toujours nécessaire.
J'espère et je crois réellement qu'il s'agit pour nous d'un dernier coup de pouce.
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Tout d'abord, bienvenue au Comité et à la Chambre, monsieur MacDonald. Je suis très heureuse de vous voir ici. Je crois, chers collègues, que vous conviendrez probablement que ce comité fait partie des comités les plus vivants et les plus importants. C'est donc vraiment un plaisir de vous y voir.
Comme je l'ai dit plus tôt dans mon témoignage, un des principes sur lesquels le gouvernement s'est appuyé dans tout ce qu'il a fait pendant cette crise, c'est l'idée qu'un emploi est ce qui compte le plus pour les Canadiens, qu'un emploi est la base du bien-être économique d'une personne et d'une famille. Avoir un emploi est, en fait, très important aussi d'un point de vue social et psychologique.
Là où j'ai probablement été le plus inquiète depuis que la COVID est arrivée, c'est dans la foulée du confinement, quand nous avons vu que nous avions perdu trois millions d'emplois. La vie de trois millions de personnes, et probablement de beaucoup plus encore, était bouleversée, parce que la vie des familles et des amis de toutes ces personnes qui ont perdu leur emploi était également touchée. C'est le coup le plus dur qu'ait encaissé l'économie canadienne depuis la crise de 1929. Nous savions donc qu'il nous fallait agir et agir rapidement.
Nous avons mis sur pied la Prestation canadienne d'urgence, la PCU, parce que nous voulions que les personnes vulnérables puissent payer leur loyer ou rembourser leur hypothèque et se nourrir. Nous avons également mis en place la subvention salariale. Je tiens à souligner combien c'était important, selon moi, car cette subvention a permis à des personnes de garder un lien avec leur emploi et elle a évité des séquelles économiques.
Nous en voyons les effets dans les chiffres d'aujourd'hui. La relance de l'emploi dépasse les attentes du marché au Canada. Nous sommes à 106 %. C'est bien mieux qu'aux États-Unis, qui n'ont retrouvé que 83 % de leurs emplois.
Je ne veux pas donner aux Canadiens l'impression que je pense que notre tâche est terminée ou que je pense qu'il n'y a plus aucune raison de s'inquiéter au sujet du variant Omicron ou que je ne vois rien des difficultés très réelles que pose l'ouverture des économies canadienne et mondiale. Ce sont de vraies difficultés, mais pour moi, le chiffre économique le plus important, qui me réconforte beaucoup, c'est la reprise très dynamique de notre emploi. Nous la devons aux Canadiens. Nous la devons aux petites et moyennes entreprises qui se sont accrochées et qui ont gardé leurs employés.
Je suis certaine que vous avez parlé avec beaucoup de petites et moyennes entreprises dans votre circonscription. En tout cas, moi je l'ai fait. Certaines personnes ont décidé de moins se payer afin de pouvoir garder leurs employés. Il y a tellement d'entrepreneurs qui l'ont fait dans le pays, qui font preuve d'une remarquable résilience, tout comme les travailleurs qui ont continué d'aller travailler, même s'ils ont parfois dû accepter une réduction de salaire pendant les pires moments de la crise.
C'est vraiment important. Le Programme d'embauche pour la relance économique du Canada donnera un autre coup de pouce à la reprise de l'emploi.