Bienvenue à la 148e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le jeudi 21 septembre 2023, le Comité se réunit pour discuter des décisions relatives aux politiques gouvernementales et sur les forces du marché qui ont entraîné l'augmentation des coûts liés à l'achat ou à la location d'un logement au Canada.
Avant de commencer, j'invite les membres du Comité et les autres participants présents dans la salle à consulter les fiches sur la table pour prendre connaissance des lignes directrices destinées à prévenir les incidents de rétroaction acoustique.
Veuillez noter les mesures de prévention suivantes en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes. N'utilisez que l'oreillette noire approuvée. Les anciennes oreillettes grises ne doivent plus être utilisées. Veuillez garder votre oreillette loin de tous les microphones en tout temps. Lorsque vous ne l'utilisez pas, mettez‑la face vers le bas sur l'autocollant sur la table prévu à cette fin.
Merci à tous de votre collaboration.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'article 15.1 du Règlement.
Conformément à la motion de régie interne du Comité relative aux tests de connexion des témoins, le greffier du Comité me dit que tous les témoins ont effectué les tests requis. Tout va bien de ce côté. Cela concerne les témoins que nous accueillerons à la deuxième heure. Pour la première heure, tout le monde est ici en personne... oh, sauf M. Sorbara.
J'aimerais formuler quelques observations à l'intention des députés et des témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Les députés présents dans la salle pourront lever la main pour demander la parole. Ceux qui utilisent l'application Zoom pourront le faire en activant la fonction « main levée ». Le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre des interventions. Nous vous remercions de votre compréhension à cet égard. Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés par l'entremise de la présidence.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre témoin qui participe à la première heure de notre réunion. Nous accueillons M. Peter Routledge, surintendant au Bureau du surintendant des institutions financières.
Je vous souhaite la bienvenue. Les députés ont hâte d'entendre votre déclaration liminaire et de vous poser des questions.
Vous avez la parole.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Merci de m'avoir invité de nouveau aujourd'hui, cette fois pour contribuer à votre analyse portant sur les décisions en matière de politiques publiques et les forces du marché à l'origine des hausses du coût d'achat ou de location d'un logement au Canada.
[Traduction]
Comme l'indique notre récent Regard annuel sur le risque, nous nous préoccupons essentiellement des principaux risques pesant sur le système financier du Canada, notamment les risques liés aux prêts hypothécaires et aux prêts garantis par un bien immobilier, les risques de crédit liés aux services de gros, les risques de financement et de liquidité de même que les risques liés à l'intégrité et à la sécurité dans le contexte de l'environnement géopolitique.
En ce qui a trait au sujet à l'étude par votre comité, je note que la hausse des paiements hypothécaires gruge une part plus grande du revenu des ménages, ce qui fait que davantage d'emprunteurs peinent à rembourser leurs autres dettes ou emprunts. Nous nous attendons à ce que la hausse des coûts du service de la dette représente un risque important pour les institutions financières et leurs clients au cours des deux prochaines années. Cela dit, je remarque que la qualité des prêts hypothécaires et du crédit aux ménages demeure élevée par rapport aux niveaux observés dans le passé.
[Français]
Le BSIF, soit le Bureau du surintendant des institutions financières, tout comme ses partenaires fédéraux, souhaite que les Canadiens et les Canadiennes puissent contracter des prêts hypothécaires et qu'ils soient en mesure d'honorer leur remboursement en dépit des oscillations des cycles du marché.
Mon rôle consiste notamment à veiller à ce que les prêteurs fassent preuve de prudence dans leurs activités de souscription de prêts hypothécaires et à ce qu'ils adoptent de saines pratiques de gestion du risque tout au long du cycle de vie de ces prêts.
[Traduction]
Nous estimons que les principes prudentiels du BSIF régissant la souscription de prêts hypothécaires favorisent la sécurité et la stabilité du système financier et aident les propriétaires canadiens à conserver la propriété de leur demeure à long terme.
Il nous revient de veiller à ce que les prêteurs maintiennent leur résilience, tout en s'adaptant aux risques en évolution au sein des marchés financiers.
C'est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
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Monsieur le président, le député a tout à fait raison. Si vous avez un prêt hypothécaire assuré et que vous souhaitez le renouveler auprès d'un autre établissement de crédit, vous n'avez pas à vous soumettre à un test de résistance hypothécaire ou à toute autre vérification pour souscrire un prêt.
Par contre, si vous avez un prêt hypothécaire non assuré, vous devez le faire, et c'est un déséquilibre. Le commissaire du Bureau de la concurrence et moi-même en avons parlé. De notre point de vue, notre travail consiste à veiller à ce que les institutions bancaires souscrivent des prêts hypothécaires en prenant toutes les précautions qui s'imposent. L'un des principes fondamentaux de la souscription de prêts hypothécaires est qu'il faut, lorsqu'il y a de nouveaux crédits, faire preuve de toute la rigueur qui s'impose en matière de souscription.
Pour les prêts hypothécaires non assurés, auxquels s'applique la ligne directrice B‑20, nous demandons aux prêteurs de souscrire entièrement lorsqu'il y a de nouveaux clients. Cela ne s'applique pas aux débiteurs hypothécaires assurés, parce qu'ils ont acheté une police d'assurance hypothécaire.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Routledge. Je vous ai entendu parler français tantôt, ce qui m'a beaucoup réjoui. Je ne sais pas si vous serez capable de répondre à toutes mes questions en français, mais, peu importe, l'important est que vous puissiez le faire.
J'ai envie de parler de la crise du logement. On sait que le logement représente toujours la portion la plus importante des dépenses des ménages. Alors, si on aide les gens à se loger, on les aide à mieux vivre et à payer d'autres choses. Nous sommes au milieu d'une crise absolument abominable. Personnellement, l'an dernier, j'ai fait une tournée au Québec pour prendre le pouls de la situation et rencontrer des gens qui aident ceux qui ont des problèmes de logement. La situation est vraiment difficile. Il ne se passe pas une journée sans qu'on voie des campements à Toronto, à Vancouver ou à Montréal. Ce qui est scandaleux, c'est qu'on en voit maintenant souvent dans des petites municipalités au Québec, dans des endroits où personne n'avait vu ça auparavant.
Je crois que c'est la Banque Scotia qui indiquait qu'on aurait besoin de construire 5,8 millions de logements au Canada d'ici 2031. Nous sommes en 2024, alors c'est dans sept ans. Au Québec, les besoins se chiffrent à environ 1,2 million de logements, et le plus grand nombre de logements qu'on a réussi à construire en une année, c'est 70 000. Il faudrait donc, d'ici 2031, trouver les moyens de créer un écosystème, d'une façon ou d'une autre, idéalement avec l'appui des gouvernements, pour construire trois fois plus de logements qu'on n'en a jamais construit. Le défi est donc énorme.
Ce sont les banques qui font ces études. Les chiffres ne viennent pas d'organismes qui militent pour des logements sociaux, mais bien des banques. Ce sont elles qui disent qu'on doit construire 5,8 millions de logements.
Pourtant, je n'ai entendu jusqu'à maintenant aucun politicien dire qu'il allait s'affairer à trouver une solution. Ça prend un plan pharaonesque, une sorte de plan Marshall. Des représentants de tous les organismes qui construisent des logements et de tous les ordres de gouvernement doivent s'asseoir ensemble pour répondre à cet énorme défi.
En ce moment, il y a des gens, des familles, des mères seules qui dorment dans la rue. L'an dernier, une jeune femme enceinte a accouché dans une tente en plein centre-ville. Ça s'est passé tout près d'ici, à Gatineau, au Québec. Je ne sais pas comment on peut accepter ça dans un pays du G7. Moi, je ne l'accepte pas, en tout cas.
Comment le Bureau du surintendant des institutions financières pourrait-il conseiller le gouvernement ou lui proposer des politiques pour atteindre cet objectif de 5,8 millions de logements d'ici sept ans, ou du moins espérer s'en rapprocher?
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Je suis d'accord sur ces propos. Il faut se doter d'un plan stratégique pour construire plus de logements au Canada.
Je suis toujours en train de travailler à améliorer mon français, alors permettez-moi de passer à l'anglais.
[Traduction]
Je suis d'accord pour dire que nous avons besoin d'un effort national pour que la construction des logements suive le rythme de la formation des ménages. Au cours de ma première année en tant que surintendant, j'ai prononcé un discours dans lequel j'ai dit qu'un risque important était que la formation de nos ménages dépasse largement le nombre de logements construits au pays. Cela présente un risque à long terme pour le système financier. Je suis toujours de cet avis.
Il y a eu des progrès, et je suis optimiste, mais nous devons en faire plus pour que la construction des logements suive le rythme de la formation des ménages. Lorsque cela se produira, les tensions sur le marché du logement, qui rendent l'achat d'une maison plus difficile, diminueront.
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Je n'utiliserais pas cette analogie pour parler du risque de refinancement qui existe.
Pour les emprunteurs hypothécaires qui ont contracté une hypothèque à taux fixe de trois à cinq ans et qui doivent la renouveler au cours des deux ou trois prochaines années, la hausse de leurs paiements hypothécaires sera plus gérable — de l'ordre de 15 % à 30 % —, selon le moment où ils ont souscrit leur dernière hypothèque.
Jusqu'à présent, il nous semble que les Canadiens gèrent bien cette augmentation des paiements.
Un petit groupe d'emprunteurs a, particulièrement pendant la pandémie, contracté des hypothèques à taux variable assorties de paiements fixes. Ces personnes pourraient faire face à une augmentation de leurs paiements hypothécaires d'environ 50 %. Cela varie selon l'hypothèque et le moment, mais 50 % est une bonne approximation. C'est un choc très important pour leur budget mensuel, et c'est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup.
Nous avons un indicateur précoce de ce risque, et ce sont les gens qui ont contracté des hypothèques à taux variable assorties de paiements variables. Dans l'ensemble, ils gèrent la hausse du coût des intérêts, mais leurs taux de défaut sont plus élevés que ceux des personnes ayant des paiements fixes. Ce n'est pas dramatique, mais progressif.
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Il est difficile de prédire l'avenir, mais je vais essayer de mettre les choses en perspective.
Le problème actuel, dont le député précédent a parlé, est un déséquilibre entre l'offre et la demande. Cela signifie que, si nous avons un nombre de saisies plus élevé que la normale et, par conséquent, une offre plus importante sur le marché, les conditions de la demande feront en sorte qu'elles absorberont une bonne partie de cette offre, et la pression sur le prix des logements ne sera pas aussi importante.
J'attirerais l'attention des gens sur les indices de prix des maisons. Même s'ils sont stables depuis deux ou trois ans, ils n'ont pas diminué, malgré une augmentation très importante des taux d'intérêt.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venu aujourd'hui, monsieur Routledge. Je vous en suis reconnaissant. Je pense que les Canadiens seront ravis d'entendre ce que vous avez à dire.
Il y a des risques et des défis, que les prix de l'immobilier augmentent ou baissent. Je pense que l'un de vos objectifs est de maintenir le marché sur cette voie étroite. Je veux parler plus précisément des gains en capital et, bien sûr, de l'augmentation du taux d'inclusion des gains en capital et de l'incidence que cela aura sur le marché immobilier.
Tout d'abord, je veux parler de la façon dont les libéraux ont conçu la mise en œuvre. Bien entendu, cela crée des conditions d'une vente au rabais jusqu'au 25 juin, qui approche à grands pas. À mon avis, si vous êtes propriétaire d'un chalet et que vous voulez bénéficier des taux d'inclusion les plus bas, vous voudrez vendre avant le 25 juin.
D'après vous, cela aura‑t‑il une incidence importante sur les prix? De toute évidence, si les prix de l'immobilier diminuent, les hypothèques risquent de plonger...
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Routledge, d'être des nôtres aujourd'hui, et merci de servir notre pays.
À un petit-déjeuner auquel un certain nombre d'entre nous ont participé hier avec des représentants de la Banque du Canada, nous avons parlé du logement. J'ai appris que, dans un certain nombre de pays, ils adoptent des pratiques très différentes concernant les hypothèques. Certains pays autorisent d'échelonner des hypothèques sur 80 ans et sur plusieurs générations. Dans certains pays, comme aux États-Unis, vous pouvez contracter un prêt hypothécaire sur 30 ans, mais vous disposez d'une grande flexibilité quant au montant que vous pouvez rembourser à tout moment.
Ma question est la suivante. Avez-vous communiqué avec d'autres organismes de réglementation dans le monde? Y a‑t‑il des leçons que nous pouvons apprendre d'eux, ou y a‑t‑il des idées que nous pourrions envisager d'adopter ici pendant que nous luttons contre la crise de l'abordabilité et du logement qui sévit en ce moment, et que vous pourriez apporter à cette conversation aujourd'hui?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Routledge. Je vous remercie de tout votre travail et de votre présence aujourd'hui.
Selon les calculs de l'Association des banquiers canadiens, en février dernier, 0,19 % des prêts hypothécaires au Canada étaient en souffrance, c'est-à-dire que les versements n'avaient pas été effectués depuis au moins trois mois.
Dans quelle mesure vous attendez-vous à ce que cette proportion augmente en raison du grand nombre de prêts hypothécaires qui sont renouvelables d'ici 2026?
Dans quelle mesure cette augmentation de défaut de paiement risque-t-elle d'entraîner des pertes de crédit pour les institutions financières?
Enfin, quelles mesures mettez-vous en place pour atténuer ces risques?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre témoignage d'aujourd'hui, monsieur Routledge. C'est très intéressant.
Le BSIF réglemente notamment les réserves de fonds propres des banques, ce que vous appelez, je crois, la réserve pour stabilité intérieure. Pour les Canadiens ordinaires, c'est un peu comme mettre de l'argent de côté en prévision des mauvais jours. Je remarque que, l'an dernier, vous avez fait passer cette exigence de 3 à 3,5 %, et je suppose que c'était pour assurer la stabilité des banques.
Dans votre récent rapport, vous utilisez l'expression « choc de paiement » pour décrire le moment où les gens refinancent leur prêt hypothécaire ou contractent des hypothèques à taux variable, et leurs nouveaux versements deviennent fixes. C'est là une expression qui suscite une réaction très forte. Si vous l'employez, c'est forcément parce qu'il y a quelque chose qui vous préoccupe vraiment. Aujourd'hui, j'ai l'impression que vous avez un peu édulcoré la chose, parce que vous dites que cela ne s'applique qu'aux personnes ayant contracté des prêts hypothécaires à taux variable, mais sans versements fixes.
J'ai quelques questions à vous poser. Êtes-vous suffisamment inquiet pour augmenter le taux de la réserve pour stabilité intérieure encore une fois cette année, ou êtes-vous convaincu que les gens arrivent à effectuer leurs paiements suffisamment bien pour que vous puissiez en fait ramener le taux à 3 %?
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Merci, monsieur le président, et bienvenue à tous.
Monsieur Routledge, je suis heureux de vous revoir. Je pense que nous nous connaissons depuis environ 12 ans, ce qui ne nous rajeunit guère. Je sais que vous avez occupé un certain nombre de postes, allant de celui d'analyste bancaire chez Moody's à celui que vous occupez maintenant au BSIF. Félicitations pour votre parcours professionnel et vos nominations. Elles sont bien méritées. Je me souviens encore de vos comptes rendus lors de conférences téléphoniques avec des analystes bancaires au sujet des bénéfices bancaires lorsque je travaillais dans le domaine des obligations et vous, dans celui des capitaux propres.
Monsieur Routledge, une chose que nous savons au sujet du secteur bancaire concerne les liquidités et le financement. Nous savons qu'en cas de crise bancaire, les liquidités et le financement jouent toujours un rôle important. C'est la même chose du côté des consommateurs.
J'ai parcouru le rapport annuel. Que pensez-vous du risque de financement et de liquidité en ce qui a trait au système bancaire canadien?
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Chers collègues, nous sommes de retour avec notre deuxième groupe de témoins sur les décisions relatives aux politiques gouvernementales et sur les forces du marché qui ont entraîné l'augmentation des coûts liés à l'achat ou à la location d'un logement au Canada.
Pour la deuxième partie de la réunion, nous accueillons M. Robert Kavcic, économiste principal à BMO Banque de Montréal. Je crois comprendre qu'en raison de difficultés techniques, M. Jimmy Jean du Mouvement des caisses Desjardins ne pourra peut-être pas se joindre à nous pour ce segment. Nous recevons également Robert Hogue, économiste en chef adjoint, Banque Royale du Canada; Rebekah Young, vice-présidente et cheffe, Économie d'inclusion et de résilience, Banque Scotia; et, enfin, Rishi Sondhi, économiste, Services économiques TD, Groupe Banque TD.
Je vous souhaite la bienvenue.
Sur ce, nous allons d'abord entendre la déclaration préliminaire de M. Kavcic. Vous avez un maximum de cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Honorable député, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité des finances de la Chambre des communes.
Je m'appelle Robert Kavcic et je suis économiste principal chez BMO, mes fonctions étant d'analyser entre autres les questions liées au marché immobilier au Canada. Mes observations et mes commentaires d'aujourd'hui reposent donc sur mon point de vue de macroéconomiste du marché immobilier.
L'abordabilité du logement est manifestement un enjeu économique et social important, et elle reflète en grande partie le déséquilibre entre la demande et l'offre sur le marché. Selon la plupart des indicateurs, l'abordabilité du logement n'a pas été aussi difficile pour les nouveaux acheteurs depuis les années 1990. La croissance des loyers s'est également accélérée bien au‑delà de la croissance des revenus et, compte tenu de ces mesures, je dirais que l'abordabilité est vraiment devenue un grave problème au cours des trois dernières années environ.
En fait, lorsque vous regardez notre mesure de l'abordabilité qui tient compte des revenus, des taux d'intérêt et des prix des maisons, elle correspondait plus ou moins à la moyenne sur 40 ans encore tout récemment, en 2019.
La question est de savoir ce qui a changé au cours de cette courte période pour provoquer un déséquilibre majeur entre l'offre et la demande et une détérioration aussi spectaculaire de l'abordabilité. Je pense qu'une explication populaire est que le Canada ne construit tout simplement pas assez de maisons, mais ce que je retiens des données sur le logement, des mesures du marché du travail et des discussions que j'ai eues avec des participants de l'industrie de la construction domiciliaire partout au pays, c'est que l'industrie fonctionne à plein régime.
Autrement dit, nous construisons déjà presque tous les logements possibles en fonction des conditions du marché. Au cours des cinq années qui se sont écoulées jusqu'en 2019, par exemple, un peu plus de 190 000 logements ont été construits en moyenne. Ces trois dernières années, alors que l'abordabilité se détériorait, le nombre de logements achevés a augmenté d'environ 20 %. Le nombre actuel d'unités en construction est à un niveau record en chiffres absolus ou, si on le rajuste, par habitant.
L'offre sur le marché ne se détériore pas. Il s'agit simplement de l'incapacité à répondre à la demande. Une partie de cette croissance de la demande est fondamentale. La cohorte des millénariaux représente une demande démographique très forte. En même temps, nous avons vu l'immigration internationale augmenter, en passant d'environ 450 000 personnes par année avant la pandémie à près de 1,2 million de personnes au cours de la dernière année. Il s'agit d'un choc historique de la demande, qui présente un défi pour les infrastructures, y compris le logement.
Pour être très clair à ce sujet, je suis d'avis qu'un solide programme d'immigration internationale offre des avantages à long terme. Ces avantages sont importants et devraient être maintenus. Nous avons démontré notre capacité à répondre à la demande de logements créée par le solide programme de résidence permanente, mais l'ajout de 800 000 résidents non permanents au cours de la dernière année a manifestement été difficile à absorber du côté de l'offre, et cela se reflète fortement dans l'augmentation des loyers.
Par ailleurs, du côté de la demande, les taux d'intérêt ont été réduits à des creux historiques lorsque la Banque du Canada les a assouplis pendant le choc de la pandémie, jusqu'à ce qu'elle commence à resserrer sa politique en mars 2022. Des taux d'intérêt réels très négatifs ont fait grimper en flèche les prix des maisons, ce qui a alimenté une certaine psychologie spéculative sur le marché. Cette psychologie du marché a poussé les prix bien au‑delà des revenus sous-jacents, des taux d'intérêt et des facteurs démographiques fondamentaux qui, selon nous, sont à la base des prix des maisons à long terme.
Les taux d'intérêt plus élevés ont depuis brisé cette psychologie et ont fait baisser les prix de 20 % ou plus dans certains marchés, mais l'abordabilité ne s'améliorera pas nécessairement tant que les taux ne baisseront pas davantage, tant que les prix ne diminueront pas davantage ou tant que les revenus ne pourront pas rattraper graduellement le retard. C'est bien ce qui se passe, mais cela prend du temps.
En résumé, le déséquilibre entre l'offre et la demande en matière de logement a été créé de façon particulièrement aiguë par l'augmentation de la demande, et l'offre fait vraiment tout ce qu'elle peut pour suivre le rythme. Les mesures visant à améliorer la réactivité de la construction de logements sont certainement les bienvenues. Il semble toutefois beaucoup plus facile de modifier la courbe de la demande à court terme. C'est donc en adaptant adéquatement la demande à notre capacité d'assurer une offre suffisante de logements au fil du temps que nous aurons l'effet le plus important et, surtout, le plus réalisable sur les pressions en matière d'abordabilité à court terme.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions plus tard.
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Merci beaucoup. Je suis heureuse d'avoir aujourd'hui cette occasion de vous faire part de certaines observations.
Je m'appelle Rebekah Young. Je suis vice-présidente et responsable d'Inclusion et résilience économiques au sein d'Études économiques de la Banque Scotia. Ce que je vais présenter relève de la macroéconomie.
Dans le cadre de mes fonctions, j'apporte un point de vue éclairé sur la croissance économique durable en examinant à plus long terme les forces structurelles qui ont une incidence sur le bien-être des Canadiens. Il est clair que le logement est l'un de ces éléments.
L'accessibilité au logement au Canada s'est clairement détériorée au cours des dernières années, mais l'érosion de cette accessibilité dure depuis des décennies. Les forces du marché y sont pour beaucoup.
Pour reprendre certains propos de mes collègues, le revenu des ménages a connu une bonne progression. Le revenu des ménages canadiens moyens a, avec une certaine constance, augmenté plus rapidement que l'inflation au cours des dernières décennies. Le pouvoir d'achat de ces ménages a donc lui aussi augmenté.
Bien que les taux d'intérêt soient actuellement élevés, ils suivent une tendance structurelle à la baisse depuis des décennies, ce qui permet aux Canadiens de financer leur logement à moindre coût au fil du temps et, là encore, d'augmenter leur pouvoir d'achat.
La démographie est un autre aspect évident de l'équation de la demande. La population augmente et vieillit. Nous constatons aussi que l'occupation, c'est‑à‑dire le nombre de personnes par ménage, a diminué au cours des dernières décennies. Nous nous retrouvons donc avec une demande qui, en fait, dépasse la croissance de la population enregistrée au cours des dernières décennies.
En ce qui concerne le vieillissement, parce que la population canadienne vieillit, il est important de reconnaître le fait que beaucoup plus de Canadiens veulent vieillir « à la maison ». Or, dans certains cas, des solutions comme le déménagement dans un logement plus modeste — comme un logement en copropriété — peuvent s'avérer plus coûteuses que de rester à la maison, même si cela signifie qu'il y aura plus de chambres à coucher inoccupées.
L'offre a sans aucun doute constitué une contrainte majeure face à ces forces liées à la demande et à la démographie. Une fois encore, si l'on considère les dernières années et les dernières décennies, on constate une érosion de l'élasticité ou de la réactivité de l'offre par rapport à la demande de logements. Ailleurs, les raisons sont nombreuses et bien documentées. Elles vont de la réglementation au zonage en passant par la forte augmentation des coûts de développement.
La main-d'œuvre est une autre difficulté. Malgré un nombre record de travailleurs dans l'industrie de la construction, le nombre de logements que nous construisons au Canada n'a pas beaucoup changé, toutes tendances confondues. Nous constatons que la Société canadienne d'hypothèque et de logement attribue cette situation à la fois à des baisses de productivité et aux obstacles réglementaires qui viennent s'appliquer dans un secteur déjà très fragmenté. Il en résulte qu'il faut aujourd'hui plus de temps et plus d'argent pour construire des logements au Canada, quels qu'en soient les types.
Pour revenir au portrait d'ensemble, tous ces facteurs ont été amplifiés au cours des trois dernières années. La voie lente de l'accessibilité au logement s'est considérablement rétrécie. Il n'y a pas de panacée pour rétablir l'abordabilité. Nous pensons que la priorité doit être mise sur l'offre — notamment avec une définition large pour inclure les infrastructures connexes — et qu'il faut être prudent lorsque nous envisageons des mesures du côté de la demande, étant donné la possibilité que cela rende l'accessibilité encore plus difficile. Nous devrions également tenir compte de l'évolution des préférences et des besoins de la société.
Le Canada devrait être en mesure de ralentir l'accélération des prix de l'immobilier au fil du temps, mais cela nécessitera une action concertée et coordonnée de tous les ordres de gouvernement ainsi qu'une collaboration avec le secteur privé et les organismes à vocation sociale. Toutefois, même si l'augmentation du prix des logements est ralentie ou même si elle ne fait que fléchir, il y aura toujours un sous-ensemble de Canadiens, à savoir les Canadiens à faible revenu et à revenu fixe, pour qui l'accès à un logement approprié restera inabordable. Le Canada aura probablement besoin de solutions ciblées à cet égard.
Permettez-moi d'étayer très brièvement cet aspect de la question. L'année dernière, nous avons publié un document intitulé Canadian Housing Affordability Hurts — « au Canada, l'accès au logement fait mal » —, auquel votre comité a souvent fait allusion.
J'insiste sur le fait que l'une des principales conclusions de cette étude est que les meilleures solutions consistent toujours à démanteler les obstacles qui nuisent à l'offre et à exploiter les forces du marché pour augmenter massivement le nombre de logements dans l'ensemble du marché. Cependant, cet effet de ruissellement n'atteindra pas — du moins pas assez rapidement — un petit sous-ensemble de Canadiens dont les revenus du marché sont maigres ou inexistants dans la plupart des cas raisonnables. Ces écarts sont plus importants que ce que les gouvernements peuvent raisonnablement espérer atténuer grâce aux seuls transferts sur une base continue. Un scénario d'inaction n'est pas non plus approprié d'un point de vue financier, car l'effet d'entraînement sur d'autres infrastructures sociales — des refuges aux hôpitaux, en passant par les prisons — sera encore plus coûteux que la fourniture de logements sociaux ou subventionnés.
J'insiste cependant sur le fait que le document montre qu'il ne s'agit pas d'une situation où il faut choisir entre l'un et l'autre. Il ne s'agit pas de logements sociaux ou de logements du marché, et il ne s'agit pas d'éviter une polarisation entre le public et le privé. Il s'agit plutôt de trouver la bonne combinaison pour accommoder l'ensemble des Canadiens.
En prenant un peu de recul, j'aimerais souligner, dans une optique économique, que le logement fait partie d'un système plus vaste et qu'il y a des compromis et des occasions favorables dont il faut tenir compte. Les revenus, les investissements et les capitaux investis dans le logement sont des revenus, des investissements et des capitaux qui ne vont pas ailleurs. Ce sont des choses qui méritent d'être examinées très attentivement.
Pour conclure, je voudrais aussi souligner que le Canada n'est pas un cas unique et qu'en ce qui concerne le rapport entre les prix des logements et les revenus, le Canada se situe à peu près au milieu du peloton qu'il forme avec ses pairs de l'OCDE. Une offre plus réactive est la meilleure solution, mais nous pourrions avoir besoin d'examiner de façon plus générale comment les marchés sont structurés pour garantir un logement convenable, adéquat et abordable aux Canadiens sans étouffer les moteurs de la croissance économique qui, en fin de compte, garantissent des gains en matière de bien-être.
Je vais m'arrêter là. Je vous remercie de votre attention.
:
Merci, monsieur le président.
Comparativement aux exposés des autres témoins, ma déclaration liminaire sera brève.
Je m'appelle Rishi Sondhi et je suis économiste à la Banque TD. Je suis le spécialiste du marché du logement au sein du groupe économique, et je suis chargé de publier des recherches sur le logement et de produire des prévisions trimestrielles sur la revente de maisons, les prix moyens des maisons sur le marché de la revente et les mises en chantier.
Les dernières prévisions officielles de l'équipe économique de la TD datent de mars 2024, et nous sommes en train de mettre à jour nos projections, lesquelles seront publiées le 18 juin. Je peux néanmoins dire rapidement que les conditions sur les marchés du logement ont changé globalement au cours de la saison printanière, comme nous l'avions prévu en mars.
Enfin, je tiens à préciser que les opinions exprimées aujourd'hui sont celles de l'équipe économique de la Banque TD, ce qui m'inclut, mais qu'elles ne représentent pas nécessairement les opinions de la Banque TD en général.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de la question.
Dans le contexte de l'activité globale d'investissement dans l'immobilier, il y a potentiellement un impact, soit lorsque les vendeurs cherchent à mettre en vente des propriétés en prévision d'une modification de la fiscalité, soit lorsque les effets à long terme d'une augmentation d'impôt modifient les attentes en matière de rendement. Comme je n'ai pas vu les détails exacts du projet de loi, je préfère de ne pas me lancer dans des observations trop détaillées à ce sujet. Du reste, comme l'immobilier est un actif à très long terme, l'impact pourrait être ou ne pas être aussi important que pour d'autres classes d'actifs.
D'une manière plus générale, je pense que pour une classe d'actifs d'investissement, les conditions macroéconomiques jouent aujourd'hui un rôle prépondérant. Les taux d'intérêt ayant augmenté, les prévisions de croissance des prix de l'immobilier ont diminué et les niveaux actuels de rendement locatif ne se comparent pas très bien aux actifs gouvernementaux sans risque. En outre, en tant que classe d'actifs d'investissement, l'activité globale entourant l'immobilier est aujourd'hui en perte de vitesse.
Je pense qu'il serait déjà très difficile d'établir comment une modification de l'impôt sur les gains en capital s'inscrit dans ce contexte plus large d'un ralentissement de l'activité et d'en donner une estimation précise.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais poser une question, puis passer le relais à Mme Thompson pour le reste de mon temps de parole.
Je tiens tout d'abord à remercier tous les économistes qui se sont exprimés aujourd'hui. Je suis très déçue que M. Hogue n'ait pas pu nous présenter son exposé, mais nous devons poursuivre.
Je tiens à dire très clairement que nous avons entendu un certain nombre de témoignages, lors de différentes réunions, selon lesquels, pendant plus de 30 ans, c'est le manque d'investissements des trois ordres de gouvernement et leur laxisme pour ce qui est de soutenir la construction de maisons au Canada qui a conduit à la crise actuelle du logement. Je suis très fière que le gouvernement fédéral ait publié un plan très complet sur la question du logement. Ce plan prévoit la construction d'un plus grand nombre de maisons individuelles et de logements locatifs, ainsi que des investissements beaucoup plus importants pour garantir la création de logements très abordables.
Toutefois, il ne suffira pas que les trois paliers de gouvernement investissent, et ma question s'adresse donc à Mme Young.
Quel rôle croyez-vous que les banques peuvent jouer quant aux solutions possibles à la crise du logement?
Tout d'abord, j'aimerais séparer deux questions distinctes de... Il est évident que les banques fournissent des capitaux. Elles fournissent des capitaux aux particuliers pour qu'ils achètent des logements et aux promoteurs pour qu'ils construisent des logements. À l'heure actuelle, il faut aussi penser à la demande. Les témoignages précédents portaient sur les règles et les règlements. Par exemple, les banques à charte doivent composer avec la fourniture de capital ajusté au risque pour ces activités et avec la demande existante. De toute évidence, les banques que nous représentons jouent un rôle très important des deux côtés, c'est‑à‑dire en aidant les Canadiens à acheter des maisons et en aidant les promoteurs à construire ces maisons.
Ce que nous avons constaté, y compris au sein du département d'études économiques, c'est que nous jouons davantage un rôle de défenseur sur le plan stratégique en examinant certains de ces enjeux, certains de ces chiffres, en tentant de définir la trajectoire à long terme sur laquelle nous nous trouvons et en cherchant des solutions stratégiques qui profitent à tous les Canadiens, parce qu'une économie prospère est bonne pour les Canadiens et bonne pour les banques.
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Je vous remercie. J'apprécie le fait que vous ayez évoqué l'image d'un spectre, d'un continuum.
Madame Young, vous avez également parlé du logement sur un continuum. Il s'agit d'être conscient de la nécessité de disposer de logements sociaux, de logements du marché et de tout ce qui se trouve entre les deux.
Je vais vous poser une question à tous les deux, rapidement.
Pourriez-vous nous parler des changements culturels nécessaires pour faire en sorte que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour relever le défi du logement. À quoi ressemblent ces changements dans les zones urbaines, comment nous vivons dans les lieux, comment nous considérons les espaces partagés et comment nous considérons la façon dont nous vivons dans notre espace?
Je sais que je vais manquer de temps, mais j'aimerais que vous répondiez rapidement tous les deux à la question de savoir ce que nous devons envisager sur le plan culturel, afin de garantir à chaque Canadien le droit de vivre dans des espaces dignes.
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Merci pour la question.
Je suis d'accord pour dire que lorsque vous regardez les chiffres du Québec ou les chiffres canadiens en général, nous avons vu, de manière contre-intuitive, l'activité de construction neuve diminuer au cours des deux dernières années, en dépit de notre volonté de construire toujours plus. Cela s'explique en partie par le fait que les conditions macroéconomiques générales dictent en fin de compte l'évolution du marché.
Lorsque vous avez un cycle de resserrement très agressif qui déclenche un déclin de l'activité de logement et un recul de l'activité d'investissement, vous allez naturellement voir une réponse du marché où la construction chute. Il est très difficile de pousser les constructeurs de maisons à construire dans un environnement qui ne leur est pas favorable ou qui leur fait courir un risque important pour l'avenir. Il est également très difficile, dans un secteur qui a déjà atteint sa capacité, d'aller au‑delà de ces contraintes.
En matière de réponse politique, je suis tout à fait d'accord avec mes collègues pour dire que toute mesure susceptible d'améliorer l'élasticité ou la réactivité de l'offre ou la productivité avec laquelle nous construisons des logements est absolument positive pour ce pays et pour l'offre de logements à l'avenir, parce qu'elle peut faire jouer cette dynamique de marché plus rapidement.
Il faut garder à l'esprit que les constructeurs de logements mettent du temps à commercialiser leurs projets et à achever les logements. Si la demande est très forte aujourd'hui, il faudra peut-être attendre deux, trois ou quatre ans avant que des logements soient achevés pour satisfaire la demande et ramener les loyers à un niveau plus approprié.
Je pense que toutes les mesures relatives à l'offre, dans ce contexte, sont des pistes très importantes sur lesquelles il faut continuer à avancer.
Monsieur Sondhi, selon une étude que vous avez réalisée, il faudrait construire 3,8 millions de logements pour revenir à un certain niveau d'abordabilité.
En ce moment, c'est comme si nous vivions deux crises du logement. D'une part, il y a un problème d'accès au logement. D'autre part, il y a un problème d'abordabilité du logement, c'est-à-dire qu'il est difficile pour les gens d'avoir un logement qu'ils peuvent se permettre de payer.
Ce que je me suis fait dire partout au Québec lors d'une tournée sur le logement, c'est qu'en ce moment, les programmes fédéraux sont largement axés sur l'abordabilité. Autrement dit, on prête de l'argent à des constructeurs pour qu'ils bâtissent des logements à 80 % de la valeur marchande. Toutefois, cela fait en sorte que l'argent des contribuables prélevé par le gouvernement au moyen de l'impôt sert à construire des logements d'une chambre à 1 300 $ à Longueuil, ce qui m'apparaît absolument inacceptable, et des logements de deux chambres à 2 000 $ à Montréal. Nous payons collectivement, par l'entremise des taxes et de l'impôt, une partie de la construction de logements pour les riches.
Il ne suffit pas de construire des logements; il faut construire très précisément des logements qui sont abordables, que les gens pourront se payer. Il faut des logements à 600 $, 700 $ ou 800 $, des logements sociaux.
Comment règle-t-on ce problème, monsieur Sondhi?
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En ce qui concerne l'accessibilité du logement dans son ensemble, je partage certaines observations faites par M. Kavcic à ce sujet.
Je dirais qu'un moyen relativement rapide d'y remédier serait d'agir sur la demande. Nous pourrions ralentir la croissance démographique. Ces dernières années, la croissance démographique a été assez forte. Nous pourrions mettre en œuvre des mesures visant à ralentir la croissance démographique et à l'aligner davantage sur la demande fondamentale.
J'évoquerai également la productivité dans le secteur de la construction. Selon Statistique Canada, la productivité dans le secteur de la construction est inférieure à celle des autres secteurs. Je pense que ce phénomène n'est pas très bien étudié. Je consacrerais des ressources à l'étude de ce phénomène. Si nous parvenons à améliorer la productivité du secteur de la construction, nous pourrons augmenter l'offre de logements sans avoir à faire venir davantage de personnes.
Bien entendu, un autre pilier pour traiter la question de l'offre de main-d'œuvre serait, en fait, de faire venir plus d'individus. Cela nous aiderait à cet égard.
Voilà les leviers que j'actionnerais pour contribuer à l'accessibilité du logement. Je pense qu'ils porteraient leurs fruits.
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J'ai une question connexe.
Parmi les pays d'Europe qui se sortent le mieux de la crise du logement, on retrouve la Hollande, la France et l'Autriche. Comparativement au Canada, ces pays comptent une plus grande proportion de logements hors marché ou de logements publics. Je parle ici d'organismes sans but lucratif d'habitation, de vrais logements sociaux et de coopératives, par exemple.
En France, plus de 20 % de tout le parc locatif est composé de logements hors marché. Au Canada, ce pourcentage s'élève à moins de 5 %. Nous sommes donc vraiment loin du compte.
Je sais que le , avec qui j'ai discuté, a un objectif d'environ 8 %. Je ne sais pas s'il va l'atteindre dans la prochaine année, mais je trouve que cela manque d'ambition.
Pensez-vous que nous pourrions nous inspirer de ces pays et viser une plus grande part de logements hors marché dans notre parc locatif?
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Je pense que c'est une bonne chose, étant donné les problèmes d'accessibilité que nous rencontrons dans le contexte actuel.
Je note que le dernier budget fédéral a affecté des fonds à l'offre de prêts à faible coût pour les unités préfabriquées, les logements étudiants et autres, ainsi qu'à certains investissements dans le fonds pour le logement abordable, par exemple, ce qui montre qu'il y a une certaine évolution à cet égard.
Je pense que votre remarque est juste, mais j'ajouterai que mon expertise porte davantage sur d'autres types de mises en chantier, maisons individuelles, jumelées, en rangée et autres, et pas tellement sur les logements abordables, malheureusement.
J'aimerais m'adresser à Mme Young, s'il me reste assez de temps.
En septembre 2022, le Bureau de la défenseure fédérale du logement a publié une série de rapports de recherche qui explorent la tendance croissante des sociétés financières à utiliser le logement comme une marchandise pour accroître la richesse de leurs investisseurs. Les rapports confirment que ce phénomène, connu sous le nom de « financiarisation du logement », contribue à des hausses de loyer inabordables, à une détérioration des conditions de vie et à une augmentation du nombre d'expulsions. Ils notent que ce sont les groupes défavorisés, tels que les personnes âgées, les locataires à faible revenu, les personnes handicapées, les immigrants récents et les familles monoparentales, qui sont les plus touchés par ce phénomène. Ils estiment qu'environ un tiers de tous les logements pour personnes âgées au Canada ont été financiarisés, ainsi que 20 % à 30 % des immeubles construits expressément pour le marché locatif.
Tout d'abord, êtes-vous d'accord avec cette grille d'analyse? La situation actuelle vous préoccupe-t-elle? Quelles mesures politiques, s'il y en a, pensez-vous que le gouvernement fédéral devrait prendre à l'égard de sociétés telles que les sociétés de placement immobilier, les FPI, qui participent à la financiarisation du secteur résidentiel?
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J'ai publié un rapport au début de l'année dernière dans lequel nous disions que le gouvernement devrait fixer un objectif pour le logement social. Nous avons constaté qu'il y a un réel problème, en particulier pour les Canadiens qui ont des revenus fixes, qui n'ont pas les revenus du marché, et pour lesquels l'accessibilité au logement sera difficile, quelles que soient les politiques adoptées sur le marché. Nous pensons qu'il faut doubler la taille du parc de logement.
Lorsque nous employons le terme « logement social », toutes les parties sont concernées. Il faut le secteur privé. Il faut des organismes à but non lucratif. Les pouvoirs publics sont également concernés. Cependant, les rôles sont différents... et il existe des rôles distincts entre la fourniture du financement, s'il s'agit d'une construction ou d'une rénovation, et l'exploitation et la gestion à l'échelle de chaque immeuble.
Dans le secteur du logement social, par exemple, la Colombie-Britannique a connu une évolution très positive et le gouvernement fédéral s'est engagé dans cette voie. Il s'agit essentiellement de l'idée de créer un fonds d'acquisition de logements abordables. Nous avons beaucoup de logements vieillissants qui, s'ils sont améliorés et rénovés aux prix courants, auront probablement une plus grande valeur et des loyers plus élevés.
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D'accord. Il ne s'agit pas tant de savoir si je suis prêt, mais si le microphone est prêt, lui.
Il est désormais clair que le Canada traverse une crise du logement. Il s'agit désormais d'un problème à l'échelle nationale, et non plus d'un problème qui se limite à certains marchés immobiliers hors de prix comme ceux de la région du Grand Toronto et de Vancouver.
Il s'est passé beaucoup de choses pendant cette période. Une tempête parfaite s'est produite pendant la pandémie, avec des besoins en matière de logement qui ont évolué très rapidement. La réponse politique à la crise sanitaire a fourni une formidable puissance de feu pour permettre à de nombreux ménages d'acheter des maisons, du moins dans un premier temps. La Banque du Canada a réduit les taux d'intérêt.
Tous ces éléments ont réellement stimulé la demande de logements et provoqué une flambée des prix de l'immobilier. En l'espace de 24 mois, les prix des logements ont augmenté de plus de 50 % à l'échelle nationale. Lorsque l'inflation s'est vraiment réveillée, la Banque du Canada a procédé à une hausse historique des taux d'intérêt. L'augmentation des prix et des taux d'intérêt a eu un effet doublement négatif sur l'accessibilité du logement.
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un problème d'accès à la propriété qui touche de plus en plus de Canadiens. Nombre d'entre eux sont désormais poussés vers le marché de la location. Cela a créé une pression énorme sur les loyers, et les taux d'inoccupation ont atteint des niveaux historiquement bas. Il s'agit d'un problème très vaste et très compliqué, qui nécessitera donc un effort très concerté de la part de tous les ordres de gouvernement.
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Merci, monsieur le président.
Madame Young, j'aimerais vous lire un passage que vous avez cité au cours d'un balado, il n'y a pas très longtemps de cela. Je voulais m'assurer que vous approuviez cette citation, qui concerne précisément les gains en capital. Vous sembliez ne pas vouloir vous aventurer dans ces eaux, malgré les questions que M. Morantz vous posait. Vous l'avez fait auparavant, cependant, et je voulais confirmer que vous étiez toujours du même avis.
Vous parliez des gains en capital, et vous avez déclaré ce qui suit: « Et pourtant, il y a des mesures comme celle‑ci qui sont clairement punitives pour les investisseurs au Canada. Il s'agit donc d'un changement important. Et le signal ne plaît probablement pas à beaucoup de gens en ce qui concerne sa signification pour la compétitivité et l'agilité du paysage canadien ».
Approuvez-vous toujours ces commentaires?
J'espère que le débat sur la motion sera relativement rapide et que nous pourrons ensuite passer au vote et poursuivre ce que j'estime être d'excellents témoignages.
Bien entendu, au cours d'une discussion avec M. Yves Giroux, le directeur parlementaire du budget, nous avons entendu dire qu'il existe en fait un rapport qui, du moins selon les dires de M. Giroux, validerait ses conclusions selon lesquelles 6 Canadiens sur 10 paient davantage de taxe sur le carbone qu'ils n'en reçoivent.
Je dois souligner que les libéraux soutiennent qu'il s'agit de huit sur dix Canadiens, mais ils ne racontent que la moitié de l'histoire, comme c'est souvent le cas. Ce résultat de 8 sur 10 ne tient compte que des paiements financiers ou directs. Si l'on prend en compte les paiements économiques ou indirects... et qu'entendons-nous par là? Nous voulons parler des coûts que la taxe sur le carbone ajoute au transport routier des denrées alimentaires et aux dépenses des agriculteurs, des coûts qui finiront par se répercuter sur les consommateurs canadiens. Comme l'a dit M. Giroux, la plupart des Canadiens subiront une perte nette.
Bien sûr, il a fait une mise au point le 17, et lorsque le secrétaire parlementaire de la ministre des Finances lui a demandé comment il savait que ses chiffres étaient corrects, il a répondu qu'ils étaient les mêmes que les leurs, ce qui est assez révélateur.
Ensuite, au cours d'une excellente série de questions, M. Morantz lui a demandé de confirmer l'existence d'un tel rapport. Il a confirmé qu'un tel rapport existe, et il est allé jusqu'à dire qu'un bâillon l'empêchait de fournir l'analyse complète.
J'ai...
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Monsieur le président, je vous fais remarquer l'heure. La réunion touche presque à sa fin puisqu'il est 13 heures.
Je tiens également à souligner que, tout récemment, tous les partis se sont mis d'accord sur les travaux que le Comité réalisera à l'avenir, sur les questions que nous étudierons et sur la manière dont nous répartirons notre temps, et nous nous sommes entendus sur une motion de programmation. Pour ceux qui nous regardent à la maison, je précise que la motion de programmation définit essentiellement la manière dont nous allons passer notre temps et ce que nous allons étudier.
Étant donné que nous avons approuvé ce plan, j'estime que nous devrions demeurer concentrés et nous en tenir à ce plan. Je pense que la motion ajoute un nouveau sujet à débattre en ce moment ou à étudier de façon plus approfondie plus tard. Je ne crois pas que cette motion soit appropriée, étant donné que tous les partis sont parvenus à un accord à cet égard.
Cela dit, je propose que nous ajournions le débat.
(La motion est adoptée par 6 voix contre 5.)