Bienvenue à la réunion numéro 46 du Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du 10 mai 2022, le Comité se réunit afin d'étudier le projet de loi .
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les membres y assistent en personne dans la salle ou à distance au moyen de l'application Zoom. Conformément à la directive du Bureau de régie interne du 10 mars 2022, toutes les personnes présentes dans la salle de réunion doivent porter un masque, sauf les membres assis à leur place pendant les délibérations.
Je ferai quelques remarques à l'intention des témoins et des membres. Veuillez attendre que je vous nomme avant de parler. Pour les personnes qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez couper votre micro quand vous ne parlez pas. Pour l'interprétation, pour les personnes sur Zoom, vous avez le choix en bas de votre écran entre « parquet », « anglais » ou « français ». Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser l'écouteur et choisir le canal désiré. Tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Pour les membres qui se trouvent dans la salle, si vous souhaitez parler, veuillez lever la main. Pour les membres sur Zoom, veuillez utiliser la fonction « Lever la main ». Nous gérerons du mieux que nous pouvons avec le greffier l'ordre d'intervention. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard. Je demande aux membres et aux témoins de se traiter mutuellement avec respect et de faire preuve de courtoisie.
J'accueille maintenant les témoins de ce jour. De la Coalition of Canadian Independent Craft Brewers, nous avons Brad Goddard. De la Boating BC Association, nous avons Bruce Hayne, directeur exécutif. De Campagne 2000, nous avons Leila Sarangi, directrice nationale. De la Fédération québécoise des municipalités, nous avons Jacques Demers, président, et David Boulet, économiste à la section des politiques.
Nous allons commencer par les observations préliminaires de M. Goddard de la Coalition of Canadian Independent Craft Brewers.
Monsieur Goddard, vous disposez de cinq minutes au maximum.
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Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le comité aujourd'hui.
Je m'appelle Brad Goddard. Je suis président de la Coalition of Canadian Independent Craft Brewers, organisation qui représente 16 des principaux brasseurs artisanaux indépendants du Canada.
En 2021, sur les conseils du gouvernement, notre groupe a décidé de demander à MNP, grand cabinet d'experts-comptables national, de réaliser la toute première étude de l'impact économique de notre secteur manufacturier particulier. Sachant que nous ne pouvions pas dresser un tableau complet de l'état de la brasserie artisanale au Canada en interrogeant seulement nos quelques membres, nous avons pu faire concorder nos intérêts avec ceux de l'Association des microbrasseries canadiennes, association nationale relativement nouvelle qui représente 1 200 brasseurs artisanaux canadiens de l'ensemble du pays. Nous avons pu nous entendre sur la définition d'« artisanal » pour l'étude, ce qui n'était pas une mince affaire. Aux fins de cette étude conjointe, un brasseur artisanal est un brasseur canadien indépendant qui produit moins d'un million d'hectolitres par an. Un hectolitre égale 100 litres.
Notre étude a montré que les brasseries artisanales créent des emplois — en fait, quelque 17 340 emplois, sans vouloir être trop précis — dans des collectivités canadiennes petites et grandes. Pour ce qui est de l'emploi direct, les brasseries artisanales canadiennes représentent 96 % des emplois de l'industrie brassicole. Nos activités sont ce que nous appelons, de façon assez romantique, « admirablement inefficaces ». Il faut beaucoup de personnel pour fabriquer nos bières. Nous le faisons sans les avantages d'un approvisionnement mondial et sans les économies d'échelle des plus gros brasseurs. Autrement dit, notre secteur embauche seulement à l'échelle locale. Nous achetons aussi des intrants locaux, nous utilisons des entreprises de logistique locales et nous stimulons les économies qui se trouvent juste à notre porte.
Notre communauté de brasseurs nous dit qu'actuellement, il y a des obstacles non seulement à la croissance, mais aussi à la survie. Notre étude nous montre que la plupart des brasseries artisanales qui produisent moins de 10 000 hectolitres par an, ce qui est le cas pour la plupart, ne sont pas rentables. Si ces entrepreneurs peuvent survivre jusqu'à ce qu'ils atteignent les 20 000 hectolitres, leur brasserie deviendra alors rentable. Cependant, si vous ajoutez au moût une inflation galopante, notre bière perdra très vite ses bulles. Il ressort de nos recherches que le prix du malt, base de notre produit, a augmenté de 20 % à 50 % cette année; celui de l'aluminium, de 15 % à 20 %; et que les suppléments pour le carburant, nécessaire au transport des matières jusqu'à nous et à celui de nos bières jusqu'aux consommateurs, ont augmenté de 75 % à 100 %.
La réponse face à ces coûts serait normalement d'augmenter les prix, mais ce que nous voyons au Canada, c'est que le prix de la bière, notre boisson nationale, le luxe abordable dans les périodes difficiles, est relativement inélastique. Nos clients et nos consommateurs sont tellement pressurés qu'ils bloquent sur la bière et disent qu'ils ne peuvent pas se permettre de hausses de prix. D'après les statistiques les plus récentes de Bière Canada, le volume de bière vendu ne cesse de baisser, les Canadiens en buvant moins, et les prix stagnent, car les consommateurs refusent de payer plus.
Notre secteur connaît une croissance rapide et nous avons très peu de trésorerie disponible. Le peu que nous avons couvre à peine nos coûts qui augmentent rapidement. Notre étude examine bien des solutions pour aider notre secteur non seulement à survivre, mais aussi à prospérer. La réponse est de moderniser les tableaux de la taxe d'accise sur la bière. La taxe d'accise sur la bière est inchangée depuis les modifications apportées par le gouvernement en 2006. Les taux réduits entrés en vigueur le 1er juillet 2006 ont aidé une industrie brassicole prête à prendre son essor. À l'époque, il y avait 88 brasseries artisanales et la croissance était plafonnée à 75 000 hectolitres. Aujourd'hui, leur nombre a augmenté de plus de 1 000 %, pour passer à 1 200 brasseries artisanales, en majeure partie créées au cours des sept dernières années.
Alors, quelle est notre brillante idée? Limiter la taxe d'accise sur les volumes de bière inférieurs à 10 000 hectolitres et, ensuite, utiliser un barème progressif à mesure que les brasseurs indépendants investissent et adaptent leur entreprise à un nouveau plafond de volume d'un million d'hectolitres. Je comprends que faire passer le plafonnement relatif à la taxe d'accise de 75 000 à un million d'hectolitres représente un bond considérable, mais certains des plus grands marchés de la brasserie artisanale au Canada, comme la Colombie-Britannique, l'Alberta et la Saskatchewan, ont fixé le plafond de la brasserie artisanale à 400 000 hectolitres, ce qui a redonné un élan aux brasseurs ruraux dans de petites collectivités de ces provinces.
Pour atténuer le choc du prix affiché, le travail de MNP sur notre barème de taxe d'accise révisé montre que les recettes fiscales du gouvernement du Canada ne baisseraient que de 4 millions de dollars. Plus les brasseries artisanales se développent, plus nous embauchons, plus nous dépensons et mieux les collectivités canadiennes se portent.
Je sais que des secteurs qui s'apprêtent à payer la taxe d'accise pour la première fois ont témoigné devant le comité. Notre industrie a consenti des efforts considérables en ce qui concerne la taxe d'accise et, maintenant, le gouvernement doit choisir d'investir dans notre secteur pour nous aider à nous développer en cette période difficile.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie le comité de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui. Je ne pense pas que mes observations prendront la totalité des cinq minutes, mais je les formulerai en préparation à la discussion qui suivra.
Je m'appelle Bruce Hayne. Je suis directeur exécutif de la Boating BC Association qui représente plus de 300 entreprises du secteur de la navigation de plaisance en Colombie-Britannique. Je ne parle pas pour tous mes homologues au Canada, mais nous sommes certainement d'accord sur bon nombre des thèmes de discussion aujourd'hui.
Pour vous donner un contexte, 25 % du secteur canadien de la navigation de plaisance se trouve en Colombie-Britannique. Chaque année, notre chiffre d'affaires dépasse les 2,5 milliards de dollars dans la province. La navigation de plaisance représente plus de 20 000 emplois en Colombie-Britannique.
Tout d'abord, nous sommes opposés à la taxe sur les bateaux de plaisance de plus de 250 000 $. Voilà plus de deux ans que nous en discutons sur la Colline du Parlement. Nous sommes venus ici il y a un peu plus de deux ans, en janvier, en pleine tempête de neige. Nous estimions à l'époque que la taxe de 10 % sur les produits de luxe était la pire chose qui puisse arriver à notre secteur.
Nous étions loin de nous douter alors que six ou sept semaines plus tard, la pandémie nous tomberait dessus. Depuis, pour donner un exemple, notre association n'a pas pu organiser le Salon nautique international de Vancouver, qui accueille chaque année 30 000 visiteurs au centre BC Place. Ce salon représente plus de 70 % des revenus de notre association.
En fait, comme je l'ai dit, nous sommes opposés à la taxe. Elle ne marche nulle part où elle a été essayée, que ce soit en Espagne, en Italie, en Nouvelle-Zélande ou en Asie du Sud-Est. Les taxes sur les bateaux de plaisance se soldent par un échec lamentable, et elles sont abrogées partout dans le monde où on les a essayées.
Cette taxe ne vise pas à demander aux riches de payer un peu plus. L'argument semble très accrocheur et, de prime abord, logique, mais cette taxe nuit en fait aux emplois de la classe moyenne. Elle nuit aux emplois manufacturiers, aux concessionnaires et aux intermédiaires. Elle nuit aux emplois dans les marinas où les bateaux sont entreposés, aux ateliers de réparation et à l'hôtellerie. En ce qui concerne le secteur manufacturier, par exemple, rien qu'en Colombie-Britannique, plusieurs grands fabricants vont devoir réduire la voilure. Un des fabricants a même cessé de fabriquer au Canada pour se rabattre sur les États-Unis.
Par ailleurs, cette taxe est foncièrement injuste. Il n'est pas proposé, par exemple, de taxe sur les produits de luxe sur les autocaravanes de luxe, contrairement à ce qui arrive pour les bateaux de plaisance. Nous ne comprenons tout simplement pas pourquoi cette taxe cible une industrie particulière.
Ensuite, il y a l'économie bleue. Le gouvernement a déclaré que l'économie bleue — autrement dit, l'économie des océans, sur la côte Est comme sur la côte Ouest — jouera un rôle fondamental dans notre relance économique au lendemain de la COVID‑19. En vérité, cette taxe contredit cette déclaration.
Il y a tellement de gens qui ne peuvent tout simplement pas se permettre d'avoir une résidence secondaire ou une propriété riveraine en Colombie-Britannique ou ailleurs au Canada. Pour beaucoup de personnes et beaucoup de familles, avoir un bateau de plaisance, c'est avoir un semblant de propriété riveraine. Ils passent du temps sur l'eau en famille tous les week-ends, et c'est leur résidence secondaire.
Beaucoup de gens s'imaginent, évidemment, qu'un bateau de 250 000 $, c'est peut-être un yacht de luxe. Ce n'est pas le cas. À 250 000 $, il s'agit d'un bateau de sport. Ou d'une embarcation de pêche avec laquelle sortent le père et son fils ou dont profite la famille le week-end. Ce sont des activités récréatives auxquelles tellement de familles sont attachées.
Nous savons que le gouvernement tient à mettre en oeuvre cette taxe, et nous nous y opposons, comme je l'ai dit, depuis plus de deux ans. Nous y sommes foncièrement opposés. Cependant, nous comprenons que, selon toute vraisemblance, elle sera appliquée. Nous allons donc demander quatre choses si tel est bien le cas.
Premièrement, nous demandons une exonération de taxe pour tous les contrats signés avant l'entrée en vigueur de la loi, quelle que soit la date de livraison.
À l'heure actuelle, les livraisons au détail effectuées et enregistrées avant le 1er septembre 2022, et les contrats conclus avant le 31 décembre 2021, seraient exonérées, mais à cause des ruptures de chaîne d'approvisionnement, ces bateaux ne se matérialiseront pas au Canada avant deux ans. Nous demandons une exonération de taxe pour tout contrat légitime conclu avant la mise en oeuvre.
Deuxièmement, nous demandons que la taxe s'applique sur le prix net du bateau, pas sur le prix brut, ce qui est, pour tout dire, la façon dont les voitures et les bateaux sont vendus aujourd'hui. Si vous achetez une voiture de 50 000 $ et que vous avez une reprise de 20 000 $, la TPS ou la TVH est évidemment calculée sur les 30 000 $ nets. Or, tel n'est pas le calcul proposé pour cette taxe.
Troisièmement, nous souhaitons une exonération de taxe pour les entreprises qui achètent des bateaux destinés à la location. À l'heure actuelle, selon le libellé du projet de loi, tout bateau de plaisance ayant un poste à quai — autrement dit, ayant une place — se verra appliquer la taxe. Cela signifie, par exemple, que les maisons flottantes sur la rivière Shuswap, à l'intérieur de la Colombie-Britannique, ou les bateaux de pêche affrétés, entre autres, qui ont des postes à quai devront payer la taxe. Nous estimons que c'est injuste.
Enfin, nous aimerions exclure la taxe sur les produits de luxe de la TVH, ou de la TPS dans le cas de la Colombie-Britannique. D'après le projet de loi actuel, elle s'ajouterait au prix final taxe sur les produits de luxe incluse, ce qui reviendrait à ajouter une taxe à la taxe.
Je crois que j'ai dépassé mon temps de parole.
Je vous remercie.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant le comité aujourd'hui pour parler du projet de loi .
Je m'appelle Leila Sarangi et je suis directrice nationale de Campagne 2000, qui est une coalition de plus de 120 organisations qui s'attachent à mettre fin à la pauvreté infantile et familiale.
Aujourd'hui, au Canada, plus d'un enfant sur six vit dans la pauvreté. Le budget de 2022 prévoit des mesures qui sont très importantes pour ces enfants et ces familles: les soins dentaires pour les enfants, à partir de cette année, et de nouveaux investissements dans le principe de Jordan afin de promouvoir un accès équitable aux services pour les enfants des Premières Nations. Les investissements d'infrastructure dans le logement et les garderies, s'ils sont bien conçus et ciblés, finiront aussi par aider les enfants et les familles à faible revenu, mais ce ne sera pas avant des années. Aujourd'hui, les familles marginalisées et à faible revenu restent aux prises avec la pauvreté et les effets continus de la pandémie.
Nous savons que ce budget vise à tourner la page des soutiens du revenu aux particuliers. Je concentrerai mes observations sur ce point aujourd'hui, car ces soutiens sont essentiels pour les familles que je représente.
Le 7 mai, il y a un peu plus d'une semaine, toutes les prestations de revenu aux particuliers liées à la pandémie ont cessé. Cela comprend la Prestation canadienne pour les travailleurs en cas de confinement, la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique et la Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants. Les conditions d'admissibilité à l'assurance-emploi mises en place à titre temporaire cesseront de s'appliquer le 25 septembre prochain, et la réforme permanente du régime promise ne figure pas dans le budget. Nous n'avons pas encore tourné la page de la pandémie et le virus continue de circuler et d'infecter des personnes, mais il n'y a plus de soutiens du revenu pour celles qui doivent s'isoler ou s'occuper de membres de leur famille.
En outre, le budget de 2022 ne fait aucune mention du recouvrement punitif de prestations de revenu qui ont été versées à des familles à revenu faible ou moyen. Ces recouvrements ont commencé presque immédiatement pour les bénéficiaires de prestations d'aide sociale ou de prestations d'invalidité. Les déclarations de revenus produites l'an dernier ont déclenché d'autres recouvrements sur les versements effectués au titre du Supplément de revenu garanti et de l'Allocation canadienne pour enfants, ainsi que sur différentes prestations provinciales et territoriales. En juillet prochain, il devrait y avoir une autre série de recouvrements sur les crédits d'impôt remboursables, y compris d'autres recouvrements sur l'Allocation canadienne pour enfants, programme qui est, nous le savons, essentiel pour sortir les enfants de la pauvreté.
Je veux être très claire sur ce point: ces recouvrements sont préjudiciables et punitifs. Dès le début de la pandémie, nous avons recueilli des témoignages montrant comment les prestations de revenu aident les personnes à faible revenu à subvenir à leurs besoins fondamentaux. Les personnes s'approvisionnaient localement et soutenaient les économies locales par leurs achats. Nous recueillons des témoignages sur le choc causé par ces recouvrements qui étaient inattendus. Ces familles n'ont pas la résilience financière nécessaire pour faire face à des réductions imprévues ou pas de leurs budgets mensuels — des budgets calculés au centime près tellement les moyens sont limités, surtout en ce moment avec la hausse de l'inflation et du coût de la vie.
À présent, le gouvernement cherche à obtenir des remboursements de Prestation canadienne d'urgence et de Prestation canadienne de relance économique. Service Canada et l'Agence du revenu du Canada ont envoyé des lettres. Il y a déjà des saisies de 50 % sur les prestations de maternité de jeunes mères. Nous croyons savoir que des modalités de remboursement souples sont proposées au cas par cas, ce qui est gentil, mais même un remboursement mensuel de 25 $ signifie que des familles sautent un repas, se privent de médicaments ou ne paient pas une facture d'Internet pour faire ce paiement.
Les recouvrements sur le Supplément de revenu garanti auprès des personnes âgées à faible revenu ont été annulés, un allégement des remboursements a été accordé aux travailleurs autonomes et les étudiants bénéficient d'un allégement partiel. Aujourd'hui, nous recommandons ce que nous appelons une « amnistie totale sur la PCU ». Cela comprend l'arrêt immédiat des poursuites engagées contre les personnes vivant avec des revenus faibles ou moyens pour obtenir des remboursements de la PCU ou de la PCRE; le rétablissement par une mesure législative des prestations de revenu liées à la pandémie à raison de 500 $ par semaine jusqu'à ce que l'assurance-emploi soit modifiée; le remboursement de tous les montants de prestation perdus pour les personnes bénéficiant de la PCU et de la PCRE; et des prestations d'aide sociale et d'invalidité suffisantes moyennant une augmentation des investissements dans le Transfert social canadien, augmentation liée à des normes d'adéquation et à des mécanismes de reddition de comptes.
Je vous remercie de votre attention. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Bonjour, tout le monde.
Je suis très fier d'être ici aujourd'hui pour discuter avec vous du budget fédéral.
Je m'appelle Jacques Demers, et je suis maire de Sainte‑Catherine‑de‑Hatley, préfet de la municipalité régionale de comté, ou MRC, de Memphrémagog et président de la Fédération québécoise des municipalités, ou FQM.
Je suis accompagné de M. David Boulet, conseiller économique de la FQM. Je partagerai mon temps de parole avec ce dernier.
Je vais maintenant vous expliquer brièvement ce qu'est la Fédération.
La FQM représente plus de mille municipalités du Québec, soit 1025. C'est l'organisation municipale qui représente le plus de municipalités à l'échelle provinciale. La FQM représente les régions, les territoires et le monde rural. Beaucoup de choses se passent en matière de développement économique dans les MRC.
Ce que nous voulons montrer aujourd'hui, c'est l'importance du budget pour ce qui est des investissements dans nos structures. De belles étapes ont été franchies par le Québec récemment, et il va en franchir d'autres au cours des prochains mois, notamment sur le plan de l'accès à Internet. Il faudra aussi se pencher sur la question du réseau cellulaire. Nous devrons investir dans beaucoup d'infrastructures importantes, comme des routes et des barrages.
Je vais maintenant céder la parole à M. Boulet, qui vous parlera d'éléments de nature un peu plus technique.
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Je vous remercie, monsieur Demers.
Bonjour, membres du Comité.
Le monde rural a certainement ses particularités. Chacune des régions du Québec est unique. Les besoins en investissements sont différents en région, et les politiques publiques doivent être adaptées en conséquence.
On constate souvent un sous-investissement dans l'infrastructure et dans les services en région. C'est aussi, semble-t-il, toujours un peu plus difficile de convaincre les pouvoirs publics d'investir dans les secteurs à faible densité de population. Aujourd'hui, nous cherchons à vous montrer l'importance de ces investissements, que ce soit en matière d'infrastructure ou de changements climatiques.
Le budget fédéral inclut des mesures intéressantes pour les régions du Québec. En habitation, par exemple, l'annonce d'un investissement de plus de 11 millions de dollars pour la création de logements abordables est une bonne nouvelle pour le développement des régions. Toutes les initiatives qui visent à augmenter le nombre de logements méritent d'être soulignées. Toutefois, plusieurs défis demeurent en ce qui a trait au déploiement de ces mesures. La cohésion entre les deux paliers de gouvernement, soit le palier provincial et le palier fédéral, sera essentielle pour la réussite du déploiement de cette démarche.
Le problème lié au logement est devenu critique depuis quelques années. Ce n'est plus un problème limité aux villes et aux zones urbanisées. Les régions du Québec sont aux prises avec plusieurs défis liés à l'habitation. Il n'est pas seulement question de logement social ou abordable, mais bien de loger des travailleurs et des nouveaux arrivants. C'est encore plus important dans le contexte de la pénurie de main-d'œuvre. Le manque de logements empêche aussi certaines régions de profiter pleinement de l'engouement actuel pour les régions du Québec, qui était en croissance avant la pandémie de COVID‑19 et qui s'accélère depuis le début de la pandémie.
Le budget fédéral inclut aussi de nouvelles sommes pour le développement économique régional. Un montant de 1,5 milliard de dollars est destiné aux agences de développement, en vue de soutenir la relance économique. Nous saluons cette initiative.
Je vais maintenant parler des priorités de la FQM qui ne se retrouvent pas nécessairement dans le budget, mais qui sont cruciales pour le développement des régions du Québec.
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Je vais répondre à votre question et mon collègue voudra peut-être compléter ma réponse par la suite.
Le problème de l'accès aux terrains existe en effet, mais l'emploi est également une source de problèmes. On parle du logement, mais présentement, surtout en ce qui concerne les régions, les entreprises sont à la recherche d'employés. Elles en cherchent de tous les côtés pour assurer leur fonctionnement. Or, il faut loger ces gens, mais nous n'avons pas de logements à leur offrir à un prix abordable. En fait, il n'y a tout simplement pas de logements, à l'heure actuelle, peu importe la catégorie.
Il faut trouver des façons de régler cette question, parce que le risque important auquel doivent faire face les régions est de perdre ces entreprises. Celles-ci risquent en effet de partir, dans certains cas pour de plus grands centres. Cela constitue une énorme difficulté.
Quand nous réussissons à attirer une entreprise dans un milieu rural, le défi consiste à la retenir par la suite. Le logement fait directement partie du problème. Il faut donc trouver des solutions à cet égard et des façons de s'adapter. Aussi bien au Québec qu'au Canada, nous avons fait le choix d'occuper notre territoire. Or, nous sommes peut-être en train de perdre des morceaux importants. Il va falloir considérer ce que cela implique sur le plan économique. Quand on parle de la rétention des entreprises, il y a une distinction à faire entre ce qui se passe dans les grands centres et ce qui se passe en région.
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Je vous remercie beaucoup.
Dans les régions, la pénurie de main-d'œuvre et l'absence de grands promoteurs en matière de logement sont effectivement des problèmes.
Cela étant dit, le budget de 2022 fait état de trois mesures qui, je pense, seront très intéressantes pour nos communautés rurales.
Premièrement, des fonds sont prévus pour accélérer la construction de logements, ce qui va contribuer à soutenir les processus municipaux de planification et d'exécution des programmes de logement.
Deuxièmement, l'Initiative pour la création rapide de logements va être prolongée.
Enfin, des fonds sont consacrés aux coopératives d'habitation.
Ces trois programmes représentent sept milliards de dollars.
Comment le Québec pourra-t-il obtenir sa part d'une façon qui lui permettra de gérer ses programmes efficacement?
Selon vous, quels sont les défis qui se posent à cet égard?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je salue tous les témoins.
Je les remercie d'être avec nous aujourd'hui. Je les remercie aussi de leurs présentations, qui sont très intéressantes.
Mes questions s'adressent à MM. Demers et Boulet, de la Fédération québécoise des municipalités.
Monsieur Demers, vous êtes le maire d'une magnifique municipalité. Mon bon ami Jean‑Claude Germain y habite. C'est toujours un plaisir pour moi de lui rendre visite.
Vous avez parlé de défis concernant les routes et les barrages, qui sont très présents dans ma région aussi. Même si l'accès à Internet se concrétise, l'accès à la téléphonie cellulaire représente aussi un défi. Pour des raisons de sécurité, il est très important d'avoir accès à ce type de service.
Monsieur Boulet, vous semblez avoir un peu manqué de temps dans votre présentation pour parler, notamment, des infrastructures. Je vous laisse le temps de compléter votre présentation et je vous poserai mes questions par la suite.
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Je vous remercie beaucoup.
En ce qui concerne la question des infrastructures, les membres de la FQM ont adopté une résolution, à son assemblée générale annuelle tenue à la fin de 2021, qui demande davantage d'investissements dans l'infrastructure municipale provenant des deux paliers de gouvernement. Ce qui revient souvent dans nos revendications, c'est le fait que le financement doit être prévisible et flexible. M. Demers en a parlé, il y a quelques années, au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
Les membres de la FQM demandent aussi que les initiatives de planification des municipalités soient utilisées comme critères pour les choix en matière d'investissements, plutôt que d'avoir des catégories fixes et parfois restreintes qui empêchent les investissements dans des infrastructures cruciales telles que les bâtiments municipaux, les casernes de pompiers, les garages municipaux et les barrages. Ces demandes de la FQM sont récurrentes, et nous les avons invoquées dans le cadre du Programme de la taxe sur l'essence et de la contribution du Québec, ou TECQ. Ce programme est financé par le Fonds pour le développement des collectivités du Canada.
Le programme arrivera à échéance en 2023, c'est donc une excellente occasion de concevoir un nouveau programme qui va s'appliquer à davantage de types d'actifs, dont ceux mentionnés précédemment, et qui va permettre un financement sur une plus longue durée. Le programme de la TECQ est un bon exemple d'un programme adapté à la réalité des municipalités. Il suffit de l'améliorer en le rendant plus flexible et en le prolongeant.
Pour terminer, j'ajouterais un mot sur l'adaptation aux changements climatiques, qui a aussi un lien avec l'infrastructure. Les municipalités sont aux premières loges pour observer les changements climatiques, et elles sont aussi les premières à devoir s'y adapter. Le gouvernement du Canada doit donc être partenaire des municipalités pour les aider à s'adapter aux changements climatiques, et il doit faire des investissements importants en ce sens.
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Je reviens évidemment à la question de la couverture cellulaire, parce que je crois que ce sera notre prochaine grande bataille. Les gens pensent qu'au Québec, le réseau cellulaire est accessible partout, mais c'est faux. Il y a des trous dans la couverture cellulaire à plein d'endroits, même près des grands centres. Cela ne concerne pas toujours les régions très éloignées.
Il faut établir une cartographie très précise des régions. C'est l'erreur que nous avions faite au début en ce qui concerne l'accès à Internet. En effet, plusieurs partis nous avaient promis de régler ce dossier, mais la cartographie n'était pas faite ou n'était pas précise. Il faut donc s'occuper de cette première étape. Il va falloir que le fédéral investisse là-dedans, parce que c'est une responsabilité fédérale. Nous avons réussi, tout le monde ensemble, à régler la question de l'accès à Internet, mais la couverture cellulaire demeure un grand défi.
En ce qui concerne l'aspect de la sécurité, des tragédies se sont produites dans différentes régions. Plusieurs trous dans la couverture cellulaire se trouvent le long des grandes routes, des endroits qui, à première vue, ne semblent pas problématiques. Cela met des vies en péril. Cela n'a pas de sens que, encore aujourd'hui, sur l'autoroute, les usagers soient privés du réseau cellulaire. Je pense que nous sommes capables de passer à une autre étape. Pour cela, il nous faut une cartographie beaucoup plus précise des régions et ensuite un déploiement du réseau cellulaire. Il faut choisir les endroits où l'on veut régler ces problèmes et avancer.
J'aimerais revenir à la question de l'amnistie sur la PCU dont Mme Sarangi a parlé dans ces observations préliminaires.
Grâce à certaines dispositions du projet de loi, il sera plus facile au gouvernement de poursuivre des citoyens pour une dette relative à la PCU dont il réclame le paiement. Plus tôt en comité, j'ai demandé au gouvernement combien il comptait récupérer, c'est‑à‑dire à la fois ce qu'il estimait qu'on lui devait et ce qu'il pensait pouvoir récupérer. Je vais vous faire part d'une petite partie de sa réponse. Peut-être qu'en tant qu'experte en la matière, vous pouvez nous aider à y comprendre quelque chose.
À ma surprise, le gouvernement a répondu, pour ce qui est du montant qu'il s'estime en droit de réclamer au titre de la PCU, que « comme les vérifications a posteriori ont été reportées à janvier 2022, les résultats à présenter sont limités en ce qui concerne le volume et le montant du trop-payé et du recouvrement au titre de la PCU ».
Je trouve cela curieux, parce que vous savez — et je crois que vous l'avez dit dans votre témoignage, madame Sarangi — que le gouvernement a envoyé un certain nombre de lettres. Je ne sais pas si vous avez une idée de la quantité de lettres envoyées, mais je sais qu'à un moment donné, il en avait envoyé plus de 400 000 pour demander à des Canadiens de rendre de l'argent. Je suppose qu'il sait combien de lettres il a envoyées, le contraire serait désolant. Je suppose aussi qu'il a une idée du montant qu'il réclame aux destinataires de ces lettres. Je trouve curieux qu'on n'ait pas essayé de le quantifier.
Le gouvernement déclare qu'il va poursuivre son travail pendant les quatre prochaines années et qu'il sera rendu compte des résultats à mesure. Cependant, il déclare aussi avoir annoncé dans l'Énoncé économique de l'automne 2020 une enveloppe de 260 millions de dollars sur quatre ans « afin d’accroître la capacité de détecter, d’enquêter et de traiter les cas de fraude ou de fausse déclaration liés à la Prestation canadienne d’urgence ».
Le gouvernement ne sait pas combien on lui doit ou combien il veut recouvrer, mais il sait que cela vaut la peine de dépenser au moins 260 millions de dollars pour récupérer cet argent, quel qu'en soit le montant.
Je me demande si vous avez réagi comme moi à ces réponses et si, travaillant avec des personnes qui sont directement touchées par les tentatives vigoureuses du gouvernement pour recouvrer ces sommes, vous pouvez nous aider à comprendre si cela vaut vraiment la peine de chercher à récupérer cet argent.
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Monsieur le président, merci de cette question.
Je crains que le gouvernement ne connaisse pas le montant. Il ne sait pas combien on lui doit ou combien qu'il espère recouvrer, et en même temps, il ne pense qu'à l'argent en poursuivant des personnes.
Pour ce qui est de la première série de lettres envoyées en décembre 2021 — 441 000 lettres —, nous savons qu'elles étaient destinées à des personnes à faible revenu, racialisées et autochtones et à des personnes handicapées, à des personnes qui ont perdu leur emploi. Nous savons qu'environ 75 % des prestations de la PCU sont allées à ces communautés et à ces personnes. Comme la PCU était plus générale que l'assurance-emploi, nous savons que des femmes racialisées occupant des emplois précaires ont pu toucher la PCU quand elles n'avaient pas accès à l'assurance-emploi. Quand nous parlons de recouvrer des paiements, nous parlons en fait de communautés qui sont déjà marginalisées à bien des égards.
Je crains aussi que le gouvernement cherche à recouvrer cet argent sans s'être vraiment informé auparavant. Nous avons demandé aux gens quelles seront les conséquences pour eux et comment ils se sentent quand ils reçoivent ces lettres ou qu'ils doivent rembourser. Ils utilisent des termes comme « anéanti », « traumatisé », « faillite » et « à deux doigts de l'itinérance ». Ils disent s'inquiéter vraiment de ne pas pouvoir prendre soin de leurs enfants et redouter que les services d'aide à l'enfance interviennent s'ils ne sont pas en mesure de bien s'occuper de leurs enfants.
Ce sera préjudiciable pendant longtemps. J'ai mentionné qu'en juillet, il y aurait d'autres recouvrements, mais le fait que ces recouvrements se feront sur plusieurs années, les retombées, les gens qu'on traumatise de nouveau, tout cela est très préoccupant.
De notre côté, nous essayons d'obtenir une copie des lettres pour trouver les questions similaires et le montant dû qu'on annonce aux destinataires. Nous avons beaucoup de mal à obtenir ces renseignements. Même quand on traite les cas individuellement, il est plus difficile d'arriver à une évaluation plus générale.
Comme vous, je suis très préoccupée et inquiète. Je ne crois pas qu'il y aura beaucoup à recouvrer auprès de familles qui sont déjà endettées et qui utilisent déjà leurs marges de crédit et leurs cartes de crédit. Les arriérés de loyer ont été collectés. Il y a des gens qui remboursent encore des prêts étudiants. Les gens n'ont rien pour rembourser quoi que ce soit. Je ne crois donc pas cela en vaille la peine, mais nous savons que l'opération coûtera des centaines de millions de dollars au gouvernement fédéral.
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Un autre élément de la réponse du gouvernement qui me semble curieux est qu'il se dit prêt à travailler en collaboration avec les familles, individuellement, sur des modalités de remboursement. Nous savons, bien sûr, que dans certains cas, nous parlons de familles qui n'ont aucune marge de manœuvre dans leur budget. Si nous parlions de quelque chose qu'elles peuvent se permettre, ce serait peut-être 5 $ par mois ou quelque chose de cet ordre.
Le gouvernement dit que « cette approche permet à EDSC et à l'ARC de tenir compte de la situation financière particulière de chaque personne, contrairement à une amnistie qui ne tiendra peut-être pas compte des difficultés financières de chacun ». Personnellement, je trouve que...
Vous savez, en cas de fraude délibérée, il existe des règles. Il y a toute une infrastructure qui interdit la fraude. Il est toujours illégal de frauder. Des dispositions supplémentaires ont été adoptées pendant la pandémie pour rendre la fraude — comment dire —, plus illégale, je suppose, mais en la combattant en tout cas directement. Il existe une procédure pour poursuivre les personnes qui ont fraudé délibérément. Or, nous parlons d'une catégorie plus vaste qui pourrait inclure des personnes qui ont demandé des prestations de bonne foi, en pensant réellement y avoir droit, qui connaissaient de réelles difficultés financières à cause de la pandémie et qui, dans certains cas, se sont fait dire par des députés ministériels ou par des fonctionnaires de l'ARC de présenter une demande et de déterminer plus tard si elles étaient admissibles.
Évidemment, elles n'ont pas pu le déterminer plus tard. On leur a donné l'impression qu'elles avaient droit aux prestations et elles n'étaient pas en mesure de conserver ces sommes sur un compte. Elles demandaient les prestations parce qu'elles étaient désespérées à ce moment‑là, étant donné les circonstances de la pandémie.
Comment une amnistie répond-elle à cette préoccupation?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mes questions s'adressent toujours à MM. Demers et Boulet.
Au cours des derniers mois, au Comité et à la Chambre, nous avons beaucoup étudié la question de l'explosion du prix de l'immobilier et du manque de logements. Le gouvernement dit souvent que, s'il n'y a pas assez de logements, c'est parce que le processus lié aux projets des municipalités est trop lent. Vous pouvez trouver ces propos dans le hansard. C'est pratiquement un leitmotiv du gouvernement fédéral.
Cela se reflète également dans le plus récent budget. En somme, la ministre y annonce que, pour s'assurer que les municipalités fassent construire suffisamment de logements, le gouvernement va lier le financement des infrastructures, notamment en matière de transport en commun, aux mesures prises par les provinces, les territoires et les municipalités pour accroître l'offre de logements.
Quelle est votre opinion à ce sujet?
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Je vais commencer à répondre et je laisserai ensuite la parole à M. Goulet.
Les gouvernements remettent souvent le problème entre les mains des municipalités, tout en leur disant que le processus est trop lent. Toutefois, ce que demandent sans cesse les municipalités, c'est d'avoir de la prévisibilité.
Le gouvernement fédéral nous dit que, cette année, il a de l'argent et qu'il est prêt à investir. Il nous demande alors pourquoi les projets ne se réalisent pas.
Il faut comprendre que le processus de réalisation d'un grand projet prend plusieurs années. Nous devons parler de zonage et d'aménagement de notre territoire. Il faut planifier le lancement d'un tel projet. Il faut aussi en discuter avec la population. Nous avons des obligations à respecter pour ce qui est du changement de zonage. La population a le droit de s'exprimer à propos de chacun de ces éléments.
Quand le gouvernement fédéral ou provincial décide soudainement de fournir du financement, cela ne fonctionne pas.
C'est pour cette raison que nous préférons un modèle comme celui du Programme de la taxe sur l'essence, par exemple. Cette taxe s'applique sur une base quinquennale, ce qui permet de la prévisibilité. Il est possible d'utiliser les fonds dès les premières années et de les rembourser ensuite. C'est le genre d'initiative qui fonctionne.
Il faut que les choses soient prévisibles. Ces grands projets sont tellement lourds qu'il est difficile de les réorienter du jour au lendemain. Si nous pouvons évaluer à l'avance les terrains et la question du zonage, puis d'en discuter avec la population, nous arriverons à un résultat. Sinon, tous les paliers de gouvernement peuvent continuer à se lancer la balle. Quand nous en arriverons aux dernières étapes, les gens diront que les coûts de construction explosent et que la main-d’œuvre n'est pas disponible.
Il faut avoir des systèmes en place. Nous aurions pu prévoir le problème de logements. On dirait que tout le monde en a pris conscience dans la dernière année, plus que jamais.
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Je vous remercie pour cette réponse.
En passant, si je me fis à ce que je vois dans ma circonscription de Simcoe Nord, je peux vous dire que la plupart, sinon la totalité des locations de motels — les établissements de motel traditionnels — ne sont plus des séjours à court terme. Ils comblent un vide sur le marché, car il y a non seulement une pénurie de logements locatifs, mais une pénurie de logements abordables. Je comprends parfaitement les histoires que vous entendez à travers le pays. Je le vis dans ma propre circonscription.
Pour en revenir au sujet pour un instant, plus l'inflation perdure, plus les personnes à revenu fixe, y compris les personnes âgées, mais aussi celles qui ont une famille, éprouvent des difficultés. Selon la Banque du Canada, l'inflation nuit surtout aux personnes à faible revenu. Je pense que c'est la raison pour laquelle nous devons être très attentifs à cette question.
Je suis aussi sensible à l'idée que le gouvernement va s'en prendre aux personnes qui n'ont pas la capacité de payer et qu'il va dépenser beaucoup d'argent dans cette entreprise. Je suis reconnaissant à mon collègue, M. Blaikie, d'avoir révélé combien d'argent le gouvernement a l'intention de dépenser.
Je ne veux pas vous mettre sur la sellette, mais de façon générale, qu'éprouvez-vous, ou comment réagissez-vous quand vous entendez combien d'argent le gouvernement va dépenser pour essayer de récupérer ces sommes auprès de personnes à faible revenu?
Par ailleurs, il y a des situations où le gouvernement ne récupère pas l'argent, que ce soit par rapport aux « Panama Papers ». Les noms de 900 personnes ont été communiqués au gouvernement, mais il n'y a pas eu de condamnation pénale. Ils espèrent récupérer peut-être 20 millions de dollars. Ils n'ont effectué que 200 vérifications. Il y a ce groupe d'individus. Il y a aussi ces grandes sociétés auxquelles nous avons versé des milliards et des milliards de dollars sans condition et qui ont ensuite versé des dividendes à leurs actionnaires. Le gouvernement semble avoir beaucoup d'argent pour subventionner le prix des actions de personnes morales dans tout le pays, mais lorsqu'il s'agit de personnes aux revenus les plus faibles, votre organisation se voit dire par le gouvernement: « Eh bien, nous allons dépenser 200 millions de dollars pour leur courir après ». Quels sentiments cela évoque-t‑il chez vous?
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Madame Sarangi, je vous félicite pour le travail que vous avez accompli. Un enfant ou une personne dans la pauvreté est une personne de trop.
Lorsque je me suis engagé en politique, c'était en 2015, et j'étais toujours… En ce qui concerne l'efficacité de groupes comme le vôtre, même dans ma province d'origine, ils ont toujours trouvé une porte ouverte et une oreille attentive et ils ont accompli des choses formidables.
L'allocation pour enfants a eu un effet énorme. Nous aurons des services de garde à 10 $ par jour. Je sais qu'il n'y a pas de statistiques à ce sujet, mais la nouvelle est très bien reçue. Il y a les soins dentaires. Encore une fois, la réforme de l'assurance-emploi sera utile, je pense, surtout là d'où je viens, où nous avons une réelle saisonnalité et de nombreux travailleurs étrangers temporaires pourront désormais devenir des résidents permanents.
Un élément toujours oublié dans les conversations est celui des personnes âgées en situation de pauvreté. Notre gouvernement a augmenté le SRG de 10 %, mais pouvez-vous nous parler un peu de ce que sera la prochaine…? Vous avez dit qu'il n'y a pas de solution miracle, mais quelle est votre vision de la pauvreté au Canada? Sur quoi le gouvernement devrait‑il se pencher?
Monsieur le président, je vais maintenant m'adresser à M. Goddard.
J'ai un assez grand nombre de microbrasseries artisanales à l'Île‑du‑Prince-Édouard et quelques-unes dans ma circonscription, monsieur Goddard, et j'ai toujours de la difficulté avec… Comme nous l'avons entendu au cours des dernières années, en ce qui concerne le rachat de microbrasseries par de grandes sociétés…
Vous avez parlé de la taxe d'accise, ce qui est bien — c'est évidemment un enjeu —, mais les microbrasseries de l'Île‑du‑Prince-Édouard produisent environ 3 000 à 4 000 hectolitres par an. Celle qui est probablement la plus grande du Canada atlantique, que je considère comme une microbrasserie, produit environ 15 000 hectolitres par an. C'est la ventilation de la représentation de ces brasseries.
Nous parlons de brasseries qui se développent dans ces collectivités et qui sont des microbrasseries locales. Où se situe la barre? Comment distinguez-vous les grandes des petites, quand nous savons que les marges bénéficiaires de certaines des plus grandes brasseries sont de 60 à 70 %?
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Je vous remercie de la question, monsieur St-Marie.
Je commencerais par vous parler de la taxe sur l'essence, dont il est souvent question. On nous a dit à plusieurs reprises que l'on ferait une utilisation beaucoup plus large de cette taxe, notamment pour les casernes de pompiers, les hôtels de ville, et ainsi de suite. Toutefois, il faudrait aussi, à tout le moins, inclure les barrages.
Parmi les répercussions les plus graves du réchauffement climatique, je pense aux inondations majeures qui sont survenues sur notre territoire en 2017 et en 2019, particulièrement au Québec. Il y en aura d'autres; ce n'est qu'une question de temps.
Il faudrait mettre en place des mesures de prévention, parce que certaines petites municipalités n'ont pas les moyens de renforcer leurs barrages ni les moyens ou le droit d'utiliser des fonds provenant du Programme de la taxe d'essence et de la contribution du Québec pour entretenir ces barrages.
Il faut, bien sûr, penser à l'entretien des routes, des bâtiments municipaux ou des installations de distribution d'eau, mais pourquoi ne pas prévoir des mesures qui nous permettraient de gérer les situations d'urgence? Il me semble que c'est logique. Nous ne demandons pas des sommes supplémentaires. Nous demandons qu'il y ait de la souplesse pour l'utilisation des fonds. Sinon, il faudrait se demander si la gestion de ces barrages devrait relever davantage de l'État ou d'un autre ordre de gouvernement.
Il faudrait, au minimum, nous permettre d'avoir accès à ces fonds. Nous grossissons nos ponceaux, nous procédons à divers autres travaux. Nous savons qu'il faut faire preuve de résilience. Nous connaissons les répercussions du réchauffement climatique, mais il faut aussi protéger nos voisins, particulièrement ceux qui se trouvent en aval de notre région. Or, il faut gérer l'écoulement des eaux pour éviter une montée trop rapide du niveau des eaux.
Il y a beaucoup d'investissements dans nos infrastructures, mais il faudrait faire preuve de souplesse en matière de financement.
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Comme je l'ai dit, nous savons tous que ces augmentations inflationnistes ont des conséquences réelles pour les personnes à faible revenu.
Les prestations dont vous avez parlé — le crédit pour la TPS et d'autres — seront susceptibles d'être récupérées si nous n'avons pas d'amnistie générale. Je précise que ces prestations seront saisies auprès de personnes à qui l'on demande de rembourser la PCU et la PCRE pour compenser les paiements dus.
Je tiens à insister sur l'accessibilité des prestations. Les gens doivent remplir leur déclaration de revenus pour toucher des prestations. Nous sommes reconnaissants des mesures proposées par votre parti. Nous devons aussi tenir compte des personnes qui ne produisent pas de déclaration de revenus ou qui se heurtent à des obstacles pour obtenir certaines prestations.
Très brièvement, je vais parler de l'Allocation canadienne pour enfants. Elle est liée au statut d'immigrant. Une personne qui se trouve au Canada en attente de la décision de l'immigration pour s'installer ou pour obtenir son statut d'immigration peut travailler, payer ses impôts et cotiser au système, et parfois même avoir des enfants nés au Canada, mais cette personne n'est pas admissible à l'allocation parce que celle‑ci est arbitrairement liée à son statut d'immigration.
Nous devons examiner tous ces programmes et veiller à ce que les personnes qui subissent une marginalisation multiple et systémique y aient accès. Les programmes doivent comporter un minimum d'obstacles. Ils doivent être accessibles aux familles. Lorsque nous réussirons à joindre les personnes les plus éloignées, nos programmes ne laisseront personne derrière.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Hayne, en ce qui concerne la taxe de luxe, l'une des choses qui me surprend, et c'est assez choquant que ce soit le cas, c'est que ce gouvernement taxe systématiquement les taxes.
L'un des principes qui sous-tendent le droit fiscal dans le monde entier est que nous taxons l'augmentation de la richesse. Si quelqu'un s'en sort bien, nous le faisons contribuer en retour à la société, mais il n'y a absolument aucune raison, en droit fiscal ou autrement, de taxer une taxe. Cette personne est déjà pénalisée. Par exemple, la TVH est facturée sur la taxe sur le carbone, ce qui n'a aucun sens — ou je l'ai dit à l'envers, mais vous saisissez mon point.
L'une des raisons pour lesquelles le ministère des Finances a dit qu'il procédait ainsi est que le calcul est trop difficile pour lui. Serait‑il trop difficile pour vos membres de calculer la différence entre l'imposition de la taxe de luxe sur la TVH, ou vos membres seraient-ils en mesure de la calculer, puisque le gouvernement n'y arrive pas?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hayne, j'aimerais préciser quelque chose. Tout au long de cette séance, vous avez évoqué la taxe de luxe ou répondu à des questions à ce sujet. Je pense que vous avez laissé entendre plus tôt que si des gens achetaient leur bateau aux États-Unis, ils pourraient éviter la taxe. D'après ce que j'ai compris, je pense que pour éviter la taxe, un citoyen canadien devrait non seulement acheter le bateau aux États-Unis, mais aussi le garder et l'immatriculer là‑bas. Est‑ce ainsi que vous comprenez la situation?
Il me semble que cela signifie qu'une entreprise qui déménage aux États-Unis pour vendre des bateaux à des Canadiens, une éventualité qui a été évoquée plus tôt, je crois, dans la discussion avec l'un des membres… Même un fabricant de bateaux basé aux États-Unis serait toujours exposé à la taxe s'il vendait à des Canadiens. Autrement dit, il n'y a aucun moyen d'éviter la taxe. Il n'y a pas d'échappatoire, sauf si un Canadien est prêt à acheter le bateau aux États-Unis, puis à le garder et à l'immatriculer là‑bas.
Est‑ce ainsi que vous comprenez la situation?