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Je déclare la séance ouverte.
Permettez-moi de vous dire tout d'abord que je suis ravi de voir toute l'équipe et tous nos collègues. J'espère que vous avez passé un été agréable et que vous avez pu passer du temps avec votre famille et vos amis et rencontrer vos électeurs tout au long de l'été.
Je suis peut-être un peu partial, mais je disais justement au greffier et à d'autres personnes que notre comité est probablement celui qui travaille le plus fort sur la Colline. Vous devriez vous féliciter du nombre de réunions que nous avons tenues — plus de 60 réunions — au cours de la dernière session. Je sais que nous aurons une session très chargée.
Bienvenue à la 57e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité se réunit pour discuter de l'état actuel du fédéralisme fiscal au Canada.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon un format hybride. Conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021, les députés participent en personne dans la salle ou à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais formuler quelques commentaires à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent à la réunion par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro et le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. En ce qui concerne l'interprétation, les participants qui utilisent Zoom ont le choix, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Les personnes qui sont dans la salle peuvent utiliser l'écouteur et sélectionner le canal souhaité.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Les membres du Comité qui se trouvent dans la salle sont priés de lever la main s'ils souhaitent prendre la parole. Ceux qui participent par Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». Le greffier et moi allons gérer l'ordre des interventions du mieux que nous le pouvons. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Allez‑y, monsieur Beech.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, honorables sénateurs. Merci beaucoup de m'avoir invité.
Je suis ravi d'avoir l'occasion de vous parler d'une nouvelle idée, de proposer la création d'une nouvelle institution fédérale qui, je crois, répondrait aux défis du fédéralisme fiscal dans le contexte de la crise climatique et de l'urgence d'effectuer une transition économique.
Je m'adresse à vous depuis les territoires non cédés des nations de Musqueam, des Squamish et des Tsleil-Waututh, autrement dit depuis Vancouver.
Comme on l'a déjà mentionné, je suis le chef d'équipe de la Climate Emergency Unit. Je suis également l'auteur du livre intitulé A Good War: Mobilizing Canada for the Climate Emergency, que la plupart d'entre vous ont reçu, je crois, car avant les dernières élections, un lecteur enthousiaste de Kingston l'a acheté et en a envoyé un exemplaire à tous les députés.
Mon livre s'articule autour des leçons tirées de la mobilisation historique du Canada pendant la Seconde Guerre mondiale — une menace existentielle antérieure —, que j'applique à l'urgence climatique. Bien sûr, dans toute cette mobilisation visant à contrer le fascisme, il y a 80 ans, il a fallu composer avec des différences politiques, les défis que pose la Confédération canadienne, des difficultés financières extraordinaires et une réorganisation de l'économie — à deux reprises, en fait —, et toute une main-d'œuvre a dû être recrutée et formée. En effet, aussi difficile que soit la transition à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui pour faire face à la crise climatique, la tâche que nous avions entreprise à l'époque était sans doute plus grande.
Bien entendu, la comparaison n'est pas parfaite. Or, je fonde mon espoir sur ce rappel historique et je m'en inspire à un moment où nous sommes à nouveau confrontés à la nécessité de réorganiser notre économie et à une menace pour la civilisation, et à un moment où l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants est encore une fois profondément mis en danger. L'histoire de la Seconde Guerre mondiale nous rappelle que nous sommes capables de réaliser une transformation extraordinaire lorsque nous nous montrons à la hauteur de la tâche de notre vie.
Je crois comprendre que le député Daniel Blaikie a demandé à ce que je sois invité ici aujourd'hui. Il voulait que je vienne parler en particulier d'une idée contenue dans le livre qui concerne le fédéralisme fiscal en ce moment important de notre histoire, à savoir l'idée d'un nouveau transfert fédéral, que j'appelle le transfert pour une transition équitable dans le contexte de l'urgence climatique. Hier, j'ai fourni au greffier un court document qui porte sur cette idée afin qu'il vous soit distribué, mais il doit probablement être traduit.
Je dois dire que l'idée de ce nouveau transfert découle d'une discussion que j'ai eue avec le président de l'Alberta Federation of Labour, Gil McGowan, lorsque je l'ai rencontré en entrevue pour mon livre. Il faisait valoir, à juste titre, que la Confédération doit tenir compte du fait que certaines régions du Canada — notamment les provinces productrices de pétrole — ont plus de travail à faire en matière de transition énergétique et économique pour faire face à la crise climatique. Il a résulté de cette discussion, à notre avis, une solution novatrice.
Tout d'abord, pourquoi avons-nous besoin d'un nouveau transfert? À la Climate Emergency Unit, nous parlons des six indicateurs d'urgence, des indicateurs de politique clés qui montrent qu'un gouvernement est véritablement en « mode urgence ». Les deux premiers sont que, premièrement, le gouvernement dépense autant qu'il le faut pour gagner et, deuxièmement, il crée de nouvelles institutions économiques pour faire le travail. Un troisième indicateur pertinent pour le sujet qui nous occupe, c'est l'engagement à ne laisser personne pour compte.
Le problème, c'est que bien que le gouvernement fédéral a commencé à prendre des mesures concrètes pour combattre les changements climatiques, il ne fait toujours pas ce qui correspond à ces indicateurs. Nous essayons encore de gagner au moyen d'incitatifs, et je crains que cela ne fonctionne pas. Nous ne sommes pas en voie d'infléchir la courbe de nos émissions de GES au rythme nécessaire. Nous ne dépensons pas autant qu'il le faut pour gagner. Nous ne créons pas de nouvelles institutions transformatrices pour accomplir la tâche. Et, chose frustrante, nous n'avons pas encore fait de contre-offre convaincante aux milliers de personnes qui s'inquiètent, à juste titre, de ce que cette transition signifie pour leurs emplois et leurs moyens de subsistance.
Pour faire face à l'urgence climatique, le Canada doit faire une offre audacieuse et pleine d'espoir aux travailleurs et aux collectivités dont l'emploi et la sécurité économique sont liés à l'industrie des combustibles fossiles ou, dans une moindre mesure, aux secteurs de l'automobile, de l'acier et du béton, ou de l'agriculture, qui sont tous confrontés à d'importants défis de transition, ainsi qu'aux communautés autochtones qui se trouvent aux premières lignes de l'extraction des combustibles fossiles.
Comme beaucoup l'ont affirmé, et comme le gouvernement fédéral actuel l'a promis, nous avons besoin d'une loi sur la transition équitable. Toutefois, il faut que cette loi s'accompagne d'un investissement substantiel dans les emplois de l'avenir afin que la promesse d'une transition équitable ne soit pas creuse.
Je crois qu'un nouveau transfert fédéral pour une transition équitable dans le contexte de l'urgence climatique pourrait être lié au financement de projets d'infrastructure climatique qui créeraient des milliers d'emplois, ainsi que de formations. Un tel transfert pourrait constituer un mécanisme permettant de renouveler la Confédération tout en faisant face à la crise climatique.
Le transfert devrait faire en sorte qu'au moment de nous lancer dans cette grande transformation, nous pourrions dire aux milliers de personnes qui travaillent actuellement dans l'industrie des combustibles fossiles qu'aucune d'entre elles ne se retrouvera sans emploi et que nous avons besoin de leur aide pour affronter cette période. Il s'agirait aussi de leur dire que leurs compétences et leurs forces seront déployées dans la construction de projets d'énergie renouvelable, la rénovation de bâtiments, la construction de trains à grande vitesse et de transports en commun, le renouvellement des infrastructures existantes pour les rendre plus résilientes aux conditions météorologiques extrêmes, et la gestion de nos forêts pour réduire les risques d'incendie dans les années à venir.
Comment le tout devrait‑il être structuré? Je pense que le nouveau transfert devrait s'élever à au moins 25 milliards de dollars par année, ce qui représente environ 1 % du PIB du Canada. Il pourrait et devrait permettre de financer une grande partie de l'infrastructure climatique dont nous aurons besoin dans les années à venir. Le transfert répondrait à un problème de la Confédération concernant les changements climatiques, à savoir que la plupart des infrastructures climatiques nécessaires relèvent logiquement de la compétence provinciale, municipale ou autochtone — énergie, transport, logement —, mais c'est le gouvernement fédéral qui a la plus grande capacité de payer.
Deux caractéristiques distingueraient ce transfert de la plupart des autres transferts fédéraux. Premièrement, contrairement à la plupart des transferts qui répartissent le financement en fonction de la population, celui‑ci pourrait être distribué selon une formule liée aux récentes émissions de GES dans chaque province, mais fixe à partir de là afin de ne pas favoriser de façon perverse l'augmentation des GES. Ce faisant, on tiendrait compte du fait que des provinces comme l'Alberta, la Saskatchewan et Terre‑Neuve‑et‑Labrador ont une tâche plus difficile à accomplir pour assurer la transition de leurs économies locales. Par exemple, l'Alberta, qui produit actuellement 38 % des émissions de GES du Canada, recevrait 38 % de l'argent des transferts, soit beaucoup plus que la proportion de sa population.
Deuxièmement, plutôt que de verser les fonds de ce transfert aux gouvernements provinciaux, on les remettrait à des agences de transition équitable nouvellement créées. Il y en aurait une dans chaque province et chaque territoire et elles seraient gouvernées conjointement par le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, territoriaux et locaux et les nations autochtones de chaque province. De plus, des représentants de la société civile siégeraient également aux conseils d'administration. Cela garantirait que les fonds ne soient pas simplement absorbés dans les budgets provinciaux ou utilisés pour remplacer d'autres fonds d'infrastructure ou de formation. Cela permettrait de s'assurer que l'argent est utilisé aux fins prévues.
Des modèles de structures de gouvernance conjointes de ce type existent déjà au Canada, comme les administrations portuaires. Il se peut qu'on doive faire un transfert distinct directement aux communautés autochtones, mais l'avantage de structurer le transfert autour d'agences locales comme celles‑là, c'est que cela donne l'assurance que les projets entrepris tiennent compte des réalités et des besoins de chaque endroit. Chaque province a son profil d'émissions de GES, son propre marché du travail et ses besoins en formation. Ce modèle permettrait de tenir compte de ces différences.
Il y a une longue liste de projets valables qu'un tel transfert pourrait servir à financer. L'essentiel, c'est que le transfert représente de l'argent réel pour une transition réelle et de nouveaux emplois, et non de vagues assurances et les habituelles fausses promesses d'une transition équitable. Une telle innovation pourrait constituer le pivot d'un plan de transition global qui soit équitable.
Merci. Je serai ravi de répondre à vos questions.
Comme certains collègues l'ont déjà mentionné, c'est agréable de voir tout le monde.
Je dis un grand merci au personnel qui s'est rassemblé ici.
Merci à M. Klein d'être venu aujourd'hui et de s'être fait cuisiner par le Comité pendant une heure, ce qui, j'en suis sûr, est un plaisir tout à fait particulier.
Je voudrais revenir sur une partie de la discussion que M. Lawrence a lancée sur l'économie. Il a dit que la richesse est générée par la production réelle et la production de choses tangibles dans l'économie, et je suis d'accord avec cela. Il pourrait être en désaccord, notamment avec les partisans du bitcoin et d'autres cryptomonnaies, qui misent sur une valeur purement spéculative qui ne s'appuie en rien sur l'économie réelle ou la production réelle. Il pourrait vouloir vérifier s'il connaît quelqu'un qui est partisan de cela et ce qu'il pense de ses propos à ce sujet.
Bien sûr, l'autre élément essentiel de l'économie est la demande. Vous avez déjà parlé de certains des progrès réalisés par les autres pays du G7 dans la réduction de leurs émissions. Ils prévoient d'autres réductions d'émissions, ce qui signifie une réduction de la demande au fil du temps de la part des personnes auxquelles nous entendons certains députés dire que nous devrions vendre notre pétrole et notre gaz, surtout en ce moment.
Pouvez-vous nous parler un peu de ce que cela signifie pour le Canada, en ce moment, de structurer son économie pour répondre à ce qui pourrait être une demande transitoire et, en fin de compte, aller là où nos alliés s'éloignent? Quels types de production réelle et de valeur le Canada peut‑il utiliser pour produire de la richesse pour nous tous en allant là où s'en va la rondelle en ce qui a trait à l'économie énergétique mondiale?
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Je m’appelle Steven Staples et je suis directeur national des politiques et de la défense des droits à la Coalition canadienne de la santé. Je suis accompagné de Keith Newman, membre de notre conseil d’administration et économiste.
La Coalition canadienne de la santé a été fondée en 1979 dans le but de défendre et d’améliorer le régime public d’assurance-maladie au Canada. Elle est composée de travailleurs de la santé de première ligne, de syndicats, de groupes communautaires et d'experts.
Je suis ravi de m’adresser à vous pour vous parler de la situation actuelle du fédéralisme fiscal au Canada. Le volet que j’aimerais aborder ici est celui des dépenses publiques dans le secteur de la santé. Aujourd’hui, nous aimerions faire trois recommandations au gouvernement par l’intermédiaire de votre comité: premièrement, le gouvernement fédéral doit s’opposer à une dépendance accrue à la prestation, à but lucratif, de services de santé; deuxièmement, le gouvernement fédéral doit augmenter les fonds versés aux provinces et aux territoires, tout en assurant la reddition de comptes et l'obtention de résultats par rapport à chaque dollar dépensé dans le secteur de la santé; troisièmement, le gouvernement fédéral doit mettre en œuvre les programmes en santé promis depuis si longtemps, particulièrement le régime national et universel d’assurance-médicaments.
Maintenant, exposons chaque recommandation plus en détail. La Coalition canadienne de la santé est très inquiète par rapport à certaines déclarations et actions de la part de premiers ministres, notamment le fait que certains ont l’intention de verser davantage de dollars publics aux fournisseurs privés et à but lucratif de soins de santé. Bien que ces mesures concernent leur province ou territoire respectif, le gouvernement fédéral ne doit pas jouer le rôle de spectateur. Le gouvernement fédéral doit exprimer clairement et fortement son opposition à ce tournant à but lucratif, et il doit agir en utilisant les outils à sa disposition pour défendre le régime public d’assurance-maladie. Cela commence en appliquant plus efficacement les principes et les conditions de la Loi canadienne sur la santé qui régit le financement versé aux provinces par l’intermédiaire du Transfert canadien en matière de santé, ou TCS.
L’impasse dans laquelle se retrouvent le gouvernement fédéral et les provinces et les territoires, relativement aux modes de financement, les empêche d’agir en toute urgence pour régler la crise à laquelle les patients, les familles et les travailleurs de la santé sont confrontés.
Nous appuyons la demande de tous les ordres de gouvernement d’augmenter le financement en santé. Le gouvernement fédéral devrait augmenter le financement offert aux provinces et aux territoires. Toutefois, les dollars fédéraux ne devraient pas être versés sans condition, et nous nous attendons à une reddition de comptes de la part des provinces et des territoires. Les premiers ministres ne devraient pas utiliser les dollars fédéraux versés pour la santé pour des dépenses non liées aux soins de santé — par exemple, des réductions d’impôt ou remboursements de taxe — et, de toute évidence, ils ne devraient pas réduire leurs dépenses de santé après avoir reçu davantage d’argent du fédéral.
En sus d’une augmentation du financement par l’intermédiaire du TCS, le gouvernement fédéral doit travailler avec les provinces pour assurer de meilleurs résultats pour les personnes du Canada, et cela peut se faire en mettant en œuvre de nouveaux programmes universels promis depuis longtemps, notamment le régime national d’assurance-médicaments. Ce régime en particulier permettrait d’économiser en réduisant le coût des médicaments qui, actuellement, représente une dépense aussi grande en santé que celle liée aux médecins. De plus, un régime public et universel d’assurance-médicaments va diminuer la pression sur notre système, car lorsque toutes les personnes ont accès aux médicaments sur ordonnance, les urgences se vident.
Finalement, nous aimerions suggérer que la porte de sortie de cette crise se trouve dans les engagements du gouvernement dans le cadre de son entente avec le NPD. L’entente de soutien et de confiance comprend quatre engagements importants relatifs à la santé: régime public de soins dentaires, régime universel d’assurance-médicaments, investissements dans le secteur de la santé et soins de longue durée sécuritaires. La plupart, pour ne pas dire tous, vont exiger la coopération entre les gouvernements fédéral et provinciaux.
Si le tout est négocié de concert avec un engagement à augmenter le TCS, comme le demandent les provinces, nous pouvons voir le potentiel de « grand marchandage » en santé. Le gouvernement augmenterait ainsi le financement en santé, en échange de la collaboration des provinces et des territoires par rapport aux nouveaux programmes, comme le régime national d’assurance-médicaments. Une partie de ce marchandage doit mettre l’accent sur l'objectif de bâtir le système public de soins de santé, au lieu d'augmenter les effets corrosifs de la prestation à but lucratif.
Je vous remercie d'avoir invité la Coalition canadienne de la santé à témoigner aujourd'hui. Nous sommes impatients de répondre à vos questions.
Le Syndicat canadien de la fonction publique est le plus important syndicat du Canada. Il compte plus de 700 000 membres. Les membres du SCFP sont très fiers d'offrir des services de qualité aux collectivités de l'ensemble du Canada. Ils travaillent dans un large éventail de secteurs de l'économie, notamment les soins de santé, l'éducation, les municipalités, les bibliothèques, les universités, les collèges, les services sociaux, les services publics, les services d'urgence, les transports et les compagnies aériennes.
Pour tous nos membres, la pandémie a mis en évidence de nombreux systèmes sous-financés, inadéquats ou carrément absents. Ces travailleurs ont maintenant besoin que des mesures soient prises. Qu'il s'agisse de notre système de soins de longue durée défaillant, qui autorise encore les exploitants à but lucratif et les mauvaises conditions de travail, ou du système d'assurance-emploi inadéquat, nous avons besoin que des changements substantiels soient apportés pour mieux servir les travailleurs qui assurent la prestation de services dont nous dépendons tous.
Pour assurer la réussite des nouveaux programmes tels que l'entente sur les garderies, un programme national d'assurance-médicaments ou une transition équitable, il est nécessaire que le gouvernement fédéral fasse preuve d'un leadership remarquable et octroie un financement important.
Je reconnais que l'idée d'emprunter dans le contexte actuel serait considérée comme une mesure inflationniste par la Banque du Canada et entraînerait donc une nouvelle hausse des taux d'intérêt. Cependant, le gouvernement fédéral a réduit les impôts des sociétés et des riches au cours des 20 dernières années, ce qui signifie que nous disposons d'une marge de manœuvre importante en ce qui concerne l'augmentation de ces impôts.
Le taux d'imposition des grandes entreprises rentables a été réduit, passant de 27 % en 2000 à 15 % en 2007. Le taux d'inclusion des gains en capital a également été abaissé, passant de 75 % à 50 %. À titre d'information pour les députés et les téléspectateurs, les gains en capital sont des revenus provenant de la vente d'un actif, comme un bien immobilier, autre que votre résidence principale, ou des actions. Les gains en capital sont traités différemment des revenus d'emploi. C'est l'une des façons dont notre système fiscal privilégie la richesse par rapport aux revenus. Le taux d'inclusion des gains en capital est utilisé pour calculer la partie du bénéfice qui est considérée comme un revenu aux fins de l'impôt. Les recherches nous montrent que 90 % de cet avantage profitent aux 10 % des Canadiens ayant les revenus les plus élevés.
Stephen Harper a également procédé à des réductions importantes de la capacité fiscale du gouvernement fédéral, en réduisant la TPS de deux points de pourcentage avant la récession de 2008. Ensemble, les compressions budgétaires sous Jean Chrétien, Paul Martin et Stephen Harper ont fait chuter les revenus du gouvernement fédéral, en les faisant passer de 18 % du PIB en l'an 2000 à 14 % en 2010. Sous le gouvernement actuel, ce pourcentage a légèrement augmenté afin de s'établir à 15 %. À titre de référence, je précise que 1 % du PIB représente environ 24 milliards de dollars. En dollars courants, cela représente une somme importante.
Cela a laissé un trou énorme dans le budget fédéral et a eu un effet d'entraînement sur les budgets provinciaux. Lorsque Stephen Harper a réduit la TPS, il a laissé entendre que les provinces pourraient facilement récupérer les recettes perdues en augmentant les taxes de vente provinciales, mais les gouvernements provinciaux se sont heurtés à une réaction négative aux urnes lorsqu'ils ont tenté de le faire, et ils n'ont réussi qu'à maintenir le statu quo en ce qui concerne la part du PIB attribuable aux recettes fiscales. Il est beaucoup plus facile pour le gouvernement fédéral d'augmenter les recettes que pour les gouvernements provinciaux, qui doivent faire face à une véritable concurrence en ce qui concerne le prix des taxes dans les provinces ou les territoires voisins.
Résultat: les gouvernements provinciaux assument une part de plus en plus importante de la totalité des dépenses publiques du Canada, sans aucune source de revenus supplémentaires pour financer les services essentiels qu'ils fournissent. Si les revenus fédéraux retournaient aux niveaux de 2000, le gouvernement fédéral toucherait au moins 50 milliards de dollars supplémentaires par an pour financer des services publics élargis. Nous reconnaissons qu'il est essentiel de prévoir des conditions solides pour garantir qu'il s'agit d'un financement supplémentaire et non d'un simple remplacement de ce que les provinces dépensent déjà.
C'est particulièrement vrai pour les soins de santé, qui sont menacés de privatisation accrue. Nous avons besoin d'avoir des normes nationales robustes qui régissent la façon dont les provinces et les territoires sont autorisés à dépenser ces fonds. Le SCFP veut s'assurer que les provinces et les territoires ne puissent pas utiliser les fonds du Transfert canadien en matière de santé pour payer des services de santé privatisés, y compris les services offerts par des établissements médicaux à but lucratif et les soins à but lucratif fournis par des systèmes de soins de santé virtuels.
Enfin, les municipalités possèdent ou contrôlent environ 60 % des infrastructures de base du Canada. Elles devraient avoir le financement et l'autorité nécessaires pour les gérer et les entretenir publiquement. Le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle important à cet égard en abandonnant le mandat actuel de privatisation de la Banque de l'infrastructure du Canada. La banque remplirait mieux son rôle auprès du public si elle accordait la priorité au financement direct visant à aider les gouvernements locaux à construire des infrastructures publiques.
Merci beaucoup.
La pandémie a relancé les appels à des changements majeurs dans le fédéralisme fiscal canadien, et ce, dans presque tous les camps. La motion actuellement à l'étude préconise assurément une réforme des enjeux actuels.
Je pense qu'il est important de faire un retour en arrière et de reconnaître que le fédéralisme fiscal canadien est incroyablement éloigné de ce que le système devait être il y a près de 150 ans. Au cours des dernières années, le gouvernement fédéral a eu tendance à augmenter les transferts aux provinces pour les aider à faire face aux problèmes croissants liés au système de santé. Le problème, c'est qu'en agissant ainsi, on occulte l'obligation de rendre des comptes et on permet à l'ordre de gouvernement qui touche le plus de revenus, en l'occurrence le gouvernement à Ottawa, d'exercer un contrôle sur les choix que peuvent faire les décideurs provinciaux.
Dans un article que j'ai rédigé lorsque j'étais inscrit au programme de doctorat de l'Université de Toronto, nous avons parlé des dangers de ce que nous avons appelé « l'embrouillement ». C'est l'idée selon laquelle, si un ordre de gouvernement a le pouvoir d'imposer les sociétés et les particuliers pour financer des programmes, ce gouvernement a une responsabilité constitutionnelle envers un autre ordre de gouvernement. En permettant que différents ordres de gouvernement financent et gèrent des programmes sociaux, les Canadiens perdent à bien des égards la capacité de tenir l'ordre de gouvernement approprié responsable des défaillances du système lorsque ces défaillances surviennent.
Nous connaissons les problèmes de financement qui existent depuis des décennies dans le cadre du fédéralisme fiscal canadien. La Commission Rowell-Sirois, qui en 1940 a formulé des recommandations sur l'état du fédéralisme fiscal, a noté qu'il y avait un déséquilibre important entre la capacité de générer des revenus et les responsabilités en matière de dépenses du gouvernement fédéral et celles des gouvernements provinciaux. Je pense que nous pouvons prendre en considération le fait qu'en 1937, lorsque la commission a été créée, le gouvernement fédéral générait des revenus représentant le double de ceux de tous les gouvernements provinciaux réunis. La Commission Rowell-Sirois a recommandé des réformes radicales qui, pour la plupart, n'ont jamais été adoptées. Nous nous sommes retrouvés avec un réseau complexe de paiements de transfert aux provinces effectués par le gouvernement fédéral. Le fédéralisme fiscal canadien est défectueux à bien des égards.
À l'époque de la fondation du Canada, les provinces ont été chargées de s'occuper de questions telles que les soins de santé et l'éducation. Ces questions étaient considérées comme plus mineures à l'époque. Cependant, ces coûts ont explosé, ce qui a entraîné une explosion des dépenses à l'échelle provinciale, comme un grand nombre de gens l'ont mentionné, mais en fin de compte, le pouvoir d'imposition se situe toujours à Ottawa. Pour financer efficacement ces programmes, mais aussi pour permettre une plus grande responsabilité, le gouvernement fédéral devrait envisager de transférer des points d'impôt aux gouvernements provinciaux afin qu'ils puissent percevoir des recettes, les dépenser, puis rendre compte aux électeurs de la façon dont cet argent a été dépensé.
Le statu quo en matière de péréquation a également besoin d'être réformé. Les contribuables de certaines provinces ont fini par envoyer de l'argent à d'autres provinces, sans obtenir grand-chose en retour. Il s'agit encore une fois d'une question de reddition de comptes. Les provinces qui reçoivent des paiements de péréquation ne sont pas suffisamment incitées à s'améliorer. Le programme est injuste pour de nombreuses provinces, et pas seulement pour l'Alberta. Nous avons remarqué, par exemple, que Terre-Neuve-et-Labrador a été considérée comme une province « nantie », mais qu'en même temps, elle a reçu un renflouement détourné de 5,2 milliards de dollars de la part du gouvernement fédéral. Ce programme a également découragé le développement des ressources dans les provinces autres que celles qui ont utilisé ces revenus, lesquels ont ensuite été transférés aux autres provinces dans le cadre du calcul de la péréquation.
En fin de compte, la Fédération canadienne des contribuables, qui existe depuis plus de 30 ans maintenant, croit que la reddition de comptes est l'une des responsabilités les plus importantes que l'on puisse avoir dans un gouvernement. Si nous voulons que le gouvernement fournisse d'importants services de santé, d'éducation ou autres, il faut que les électeurs, lorsqu'ils se rendent aux urnes, soient en mesure de tenir les politiciens responsables du respect ou non de leurs priorités, qu'il s'agisse de soins de santé, de soins de longue durée ou d'autres enjeux.
De toute évidence, la pandémie a certainement suscité une discussion sur le degré approprié de participation du gouvernement aux soins de santé, sur la prestation des soins de santé et sur les questions relatives aux soins de longue durée, et j'estime que toutes ces conversations peuvent avoir lieu. Cependant, le danger majeur que nous avons affronté au Canada au cours des dernières décennies, c'est le fait qu'un gouvernement envoie de l'argent à un autre ordre de gouvernement sans imposer un niveau de responsabilité adéquat et sans être tenu responsable de ces transferts aux urnes. Si les électeurs ne peuvent pas tenir l'ordre de gouvernement approprié responsable des problèmes qui affligent notre système de soins de santé, eh bien, voilà ce qui mène aux nombreuses déficiences que nous observons aujourd'hui.
Je terminerai en disant que nous pensons qu'il est absolument essentiel que l'ordre de gouvernement qui fournit les services soit le même que celui qui les finance et que ce gouvernement puisse être tenu responsable des erreurs et des problèmes qui surviennent dans ces secteurs. Ce n'est pas le cas en ce moment, et c'est un problème que nous devons rectifier.
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Je demanderai à mon collègue, Keith Newman, d'intervenir brièvement à ce sujet. À titre d'économiste, il pourrait avoir des observations à formuler.
J'avoue être d'accord avec M. Goldberg, car le problème vient du fait que les provinces ont réussi à jouer un petit jeu de blâme et à pointer le gouvernement fédéral du doigt dans des domaines qui relèvent de leur responsabilité. Je pense que le gouvernement fédéral et ont, avec raison, rejeté ce blâme au cours de l'été à la suite des réunions des premiers ministres tenues à Victoria, faisant valoir qu'ils accordent un financement substantiel et s'attendent à observer des résultats. Ils n'étaient pas d'accord avec les chiffres.
Notre système de soins de santé moderne actuel n'était même pas envisagé en 1867. Même s'il relève principalement des provinces, il s'agit d'une responsabilité partagée. Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans ce domaine. Il le joue surtout au moyen de la loi phare qui encadre les transferts de plusieurs milliards de dollars, soit la Loi canadienne sur la santé, dont les cinq principes visent à prévenir au pays le genre de balkanisation et de disparités qu'engendreraient, selon moi, certaines des mesures que M. Goldberg propose.
Nous savez, je suis originaire du Nouveau-Brunswick, lequel participe à un projet national. Nous voulons que la Loi canadienne sur la santé fasse en sorte que les services de soins de santé soient accessibles et abordables dans toutes les régions du pays. Le gouvernement fédéral joue un rôle essentiel à cet égard.
Alors oui, le gouvernement fédéral transfert des fonds. Au fil des ans, il a conclu des ententes avec les provinces, mais il a le droit, je pense, de réclamer des comptes et de vérifier qu'il obtient des résultats au titre du Transfert canadien en matière de santé et, au moins, à celui des cinq principes de la Loi canadienne sur la santé. En outre, une interdiction doit être imposée sur la surfacturation et les frais modérateurs. Nous devons renforcer la Loi canadienne sur la santé, mais aussi instaurer des programmes spéciaux pour les programmes de soins de santé comme ceux qui existent dans les domaines des soins dentaires et des garderies et que nous espérons voir dans celui de l'assurance-médicaments, où les résultats des fonds fédéraux sont garantis. Je pense que c'est ce que les Canadiens veulent de plus en plus.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par quelques commentaires avant de poser mes premières questions, qui s'adresseront à M. Staples. Mes commentaires ne sont pas liés aux questions que je poserai.
Premièrement, j'aimerais rappeler à mes collègues que les provinces se sont regroupées pour négocier le prix des médicaments afin de les faire baisser. Il y a donc déjà un effet de levier.
Deuxièmement, en réplique à la déclaration de M. Goldberg, je n'ai jamais laissé entendre que le Québec ne voudrait pas exploiter ses ressources naturelles afin de recevoir un montant plus élevé de péréquation. Cette déclaration me laisse pantois, et je n'en reviens pas. C'est bien mal connaître le Québec.
Le Québec exploite ses ressources naturelles. On peut penser aux mines, aux ressources hydrauliques, à la forêt et aux pêches. Évidemment, nous n'avons pas les mêmes ressources qu'ailleurs. Cependant, le Québec exploite ses ressources. Il essaie de le faire de façon durable, du moins, c'est mon engagement.
Nous souhaitons aussi développer notre secteur manufacturier. Or il est très difficile de développer un secteur manufacturier quand il y a seulement la moitié d'un État qui le soutient. L'État fédéral se concentre plus sur d'autres sphères du développement économique, surtout si on intègre à son analyse la valeur de la devise, soit le dollar canadien. Le nom de ce phénomène est le syndrome ou le mal hollandais.
Lorsque le dollar a pris beaucoup de valeur étant donné la force des exportations des ressources naturelles, à commencer par les hydrocarbures, j'ai remarqué que cela a grandement désavantagé le secteur manufacturier qui était une force de l'économie québécoise.
Quand on observe ce que fait le gouvernement fédéral en matière de développement économique, d'impulsions et de mobilisation de son appareil, la péréquation est un triste prix de consolation. Nous aimerions plutôt voir nos secteurs économiques atteindre leur plein potentiel.
Je voulais rétablir cela. Il n'est aucunement question que le Québec ne développe pas ses ressources afin de recevoir de la péréquation. On a beau avoir un doctorat, il faudrait retourner faire ses devoirs à ce sujet.
Je vais maintenant passer à mes questions pour M. Staples.
Dans la première heure de notre réunion, nous avons reçu M. Seth Klein. On sait que sa sœur a écrit un livre intitulé La stratégie du choc. On fait en sorte que tout aille mal afin de mieux faire avaler la pilule de la privatisation, par exemple.
Monsieur Staples, vous dites que vous vous opposez au privé, et il en va de même pour Mme MacEwen. Seriez-vous d'accord sur l'idée voulant qu'un sous-financement chronique ait pu mener à une dégradation du service public, qui incite ensuite les provinces, qui sont prises avec un manque de financement, à se tourner vers le privé?
Si oui, comprenez-vous que les coupes budgétaires du fédéral dans le domaine de la santé remontent aux années 1990, quand le gouvernement fédéral a voulu éponger son déficit en réduisant les transferts en santé et pour les services sociaux?
Mes questions s'adressent à M. Staples, mais, si Mme MacEwen le souhaite, elle peut aussi intervenir.
Vous avez tout à fait raison de dire que le gouvernement fédéral a manqué à son devoir, pour ainsi dire, pendant les années 1980. Il a effectivement essayé de réduire son déficit budgétaire sur le dos des Canadiens, ce qui était évidemment une très mauvaise chose. Nous étions totalement opposés à cela.
L'austérité était un prétexte. Le gouvernement disait qu'il fallait équilibrer le budget fédéral, ce qui n'est pas du tout nécessaire. Comme on l'a vu dernièrement, ce n'est pas une question de comptabilité. Le gouvernement fédéral a le devoir d'équilibrer l'économie canadienne non en fonction de quelques chiffres financiers, mais plutôt en fonction des besoins de tous les Canadiens et de tous les Québécois, et il a failli à sa tâche. Vous avez tout à fait raison.
Notre organisation, la Coalition canadienne de la santé, pousse justement le gouvernement à financer, à l'échelle du Canada, des programmes nationaux tels que l'assurance médicaments, l'assurance dentaire, etc. En tant qu'économiste, je vous dirai que ces programmes sont beaucoup plus efficaces quand ils sont administrés et financés par le gouvernement central, soit le gouvernement fédéral, et qu'ils ne sont pas à but lucratif, je tiens à le souligner.
Nous ne nous opposons pas nécessairement au secteur privé, nous sommes plutôt contre l'idée de faire des profits sur le dos des malades. À cet égard, nous voudrions donc que le gouvernement du Canada établisse des règles pour que ce soit...
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Je vous remercie beaucoup. Je pourrais demander à M. Newman d'intervenir à ce sujet également, puisqu'il connaît mieux l'histoire que moi.
Je dirais que, d'une part, le régime de transfert fiscal employé pour le financement des soins de santé dans les accords précédents n'a pas vraiment eu beaucoup d'avantages. Le gouvernement fédéral est encore blâmé parce qu'il ne dépense pas assez, même s'il a tenté de refaire les calculs.
Je pense qu'on a beaucoup jonglé avec les pourcentages avec les provinces au cours des derniers mois, parce que ce sont des cas de... Par exemple, le partage moitié-moitié était initialement envisagé pour les médecins et les hôpitaux, mais l'enveloppe des soins de santé a énormément gonflé. Le gouvernement est blâmé parce qu'il n'opte pas pour le partage moitié-moitié, mais le calcul global est utilisé pour tous les coûts de soins de santé. Je pense qu'on joue avec les chiffres ici.
Essentiellement, il faut qu'il y ait des négociations. Nous devons trouver un moyen de dénouer cette impasse, car la crise perdure en ce qui concerne les temps d'attente et le terrible prix que paient les travailleurs de première ligne du domaine de la santé. Pendant ce temps, on s'amuse à distribuer des blâmes, comme on l'a vu à Victoria cette année, et nous devons résoudre cette impasse entre le gouvernement fédéral et les provinces.
Je pense que la clé réside dans l'accord de confiance et de soutien qui lie les libéraux et le NPD. Les quatre points relatifs aux soins de santé sont excellents, et je pense qu'ils peuvent nous aider à passer à un nouveau niveau de négociation entre les provinces et le gouvernement fédéral afin d'avoir les deux programmes qui ont des investissements et des résultats livrables dans le cadre du Transfert canadien en matière de santé et qui sont régis par les dispositions et les cinq principes de la Loi canadienne sur la santé. Il faut absolument interdire la surfacturation et les frais modérateurs si les provinces s'orientent vers un modèle de privatisation à but lucratif.
Je vous cède la parole, monsieur Newman.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je me permets un commentaire sur la première heure de la séance. Bien sûr, compte tenu de la crise climatique à laquelle nous faisons face présentement, je suis très heureuse d'avoir accueilli M. Klein. En effet, ce n'est pas la première fois que nous faisons face à des crises, et, comme c'est le cas de plusieurs crises, c'est aussi un moment qui offre l'occasion d'en sortir grandi.
Je regarde toutes les grandes économies du monde, et elles sont toutes en train de faire la transition vers une économie verte, et je ne veux pas que nous manquions le bateau. C'est certain qu'un plan responsable va vraiment cibler l'innovation pour que nous puissions en sortir gagnants. En effet, comme dans toute transition, il y a des gagnants et des perdants. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, moi, je veux faire partie des gagnants.
Je suis donc très contente d'avoir eu cette discussion.
[Traduction]
Maintenant, ma question à M. Staples.
D'après vous, quelles seraient les conséquences de la prise en charge des soins dentaires et, également, des soins de jour, parmi ce que vous avez mentionné? De plus, votre coalition appuie‑t‑elle ces mesures?
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Merci beaucoup pour la question.
Nous appuyons sans réserve le régime public de soins dentaires qu'on propose. Incontestablement, nous avons depuis longtemps ce problème dans notre ligne de mire. Nous connaissons mieux la question de l'assurance-médicaments, mais le régime originel public d'assurance-maladie a également négligé ces deux éléments. L'occasion est bonne de nous attaquer à certaines de ces lacunes grâce à ce régime de soins dentaires.
Désormais, des millions de Canadiens en profiteront. Ça aidera beaucoup ceux qui essaient de joindre les deux bouts, comme tout le monde, en raison de l'inflation et des taux d'intérêt qui augmentent. Ces programmes contribueront également à soulager notre propre système de santé des pressions qui s'exercent sur lui, parce que si on néglige trop longtemps ses dents, on aboutit aux urgences, ce qu'on cherche à éviter.
J'ajoute que nous appuyons les programmes sociaux universels. Nous reconnaissons qu'ils aideront de nombreux Canadiens, mais pas tous. Nous craignons que, finalement, il ne subsiste des lacunes. Nous en avons discuté avec des députés qui appuient cette mesure comme devant mener à un programme universel pour tous, ce que nous espérons certainement. Nous savons que la mise sur pied de ce programme aidera un grand nombre de Canadiens et qu'il conduira à d'autres engagements énumérés dans l'entente de soutien et de confiance.
Comme vous le savez, les quatre engagements sont étalés dans le temps — sur les trois années de la durée de l'entente —, et le premier à remplir est le régime d'assurance-médicaments. Nous devrions connaître le projet de loi sur le régime canadien dès cet automne. J'espère que nous pourrons en discuter de nouveau amplement avec votre comité, le moment venu. Tout s'annonce certainement très bien.
Je questionnerai d'abord Mme MacEwen, qu'on a peu questionnée. S'il reste du temps et si les représentants de la Coalition canadienne de la santé veulent s'exprimer, je les invite à le faire.
Revenons d'abord directement à la question de la privatisation. Je crois que M. Staples vient de l'aborder. Nous assistons actuellement à une augmentation considérable du recours aux agences de soins infirmiers pour combler les postes vacants du réseau public. Les bras qui s'offrent proviennent de ce secteur. Les Canadiens versent actuellement des primes scandaleuses pour embaucher des infirmières de ces agences privées dont les profits servent à les attirer et à les faire travailler dans des établissements publics.
On peut visiblement s'interroger sur le caractère judicieux de ces dépenses. L'un des endroits où, nous pourrions l'espérer, on pourrait y remédier, dans le cas des provinces qui sont liées et qui sont déterminées à suivre ce parcours coûteux et accidenté, est une table à laquelle le gouvernement fédéral a le pouvoir de convoquer les provinces, grâce à son pouvoir de dépenser, pour leur rappeler les pratiques exemplaires, notamment en matière de privatisation et des dépenses exagérées qu'on engage actuellement avec les agences privées de soins infirmiers.
Peut-être pouvez-vous d'abord parler des avantages qu'en retireraient — j'en doute — les Canadiens quand les gouvernements rémunèrent davantage les infirmières du privé que celles du public. Comment le pouvoir fédéral de mobilisation peut‑il servir à établir des critères plus justes, avec le concours des provinces, qui régiraient les nouvelles dépenses dans la santé au Canada?