:
Je déclare maintenant la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 23e réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le vendredi 8 avril 2022, le Comité se réunit pour étudier la compétitivité dans le contexte des petites et moyennes entreprises.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, avec quelques députés à Ottawa, à l'édifice de l'Ouest, et d'autres participants sur Zoom.
Ceux qui sont sur place, à Ottawa, connaissent les règles sanitaires en vigueur. Ils doivent donc se comporter en conséquence.
Je suis très heureux d'accueillir aujourd'hui, au Comité, des témoins qui ont vaillamment et gracieusement accepté de se joindre à nous en ce magnifique vendredi après-midi. Je les remercie grandement d'être là.
Nous recevons: à titre personnel, Mme Jennifer Quaid, professeure agrégée et vice-doyenne à la recherche, Section de droit civil, à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa; de l'Association des industries de l'automobile du Canada, MM. Jean‑François Champagne et Steve Leal; de l'Association canadienne des aliments de santé, M. Aaron Skelton, président-directeur général; des Manufacturiers et exportateurs du Canada, M. Matt Poirier; et finalement, du Mississauga Board of Trade, M. Trevor McPherson, président-directeur général;
Je tiens à informer les députés qui poseront des questions du fait que M. McPherson devra nous quitter à 14 heures. Ainsi, si vous avez des questions à lui poser, faites-le en premier lieu.
Sans plus tarder, nous commençons par Mme Quaid.
Madame Quaid, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je ferai mes remarques en anglais, mais je serai heureux de répondre en français également.
[Français]
Bonjour à tous.
Je m'appelle Jean‑François Champagne,
[Traduction]
Je suis le président de l'Association des industries de l'automobile du Canada ou, comme nous sommes également très bien connus, de l'AIA Canada.
Je suis accompagné aujourd'hui de Steve Leal, membre du conseil d'administration de l'AIA et président et chef de la direction du Réseau Fix, un chef de file mondial des services de réparations mécaniques, de vitres et après-collision qui exploite plus de 2 000 points de service dans le monde.
L'AIA représente l'industrie canadienne du marché secondaire de l'automobile, une industrie de services essentiels qui comprend la fabrication de pièces de rechange, les réseaux de distribution et les ateliers d'entretien et de réparation. Nous sommes responsables de la circulation sécuritaire des 26 millions de véhicules du Canada. Notre industrie comprend presque exclusivement des petites et moyennes entreprises.
J'aimerais axer mes observations d'aujourd'hui sur deux questions clés: la compétitivité et les pénuries de main-d'œuvre. C'est peut-être l'essentiel de mes observations, mais nous serons heureux de répondre aux autres questions des membres du Comité sur les sujets abordés dans le cadre de cette importante étude.
C'est lorsque vient le temps d'évaluer son impact économique que l'industrie canadienne du marché secondaire de l'automobile se démarque le plus. Nous employons près d'un demi-million de Canadiens et contribuons 32 milliards de dollars par année à l'économie.
Des ateliers indépendants sont situés dans toutes les circonscriptions du Canada, et il y a près de 25 000 ateliers dans tout le pays. Cela se compare à environ 4 500 concessionnaires autorisés par les constructeurs automobiles. Les ateliers indépendants garantissent aux Canadiens de toutes les communautés, y compris les petites collectivités et celles qui sont éloignées, un accès raisonnable et rapide aux services de réparation essentiels de leur véhicule.
Malgré le grand nombre d'employés qui travaillent dans ce secteur aujourd'hui, nos membres s'inquiètent de la pénurie de main-d'œuvre et de compétences, et les besoins de techniciens qualifiés en entretien et en réparation d'automobiles dépassent largement l'offre. Le métier de mécaniciens et mécaniciennes de véhicules automobiles est l'un des cinq les plus en demande au pays. Pour répondre à la demande actuelle de main-d'œuvre, le Canada devra d'ici quatre ans accréditer 11 000 apprentis.
De plus, les nouvelles technologies dans les véhicules créent une pénurie de compétences. Les véhicules modernes sont essentiellement des ordinateurs connectés sans fil sur roues et leur entretien est très différent de celui de leurs prédécesseurs. Pour répondre à leurs besoins, les employés des métiers de l'automobile ont besoin de nouvelles aptitudes et compétences. C'est particulièrement vrai dans le cas des véhicules électriques, qui exigent des compétences liées aux systèmes à haute tension et au retrait des batteries.
Les mécanismes de formation professionnelle qui existent aujourd'hui ne sont pas assez souples et adaptés pour suivre le rythme de la technologie émergente des véhicules. L'industrie, avec l'aide du gouvernement, peut contribuer à sensibiliser les gens sur la façon dont la technologie change le type de travail des employés des métiers de l'automobile, ce qui peut aider à attirer plus d'étudiants dans l'industrie à un âge plus jeune et plus de gens de groupes non traditionnels, comme les femmes et les Néo-Canadiens.
La collaboration peut également permettre d'offrir plus de formation pour combler l'écart entre les besoins des travailleurs, comme de l'équipement et des outils à jour, et ce que les mécanismes de formation actuels offrent, et je serais heureux d'en parler plus en détail dans la période de questions et réponses.
Nous avons des défis à relever sur le plan des ressources humaines, mais nous avons aussi un défi stratégique que les parlementaires n'ont pas encore étudié, à savoir donner aux consommateurs le droit de faire réparer leurs véhicules à l'atelier de réparation automobile de leur choix.
Les véhicules deviennent de plus en plus comme des téléphones cellulaires, en connexion sans fil en tout temps. Chaque nouveau véhicule vendu au Canada génère des quantités abondantes de données sur le rendement du véhicule. De plus en plus, la capacité de faire entretenir un véhicule dépend de la capacité qu'a un atelier de réparation automobile d'avoir accès à ces données. À l'heure actuelle, ce sont les constructeurs d'automobiles — et non les propriétaires de véhicules — qui sont propriétaires de ces données. Si nous voulons que notre industrie demeure concurrentielle, les constructeurs d'automobiles devraient être tenus de fournir l'accès à ces données afin que les consommateurs puissent continuer de choisir où ils le feront entretenir. Sans intervention, les constructeurs d'automobiles continueront de contrôler les conditions dans lesquelles les ateliers indépendants de réparation d'automobiles peuvent accéder aux données nécessaires. Cela signifie que des ateliers pourraient fermer, ce qui entraînerait la perte de milliers d'emplois. Pour le consommateur, cela se traduit par un accès limité et des coûts plus élevés.
L'entente volontaire actuelle entre les constructeurs automobiles et le marché secondaire de l'automobile est bonne pour les voitures traditionnelles, mais pas pour les véhicules modernes. Les consommateurs doivent être protégés par une loi qui reflète cette nouvelle réalité. Encore mieux, vous devriez savoir que 83 % des Canadiens sont d'avis que les constructeurs automobiles devraient être tenus par la loi de communiquer ces données avec les ateliers de réparation indépendants.
Si vous voulez une illustration de la raison pour laquelle nous avons besoin d'une loi sur le droit de faire réparer son véhicule dans ce pays, il suffit de regarder les VE — les véhicules électriques. Le gouvernement a clairement indiqué que l'accélération des achats de VE est une priorité majeure pour contribuer à réduire les émissions. À l'heure actuelle, nos ateliers auraient de la difficulté à entretenir des VE, car les constructeurs automobiles nous ont rendu la tâche de plus en plus difficile pour accéder aux données nécessaires pour faire notre travail. L'adoption des VE, en particulier dans la mesure choisie par le gouvernement, ne se fera tout simplement pas si nos ateliers ne sont pas en mesure d'assurer l'entretien de ces véhicules.
Partout dans le monde, les législateurs ont reconnu l'importance du droit de réparer, y compris les lois qui donnent aux consommateurs le droit de faire réparer leurs véhicules. Le Canada ne peut pas se permettre de prendre du retard dans ce domaine. Le gouvernement doit agir rapidement pour faire avancer les principes du droit de réparer par des mesures législatives à venir. En réglant ces problèmes, nous permettrons à nos petites et moyennes entreprises de demeurer concurrentielles et de continuer à servir de principal fournisseur de services de réparation de véhicules pour les Canadiens.
Merci de votre attention. Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie.
:
À titre de président-directeur général de l'Association canadienne des aliments de santé, je peux vous dire que notre secteur et nos membres sont principalement des petites et moyennes entreprises qui se consacrent à offrir aux consommateurs canadiens des produits naturels, des produits de bien-être biologiques qui aident à promouvoir la santé de leur famille.
Nos fabricants, distributeurs, grossistes, importateurs et détaillants sont présents dans presque toutes les collectivités du pays. Au total, plus de 2 800 magasins de détail vendent des produits de santé naturels, des aliments biologiques et des produits de bien-être au Canada, et la grande majorité sont des propriétaires de petites et moyennes entreprises.
Comme nous le savons, la santé est une priorité absolue pour les Canadiens. Dans ce contexte, une enquête nationale que nous avons menée a révélé que 73 % des Canadiens utilisaient des produits de santé naturels. Je vais laisser aux députés le soin de comprendre que 73 % de leurs électeurs utilisent nos produits pour promouvoir un mode de vie sain. Autrement dit, nous jouons un rôle important dans le maintien de la santé et du bien-être des Canadiens.
Même si nous sommes de petites et moyennes entreprises, les produits de santé naturels représentent collectivement plus de 3,7 milliards de dollars pour l'économie canadienne. Nos membres sont très fiers d'employer plus de 55 000 Canadiens partout au pays. Je vous remercie de mener cette étude sur les petites et moyennes entreprises, car il est essentiel que les parlementaires comprennent les défis auxquels font face nos entreprises et les possibilités qui s'offrent à nous.
Aujourd'hui, je veux souligner deux dossiers cruciaux du gouvernement fédéral qui préoccupent nos membres. Le premier est une occasion économique et de croissance importante qui a été ratée, et le deuxième est un changement réglementaire trop lourd.
Pour ce qui est des possibilités, j'aimerais souligner la lenteur du gouvernement à reconnaître le CBD, ou cannabidiol, comme un produit de santé naturel. Le CBD est la composante du cannabis qui ne produit pas d'effet euphorisant et qui peut avoir une foule d'avantages thérapeutiques.
Depuis l'adoption d'une loi louable sur le cannabis à usage récréatif, la vente de produits contenant du CBD se fait uniquement par l'entremise de magasins de cannabis à usage récréatif ou avec un billet du médecin. Cela n'a aucun sens, car le CBD, lorsqu'il provient d'une plante, est naturel et, à titre de matière première, devrait être visé par la réglementation canadienne sur les produits de santé naturels. Il convient de souligner que la réglementation du CBD à titre de produit de santé naturel était l'une des options proposées par le comité d'experts créé pour conseiller le gouvernement sur la façon dont les produits du cannabis devraient être réglementés.
Le gouvernement fédéral a fait traîner en longueur le dossier de la politique sur le CBD de façon inexplicable, ce qui a donné lieu à une occasion manquée de créer des emplois et de la croissance. Cela empêche les entreprises de produits de santé naturels de tirer profit de la demande de produits de santé contenant du CBD et, surtout, cela favorise le développement d'un marché illicite de produits de santé contenant du CBD. Le Canada ne peut ignorer les possibilités économiques qu'offre un marché de produits de santé à base de CBD. Nous devons de toute urgence tirer parti de notre avantage de premier arrivé sur le marché mondial émergent du CBD.
De toute évidence, les Canadiens veulent des produits CBD sûrs et efficaces, et les entreprises canadiennes veulent innover et créer des emplois en offrant un produit sûr et efficace aux consommateurs. Or, c'est le gouvernement qui fait obstacle à cette possibilité. En fait, un rapport de l'Institut des finances publiques et de la démocratie a fait ressortir les avantages économiques évidents d'un marché des produits de santé CBD.
Deuxièmement, le gouvernement propose de modifier la réglementation des produits autoadministrés. Nos membres sont très préoccupés par l'approche proposée par les fonctionnaires. Ces changements sont présentés à l'industrie suivant une approche fragmentaire qui entraînera des coûts financiers importants et des perturbations pour l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, à un moment où l'économie doit se remettre des répercussions de la COVID‑19.
Quelles sont les conséquences de cette approche fragmentaire? Elle entraînera des pressions financières inutiles pour les petites et moyennes entreprises, de prix plus élevés pour les produits destinés à la santé des familles, d'une réduction de la gamme des produits offerts et d'une empreinte environnementale accrue, autant d'écueils qui, nous pouvons tous en convenir, devraient être évités.
Je vous remercie de votre attention, et je serai aussi heureux de vous en dire plus à ce sujet pendant la période des questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite à tous un bon après‑midi.
[Traduction]
Je suis heureux d'être ici au nom des 90 000 manufacturiers et exportateurs du Canada et des 2 500 membres directs de notre association pour discuter de la situation des petites et moyennes entreprises au Canada.
L'industrie manufacturière représente 10 % du PIB du Canada, produit les deux tiers des exportations canadiennes à valeur ajoutée et emploie 1,7 million de personnes dans des emplois bien rémunérés partout au pays. Les membres de notre association représentent des entreprises de toutes tailles, mais la majorité d'entre elles sont des PME. En fait, la plupart des entreprises manufacturières canadiennes sont des PME.
Manufacturiers et exportateurs du Canada, ou MEC, milite depuis longtemps pour que l'on s'attaque aux diverses difficultés des PME. Ce qui distingue MEC des autres associations, cependant, c'est notre conviction fondamentale que la politique du gouvernement devrait être d'aider les PME à devenir de grandes entreprises. La politique actuelle du gouvernement ne contribue pas à atteindre cet objectif, mais plutôt à garder les PME petites. En fait, 75 % des fabricants canadiens sont de petites entreprises comptant moins de 10 employés. Aux États-Unis, seulement 58 % des entreprises comptent moins de 10 employés. Bien que toutes les entreprises commencent petites — et il n'y a rien de mal à cela —, une petite taille limite la capacité d'une entreprise d'attirer des travailleurs, d'investir dans l'automatisation ou les transitions écologiques, d'élargir les chaînes de production et d'exporter. Les pénuries de main-d'œuvre dans les PME et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement sont deux problèmes qui illustrent à quel point le taux disproportionnellement élevé de petites entreprises nuit à la compétitivité économique globale du Canada.
Prenons les pénuries de main-d'œuvre. Les fabricants, petits et grands, ont du mal à pourvoir les postes vacants, et tout cela se produit même si le secteur manufacturier est l'un des secteurs les mieux rémunérés au pays, mais plus votre entreprise est petite et plus elle a besoin de main-d'œuvre spécialisée, plus le recrutement est difficile. Dans un marché du travail aussi concurrentiel, le fait de ne pas pouvoir offrir des salaires aussi élevés que les autres vous limite encore plus. Mon principal message, c'est qu'une PME manufacturière a plus de mal que les grands fabricants à trouver les travailleurs dont il a besoin. Cela limite son potentiel commercial et nuit à la compétitivité du Canada.
Le deuxième défi concerne les goulots d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement. Les fabricants sont encore aux prises avec des perturbations. Encore une fois, plus votre entreprise est petite, plus vous éprouvez de difficultés sur le plan de la chaîne d'approvisionnement. Selon un sondage de MEC, 9 fabricants sur 10 signalent avoir des problèmes de chaîne d'approvisionnement. Le défi supplémentaire pour les PME manufacturières en matière de chaînes d'approvisionnement est leur position inférieure dans l'ordre hiérarchique des composants critiques. À l'heure actuelle au Canada, une entreprise peut avoir un carnet de commandes bien rempli et une main-d'œuvre prête à fonctionner, mais rien à fabriquer parce qu'elle attend des pièces que ses principaux concurrents mondiaux ont eu moins de difficulté à obtenir. Encore une fois, comme notre proportion de PME est plus élevée que dans d'autres pays, ces problèmes se répercutent sur l'ensemble de l'économie et nous freinent.
Je serai heureux de vous donner plus de détails sur ces difficultés liées à la main-d'œuvre et à la chaîne d'approvisionnement au cours de la période de questions, mais pour l'instant, comment pouvons-nous aider à atténuer ces difficultés et à faire croître nos PME de manière qu'elles puissent éviter ces problèmes structurels à l'avenir?
Premièrement, il faut combler les pénuries de main-d'œuvre grâce à l'immigration. Il faut s'attaquer aux arriérés liés à la pandémie, et nous encourageons le gouvernement à y consacrer toutes les ressources nécessaires. Nous devons également accélérer l'introduction du volet des employeurs de confiance au Programme des travailleurs étrangers temporaires. Au fil du temps, nous devons augmenter de façon énergique nos cibles de recrutement pour les porter à 500 000 par année dans le seul volet économique. Nous avons besoin de travailleurs.
Deuxièmement, nous devons fournir une aide financière aux entreprises manufacturières qui subissent encore des perturbations de la chaîne d'approvisionnement. Étant donné que nos entreprises manufacturières sont en moyenne plus petites que celles de nos pairs à l'échelle mondiale, nous sommes moins prioritaires lorsqu'il s'agit d'obtenir des pièces de rechange comme des micropuces. Nous devons corriger ce problème typiquement canadien en aidant nos fabricants à remédier à ces pénuries de pièces.
Troisièmement, nous devons adopter une politique visant à faire des PME de grandes entreprises. Des réformes fiscales qui réduisent les coûts pour les entreprises et modifient les incitations pour récompenser la croissance, plutôt que la taille des entreprises, constituent la première étape. L'étape suivante consiste à mettre en œuvre un régime favorable aux boîtes à brevets pour mousser la commercialisation des brevets. Enfin, il faut fournir un soutien accru aux PME manufacturières et accélérer l'adoption de l'automatisation et des technologies vertes. En accroissant la compétitivité et l'envergure du secteur manufacturier, nous pouvons mieux produire les matériaux nécessaires chez nous et réduire notre dépendance à l'égard des fournisseurs étrangers. À court terme, nous devons relever les nombreux défis auxquels font face les PME, mais notre stratégie à long terme doit consister à faire croître ces entreprises.
Merci encore de m'avoir invité. J'attends avec impatience la discussion.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et membres du Comité.
Au nom de la Chambre de commerce de Mississauga, je vous remercie de m'accueillir dans le cadre de cette étude très opportune sur les pénuries de main-d'œuvre et les problèmes de productivité auxquels font face nos petites et moyennes entreprises. Je tiens à remercier tout particulièrement le député de nous avoir invités ici aujourd'hui.
Depuis 1961, la Chambre de commerce de Mississauga agit à titre de porte-parole des entreprises de Mississauga. Elle compte près de 1 000 membres dans pratiquement tous les secteurs de l'économie. Mississauga est vraiment l'une des économies urbaines les plus diversifiées au Canada.
La ville de Mississauga abrite le plus grand aéroport international du Canada, l'aéroport Pearson de Toronto, et, à ce titre, elle accueille la plupart des entreprises qui offrent des emplois dans la zone aéroportuaire, qui est accessible par la plupart des autoroutes de la série 400 et par les voies ferroviaires du CN et du CP. À bien des égards, Mississauga est la capitale du transport des marchandises et de la chaîne d'approvisionnement du Sud de l'Ontario, voire du Canada, dans son ensemble.
Les membres du Comité comprendront que les problèmes de main-d'oeuvre existent depuis longtemps, bien avant la pandémie de COVID‑19, et qu'ils ont simplement été exacerbés par cette situation. Bien qu'il n'y ait pas de solution miracle pour régler les pénuries de main-d'œuvre, qu'elle soit qualifiée ou non, le gouvernement devrait travailler en étroite collaboration avec l'industrie pour envisager de nouveaux programmes de formation et de soutien, ainsi que des politiques d'immigration axées sur les travailleurs, et collaborer avec les provinces, les territoires, les associations professionnelles et les associations de travailleurs afin d'assurer une meilleure reconnaissance des titres de compétences acquis à l'étranger et une voie efficace permettant aux nouveaux arrivants d'apporter leurs compétences et leur expérience pertinentes là où les besoins sont les plus grands sur le marché du travail.
Le fardeau réglementaire et la bureaucratie jouent également un rôle dans la difficulté de recruter et d'embaucher de nouveaux employés. La Chambre de commerce de Mississauga a parrainé une résolution devant la Chambre de commerce du Canada il y a quelques années, afin de plaider en faveur d'un examen accéléré des codes des professions nationaux pour s'assurer qu'ils correspondent aux réalités du marché du travail actuel au Canada et d'insister sur la nécessité d'inclure de nouvelles catégories pour répondre à la demande de l'industrie, aux progrès technologiques et à une économie en transition.
Les médias ont beaucoup parlé récemment des problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde. En tant que parties prenantes d'un important carrefour logistique dans le Sud de l'Ontario, nos membres nous ont fait part directement de ce défi très important, qui s'explique en partie, bien sûr, par le fonctionnement du marché, qui a des répercussions sur la production et le transport de biens pour diverses raisons. Cependant, la réglementation gouvernementale et la façon dont des organismes comme l'ASFC, Santé Canada et d'autres fonctionnent peuvent avoir pour effet de ralentir le mouvement efficace et efficient des marchandises et devraient être constamment passées en revue par le gouvernement.
Bien entendu, les taux d'inflation actuels préoccupent beaucoup le milieu des affaires, et plus particulièrement les petites et moyennes entreprises. Pour bon nombre de ces entreprises, les répercussions de la pandémie sont loin d'être terminées, car elles sont aux prises avec toutes sortes de pressions financières sur leurs activités, sans parler des niveaux d'endettement importants qui ont été engendrés par la pandémie de COVID‑19. Le gouvernement devrait examiner de près ses propres politiques financières pour s'assurer qu'elles n'ajoutent pas aux pressions inflationnistes en raison de l'incidence des impôts, des droits et d'autres frais sur le coût de pratiquement tous les intrants des entreprises.
Nous parlons souvent d'un Canada compétitif capable de soutenir la concurrence et de réussir dans l'économie mondiale. Il y a beaucoup de vérité là‑dedans, et les entreprises canadiennes sont souples et capables de s'adapter. À la Chambre de commerce de Mississauga, nous faisons la promotion de la diversification du commerce et nous exposons nos membres à des débouchés dans des marchés où le Canada a un avantage concurrentiel. Le programme de libre-échange du Canada devrait être applaudi et promu énergiquement afin que davantage d'entreprises canadiennes réussissent à livrer concurrence aux meilleures entreprises du monde.
Nous encourageons le gouvernement à examiner, à moderniser et à mettre à jour la Loi sur la concurrence, la Loi sur la protection des renseignements personnels et tout autre règlement qui nuit à un marché ouvert et concurrentiel ou qui permet à des concurrents de déposer des plaintes futiles. Conjugué à un régime fiscal concurrentiel, cela permettrait au Canada de mieux soutenir la concurrence des autres marchés développés pour l'investissement direct étranger, ce qui, à son tour, ouvrirait de nouvelles possibilités d'affaires à des milliers de petites et moyennes entreprises partout au pays.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement fédéral est intervenu pour soutenir les petites et moyennes entreprises et leurs travailleurs tout au long de la pandémie de COVID‑19. Toutefois, je m'en voudrais de ne pas souligner que nous sommes maintenant dans la phase de reprise de la pandémie de COVID‑19 qui est dite financière à long terme, et que le gouvernement doit reconnaître les défis importants que les entreprises devront sans aucun doute relever en ce qui concerne le remboursement de la dette et une période prolongée avant le retour aux niveaux antérieurs d'activité à la COVID‑19 dans de nombreux secteurs de l'économie.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir accueilli ici aujourd'hui. J'ai hâte de répondre aux questions.
:
Merci, monsieur le président et honorables membres du Comité.
Je m'appelle Jennifer Quaid. Je suis professeure agrégée et vice‑doyenne à la recherche à la Section de droit civil de l'Université d'Ottawa. Mes domaines d'expertise sont le droit pénal des entreprises, le droit de la concurrence, le droit anticorruption, le droit des affaires et le droit pénal général.
Je suis très heureuse de comparaître devant vous aujourd'hui pour discuter du droit de la concurrence dans le contexte des PME.
Je commencerai par une petite mise en contexte du droit de la concurrence en général. Notez que je vais changer de langue au cours de mes remarques; je passerai de l'anglais au français. J'espère que cela n'indisposera personne.
[Traduction]
J'aimerais concentrer mes observations sur la façon dont les lois et les politiques sur la concurrence s'appliquent aux PME. Ce faisant, je vais parler des modifications actuelles qui ont été proposées dans la première loi d'exécution du budget et de leur incidence possible sur les PME. Je parlerai également de l'importance d'une réforme plus vaste des lois et des politiques sur la concurrence et de l'importance d'intégrer les politiques sur la concurrence dans une approche plus globale et transversale des politiques économiques.
Les politiques en matière de concurrence font partie des politiques économiques et, à ce titre, elles devraient fonctionner de concert avec les autres politiques des ministères et organismes au service de la société canadienne dans son ensemble. À l'heure actuelle, la politique en matière de concurrence, en particulier le cadre particulier des règles qui forment l'ensemble des lois sur la concurrence, la loi et ses interprétations juridiques, s'est développée en grande partie comme un domaine distinct. Elle a eu plutôt tendance à avoir une faible empreinte et à privilégier une intervention minimale. Elle est fondée sur une économie néoclassique, qui présuppose qu'en général, le capitalisme de marché devrait fonctionner avec le moins d'intervention possible. Je généralise ici. Lorsqu'une intervention est nécessaire, elle doit être aussi minime que possible, pour contrer les pires effets anticoncurrentiels qui auraient pu ou qui pourraient être causés.
Il y a deux ou trois choses qui caractérisent les lois sur la concurrence et qui sont pertinentes aux fins des travaux du Comité.
Premièrement, l'objet de la Loi n'est pas la concurrence pour le simple plaisir de la chose. Le principe directeur veut que la concurrence soit le meilleur moyen de générer certains avantages souhaitables dans la société. Ces avantages souhaitables sont définis à l'article 1.1 de la Loi. D'autres experts qui ont comparu devant vous ont parlé de ces avantages. Il y en a quatre, soit préserver et favoriser la concurrence au Canada dans le but de stimuler l'adaptabilité et l'efficience de l'économie canadienne, améliorer les chances de participation canadienne aux marchés mondiaux tout en tenant simultanément compte du rôle de la concurrence étrangère au Canada, assurer à la petite et à la moyenne entreprise une chance honnête de participer à l'économie canadienne, et assurer aux consommateurs des prix compétitifs et un choix dans les produits.
Le premier article de la Loi et les objectifs qui y sont énoncés ou non sont souvent débattus. À ce moment critique de la transformation numérique de la société, le moment est venu d'examiner de près le premier article. Est‑ce, comme certains l'ont fait valoir, un ensemble arbitraire et irréalisable d'aspirations qui sont en grande partie incompatibles? Y énonce‑t‑on trop peu d'objectifs? Dans l'affirmative, quels autres objectifs devrait‑on inclure expressément? Serait‑il préférable de créer un seul énoncé axé sur l'intérêt public ou, comme d'autres l'ont fait valoir, de nous concentrer uniquement sur l'efficience économique?
Je ne vais pas revenir sur ce que d'autres experts ont dit au sujet du débat concernant le premier article, mais je pense qu'il est très important de tenir compte du contexte des PME dans le cadre d'une discussion plus vaste au sujet des politiques sur la concurrence.
Le deuxième point qui concerne les PME en particulier, c'est que la Loi sur la concurrence est d'application générale, en conformité avec le style de rédaction que nous utilisons au Canada. C'est aussi une caractéristique des lois qui s'appliquent aux entités commerciales. Cependant, la pratique consistant à utiliser des règles générales tend à occulter les différences structurelles importantes et les réalités économiques des PME par rapport aux grandes entités commerciales. L'éventail et la variation des modèles d'organisation des entreprises signifient que les règles visant à s'appliquer également, parce qu'elles sont les mêmes pour tout le monde, produisent en réalité des effets profondément différents.
Je me ferai un plaisir de donner plus de détails à ce sujet pendant la période des questions, en particulier en ce qui concerne les amendements proposés au projet de loi .
[Français]
Il y a un troisième élément crucial, et il est lié au point précédent. En effet, la transformation numérique a des incidences importantes sur les pratiques d'affaires, les modèles d'affaires et les stratégies de croissance et d'innovation des entreprises.
Or les PME vivent la transformation numérique de manière différente des grandes entreprises. Sans vouloir trop généraliser, il est important de reconnaître qu'à l'instar des situations d'asymétrie de pouvoir entre le consommateur et les entreprises, il y a également un déséquilibre entre les PME et les entreprises d'échelle mondiale, particulièrement celles qui contrôlent les plateformes virtuelles et qui développent des technologies d'information nécessaires pour accéder au commerce électronique et aux marchés numériques.
La concentration de pouvoir entre les mains d'un nombre restreint d'acteurs privés, cumulée à des lacunes importantes dans le cadre qui régit les divers aspects de l'économie et de la société qu'on qualifie de numériques, à savoir le droit à la vie privée, le droit à la protection des données, les questions d'interopérabilité, le recours à l'intelligence artificielle dans un nombre croissant de domaines et l'impact des réseaux sociaux, créent une situation où l'accès même à la participation économique peut être restreint ou assujetti à des conditions onéreuses, voire génératrices d'exclusion à l'égard des PME.
J'aimerais vous faire part de quelques remarques sur le projet de loi . Je vais le faire aussi rapidement que possible, mais je me ferai un plaisir d'aborder ces questions plus en détail si vous souhaitez en savoir davantage.
Il est important que vous portiez une attention particulière aux modifications qui sont proposées, même si le processus budgétaire suit son cours avec célérité. Ces propositions, qui risquent d'être adoptées sans modifications, auront des incidences importantes sur les PME.
Je serai directe: il ne fait aucun doute que les modifications proposées à la Loi sur la concurrence sont des modifications de fond. Elles se trouvent peut‑être dans une loi budgétaire, mais elles sont énoncées avec comme objectif clair d'entamer une réforme du droit de la concurrence.
D'après les déclarations du gouvernement, la section 15 de la partie 5 de la loi budgétaire n'est que le premier jet d'une réforme en deux temps. La section 15 constitue la phase préliminaire. La deuxième phase, dont on ignore encore l'échéancier, sera précédée d'une consultation publique destinée à sonder toute partie intéressée au sujet du rôle de la politique en matière de concurrence au XXIe siècle, notamment en ce qui a trait à la transformation numérique de l'économie et de notre société.
Bien sûr, j'en aurais beaucoup plus à dire sur ces questions, mais je vais m'arrêter ici en ce qui concerne cette partie. J'aimerais toutefois énumérer, d'une manière très synthétisée, les modifications qui sont proposées dans le projet de loi.
Huit changements y sont proposés. Quatre d'entre eux sont largement attendus, étant donné que le ministre Champagne et le commissaire Boswell y ont fait référence expressément lors de déclarations publiques au cours des derniers mois.
Les modifications sont les suivantes: l'ajout d'une disposition créant une infraction de complot en matière d'emploi; la modification du montant maximal de certaines amendes et sanctions administratives pécuniaires; l'ajout d'une disposition précisant que l'emploi de prix partiels constitue une indication fausse et trompeuse qui pourrait donner lieu à des poursuites, soit au criminel, soit au civil; et la création d'un droit d'accès privé au Tribunal de la concurrence en matière d'abus de position dominante.
Il y a toutefois quatre autres modifications. Bien qu'elles ne soient pas tout à fait surprenantes, on ne s'attendait pas nécessairement à les voir dès maintenant dans une loi budgétaire. Il s'agit des modifications suivantes: des modifications aux articles 78 et 79 qui traitent de l'abus de position dominante, notamment de ce qui constitue un comportement pouvant donner lieu à une poursuite du commissaire; l'ajout d'éléments à considérer lors de la détermination de l'empêchement ou d'une diminution sensible de la concurrence touchant à la fois les dispositions d'abus de position dominante, de fusion et de collaboration civile; l'ajout d'une disposition générale antiévitement dans le processus de préavis de fusion, qui présente peut‑être moins d'intérêt pour ce comité; et des modifications au pouvoir d'ordonner des documents à l'article 11.
Selon le gouvernement, la plupart des modifications proposées font l'objet d'un consensus, du moins parmi ceux qui se sont prononcés publiquement, notamment dans le cadre de la consultation qui a été mise sur pied par le sénateur Wetston et à laquelle j'ai participé.
[Traduction]
Cette allusion au consensus laisse entendre que l'inclusion de ces changements dans le projet de loi d'exécution du budget ne devrait pas être une grande préoccupation, puisque peu de gens s'y opposent.
Je ne saurais être plus en désaccord.
Bien que la Loi sur la concurrence doive être réformée — et de toute urgence — pour des raisons liées aux PME et à l'économie en général, il est peu probable que le processus du projet de loi d'exécution du budget soit propice à une réforme réfléchie, même sur les problèmes que certains pourraient considérer comme étant les plus faciles à régler. Il est important de moderniser la Loi, mais si on le fait mal, sans tenir compte de la situation d'ensemble et des nuances techniques, on risque de simplement la changer sans améliorer les politiques en matière de concurrence.
J'ai deux autres points, avant de terminer.
Je tiens à souligner que deux modifications à cette loi me préoccupent beaucoup. La première est la création de l'infraction concernant les accords de fixation des salaires. Je serai heureuse d'expliquer en détail pourquoi je pense que c'est très problématique, surtout pour les PME. Deuxièmement, il y a la question des pénalités qui ont été modifiées et du recours à des pénalités modulables, mais de façon très limitée. Dans ce cas‑ci, je pense qu'on a raté l'occasion de faire en sorte que la Loi tienne davantage compte des différences de taille entre les entreprises.
Je terminerai en réitérant l'importance de la réforme des politiques en matière de concurrence et le fait que nous devons bien faire les choses. Cela nécessite la consultation d'une pluralité d'intervenants, notamment les propriétaires de petites et moyennes entreprises et tous les gens qui sont touchés par ce secteur ou qui participent à ce secteur de l'économie. Nous devons déterminer quelles valeurs et quels principes comptent pour nous. Nous pourrons ensuite décider comment modifier nos politiques sur la concurrence. Les demi-mesures ne suffiront tout simplement pas.
Merci. Je demeure à votre disposition pour répondre aux questions.
Avant de me lancer là‑dedans, parce que mon discours pourrait vous paraître truffé de jargon juridique et très pointilleux, je dirai que nous devons nous pencher sur la protection des travailleurs et réfléchir aux répercussions de la nouvelle économie pour eux, et en particulier à certains effets structurels qui les touchent. Il faudra plus qu'une disposition de fixation des salaires pour cela.
Ce qui m'inquiète, c'est qu'on justifie la fixation des salaires comme moyen de protéger les travailleurs, alors que le non-dit, selon moi, concerne l'abolition de la « prime héros » qui a été coordonnée entre les grandes chaînes d'alimentation en 2020. C'est une situation assez inusitée pour ce qui est des cas typiquement considérés comme de la fixation des salaires aux États-Unis, à peu près le seul endroit qui criminalise la fixation des salaires. Et c'est très récent, de fait.
Le problème, à mon sens, c'est que le droit pénal n'a pas été conçu pour traiter de l'inégalité du pouvoir de négociation ou de l'injustice, et qu'on criminalise les ententes entre employeurs — le terme n'est pas défini — concernant la fixation des salaires et l'interdiction du « maraudage », qui limite la mobilité. Il suffit de dire que ces pratiques comme telles ne sont pas un problème — donc les faibles salaires ou la mobilité restreinte ne sont pas vraiment le problème. Ce qui pose problème, c'est la concertation dans ce contexte.
La difficulté, même si nous voulons accuser les employeurs de collusion, c'est que le droit pénal n'est pas une loi dite de réparation, de sorte que les victimes de comportement criminel ont très peu de poids dans le processus pénal. J'ai fait beaucoup de recherches sur la responsabilité criminelle des personnes morales, qui est probablement le domaine du droit qui sera invoqué, parce que beaucoup d'employeurs sont des « organisations » au sens du droit pénal. Pour la rédaction des ordonnances de dédommagement ou des mesures correctives, il n'y a rien, ou presque, qui annonce de la créativité, même si ces pouvoirs existent. Et s'il suffisait d'imposer une lourde amende, je ne suis pas certaine que cela donnerait grand-chose aux travailleurs.
Je vous dirai, par contre, que mon premier souci pour les petites entreprises, c'est que ces dispositions pénales donnent l'impression d'être là pour les grandes sociétés, alors que la réalité de l'application du droit pénal à l'encontre des sociétés au Canada en vertu de la Loi sur la concurrence — sauf pour les cartels internationaux, qui sont dirigés par les États-Unis, dans l'ensemble, et par lesquels nous finissons par nous laisser séduire — c'est qu'elle vise les petites entreprises. Je crains qu'en fait l'effet pratique de cette disposition soit que les cas les plus probables puissent viser les petites et moyennes entreprises, parce qu'il sera impossible — ou en tout cas, beaucoup plus difficile — d'intenter des poursuites contre les grandes entreprises.
Cette disposition soulève aussi une foule de problèmes techniques, mais je pense que ma principale préoccupation est qu'elle devrait ressortir au droit du travail. Je ne comprends pas comment la criminalisation d'un comportement banal va aider pour la peine les travailleurs. Cela ajoute plutôt beaucoup d'incertitude à l'article 45. Dans le cas peu probable où des procureurs l'invoqueraient — car ils auront toutes sortes de bonnes raisons pour se distancer de cette disposition, surtout parce qu'il y a tellement de termes non définis et tellement de choses étranges là‑dedans —, je crains qu'elle ne soit pas appliquée contre les sortes d'employeurs que le public peut imaginer.
Je serais heureuse de continuer, mais je pense que c'est probablement suffisant.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Lemire, de vos aimables commentaires. C'est un excellent comité dans lequel s'investir. Il est très bien. Il est aussi entre très bonnes mains à l'heure actuelle. Depuis tout le temps que je suis ici, dans les dernières années où nous avons travaillé dans ce comité, nous avons eu beaucoup de plaisir. Je tenais à le dire, car s'il arrive que le Parlement ne semble pas fonctionner, il fonctionne vraiment bien ici. Je remercie M. Lemire et les autres membres du Comité.
Je m'adresserai maintenant à M. Leal et à M. Champagne, parce que nous parlons de beaucoup des choses, de pénuries de main-d'œuvre et ainsi de suite. Il y a 12 ans, j'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur le droit à la réparation, qui a fini par devenir une entente volontaire. Le projet de loi a franchi toutes les étapes au Parlement, avant d'être retiré, à la toute fin. À l'époque, M. Clement travaillait avec l'industrie et l'association, et nous avons créé une entente volontaire, qui a aujourd'hui 12 ans. Elle avait par ailleurs une faiblesse, celle de ne pas couvrir les véhicules électriques et les données numériques qui émergeaient tout juste alors. Nous savions en quelque sorte que l'entente devrait être modernisée d'une façon ou d'une autre et que le travail numérique poserait des défis.
On a tendance à oublier dans la discussion que les gens ne pensent qu'à la réparation des véhicules personnels, ce qui est évidemment primordial pour le choix du consommateur et pour toute la main-d'œuvre que vous avez mentionnée. Mais l'entente s'applique à d'autres véhicules, comme les ambulances, les voitures de police, les camions de pompiers et d'autres équipements nécessaires au bon fonctionnement de notre économie. Si nous perdons certains de nos fournisseurs de services, nous aurons de vastes écarts qui aggraveront l'instabilité de la main-d'œuvre et l'inactivité sur le marché du travail, car nous ne pourrons plus compter sur ces professionnels pour réparer nos véhicules.
Peut-être pourriez-vous nous en dire un mot, car je ne pense pas qu'on y accorde beaucoup d'attention.
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Bonjour, tout le monde. J'espère que vous aurez tous l'occasion de faire appel à l'un de nos services ou de nos franchisés de Fix Auto, ProColor ou Service Auto Speedy.
Dans la perspective de l'automobile, lorsque tout le monde parle de la concurrence et de la petite entreprise, je n'oublie pas que nous sommes un réseau de franchises. Nous représentons les petites et moyennes entreprises. Je suis parmi ceux qui y croient le plus. Pour ma part, j'ai commencé avec un garage. De toute évidence, j'ai pris de l'expansion, au point que nous avons plus de 2 000 points de service, surtout des franchises.
Pour nous, en ce qui concerne le droit à la réparation, comme vous dites, il y a 12 ans, nous n'avions pas les voitures connectées d'aujourd'hui. Imaginez un peu, ces voitures sont connectées. Cela va plus loin que le droit à la réparation. Par ailleurs, si tout le monde peut l'imaginer, l'écosystème va beaucoup plus loin encore. Côté collision, en cas d'accident de voiture, tout est numérisé dans l'ensemble de l'écosystème, toutes les données recueillies depuis la date de l'accident, jusqu'au rapport envoyé à la compagnie d'assurances. L'information sur le droit à la réparation du véhicule devient cruciale, et pas seulement pour réparer le véhicule. Elle provient en fait des compagnies d'assurances, qui l'appliquent pour réglementer les primes d'assurances. De même, à ce moment‑là, les grandes marques sont les gardiens de toutes ces données. Si je ne peux pas réparer la voiture, les données ne m'appartiennent pas et le client ne sait pas quelles données nous recueillons sur lui. Nous échangeons beaucoup de ce qu'on appelle les connaissances et le pouvoir relativement à ces données.
De nos jours, les données sont comme le nouveau pétrole dans notre industrie. Les données que l'on veut saisir valent beaucoup d'argent. Si le gouvernement laisse tout ouvert, non seulement pour la capacité de réparer une voiture... Vous pouvez imaginer que chacun connaît certaines de ces grandes marques progressistes. La vieille Norme canadienne visant les renseignements sur l'entretien, c'est‑à‑dire CASIS, ne vaut que pour les constructeurs traditionnels, mais il faut compter aussi sur des fabricants comme Rivian ou Tesla. Ce sont des voitures connectées. Des véhicules électriques. Si j'ai un accident de voiture avec ma Tesla à Thunder Bay, par exemple, vais‑je devoir la faire remorquer jusqu'à Toronto pour le faire réparer? À la fin, les primes augmentent, et c'est chaque consommateur individuel qui paie pour l'incapacité d'avoir les données. Ces voitures sont connectées. On ne peut pas les réparer. On n'est même pas au courant lorsqu'ils modifient leurs logiciels et font d'autres choses comme cela.
Je pense que tout l'écosystème du véhicule connecté, la mobilité d'une voiture, est une chose qui a créé un nouvel écosystème dont la Loi sur la concurrence, entre autres choses, ne tient pas compte pour s'assurer qu'il est juste pour tout le monde et qu'il y a une concurrence équitable pour que chacun ait la capacité de former des mécaniciens et de réparer les véhicules. Si nous n'avons pas accès à l'information, nous allons avoir du mal à effectuer la réparation.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs témoignages très intéressants.
Madame Quaid, je vais continuer avec vous et je vais poser ma question de manière beaucoup plus large.
Le Bureau de la concurrence du Canada a pris une décision dans le cas de la fusion entre Shaw et Rogers. J'écoute les gens de l'industrie automobile sur la question des propriétés des données. Tous les géants du Web de ce monde sont en train d'accumuler des données sur nous, etc.
Ma question est très large, mais je vais vous donner tout mon temps de parole pour y répondre.
Le Canada est-il en retard par rapport aux autres pays? Si oui, dans quel contexte devrait-on accélérer les changements dans la législation pour être « à la page », si je peux m'exprimer ainsi, par rapport à toute cette question de transformation numérique?
De toute évidence, les données vont devenir le nouvel or. En fait, nous l'avons déjà dit tantôt: c'est le nouvel or d'aujourd'hui, si on veut.
Comment voyez-vous toute cette question dans l'ensemble?
Vous avez parlé du projet de loi et de la section 15 de la partie 5 de la loi budgétaire. Quelles devraient être les priorités du Canada actuellement?
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Je vous remercie chaleureusement de cette question. À mon avis, vous avez posé la bonne question.
On doit se poser la question de manière élargie. Que veut-on faire? Comment veut-on se placer dans cette nouvelle économie, cette nouvelle société, qui est maintenant caractérisée par plein de choses dont tout le monde a fait mention? On utilise le mot « numérique », mais c'est plus que ça. Je n'en parlerai pas davantage, mais vous comprenez qu'il s'agit d'un phénomène plus complexe.
Selon moi, le Canada est en retard à plusieurs égards. Il est surtout en retard parce qu'on n'a pas commencé la conversation qu'il faut avoir à ce sujet.
C'est la raison pour laquelle j'ai mentionné qu'il faut avoir une approche transversale, pour répondre à l'enjeu du numérique. Le numérique, c'est l'économie. La société est devenue connectée. On ne peut pas faire la distinction entre les deux, on ne peut pas les examiner isolément. Je pense que c'est la première étape.
Ceux qui, comme moi, travaillent dans le domaine de la concurrence, mais aussi les autres, attendent impatiemment le début des consultations sur la modernisation de la Loi sur la concurrence. Le Canada a besoin de savoir quelles sont ses valeurs, quels sont ses principes et sur quoi il veut construire cette architecture. Ensuite, on va pouvoir agir.
Les Européens se sont penchés là-dessus. Ils sont très forts en matière de droits de la personne, de dignité de la personne. Ils collent beaucoup sur le consentement et l'autonomie de l'individu. Toutes leurs législations et toutes leurs règles... Il y a la législation sur les marchés numériques, la législation sur les services numériques, la législation sur l'intelligence artificielle, la Loi sur les données, en sus, bien sûr, du Règlement général sur la protection des données. Cela donne une thématique pour organiser toutes ces législations.
C'est important de souligner que les Américains ont adopté une autre approche. Le Canada a plusieurs points communs avec eux, dont le fait que nous sommes une fédération. Ils ont décidé de procéder au moyen de l'adaptation des mandats des agences concernées. Il s'agit surtout des agences traditionnellement associées à la Federal Trade Commission et l'Antitrust Division du Department of Justice. Elles ont un mandat de coordination et de défrichage de politiques en la matière, même si d'autres agences sont évidemment impliquées.
Le Canada est en retard sur la réflexion générale, mais aussi pour ce qui est de la construction de l'architecture de gouvernance.
Notre Loi sur la protection des renseignements personnels accuse un retard de 20 ans. Nous n'avons aucune loi sur l'intelligence artificielle. Nous venons de créer un commissaire aux données, mais nous ne savons ni ce qu'il va faire ni quelle sera sa relation avec le commissaire de la concurrence ou le commissaire à la protection de la vie privée, par exemple.
Nous devons décider ce que nous voulons faire. C'est là où nous sommes en retard. Il faut vraiment aborder ces questions et s'y attarder.
Pour terminer, je dirai ce qui suit: ce sera difficile et il faudra faire des compromis. Tout le monde ne sera pas heureux à chanter ensemble. Ce sont des choix difficiles, mais nous devons les faire. Nous devons déterminer les priorités et, ensuite, créer une architecture de gouvernance en conséquence.
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Je suis d'accord avec vous dans le sens suivant.
Je tiens simplement à dire qu'avec les Américains, c'est loin d'être clair que la fixation des salaires sera du tout cuit. Jusqu'à maintenant, nous avons des décisions préliminaires. Ce n'est pas dans des secteurs comparables à ce qui s'est passé ici avec la « prime des héros », une chose qui, à mon avis, a pu être coordonnée sans concertation. C'est cela que nous devons comprendre. Lorsque vous avez une poignée d'acteurs dominants dans un marché, il n'est pas nécessairement très difficile pour eux de capter des signaux sans communiquer directement, alors je pense que nous devons le dire.
Avec les Américains, c'est loin d'être clair. Ils partent du principe que la Sherman Act a toujours interdit les cartels d'achat. Il y a une opposition assez forte à cela de la part de ceux qui sont accusés.
Nous n'en sommes pas au stade où je peux dire que nous avons une tonne de preuves. Ils parlent fort, et je ne suis pas en désaccord avec eux sur le principe que s'il y a des tentatives délibérées pour fixer les salaires, ce n'est pas une mauvaise chose. Cependant, je me demande vraiment si nous allons voir cela. C'est nouveau. Le mémo qui nous est parvenu des États-Unis date de 2016.
Ce n'est pas là en fait que je nous trouve déphasés par rapport au reste du monde. Je pense que nous sommes en retard sur bien d'autres choses, notamment la question de la fixation des salaires, qui mérite un sérieux examen. Je conviens avec vous qu'il peut y avoir des comportements graves et que cela pose un problème. C'est peut-être une bonne idée d'envisager un recours civil. Je me demande si c'est vraiment là qu'est le problème.
Je crains que nous ne promettions de régler un problème qui, en fait, ne peut pas être réglé par le droit pénal. C'est ma première préoccupation.
La deuxième chose est que nous n'avons pas...
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Je vous remercie de ces excellentes questions. Vous avez très bien résumé mes observations, mieux que moi!
Pour répondre à votre première question, oui, il faudrait regarder ce que les Américains font, mais pas seulement parce qu'ils sont notre partenaire le plus important. C'est aussi parce que nous avons beaucoup de ressemblances, notamment en ce qui a trait à nos structures politiques, même si elles ne sont pas identiques. Dans le domaine de la concurrence, nous avons toujours cherché à aligner nos procédures sur les leurs, surtout en matière de fusions, par exemple, même si nous sommes à l'écart pour des raisons d'efficience.
Je dirais toutefois que les Américains, eux, reconnaissent qu'il y a des choses à ajouter à leur loi. D'ailleurs, il y a six projets de loi devant le Congrès américain à ce sujet. Le président Biden a décidé de dépenser son avantage politique pour faire des progrès à cet égard. Je ne suis pas certaine qu'ils seront adoptés, mais cela indique que les Américains reconnaissent ce besoin.
D'autre part, j'ajouterais que les Américains n'ont pas réussi, à ce jour, à adopter des lois encadrant certains aspects du numérique, non pas parce qu'ils ne veulent pas le faire, mais parce qu'ils sont dans l'impossibilité de le faire. Alors, je crois que nous devrions tirer une leçon des Européens à cet égard. Il est bon de réfléchir en amont et d'avoir une structure plus organisée, de grands principes et de grandes règles qui encadrent le droit à la vie privée et toutes ces autres questions, comme l'interopérabilité et la propriété intellectuelle.
Il est donc important que nous nous inspirions des États‑Unis et que nous essayions de nous adapter à ce qu'ils font, sans pour autant reproduire toutes leurs faiblesses en même temps. Nous avons plutôt besoin de lois-cadres. Déjà, notre Loi sur la concurrence est beaucoup plus détaillée que la leur. Je ne sais pas si vous avez lu la Sherman Act, mais c'est extrêmement court et vague. Une telle loi ne passerait jamais ici, en vertu des contraintes constitutionnelles. Il faut être conscient que nous aurions besoin de plus d'encadrement législatif, mais j'ai tendance à croire que nous allons devoir en faire plus.
Le hic, à mon avis, c'est que notre agence de la concurrence, le Bureau de la concurrence du Canada, n'a ni le poids ni le financement nécessaires pour accomplir les grands objectifs que nous voudrions atteindre. Si nous sommes sérieux, nous devrons vraiment revoir le financement du Bureau et lui ajouter certains pouvoirs, notamment celui de faire des études de marché à l'extérieur des enquêtes. Actuellement, il ne peut pas le faire. Ce serait très bénéfique qu'il puisse étudier les phénomènes numériques. Il a un bac à sable numérique, mais il n'a pas la capacité de contraindre les participants du marché de lui donner des informations ou des données pour savoir ce qui se passe concrètement, plutôt que de faire des spéculations. En ce moment, on ne comprend pas nécessairement tout ce qui se produit, et je suis la première à le reconnaître.
Alors, il serait très important d'outiller le Bureau en lui donnant les ressources et les pouvoirs nécessaires pour accomplir un mandat analogue à celui de la FTC, soit la Federal Trade Commission, ou du DOJ, soit le département américain de la Justice. Ceux-ci ont des ressources complètement différentes, alors il faut doser les attentes, à mon avis.
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À mon avis, si vous y réfléchissez, dans certains des arguments que nous avons entendus de différentes régions du monde, les gens profitent de l'occasion pour dire qu'ils veulent protéger la propriété intellectuelle. Nous du côté du service n'avons rien contre cela. Il s'agit simplement de mettre à notre disposition l'information dont nous avons besoin pour pouvoir réparer les voitures.
La protection de la propriété intellectuelle ne nous pose pas de problème. Cela n'a jamais été le cas. Je pense qu'il y a moyen d'offrir des portails ou des données qui sont protégés et auxquels les gens puissent avoir accès. Je dirais qu'à notre avis, le problème est... Nous avons besoin d'un accord volontaire et d'une loi pour forcer les grands concessionnaires à mettre toute leur information dans une ressource de confiance gérée par l'industrie.
Les gens paient pour cela, alors nous ne demandons pas au gouvernement de le commanditer. Il s'agit essentiellement d'établir comment protéger l'information, tout en la mettant à la disposition de la personne qui doit réparer la voiture. Je pense qu'en créant ce portail de partage et de collaboration et en nous assurant d'obtenir les bons renseignements pour bien réparer la voiture...
Nous regardons toujours l'aspect mécanique, mais parlons de l'aspect collision. Lorsque je dois réparer une voiture accidentée, j'ai besoin de beaucoup d'information pour pouvoir la remettre sur la route. La majorité des concessionnaires au Canada n'ont pas d'atelier de carrosserie. Ils comptent sur le marché secondaire, alors ils doivent collaborer avec nous à ce stade‑là, et nous devons avoir accès aux pièces et à l'information nécessaires pour bien réparer le véhicule et le remettre sur la route en toute sécurité.
Lorsqu'on regarde l'ensemble du segment, la mécanique est un élément, la carrosserie en est une autre et il y a encore celui des vitres. Lorsqu'on remplace un pare-brise aujourd'hui, il faut calibrer le système avancé d'aide à la conduite. Le concessionnaire doit me fournir les données du véhicule pour que je puisse bien recalibrer la caméra, sans quoi le véhicule risque de s'engager dans la mauvaise voie.
Tout évolue tellement vite. Toutes les voitures sortent maintenant calibrées de la chaîne de montage, mais dans le marché secondaire, et même chez les concessionnaires, personne encore n'arrive à suivre la cadence.
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C'est difficile pour moi de chiffrer cela. Je suis juriste, je ne suis pas quelqu'un qui étudie en profondeur les répercussions économiques. Ce serait intéressant de le savoir.
C'est sûr que, plus le temps file, plus nous avons une situation d'incertitude, parce que les autres pays commencent à se placer. Nous sommes encore dans une période floue. Il y a encore moyen de se rattraper, mais les États‑Unis ont déjà une longueur d'avance sur nous.
Nous avons de plus en plus accès au monde entier pour nos affaires. C'est vrai pour les PME comme pour les grandes entreprises.
Dans ce contexte, ce qui nous nuit, c'est le fait de ne pas avoir de règles claires. Par exemple, pour ce qui est de la gestion des données, quelles sont les règles qui gèrent l'accès aux données personnelles et la protection de la vie privée? Quelles sont les attentes concernant les abus de position dominante dans les marchés?
Plus l'incertitude persistera, plus cela aura un impact sur la capacité de nos entreprises à concurrencer sur un pied d'égalité leurs pairs internationaux. C'est sûr que l'inaction a un coût, mais je ne peux pas le chiffrer en tant que tel. Je crois que le problème n'est pas encore grave, mais cela va venir.
Quand les Européens ont adopté leur règlement sur la vie privée. Tout le monde s'est dit que c'était impossible et que personne ne s'y conformerait. Or, tout à coup, c'est devenu la norme et tout le monde s'est mis à faire du rattrapage.
Ce serait dommage que nous nous retrouvions dans une situation où toutes les décisions importantes ont été prises et où nous devions composer avec les choix des autres. C'est ce que je crains le plus.